Chroniqueur : Jeff Wittenberg
Ce matin, Jeff Wittenberg reçoit Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, dans les 4 vérités.
Ce matin, Jeff Wittenberg reçoit Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, dans les 4 vérités.
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00:00 En effet, bonjour Jean-Philippe Tanguay.
00:03 Bonjour.
00:04 Vous êtes élu de la Somme, comme le disait Maya, vous êtes aussi natif de Boulogne-sur-Mer
00:08 dans le Pas-de-Calais, donc vous êtes de cette région Hauts-de-France qui a les faveurs
00:11 de l'action gouvernementale.
00:12 On a vu hier Emmanuel Macron sur le terrain à Dunkerque annoncer, lancer notamment, la
00:18 future fabrication d'une usine de batteries pour voitures électriques.
00:22 Est-ce que vous saluez cet effort fait pour notamment cette région qui a perdu, qui a
00:27 détruit énormément d'emplois et pour laquelle l'action publique se déploie ?
00:33 Oui, nous sommes les Hauts-de-France, le Pas-de-Calais et la Picardie sont des grandes régions
00:38 industrielles, les compétences sont toujours là, les talents sont toujours là, donc c'est
00:41 normal que ce soit cette région qui profite en premier lieu de la réindustrialisation.
00:46 Vous savez que Marine Le Pen depuis dix ans était la grande promotrice d'une politique
00:50 qui relance nos filières nationales.
00:51 Donc moi je prends tout ce qui est bon, je ne suis jamais pour la politique du pire,
00:55 mais c'est très insuffisant.
00:57 Qu'est-ce que vous feriez de plus si vous étiez aux affaires ?
00:59 Il faut aujourd'hui se concentrer sur des paquebots, des projets très visibles, mais
01:04 derrière il n'y a pas de filière d'ensemble pour porter l'industrie.
01:07 L'industrie ce n'est pas seulement un produit final, c'est toute une filière.
01:10 Aujourd'hui les filières sont encore très affaiblies.
01:12 Moi je vois dans la Somme par exemple, j'étais à la rencontre d'un agriculteur qui n'arrive
01:17 pas à transformer la laine car il n'y a plus de transformation de la laine en France.
01:20 Donc il faut tout reconstruire, pas seulement certaines filières.
01:23 J'ajoute que M. Macron fait beaucoup de politique, mais cette année aussi malheureusement
01:27 nous avons perdu 130 entreprises stratégiques.
01:30 Le gouvernement, M. Le Maire, a laissé acheter par les Américains notamment 130 industries
01:35 stratégiques.
01:36 Les crédits d'impôt pour l'industrie verte, pour favoriser ce type d'implantation,
01:40 c'est quelque chose que vous feriez aussi si vous étiez à la place du gouvernement
01:42 aujourd'hui ?
01:43 Il faut regarder leur efficacité, parce que vous savez depuis maintenant 10 ans que
01:46 M. Macron est président, il y a environ entre 50 et 60 milliards d'euros de baisse de
01:52 fiscalité et de charges sociales pour les entreprises.
01:54 Il fallait sans doute le faire, mais il faut quand même regarder la rentabilité entre
01:59 l'argent public que vous mettez, c'est l'argent des Français, c'est l'argent
02:02 de leurs impôts, et le nombre d'emplois créés.
02:04 Aujourd'hui, le nombre d'emplois créés pour l'industrie, même si tout emploi
02:07 créé est bon à prendre, est insuffisant par rapport à l'argent public qui est mis.
02:11 Donc dépenser de l'argent, oui, réindustrialiser, oui, mais il faut que ce soit de l'argent
02:14 public efficace.
02:15 Sur le climat économique, vous dénoncez avec d'autres la hausse du prix des carburants.
02:19 Ici même, à votre place, Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique,
02:23 disait hier que la tendance est plutôt à la baisse ces derniers jours, notamment grâce,
02:28 dit-elle, à l'appel qu'elle a lancé aux distributeurs et aux groupes pétroliers
02:32 pour qu'ils réduisent leurs marges.
02:33 Vous êtes d'accord avec ce constat ?
02:35 Non, ça fait des mois qu'ils disent qu'ils font des appels.
02:37 Les appels, ça ne marche pas.
02:39 Aujourd'hui, par rapport à nos partenaires européens, le carburant des Français est
02:43 16% environ, 16% plus cher que nos voisins.
02:46 Mais à qui il a faute ? Ça s'explique parce que c'est les marges.
02:48 Ce gouvernement est faible avec les plus puissants et les multinationales pétrolières.
02:53 J'ai fait une mission flash à la Commission des finances il y a six mois.
02:56 Le gouvernement n'a tenu compte aucunement d'aucune recommandation.
02:59 Ils sont extrêmement laxistes.
03:01 Ils pensent qu'il suffit de demander, de faire des supplics aux industries pétrolières.
03:06 Ils sont quasiment au nôtre en France.
03:07 Qu'est-ce qu'il faut faire ?
03:08 D'ailleurs, il faut les taxer.
03:09 Marine Le Pen a été la première en septembre 2021 à demander une taxe sur les surprofits
03:12 pétroliers pour le rendre aux Français, notamment pour baisser la TVA, pour financer
03:16 la baisse de la TVA de 20 à 5,5 sur le pétrole.
03:19 Je rappelle que le prix du pétrole, c'est 60% de taxes en France.
03:22 Il y a aussi les distributeurs.
03:23 Vous parlez des groupes pétroliers.
03:24 Il y a notamment le groupe Leclerc, Michel Leclerc qui s'est insurgé contre les…
03:29 Il a raison.
03:30 Mais non, en disant que finalement, on lui demandait lui aussi de réduire ses marges.
03:34 Mais c'est aussi des façons qu'il y aurait pour faire baisser le prix du carburant à
03:39 la pompe.
03:40 Oui, sincèrement, en France, les distributeurs, en particulier la grande distribution, ils
03:43 font des marges abusives sur d'autres produits.
03:45 Mais souvent, le carburant, c'est leur produit d'appel pour faire venir les gens.
03:48 Les études qu'on avait faites montrent que ce n'était pas eux.
03:50 Vous ne leur demandez rien.
03:51 Mais si, on leur demande.
03:52 Mais visiblement, ce n'est pas eux le problème.
03:53 Quand il y a un problème, c'est ça que j'essaie d'être factuel.
03:54 Aujourd'hui, c'est un problème de surprofit pétrolier, notamment Total, qui est en quasi
03:59 situation de monopole en France et qui fait des marges abusives sur le carburant.
04:03 Mais il ne faut pas oublier le fioul parce qu'à la rentrée, bientôt, dans quelques
04:06 mois, les Français vont devoir remplir leur cuve et rien n'a été fait par le gouvernement.
04:10 Alors, on va parler d'un autre sujet, celui des violences contre les élus.
04:13 Tout le monde en a parlé cette semaine.
04:15 Yannick Moraes, le maire de Saint-Brévin, a décidé d'abandonner ses mandats.
04:19 Il espère que ça va réveiller les consciences, changer les choses.
04:22 Je rappelle les faits.
04:23 Il a été victime notamment d'incendies volontaires dirigés contre sa maison, contre
04:28 ses véhicules.
04:29 Tout cela parce qu'il voulait implanter dans sa commune.
04:34 Il était favorable à un centre de demandeurs d'asile.
04:38 Une partie de la population a été contre.
04:41 Il y a eu des manifestations.
04:42 Les élus se sont levés cette semaine à l'Assemblée nationale pour lui rendre hommage
04:46 à ce maire, mais pas les vôtres, pas ceux du Rassemblement national pour quelle raison ?
04:49 À l'Assemblée, c'est qu'il y avait un brouhaha de la NUPES.
04:53 En fait, on était sur un débat sur les violences attribuées à la police.
04:57 Et la NUPES avait insulté les policiers et la République depuis deux heures.
05:00 Donc, c'est vrai que nos élus n'étaient pas dans l'esprit d'applaudir un élu de
05:04 la NUPES.
05:05 Ils n'ont pas fait attention, n'ont pas entendu qu'on parlait d'un maire.
05:07 Vous seriez levé pour applaudir, pour rendre hommage à M. Norez, qu'on voit à l'image ?
05:13 Oui, évidemment.
05:14 Dans un contexte normal où il n'y avait pas eu cette tension entre la NUPES et les
05:17 autres élus, on se serait bien sûr levé.
05:19 On s'est toujours opposé, évidemment, et Marine Le Pen en particulier, contre les
05:23 violences envers les élus, quelles qu'elles soient.
05:25 C'est absolument inacceptable.
05:27 Mais je rappelle que ce maire a démissionné parce que l'incendie a eu lieu le 22 mars.
05:31 Et que depuis le 22 mars, ni le gouvernement, ni les autorités locales, personne n'est
05:36 venu au secours moral et politique de ce maire, qui a été littéralement abandonné.
05:40 Ce secours moral, il en avait aussi besoin parce qu'il y a eu, dans sa commune, des
05:44 manifestations organisées par des sympathisants aussi de votre parti contre, je le rappelle,
05:50 ce projet d'implantation d'un centre pour demandeurs d'asile.
05:53 Donc, il y avait aussi des gens qui vous soutiennent qui dénonçaient ce maire.
05:58 C'est la raison pour laquelle il a été dénoncé.
06:00 Ça c'est sans doute possible.
06:01 Mais il y a deux choses différentes.
06:02 Il y a le fait de s'opposer, tout le monde, tout citoyen a le droit de s'opposer à
06:04 un projet contre lequel il est.
06:06 Et justement, en partir de janvier dernier, quand ça a commencé à dériver, notamment
06:12 quand il y a eu des groupuscules qui se sont infiltrés dans ces manifestations citoyennes
06:15 qui ont complètement dénaturé la nature de ce combat pacifique et citoyen, on a demandé
06:20 à tous nos militants, à tous nos cas, de se retirer de ces manifestations.
06:24 On a été très clair.
06:25 Après, il y a des personnes qui viennent.
06:26 Vous pensez que vous avez été entendus ?
06:27 J'espère que vous avez été entendus.
06:28 En tout cas, de toute façon, s'il y avait des militants qui étaient identifiés comme
06:32 ayant participé à des manifestations et des groupuscules d'extrême droite, vous savez
06:35 très bien qu'ils sont systématiquement sanctionnés.
06:37 Mais j'ai aussi entendu hier, il y avait aussi des militants des Républicains.
06:41 Donc malheureusement, ça ne concerne pas.
06:43 Si ça nous concerne, ça concerne toutes les forces politiques.
06:45 J'espère que toutes les forces politiques prendront les mêmes dispositions que nous.
06:48 En tout cas, moi, je réaffirme notre soutien à tous les maires qui, effectivement, ici
06:52 et ailleurs, malheureusement, font face à des violences et ils sont abandonnés.
06:55 Même s'ils veulent construire chez eux ou s'ils soutiennent des centres de demandeurs
06:59 d'asile dans leur commune, ils doivent pouvoir défendre leur position et aller jusqu'au
07:05 bout de la légalité parce que des fois, c'est décidé par les préfectures.
07:08 Mais tout élu doit pouvoir défendre ses idées, y compris et surtout quand elles
07:12 sont différentes des miennes et des nôtres.
07:14 Et on doit pouvoir, nous, défendre nos idées pacifiquement.
07:16 C'est la République.
07:17 Et c'est pour ça, d'ailleurs, que nous, on soutient toujours les référendums locaux.
07:20 C'est quand vous avez des situations de tension extrême sur le territoire qui peuvent malheureusement
07:24 mener à des situations de violence qui sont inacceptables.
07:26 La parole, le fait de voter sur un projet, c'est toujours la meilleure des solutions.
07:30 Ces éléments radicaux qu'on a pu voir dans ces manifestations, il y en a eu aussi,
07:35 on s'en souvient, il y a une semaine à Paris, 500 personnes au moins qui ont défilé,
07:40 certains cagoulés de noir avec des croix celtiques.
07:42 On revoit les images de cette manifestation qui ont choqué beaucoup de monde, notamment
07:46 la première ministre.
07:47 Est-ce que vous, elles vous ont choquées, ces images, cette manifestation ?
07:49 Ah oui, moi, j'étais vraiment choqué.
07:51 Le fait d'avoir des insignes néo-nazis en plein Paris, je ne comprends pas comment
07:55 cette manifestation a pu être autorisée.
07:57 Ce ne sont pas des patriotes.
07:58 D'ailleurs, il n'y a aucun drapeau français.
08:00 Ce sont des groupuscules d'extrême droite qui professent des idées qui ne peuvent mener
08:04 qu'à la violence.
08:05 Et c'est ça la différence, si vous voulez, entre ce qui est tolérable et intolérable.
08:07 Ce qui est intolérable, ce sont des idées qui mènent à la haine et à la violence.
08:11 Le courant néo-nazi, faut-il encore le dire, au XXIe siècle, ne peut amener qu'à la
08:15 sédition.
08:16 Et pourtant, il y avait dans cette manifestation, vous le savez, on vous a déjà interrogé
08:20 là-dessus, quand je dis vous, c'est collectivement, un ancien proche de Mme Le Pen, Axel Lustaud,
08:27 qui a participé à certaines de ses campagnes, qui est très proche aussi de Frédéric Chatillon,
08:31 membre du GUD, le groupe Union Défense qui était en tête de pont de cette manifestation,
08:36 qui sont des personnes qui ont accompagné Marine Le Pen.
08:38 Est-ce qu'il n'y a pas là, quand même, vous n'êtes pas un petit peu sur une ligne
08:41 de crête sur cette question ?
08:42 Non, moi je comprends les interrogations qui sont soulevées, mais déjà le GUD, historiquement,
08:47 est un courant qui a été toujours contre le Front National.
08:50 Bon, une fois qu'on a dit ça, M.
08:51 Lustaud, proche, vous savez, moi j'ai été accusé d'être un proche de M.
08:54 Fillon alors que je ne l'ai jamais rencontré.
08:55 Ce n'est pas de la même chose.
08:56 Non, mais ce que je veux dire, c'est que vous avez parfois des mots, des rumeurs, professées
09:01 dans les médias, qui sont faux.
09:02 Et quelle est la réalité ?
09:03 M.
09:04 Lustaud n'a jamais été, Mme Le Pen l'a encore appelé hier dans Le Monde, un proche,
09:06 il a été concilier régional.
09:07 Et M.
09:08 Chatillon ?
09:09 Frédéric Chatillon ?
09:10 Je veux répondre à votre question, parce qu'elle est importante.
09:11 Il n'y a pas de lien régional entre 2015 et 2021.
09:13 À partir de 2017, le Front National s'est rendu compte, à l'époque Front National,
09:18 qu'il n'avait été insincère dans ses revendications d'avoir changé, d'avoir
09:23 rompu avec ces personnes.
09:24 Dès qu'on a vu qu'il était encore lié à ces personnes, il a été mis de côté,
09:27 il n'a pas été...
09:28 Aucun lien avec ces personnes-là, entre Marine Le Pen et Frédéric Chatillon ?
09:32 Non, il n'y a pas de lien de proximité personnelle.
09:34 Ça, c'est une rumeur médiatique.
09:35 C'est une rumeur médiatique.
09:36 Et vous approuvez, j'imagine, la décision de Gérald Darmanin d'interdire cinq rassemblements
09:40 et manifestations ?
09:41 Non, c'est une manifestation qui peut être dangereuse, qui peut donner lieu à des violences
09:43 ou à des appels à la haine.
09:44 On n'a pas besoin de ça en ce moment en France.
09:45 Allez, une toute dernière question, réponse rapide s'il vous plaît.
09:48 La commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, vous la présidez,
09:52 vous, M. Tanguy.
09:53 Elle va entendre Marine Le Pen dans les jours qui viennent.
09:56 Qu'est-ce que vous allez lui demander ? Même si ce n'est pas votre initiative personnelle.
09:59 Oui, c'est une demande de dernière minute de la majorité des macronistes.
10:02 Écoutez, moi, j'ai validé cette audition.
10:04 Marine Le Pen, dès le début, a fait savoir qu'elle répondra à toutes les questions.
10:07 Tout simplement, nous n'avons rien à cacher.
10:09 Les accusations d'ingérence, soit disant russes, sur le Rassemblement National, ce
10:13 sont des calomnies.
10:14 C'est de la rhétorique de campagne qui cherche à nous salir.
10:16 Et les Français se rendront compte, je crois, que c'était des mensonges, malheureusement,
10:20 pour les manipuler.
10:21 Ce qui est vraiment très triste au XXIe siècle.
10:23 Battons-nous sur les idées, sur les projets et arrêtons de se calomnier entre nous.
10:27 Merci beaucoup, Jean-Philippe Tanguy, député Rassemblement National de la Somme.
10:30 Et c'est la suite de Télémafin.
10:31 Merci.