Stéphane de Groodt, comédien, auteur et ancien pilote de course est l'invité d'Elodie Suigo ce lundi 25 septembre. Il sera sur la scène du théâtre de la Renaissance à Paris à partir du 29 septembre dans "Un léger doute".
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00:00 Bonjour Stéphane de Grote.
00:01 Vous êtes sans conteste l'un des
00:03 descendants cachés du célèbre
00:04 d'Armature et maître de l'absurde
00:06 Ionesco.
00:07 Oui, vous avez un humour tendre et
00:08 décalé, une rhétorique bien à vous
00:10 avec les yeux souvent rivés vers le
00:11 ciel.
00:12 Le théâtre vous est totalement
00:13 tombé dessus, au point de vous faire
00:14 mettre les deux pieds sur le frein,
00:16 de poser votre casque et votre
00:17 combinaison pour changer de voix.
00:19 Ça tombe bien parce qu'il y a un
00:20 documentaire qui va être diffusé
00:22 bientôt. C'est le 21, c'est ça ?
00:24 Exactement, sur Canal, qui va
00:25 s'appeler "De la piste aux étoiles",
00:26 où je me suis mis en tête
00:29 de relever le défi de
00:31 rouler dans la voiture d'Esteban
00:32 Ocon, dans la F1 d'Esteban Ocon,
00:33 actuelle.
00:35 Et c'était absolument extraordinaire
00:38 de me retrouver dans cette voiture.
00:40 Alors, ça fait l'objet de ce
00:42 documentaire. C'est sur mon
00:43 entraînement, tout ce qu'il y a eu
00:44 en amont avant de rouler dans cette
00:46 voiture à Monza.
00:47 Et la cerise sur le gâteau,
00:49 la morale de cette histoire, c'est
00:51 qu'il n'y a pas d'âge pour réaliser
00:52 le reste de sa vie.
00:53 Donc, voilà, ça sera proposé
00:55 bientôt.
00:56 Aujourd'hui, vous confirmez que ce
00:58 choix de quitter, justement,
01:00 effectivement, les pistes, même si
01:01 vous les réintégrer aujourd'hui à
01:02 travers ce documentaire, était le
01:03 bon avec la comédie "Un léger
01:04 doute" que vous avez écrite et dans
01:06 laquelle vous jouerez à partir du
01:07 10-29 septembre prochain au Théâtre
01:09 de la Renaissance à Paris.
01:10 Alors, que devient un acteur ou une
01:11 comédienne lorsqu'il n'y a plus de
01:13 public pour faire vivre leur
01:14 personnage ?
01:15 En revanche, lorsque le rideau se
01:17 lève ou se relève, comment savoir
01:18 si ce que l'on voit n'est qu'une
01:20 comédie ou si la vie reprend ses
01:21 droits ? Voici les thèmes que vous
01:23 abordez dans cette histoire qui peut
01:24 donner envie de s'arracher les
01:25 cheveux. Je crois que c'est votre
01:26 but. Stéphane De Groot, cette pièce
01:28 mêle la réalité et la fiction.
01:29 Raconte-t-elle les questions que vous
01:31 posez ?
01:32 N'est-elle pas une immersion dans
01:33 votre tête ?
01:34 Bienvenue dans ma tête.
01:35 Oui, alors j'essaie de traduire
01:37 effectivement ce qui m'animait par
01:38 rapport à ça, la perception des
01:39 choses.
01:40 Qui sommes-nous s'il n'y a personne
01:41 pour nous regarder, pour nous voir
01:43 évoluer, vivre ?
01:44 Vous êtes sur une île déserte, vous
01:46 ne savez pas si vous êtes grande,
01:47 petite, intelligente, généreuse,
01:48 drôle. C'est l'autre qui vous
01:49 conditionne, je trouve, c'est mon
01:51 avis. Et donc, j'ai
01:53 amené ce sujet sur le terrain
01:55 du théâtre.
01:57 Et effectivement, je rentre
01:59 en scène en tant que Stéphane De
02:01 Groot parce que pour moi, la pièce
02:02 est terminée.
02:03 Et quand Constance Delay, ma
02:04 partenaire de jeu et ma
02:06 femme dans la pièce en l'occurrence,
02:07 me voit débarquer en
02:11 ayant
02:12 mon casque à la main, prêt à
02:14 partir, elle ne comprend pas très
02:16 bien parce que pour elle, le public
02:17 est là et elle est prête à
02:18 rejouer la pièce, alors que pour
02:19 moi, il n'y a plus personne et je
02:20 vais rentrer à la maison.
02:21 Donc, qui a tort, qui a raison,
02:23 c'est effectivement le léger doute
02:24 de la perception des choses.
02:26 Et puis après, je glisse sur le
02:27 terrain du présent, sur le
02:29 temps qui passe.
02:30 En fait, tout ça est lié parce que
02:32 pratiquement, on perçoit les
02:34 choses ou pas.
02:35 Est-ce que cette table est là ?
02:36 Est-ce que vous êtes là ?
02:37 Est-ce que je suis là ?
02:38 Est-ce que ce moment précis existe
02:39 ou non ? Donc, j'essaie à travers
02:41 des éléments de comédie de me
02:43 poser toutes ces questions qui
02:45 m'animent beaucoup, moi, au
02:46 quotidien.
02:47 Alors, je me suis posé la question
02:48 de savoir si cette pièce était
02:49 une invitation que
02:50 vous nous lanciez pour mieux vous
02:52 connaître ou si c'était une
02:53 invitation que vous lanciez à vous
02:54 même pour mieux vous connaître.
02:55 Ça permet surtout de
02:57 rire de questions
03:00 fondamentales qui nous occupent
03:02 tous.
03:03 Alors après, est-ce que les gens
03:04 se connaissent mieux eux-mêmes en
03:05 sortant de cette pièce ?
03:06 J'en sais rien, mais moi, ce qui me
03:07 plaît de toute façon, c'est de
03:09 poser des questions.
03:10 C'est pas forcément avoir les
03:11 réponses, forcément, puisque
03:12 à prédit moment, je dis que le
03:13 présent n'existe pas.
03:14 C'est pas...
03:16 C'est très subjectif, c'est pour
03:18 moi. Donc, on essaie de recomposer
03:19 le présent.
03:20 Pour moi, le présent, ce n'est
03:22 qu'une succession d'instants.
03:23 Mais toutes ces questions qu'on se
03:25 pose, moi, ça me plaît de me dire
03:26 que les spectateurs qui sortent de
03:28 cette pièce se posent encore des
03:29 questions. J'aime bien le spectacle
03:30 ou l'art en général,
03:32 que ce soit des bouquins, une
03:34 oeuvre, où on se pose des
03:35 questions en sortant.
03:36 Ça nous met en mouvement, en
03:38 ébullition et j'aime bien ça.
03:39 Alors, si le présent n'existe pas,
03:40 qu'est-ce qui existe ?
03:41 L'instant d'après ou l'instant
03:43 d'avant.
03:44 Et c'est une bonne question.
03:46 C'est qu'à un moment donné, je
03:48 dis à mon merveilleux partenaire
03:50 Éric Elmosnino,
03:51 je lui dis que...
03:54 Qu'est-ce qui reste, effectivement ?
03:55 C'est de rapatrier
03:57 ces souvenirs.
03:59 Si on a un problème de mémoire, il
04:00 faut rapatrier ses souvenirs.
04:01 Et c'est des souvenirs qui sont dans
04:03 le passé et c'est de pouvoir les
04:04 rapatrier à foison.
04:05 C'est quand on le souhaite.
04:07 Et à ce moment-là, pour moi, il y a
04:08 une notion de présent qui peut
04:10 exister puisque tout est passé tout
04:11 le temps. Tout passe tout le temps.
04:12 Ceci est déjà passé.
04:13 Mais là, sur ma moto, en rentrant,
04:15 je vais pouvoir rapatrier le moment
04:17 que nous venons de vivre.
04:18 Donc, je vais recréer une forme de
04:19 présent dans ce qui s'est passé.
04:21 Mais c'est une comédie.
04:23 On est bien d'accord. D'ailleurs,
04:25 c'est la première comédie, la
04:26 première pièce de théâtre que vous
04:27 signez.
04:28 Le doute fait-il partie intégrante
04:30 de votre vie ?
04:31 J'espère qu'elle fait partie
04:32 intégrante de nos vies parce que
04:34 avoir des certitudes, c'est ne pas
04:38 se remettre en question.
04:39 C'est d'être figé.
04:40 C'est d'avoir des acquis.
04:42 Et donc, c'est bien d'avoir
04:44 un sentiment qui évolue, des
04:47 avis qui évoluent, des
04:49 toutes façons, en fonction des gens
04:51 que l'on côtoie, on n'est pas
04:52 forcément le même.
04:53 Donc, c'est bien de douter,
04:55 de réinventer.
04:56 Pour moi, c'est essentiel, en fait.
04:59 C'est la nature même de la
05:01 création, de l'inventivité,
05:03 mais de la vie tout court.
05:04 Une fois qu'on a des certitudes
05:06 sur tout, je pense qu'on est déjà
05:07 très, très vieux.
05:08 Donc, le doute permet de rester
05:09 vivant ?
05:10 Oui. Et le doute, ça nous met en
05:12 mouvement. S'il n'y a pas de
05:13 mouvement, la
05:14 vie, elle n'est que mouvement.
05:17 Et le doute nous permet d'être en
05:19 mouvement puisqu'on veut aller
05:20 voir ce qu'il y a derrière une
05:21 question, quelqu'un, un propos,
05:23 une chose.
05:24 Du jour, on s'arrête de tout ça.
05:27 S'il n'y a plus de doute, s'il n'y a
05:29 plus de mouvement, on ne va pas
05:29 aller... On n'est plus curieux, on
05:31 n'est plus animé.
05:32 Et je le dis aussi dans la pièce,
05:34 c'est comme le cycliste.
05:35 S'il arrête de pédaler, il
05:37 tombe et il meurt.
05:39 Donc, c'est le
05:41 présent, c'est le temps qui est à
05:42 l'arrêt.
05:43 Ce qui est étonnant, c'est qu'habituellement
05:44 le doute bloque
05:47 l'écriture
05:48 pour beaucoup d'artistes.
05:50 Et vous, on a l'impression que c'est
05:51 la nourriture qui vous permet
05:52 d'écrire.
05:53 Oui, mais par rapport à ça,
05:55 j'adore Sylvain Tesson, qui
05:58 dit "il ne faut pas être inspiré
05:59 pour écrire, mais il faut écrire
06:00 pour que l'inspiration vienne à un
06:02 moment donné".
06:03 Donc, il faut faire les choses et
06:04 puis à un moment donné, les choses
06:05 viennent à vous.
06:05 Je voudrais savoir, justement,
06:07 si vous avez su très, très vite
06:08 que vous étiez différent des
06:09 autres parce que vous êtes
06:10 différent des autres.
06:11 Est-ce que vous avez toujours été
06:12 différent, même enfant ?
06:13 Alors, je voudrais un énorme
06:16 porte ouverte, mais je pense qu'on
06:17 est effectivement tous différents.
06:18 Mais c'est d'assumer cette
06:19 différence, c'est de ne pas se
06:20 dire "j'ai envie d'être comme les
06:22 autres". Alors, c'est une tendance
06:24 que nous avons, ça nous rassure.
06:25 Mais moi, ce qui me rassurait,
06:27 c'est... Pas au début.
06:29 Au début, comme tout le monde,
06:30 comme tous les enfants, on a envie
06:31 de ressembler aux autres.
06:32 Et après, je me suis dit "mais au
06:35 fond, non, je veux cultiver ma
06:36 différence parce que
06:37 ça ne servira à rien de ressembler
06:40 aux autres, parce que je ne suis
06:41 pas à l'aise dans la manière de
06:42 penser de mon voisin ou de mon
06:44 copain ou de...
06:45 C'est pas ma manière à moi".
06:47 Et donc, à un moment donné, il faut
06:48 s'affranchir de l'autre, du regard
06:50 de l'autre et d'être soi-même.
06:51 Mais on peut se prendre le mur en
06:53 étant comme ça. On peut se
06:54 tromper, on peut douter.
06:56 On doute beaucoup.
06:57 Mais à l'arrivée, on comprend que
06:58 c'est ça notre force.
07:00 C'est d'être différent.
07:02 Et on le voit dans les
07:04 peintres, dans les auteurs, dans
07:06 n'importe quel
07:08 univers artistique.
07:10 C'est ça qui est intéressant, c'est
07:11 de voir la différence chez les uns
07:12 et chez les autres, de cultiver
07:13 cette différence. Et c'est ça qui
07:14 nous élève, c'est ça qui nous
07:16 interpelle, c'est de dire "ah oui,
07:18 j'avais pas vu ça comme ça".
07:19 Mais en fait, c'est fondamental,
07:21 c'est très important d'être
07:22 différent.
07:23 Cette pièce de théâtre
07:25 qui est la vôtre, parce que là,
07:27 pour le coup, c'est vraiment vous.
07:28 Vous êtes sur scène, vous l'incarnez,
07:30 mais surtout, vous l'écrivez, vous
07:32 habitez cette pièce.
07:33 Est-ce que c'est pas une énorme
07:34 victoire sur la vie, Stéphane
07:36 de Grote, justement, par rapport à
07:37 cette différence ? Parce qu'enfin,
07:38 vous étiez dyslexique, vous avez
07:40 vraiment une scolarité compliquée.
07:41 C'est quand même une belle victoire
07:42 sur la vie, ça, d'être aujourd'hui
07:43 l'auteur d'une pièce de théâtre,
07:45 d'être sur scène et d'être acteur.
07:47 Mais je vous assure que je
07:49 m'émerveille de ça tous les jours.
07:50 Quand j'ai fait mon premier livre,
07:52 ma mère qui attendait un diplôme
07:54 de l'enfant que j'étais, l'étudiant
07:56 que j'étais, enfin, l'étudiant que je
07:57 n'étais pas d'ailleurs.
07:58 Quand j'ai amené mon bouquin, c'était
08:00 pour moi mon diplôme.
08:01 Quand j'ai eu le prix Raymond
08:03 de Vos par rapport à ce que j'ai
08:05 pu écrire, j'hallucinais
08:06 complètement parce que j'avais
08:08 l'impression d'être un véritable
08:09 imposteur. Donc, j'ai toujours été
08:11 cueilli par ça.
08:12 J'ai toujours été surpris par ça.
08:13 Effectivement, quand à un moment
08:14 donné, j'ai écrit le mot fin de ma
08:15 pièce, j'étais très surpris
08:17 d'être parvenu à écrire une
08:19 pièce de théâtre.
08:20 Et puis, quand la pièce a
08:22 été embarquée par le théâtre de
08:24 l'Renaissance, je me suis
08:26 pincé à nouveau en me disant mais
08:27 ma pièce va être jouée dans un grand
08:29 théâtre parisien.
08:29 Quand j'ai vu les affiches dans
08:31 Paris, je m'arrêtais presque
08:32 au pied de chaque colonne Maurice en
08:35 me disant c'est ma pièce qui
08:36 est là. Je vous en parle et je suis
08:38 hyper ému en fait.
08:39 Et puis, quand j'ai mes comédiens
08:41 qui m'ont donné leur accord pour
08:42 jouer, que ce soit Constance Delay,
08:44 Bérangère Macnise, Éric
08:46 Elmos-Ninou, que j'admire
08:48 par-dessus tout comme comédien de
08:49 théâtre, qui est vraiment, je pense,
08:50 l'un de nos meilleurs comédiens de
08:51 théâtre, qui accepte de prendre ma
08:53 pièce et de la sublimer.
08:54 Les premières répétitions, mais
08:56 encore, même maintenant, je suis
08:57 presque un spectateur de ce qui se
08:59 passe.
09:00 Et donc, on parlait du doute.
09:03 Et donc, je doute en permanence de
09:05 savoir si cette pièce est à la
09:06 hauteur de mes comédiens, de si
09:08 le public va adhérer.
09:09 Mais c'est une réjouissance
09:11 terrible parce que je suis...
09:13 Je suis...
09:15 Ouais, je suis...
09:17 Du coup, je suis émerveillé parce
09:19 que je doute. Si je ne doutais pas,
09:20 je ne serais pas émerveillé.
09:21 L'émerveillement est quand même un
09:22 sentiment assez précieux à tout
09:24 âge, même à mon grand âge.
09:26 Je disais tout à l'heure que vous
09:27 aviez toujours
09:28 les yeux rivés vers le ciel, que
09:31 vous visiez limite la Lune pour
09:32 minimum tomber dans les étoiles.
09:33 C'est un peu ça aussi, votre façon
09:35 d'être ou pas ?
09:36 Déjà, de regarder en l'air, c'est
09:38 mieux que de regarder par terre.
09:39 Parce que de toute façon, on va
09:40 finir par terre ou fondre
09:42 là-dedans. Donc autant en profiter
09:44 des fenêtres ouvertes sur le monde
09:46 pour y aller.
09:47 Et c'est vrai que la notion de
09:49 décoller, il y a une parabole
09:51 là-dedans.
09:52 Et...
09:54 Ouais, la Lune, c'est...
09:56 De nouveau, c'est Brel, c'est
09:58 l'inaccessible étoile, c'est la
09:59 quête, c'est d'aller quelque part.
10:01 Peu importe l'endroit
10:03 où on va, c'est d'aller quelque
10:04 part. Cette chanson de Brel,
10:06 cette parole de Brel, les paroles
10:08 de Brel. Pour moi, Brel est un
10:09 formidable philosophe qui
10:10 a changé ma vision des choses.
10:14 Et de...
10:15 Vraiment, de tendre vers
10:18 l'échec. Moi, ça me plaît de me
10:19 dire que je peux me tromper, que je
10:21 vais me tromper, que j'ai envie de
10:22 me tromper.
10:23 Et quand on s'autorise, d'ailleurs,
10:24 cette idée-là, quand on s'autorise
10:26 à se tromper, les choses, après,
10:29 deviennent beaucoup plus faciles.
10:30 Donc vous avez les pieds sur
10:31 terre, c'est sûr.
10:32 Et pourtant, c'est votre
10:33 imagination qui semble vous avoir
10:34 sauvé.
10:35 Oui.
10:36 Et l'écriture aussi.
10:37 Je crois que ça sauve tout le monde,
10:39 l'imagination, parce qu'on se libère
10:40 de quelque chose. On s'autorise.
10:41 On s'autorise à penser
10:43 des choses auxquelles votre
10:46 éducation, votre environnement
10:48 social, enfin tout ce qu'on peut
10:50 imaginer comme barrière, vous
10:51 empêche de penser.
10:52 En fait, c'est reprendre
10:53 précision de soi, l'imaginaire.
10:55 C'est de se dire que tout est
10:57 possible et tout est vraiment
10:58 possible.
10:59 Donc, oui, l'imaginaire,
11:01 c'est précieux.
11:02 C'est marrant parce que dans cette
11:04 pièce, vous abordez quand même des
11:05 moments de solitude.
11:06 C'est-à-dire que quand vous êtes sur
11:08 scène et qu'on est en panique parce
11:09 qu'il y a plus de public et donc plus
11:10 cette nourriture, cette adrénaline,
11:11 cette espèce de moteur, finalement.
11:14 Vous êtes angoissé. Elle vient d'où
11:16 cette angoisse, alors ?
11:17 Finalement.
11:18 Mais je la démontre auprès des
11:20 autres. Moi, je n'ai pas tellement
11:21 cette angoisse-là, mais elle est
11:23 commune à nous tous, comédiens,
11:26 comédiennes.
11:27 Donc, j'ai voulu l'illustrer, mais
11:28 moi, je n'ai pas ce
11:29 problème-là sur scène parce
11:32 que je m'adresse plus
11:34 à des comédiens et des comédiennes
11:35 qui n'ont que ça dans la vie.
11:36 Et moi, j'ai la chance d'être
11:38 animé par d'autres choses.
11:39 Et quand je vois mes camarades de
11:41 scène ou de cinéma
11:42 qui ont d'autres activités,
11:45 ils abordent ce métier autrement,
11:46 avec moins de gravité.
11:48 De considérer que ce n'est pas la
11:50 chose essentielle, ce
11:51 métier.
11:53 Alors, il faut le considérer comme
11:54 la chose la plus importante du
11:55 monde à ce moment-là, d'être
11:56 concerné.
11:57 Mais je trouve qu'il faut prendre un
11:59 peu de recul par rapport à ce
11:59 métier.
12:00 Et quand je vois des
12:01 amis de ce métier comme François
12:04 Xavier de Maison, par exemple,
12:05 qui fait du vin, qui produit, qui
12:07 fait d'autres choses. Si demain, ce
12:08 métier s'arrête pour lui, il a
12:09 d'autres choses.
12:10 Je trouve ça sain et raisonnable
12:12 de penser qu'on pourrait
12:13 éventuellement avoir d'autres
12:14 choses.
12:15 Jouer de la guitare avec une seule
12:17 corde, c'est pas...
12:18 C'est bien quand il y a plusieurs
12:19 cordes.
12:20 C'est comme ça de nouveau que je
12:21 vois les choses.
12:22 Brad Pitt, tu fais la même chose.
12:23 Vous vous semblez ne jamais être
12:25 rassasié.
12:26 Non, j'ai toujours faim.
12:28 Mais d'ailleurs, tous les jours,
12:30 on a un nouveau repas qui nous
12:32 attend parce qu'on a de nouveaux
12:32 faim. Et moi, j'ai faim en
12:34 permanence de faire de nouvelles
12:35 choses parce que d'abord, je suis
12:36 hyper curieux.
12:37 Je suis très gourmand de tout, de
12:39 la vie, de ce qu'on peut faire, de
12:41 ce qu'on peut manger.
12:42 Donc, effectivement, je
12:44 suis pour le moment, en tout cas,
12:46 je ne suis rassasié de pas grand
12:48 chose. Alors, il y a des revers
12:49 à ça, c'est-à-dire qu'en
12:50 permanence, je vais essayer de
12:51 trouver...
12:53 Par exemple, c'est l'enfer.
12:54 Quand je vais au restaurant, quand
12:56 je vais à l'hôtel, j'ai toujours
12:58 l'impression qu'il y aura une
12:59 chambre qui sera plus
13:01 intéressante ou un restaurant qui
13:02 sera plus chouette que celui où je
13:04 suis.
13:05 Parfois, je dois me faire violence,
13:06 me faire violence en me disant "là,
13:07 c'est bien, là, il faut que tu
13:09 kiffes cet endroit-là, ce moment-là,
13:10 c'est bien". Je me suis déjà pris
13:12 la tête avec beaucoup de mes amis
13:13 parce que je me suis dit "en fait,
13:15 on va aller là ou on va aller à tel
13:17 restaurant ? Non, en fait, on va..."
13:18 Mais bon, je suis animé comme ça,
13:21 je suis fait de ça.
13:22 Alors, je vis avec ça.
13:24 - En tout cas, vous avez beaucoup
13:25 de doutes, mais j'ai l'impression
13:26 que vous êtes convaincu par une
13:27 seule chose, c'est que le théâtre,
13:28 c'est votre vie et que ça devait
13:30 être votre vie.
13:32 - J'ai commencé par ça et c'est
13:34 vrai que quand je compare mon
13:36 métier d'avant, pilote de course
13:37 et ce métier d'aujourd'hui, je
13:39 compare au théâtre et pas au
13:40 cinéma parce que
13:41 les tribunes, pour moi, c'est comme
13:44 le public dans la salle.
13:46 Je viens avec ma
13:49 combinaison de course.
13:50 Sur scène, je suis avec un costume,
13:52 un personnage.
13:53 Je vais vivre des émotions folles.
13:55 Quand le rideau va se lever, j'ai
13:57 une montée d'adrénaline terrible.
13:58 Sur un départ de course, c'est
14:00 pareil. Donc, je fais le parallèle
14:02 avec la course, avec cet univers
14:04 vivant des choses.
14:05 On ne triche pas en course et au
14:07 théâtre, on ne triche pas non plus.
14:08 Ça se passe en direct et c'est ça
14:11 qui est absolument merveilleux.
14:12 C'est qu'on a un contact direct avec
14:14 le public, ce qu'on n'a pas au
14:15 cinéma. On l'a plus tard, mais
14:17 c'est pas pareil. Donc, je pense
14:19 qu'il y a une noblesse dans le
14:20 théâtre qui est,
14:21 qui est, oui, qui m'anime
14:23 complètement, qui me passionne.
14:24 - Et qui fait partie de vous.
14:26 Pour terminer, elle représente
14:28 quoi, cette pièce ? Alors, cette
14:29 première pièce de théâtre que vous
14:30 signez, enfin ?
14:31 - Moi, ce qui m'importe le plus dans
14:33 cette pièce, c'est que les
14:35 comédiens qui ont accepté de la
14:36 jouer soient en phase avec le
14:38 texte. Il se trouve que comme je
14:40 suis là et que je joue avec eux,
14:41 dès que j'entends la musique, que
14:43 mon texte n'est pas adapté et que
14:44 mes comédiens veulent adapter
14:46 certaines choses, je n'ai aucun
14:47 problème à le changer.
14:48 Et donc, j'ai le souci de
14:51 l'autre avec cette pièce.
14:52 On a des métiers qui sont très
14:53 égocentrés et le fait d'écrire
14:56 pour les autres, en fait, c'est
14:57 très gratifiant et ça fait un bien
14:59 fou d'avoir
15:00 dessiné des costumes et des
15:01 personnages pour d'autres, que
15:03 soit.
15:04 - Merci beaucoup Stéphane Degroux
15:05 d'être passé dans le monde des
15:06 Lodis sur France Info.
15:07 - Merci à vous.
15:08 - Ça s'appelle "Un léger doute".
15:09 Vous serez donc sur scène dans
15:10 cette comédie au Théâtre de la
15:11 Renaissance à Paris à partir du
15:13 29 septembre prochain.
15:14 Merci beaucoup.
15:15 - Merci à vous.
15:16 Merci à vous.