Les 4 vérités - Olivier Faure

  • l’année dernière
Jeff Wittenberg reçoit Olivier Faure, premier secrétaire du PS sur le plateau des 4 vérités. 

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00:00 Et sans musique, on y va direct. Bonjour Olivier Faure, merci d'être avec nous ce matin.
00:07 On va parler effectivement de pouvoir d'achat, mais d'abord, cette lettre que vous avez reçue en tant que chef de parti,
00:13 comme tous vos collègues chefs de parti, c'est le président Macron qui vous l'a adressée en tirant le bilan finalement de votre rencontre
00:19 dite rencontre de Saint-Denis le 30 septembre. Il propose notamment de nouveaux référendums sur de nouveaux sujets.
00:25 Qu'est-ce que vous en pensez ? C'est l'opération d'un camouflage d'une impuissance, un président qui n'a plus de majorité à l'Assemblée
00:34 et en même temps d'une absence réelle de volonté de dialogue. La réalité, c'est que les sujets qui viennent d'être évoqués là auraient dû être l'essentiel de la discussion.
00:43 Nous sommes venus avec les insoumis, avec les écologistes, avec les communistes, les partis de la NUPES, les socialistes bien sûr que je représente.
00:51 Nous sommes venus avec des propositions. Qu'est-ce qui vous a poussé d'en parler justement ?
00:56 On en a parlé. Le problème, c'est que les seuls sujets que le chef de l'État retient sont des sujets qui sont des sujets plutôt secondaires.
01:03 Et les sujets qui auraient dû être posés, c'est l'inflation. Quand vous pensez qu'aujourd'hui, l'essentiel de l'inflation, 50% jusqu'ici, 70% au premier semestre 2023,
01:14 sont liés non pas aux salaires, mais sont liés aux surprofits qui sont réalisés par les entreprises. Et on a là un sujet qui devrait être un sujet majeur,
01:23 qui n'est même pas traité. Sur l'écologie, on vient de vivre un été qui là encore devrait nous alerter. Rien.
01:29 C'est absolument sidérant de voir à quel point nous avons un chef de l'État qui cherche à faire diversion en permanence, mais les grands sujets ne sont pas posés.
01:37 Grand sujet. Sur le cas précis de l'inflation et par exemple du prix de l'énergie qui constitue une grande partie des problèmes de pouvoir d'achat des Français,
01:46 qu'est-ce que vous feriez à la place du gouvernement ? Est-ce que vous critiquiez par exemple ce qu'on vient d'entendre, à savoir l'appel de Bruno Le Maire
01:52 au principal groupe pétrolier total de rester, plafonner ses prix au-dessous de 2 euros ? Est-ce que c'est une mauvaise initiative et que feriez-vous de différent de ce forme ?
02:02 C'est l'énième épisode de Bruno Demande. En fait, on a tous les mois, tous les deux mois, on a le ministre de l'Économie et des Finances qui vient faire la manche
02:12 et qui explique qu'il voudrait que... Et puis ça suit, ça ne suit pas, etc. On voit bien que sur les produits alimentaires...
02:17 Alors, ça suit, là. C'est en 1999.
02:18 Sur les produits alimentaires, vous voyez bien que ça fait des mois qu'il nous explique qu'il va demander à la grande distribution de faire des efforts, etc.
02:26 Et que la réalité, c'est que le prix au caddie, en fait, il augmente de 14 %, la rentrée des classes, plus 11 %. Comment voulez-vous que les gens ne soient pas efformer ?
02:36 Que feriez-vous de différencier ce forme, par exemple ?
02:38 Je prends un exemple. L'an passé, j'avais demandé à ce qu'on taxe les super-profits, qu'on fasse en sorte qu'il y ait une meilleure répartition,
02:44 parce que, évidemment, la promesse républicaine, elle a un coût. Si vous voulez payer l'école, l'hôpital, si vous voulez faire en sorte que la transition écologique se réalise,
02:52 forcément, il faut que l'argent vienne de quelque part. Et donc, soit il vient de la poche des Français, c'est ce que le gouvernement veut faire,
02:58 puisqu'il a prévu maintenant de multiplier par deux les franchises médicales, ou il vient de la poche de ceux qui font des super-profits
03:05 et qui, aujourd'hui, malheureusement, sont dans une situation où, parfois, ils constatent à donner 10 millions d'euros pour Bernard Aramo sur les casse-sous-du-cœur.
03:14 Mais enfin, c'est infinitésimale par rapport à ce qu'ils devraient.
03:16 Est-ce que c'est cela qui va faire baisser les prix, très concrètement, puisque l'objet, c'est celui-là ?
03:21 Vous savez, aujourd'hui, on pourrait aussi bloquer les prix de première nécessité, faire en sorte d'aller vers un marché qui soit abordable pour tous les Français.
03:29 Quand je vois, dans ma propre circonscription, des gens qui sont là, en train de pousser le caddie, qui arrivent à la caisse,
03:34 qui, finalement, renoncent à une partie de leurs achats parce qu'ils voient que l'addition est trop élevée, qui passent du supermarché au Discounter,
03:40 qui se privent...
03:41 Donc, bloquer les prix, comme vous entendez, c'est ce que vous préconisez ?
03:42 Oui, bien sûr. Et quand vous voyez, pas tous les prix sur les produits de première nécessité, quand vous voyez, aujourd'hui, que vous avez 8 Français sur 10
03:49 qui estiment se priver, que vous avez 1 Français sur 5 qui vit à découvert, mais comment voulez-vous qu'on puisse maintenir la cohésion de ce pays,
03:56 sans prendre des mesures qui soient des mesures drastiques, énergiques, et qui montrent que l'État n'est pas impuissant ?
04:02 Sur l'immigration, c'est un sujet que vous avez évoqué, que plusieurs parties ont évoqué avec Emmanuel Macron.
04:08 Est-ce que vous pensez qu'il y a, aujourd'hui, vous allez sans doute me dire non, mais je veux entendre votre réponse,
04:13 des ponts possibles entre la gauche et une partie de la majorité ?
04:16 Je vous demande ça parce qu'il y a une initiative prise par des députés de Renaissance, du Modem, de la NUPES,
04:21 pour réclamer une régularisation des sans-papiers dans les métiers d'attention. Il y a peut-être un consensus à trouver sur cette question ?
04:29 J'espère qu'il y a un consensus possible à trouver. En tout cas, je vois que tous ces gens qui pensaient qu'il existait une jambe gauche au macronisme
04:38 se perçoivent que ne l'existe pas. Et donc, il y a une partie de la majorité qui se détache progressivement.
04:44 C'est peut-être la jambe gauche, justement, dont vous parlez, emmenée par le député Sacha Oulier, notamment.
04:49 On verra si elle existe vraiment. On verra parce que je vois que sur les salaires, ils n'ont pas bougé.
04:53 Je vois que sur l'ISF, ils n'ont pas bougé. Alors même qu'on aurait besoin qu'aujourd'hui, il y ait des gens qui disent aux chefs de l'État
05:00 et dans sa propre majorité, mais est-ce que c'est normal qu'on ne puisse pas vivre de son salaire ? Je prends cet exemple-là.
05:05 Est-ce que c'est normal qu'on ait aujourd'hui des gens qui se droitisent progressivement, rentrent sur une ligne qui n'était pas celle
05:14 que l'on pensait être celle du chef de l'État puisqu'il s'est fait lire en 2017 sur des bases complètement différentes ?
05:19 Donc voilà, ça mériterait effectivement que ces gens-là prennent leur courage à deux mains et fassent un pas vers la gauche.
05:26 Vous voulez dire l'aile gauche, il vaut mieux partir en excess.
05:28 Je ne sais pas s'il existe une aile gauche. On verra. On découvrira à cette occasion.
05:31 On verra si jusqu'ici, j'ai toujours vu des gens qui disaient "Oh là là, ça va trop loin sur les retraites, ça va trop loin,
05:37 on en fait passer sur les salaires, on en fait passer sur l'ISF et tout ça." Et puis finalement, ils se sont tus. Donc on verra.
05:42 On en parlait dans le journal. Neuf militants écologistes et membres de syndicats vont comparaître au tribunal de New York.
05:47 C'est la suite de ce qui s'était passé à Saint-Sauline, au Mégabassine, le 25 mars dernier.
05:52 À l'époque, vous aviez dit que le dispositif de police était disproportionné. Il y aura un comité de soutien aujourd'hui pour ces personnes
06:00 qui sont jugées. Vous en faites partie ou en tout cas, est-ce que vous soutenez ces militants qui sont convoqués devant le tribunal ?
06:07 Moi, je refuse qu'on criminalise les manifestants. Vous aviez à Saint-Sauline autant de policiers que de manifestants.
06:13 Et l'évidence, c'est que les ordres donnés étaient ceux d'une confrontation. Si vous ne vouliez pas à Saint-Sauline,
06:20 vous voyez les images, en fait, on est dans des champs, il y a un trou au milieu, il n'y a rien à faire.
06:25 Et il n'y avait absolument aucun danger à laisser manifester des gens plutôt que de chercher la confrontation.
06:30 Même s'ils voulaient s'en prendre aux installations déjà ?
06:32 Mais il n'y avait pas d'installation. Saint-Sauline, c'est un trou au milieu d'un champ.
06:36 Et donc, le fait de positionner des policiers alors qu'on sait qu'il y a des personnes violentes qui infilent
06:42 sur cette manifestation, c'est aussi la volonté d'avoir ces images, d'en découdre. Et moi, je souhaite au contraire
06:47 qu'on puisse aller vers la pacification et écouter ceux qui sont venus sincèrement lancer l'alerte et dire que sur la question
06:54 de l'eau, qui n'est pas une question neutre...
06:56 Sans violence.
06:57 Sans violence, bien sûr.
06:58 Eric Dupond-Moretti, qu'on entendait dans le journal de 7h30, a expliqué que, je le cite, des hordes de militants
07:03 venus parfois d'Europe étaient venus en découdre, fracasser ceux avec quoi ils ne sont pas d'accord au nom de la désobéissance civile.
07:11 Vous partagez ce que vous dites ?
07:12 J'y viens, mais simplement, si on sait qu'il y a des hordes venues de toute l'Europe qui viennent infiltrer des manifestants pacifiques,
07:19 qui sont simplement venus lancer l'alerte pour dire que l'eau, c'est un bien qui devient un bien rare, un bien essentiel,
07:24 et un bien qui est un bien commun.
07:26 Regardez ce qu'il se passe à Mayotte en ce moment. Vous voyez bien que quand il n'y a plus d'eau, parce qu'il y a la sécheresse,
07:30 parce que la nappe phréatique ne se reconstitue pas, c'est un problème. On ne peut pas accepter l'idée qu'il y ait des gens
07:34 qui privatisent la nappe phréatique à leur seul profit.
07:38 Je reviens à la désobéissance.
07:39 La désobéissance civile.
07:40 Qui est le principal désobéissant dans cette affaire ?
07:43 C'est Nicolas, c'est l'absurde révélateur, c'est Eric Dupond-Moretti.
07:47 A quelles règles obéit-il quand il fermera d'honneur à l'Assemblée nationale ?
07:53 Vous comparez les deux choses.
07:55 Je compare. Je dis simplement que c'est un grand désobéissant.
07:58 Et à quelles règles obéit-il quand il refuse de défendre la justice face à l'haute hiérarchie policière ?
08:05 Qu'est-ce qu'il maintient au gouvernement alors qu'il est lui-même garde des Sceaux,
08:09 ministre de tutelle des magistrats, et qu'il se refuse de démissionner alors qu'il est mis en examen pour prise illégale d'intérêt ?
08:14 La désobéissance civile, elle a permis par exemple le droit à l'avortement.
08:18 C'était les 643 salopes.
08:19 C'est les suffragettes qui ont permis le droit de vote des femmes.
08:22 Ce sont des sujets sur lesquels il faut effectivement parfois des gens qui lancent l'alerte.
08:28 Et moi je m'émeut que l'on s'émeuve, qu'on s'indigne parce qu'ils viennent arracher 3 m2 de pelouse sur un golf,
08:35 alors que la question c'est que les golfs c'est la consommation de 12 000 personnes dans une collectivité.
08:40 Une dernière question Olivier Faure, vous êtes premier secrétaire du Parti Socialiste,
08:43 mais vous êtes aussi contesté par certains au sein de votre propre parti.
08:47 Vous avez eu un échange d'amabilité entre guillemets avec Nicolas Maillard-Rossignol qui est censé être votre numéro 2.
08:53 Vous lui avez reproché. Alors on va rentrer un peu dans la logique partisane.
08:56 Pas mon numéro 2 mais…
08:57 Enfin en tout cas il est secrétaire délégué.
08:59 Voilà.
09:00 En tout cas…
09:01 La numéro 2 s'appelle Johanna Roland.
09:02 Vous n'êtes pas d'accord avec lui sur la future liste possible des socialistes aux européennes.
09:08 Lui dit que vous espérez valider une ligne sociale démocrate.
09:13 Vous dites non, ce n'est pas le cas, peut-être vous pourrez encore vous allier avec la France insoumise.
09:17 Mais sociale démocrate je le suis. Ce n'est pas le sujet.
09:21 Et ce que je dis simplement c'est que moi je ne suis pas prêt à tourner le dos à l'union.
09:26 A l'union des forces de gauche et écologistes qui est la seule façon de l'emporter en 2027.
09:31 Et aux européennes ?
09:32 Mais aux européennes, regardez ce qui se passe en Espagne.
09:35 Soumar, la gauche radicale, le PSOE, les socialistes espagnols vont partir séparés aux élections européennes.
09:42 Ça ne les empêchera pas de gouverner ensemble.
09:44 Les allemands, le SPD, les socialistes allemands, les grunonnes, les verts allemands vont partir séparés aux élections européennes.
09:50 Ils gouvernent ensemble l'Allemagne.
09:52 Donc moi ce que je dis c'est que ça n'est pas un obstacle au rassemblement.
09:56 Et les socialistes auront à voter le 5 octobre prochain.
09:59 Ils diront ce qu'ils veulent.
10:00 Mais dans l'attente, moi je ne veux pas qu'on laisse s'interpréter l'idée même de l'isle séparée comme la volonté de se désunir.
10:07 On va continuer à se battre ensemble.
10:09 On l'était pour le rendez-vous présidentiel la semaine dernière.
10:12 Nous allons continuer pendant le débat parlementaire.
10:14 Vous vous rendez compte que le chef de l'État a annoncé déjà des 49.3 à répétition.
10:18 Il est en train de nous dire que si ça n'avance pas, il n'y a aucun autre choix.
10:23 Sur la loi de finances et sur la loi d'immigration, moi ce que je dis c'est qu'on se battra jusqu'au bout pour permettre d'entendre la voix des Français.
10:29 Vous l'avez dit ce matin.
10:30 Merci Olivier Faure, Premier secrétaire du PS.
10:32 Merci à tous les deux.
10:33 Merci à Sophie Berger-Finaud qui a traduit cette interview en langue des signes.
10:36 Olivier Faure qui dénonce une opération camouflage d'impuissance à propos de la lettre envoyée par Emmanuel Macron au chef de parti politique qu'il a reçue il y a quelques jours.