Accueil des migrants : "C’est une erreur de dire que le pape a lancé un message politique"

Sud Radio

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Transcript

00:00 - 7h13 sur Sud Radio, c'est à la une, que retenez-vous du message du Pape à Marseille ce week-end ?

00:05 Nous sommes avec Rafik Smati, entrepreneur, président d'Objectif France,

00:09 qui était présent à la messe au stade Vélodrome. Rebonjour à vous !

00:13 - Bonjour !

00:15 - Qu'est-ce que vous avez retenu, vous ?

00:17 Alors que vous n'êtes pas chrétien, vous avez quand même décidé de participer à cette messe.

00:21 - Oui, mais justement, c'est toute la magie de cet événement et c'est tout l'exploit de François.

00:27 Il y avait dans le stade des musulmans, des juifs, des athées, des chrétiens, évidemment,

00:33 tous unis par une même fraternité.

00:37 Et ça, ce sont des moments qui sont extrêmement rares.

00:40 Je trouve dommage, dès qu'il y a comme ça des messages qui sont positifs,

00:45 un pape qui se rend dans une ville qui est une ville dont tout le monde parle en mal, Marseille,

00:50 qui réussit à la rendre sublime.

00:53 Et pourquoi, à chaque occasion, allons-nous essayer de chercher des polémiques ?

00:57 Moi, j'en ai assez de cette vision extrêmement négative, clivante,

01:02 d'alimenter le débat public.

01:05 Il y a toujours, dans toute situation, un verre à moitié vide et dans toute situation, un verre à moitié plein.

01:10 Regardons le verre à moitié plein...

01:12 - Alors, c'est quoi le verre à moitié plein, Raphix Mathy, alors, justement ?

01:16 - Eh bien, le verre à moitié plein, c'est que malgré toutes les crises que traverse notre société,

01:21 malgré toute cette société qui est fracturée,

01:23 il est possible, quelles que soient nos origines, nos religions, nos croyances, nos non-croyances,

01:28 il est possible de nous unir autour d'une même fraternité.

01:31 Je rappelle que la fraternité, Patrick Roger, ce n'est pas un petit mot,

01:36 c'est le troisième pilier de notre devise républicaine.

01:39 Et c'est aujourd'hui probablement le pilier qui est le plus malmené,

01:41 parce qu'il est le plus exigeant à atteindre.

01:44 La fraternité exige de faire acte d'introspection et d'essayer de faire un pas vers l'autre.

01:51 Par définition, c'est ça la fraternité, c'est d'essayer de comprendre l'autre, c'est de l'empathie.

01:55 Et c'est ce que fait le Pape, et c'est ce qu'a fait le Pape au Stade Mélodrome.

01:59 - Oui, oui. Alors, il a eu un message quand même politique, le Pape.

02:04 Est-ce que c'est son rôle d'avoir un message politique ?

02:08 - Je pense que c'est une erreur que de dire que le Pape a eu un message politique.

02:13 - D'accord, pourquoi ?

02:14 - Vous l'avez dit tout à l'heure, j'ai eu la chance de le rencontrer il y a à peu près un an au Vatican,

02:19 et j'ai eu un échange avec lui, et il est sur cette ligne-là.

02:22 Il est sur un terrain moral, le Pape. Il est sur un terrain philosophique.

02:26 Et sur un terrain philosophique, sur un terrain moral,

02:29 le fait de dire que nous n'avons pas le droit de laisser mourir des pauvres gens en Méditerranée,

02:34 qui peut s'opposer à cette vision-là ?

02:37 Le Pape n'est pas sur une temporalité d'une élection,

02:41 le Pape n'est pas en train d'évoquer une idéologie qui doit s'inscrire sur le court terme.

02:47 Le Pape s'inscrit par définition sur le long terme, sur le très long terme,

02:52 et il est dans une posture philosophique.

02:54 Donc pourquoi essayer d'opposer une posture philosophique d'un côté avec une posture politique de l'autre ?

03:00 Je vais vous dire, la situation concernant les migrants,

03:05 le Pape a raison, et le président de la République française a raison.

03:09 Oui, nous n'avons pas le droit de laisser mourir des migrants en Méditerranée.

03:13 Oui, la mer Méditerranée est devenue un cimetière, et c'est une honte.

03:17 Mais en même temps, est-ce qu'on peut accueillir tous les migrants en Europe ?

03:21 Évidemment non, mais ça ce n'est pas le job du Pape, ça c'est le job du politique.

03:25 Et donc chacun doit être dans son rôle, il faut arrêter de dispériser une situation

03:30 et d'essayer de comparer au Pape un Premier ministre qui est en train de faire voter une loi sur les migrants.

03:35 Ce sont deux choses différentes.

03:37 D'un côté, on a un message puissant, rassembleur, fraternel, qui s'inscrit sur la durée,

03:43 et d'un autre côté, il y a le job des personnalités politiques qui doivent faire en sorte

03:47 que les frontières doivent être protégées, que des accords de partenariat doivent être noués avec les pays d'accueil,

03:53 et que la sécurité et l'intégrité territoriale de l'Europe puissent se maintenir.

03:59 Mais ce sont deux sujets différents, et c'est une faute d'essayer de les mélanger.

04:03 Un dernier mot, parce que vous êtes entrepreneur, puisqu'on va beaucoup parler de ce projet de loi autour de l'immigration,

04:09 est-ce que vous êtes favorable au titre de métiers en tension pour faire venir de la main d'oeuvre,

04:16 notamment, et les embaucher, bien sûr, ces migrants ?

04:20 Vous savez, je pense qu'on prend le problème à l'envers.

04:24 Avant la question des migrants, il y a deux questions en France qui ne sont pas résolues.

04:30 Et tant qu'on ne résout pas ces deux questions, on va avoir beaucoup de mal à faire appel à de l'immigration.

04:36 La première question, c'est celle de la sécurité. L'ordre doit régner en France.

04:40 D'ailleurs, plus qu'il s'agisse de personnes qui vivent en France ou de personnes qui arrivent en France,

04:44 l'ordre doit régner, et celui qui immigre et qui fait une faute doit pouvoir être expulsé.

04:49 Ça, c'est la base. L'ordre n'est pas capable de le faire.

04:52 Et le deuxième point, c'est relancer la machine à intégration.

04:55 Aujourd'hui, la France ne s'intègre plus. Un immigré qui arrive en France a du mal à rentrer, à épouser la machine républicaine.

05:03 Quand on sera sur nos deux jambes, qu'on sera capable d'assurer l'ordre dans notre pays,

05:09 et qu'ensuite on aura une machine à intégration exigeante et harmonieuse,

05:14 dans ce cas-là, la question de l'immigration sera vécue de manière beaucoup plus apaisée.

05:20 Mais aujourd'hui, ce qui nous fait peur, c'est qu'on se dit que s'il y a des migrants qui arrivent de tel ou tel pays,

05:28 qu'on n'est pas capable d'assurer l'ordre de manière sereine de notre pays,

05:31 et en plus que la machine à intégration ne fonctionne plus, ça se passera mal.

05:35 Donc prenons le problème à l'endroit. Le problème n'est pas tant l'immigration,

05:38 qui est d'une certaine façon inéluctable dans les dizaines d'années qui viennent,

05:43 tant la géopolitique mondiale est en train de se bouleverser.

05:47 La question, c'est de reprendre le contrôle dans notre pays, dans notre continent,

05:50 de maintenir l'ordre et d'avoir une intégration exigeante et harmonieuse.

05:55 Merci Raphix Mathy, entrepreneur président d'Objectif France, d'être intervenu ce matin en direct sur Sud Radio.

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