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Art et designTranscription
00:00 Place à la critique. Aujourd'hui deux films qui n'attendent pas trop de la fin du monde et qui peut-être n'attendent rien du monde tout court.
00:08 Leurs réalisateurs respectifs, Radou Joud et Luc Besson. En revanche, nous, on en attend beaucoup de nos deux critiques.
00:14 Bonjour Lucille Comeau. Et bonjour. Critique et chroniqueuse dans les Matins de France Culture.
00:18 On vous retrouve tous les jours à 8h55 pour votre regard culturel. Face à vous, Adrien Denouette. Bonjour. Bonjour.
00:24 Critique de cinéma et auteur. Soyez tous les deux les bienvenus dans les Médias de Culture.
00:28 Et on commence avec "N'attendez pas trop de la fin du monde", Radou Joud.
00:37 Bonjour, je m'appelle Ovidiu et le 24 novembre 2020, une voiture Dacia 1310 s'approchait de moi.
00:51 Et sans voir la barrière, elle est entrée. La voiture a sauté de son endroit et m'a frappé au dos.
01:00 J'ai été en coma pendant un an et demi.
01:10 Angela, assistante de production, parcourt la ville de Bucharest pour la prochaine publicité d'une multinationale sur la sécurité au travail.
01:17 Levée à 5h30, mâchant chewing-gum sur chewing-gum au volant de sa voiture, elle rencontre un réalisateur connu, un entrepreneur très attaché au religieux.
01:24 Une homonyme sortie d'un vieux film "Des pauvres et un vieil hongrois". Elle tourne des vidéos TikTok, baise, mange, soutient, écoute, s'endort, crache.
01:32 Jusqu'à trouver la perle rare pour sa pub, Ovidiu. Il sera le héros de la deuxième partie de ce film, long de 2h45.
01:39 Prix spécial du jury au festival de Locarno. Et puisant les formes et les récits, comme ses personnages harassés, broyés même par le travail et ses méthodes libérales.
01:47 Vous n'avez pas été déçue par ce nouveau film du Roumain Radou Joud ?
01:51 Non, pas du tout déçue. J'ai reconnu une manière qu'il avait déjà mise en place dans son précédent film, qui était aussi un film plein de choses, extrêmement monté et en même temps assez foutrac.
02:00 Qui mettait en scène une prof de lycée à qui on volait une vidéo sexuelle privée et qui, on assistait à la fin à son procès, qui était aussi une espèce de farce.
02:10 C'est un film satirique, vraiment très assumé, profondément assumé comme une satire, qui montre la violence du système ultra-libéral comme une violence de classe.
02:20 Avec quelque chose de très assumé aussi d'un didactype politique ancien.
02:25 Donc il y a ce montage que vous avez décrit Géraldine entre le film qu'on voit et un ancien film qui montre la Roumanie Fiaucescu, en fait comme une espèce d'équivalent dans la violence que le système néo-capitaliste crée.
02:40 Et à quel point il fatigue ses personnages et ses personnes. C'est un film sur le travail.
02:46 Moi je trouve que c'est très intéressant de voir ce genre de film aujourd'hui, après avoir vu tout un tas de films qui mettent en scène les puissants ou la violence de classe comme une espèce de farce.
02:55 Je pense aux films d'Osloon qui sont des films, je trouve, très cyniques et qui finissent par ne rien montrer du réel.
03:00 Là, il y a vraiment quelque chose qui s'acharde à montrer le contemporain de manière assez convaincante.
03:05 Mieux aussi que les vieilles recettes d'un Ken Lodge dont on verra le film, l'énième film dans quelques semaines, qui lui continue avec sa vieille recette formelle et qui en fait dévitalise son discours anti-capitaliste.
03:16 Parce que précisément il utilise des vieilles recettes formelles.
03:19 Là on a une vraie forme, très assumée, très didactique.
03:22 Ça fait un peu du bien.
03:24 Adrien Desnouettes ?
03:26 Je rejoins complètement Lucille sur la force du film qui est aussi la force du cinéma de Radhoud Joud, qui a toujours été cette espèce d'acuité sociale qu'il arrivait à inviter dans des dispositifs assez ludiques, formellement très post-moderne, très joueurs.
03:40 Qui ne sont pas forcément la spécialité du cinéma roumain de festival qu'on a l'habitude de voir.
03:45 Radhoud Joud apporte vraiment cette espèce de fraîcheur depuis, je dirais, grosso modo trois films, depuis qu'on l'a identifié dans la critique.
03:51 C'est-à-dire depuis, peu importe si l'histoire nous prend pour des barbares, c'est toujours des titres un peu à ralentir.
03:57 "Bad luck" d'Ben Ginglouni, son précédent film qui avait quand même obtenu l'ours d'or.
04:02 "Harmonie Porn"
04:03 Ou alors "Harmonie Porn" qui avait obtenu l'ours d'or.
04:06 Radhoud Joud, il faut quand même le situer pour les auditeurs. Je ne pense pas qu'il soit un grand auteur très connu.
04:11 Non, ce n'est pas très connu.
04:12 Et puis c'est un petit peu déconcertant quand on regarde, comme c'était mon cas pour la première fois, un film de Radhoud Joud.
04:17 Il y a quand même quelque chose de... Voilà, moi je fais le synopsis, je vous le lis.
04:21 J'ai regardé le film sans avoir lu aucune ligne sur le film. J'y étais un petit peu.
04:24 Je me disais "Où est-ce qu'il m'amène là ? Pourquoi je suis Angela à la rencontre de personnes handicapées ?"
04:32 Voilà, il y a un truc un peu déconcertant sur la forme et sur le fond.
04:34 Alors là, pour le coup, c'est vraiment à mettre au crédit du film, à porter au crédit de ce film-là.
04:38 Je le trouve moins déconcertant que ces deux derniers, qui étaient vraiment encore plus joueurs et encore plus...
04:41 Plus accessibles.
04:42 Presque plus abscons. Il est plus accessible. Parce que la trame du film, vous l'avez dit, c'est de suivre un personnage.
04:47 Et de mettre en parallèle, en écho, même presque à distance, un autre film qui est souvent cité, ce qui peut être un peu déconcertant.
04:53 Et tout un tas de scénettes qui vont être semées sur son parcours.
04:56 Mais la trame du film, c'est-à-dire vraiment, on peut le suivre. C'est un film qu'on peut aller voir.
04:59 Il dure certes 2h40, mais on va parfaitement comprendre, il n'y a pas de problème.
05:01 On va être déconcerté, mais beaucoup moins que les précédents.
05:03 Par notamment, cette espèce de procès très farcesque du film précédent qu'avait obtenu l'Ours d'Or.
05:08 Où là, vraiment, on pouvait être un peu mis à la porte.
05:10 Je trouve que celui-ci est plus accessible.
05:12 Là, je parle vraiment...
05:13 Ce n'est pas difficile à comprendre, ça c'est clair.
05:15 Ce n'est pas difficile à comprendre, c'est les formes. C'est la multiplication des formes.
05:17 C'est là que j'aurais presque... C'est là que je vais être un petit peu moins dans l'audatif.
05:22 Je trouve que... C'est déjà un reproche que je faisais au cinéma de Radu Djud avant, parce que j'ai vu ces deux précédents.
05:26 Je trouve que cette espèce de clarté satirique, vraiment cette grande acuité satirique que j'aime bien.
05:31 Et je suis d'accord avec la comparaison avec Ruben Oslun.
05:33 Mais je vais m'arrêter là.
05:34 Parce que Ruben Oslun fait de la pure satire.
05:36 C'est-à-dire qu'il est vraiment, certes, dans un cinéma de festival qui montre un peu les marqueurs du grand auteur européen.
05:41 Mais là, Radu Djud en fait un peu des tonnes là-dessus.
05:43 C'est-à-dire que le film se sent constamment obligé, au-delà même du gag, au-delà de l'effet qu'il cherche à produire, à commenter son effet.
05:49 C'est-à-dire qu'il va mettre tout un tas de références et d'éruditions dans la bouche de ses personnages qui vont paraître, à mes yeux, un peu artificiels.
05:54 Il le faisait déjà avant.
05:56 Et là, je trouve que le film est encore alourdi par ses poses d'auteur.
05:58 Vous citez tous les deux Ruben Oslun.
05:59 Mais est-ce que vous pouvez nous faire un petit point sur lui pour que les auditeurs comprennent bien la comparaison entre ces deux réalisateurs ?
06:05 Parce que ce n'est pas forcément évident.
06:06 Lucile ?
06:07 C'est un autre réalisateur de festival.
06:08 Mais disons que ce ne sont pas les mêmes festivals.
06:10 Ce n'est pas Locarno, ce n'est pas Berlin, c'est Cannes.
06:12 C'est quelqu'un qui a eu la palme d'or deux fois, si je ne m'abuse, dont l'avant-dernière, pour Triangle of Sadness.
06:19 Et c'est quelqu'un qui outre la violence de classe jusqu'au carnavalesque le plus fourni, le plus vulgaire.
06:28 C'est extrêmement vulgaire comme cinéma.
06:30 C'est très didactique aussi.
06:31 La différence, c'est que l'espèce de vautrage dans la vulgarité, ça fait un peu con.
06:39 Ça autodétruit le propos.
06:42 Oui, c'est-à-dire qu'il y a une espèce de convergence, d'intérêt entre le gros film cannois et les puissants qu'il est censé détruire, qui ne fonctionnent pas.
06:52 Et le film finit toujours par se retourner un petit peu contre le...
06:55 Le film, pour le coup, le Radou Joud, ça n'a rien à voir avec ça.
06:58 Ça ne nous conforte pas.
07:01 Ça ne nous conforte en rien du tout.
07:03 Il n'y a pas de repère.
07:04 C'est là aussi où je dis qu'on est déconcerté.
07:06 On parle beaucoup de collage, de montage.
07:08 Il y a aussi les vidéos TikTok que fait quand même cette interprète géniale.
07:12 Angela qui fait aussi des vidéos TikTok avec un personnage ultra vulgaire, ultra caricaturel qui s'appelle Bobita.
07:18 Et effectivement, il y a une accumulation comme ça qui nous montre plus que les conditions de travail, peut-être.
07:23 Une sorte de falsification des images de ce travail.
07:26 - Lucile. - Oui, parce que je réfléchis à ce que disait Adrien.
07:29 C'est vrai qu'il y a plus de...
07:31 Disons que la forme est beaucoup plus repérable que dans ses précédents films.
07:33 Donc, ça augure peut-être d'une espèce de normalisation de son cinéma, ce qui serait dommage.
07:39 Mais en l'occurrence, il y a aussi en effet une espèce d'accumulation des mises en abîme.
07:44 C'est-à-dire que des écrans dans les écrans, il y en a beaucoup.
07:46 Il y a le film dont on a parlé.
07:47 Il y a en effet Angela qui elle-même en fait filme.
07:50 Puisqu'elle va filmer chez eux des gens qui sont pressentis pour tourner dans la publicité de l'entreprise en question.
07:57 Et puis, il y a ces vidéos TikTok qui sont également des films dans le film.
08:00 Et là, il y a une espèce de ficelle assez simple de ce que vous décrivez.
08:05 C'est-à-dire un discours sur un discours sur un discours qui crée de la satire et qui crée de la mise à distance politique.
08:10 Moi, ça ne me dérange pas en fait ce didactisme et même ses lourdeurs dans les procédés.
08:15 Je trouve ça assez intéressant parce que c'est assumé, parce que c'est à la fois très monté.
08:19 Encore une fois, un peu le bazar.
08:21 Le côté narratif qu'on suit, c'est vrai qu'il est beaucoup plus présent par rapport à son film précédent.
08:26 C'est-à-dire qu'il y a vraiment un début et une fin avec une cohérence qui est juste trouver ce gars qui va faire la pub.
08:31 Moi, je trouve ça pas inintéressant que ça se moule un petit peu.
08:35 Vous pensez les sourcils.
08:36 Oui, c'est quand même une lourdeur qui me dérange beaucoup plus que chez Ruben Osloun.
08:39 D'abord, je reprécise pourquoi on le compare avec Ruben Osloun.
08:42 C'était pour la satire.
08:43 C'est-à-dire que ce sont deux grands satiristes européens récompensés par des festivals.
08:45 Vraiment, on peut les comparer de ce point de vue-là.
08:47 Et il y a effectivement une lourdeur chez Ruben Osloun qui n'est pas du tout la même.
08:50 Elle vire sur l'obscénité et tout ça.
08:51 Ce qui me dérange, chère Haddou Joud, et aussi dans ce film-là, c'est que cette lourdeur, moi, je la compare à des académismes de l'auteurisme européen.
08:57 Et donc, cette lourdeur, elle se fait un peu contre le public.
08:59 Je ne vois pas… Pour moi, c'est une lourdeur presque d'érudition.
09:02 Vous dites qu'on prend trop le spectateur par la main dans la satire.
09:05 Non, justement, on le prend un peu de haut.
09:07 Là où la lourdeur satirique de Ruben Osloun est inhérente à la satire.
09:11 Mais vous parlez par exemple des références, c'est-à-dire le proust qui est sur la table de chevet.
09:16 Oui, même jusque dans le générique.
09:18 Le générique qui est émaillé de citations de poésie.
09:21 Prenons un exemple très concret que vous avez cité tout à l'heure.
09:23 Alors, s'il vous plaît, moi, je n'ai pas vu le film, donc ça, il me plaît.
09:25 Le personnage principal, qui est une jeune femme, blonde, disons à la trentaine, a un alter-ego sur TikTok,
09:30 qui est un personnage viriliste, une espèce d'Incel, pas une Incel, mais très, très chauve, barbu, très violent, Bobita, qui profane des insanités.
09:38 Et elle le fait à longueur de temps dans sa journée. Voilà, ça marche, ça fait, elle le dit, 60 000 likes sur Insta, ça marche.
09:44 Ça marche très bien, on comprend très bien pourquoi elle le fait.
09:47 On en saisit la dimension caricaturale qui s'inscrit parfaitement dans la démarche du film.
09:50 Pourquoi, à la fin, s'obliger à citer Charlie Hebdo à l'occasion d'une conversation pour dire "c'est la démarche de mon film".
09:56 Je le prends comme un exemple un peu symptomatique de tout ce qu'il fait.
09:59 Et je vais même aller plus loin.
10:00 Il y a une vraie lourdeur structurelle dans le film parce qu'il est séparé en deux parties, vous l'aviez dit.
10:05 C'est-à-dire la recherche d'un personnage qui serait une victime.
10:07 Donc ça c'est pendant deux heures de film.
10:09 Et les 45 dernières minutes sont donc la fabrication, le film, cette publicité avec Ovidiu.
10:14 En plan fixe.
10:15 En plan fixe, assez incroyable quand même.
10:17 Mais qui est très bien. Et en fait c'est ce que je préfère du film.
10:19 Et à un moment je me dis, comment se fait-il que le film se répète à ce point ?
10:26 C'est-à-dire que ce plan fixe sur le tournage répète de manière redondante tout ce qui a été dit sur les deux heures précédentes.
10:33 Et je trouve cette dernière partie vraiment plus intéressante que tout le road trip.
10:37 Oui mais l'intérêt des deux heures c'est peut-être aussi justement de faire ressentir au spectateur l'épuisement d'Angela.
10:42 C'est-à-dire que moi-même à un moment donné j'avais envie de m'endormir comme elle face au film.
10:47 Sinon en effet c'est que de la farce.
10:49 C'est-à-dire que cette dernière partie, comme d'ailleurs la dernière partie de son précédent film qui était vraiment une farce un peu onirique, c'est du pur carnaval.
10:55 Et là on est dans la pure satire parce que les puissants sont présents, parce qu'ils sont là pour filmer les pauvres.
11:01 Alors que, je ne sais plus ce que je voulais dire, oui c'est ce que vous disiez Géraldine, ces deux heures là,
11:06 elles sont là pour mettre en condition dans l'effet de répétition et dans l'effet de lourdeur le corps à subir cette farce là.
11:12 C'est exactement la différence avec "Osloon".
11:14 C'est-à-dire qu'Osloon on la directe la farce, bon bah voilà c'est ça.
11:17 Il y a du vomi, voilà.
11:19 C'est rigolo.
11:20 Attention de pas résumer Osloon à son dernier film.
11:22 En fait on va faire un débat sur Osloon.
11:25 Non mais sur la satire, c'est très intéressant, on déplace le débat sur la satire en Europe dans le cinéma d'auteur.
11:29 C'est vraiment le sujet.
11:30 Oui, oui, clairement, totalement.
11:32 Et l'avant-dernier film de Osloon, celui qui avait eu la première Palme d'Or sur le milieu de l'art contemporain,
11:38 était vraiment plus fin et moins lourd que le dernier dont je ne suis pas fan.
11:42 En tout cas, je rejoins quand même Adrien Desnouettes sur une chose, c'est vrai qu'il y a quelque chose un peu de l'ordre de l'autorisme.
11:49 C'est-à-dire que là, on a cité Charlie Hebdo, mais on pourrait aussi citer Goethe par exemple.
11:55 Oui, mais c'est comme toute la matière.
11:57 C'est-à-dire que tout est pris au second degré, que tout est noyé.
12:01 Le second degré est perceptible quand on a déjà le premier degré.
12:05 Or là, on a l'actrice, un personnage qui s'appelle Doris Goethe, qui est donc la chef marketing,
12:10 qui est l'arrière, l'arrière, l'arrière petite fille de Goethe.
12:13 Et d'ailleurs, lui-même, Radou Joud, cite Goethe dans les articles qu'il a pu faire en disant
12:19 "Voilà, j'ai suivi le conseil de Goethe, il faut commencer et finir par l'art de la description,
12:23 apprendre à montrer toutes choses et les plus humbles comme jamais encore vu."
12:26 Là, effectivement, il y a une sorte de connivence avec un spectateur qui serait d'emblée,
12:30 sachant et rudie en tout cas.
12:33 Je ne suis pas sûre.
12:34 Moi, je pense que Goethe, c'est comme Bobito, c'est-à-dire dans le film.
12:37 Il y a une espèce de nivellement Bobita.
12:39 Il y a une espèce de nivellement par le bas, par la satire, de tous les éléments culturels.
12:44 Et en fait, le film les monte à peu près tous au même niveau.
12:47 Moi, je ne pense pas qu'il y a de culture complicité,
12:50 qu'il y a quelque chose de cet ordre-là dans le film.
12:52 Vraiment pas.
12:53 Adrien Desnouettes ?
12:54 Il y a un effet de monde ressenti, c'est-à-dire qu'il y a un effet de...
12:56 Moi, personnellement, j'ai eu un effet de... un peu repoussant.
12:58 C'est-à-dire, mais à qui tu t'adresses quand tu prétends faire une satire ou tu montres des personnages ?
13:02 Et c'est d'ailleurs la vraie force du film, c'est-à-dire qu'il montre vraiment des scènes documentaires que je trouve très convaincantes.
13:05 Il invente des personnages que je trouve très convaincants.
13:07 Il y a vraiment... Je nuance, je ne suis pas en train de dire que le film est mauvais.
13:10 Au contraire, je pense que c'est un bon film.
13:12 Mais ce petit, disons, dépôt d'orgueil, d'auteur,
13:17 qui vient bien à être sélectionné à l'Ocarno, à être récompensé à Berlin.
13:20 Je veux dire, moi, personnellement, je trouve qu'on peut vraiment s'en passer.
13:22 Vous vous dites vraiment qu'il se dit "je vais faire ça parce qu'on va me repérer dans les vêtements".
13:26 Encore heureux qu'on crée pour être gardé.
13:29 Vous citiez tout à l'heure Goethe dont se revendique l'auteur.
13:32 L'auteur se revendique de plus que Goethe.
13:34 Il se revendique de Rivet, tout ça.
13:35 Et il a cette ambition d'être à la fois du cinéma qu'il montre et du cinéma qu'il théorise.
13:39 Je trouve ça, ici, un peu lourd.
13:40 Juste, peut-être, quand même un mot sur l'interprète qui est incroyable d'Angela, c'est Ilinka Manolache.
13:46 On peut aussi citer Ovidiu Pearson, qui, lui, joue Ovidiu, mais lui, est un comédien amateur.
13:52 Sur Ilinka Manolache, Lucile.
13:55 Oui, en fait, j'avoue que j'ai du mal à voir.
13:58 Ça se sent dans le côté farcesque.
14:00 En fait, je l'associe complètement à la précédente interprète, dont je ne connais pas le nom,
14:04 mais du précédent film de Radoujoud.
14:06 Moi, ce qui m'intéresse encore davantage que la qualité de l'acteur, c'est vraiment la création de personnages féminins
14:12 qui sont quand même assez inédits, là, pour le coup, je trouve, dans le cinéma européen.
14:16 C'est des personnages énormes.
14:17 Ils sont totalement...
14:18 Bon, on va parler de monstres après, puisque c'est vraiment la question du jour, je pense.
14:21 D'objets monstrueux, elle est totalement monstrueuse, en fait.
14:24 C'est-à-dire, ce côté même, sa capacité à se filtrer sur TikTok,
14:29 c'est l'espèce de pointe avancée de sa propre monstruosité physique.
14:32 Elle est à la fois séduisante et horrible.
14:35 Elle pète, elle dort, elle crache partout, elle a son chewing-gum en permanence.
14:39 Elle a un truc d'une féminité très singulière et marginale dans le cinéma.
14:43 Donc, c'est toujours bien de voir ça.
14:45 N'attendez pas trop de la fin du monde de Radoujoud sur les écrans.
15:03 Voici un extrait de Radoujoud que vous entendrez chez Antoine Guilloud en plan large, samedi à 14h.
15:08 Et voici Dogman de Luc Besson.
15:19 * Extrait *
15:42 Si on n'attendait pas trop de la fin du monde, que doit-on attendre du dernier Luc Besson ?
15:47 Ou devrais-je dire de Luc Besson tout court ?
15:49 Le réalisateur au succès planétaire, emprise avec la justice pour des affaires de viol,
15:53 d'inconduites sexuelles et de licenciements discriminatoires, livre un film au synopsis qui tient en une phrase,
15:58 je cite le dossier de presse, "l'incroyable histoire d'un enfant meurtri par la vie,
16:03 qui trouvera son salut grâce à l'amour que lui portent ses chiens".
16:06 Synopsis qui tient aussi en un titre, son titre, Dogman.
16:10 Alors à quoi s'attendre ? Éclairez-moi, moi qui n'ai pas pu voir ce film à rien des nouettes.
16:14 Alors, éclairez-vous sur le film lui-même ou sur ce qu'on en a pensé ?
16:17 Alors, quoi ça ressemble ? Un petit peu comme le film qu'on vient de présenter de Radio Joude,
16:20 il y a vraiment un squelette sur lequel viennent s'inscrire des morceaux de Charles Squelette.
16:24 C'est une audition par le personnage principal, joué par Caleb Landry Jones,
16:29 qui est auditionné par une thérapeute.
16:31 Et à l'occasion de flashback, on revient sur tout ce qui se passe et la raison de sa présence en prison.
16:36 Et la raison surtout de sa présence monstrueuse, un peu anormale.
16:41 Donc tout le film n'est qu'un flashback ou c'est entrecoupé de flashbacks ?
16:45 Le film est un flashback. Le film est un flashback entrecoupé plutôt de cette analyse.
16:48 Et ce qui est très intéressant dans le synopsis que vous venez de rappeler, c'est-à-dire
16:51 vous avez mis l'accent sur les mots "salut", "sauvé par son chien", "un enfant qui a eu une enfance malheureuse".
16:55 Et vous avez insisté d'ailleurs au début en disant "est-ce qu'on parle du film ou est-ce qu'on parle de Luc Besson ?"
16:58 Je pense que clairement, sans vouloir faire un effet, le film entretient énormément cette confusion,
17:04 notamment pour les raisons de contexte que l'on connaît, que l'on sait.
17:07 Et je dirais que ça ne contribue pas peu à son ridicule.
17:11 Ah carrément !
17:13 Et bon, Lucille, comment vous allez prendre en charge la description du film d'un point de vue esthétique ?
17:18 Si c'est fait de flashbacks et si ça raconte l'histoire de cet enfant qui donc devient Dogman,
17:23 élevé par des chiens rejetés par sa famille, visuellement ça ressemble à quoi ?
17:27 Je ne vais pas remercier Adrien pour me laisser cette tâche-là.
17:29 Vous pouvez l'aider un peu Adrien.
17:31 Non, non, visuellement c'est un film qui est assez monstrueux.
17:33 En fait, c'est quand même un peu comme le "Radou Jaune", c'est-à-dire qu'en effet, il y a plein de bouts
17:37 qui se raccrochent à ce que vous avez décrit, mais qui en fait n'est pas vraiment l'histoire du film.
17:41 Enfin, bon, il y a plein d'histoires dans ce film.
17:43 C'est totalement incohérent d'un point de vue esthétique, c'est-à-dire qu'il y a certains flashbacks
17:47 qui rappellent, enfin je pense qui pointent vers un certain cinéma américain, social, naturaliste,
17:53 décrivant une société "white trash", donc le gamin en question est maltraité par ses parents
18:00 dans une espèce de mobilhome, voilà, on reconnaît une Amérique profonde.
18:04 Bon, ça c'est vraiment le pire, je pense, c'est le plus catastrophique du film.
18:08 Donc le début part mal ?
18:09 Alors ça part très très mal, d'ailleurs ça commence par une citation de Lamartine, après Goethe,
18:13 enfin c'est vraiment, ça c'est catastrophique.
18:15 Et puis, il y a des passages qui ressortissent plutôt du conte, parce qu'en fait il y a tellement,
18:20 l'espace-temps dans lequel tout ça se situe est tellement abstrait,
18:23 c'est-à-dire que cette Amérique-là, elle est tellement déréalisée par les réflexes esthétiques
18:26 qui sont totalement nuls, que l'on ne sait jamais vraiment où ça se situe.
18:29 C'est là que ça m'intéresse un tout petit peu plus.
18:31 Il y a un petit côté Disney avec ses histoires de chiens,
18:34 parce que parfois c'est vraiment filmé un peu comme un dessin animé,
18:37 un peu comme Beethoven, quand les chiens sont mignons, et qu'on les suit,
18:40 et qu'ils vont voler des colliers, enfin c'est assez rigolo quoi.
18:44 Et puis, il y a le côté thriller de série B, puisqu'en effet il y a quand même une structure thriller,
18:50 le personnage étant condamné, emprisonné en tout cas, on apprendra pourquoi.
18:55 Tout ça est totalement incohérent d'un point de vue narratif,
18:59 parce qu'on aimerait bien qu'il n'y ait qu'un flashback, mais en fait il n'y a pas que un flashback.
19:02 Il y a aussi des passages sur la psy qui ne servent strictement à rien d'un point de vue narratif.
19:07 On se demande en termes de montage et de production ce qui s'est passé,
19:10 parce qu'il y a vraiment des trucs qui sont laissés en l'air et qui ne servent absolument à rien.
19:14 - Ils ont filmé, ils voulaient à tout prix mettre les bouts...
19:16 - Mais en fait, de ce point de vue-là, c'est presque intéressant.
19:19 C'est-à-dire qu'en effet, Luc Besson, on pourrait s'attendre au film du Salut,
19:24 le film hyper tendu vers l'image finale, qui est une image clairement christique et potentiellement auto-attribuée.
19:31 Mais en fait, tout dans le film dément cette trajectoire-là, tellement c'est monstrueux, tellement c'est bizarre,
19:36 tellement il y a des passages que je trouve, moi, pas du tout ridicules, mais même assez sublimes.
19:41 On y reviendra peut-être... - Donnez-nous un exemple !
19:43 - En fait, il se trouve qu'il y a un autre film dans le film, qui est le film de la trajectoire artistique de ce personnage,
19:49 qui est donc en effet interprété par Caleb Landry Jones, ce que je trouve assez bon,
19:53 dans le genre acteur américain qui réussit à se transformer, à devenir monstrueux.
19:58 Il a un côté queer, c'est-à-dire qu'il est habillé un peu en drag queen et il est handicapé.
20:02 Et il se trouve que dans les multiples flashbacks, à un moment, il se retrouve à chercher du boulot,
20:06 et il en trouve dans un cabaret où il fait du lip-sync, c'est-à-dire qu'il imite une chanteuse sur scène.
20:13 En l'occurrence, il y a toute une séquence en terre sur je-sais-plus-quelle-chanson-la-foule de Piaf.
20:18 Et ce moment-là, moi, je le trouve assez dingue, en fait. Je le trouve assez beau, il m'a chopée, mais vraiment,
20:24 à tel point que toute la monstruosité du film, à rebours, je l'ai comprise différemment.
20:28 Donc je ne jette pas tout aux orties dans le film de Luc Besson.
20:33 Je le trouve assez touchant, à des endroits bizarres, un peu troubles, mais néanmoins.
20:39 Mais les endroits bizarres dont vous parlez, Lucie, ne sont pas vraiment maîtrisés.
20:42 Je ne sais pas, moi je m'en fiche. Je regarde le film, que ce soit maîtrisé ou pas, que ce soit l'intention de l'auteur,
20:47 à la limite, ce n'est pas tellement ma question.
20:50 Ce qui est complètement différent, pour le coup, du "Radu Jude", où là, ça s'inscrit dans une filmographie,
20:54 dans une pensée, où on s'attend à quelque chose.
20:56 Il n'y a pas un projet esthético-politique qui aboutit à la thématisation de la monstruosité.
21:02 En fait, elle n'est pas thématisée. C'est moi qui la vois.
21:05 Mais indépendamment de l'envie, de l'intention de Luc Besson.
21:09 Probablement. Adrien Desnouettes ?
21:10 Il y a un projet esthético-apitoyé et moraliste, qui a toujours été celui du cinéma de Luc Besson,
21:14 qui, comme le disait Lucie tout à l'heure, va à la fois chasser sur les terres du cinéma américain,
21:18 comme il l'a toujours fait, et en même temps, c'est ce qui est selon moi le plus dérangeant,
21:22 et vraiment, on atteint des sommets d'embarras dans ce film-là.
21:26 C'est qu'il va à la fois chasser sur ce terrain-là, le cinéma américain, duquel il s'inspire,
21:29 et du film pour enfants.
21:30 N'oublions pas que Luc Besson a quand même la particularité d'être un cinéaste qui avait la réputation, à raison,
21:35 d'être un réalisateur de thrillers à gros flingues dans les années 90, fin 80,
21:39 et qui est ensuite passé à du cinéma enfantin.
21:41 Ce qui était en fait l'essence de son cinéma.
21:43 Vous parlez par exemple du "Grand Bleu" ?
21:44 Du "Grand Bleu", de Nikita, de Léon, évidemment.
21:47 Un cinéma qui était notamment, parfois, pointé du doigt pour sa violence, gratuite.
21:51 La violence gratuite qui est évidemment, ici, encore une fois, justifiée.
21:53 Tout le film consiste à justifier la violence gratuite du personnage.
21:56 C'est-à-dire qu'on va justifier par ce que décrivait très bien Lucille,
21:59 une enfance maltraitée, un passé très, très gratiné.
22:02 Vraiment, Luc Besson a cette tendance à l'hyper-lourdeur, très assumée, très maîtrisée aussi,
22:07 où vraiment tout ça va venir justifier des explosions de violences jubilatoires, et très gratuites.
22:11 Le problème, et c'est là où ça me dérange, c'est que, en fait, le fond du cinéma de Luc Besson a toujours été enfantin.
22:16 Luc Besson, vous le disiez avec "Belle Devol",
22:18 pourquoi ce n'est pas un problème de faire un cinéma enfantin ?
22:21 Non, non, ça n'est absolument pas un problème de faire un cinéma enfantin
22:23 quand on fait Arthur et les Minimoys ou quand on fait Valérian.
22:25 Le problème, c'est quand on a cette espèce de coexistence entre des explosions de violences extrêmement brutes
22:29 et qu'on rejette l'espèce de complexité que supposerait, disons, un traitement plus adulte des histoires.
22:35 Pour moi, Luc Besson, c'est un cinéaste, et le film le rappelle,
22:38 c'est un cinéaste qui vient vraiment de l'horizon des années 80.
22:40 C'est-à-dire un moment où on a rejeté la décennie précédente avec tout ce qui est,
22:43 ça va être complexe, toute cette dimension introspective,
22:45 et on a fait péter les voyants de tout ce qu'il y avait de très visuel, de très mis en scène.
22:49 Et pour moi, c'est extrêmement vide, et le film vient rappeler à quel point
22:53 Luc Besson ne maîtrise pas, je dirais, l'aspect profondément dérangeant.
22:59 Assume pas en fait ce côté dérangeant.
23:02 Si, il l'assume, mais c'est ça qui est dérangeant.
23:04 Mais en fait, il ne le voit pas, moi je pense que, enfin je ne veux pas perdre la psychologie de Luc Besson,
23:08 mais je trouve que la forme du film nous dit, il y a une naïveté, mais immense,
23:12 c'est-à-dire que ce que vous dites, l'esprit enfantin, c'est aussi une manière de mettre en scène,
23:16 il y a une très grande naïveté dans le projet, qu'on voit un peu partout,
23:19 c'est-à-dire par exemple dans l'utilisation des chiens, c'est évident que c'est extrêmement naïf,
23:24 mais ça rend l'objet, je parle de l'objet, ça rend l'objet touchant,
23:29 précisément parce qu'il y a une espèce d'inconscience de soi,
23:32 et de dérégulation de ses moyens cinématographes.
23:34 - Vous êtes presque touchée, c'est-à-dire, par ta naïveté.
23:37 - Ah oui, tout à fait, et en fait, le personnage, il est aussi un peu comme ça.
23:40 Vous dites que c'est un personnage très violent, dont on justifie la violence,
23:43 il n'est pas si violent que ça, en fait, c'est un personnage qui est très seul,
23:47 il est très seul et il est surtout très immobile,
23:50 c'est-à-dire qu'il est immobilisé par son handicap,
23:52 parce qu'il n'a plus l'usage de ses jambes,
23:54 s'il se met debout, il meurt,
23:57 il est tout le temps dans des lieux fermés, il est en prison,
24:02 quand il est gamin, il est dans une cage,
24:06 il est dans cet espèce de lieu qu'il a investi avec ses chiens,
24:09 qui est entièrement fermé, donc il y a très peu d'extérieur dans ce film,
24:13 il y a très peu de hors-champ, tout est complètement bouclé,
24:16 on a vraiment l'impression de quelqu'un qui est tout seul,
24:18 qui fait son film tout seul, sans référentiel,
24:20 ça ne dit rien du monde, ça ne dit rien de grand-chose,
24:23 mais il y a un truc qui est assez fascinant dans ce truc-là,
24:26 dans ce non-dit de l'extérieur.
24:28 - Il y a quelque chose que je n'ai pas bien compris, et que vous allez peut-être m'expliquer,
24:30 on a compris l'histoire de l'enfance,
24:32 on a compris l'histoire du personnage qui a grandi,
24:34 toujours accompagné par ses chiens,
24:36 qui cherche du travail, qui va dans ses cabarets,
24:39 elle est où la violence ?
24:41 Qu'est-ce qui se passe dans l'intrigue pour qu'il y ait de la violence ?
24:43 - La violence est dans des scènes,
24:45 en fait on est face à un revenge movie,
24:47 c'est-à-dire un revenge movie qui fonctionne un peu par l'explication,
24:50 ou plutôt la justification psychologique de ce qui se passe,
24:53 on est, si vous voulez, la grande référence,
24:56 c'est ce que je disais tout à l'heure,
24:57 Luc Besson va toujours chercher des références dans le cinéma américain,
24:59 la grande référence de ce film-là, c'est le Joker de Todd Phillips,
25:02 qui est sorti en mai 2019,
25:04 avec Joaquin Phoenix,
25:06 et Caleb Landry Jones,
25:08 désolé si certains ont été touchés,
25:10 mais Caleb Landry Jones est vraiment dans une espèce de mimétisme,
25:13 over the top, extrêmement exagéré,
25:15 qui ferait passer presque Ace Ventura pour un modèle de retenue.
25:18 - Il n'est pas très queer le Joker ?
25:20 - Lucille, c'est queer le Joker,
25:22 non mais là il n'est pas queer, c'est pas vraiment la question,
25:24 là pour le coup, à mon avis, c'est un écueil,
25:26 et puis il ne faut pas trop se la poser, sinon ça craint,
25:28 mais en l'occurrence, je trouve qu'on est presque dans un truc archaïque,
25:31 au Joker, parce que le Joker, c'est le film indépendant américain,
25:34 - Oui, parce que si on pense à Luc Besson et à toutes les références,
25:36 on a l'impression qu'il est resté bloqué à la fin des années 80, début 90.
25:38 - Ah oui, totalement, totalement, son cinéma n'a jamais évolué d'avance.
25:41 - Moi je crois qu'il y a un truc romanesque qui est d'avant,
25:43 moi il ne m'a pas tant fait penser au Joker,
25:45 qu'à des personnages de Victor Hugo,
25:47 je vais pontifier légèrement,
25:49 mais genre, Gwynplaine, l'homme qui rit,
25:51 des personnages d'avant le cinéma indépendant américain,
25:55 et qui ont un truc monstrueux,
25:57 beaucoup plus gênant que le Joker,
25:59 qui est un pur produit hollywoodien,
26:01 qui ne gêne absolument personne,
26:03 ce film-là était totalement inoffensif,
26:05 je trouve son Joker, si on veut absolument pousser à la comparaison,
26:08 à lui, à Besson, beaucoup plus dérangeant,
26:10 précisément parce qu'il fouille dans un truc archaïque,
26:13 qui est probablement le sien, j'entends bien,
26:15 et qui est dérangeant, mais qui est plus intéressant.
26:17 - Merci beaucoup Dogman de Luc Besson,
26:19 c'est aujourd'hui en salle,
26:21 on aura cité Hugo à propos de Luc Besson,
26:25 c'est cool, merci à tous les deux,
26:27 Lucille Comon vous écoute tous les matins à 8h55 dans la Matinale,
26:30 sur France Culture, c'est votre chronique "Le regard culturel",
26:33 Adrien Desnouettes, vos deux documentaires sur Jim Carrey et Brad Pitt
26:36 seront diffusés à la Cinémathèque le 5 octobre,
26:39 précédés d'une conférence sur votre usage des archives,
26:42 et vous retrouverez toutes les références sur le site de France Culture,
26:45 à la page de l'émission "Les Midis de Culture"
26:47 ou sur l'application Radio France.
26:49 France.