• il y a 2 ans
L'acteur Arthur Harari est à l'affiche du "Procès Goldman" de Cédric Kahn, en salle aujourd'hui. Il est l'invité de Léa Salamé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mercredi-27-septembre-2023-6855737

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Transcription
00:00 Ce matin vous recevez un acteur, réalisateur, scénariste !
00:03 Oui, c'est tout ! Bonjour Arthur Arari !
00:05 Bonjour !
00:06 Merci d'être avec nous ce matin. Si vous étiez un adjectif et un livre, vous seriez quoi ?
00:10 Adjectif, je dirais « tendu » !
00:14 Et un livre…
00:18 Ah oui, la biographie de Kafka par Rainer Stach, qui a été traduite en français cette année.
00:25 Je pensais que vous prendriez le procès de Kafka.
00:27 J'ai hésité, vous voyez j'ai décalé un peu.
00:30 Si vous étiez obligé de choisir entre scénariste, réalisateur et acteur, vos trois casquettes, vous prendriez quoi ?
00:35 Vous êtes obligé d'en choisir un ?
00:36 Ah non, j'en ai qu'une seule pour moi, c'est réalisateur. Les autres ne sont pas des casquettes.
00:40 Ah d'accord. Parce que c'est…
00:42 Parce que j'adore faire ça, mais c'est des…
00:45 Enfin, scénariste, je le fais pour mes films parce qu'il faut les écrire, je ne les écris pas seul.
00:50 Et je l'ai fait uniquement avec Justine, à part ça.
00:54 Et c'est exceptionnel parce que pour moi l'écriture est principalement une souffrance quand même.
00:59 Ah oui ? Et acteur, c'est une souffrance aussi ?
01:01 Non, au contraire. C'est une forme de récréation passionnante.
01:06 Enfin, je le prends au sérieux, mais je ne me considère pas du tout comme un acteur.
01:10 Vous dites que c'est même dangereux, ça flatte ton égo.
01:13 Oui, il y a une pente, il me semble, il faut faire attention.
01:17 C'est-à-dire que les gens nous regardent, tout de suite on se sent le centre du monde.
01:22 Sauf qu'il y a plein de centres du monde autour.
01:24 Et en fait, il faut faire gaffe.
01:27 Mais je parlais à plein d'acteurs qui disent « Faire attention, ce métier peut rendre con ».
01:30 C'est ce que disait Jean-Yann d'ailleurs. Il disait « C'est un métier de con ».
01:33 Et vous pensez ? Non, pas du tout.
01:35 Est-ce que, d'Hydro, vous disiez « Il faut être un peu con pour être un très bon acteur ».
01:39 Alors ça, c'est une théorie. D'ailleurs, j'ai entendu, je crois que c'est Mathieu Amalric,
01:43 qui parlait un moment de De Niro en disant que ce qui est prodigieux chez lui et chez plein d'acteurs américains,
01:47 c'est qu'ils veulent jamais, ils s'en foutent de paraître à leur avantage.
01:51 Et les idiots, à la rigueur, de manière un peu idiote, ça leur va très bien.
01:54 Et il y a une grande intelligence là-dedans.
01:56 En tout cas, vous avez les trois talents, même si vous ne retenez qu'un seul métier, réalisateur.
02:00 Réalisateur de longs métrages remarqués « Diamant noir » et « Onoda »,
02:03 pour lequel vous avez gagné le César du meilleur scénario.
02:05 Co-scénariste donc avec votre compagne Justine Trier d'« Anatomie d'une chute »
02:09 qui a remporté la Palme d'Or à Cannes.
02:11 Et donc, enfin acteur, c'est pour ça qu'on vous a invité ce matin.
02:14 Vous incarnez l'avocat Georges Kiezman dans « Le procès Goldman »,
02:17 nouveau film de Cédric Kahn qui sort aujourd'hui.
02:19 Un huclo judiciaire captivant, passionnant, mais vraiment,
02:23 qui nous replonge dans cette affaire criminelle qui a enflammé la France dans les années 70.
02:27 Le procès de Pierre Goldman, le frère de Jean-Jacques Goldman,
02:30 icône de l'extrême gauche et gangster.
02:32 7h03.
02:33 Le meurtre de Pierre Goldman, l'intellectuel révolutionnaire, a été abattu hier de trois balles de revolver.
02:39 Trois hommes ont participé à l'assassinat sur le coup de midi,
02:42 à une dizaine de mètres de chez lui, en plein Paris.
02:45 Le meurtre a été revendiqué par un groupe mystérieux qui s'appelle « Honneur de la police ».
02:49 Cela dit, Pierre Goldman avait été acquitté aux assises pour le double meurtre
02:52 des deux pharmaciennes du boulevard Richard Lenoir.
02:54 Un crime qu'il avait d'ailleurs toujours nié.
02:56 Le journal de 7h du 20 septembre 1979 sur France Inter,
03:01 Pierre Goldman finit assassiné.
03:03 Mais là, dans ce film, le film de Cédric Kahn d'aujourd'hui,
03:05 on est quatre ans avant, on est lors du fameux procès en cassation
03:08 pour le meurtre de ces deux pharmaciennes.
03:10 Il a été condamné à la prison à vie.
03:12 On est en cassation, procès ultra-médiatique.
03:15 Il y a dans la salle Simon Signoret et Régis Debray,
03:18 un procès qui va diviser l'intelligentsia de gauche.
03:21 On entend dans la salle fuser des Goldman innocents, Goldman coupables.
03:25 Pour les auditeurs qui ne connaîtraient pas l'affaire,
03:28 est-ce que vous pouvez nous rappeler ce qu'a représenté à la fin des années 70
03:33 le procès Goldman en France ?
03:36 Alors c'est un procès qui a été très médiatisé,
03:39 notamment parce que Goldman était issu d'une extrême-gauche militante.
03:46 Et donc, du côté de la réaction, c'était du pain béni pour en faire
03:51 le procès de l'extrême-gauche qui dérive, qui se dévoie.
03:55 Ce qui me semble, moi, une erreur, parce que les crimes,
03:59 même les braquages, parce que le crime de sang,
04:02 officiellement, il en est innocent, n'ont rien de politique chez Goldman.
04:07 Mais, comme c'est l'après 68, et que Goldman était dans une organisation politique,
04:14 mais la médiatisation vient énormément du fait qu'il a publié un livre
04:19 pendant qu'il était en prison, c'est-à-dire entre les deux procès,
04:22 qui a été un best-seller, qui est un livre sublime, que j'ai lu il y a 12 ans.
04:25 A mon sens, c'est la puissance de ce livre qui en fait un personnage
04:29 qui s'appelle "Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France".
04:32 Vraiment, il faut lire ce livre, qu'on ait vu le film ou pas, avant ou après,
04:35 c'est un livre génial.
04:36 - Quand Cédric Kahn vient pour vous proposer le rôle, vous ne vous connaissez pas,
04:39 et il vous propose de jouer l'avocat de Goldman, Georges Kegeman,
04:43 et là, il est surpris de voir que vous connaissez parfaitement l'affaire,
04:46 que vous êtes parfaitement au courant, voire même que cette affaire vous hante.
04:49 Qu'est-ce qu'elle révèle chez vous ? Pourquoi vous la connaissiez ?
04:53 - Moi, je la connaissais parce que j'avais lu le livre,
04:55 mais je la connaissais parce que mes parents m'en avaient parlé.
04:58 Disons qu'ils étaient dans un activisme politique qui faisait
05:02 qu'ils connaissaient très bien cette histoire dans les années 70.
05:05 Je connaissais la figure de Goldman, et le livre m'avait énormément marqué.
05:09 Au moment où je le lisais, on m'a fait une proposition
05:12 qui est devenue mon premier long métrage, qui s'appelle "Diamant noir".
05:15 Je me suis inspiré, parce qu'on m'a proposé de faire un film de braquage,
05:19 et donc il est question de braquage, la figure me fascinait.
05:21 Naturellement, j'épuisais dedans.
05:25 Et oui, Cédric était assez étonné que je connaisse,
05:28 parce qu'il m'a présenté en me disant "tu ne dois pas connaître,
05:30 les gens de ta génération ne connaissent plus cette histoire".
05:32 - Et vous la connaissiez parfaitement.
05:34 Georges Kiezzman, que vous jouez de manière remarquable,
05:37 plus vraie que Nature, vous dites "je le joue un peu plus nerveux qu'il n'était".
05:41 Vous avez pu le rencontrer, il est mort il y a quelques mois.
05:44 - Oui, je l'ai rencontré une fois avant le tournage,
05:47 avec la scénariste du film Nathalie Herzberg,
05:49 qui était en contact avec lui, évidemment.
05:52 Et une fois après le tournage, avec Cédric et Nathalie.
05:55 - Et qu'est-ce qui vous reste de lui ?
05:57 Qu'est-ce qui a imprimé chez vous de Kiezzman ?
06:00 - Une grande élégance mélancolique, je dirais.
06:02 Il était fatigué, mais il avait évidemment toute sa tête,
06:07 et il était d'une précision, à la fois dans ses souvenirs, dans sa parole,
06:10 même dans son port.
06:12 - Il disait "il faut être un juif classe".
06:14 - Oui, je ne me souviens pas exactement si c'est ça.
06:17 - C'est vous qui l'avez dit.
06:18 - Oui, mais j'ai l'impression que je ne l'ai pas exactement.
06:20 Il m'a dit que pour lui, ce qui était important quand il était dans le prétoire,
06:24 c'était d'apparaître avec une élégance.
06:29 Il me semble qu'il a dit "juif classe", en tout cas c'est la formule que je retiens,
06:32 avec beaucoup d'humour, il a dit ça.
06:35 Je retiens vraiment une élégance, mais je dirais avec une grande mélancolie.
06:39 Par exemple, la deuxième fois, quand on est parti,
06:43 j'ai remarqué sur son canapé le Kafka dans la Playade,
06:48 et je lui ai dit "ah, vous lisez ?"
06:50 Il me dit "oui, je relis toujours Kafka".
06:52 Et j'ai trouvé qu'il y avait une logique là-dedans, et ça m'a frappé,
06:54 puisque moi-même étant en ce moment particulièrement fasciné par Kafka,
06:57 j'ai trouvé ça très beau.
06:58 Le film tient beaucoup sur la relation compliquée, électrique,
07:01 de Goldman et de Kiezzman, deux fils de juifs polonais,
07:05 dont les parents ont connu la guerre, sauf qu'ils sont vraiment de caractère à l'opposé.
07:09 D'ailleurs, le film commence avec la scène très très forte,
07:12 où Pierre Goldman écrit une lettre incendiaire pour dire qu'il ne veut pas que George Kiezzman le défende,
07:18 et il dit "je ne peux plus supporter l'ironie de ce mec,
07:21 sa petitesse et sa frivolité de juif de salon".
07:24 Hyper drôle.
07:25 Oui, c'est une lettre authentique.
07:29 La scène, je crois, n'a jamais eu lieu, elle est un peu construite,
07:32 mais par contre les deux lettres qui sont lues dans cette scène existent.
07:35 Oui, c'est cinglant, et il y a une opposition entre eux.
07:38 Ce que dit Cédric, c'est le juif résilient, c'est-à-dire Kiezzman,
07:43 et le juif maudit, qui serait Goldman.
07:45 Il y a en tout cas, si le procès Goldman a autant passionné, et si elle passionne encore,
07:49 c'est en raison de la personnalité fascinante de Pierre Goldman,
07:52 dont parle, vous allez l'entendre, George Kiezzman.
07:55 Pierre Goldman, c'est un personnage doule, et doule, c'est peu dire.
08:01 Il y a d'abord chez lui, effectivement, un militant convaincu
08:05 que la guérilla révolutionnaire, en Amérique latine en tout cas,
08:09 va déboucher sur des démocraties.
08:12 Les années qui viennent de s'écouler ne l'ont pas prouvé,
08:15 mais enfin, c'est ce qu'il pense très sincèrement.
08:17 Et puis, il y a en lui quelqu'un qui est fasciné, en quelque sorte,
08:21 par ce qu'on pourrait appeler le milieu.
08:24 Celui-là, je dirais, mi-gangster, mi-militant,
08:30 est un personnage romanesque, romantique,
08:34 se perdant un peu dans des mythologies plus ou moins fumeuses,
08:38 très difficiles à cerner.
08:40 - George Kiezzman, interrogé par Guillaume Erner dans "Les Matins de France Culture",
08:43 c'était il y a deux ans.
08:44 Pourquoi il a tellement fasciné Pierre Goldman ?
08:47 - Il avait une personnalité tellement remarquable,
08:52 à la fois d'ailleurs dans une partie qui pouvait être insupportable,
08:56 parce que je pense que c'était une boule d'angoisse et de contradiction.
09:00 Et il est inrésumable.
09:03 C'est-à-dire qu'il y a quelque chose de lui qui pourrait paraître
09:06 une espèce de cow-boy comme ça, qui veut faire le coup de poing.
09:09 Et puis, en même temps, il sait manier la parole et la dialectique.
09:12 Et dans son livre, la langue est remarquable.
09:15 On sent qu'il s'incarne dans les mots.
09:17 Donc il y a une espèce d'alliage comme ça.
09:20 - Et en même temps, c'est un sale type.
09:22 C'est un gangster.
09:23 - C'est un type qui s'est commis au minimum dans plusieurs vols.
09:26 Et notamment, il y en a un qui m'a toujours un peu choqué,
09:29 c'est qu'il a volé un type qui transportait de l'argent
09:31 pour la caisse d'affaires familiale.
09:33 Pour un type de gauche, c'est un interroge.
09:35 Donc c'est que des contradictions.
09:37 - Et puis tout le film, pendant deux heures,
09:39 il est tenu, il est tendu ce film.
09:41 On se met à la place, on est spectateur, mais on est dans cette cour d'assises.
09:43 Honnêtement, les films de procès, ça peut être chiant,
09:45 mais ça ne l'est pas du tout de bout en bout.
09:47 Il est vraiment tenu.
09:49 Et après, on sort du film, moi je l'ai vu avec des membres de l'équipe,
09:52 et toute la question c'est de savoir s'il les a tués ou s'il ne les a pas tués, les deux femmes raciennes.
09:55 Vous avez une intime conviction, vous ?
09:57 - Non, pour moi c'est irrésolu.
10:00 Mais ce que je trouve très beau,
10:02 et c'est ce que montre le film,
10:04 c'est que par contre, le jugement, il me semble,
10:07 devait être l'acquittement.
10:08 Parce que, non pas parce qu'on aurait prouvé qu'il est innocent,
10:11 d'ailleurs, Georges Ketschmann disait,
10:13 "La question de la défense n'est pas de prouver l'innocence,
10:17 c'est à l'accusation de prouver la culpabilité."
10:19 Et il y a trop de doute dans le dossier.
10:20 Donc il fallait que le doute lui profite.
10:22 - Vous êtes abonné au film sur la justice, dites-moi ?
10:24 - Alors ça c'est un hasard, complet.
10:26 - "Anatomie d'une chute", ça se passe partiellement dans une salle d'audience.
10:31 Et évidemment, "Le procès Goldman".
10:33 Le prochain, c'est pas sur "Vous émancipez" ?
10:36 - Le film que moi je vais faire ?
10:38 Non, parce que là, j'essaie de me concentrer sur un film que je vais réaliser, j'espère, l'année prochaine.
10:43 Non, ça n'a rien à voir.
10:44 - Il n'y a pas de salle d'audience où vous éloignez ça.
10:46 Un mot évidemment sur "Anatomie d'une chute",
10:48 réalisé par Justine Trier, votre compagne, que vous avez co-écrit avec elle.
10:51 Gros succès en salle, il a dépassé le million de spectateurs.
10:54 Alors que seuls six Palme d'Or depuis 23 ans ont dépassé le million de spectateurs en salle.
10:59 Vous vous attendiez à ce succès public ?
11:01 - Non, pas du tout.
11:02 Moi, je suis complètement stupéfait.
11:04 C'est évidemment incroyable, c'est génial.
11:06 Mais quand on écrivait avec Justine, on se disait, bon, il faut s'attendre à ce que ce soit ton film qui fait le moins de spectateurs.
11:12 Un film qui va être long, qui va être assez rêche, assez radical.
11:15 Et elle voulait à tout prix renoncer à absolument rien de ce que le film déployait.
11:21 On sentait que ça allait être plein comme un oeuf de choses en partie difficiles, ce film.
11:27 - Et que ça ferait trois entrées.
11:29 - Non, pas trois, parce qu'on ne s'est pas du tout dit ça.
11:34 C'est pas possible, vous ne pouvez pas dire ça.
11:36 - En tout cas, c'est un carton.
11:37 Mais le film n'a pas été choisi pour représenter la France aux Oscars.
11:39 Vous avez été déçu ?
11:41 - Oui, c'est obligé d'être déçu.
11:43 Mais en même temps, moi je suis très content pour Tranan Hung, qui se trouve un réalisateur tout à fait remarquable.
11:53 - C'est la passion de Dunbouffon.
11:55 - Oui, alors je n'ai pas vu ce film-là, mais c'est une très bonne chose.
11:57 - Il a été sélectionné avec Juliette Binoche.
11:59 - Oui, mais je veux dire, c'est le choix de la France.
12:01 - "Anatomie d'une chute" est un grand film sur le couple.
12:03 Vous avez écrit ce film en couple.
12:05 Quand il y a deux artistes dans un couple, est-ce qu'il y en a au moins un de trop ?
12:09 - Ah, eh bien, qui disait que...
12:12 C'est Oscar Wilde qui disait "un couple c'est ne faire qu'un".
12:16 Oui, mais lequel ?
12:18 - Et alors ?
12:19 - Non, non, un couple, ça m'apparaît une chose impossible,
12:22 mais en même temps qu'on essaye de faire tenir quand même.
12:25 Mais moi, je ne me considère pas comme un artiste.
12:29 Je ne crois pas qu'on puisse dire ça de moi.
12:32 Donc je résous la question comme ça.
12:35 On essaye de faire des choses.
12:37 - Vous échappez à la question comme ça.
12:38 On va écouter Justine Trier qui parle de votre collaboration.
12:40 - La question d'être en couple ne se pose pas quand on travaille ensemble.
12:43 C'est une autre partie de nos vies.
12:46 Je ne vois pas ça comme un truc de compétition.
12:48 Au contraire, c'est un partenaire de travail.
12:51 C'est très stimulant.
12:53 Même quand on écrit ensemble, je ne le vois pas comme un scénariste,
12:55 c'est un rédacteur, donc il a un point de vue fort.
12:57 Des fois, on n'est pas d'accord.
12:59 C'est intéressant.
13:01 Je trouve ça joyeux de pouvoir travailler ensemble.
13:03 Ce qui ne nous arrive pas souvent en réalité.
13:05 - Elle dit aussi que vous, vous travaillez dans ses films.
13:09 Elle vous fait travailler dans ses films.
13:11 Mais moins vous.
13:13 - Oui, alors déjà, parce que moi, elle a commencé par me faire jouer.
13:18 Moi, en général, dans mes films, il y a beaucoup plus d'hommes que de femmes.
13:21 Ce qui va changer.
13:23 - Donc vous allez prendre Justine Trier dans votre prochain film.
13:25 - Ah, ce n'est pas impossible.
13:27 Vous savez, moi, elle m'a toujours fait passer les castings.
13:29 Je n'ai jamais eu de passe-droits.
13:31 J'ai même passé des essais pour des rôles importants, et je ne les ai pas eus.
13:35 Donc là, elle ne me fait pas bénéficier de pistons.
13:39 - Donc là, vous allez vous venger, lui faire passer un casting.
13:43 - Je vais lui faire passer beaucoup d'essais. Très dur.
13:45 - Elle dit aussi que vous ne travaillerez plus jamais ensemble.
13:47 - Oui, c'était difficile.
13:49 - C'était difficile ?
13:51 - Oui, parce que le film remuait des choses.
13:53 Et puis, c'était pendant le confinement, en grande partie.
13:56 On avait un enfant tout petit à gérer plus ou moins en même temps.
14:00 Moi, mon film monoda était complètement interrompu,
14:03 parce que c'était pendant l'année du confinement, où tout s'était bloqué.
14:07 Donc tout ça faisait une espèce de tension.
14:11 Et en même temps, l'écriture a bénéficié de ça.
14:14 Mais ça nous a emporté beaucoup plus loin que ce qu'on pensait.
14:17 - Elle dit que c'était dur, quand même.
14:19 - Oui, c'était dur.
14:21 - Écrire un film sur un couple qui se détruit...
14:25 - Le film n'est pas du tout nous.
14:27 Sinon, on n'aurait pas écrit le film ensemble.
14:29 - Vous ne seriez pas là.
14:31 - Parce que la personne est morte.
14:33 - Les personnages du film n'auraient pas pu écrire un livre ensemble.
14:36 - Elisabeth Bannenter dit à propos de Robert Bannenter,
14:39 "Un homme qui est si heureux quand il arrive quelque chose d'heureux à sa femme,
14:42 pour moi, c'est ça un féministe."
14:44 Qu'est-ce que vous en pensez ?
14:46 - C'est très beau, c'est vrai.
14:48 Je ne sais pas si je suis féministe, j'espère.
14:51 - Qu'est-ce que vous avez ressenti quand elle est montée sur la scène,
14:54 prononcée ce discours dont on a tellement parlé ?
14:56 - J'étais sonné.
14:58 Mais elle a tout de suite repris le truc parce qu'il fallait.
15:01 Mais moi, quand j'ai entendu d'abord que Jonathan Glaser avait le Grand Prix,
15:06 et donc c'est là qu'on a su qu'on avait la Palme d'Or,
15:08 j'étais choqué.
15:10 - Et vous étiez fier ?
15:12 Qu'est-ce qui vous a traversé comme sentiment ?
15:14 - C'était incroyable.
15:16 Comment dire ? C'était tellement pas...
15:19 On n'avait pas pensé à ça.
15:21 Enfin, moi, je n'y croyais pas.
15:23 - Question impromptue pour terminer.
15:26 Petite question rapide, vous répondez sans trop réfléchir.
15:28 Dans les Power Couple, Serge Gainsbourg et Jane Birkin ou Beyoncé et Jay-Z ?
15:33 - Ouh là !
15:35 Franchement, aucun des deux.
15:38 - Jean-Jacques Goldman ou Pierre Goldman ?
15:40 - Pierre Goldman.
15:42 - Jean-Jacques Goldman ou Michel Sardou ?
15:45 - Jean-Jacques Goldman.
15:47 - Instagram ou Twitter ou aucun des deux ?
15:49 - Aucun des deux.
15:50 - Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
15:52 - Egalité.
15:55 - Scorsese ou Spielberg ?
15:58 - C'est une question intéressante.
16:01 Le premier Scorsese, le dernier Spielberg.
16:04 - Depardieu ou Devers ?
16:06 - Depardieu, il y a longtemps.
16:09 - Plus difficile pour vous là.
16:11 Virginie Fira ou Léa Seydoux ?
16:13 - Euh...
16:16 - Ah c'est dur parce que vous avez beaucoup tourné avec Virginie Fira, je précise,
16:19 elle est assez doux, vous devriez la faire tourner dans votre prochain film.
16:21 - Oui, Virginie Seydoux.
16:23 - Pas mal.
16:24 Est-ce que vous volez toujours dans les magasins ?
16:26 - Ah non, ça, ça fait longtemps, j'ai eu des ennuis, je peux plus.
16:29 - Qu'est-ce qui vous indigne ?
16:31 - Qu'est-ce qui m'indigne ?
16:33 Je dirais ce gouvernement, globalement.
16:37 - La notoriété, le succès, ça apaise ou ça angoisse ?
16:40 - Euh...
16:43 Tout angoisse.
16:45 Donc ça angoisse.
16:47 - Le plus grand président de la 5ème République ?
16:49 - Euh...
16:52 Malheureusement, Charles de Gaulle.
16:55 - Malheureusement.
16:57 - On aimerait avoir mieux, quoi.
16:59 - Avouez une mauvaise pensée, pour terminer.
17:01 - Une mauvaise pensée ?
17:03 - Un truc très sale, très moche.
17:06 - Je suis envieux, parfois.
17:08 - Le procès Goldman de Cédric Kahn, avec Arthur Harari,
17:12 et je dois citer celui qui joue Pierre Goldman,
17:14 Arie Volta...
17:16 - Volta Alter.
17:17 - Volta Alter, qui est ahurissant dans le film.
17:19 Le film sort aujourd'hui, allez-y, c'est un film,
17:22 vous serez pas déçus, allez-y.
17:24 Voilà, c'est tout, et puis allez voir Anatomie d'une chute,
17:26 si vous ne l'avez pas encore vue.
17:27 Merci et belle journée à vous.

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