Découverte de l'envers de Glasgow, une des villes les plus violentes de Grande-Bretagne. Au cours d'entretiens, gangsters et parrains de la pègre locale reviennent sur les crimes qu'ils ont commis, mais aussi sur ceux dont ils ont été les victimes.
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00:00 C'est clair que c'était une vengeance, exécutée de façon spectaculaire.
00:04 Il me cognait, j'avais un couteau, il a tout pris.
00:10 Nous verrons également comment Glasgow a voulu tourner le dos à son passé de violence,
00:16 mais si la ville a changé, la police, elle, sait qu'il est quasi impossible d'éradiquer les gangs.
00:22 [Musique]
00:38 Glasgow a plusieurs visages.
00:40 Il y a la ville d'aujourd'hui, centrée sur les affaires et le tourisme.
00:48 L'histoire, baptisée la deuxième ville de l'Empire britannique pour sa taille et sa prospérité.
00:53 Et il y a la face obscure de la ville.
00:58 Glasgow s'est fait une réputation de ville violente à partir des années 20 et 30.
01:06 La Grande Dépression est venue amplifier les problèmes de pauvreté et de surpopulation chronique,
01:14 engendrant une sous-culture de gangs rivaux.
01:16 [Cris de la foule]
01:20 La presse en parle comme du Chicago de l'Ecosse, même si on est loin du crime organisé et d'Al Capone.
01:26 Enfin, pas encore.
01:28 Deux hommes vont se distinguer et donner au petit malfrat de Glasgow ses lettres de noblesse.
01:35 Arthur Thompson et Walter Norval.
01:44 Walter Norval sera le premier parrain de Glasgow.
01:47 Il entame sa carrière criminelle à la fin des années 30.
01:51 Je volais pour vivre quand j'étais jeune.
01:55 Ma mère travaillait dur et s'il me fallait quelque chose, je devais le voler.
02:00 Elle ne pouvait pas le payer.
02:02 C'est comme ça que j'ai grandi, en volant.
02:05 Norval grandit dans un immeuble des bas quartiers.
02:11 Glasgow sort de la Grande Dépression et entre dans l'austérité de la guerre.
02:14 L'argent ne court pas les rues, mais Norval voit deux moyens de s'en procurer.
02:21 Voler et boxer.
02:23 Il y avait beaucoup de gars qui faisaient des combats quand j'étais jeune.
02:28 Ils gagnaient de l'argent avec les paris des bookmakers.
02:31 C'était des hommes, on les respectait.
02:34 On voulait être comme eux.
02:35 Grandir et devenir comme eux.
02:39 Norval grandit en faisant son apprentissage dans ce monde de combat,
02:42 jouant les garçons de course.
02:44 Il a à peine 17 ans lorsqu'il passe à la vitesse supérieure.
02:49 Il prend une arme et se rend en ville, prêt à dévaliser une boutique.
02:54 Il repère une vendeuse qui ferme ce tabac et passe à l'action.
02:58 J'ai vu la gosse qui descendait la grille.
03:02 J'ai traversé en courant, sorti de la porte, et j'ai vu Norval.
03:06 J'ai vu la gosse qui descendait la grille.
03:08 J'ai traversé en courant, sorti mon revolver, et je lui ai dit "dégage".
03:11 Et voilà, c'était si facile.
03:14 On ne blessait personne.
03:15 On parlait et on nous filait le fric.
03:17 Norval est arrêté et incarcéré.
03:23 Mais c'est le premier pas du futur parrain dans le monde du crime.
03:26 Au même moment, à quelques kilomètres de là,
03:34 un autre jeune garçon prend le même chemin.
03:36 Un jeune homme appelé à régner sur le milieu de Glasgow.
03:39 Arthur Thompson.
03:41 Arthur avait à peine 16 ans.
03:44 Il allait dans les rues commerçantes,
03:47 rentrait dans une boutique,
03:49 disait "j'ai entendu dire qu'on allait casser votre vitrine ce soir.
03:53 Vous me filez un billet de 5 et je vous évite ça."
03:56 Si le type disait "barre-toi",
03:59 le soir, sa vitre était cassée.
04:03 Après ces modestes débuts,
04:04 des dizaines de commerçants finissent par payer Thompson pour avoir sa protection.
04:08 Rien de nouveau, sauf que Thompson a quelque chose de différent.
04:11 Il est méthodique, sans pitié,
04:14 et prêt à faire de l'argent par tous les moyens.
04:16 Et au début des années 50,
04:20 le jeune criminel ambitieux découvre un moyen particulièrement efficace.
04:24 Faire sauter les coffres forts.
04:26 C'est très technique de faire sauter un coffre.
04:29 Il faut savoir doser la nitroglycérine, etc.
04:32 Ça ne s'improvise pas.
04:34 Beaucoup de banques n'ont pas bougé depuis le 19ème siècle
04:40 et ne sont pas équipées contre les explosifs modernes.
04:43 Thompson et son gang vont en profiter
04:46 et multiplier les casses en faisant sauter les coffres.
04:49 En 1954, Thompson commet son premier faux pas.
05:01 Alors qu'il prend la fuite après un casse,
05:03 il laisse tomber une clé.
05:04 Une négligence qui va lui coûter 4 ans de prison.
05:07 La prison ?
05:12 Thompson et Norval l'ont connue très tôt dans leur carrière.
05:15 Mais elle va plutôt leur servir de tremplin pour se faire un nom.
05:18 À la fin des années 40,
05:22 Norval sort après avoir purgé sa peine pour vol à main armée
05:25 et utilise sa réputation pour s'imposer.
05:29 Il offre sa protection aux bookmakers,
05:31 comme le faisaient les caïds de sa jeunesse.
05:33 Un homme gagnait en moyenne 5 à 6 livres par semaine.
05:37 Moi je me faisais, disons, 5 à 6 fois plus,
05:40 rien qu'avec les bookmakers.
05:42 C'est loin d'être le seul revenu de Norval.
05:49 Il étend ses affaires aux quatre coins de son fief,
05:51 la Gargske Borde.
05:53 C'est un petit monde, mais il en devient le maître.
05:57 Il protège les bookmakers,
05:59 vend des affaires volées aux maisons closes
06:01 et de l'alcool au pub.
06:03 Ça s'est fait petit à petit, une chose après l'autre.
06:07 Ça n'a pas arrêté de prendre de l'importance.
06:09 Au début des années 60,
06:12 l'ancien gosse des rues roule sur l'or
06:14 et achète une maison de vacances à sa petite famille.
06:17 Un train de vie qui repose sur une seule chose,
06:23 son titre d'homme le plus dur de Glasgow.
06:27 Un titre qu'il faut constamment défendre.
06:30 Je me suis toujours battu contre ceux qui me cherchaient.
06:35 S'ils voulaient mon titre, ils devaient venir le chercher.
06:38 Mick Gibson est jeune, ambitieux
06:45 et veut se tailler une réputation.
06:47 Comment ?
06:49 En défiant le plus gros Kate du coin.
06:53 Il m'a dit "il paraît que tu sais te battre".
06:56 J'ai toujours voulu t'affronter.
06:58 J'ai dit "pas de problème, on va derrière".
07:00 Et on est passé derrière.
07:02 Pendant le combat, j'étais contre lui.
07:04 J'ai voulu relever la tête et il avait ses dents plantées dans mon oreille.
07:07 J'ai fait ça.
07:09 J'ai entendu le déchirement.
07:11 J'avais un couteau dans ma poche arrière.
07:13 Je lui ai dit "t'aurais pas dû faire ça".
07:15 J'ai pris le couteau et j'ai voulu lui enlever les yeux.
07:18 Je l'ai taillé là et là.
07:22 Norval perd une partie de l'oreille et le combat est suspendu.
07:25 Trois semaines plus tard, il joue au domino
07:28 quand un copain vient lui dire que Gibson veut reprendre le match.
07:31 Il m'a dit "Gibson est là-haut avec un couteau grand comme ça.
07:35 Il dit qu'il va te tuer".
07:37 J'ai terminé ma partie et je suis sorti.
07:40 J'avais une lame sur moi. J'en portais toujours une.
07:43 Je me suis rendu dans ce pub un peu plus bas.
07:46 En passant la porte, je l'ai vu au bar avec sa bande.
07:50 J'ai foncé sur lui et je lui ai dit "tu me cherches ?"
07:52 Il s'est retourné et je lui ai planté le couteau dans le cou.
07:55 Puis j'ai dû lui donner trois coups dans la poitrine.
07:58 Il a essayé de reculer.
08:00 Je l'ai planté dans les reins et derrière la tête.
08:03 J'étais comme un fou.
08:05 Gibson est gravement blessé.
08:09 Dans l'ambulance, il fait un arrêt cardiaque.
08:11 Mais les médecins arrivent à le sauver.
08:13 Retour à la casse prison pour Norval,
08:19 reconnu coupable de tentative de meurtre.
08:21 Il ne reverra plus son fief,
08:26 car le Glasgow qu'il a connu va disparaître.
08:28 La deuxième ville de l'Empire manquait d'espace.
08:36 L'air, le fleuve étaient pollués.
08:39 Les problèmes sociaux devenaient insurmontables.
08:41 Il fallait un changement.
08:44 Au cours des années 60,
08:47 les quartiers pauvres qui ont vu naître Norval sont détruits.
08:49 Des milliers de personnes sont relogées
08:52 grâce à de nouveaux programmes immobiliers,
08:54 avec la promesse d'un Glasgow plus propre et plus sécurisé.
08:57 Voici l'homme qui va incarner cette nouvelle ère optimiste.
09:05 Arthur Thompson est l'archétype de l'homme d'affaires
09:10 moderne et ambitieux des années 60.
09:12 Le client parfait, toujours tiré à quatre épingles.
09:16 Je ne l'ai jamais entendu une seule fois juré.
09:18 J'ai traité beaucoup d'affaires avec lui dans mon bureau
09:21 et elles m'ont toujours paru correctes.
09:23 Je le voyais comme un homme de raison.
09:25 Une apparence trompeuse,
09:29 qui sert à Thompson de couverture pour ses activités criminelles.
09:32 Il joue sur plusieurs fronts,
09:34 prêteur sur gage et directeur de casinos et légo.
09:36 Il investit également dans des affaires légitimes,
09:39 comme des casses ou des pubs,
09:41 et finit par gagner le surnom de "Bomber Thompson".
09:44 Il a voulu racheter plusieurs établissements du quartier de Black Hill,
09:47 la maison de jeu, un pub, etc.
09:50 Mais les propriétaires ont refusé de lui vendre.
09:53 Alors il les a fait sauter.
09:55 Cet homme était très dangereux.
10:00 La police doit se moderniser,
10:02 faire appel à de nouvelles technologies pour surveiller des hommes comme Thompson.
10:05 Il découvre ainsi l'étendue de ses activités.
10:10 Il a été l'un des premiers à avoir un téléphone sur écoute.
10:15 On a pu aller à l'hôpital,
10:18 et on a pu voir qu'il avait un téléphone sur écoute.
10:20 Il a été le premier à avoir un téléphone sur écoute.
10:23 Il a été le premier à avoir un téléphone sur écoute.
10:27 On a pu ainsi établir la preuve qu'il était en contact avec les frères Cray.
10:30 Le matin, il prenait un vol en classe à faire pour Londres,
10:34 et allait régler un problème pour eux.
10:36 C'était un exécutant.
10:38 Il pouvait aller rosser salement une personne,
10:40 ou bien lui régler son compte.
10:42 Voilà le genre d'homme qu'était Thompson à l'époque.
10:45 Arthur Thompson est désormais un homme redouté dans le milieu.
10:53 Personne n'ose l'affronter, que ce soit en privé ou dans les affaires.
10:56 En mai 1966, deux hommes se disputent avec un bookmaker pour quelques pénies.
11:02 C'est un protégé de Thompson.
11:05 Et en moins d'une demi-heure, les deux hommes sont morts.
11:08 Joe Jackson et son frère, Arthur Thompson,
11:19 sont en train de se faire un petit déjeuner.
11:22 Joe Jackson et son frère John ont vu les deux hommes se faire tuer de cet endroit.
11:26 On a roulé jusqu'à cette intersection,
11:32 et en arrivant là, j'ai vu passer deux voitures.
11:35 Une Jaguar et un van blanc.
11:37 Je savais que la Jaguar était conduite par Arthur Thompson.
11:43 La Jaguar roulait sur l'extérieur et poussait le van par le côté.
11:50 Le van a fini par sortir de la chaussée,
11:52 est allé heurter le parapet,
11:54 et s'est encastré sur un poteau.
11:56 J'ai couru vers la voiture, juste ici.
12:07 Les deux gars étaient dedans, visiblement morts.
12:11 Ça ne faisait aucun doute, je venais d'assister à un meurtre,
12:18 un double meurtre, causé par Arthur Thompson.
12:20 C'était clair.
12:22 Selon la police, les deux victimes, James Goldie et Patrick Welch,
12:29 ont été tués pour une simple altercation avec un bookmaker que Thompson protégeait.
12:33 Thompson est inculpé pour homicide volontaire.
12:40 Joe Jackson et son frère John sont les témoins clés
12:43 dans une affaire impliquant l'un des hommes les plus redoutés du milieu de Glasgow.
12:47 Autrement dit, leur vie est en danger.
12:50 La PJ m'a appelé chez moi.
12:54 Selon leurs sources, Thompson avait l'intention de faire sauter ma maison.
12:59 Mon frère était avec moi ce soir-là.
13:02 La situation était très particulière.
13:05 On n'avait jamais connu ça.
13:07 Par prudence, Jackson préfère mettre sa femme et sa fille à l'abri.
13:11 Trois mois plus tard, il y a bien une explosion.
13:15 Mais Jackson n'est pas la cible.
13:17 Le 22 août 1966, des bâtons de dynamite sont posés sous la voiture d'Arthur Thompson.
13:26 Le lendemain, il propose de reconduire sa belle-mère chez elle.
13:30 Le temps de mettre son clignotant, la voiture explose.
13:34 Sa belle-mère meurt sur le coup, alors que Thompson s'en sort indenne,
13:39 physiquement et moralement.
13:44 Si l'accident l'a affecté, je n'ai rien vu, pas plus que sa famille.
13:48 Pour moi, il a même plutôt bien pris la chose.
13:52 Qui a programmé l'explosion ?
13:58 La famille de Patrick Welch est immédiatement suspectée.
14:03 Trois membres sont inculpés pour avoir voulu se venger.
14:11 Curieusement, les deux affaires passent au même moment devant la haute cour de Glasgow.
14:15 D'un côté, Thompson est au banc des accusés.
14:18 De l'autre, il est le témoin clé d'un procès pour meurtre.
14:22 Un témoin plutôt récalcitrant, car même s'il s'agit du meurtre de sa belle-mère,
14:27 Thompson ne se montre pas très coopératif avec l'accusation.
14:31 Son manque évident de coopération avec la police a mis l'accusation dans l'embarras.
14:37 Il n'a rien fait pour aider les avocats.
14:40 Ne me demandez pas pourquoi, mais il avait ses raisons, apparemment.
14:43 Thompson ne fournissant aucune preuve, le procès avorte et personne n'est condamné.
14:50 Dans l'autre procès, où les charges sont contre lui,
14:53 un témoin providentiel remet en cause le témoignage de Jackson.
14:56 Il a affirmé que la personne qui conduisait n'était pas Thompson,
15:01 que c'était quelqu'un d'autre.
15:03 C'était un témoin crédible, un type honnête.
15:06 Pour moi, Thompson a eu beaucoup de chance qu'il se soit trouvé sur les lieux du crime.
15:11 Ça a suffi pour l'innocenté.
15:14 Le verdict du jury est une première pour la justice écossaise.
15:19 Affaire classée, faute de preuve, et Arthur Thompson est un homme libre.
15:24 Un verdict qui obsède encore aujourd'hui Joe Jackson.
15:27 Ces témoins n'étaient pas des policiers.
15:32 Leurs dépositions n'étaient pas valables.
15:34 Ils avaient peur. Ils étaient intimidés.
15:37 Je connaissais Thompson et quand la voiture est passée devant moi, je l'ai reconnu.
15:41 À la fin des années 60, Glasgow change de visage.
15:53 Les programmes immobiliers se multiplient.
15:57 On remplace les vieux Teddy par des immeubles flambant neuf.
16:00 Mais il en faudra plus pour éradiquer le crime.
16:04 Glasgow compte parmi les villes les plus violentes du monde.
16:07 Hugh Collins fait partie d'un gang et incarne à lui seul la culture de cette violence urbaine.
16:13 On portait toujours une lame, toujours.
16:17 Fallait être fou pour ne pas en porter.
16:19 Collins est le fils d'un caïd spécialiste du vol à main armée.
16:23 Dès l'adolescence, il monte son propre gang.
16:26 On a été le noyau de ce groupe qui allait devenir les Shamrock.
16:32 Les gangs commençaient à se répandre dans tout Glasgow.
16:35 Vous aviez les Carthels, les Tongs, les Merrill, etc.
16:40 On était une bande de gamins très durs.
16:44 À la fin des années 60, des douzaines de gangs pullulent dans Glasgow.
16:50 Des gangs pouvant aller de 10 à 100 membres.
16:53 La vie de gang n'était pas vraiment une vie de fonctionnaire.
16:56 Beaucoup ont opté pour le cambriolage et y ont forgé leur violence.
17:01 Je suis passé de la petite délinquance au cambriolage.
17:05 D'abord les coffres, puis les attaques à main armée.
17:10 Entre les années 60 et 70, Collins fait plusieurs allers-retours en prison.
17:16 Mais dans un monde de violence et de chaos, il répond par la violence et le chaos.
17:23 Il y a deux types assez connus que j'ai rencontrés.
17:29 Pour un oui, pour un non, je sortais mon couteau.
17:31 Je leur disais "foutez le camp, c'est mon pub".
17:34 Ce genre de trucs.
17:36 Je suis devenu accro aux dangers.
17:39 J'étais une vraie grenade des goupillets.
17:41 Collins finit même par s'aliéner son propre gang.
17:46 Il décide de lui donner une leçon, dans le genre brutal.
17:51 J'ai vu sa tête s'encadrer dans la poudre.
17:57 J'ai vu sa tête s'encadrer dans la porte d'entrée.
17:59 Il avait les bras en croix, un rasoir d'un côté, un couteau de boucher dans l'autre.
18:03 Il m'a flanqué un coup dans la mâchoire, ouvert de derrière l'oreille jusque là.
18:07 Il m'a taillé la mâchoire, cassé les dents.
18:10 J'ai entendu toutes mes dents sauter.
18:12 Collins a soif de vengeance.
18:17 Il se rend dans un bar du centre où ses anciens amis ont l'habitude de boire.
18:21 Bill Mooney est avec eux.
18:26 Ce membre d'un gang rival est devenu l'ami des shamrocks.
18:29 Collins connaît à peine Mooney.
18:32 Mais dans ce milieu, se trouver au mauvais endroit au mauvais moment peut signer votre arrêt de mort.
18:37 Le bar était noir de monde.
18:40 Tous ces hommes sont armés et prêts à se battre.
18:45 Il ne manque que l'étincelle.
18:47 Un verre a volé devant moi. Je me suis dit c'est parti.
18:54 Mooney ramassait sa veste. Je l'ai choppé par le bras.
18:57 Le couteau m'est tombé dans la main et je l'ai juste frôlé en dessous des côtes.
19:02 Il s'est relevé et j'ai relevé le bras pour lui planter le couteau sous le menton.
19:09 Et voilà, je l'ai tué.
19:11 On ne pense pas vraiment à tuer quelqu'un.
19:16 On le fait, mais on est horrifié par son acte.
19:19 Je me sens encore coupable.
19:21 Je me dis que j'ai tué ce type. Il avait peut-être des maux.
19:25 Hugh Collins est condamné à perpétuité pour le meurtre de Bill Mooney.
19:30 Par bien des aspects, il est un héritier des caïds des années 30 et un précurseur des gangs d'aujourd'hui.
19:37 Un homme qui cherche plus les ennuis que l'argent.
19:47 Le criminel professionnel des années 70 est à l'exact opposé.
19:51 Il cherche l'argent, mais les banques ont perfectionné leur système de sécurité
19:55 et l'attaque des coffres-forts à l'explosif n'est plus appropriée.
19:58 On a vu disparaître les rois du coffre-fort et arriver les braqueurs avec double canon.
20:04 Ils étaient plus difficiles à attraper. Ils avaient juste à tirer pour prendre la fuite.
20:09 En 1976, les vols à main armée sont devenus un vrai fléau et la police doit à nouveau s'adapter.
20:16 À l'époque, il y avait beaucoup, j'ai dit bien beaucoup de braquages de banques ou de fourgons dans toute la ville.
20:23 Avec mes hommes, on a été la première équipe armée à patrouiller dans la ville tous les jours.
20:30 Cette année-là, une bande de braqueurs se fait particulièrement remarquer.
20:37 Cette bande va devenir le célèbre gang XYY, un gang spécialisé dans les coups de feu.
20:44 Ils sont spécialisés dans les coups bien montés, visant aussi bien les transports de fonds que les banques.
20:49 L'inspecteur Grimperson a travaillé sur l'affaire de la Poste de Milton.
21:05 Ce matin-là, une camionnette de la Poste est venue se garer là.
21:11 Les deux types ont sorti le sac postal contenant le cash, ils ont surgi avec leurs armes et les ont cloués au sol.
21:16 Ils ont mis la main sur le sac et ont pris la fuite à toute vitesse.
21:24 Ce jour-là, les XYY partent avec 7000 livres. Ce n'est pas le butin du siècle.
21:32 Ils se font également 17000 livres avec un transport de fonds dans un hôpital et 3000 livres dans une caisse d'épargne.
21:39 Ce gang ne cherche pas à faire sensation et préfère les rentrées régulières.
21:42 Des gens sains, plonnettes, étaient soumis à une violence extrême et menacés par des armes.
21:48 Chaque semaine, on essayait de prévoir quelle serait la prochaine cible.
21:53 La police tente de trouver des informateurs, à défaut de pouvoir mettre la main sur la tête.
22:00 Trois ans de braquages plus tard, un nom sort enfin.
22:04 Walter Norval.
22:08 Le gang de voleurs à main armée
22:10 À 49 ans, Norval a su évoluer avec son temps et s'adapter aux nouvelles méthodes.
22:16 Il a recruté de jeunes malfrats pour former un gang de voleurs à main armée.
22:20 Norval se concentre sur l'organisation et laisse les autres faire la sale besogne.
22:27 Aujourd'hui encore, malgré les condamnations, il a tendance à se dédoubler et parle beaucoup de celui qu'il appelle le boss.
22:35 Le type qui organisait tout venait observer les lieux pendant les jours.
22:41 Il notait quand l'argent était livré, quel était le moment le plus calme pour opérer et comment prendre la fuite.
22:48 Toujours organiser la fuite. C'était le boss.
22:53 Son gang a beau être armé, Norval affirme qu'il faisait très attention à ne blesser personne.
23:00 Je disais toujours aux gars, ne blessez personne, ce sont des gens qui gagnent leur croûte comme vous.
23:05 Faites peur, faites du bruit. Et c'est ce qu'ils faisaient. Beaucoup de bruit, de menaces, ça suffisait.
23:12 Norval et ses hommes ont beau se voir comme de gentils voleurs sensibles, leurs victimes sont d'un autre avis.
23:19 C'était terrible pour eux. On leur braquait des fusils en plein visage, on les insultait, ils étaient agressés, bousculés.
23:30 Frappés, menacés. C'est vraiment une question de chance si personne n'a été tué.
23:35 La police a beau suspecter Norval, elle manque de preuves et les braquages se poursuivent.
23:42 A l'automne 1977, c'est le coup de filet tant espéré.
23:46 Un membre du gang, Phil Henry, est arrêté dans le braquage d'une poste et devient un super-indique.
23:55 Il a donné tous les détails, qui faisait partie du gang, qui faisait quoi.
23:59 Et c'est lui qui nous a donné la preuve physique qui nous manquait.
24:03 Henry conduit Pearson dans les monts de Kilpatrick, non loin de Glasgow.
24:09 Là, il trouve le fusil à canoncier de Norval et des milliers de billets de banque.
24:15 L'âge d'or du boss et de son gang touche à sa fin, grâce à Phil Henry.
24:21 Phil Henry est une balance, il a fait tomber tous ses potes pour sauver sa peau. C'est une ordure.
24:26 Sept gros bonnets du gang XYY sont arrêtés et leurs noms font la une de la presse.
24:34 Walter Norval, le cerveau du groupe, est surnommé par les journalistes "le parrain" et se voit condamné à 14 ans de prison.
24:47 La police aurait souhaité une peine beaucoup plus longue, alors que Norval trouve la sentence injuste.
24:52 Si vous tuez quelqu'un, vous prenez moins que si vous lui piquez son fric. Voilà la justice d'aujourd'hui.
25:03 Ne volez pas les riches, tuez les pauvres et tout ira bien.
25:14 Pendant que Norval et les autres font des braquages, Arthur Thompson ne reste pas inactif.
25:18 Mais ça fait longtemps qu'il ne se salit plus les mains.
25:21 Arthur, c'est complètement différent. Arthur était plutôt dans les affaires.
25:28 Il se définissait lui-même comme un homme d'affaires, ni plus ni moins qu'un homme d'affaires. Je ne savais même pas d'où il venait.
25:37 Arthur Thompson n'a pas de nombreux séjours en prison à son actif.
25:43 Sa plus longue peine a été de 4 ans en 1966 pour recel de bien voler.
25:47 Mais la police n'a jamais cessé de s'intéresser à lui.
25:50 Je ne peux pas vous dire le nombre de fois où j'étais chez lui et où j'ai vu la police débarquer pour fouiller sa maison.
25:55 Cette maison va devenir légendaire. Elle sera baptisée "Panderoza", comme le ranch de la série Bonanza.
26:04 Quant à Arthur Thompson, il va détrôner Norval dans les années 80 et reprendre son titre de parrain.
26:12 Pour la police, il n'a pas arrêté ses activités illégales. Il est seulement devenu plus malin.
26:18 On parlait de Thompson comme d'un parrain. Il y avait beaucoup d'autres parrains dans Glasgow.
26:25 Pour moi, ils étaient plus proches du Fagin d'Oliver Twist.
26:29 Ils se taillaient une réputation de durs et ensuite les jeunes garçons faisaient le sale boulot pour eux.
26:38 Arthur recrutait des hommes jeunes qu'il formait.
26:42 Ils connaissaient leurs droits s'ils étaient arrêtés. Ils disaient "je veux mon avocat" alors que de mon temps on était complètement cons.
26:49 Les droits, je ne savais même pas ce que c'était.
26:52 Début des années 80. Thompson cherche de nouvelles recrues quand on lui donne deux noms.
27:01 Paul Ferris et Ian Blink MacDonald.
27:06 Blink a entraîné Paul dans la délinquance dès l'adolescence.
27:10 Il se renaît près de la maison de ma mère. Je lui ai parlé de l'argent que je me faisais.
27:16 Je l'ai pris avec moi dans le casse d'une bijouterie et on s'est fait 2000 livres chacun.
27:20 Par la suite, on a réussi à se faire 10 000, 20 000, ça dépendait.
27:24 Pendant deux ans, Blink et Ferris enchaînent les casses avec succès.
27:31 Jusqu'à ce qu'en 1982, leur partenariat soit brutalement rompu par le fils d'Arthur Thompson, Arthur Junior.
27:38 Paul Ferris et moi on devait se retrouver au pub le 3h30 l'un soir.
27:45 Il ne s'est pas pointé. Je l'ai vu le lendemain et il m'a dit qu'il avait été recruté par le jeune Arthur.
27:50 Je lui ai dit "qu'est-ce que tu racontes ?" et il m'a répondu "on lui a dit du bien de moi".
27:59 Selon Ferris, les Thompson veulent l'engager avec Blink pour qu'il bosse en duo.
28:03 J'ai dit "mais pourquoi Thompson s'intéresse à deux jeunes comme nous alors qu'il a tout Glasgow à ses pieds ?"
28:11 Et il m'a répondu "non, il cherche toujours du sang neuf".
28:15 J'ai dit "tu seras leur porte-flingue, un collecteur de dettes et pendant ce temps-là,
28:19 le parrain de Glasgow sera dans son fauteuil de Ponderosa en train de siroter un whisky et fumer un cigare devant la télé".
28:28 Ferris accepte le boulot. Il ne va pas seulement bosser pour Arthur Thompson père, mais aussi pour le fils.
28:34 Pendant que Ferris et Thompson Junior entament leur partenariat,
28:43 Glasgow va connaître l'un des épisodes les plus tragiques de son histoire criminelle.
28:47 Et tout ça, pour une histoire de marchande glace.
28:55 Dans leur vision utopique, les urbanistes ont oublié certains détails en créant les grands ensembles.
29:00 On commence à les appeler les "déserts sans fenêtres" à cause du manque de services et en particulier de boutiques.
29:06 Des vendeurs ambulants plus malins que les autres commencent à vendre du pain et des cigarettes à côté des cornets de glace.
29:12 Dans les années 80, ces camions sont partout et les mafieux commencent à vouloir s'immiscer.
29:17 Lewis Kubi Rodden est de cela.
29:21 Avec la vente ambulante, vous vous faisiez du cash en permanence.
29:25 Beaucoup de types allaient dans le centre, volaient tout ce qu'ils trouvaient et les revendaient dans les camions de glace.
29:33 Ce qui marchait bien à l'époque, c'était les cigarettes. Dans n'importe quel quartier, les gens les achetaient.
29:38 Je parle de 2500 livres par semaine. À l'époque, ça faisait une somme. On était prêts à se battre pour ça.
29:45 Et dans les quartiers pauvres, qui dit argent, dit forte concurrence.
29:51 Admettons qu'on était trois et qu'on se partageait les rues d'un quartier.
29:55 Quelqu'un venait d'un autre quartier et tentait de s'installer là. Ça changeait la donne.
30:01 Et c'était la guerre.
30:04 En 1983, la guerre s'envenime.
30:08 Un marchand ambulant est poignardé à la tête.
30:11 En février 1984, on tire sur le camion de vente ambulante d'Andrew Doyle.
30:17 La police met sur pied une équipe pour calmer le jeu chez les marchands de glace ambulants.
30:20 C'est loin d'être un simple jeu.
30:27 Le 16 avril 1984, quelqu'un met le feu à l'appartement du marchand ambulant Andrew Doyle.
30:33 Trois membres de la famille trouvent la mort, dont un bébé de 18 mois.
30:42 Trois autres, dont Andrew Doyle, réussissent à sortir.
30:45 Mais tous les trois meurent à l'hôpital après avoir inhalé des fumées toxiques.
30:50 La ville est en état de choc.
31:00 Deux hommes sont finalement inculpés et condamnés.
31:05 Ils feront appel et seront acquittés, libérés et éliminés.
31:10 Ils feront appel et seront acquittés et libérés 20 ans plus tard.
31:13 Encore aujourd'hui, cette affaire continue de faire planer une ombre.
31:19 Mais les guerres de territoire n'ont pas cessé pour autant.
31:22 Chaque période a connu sa guerre, surtout dans les villes comme Glasgow.
31:27 Si quelqu'un venait interférer dans vos affaires, vous aviez votre mot à dire.
31:35 En 30 ans, les boîtes de sécurité, les chauffeurs de taxi ou même les laveurs de vitres ont semé la violence pour gagner leur territoire.
31:42 Mais ce n'est rien comparé à ce que va engendrer l'activité montante du milieu, la drogue.
31:49 En 1983, la région de Glasgow détient le triste record de la plus forte consommation d'héroïne du Royaume-Uni.
31:57 Les Thompson veulent leur part du gâteau.
32:01 Et cette fois, c'est Arthur Junior qui mène la danse, bien qu'il soit dépourvu du sens des affaires de son père.
32:06 Porter le même nom que son père est sans doute ce qui pouvait lui arriver de pire.
32:11 Il a dû croire qu'il allait marcher dans les pas de son père, avoir sa notoriété.
32:15 Mais non, il était assez bête, très en dessous.
32:19 Ça a dû être une grosse déception pour son père.
32:23 La police commence à entendre parler du jeune Arthur.
32:29 Joe Jackson dirige maintenant la brigade criminelle de Glasgow.
32:33 Dans une affaire assez pitoyable, Thompson Junior est arrêté alors qu'il paye 30 000 livres ou une bouteille d'héroïne liquide, du moins à ce qu'il croit.
32:42 C'était une bouteille avec un liquide transparent qui s'est avérée être tout bêtement de l'eau.
32:50 Le jeune Arthur est furieux.
32:57 30 000 livres, ça fait cher la bouteille d'eau. Il envoie Paul Ferris en expédition punitive.
33:02 Ce dernier avouera plus tard avoir poignardé un homme dans sa voiture alors qu'il attendait au feu rouge et un autre dans un pub de Glasgow.
33:13 Ferris et Thompson Junior ne font qu'attirer un peu plus l'attention de la police sur eux.
33:22 J'ai su que la police allait l'arrêter. Je l'ai appelé et il est venu avec son père.
33:27 J'ai dit, d'après des infos de sources sûres, la police va t'arrêter bientôt. À ta place, je quitterai le pays. J'irai en Espagne ou ailleurs.
33:36 Arthur Junior n'écoute pas ce conseil et continue son petit trafic d'héroïnes.
33:43 Il joue de malchance car la police surveille justement un de ses clients, Jonah McKenzie.
33:51 On nous a prévenu qu'une voiture venait d'arriver devant la maison de notre suspect.
33:55 Et qui on a vu sortir de cette voiture ? Le jeune Arthur et un autre type.
34:00 Ils allaient visiblement approvisionner Jonah en drogue.
34:04 Les policiers ont fait une descente. Ils ont été pris sur le fait. C'était une belle prise.
34:16 À l'âge de 25 ans, Arthur Thompson Junior est condamné à 11 ans de prison.
34:21 Son homme de main, Paul Ferris, prend 18 mois pour détention d'armes et de drogue.
34:28 À sa libération, Ferris décide d'en finir avec son boulot peu glorieux de porte-flingue pour les Thompson.
34:35 Le jeune Arthur était un gros lard qui se gavait de sucreries non-stop. Ferris était le fils qu'il aurait voulu avoir.
34:46 En sortant de prison, Ferris monte sa propre équipe avec deux malfrats du nom de Bobby Glover et Joe "Bananas" Hanlon.
34:53 Il a recruté Hanlon et Glover plus ou moins comme Arthur l'avait recruté.
34:59 L'association sera de courte durée.
35:03 Au milieu des années 80, Glasgow veut se refaire une image.
35:15 Elle s'inspire de la célébrissime campagne "I Love New York" pour sortir son logo "Miles Better".
35:21 La campagne marche et place désormais Glasgow parmi les villes touristiques.
35:26 Le milieu n'est pourtant pas prêt de quitter les lieux.
35:29 La violence des gangs va encore frapper.
35:32 Arthur Thompson s'est fait plus d'un ennemi prêt à lui faire la peau.
35:39 Plus on est important, plus on se fait d'ennemis. C'est pareil dans toutes les villes du monde. Si vous arrivez en haut, on cherche à vous faire tomber.
35:45 La première attaque a lieu alors que Thompson se trouve dans le local de Sacas, à l'est de Glasgow.
35:53 Ça peut sembler fou, mais ils avaient carrément commandité un tueur à gage de Lyra pour assassiner Thompson.
36:04 En entrant, il n'a pas dit un mot et a sorti une arme.
36:07 Il approchait, approchait en pointant son arme sur Thompson et il a tiré.
36:14 L'arme s'enraye et l'homme prend la fuite.
36:20 En prenant la fuite, il s'est fait tuer.
36:28 En prenant la fuite, il s'est retourné et a ouvert le feu. Les balles volaient de partout et l'une d'elles est allée ricocher dans le gravier et a atteint Arthur en plein nez.
36:38 Une fois de plus, Thompson refuse d'aider la police et met la cause de sa blessure sur le compte d'un dysfonctionnement d'une machine.
36:50 Personne n'est inculpé.
36:57 Le journaliste Stephen Wilkie est en train de faire un discours sur le sujet.
37:00 Il a été témoin d'une agression sur Arthur Thompson.
37:03 En 1990, le journaliste Stephen Wilkie se trouve devant Ponte des Rosas lorsqu'il est témoin d'une violente agression sur Arthur Thompson.
37:12 J'étais par terre en train de changer la roue de ma voiture quand j'ai entendu un cri, un bruit sourd et quelqu'un a juré.
37:22 J'ai eu juste le temps de voir une Ford qui faisait marche arrière sur le grillage avec ce que j'ai pris pour un vieil homme coincé sous le grillage.
37:28 Ce vieil homme n'est autre qu'Arthur Thompson.
37:32 La voiture est partie, laissant Arthur Thompson complètement empiétré dans le grillage de l'autre côté de la rue.
37:39 Une jambe cassée, le visage entaillé, le nez cassé, les doigts cassés et pas mal de côtes.
37:44 Cette agression a signé le début de son déclin.
37:47 Le 17 août 1991, Arthur Junior a une permission de 48 heures pour préparer sa sortie de prison.
38:01 Il se rend chez lui à Provence Mill et fait une étape au pub.
38:07 Apparemment, il meurt d'envie de prendre sa revanche.
38:12 J'étais dans un pub un peu plus bas. Il avait écrit en grand les noms des gens qu'il allait tuer et il disait aux gens "je vais tuer un tel, tuer tel autre, regardez le couteau que j'ai acheté".
38:23 Quel idiot, il a payé le prix.
38:25 Cette nuit-là, Arthur Junior va rendre visite à son père.
38:37 Leurs maisons ne sont pas loin l'une de l'autre et il y a un passage souterrain entre les deux.
38:42 Mais Arthur Junior décide de passer par le trottoir sur la rue.
38:49 Arthur Thompson Junior est abattu de trois balles tirées d'un silencieux.
39:01 Une heure plus tard, il est déclaré mort.
39:05 Le meurtre du jeune Arthur a un peu marqué la fin d'un règne.
39:08 Comme si on lui disait "place au jeune, retire-toi le vieux".
39:11 "Ton fils était un guignol, on l'a éliminé, t'es fini".
39:15 Mais qui a tué Arthur Thompson Junior ?
39:21 Bien évidemment, les rumeurs vont bon train dans le milieu.
39:27 Toute la prison était en ébullition.
39:32 "Qui a pu faire ça ? Blablabla".
39:34 Puis le nom de Paul Ferris a circulé partout.
39:37 Ferris et son associé Bobby Glover subissent un interrogatoire
39:43 et sont inculpés pour un autre incident indépendant.
39:46 Ferris fait de la prison ferme et Glover est libéré sous caution.
39:51 Deux semaines plus tard, Glover, surexcité,
39:54 appelle le journaliste Stephen Wilkie la veille de l'enterrement d'Arthur.
39:59 "C'était un homme complètement paniqué.
40:02 Mais quand j'ai revu Bobby, c'est-à-dire 12 heures plus tard,
40:05 il était sur le siège arrière d'une voiture
40:07 avec une balle de 22 dans la tête et une de 38 dans la poitrine".
40:11 Le jour des funérailles d'Arthur,
40:18 Bobby Glover est retrouvé mort dans sa voiture
40:20 aux côtés de l'autre associé de Paul Ferris, Joe Bananas-Hanlon.
40:24 La voiture avec les corps est bien en évidence sur le terrain.
40:28 Pour beaucoup, c'est Thompson père le responsable.
40:31 "Arthur Thompson a fait valoir toute son autorité
40:35 et sa toute puissance par ce geste.
40:37 C'est clair, c'était une vengeance exécutée de façon spectaculaire
40:43 cinq semaines après la mort de son fils".
40:46 Le corps d'Arthur Junior est à peine enterré
40:51 que des policiers armés font une descente dans la villa Ponderosa.
40:55 Ils ne trouvent absolument rien pouvant relier Thompson Senior
40:58 au meurtre d'Hanlon et Glover et l'affaire n'est pas résolue.
41:02 Par contre, Paul Ferris est inculpé du meurtre d'Arthur Junior.
41:07 Son procès reste l'un des plus longs qu'ait jamais connu l'Ecosse.
41:11 Le jour du verdict, tout Glasgow retient sa respiration.
41:19 Aucune charge n'est retenue contre Ferris.
41:21 En sortant du tribunal, il se précipite dans la voiture du journaliste Stephen Wilkie.
41:26 "Il m'a dit qu'il avait fait ça parce qu'il savait qu'un journaliste ne pouvait pas le tuer.
41:30 On était des non combattants comme il disait.
41:33 Il savait que si on l'emmenait dans un hôtel, il aurait la vie sauve pendant la nuit".
41:36 Le journaliste a été arrêté.
41:42 Il a été arrêté.
41:45 Il a été arrêté pendant la nuit.
41:48 Ferris est toujours en vie aujourd'hui.
41:51 Il écrit des livres et n'a plus été inculpé depuis qu'il a annoncé qu'il se rangeait en 2002.
41:55 Quant à Thompson Senior, le parrain de Glasgow est mort deux ans après son fils en 1993.
42:02 Après avoir survécu à une explosion, à une fusillade, à l'assaut d'une voiture,
42:08 c'est une crise cardiaque qui l'a emporté.
42:13 Il ne s'est jamais remis de la mort de son fils.
42:15 Il n'avait que 63 ans à l'époque.
42:18 Il n'a pas eu de crise cardiaque.
42:20 Il a eu le cœur brisé.
42:22 L'ère des Thompson est terminée.
42:33 Glasgow a évolué.
42:35 La ville d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec la ville qui a vu grandir des Thompson et des Norval.
42:41 La culture du milieu reste cependant bien enracinée et ne risque pas de disparaître.
42:45 C'est sûr qu'il y aura toujours des types pour les remplacer.
42:49 Est-ce qu'ils seront aussi visibles que Thompson et Norval ?
42:52 Ils en auront peut-être tiré une leçon.
42:54 C'est plus calme, mais ils sont peut-être encore là, toujours en train de magouiller.
42:58 Et on doit continuer de les arrêter et de les mettre en prison.
43:02 On a récemment recensé 170 gangs dans Glasgow.
43:07 C'est énorme.
43:09 Avec chacun 20, 30, 40 membres.
43:11 Tous capables de vous planter un couteau parce que vous n'êtes pas du bon quartier.
43:14 Ça n'a pas changé.
43:16 Ça s'est assez entre les années 80 et 90, mais là ça remonte en puissance.
43:20 Sans doute à cause de la pauvreté qui augmente.
43:22 Le milieu du crime a évolué en même temps que la ville.
43:28 Les bas quartiers connaissaient le racket.
43:31 Les grands ensembles ont connu le trafic de drogue.
43:37 La culture de la violence fait partie intégrante de Glasgow.
43:40 La ville continue de voir émerger des hommes violents, prêts à tout pour obtenir ce qu'ils veulent.
43:47 Ou prêts à mourir.
43:49 Comme Arthur Thompson Jr.
43:50 [Musique]