Charlotte d’Ornellas : «C’est malheureux, mais il faut que la victime soit complément innocente pour que personne ne s’émeuve»
Charlotte d’Ornellas, journaliste, au sujet de la mort de Tristan, victime collatérale d’un refus d’obtempérer : «C’est malheureux, mais il faut que la victime soit complément innocente pour que personne ne s’émeuve. […] Puisque l’émotion est moins forte, il nous est plus difficile de réfléchir à cette situation et de comprendre qu’elle est la règle qui été imposée aux policiers face aux refus d’obtempérer».
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00:00 C'est pas la première fois que ça arrive, évidemment.
00:02 Vous avez raison, ça fait rarement la une des journaux.
00:05 Aucun d'entre nous n'est capable de citer le prénom
00:08 d'une seule victime morte après un refus d'obtempérer
00:11 en raison...
00:12 Je veux dire, tuée par le conducteur
00:14 qui a refusé d'obtempérer.
00:15 Et là, Tristan meurt, absolument innocent
00:18 dans les circonstances.
00:19 Il était simplement sur le trottoir au moment où il ne fallait pas,
00:23 dans une indifférence, en effet, relativement générale.
00:27 Pourtant, dans un débat public,
00:29 le refus d'obtempérer revient assez régulièrement dans le débat.
00:32 Derrière lui, on pense à toutes les autres victimes.
00:35 Il y en a des très jeunes, des enfants, des personnes âgées
00:38 qui ont été tuées.
00:39 Il y avait une jeune fille à Paris, la nuit, qui avait été tuée.
00:43 Vous avez des policiers et des gendarmes aussi
00:45 qui sont morts ou alors, pour certains, blessés.
00:48 Les blessés, c'est carrément... On n'en parle absolument jamais.
00:52 Et pour eux, en effet, personne ne demande justice
00:55 aussi bruyamment que d'habitude.
00:57 Ou alors, je dirais, parce que c'est vrai qu'il n'y a pas de bruit
01:01 pour avoir de la justice, mais peut-être que derrière
01:04 ces refus d'obtempérer, parfois mortels pour des innocents,
01:07 vous avez l'immense majorité des Français.
01:09 Les Français disent que les refus d'obtempérer,
01:12 il faut que la police réagisse,
01:14 qu'elle puisse stopper les véhicules.
01:16 Donc, peut-être que personne ne fait de bruit,
01:19 mais que dans le pays, il y a cette majorité silencieuse
01:22 qui se dit que c'est beaucoup plus injuste
01:25 que de voir quand la police stoppe les véhicules.
01:27 -Tout le monde pense à Naël.
01:29 -Tout le monde pense à Naël.
01:31 Il y a eu d'autres histoires comme celle-ci.
01:34 C'est extrêmement difficile de réfléchir là-dessus,
01:37 mais puisque là, en l'occurrence, ça ne provoque aucune émotion,
01:41 parce que c'est malheureux, mais il faut que la victime
01:44 soit innocente pour que personne ne s'émeuve.
01:46 Je ne comprends pas la logique, mais c'est comme ça.
01:49 Puisque l'émotion est moins forte, il nous est plus difficile
01:53 de se rappeler à ces situations et de comprendre
01:55 quelle est la règle qui a été imposée aux policiers,
01:58 notamment sur ces refus d'obtempérer.
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