La Cédéao active sa "force en attente" : à Niamey, "la junte ne semble pas prête à céder le pouvoir"

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00:00 avec mon invité Jenna Boussisset. Bonjour, merci d'avoir accepté notre invitation.
00:04 Vous êtes chercheuse spécialiste du CEL à la Fondation pour la Recherche Stratégique.
00:08 Selon vous, le sommet d'hier a-t-il été utile ? Et si oui, en quoi ?
00:13 Le sommet d'hier a été utile vu que ça a été le moyen de chercher une nouvelle
00:22 solution, une nouvelle issue à cette crise. La décision de la CDAO d'activer la force
00:30 en attente peut être interprétée en tout cas comme un moyen pour la CDAO d'exercer
00:36 une ultime pression sur la jeunte, étant donné que la jeunte reste enfermée dans
00:42 sa stratégie jusqu'au boutiste en refusant de recevoir les délégations de médiation
00:49 et de donner des concessions à la communauté internationale. Donc on peut vraiment interpréter
00:57 cette décision d'activation comme un moyen de dire à la jeunte que la CDAO est déterminée
01:04 et qu'elle pourrait être prête à mettre sa menace d'intervention à exécution.
01:10 C'est notre envoyée spéciale, Cyril Payen, qui nous le disait tout à l'heure. À Abuja,
01:14 on dit désormais qu'on négocie avec le pistolet sur la table. Elle peut selon vous
01:18 porter ses fruits, cette façon de ménager la chèvre et le chou en permanence ?
01:21 C'est difficile à dire, puisque les deux parties campent sur leur position. C'est
01:33 vrai que côté CDAO, il y a une vraie demande de retour à l'ordre constitutionnel antérieur
01:41 et de libération du président Bassoum, demande qui ne sont pas du tout entendues par la
01:48 jeunte, qui ignore la CDAO et va jusqu'à nominer un gouvernement, laissant à penser
01:57 qu'elle s'est déjà engagée sur la voie d'une transition politique. Donc c'est
02:01 vrai que peut-être que la recherche de compromis pourrait permettre une sortie de crise, parce
02:10 que la jeunte ne semble pas prête à céder le pouvoir. Donc une concession pour la jeunte
02:17 vis-à-vis de la CDAO pourrait être justement un minima de libérer le président Bassoum,
02:24 puisqu'il y a en outre des craintes concernant la santé du président et des inquiétudes
02:30 entourant ses conditions de détention.
02:34 On va y revenir dans un instant. Ce qui est notable en tout cas, c'est que ce bloc ouest-africain
02:39 veut régler cette affaire nigérienne lui-même. On ne veut pas des Occidentaux pour la régler,
02:43 c'est assez notable.
02:44 Oui, tout à fait, parce qu'en plus ce serait contre-productif. La CDAO est déjà accusée
02:51 d'être à la solde des puissances étrangères et notamment des Occidentaux. La jeunte s'est
02:58 empressée d'utiliser le sentiment anti-français, mais qui est surtout un sentiment contre la
03:05 politique française dans la région. Donc la jeunte s'est empressée d'utiliser ce
03:10 sentiment à des fins opportunistes pour obtenir un plus grand soutien populaire et une résonance
03:17 médiatique dans la région. Donc vraiment, une intervention occidentale viendrait un
03:25 peu confirmer ces narratifs qui accusent la CDAO et les élites des pays de ne pas être
03:35 réellement indépendantes et d'opérer au profit de puissances étrangères.
03:41 Alors notre correspondant Serge Daniel qui était en direct de Cotonou, un peu plus tôt,
03:45 nous le disait tout à l'heure. À la Sanwatara, le président évorien était furieux. Hier,
03:49 il a parlé de kidnappings, d'actes terroristes commis par les poutchistes. On sait que les
03:53 conditions, vous en avez parlé, les conditions de détention du président Bassoum se détériorent.
03:57 Ne vont-ils pas trop loin les poutchistes ? La situation est-elle tenable longtemps
04:01 pour eux dans ces conditions-là ?
04:02 Il est vrai que les poutchistes font, pour la première fois, face à une CDAO très
04:12 déterminée. Quand bien même les états de la CDAO ont conscience qu'une intervention
04:19 serait très coûteuse, ils savent aussi que c'est le coup de trop car ils craignent
04:25 une contagion des poutches dans la région. Un président comme Alassane Ouattara a conscience
04:30 qu'un poutch pourrait également très bien se produire au sein de son pays, étant donné
04:40 les vents de contestation dans la région. Encore une fois, en effet, les deux parties
04:50 ne semblent pas prêtes à faire d'autres compromis. Dans ces conditions, on peut en
04:57 effet supposer que la situation s'enlise, mais ce qui est sûr, c'est que la junte
05:07 n'est même pas ouverte à la négociation, puisque hormis des coups de fil notamment
05:13 avec les États-Unis, la vice-secrétaire au département d'État, Victoria Newland,
05:24 la junte n'a même pas voulu recevoir les médiateurs de la CDAO. Pour l'instant, aucune
05:32 concession n'est donnée par la junte vis-à-vis de la communauté internationale, et c'est
05:36 ce qui justement fait craindre le déclenchement de cette intervention, puisqu'en réalité
05:41 la CDAO a toujours dit que ce serait l'ultime recours. La CDAO a conscience que ce serait
05:47 déstabilisant pour la région d'avoir une intervention régionale, donc plus la junte
05:54 ferme la porte à la négociation, plus cette intervention apparaît de plus en plus crédible.
06:01 Merci beaucoup, Jeannabou Sissé, d'avoir répondu ce midi à l'invitation de France 24.

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