• l’année dernière
Thomas Brail , porte-parole du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), est en grève de la faim depuis le 1ᵉʳ septembre afin de protester contre le projet d’autoroute A69, mais cela at-il vraiment un impact ?

Retrouvez la question qui fâche de Marie Misset sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-question-qui-fache

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Amusant
Transcription
00:00 Si on la pose, c'est qu'un homme, Thomas Braille, a entamé une grève de la faim il y a 26 jours maintenant
00:04 pour lutter contre l'autoroute A69 qui doit relier Toulouse à Castres.
00:08 Une aberration écologique, dit-il, soutenue en ça par les rapports du Conseil national de la protection de la nature
00:14 et de l'autorité environnementale qui n'avaient de valeur que consultative.
00:18 Thomas Braille a fait limite plus de bruit en occupant un platan en face du ministère de la transition écologique,
00:23 platan dont il a été délogé dimanche dernier, qu'avec sa grève de la faim.
00:27 D'où cette question qui fâche.
00:30 Les grèves de la faim servent-elles à quelque chose ?
00:37 Alors, pour nous répondre, nous sommes avec l'activiste Thomas Braille lui-même.
00:40 Bonsoir Thomas Braille.
00:41 Bonsoir, je ne suis pas activiste, je suis désolé.
00:43 Comment vous nommez-vous ?
00:45 Je suis un grimpeur arboriste, c'est mon métier, et défenseur des arbres.
00:49 Défenseur des arbres et grimpeur arboriste Thomas Braille.
00:51 Comment est-ce que vous vous sentez après 26 jours sans manger ?
00:55 Là, très fatigué, j'ai commencé à avoir mal dans le squelette en fait.
00:59 Dans les os ?
00:59 Oui.
01:00 Vous avez été délogé de votre arbre dimanche, vous y étiez installé il y a 10 jours,
01:05 mais vous continuez cette grève de la faim.
01:06 Donc ce matin, le ministre des Transports Clément Bonne était interrogé par Sonia De Villers sur cette antenne.
01:11 Elle lui a demandé si l'autoroute A69 serait construite malgré tout.
01:15 Voilà ce qu'il a dit.
01:16 On est dans un état de droit, on doit le respecter.
01:19 Et j'entends que certains sont opposés au projet.
01:21 Nous sommes dans une démocratie, ils ont le droit de le dire, ils ont même le droit, comme le fait Thomas Braille.
01:25 Qui était en fait effectivement dans un arbre en face du ministère.
01:28 En pleine grève de la faim.
01:29 De mener des actions, tant que c'est pacifique et non violent.
01:32 Et je le respecte.
01:33 Mais il y a même un problème de principe au-delà de cette auto-route.
01:36 Quand on est face à des projets, quels qu'ils soient, que les élus l'ont confirmé,
01:40 que l'Etat l'a confirmé, qu'il y a eu plus de 10 recours déjà,
01:44 que tous les recours suspensifs ont été purgés devant le juge,
01:47 indépendamment et librement.
01:49 Eh bien, on doit avancer.
01:50 Pourquoi vous la pensez légitime, vous, votre grève de la faim, Thomas Braille ?
01:54 Parce qu'on est toujours sur le côté législatif.
01:56 Et c'est vrai que ce matin, le monsieur le ministre a dit que
01:59 le projet de la 69 n'est pas satisfaisant du point de vue des mesures environnementales.
02:03 Et que l'article 163 du code de l'environnement dit que si les attentes liées au projet
02:09 ne peuvent être ni évitées, ni réduites, ni compensées de façon satisfaisante,
02:13 eh bien celui-ci ne doit pas voir le jour. Voilà.
02:15 Donc ça, même du point de vue du droit, vous estimez que vous êtes en parfaite légitimité
02:20 pour lutter contre cette route.
02:22 Cette autoroute A69. Je crois que Maïa n'est pas d'accord avec vous.
02:26 - Non, parce que la question qu'on pose, c'est est-ce que ça marche, les grèves de la faim ?
02:30 Manifestement, là, ça n'a pas marché du tout, du tout, du tout.
02:33 Qu'est-ce qui vous a fait penser que ça pouvait marcher ?
02:35 - Mais on n'est pas à la fin du processus.
02:37 On est juste en train de faire une action.
02:40 Moi, je n'invite personne à faire une grève de la faim. Je ne suis pas un gourou.
02:43 Loin de là, quoi.
02:44 Il y a des mobilisations qui sont en train de se faire un petit peu de partout.
02:47 Les citoyens s'aperçoivent qu'en fait,
02:50 j'ai envie de dire, c'est le dernier moyen, moi, que j'ai trouvé pour essayer de me faire entendre
02:53 au niveau médiatique.
02:54 Ça fait quatre ans que je porte la voix au niveau des arbres.
02:57 J'ai passé 28 jours dans le Platan où on m'a délogé il y a deux jours
03:01 pour dire à Madame Borne, qui à l'époque était ministre de la Transition écologique,
03:05 qu'il fallait faire quelque chose pour protéger les arbres.
03:07 Et au bout de quatre ans, là, boucle est bouclé.
03:09 Mais s'il fait chaud sur la planète, c'est parce qu'on a un déficit d'arbres.
03:11 Tous les étés caniculaires que vous avez, c'est parce qu'on a un déficit d'arbres.
03:14 Et je le clame, et je le dirai encore pendant longtemps,
03:17 si on ne se réveille pas maintenant, on est foutu, quoi.
03:19 - Vous êtes gourou, mais quand même, là, ça commence à ressembler un tout petit peu...
03:22 Alors, d'accord, vous ne voulez pas être gourou, mais là,
03:25 on a beaucoup plus parlé de vous que de votre cause.
03:27 Et j'ai même regardé, en fait, sur Google,
03:29 vous avez eu ces derniers jours beaucoup plus de couverture médiatique
03:33 que la cause que vous prétendiez défendre.
03:34 Vous l'avez invisibilisé par votre réaction.
03:36 - Oui, mais moi, j'y suis pour rien.
03:38 Qu'est-ce que vous voulez si les médias qui s'en parlent de ce sujet,
03:41 ils veulent parler que de moi et c'est leur problème.
03:44 Moi, je n'ai jamais parlé que de moi. Ce n'est pas le but.
03:46 Moi, je serais très bien chez moi avec mon petit garçon, avoir une vie normale.
03:50 Je me bats tous les jours pour que vos enfants, ils respirent.
03:52 Et je suis fatigué, en fait.
03:53 - Vous parlez... Alors, très bien, vous parlez que pour le futur, que pour votre enfant.
03:58 Mais la manière dont vous en parlez, c'est aussi un peu rigolo.
04:01 C'est-à-dire que voilà, on appelle ça des écureuils.
04:04 Vous montez dans un arbre.
04:05 C'est un peu, en fait, enfantin comme manière de mener la lutte.
04:08 Vous n'avez pas peur de passer pour un guignol ?
04:10 - Un écureuil, c'est mignon, non ?
04:12 - Oui, mais ce n'est pas très sérieux. Et la politique, c'est de la gravitas.
04:15 - Alors, je pense que les écureuils sont plus sérieux que les politiques.
04:18 Ils détruisent beaucoup moins l'environnement, quoi.
04:20 - Vous n'avez pas peur de passer juste pour un martyr ?
04:22 D'attirer toute l'attention sur vous ?
04:23 - Je n'ai pas l'intention de mourir, loin de là.
04:25 J'ai un fils et je l'aime beaucoup.
04:27 - Et justement, votre fils,
04:29 ça n'aurait pas été mieux pour lui que vous soyez présent à ses côtés ces derniers jours ?
04:33 Que vous l'aidiez à faire ses devoirs plutôt que d'être dans un arbre ?
04:35 - D'accord, mais si je ne fais rien pour mon fils, demain,
04:37 eh bien, mon fils, il n'aura pas d'avenir.
04:39 - Je n'ai pas l'impression qu'en montant dans un arbre, vous souviez l'avenir de votre fils.
04:43 - C'est l'impression que vous avez, vous.
04:45 Mais la population et l'opinion publique, elle est avec moi.
04:47 Donc, je pense qu'il y a beaucoup plus de personnes qui ne pensent pas comme vous.
04:51 - J'ai l'impression que là, vous avez surtout été très seul,
04:53 puisqu'on parle de beaucoup de gens qui ne seraient pas d'accord avec moi.
04:56 Vous n'avez pas réussi à créer une mobilisation ?
04:58 - Je suis désolé, c'est faux.
05:01 Il y a même des personnes qui sont autour de cette table et qui rigolent tellement que c'est faux.
05:05 - Je ne sais pas, moi, je vous ai vu tout seul dans votre arbre.
05:07 Vous en êtes trois descendus tout seul.
05:09 Ça n'a pas marché, hein ?
05:09 - Ah ben non, hier, il y avait quand même 300 personnes.
05:11 Il y avait des personnes à Toulouse et puis je reçois des milliers et des milliers
05:15 et des milliers de messages de soutien sur les réseaux sociaux.
05:18 Là, je suis désolé, mais vous ne marquez pas de points, ce soir.
05:21 - Je ne suis pas forcément là pour en marquer systématiquement.
05:23 Je suis là pour apporter de la contradiction.
05:24 - Oui, mais vous l'aviez dit juste avant.
05:26 C'est pour ça que je vous aime bien quand même.
05:28 - D'accord.
05:29 Alors, est-ce que ça sera quelque chose, les grèves de la faim, Thomas et Maï ?
05:32 Thomas Braille, la vôtre en tout cas.
05:34 - Ben écoutez, en tout cas, comme je vous dis, moi, je ne suis pas là pour...
05:37 Nous, on est là pour faire respecter la loi.
05:39 Quand je m'engage dans une action, c'est parce qu'il y a un volet législatif qui n'est pas respecté.
05:44 Donc là, le L353, il n'est pas respecté pour cette autoroute.
05:47 L'autorité environnementale, M. Bonne a dit ce matin
05:50 qu'ils allaient revoir les compensations environnementales,
05:53 sauf que théoriquement, le projet ne devrait pas continuer
05:55 puisque les compensations environnementales doivent être définies dès le début.
05:59 Donc ce projet, il est totalement illégal, en fait, là.
06:01 - Donc quand Clément Bonne vous oppose la loi,
06:02 vous lui opposez à lui aussi la loi ?
06:04 - Mais bien sûr.
06:04 Ce n'est pas parce que je suis un citoyen que je n'ai pas le droit de connaître la loi.
06:07 - Ce qu'on peut dire quand même, c'est qu'on ne sait pas ce qu'il adviendra de l'autoroute A69,
06:10 mais que votre combat, il porte quand même peut-être ses fruits,
06:12 peut-être pas pour elle, mais Clément Bonne, ce matin, il a déclaré sur France Inter
06:15 que plusieurs projets d'autoroutes seraient arrêtés, il l'a dit, dans les prochaines semaines.
06:19 En ajoutant, on n'a jamais fait ça dans notre pays.
06:23 - Écoutez, si j'ai contribué et si les personnes qui travaillent,
06:27 notamment le collectif La Voix est Libre,
06:29 et toutes les personnes qui se battent pour des projets éco-sileux comme ça,
06:33 ça a permis à monsieur le ministre peut-être de se réveiller sur un point,
06:36 on aura gagné quelque chose.
06:37 En tout cas, ce projet de la 69, il ne doit pas voir le jour, ça c'est sûr.
06:41 - On va suivre vos prochaines activités,
06:44 puisque vous promettez quelque chose pour jeudi prochain, 14h.
06:47 Marine, une conclusion ?
06:48 - Oui, les grèves de la faim servent-elles à quelque chose ?
06:51 Selon Maya, non.
06:52 Selon vous, oui.
06:53 Et moi, je suis un peu partagée, alors dans le doute, je propose un entre-deux.
06:56 J'arrête le gluten, voilà.
06:57 Je tiens depuis ce midi, c'est pas facile.
06:59 On est ensemble et on l'aura ce projet.
07:01 - Merci beaucoup Thomas Braille de nous avoir rejoint en plateau ce soir.
07:05 On rappelle que vous êtes grimpeur arboricole, je ne me trompe pas cette fois.
07:07 - Arboriste.
07:08 - Arboriste.
07:09 On attend de savoir ce que vous préparez pour jeudi prochain, 14h.

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