À l'occasion de la venue du Pape François à Marseille, retrouvez Jean-Marie Guénois, un vaticaniste et journaliste spécialisé dans les questions religieuses internationales, rédacteur en chef pour le quotidien Figaro.
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00:02 6h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:07 Et pile à 8h49, c'est l'événement de ce samedi, le Pape à Marseille, jour 2.
00:12 François, très attendu au Stade Vélodrome pour une grande messe cet après-midi devant 57 000 personnes,
00:17 dont le président Macron, ce souverain pontife qui, je le disais, fait beaucoup parler mais écrire également.
00:23 Et c'est notre confrère Jean-Marie Guénois du Figaro, qui est spécialiste du Vatican, qui est dans la cité phocéenne.
00:28 Il est en direct avec nous. Bonjour.
00:30 Bonjour.
00:31 Merci Jean-Marie d'être là. Vous publiez aux éditions Gallimard "Pape-François, la révolution", 280 pages sur l'homme,
00:38 son parcours, son arrivée au Vatican sur ses 10 ans de pape.
00:41 D'abord, en quoi cette visite dans la deuxième ville de France, cette venue à Marseille, marque-t-elle autant les esprits ?
00:48 Parce qu'elle est totalement originale, presque atypique par rapport à des visites classiques officielles du pape dans nos pays.
00:55 J'en ai couvert des dizaines et des dizaines.
00:57 Et là, on n'est pas en France, comme il l'a dit et répété.
01:01 On est dans une ville particulière qui se dit être ville-monde, ville ouverte sur la Méditerranée.
01:06 Et on est dans un schéma de visite totalement atypique.
01:09 Ajoutons à ça le caractère français, la question de laïcité avec la présence du président de la République, à la messe,
01:15 il y a des polémiques qui ont été soulevées.
01:17 Donc on est dans un autre monde des visites du pape, mais tout à fait sympathique.
01:23 On l'a vu hier soir, il était extrêmement détendu et en même temps très grave sur les questions de l'immigration.
01:27 Il se sent très à l'aise en cette ville et finalement en France.
01:32 Vous l'avez trouvé vraiment bien, à la hauteur ?
01:35 Comment vous l'avez vécu ces minutes hier, notamment à la bonne mer ?
01:39 J'ai trouvé qu'il était extrêmement détendu.
01:42 C'est rare de voir le pape sourire, voire presque éclater de rire quand l'archevêque de Marseille lui dit "on vous a observé".
01:50 Il apprécie Avelin, le cardinal Avelin, l'archevêque de Marseille, le pape l'apprécie.
01:57 Et en même temps extrêmement grave, profond, quand il a abordé ensuite les questions d'immigration, la question de la Méditerranée.
02:07 Il est venu pour ça, pour poser cette question à la conscience française et européenne.
02:12 Et donc on a là les deux faces de cet homme qui est très jovial et qui en même temps peut être extrêmement grave, parfois sévère.
02:20 Plaider la cause des exilés et défendre ou dénoncer le drame des naufrages des migrants, c'est un thème cher au pape François Jean-Marie Guénois.
02:28 J'entendais hier dans les auditeurs, on la parole, sur RTL, un auditeur dire ça à Vincent Parizeau.
02:33 Écoutez.
02:34 Il fait un petit peu trop, il fait beaucoup trop de politique, il devrait s'occuper de son église déjà.
02:39 À la tête de l'église, il doit être neutre, il doit défendre l'église catholique.
02:42 C'est un sentiment Jean-Marie Guénois assez fréquent.
02:45 Est-ce qu'il fait trop de politique ? Vous validez cette idée-là, vous ?
02:49 Tous les papes font de la politique.
02:51 Jean-Paul II était un grand pape géopolitique.
02:54 François est un pape politique, évidemment.
02:57 Benoît XVI l'a été sous une autre forme, il était plus intellectuel, il défendait les valeurs européennes, les fondements de la civilisation européenne.
03:04 François, il a un style direct, c'est un argentin, c'est le style coup de poing, il ne fait pas dans la diplomatie.
03:10 Alors, en fait-il trop sur l'aspect politique ?
03:13 Lui, il avance comme un humanitaire, il défend les droits de l'homme, c'est ça, c'est le métier finalement de tout pape.
03:21 Maintenant, lui, à son côté, il est de centre-gauche, il ne s'en cache pas, ses prédécesseurs étaient plutôt de centre-droit.
03:28 Donc il a un agenda aussi très précis sur les questions des immigrés, sur la question de l'écologie.
03:33 Mais il est aussi un homme de prière, ça on ne le voit pas suffisamment, on le verra cet après-midi à l'occasion de la messe, évidemment.
03:39 Il est tout ça. Donc dire qu'un pape s'occupe trop de politique, il fait son métier quand il, admettons qu'il fasse de la politique.
03:47 Dire qu'un pape ne fait pas assez de religion, il fait son métier quand il préside la messe comme il va le faire tout à l'heure.
03:53 Donc on ne peut pas l'enfermer dans ces catégories, mais un discours de pape, une parole de pape qui a une portée mondiale,
04:00 ici on a des centaines de journalistes et dans l'avion du pape on est 70 de toutes les nationalités,
04:05 c'est évidemment de la politique, de la géopolitique, mais au fond c'est la question de l'homme qui est posée.
04:13 Qu'est-ce qu'on fait du respect des personnes ? Qu'est-ce que les structures, les états, les institutions peuvent faire pour aider ceux qui sont dans la peine ?
04:21 Ce qui est intéressant dans votre ouvrage aux éditions Gallimard, "Un pape François la Révolution",
04:25 et que j'ai un peu découvert, c'est que c'est un homme plus couvert bien évidemment, mais autoritaire, voire dur, voire cassant.
04:32 Oui, ça faisait longtemps que l'Église catholique, en tout cas le Vatican, n'avait pas eu un patron à sa tête.
04:38 Alors c'est un pape jésuite. Jésuite ça veut dire que c'est un ordre religieux que beaucoup connaissent,
04:43 mais où il y a des hommes d'exception. D'une part très malin, très... un jésuite.
04:50 Bon, ensuite c'est un homme qui a une forte personnalité et qui gère, et qui aime gérer, qui aime le pouvoir.
04:56 Il disait au début du pontificat "je vais démissionner, je ferai comme Benoît XVI, on attend toujours, ça fait dix ans",
05:03 et je ne pense pas qu'il démissionnera, parce qu'il aime trop le pouvoir, et il a le souci du détail.
05:08 C'est quelqu'un qui, quand il prend une mesure, va édicter sa mesure, mais va vérifier un an après, deux ans après, si elle est appliquée.
05:16 Et ça, c'est devoir d'efficacité. C'était pas tout à fait le genre du Vatican, qui était finalement un esprit un peu familial,
05:26 un peu bonhomme, voilà, c'est l'Italie, et lui est arrivé avec une pugnacité latino-américaine,
05:33 un savoir-faire jésuite, une habileté jésuite, il avait dit "je suis assez rusé" au début du pontificat,
05:40 "non, pas furbo", il avait dit, "fourbe", rusé. Et puis, malgré tout, cette espèce de chaleur humaine
05:48 qui fait qu'il arrive à faire passer des choses, malgré tout, malgré les résistances.
05:52 - Est-ce qu'on a une idée de ce qu'il va dire, du message qu'il va faire passer à la planète, cet après-midi,
05:56 lors de cette fameuse messe au stade Vélodrome ?
06:01 - Le point commun, c'est franchement... Il y a trois choses, c'est sur les questions...
06:06 La messe, l'homélie, en tant que telle, c'est qu'il commente un texte d'évangile, donc c'est le texte le moins politique du jour.
06:12 En revanche, ce matin, à l'auditorium où il va prendre la parole pour les rencontres méditerranéennes,
06:17 qui est l'objet de son voyage, donc il y a là 70 évêques réunis de tout le pourtour méditerranéen.
06:23 L'idée de l'Église, c'est de réunir, au fond, tous ceux qui pourraient faire quelque chose pour que les pays qui entourent cette mer travaillent davantage ensemble.
06:31 Son message, c'est bien sûr, un, quand quelqu'un frappe à la porte, il n'est pas question de ne pas lui ouvrir.
06:39 Ça, c'est la grande tradition biblique, pas seulement, et chrétienne. On ne discute pas, on aide.
06:46 Deuxièmement, quand il y a des phénomènes comme actuellement, ça c'est nouveau dans son discours,
06:52 les États ne peuvent plus faire face, c'est à l'Europe de prendre les choses en main, l'Europe en tant qu'institution européenne.
06:59 Et puis, donc voilà, c'est essentiellement ça son discours ici.
07:04 - Bon, c'est à lire, pape François Larévolution, 280 pages aux éditions Gallimard,
07:08 c'est signé Jean-Marie Guénois, notre conféreur du Figaro, spécialiste du Vatican.
07:11 Merci Jean-Marie, bonne journée à vous. - Merci à vous, bonne journée.
07:14 - C'est une journée importante à Marseille pour ce déplacement du pape,
07:17 et on vous la fait vivre bien sûr sur RTL, tous les temps forts, sur notre antenne, rtl et rtl.fr.
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