L'Heure des Pros 2 Été (Émission du 10/08/2023)

  • l’année dernière
Tous les soirs et pendant tout l'été, les invités de #HDProsEte débattent des grands thèmes de l'actualité 

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00:00 Bonsoir à tous, bienvenue dans la deuxième partie de l'heure des pros.
00:04 On est ensemble pendant une heure avec moi ce soir, Geoffroy Lejeune, bonsoir.
00:07 - Très l'audit.
00:08 - Directeur de la rédaction du JDD, Sébastien Ligné, bonsoir.
00:10 - Bonsoir.
00:11 - Journaliste à Valeurs Actuelles et Erwan Barriot, bonsoir.
00:13 - Bonsoir.
00:14 - Écrivain. On va commencer donc en parlant de ces policiers du Raid.
00:17 Trois ont été mis en examen aujourd'hui pour violences avec arme,
00:20 ayant entraîné la mort sans intention de la donner après le décès d'un homme de 27 ans,
00:24 en marge des émeutes à Marseille, c'est le parquet qu'il a indiqué.
00:27 On va faire le point justement sur ce qu'on sait précisément
00:30 avec Sandra Buisson du service Polyjustice.
00:32 - C'est dans un centre-ville soumis à des pillages généralisés
00:37 avec un magasin Foot Locker qui venait d'être dévalisé
00:40 que les policiers du Raid sont intervenus à Marseille
00:43 le soir de la mort de Mohamed Benbris.
00:46 Une vidéo montre ce qui s'est passé juste avant que le Raid n'intervienne
00:50 à proximité de la victime.
00:52 On y voit un pilleur prendre la fuite avec un sac rempli de marchandises volées.
00:56 Selon le parquet, à ce moment-là, Mohamed Benbris, à scooter,
01:00 poursuit le pilleur pour lui prendre son sac.
01:03 Le parquet considère que les deux hommes étaient alors en cours
01:06 d'appropriation frauduleuse, justifiant une intervention
01:09 pour en interpeller les auteurs.
01:11 Ensuite, Mohamed Benbris longe la colonne du Raid,
01:14 il est toujours à scooter, roule à contresens sur le trottoir
01:18 et c'est là que les effectifs du Raid sont soupçonnés
01:21 d'avoir engagé trois tirs, deux tirs de LBD,
01:24 dont un l'atteint au thorax, selon le parquet,
01:27 et un tir de munitions beanbags qui se fichent dans le scooter.
01:32 Pour le juge d'instruction, il y a des indices graves ou concordants
01:35 que ces trois policiers sont impliqués dans ces tirs.
01:39 Quel rôle chacun d'eux est-il suspecté d'avoir eu ?
01:42 Pour l'instant, le parquet ne le précise pas.
01:44 En revanche, il indique qu'il est trop tôt pour dire si l'usage
01:47 de la force était alors proportionné ou non,
01:50 et si les conditions d'utilisation du LBD et des beanbags ont été respectées.
01:55 Pour ça, il va falloir attendre des investigations complémentaires
01:59 sur des points qui sont cruciaux pour l'enquête.
02:02 On va entendre un certain nombre de réactions,
02:04 et notamment celle de Vincent Ergot, il est responsable national
02:07 Allianz Raid. Écoutez ce qu'il pense de cette décision de justice.
02:10 Ils sont placés sous contrôle judiciaire, ils sont placés mis en examen.
02:15 Nous, Allianz Presse Nationale, on se pose véritablement la question
02:18 de savoir quel est véritablement le sens de cette mesure.
02:22 On ne veut pas soustraire à la justice, ce n'est pas la question.
02:26 Je rappelle ici que le RAID est une unité qui travaillait
02:30 dans le cadre de violences insurrectionnelles
02:33 pour rétablir l'ordre républicain.
02:36 L'enquête nous dira dans quel cadre ont pu être réalisés ce tir,
02:42 et je sais que l'avenir nous donnera raison.
02:45 Nous souhaitons juste que dans l'avenir, le traitement
02:48 de nos collègues policiers soit peut-être un peu meilleur.
02:51 Sébastien Ligny, on voit une fois de plus les représentants
02:54 des forces de l'ordre qui sont malgré tout déçus de cette décision,
02:57 qui disent ne pas la comprendre, même si là, en l'occurrence,
02:59 il n'y aura pas de détention provisoire pour ces policiers-là.
03:01 Déjà, et puis après, je pense qu'on est tous d'accord pour dire
03:04 que si faits graves sont avérés, qu'ils soient punis,
03:07 mais ça je pense qu'on est tous d'accord.
03:08 Moi, ce qui m'interroge toujours avec cette histoire,
03:11 c'est qu'on voit que les policiers sont l'unité la plus contrôlée,
03:15 la plus scrutée de la fonction publique, c'est-à-dire que
03:17 le moindre faits et gestes qu'ils font est contrôlé
03:21 et tout le monde va avoir un avis dessus.
03:23 Et dès qu'il y a une suspicion d'accident, une suspicion d'actes graves
03:31 ou potentiellement condamnables, tout de suite,
03:34 les policiers sont lâchés en place publique.
03:36 Évidemment que les réseaux sociaux ont un rôle là-dessus,
03:38 et aujourd'hui avec certains aussi médias très complaisants
03:40 et qui se permettent de relayer la parole de victimes
03:42 avant même de savoir exactement ce qui s'est passé.
03:45 Donc il y a un écosystème qui est en train de se créer
03:48 autour des policiers, où ces policiers sont contrôlés en permanence.
03:51 On ne parle jamais des milliards de bonnes actions
03:55 et d'actions essentielles qu'ils font pour notre sécurité tous les ans.
04:00 Par contre, dès qu'il y a une suspicion d'accident,
04:03 tout de suite, ça devient une affaire nationale.
04:05 C'est relayé par des activistes même, quasiment.
04:08 J'ai peur qu'on se retrouve aujourd'hui dans une société
04:11 où il y a quand même une présomption de culpabilité pour les policiers.
04:15 Geoffroy Lejeune, c'est ce qu'ils ont beaucoup dit,
04:17 notamment certains disent qu'on a l'impression qu'on est plus maltraités
04:20 que les délinquants qu'on interpelle.
04:22 Ils ne demandent pas d'être au-dessus des lois,
04:24 mais ils ont l'impression d'être un peu en dessous,
04:26 avec l'impression qu'à chaque fois, ça devient des symboles
04:28 qu'il faut punir presque plus sévèrement
04:30 pour montrer l'exemple systématiquement dans ces affaires.
04:32 C'est un peu ce qui se passe, notamment sur les questions,
04:34 ça n'a rien à voir avec l'affaire dont on parle ce soir,
04:36 mais la détention provisoire de la semaine dernière,
04:39 en tout cas, il y a discussion.
04:41 Et là, il n'y a pas eu de discussion, il y a eu détention provisoire
04:43 et ils n'ont pas compris.
04:45 Au-delà de ça, il y a des questions à poser.
04:48 Par exemple, qu'est-ce que fait le RAID à Marseille pendant les émeutes ?
04:51 Parce que la mission du RAID, il faut rappeler ce que c'est,
04:53 c'est une unité d'élite qui sert récemment à déloger Mohamed Merah,
04:58 à intervenir au Bataclan, à intervenir à Saint-Denis,
05:02 juste après le Bataclan.
05:03 Et leur métier, c'est ça.
05:04 Leur métier, ce n'est pas du maintien de l'ordre en réalité.
05:06 Et pourquoi ils se retrouvent sur le terrain ce soir-là,
05:08 ce soir des émeutes à Marseille ?
05:09 C'est parce qu'on a voulu mettre 45 000 forces de l'ordre dans les rues
05:12 pour essayer de maintenir un semblant de calme.
05:14 Et donc, ils se retrouvent sur un terrain qui n'est pas leur,
05:17 avec une mission qui n'est normalement pas la leur,
05:19 et des armes, en l'occurrence, qui ne sont pas faites pour ça,
05:21 qui ne sont pas les leurs.
05:22 Et le LBD, par exemple,
05:24 ce n'est pas exactement le LBD dans ce cas précis,
05:26 mais ce type d'armes intermédiaires, on dit,
05:29 c'est quelque chose qui n'est pas leur arme naturelle, premièrement.
05:33 Et deuxièmement, qui n'est pas faite pour ça.
05:37 Donc, en fait, la mission à l'origine, elle est impossible.
05:40 Donc, ça se passe comme ça se passe.
05:42 Je trouve, moi, que c'est miraculeux que ça se passe,
05:44 pas plus mal que ça, qu'il y ait quand même assez peu de morts.
05:47 Et par contre, ce qui est en train de se passer aujourd'hui,
05:49 c'est qu'il y a une pression médiatique, Sébastien l'a dit,
05:52 politique, évidemment, on la voit aussi.
05:54 Mais maintenant, une pression judiciaire,
05:56 notamment par le biais d'avocats,
05:57 qui incitent des familles de gens qui ont été blessés
05:59 à porter plainte régulièrement, systématiquement,
06:02 parce qu'ils savent que derrière,
06:03 médiatiquement, ça va fonctionner.
06:04 Donc, typiquement, aujourd'hui, le fait que l'avocat
06:07 de ce monsieur décédé se permette de mettre en cause
06:10 la police comme ça, il est dans son rôle,
06:11 c'est un avocat, on connaît leur discours par cœur,
06:13 mais se permettre à ce point là de le faire,
06:14 ça participe d'une stratégie bien rodée
06:16 qui vise à faire exploser nerveusement les policiers.
06:19 Et en fait, ça marche. C'est ça qui est tragique.
06:21 - Et Erwann Barriot, sur ce qu'on disait,
06:23 sur l'importance aussi du contexte,
06:25 on a entendu ce policier en parler,
06:27 on va en entendre dans un instant l'avocat
06:29 d'un des policiers, parce qu'on le disait aussi,
06:31 souvent on ne retient que ce qui s'est passé à la fin,
06:33 c'est trois nuits d'émeute extrêmement violente
06:35 à Marseille avec des forces de l'ordre
06:37 qui souvent se défendent à une partie de la classe politique
06:39 où les avocats, en l'occurrence,
06:40 oublient un peu de raconter ce qui se passe
06:42 dans les minutes, les heures qui précèdent ces incidents.
06:44 - La réalité, c'est que les forces de l'ordre
06:45 ont été envoyées au casse-pipe
06:47 pendant ces soirs d'émeute.
06:48 Elles étaient la soupape, finalement, de sécurité
06:51 de ce qu'on appelle l'ordre républicain,
06:53 qui est en fait tout simplement la France
06:55 ou ce qui restait finalement d'un semblant d'ordre tout court.
06:59 Et on a bien vu la fébrilité et la peur du pouvoir
07:02 qui a envoyé, c'est vrai, 45 000 forces de l'ordre,
07:04 y compris des gens qui n'étaient pas du tout
07:06 ni formés au maintien de l'ordre,
07:07 ni prévus pour le maintien de l'ordre,
07:09 ni équipés au maintien de l'ordre.
07:10 - Oui, chacun ses missions, c'est ça que Nessa
07:12 semble avoir un peu oublié.
07:13 - Et là, on voit qu'en réalité,
07:15 c'est la fébrilité et la panique du pouvoir
07:18 qui a causé ces émeutes.
07:21 Et j'allais dire l'incapacité de les gérer par derrière.
07:25 Et le problème, c'est qu'on est aujourd'hui
07:27 dans une situation où on ne s'en sortira pas par le haut
07:30 tant qu'on ne réglera pas les causes du mal
07:33 dont on parle aujourd'hui.
07:34 Parce qu'on peut toujours savoir,
07:35 on peut toujours discuter de savoir
07:36 combien on va mettre de forces de l'ordre,
07:38 comment on va les équiper,
07:40 quelles unités on va envoyer, etc.
07:42 Mais la réalité, c'est qu'on est dans une situation
07:44 de chien-lit durable et que tant qu'on aura
07:47 deux populations qui ne partagent quasiment rien,
07:51 qui ont des revendications et des manières d'être
07:54 et de vivre qui sont totalement opposées,
07:56 on n'arrivera pas à une sortie par le haut.
07:59 Les crises que la France a traversées,
08:01 c'était toujours des crises de gens
08:03 qui avaient des conceptions du monde,
08:05 certes différentes, mais qui partageaient
08:08 un socle de valeurs communes.
08:09 Que ce soit les révoltes ouvrières,
08:12 que ce soit mai 68,
08:14 que ce soit même les Gilets jaunes,
08:16 c'était quand même des gens qui appartenaient
08:19 à une même nation et qui partageaient
08:21 un même sentiment d'appartenance.
08:22 Là, on a vraiment le sentiment que tout ça a disparu
08:25 et que tant qu'on ne parlera pas
08:29 avec des gens qui nous comprennent,
08:31 on n'arrivera pas à régler la situation durablement.
08:34 On va écouter justement Maître Dominique Matheis,
08:36 c'est l'un des avocats de ces trois policiers
08:38 qui s'exprimaient juste après la décision.
08:40 Il y avait un danger caractéristique
08:43 et ce danger venait reprendre des informations
08:46 qui ont été données à la police
08:47 selon lesquelles il y avait des scooteurs
08:50 qui entendaient s'en prendre aux forces de l'ordre
08:53 et qu'il fallait impérativement les neutraliser,
08:55 les interpeller pour éviter que le climat insurrectionnel
08:58 ne connaisse un aboutissement que chacun redoutait.
09:01 C'est vrai Sébastien Ligny,
09:04 on a l'impression que c'est aussi chaque fois
09:06 le procès de la police avec une partie de la gauche
09:08 qui récupère tout ça, qui explique qu'il y a des violences systémiques.
09:10 Encore Mathilde Panot, présente du groupe LFI,
09:12 qui parle de violences systémiques
09:13 dans une vidéo il y a quelques heures
09:15 sur les réseaux sociaux,
09:16 avec ces deux fronces que cette gauche aime opposer,
09:19 oubliant à quel point ils ont beaucoup soufflé sur les braises,
09:21 mais cette colère finalement,
09:22 ils ne sont pas capables de la maîtriser,
09:23 ils jouent avec le feu.
09:24 Ce qu'on appelle la récupération,
09:26 ça ne convient pas à la gauche que quand ça les arrange.
09:29 Ils sont évidemment ravis de récupérer des faits divers.
09:32 On l'a vu avec Naël peu plus tard,
09:34 il y a un peu plus d'un mois.
09:36 Mais si vous voulez, évidemment que la gauche
09:39 a un rôle incendiaire là-dedans,
09:41 qu'elle sait très bien ce qu'elle fait
09:43 quand elle récupère la ferme à elle,
09:45 quand elle jette dans la fosse au Lyon public
09:49 les policiers avant même toute enquête.
09:51 Elle sait très bien ce qu'elle fait,
09:52 elle sait très bien que le message anti-flic,
09:53 parfois même le message anti-France finalement,
09:55 est devenu porteur dans certains quartiers.
09:58 Erwann parlait de ces deux fronces
10:00 qui ne se peuvent plus comprendre.
10:02 Oui, il y a aussi aujourd'hui dans des quartiers
10:04 où le message anti-flic,
10:05 il a tellement été biberonné à ces jeunes-là
10:08 depuis leur berceau presque,
10:09 évidemment que ça devient réceptif.
10:11 Tout est politique, mais à la fin,
10:14 le problème, c'est qu'il y a une victime,
10:15 il y a un jeune qui est mort,
10:17 on peut toujours le regretter,
10:18 on ne sait pas exactement ce qui s'est passé,
10:19 ce qu'il a volé, ce qu'il a volé un voleur.
10:21 Bref, dans tous les cas,
10:22 voler un sac ne doit pas valoir la mort.
10:25 Mais aujourd'hui, il y a une victime,
10:27 et il y a aussi de fait aujourd'hui
10:28 des victimes collatérales,
10:29 c'est que ce sont ces policiers
10:30 qu'on jette en pâture avant de savoir quoi que ce soit.
10:33 Et moi, encore une fois,
10:34 je trouve ça presque dramatique
10:36 qu'à chaque fois qu'il y ait une suspicion
10:40 de méfaits de la part des policiers,
10:42 ça devient une affaire nationale.
10:44 Mais dans ce cas-là,
10:45 faisons-le avec tout le monde.
10:46 Faisons-le avec les médecins,
10:48 on va le faire avec les professeurs.
10:50 Dans ce cas-là, on le fait avec tous les gens
10:51 qui ont une certaine responsabilité.
10:52 On peut le faire avec les politiques aussi.
10:53 À chaque fois qu'il y a un politique
10:54 qui fait quelque chose qui ne va pas bien,
10:55 on va le mettre en une,
10:56 on va le jeter,
10:57 on va dire qu'il faudrait qu'il soit viré,
10:58 qu'il soit condamné.
10:59 Enfin non, c'est pas comme ça que ça marche.
11:01 Donc moi, oui, ça m'attriste un petit peu
11:03 que les policiers soient toujours les premiers visés
11:06 dès qu'il y a une suspicion.
11:07 Et Geoffroy Lejeune,
11:08 il y a évidemment du coup cette grogne de la police
11:10 parce qu'ils le disent eux-mêmes.
11:12 Nous, on interpelle, on n'a pas de place en prison.
11:13 Nous, on va mettre nos collègues en détention provisoire
11:15 sachant que, évidemment, se retrouver en prison
11:17 pour un membre des forces de l'ordre,
11:18 c'est extrêmement humiliant.
11:20 C'est agréable évidemment pour personne,
11:22 mais pour eux moralement aussi.
11:24 Et après, dans la suite de leur carrière,
11:26 c'est un impact énorme.
11:27 Alors que notamment sur l'affaire de Hedy,
11:30 ils disent qu'on aurait pu trouver peut-être
11:31 d'autres solutions.
11:32 Il ne faut pas qu'il se concerte avec ses collègues.
11:33 On l'entend pour le bien de l'enquête.
11:35 Parfois, pour des autres enquêtes,
11:36 ils trouvent des solutions pour ne pas qu'ils se parlent
11:38 sans passer par la détention provisoire.
11:40 - On est bien d'accord.
11:41 Là, dans le cas d'aujourd'hui,
11:43 c'est un peu moins dur quand même que la détention provisoire.
11:45 - Oui, bien sûr.
11:46 - C'est un contrôle judiciaire,
11:47 donc il y a des restrictions,
11:48 mais ils ne sont pas allés jusqu'à ce point-là.
11:50 En fait, refaisons-nous en 30 secondes
11:53 le film de ce qui se passe dans la tête d'un policier.
11:55 On lui demande quelque chose
11:56 qui a priori n'est pas son métier.
11:57 Il prend un risque, il le fait souvent.
11:59 C'est un surcroît d'investissement dans son travail
12:01 parce qu'aller faire du maintien de l'ordre
12:02 quand on vient du RAID,
12:03 ce n'est pas dans les missions initialement.
12:05 Ou de la BRI d'ailleurs, c'est le même problème.
12:07 Et quand par hasard, c'est dans les missions,
12:09 ils ne sont pas programmés pour des émeutes
12:12 de l'intensité de celles qu'on a vécues il y a un mois.
12:15 Donc ça, c'est la première chose.
12:16 Ils le font parce que c'est leur mission.
12:18 Ils le font pour un salaire de misère, rappelons-le.
12:20 Et ils le font parce qu'ils ont une conception
12:22 qui est au-dessus.
12:23 Ce n'est pas un travail, en fait.
12:24 Ce qu'ils font, c'est vraiment une mission.
12:25 Et d'ailleurs, quand ils en parlent,
12:26 la plupart d'entre eux vous en parlent vraiment
12:28 avec un investissement qui dépasse
12:29 le cadre du travail normal.
12:30 Ils font ça.
12:31 Ensuite, ça se passe mal
12:32 parce que ça ne peut pas bien se passer,
12:33 parce qu'on leur demande quelque chose
12:34 qui est trop dur et qui n'est pas adapté
12:36 à leurs moyens.
12:37 Ils le font alors que le reste du temps,
12:38 leur vie est très compliquée.
12:39 C'est-à-dire qu'ils ont des conditions,
12:41 on en a beaucoup parlé,
12:42 financière, je viens de le dire,
12:43 mais des conditions de travail qui se dégradent.
12:45 Ils ont des conditions,
12:46 toute la procédure autour de leurs enquêtes, etc.
12:49 se complexifie en permanence
12:50 et ils voient leurs affaires échouer
12:52 pour des bricoles en permanence.
12:53 Il y a ce sentiment quand même
12:55 d'inutilité à force du métier.
12:56 Et ils continuent pourtant à le faire.
12:58 Et au moment où ça se passe mal,
12:59 alors qu'ils n'y sont pour rien,
13:01 on laisse dire, quand je dis "on",
13:03 c'est les pouvoirs politiques.
13:05 Mais les médias véhiculent l'idée
13:07 que ce sont des cow-boys qu'on dérapait,
13:08 alors que ça n'est quasiment jamais le cas.
13:10 Ils se font lâcher.
13:11 Évidemment, ils sont sanctionnés
13:12 ou en tout cas, ils sont mis en détention provisoire,
13:13 comme à Marseille.
13:14 Et vous avez rappelé, c'est humiliant.
13:16 Vous avez raison.
13:17 Et il faut voir l'inversion des valeurs absolues.
13:20 Aujourd'hui, on crée des héros
13:22 qui sont soit des délinquants,
13:24 soit des gens qui étaient en train
13:26 de commettre un fait de délinquance,
13:28 soit des gens qui ont un passé délinquant,
13:29 soit des gens qui ont un entourage de délinquants.
13:31 Ces gens deviennent des héros
13:32 portés au nus médiatiquement
13:33 parce qu'ils sont devenus,
13:34 soi-disant, des victimes de la police.
13:35 Avec des grandes sarts qui leur rendent hommage.
13:36 Exactement.
13:37 Et notamment, vous faites peut-être allusion
13:39 à Kylian Mbappé,
13:40 mais c'est récurrent.
13:41 C'est très récurrent.
13:42 Et de l'autre côté, vous avez des gens anonymes
13:43 qui n'ont pas le droit de s'exprimer,
13:44 qui sont défendus uniquement par leur avocat
13:46 dans le cercle fermé d'une audience
13:48 et qui, par contre, publiquement,
13:49 sont jetés à la vindicte
13:51 et dont parfois, dans certains cas,
13:53 on donne, c'était le cas pour Naël,
13:54 l'adresse du domicile
13:55 et on précise qu'il y a des enfants
13:57 et une épouse.
13:58 Je suis désolé, moi, je trouve que
13:59 le deux poids, deux mesures,
14:00 le grand écart est trop important.
14:01 Et il y a un parti pris très clair
14:03 pour des non-héros,
14:06 alors qu'on a des gens qui se battent au quotidien
14:08 pour défendre ce qui nous est commun.
14:10 Et c'est très dangereux de jouer ce jeu-là.
14:12 Erwann Barriot, pour terminer sur ce sujet.
14:14 Oui, le métier de policier,
14:16 à l'origine, ça vient du métier
14:18 de garde champêtre.
14:19 Finalement, c'était un ancrage dans un village
14:21 auprès de gens qu'on connaissait
14:23 pour faire finalement respecter la loi,
14:26 mais auprès de gens qui la comprenaient.
14:28 On voit bien que plus les années passent
14:30 et plus, finalement, le niveau de violence augmente.
14:33 Et ce qui devient systémique,
14:35 c'est vraiment la violence.
14:36 Certains à gauche parlent des violences policières,
14:38 mais...
14:39 C'est une violence systémique.
14:41 Oui, voilà, c'est ça.
14:42 Mais en fait, ce qui est systémique,
14:44 c'est la violence tout court,
14:45 c'est la violence des quartiers,
14:46 c'est la violence des émeutes.
14:47 Et les forces de l'ordre sont des êtres humains.
14:49 Ce ne sont pas des héros,
14:51 ce sont juste des êtres humains
14:52 qui font leur travail.
14:53 Avec une fatigue, un ras-le-bol.
14:55 Voilà, une fatigue et un ras-le-bol.
14:57 Et il y a une cocotte minute aujourd'hui.
14:59 Il arrive que certains fassent des dérapages.
15:01 Il ne faut pas non plus le nier.
15:02 Il ne faut pas dire qu'ils sont parfaits,
15:04 que ce sont des héros.
15:05 Oui, et il faut les sanctionner.
15:06 Et ils doivent être sanctionnés.
15:07 C'est la priorité.
15:08 Et ce que je ne comprends pas,
15:09 c'est qu'il n'y ait pas plus de dérapages finalement.
15:11 Qu'il y en ait si peu.
15:12 Qu'il y en ait si peu dans la situation aujourd'hui
15:14 critique dans laquelle nous sommes.
15:16 Et vous savez, chacun est dans son rôle.
15:18 L'avocat est dans son rôle.
15:20 Mathilde Panot est dans son rôle.
15:22 Même les syndicats de policiers sont dans leur rôle.
15:25 Mais on ne peut pas accepter finalement
15:28 cette pièce tragique qui se joue sous nos yeux
15:30 où il y a une cocotte minute qui est en train d'exploser
15:32 et chacun essaye de chercher les responsabilités
15:35 des uns et des autres.
15:36 Moi, je ne prends pas de camp dans cette tragédie.
15:39 Je dis juste que c'est une tragédie
15:41 et qu'il faut maintenant essayer d'en sortir.
15:43 On va parler d'un refus d'obtempérer.
15:46 Les faits se sont déroulés vers 4h du matin
15:48 dans la nuit de mercredi à jeudi
15:50 lorsque des policiers ont souhaité contrôler
15:51 un véhicule signalé volé qui circulait rue de la Paix
15:54 dans le centre de Paris.
15:55 Le conducteur, âgé d'à peine 14 ans,
15:57 n'a pas voulu obtempérer
15:58 et donc a continué sa route accompagné de son passager.
16:01 Les deux mises en cause ont été retrouvées
16:03 dans le 12e arrondissement
16:04 alors qu'ils tentaient de fuir à pied.
16:06 Ils ont été placés en garde à vue pour refus d'obtempérer
16:08 et recel de véhicules volés.
16:10 Ils ont retrouvé sur place un pistolet à billes.
16:13 On parle donc maintenant d'un jeune homme de 14 ans
16:15 qui a volé une voiture, qui conduisait une voiture
16:18 et qui n'a pas voulu obtempérer.
16:20 Ceci dit, on comprend le refus d'obtempérer
16:21 parce que 14 ans au volant n'était pas totalement dans son droit.
16:24 Mais d'ailleurs, tous les policiers l'ont dit au moment,
16:26 et même Gérald Darmanin l'a dit pendant les émeutes,
16:29 que le phénomène le plus inquiétant,
16:31 en tout cas le plus notable de la vague d'émeutes,
16:33 c'est ce qui ressortait le plus,
16:34 c'était l'âge de plus en plus jeune, on va dire,
16:37 des délinquants qui étaient arrêtés.
16:39 On a parlé de 14, 11, 12 ans qui étaient dans les rues
16:42 attirés au mortier, là donc 14 ans au volant d'un scooter.
16:45 Moi ce qui me terrifie, c'est que je pense à ce garçon à 14 ans.
16:49 J'avais 14 ans il n'y a pas si longtemps que ça.
16:52 Mais moi jamais de la vie ça me serait venu à l'idée de faire ça.
16:57 Je trouve ça dingue.
16:58 Et c'est ça où là on sent qu'il y a une déconnexion,
17:02 un décrochage à mon oeil, une génération perdue.
17:04 C'est ce que disent certains responsables politiques,
17:06 notamment à droite.
17:07 C'est-à-dire qu'on a une génération qui n'a pas forcément été abandonnée,
17:11 qui a eu le droit aux services publics comme tout le monde,
17:13 qui a eu le droit à l'école publique comme tout le monde,
17:15 qui a eu le droit à des activités sportives,
17:17 qui a eu le droit à une chance de s'intégrer,
17:19 qui a refusé pour la plupart objectivement de s'intégrer.
17:23 Et aujourd'hui on est face à des jeunes
17:25 qui n'ont plus aucune notion de l'autorité
17:27 qu'on pourrait appeler l'autorité légale,
17:29 c'est-à-dire à la fois les policiers mais aussi les professeurs.
17:31 Ils ne comprennent même plus parce qu'ils n'ont jamais appris
17:34 à savoir ce que c'était concrètement l'autorité.
17:36 Face aux policiers, ils n'ont plus peur
17:37 parce qu'ils savent très bien qu'ils sont libérés.
17:38 C'est-à-dire que la justice est tellement laxiste avec eux
17:40 et les policiers vous disent que un des grands drames de leur travail,
17:43 et tu parlais tout à l'heure de l'inutilité de leur travail,
17:46 c'est que quand vous arrêtez un jeune qui, je ne sais pas,
17:48 fait un vol à la tire ou qui est pris en bas des blocs
17:50 en train de faire le guet et qu'il est mis au commissariat,
17:53 qui fait 24 heures de garde à vue et qu'il est ramené,
17:55 et que le lendemain le policier le retrouve au même endroit
17:57 à faire exactement la même chose,
17:58 c'est évidemment dramatique pour les policiers,
18:00 mais ça dit aussi quelque chose de cette jeunesse
18:01 qui n'a plus aucune peur des réponses pénales
18:03 puisqu'on parle de réponses qui arrivent deux, trois ans après
18:06 et souvent qui sont ridicules.
18:07 C'est-à-dire que le seul moyen,
18:09 quand les policiers d'Alliance, il y a quelques années,
18:11 avaient dit que le problème de la police était la justice,
18:13 ils évoquaient quelque chose qui était plus large que simplement la police.
18:16 C'est-à-dire qu'il y a évidemment une réponse judiciaire à avoir
18:18 qui est beaucoup plus large.
18:19 C'est-à-dire que le seul moyen de s'en sortir
18:22 et aussi d'une certaine manière d'éviter des drames,
18:24 on pense à Nahel,
18:26 si vous voulez éviter que des cas comme Nahel se reproduisent,
18:29 il faut aussi leur faire comprendre dès leur première infraction
18:32 que ce qu'ils font est grave, qu'ils ont des conséquences,
18:34 qu'ils doivent être punis.
18:36 Pourquoi pas des courtes peines dans des encadrements fermés
18:39 parce qu'ils ne peuvent pas aller en prison à 14 ans,
18:41 mais dans des encadrements fermés spécifiques,
18:44 pendant même des courtes peines,
18:45 ça peut être une semaine, deux semaines,
18:46 mais qui peuvent être suffisants
18:47 pour leur faire comprendre la gravité de leurs actes.
18:50 Et pour moi, c'est ça le drame,
18:51 c'est qu'on est face à quelqu'un qui a 14 ans,
18:54 qui conduit un scooter, évidemment qu'il n'a pas acheté,
18:57 il n'est même pas en droit de le conduire,
19:00 qui se fait arrêter et qui, je suis certain,
19:02 ne comprend même pas en quoi c'est grave.
19:04 Il ne comprend pas.
19:05 On va écouter justement ce que disait
19:07 Othmane Nassrou-Lévis, président de la région Île-de-France,
19:09 et il parlait de cette jeunesse justement perdue
19:11 et de ce manque de repères. Écoutez-le.
19:13 Ce qui est sans effet aujourd'hui,
19:15 c'est la réponse du gouvernement,
19:16 qui est une réponse erratique.
19:19 J'ai l'impression que le gouvernement ne sait pas
19:21 comment traiter ce sujet
19:22 et je vois que la Première ministre en est restée
19:24 à nous expliquer qu'il fallait prendre le temps d'un diagnostic.
19:26 Ce que nous disons, nous,
19:27 que ce soit avec Valérie Pécresse, avec les Républicains,
19:30 c'est qu'il faut une réponse forte,
19:32 une réponse éducative,
19:34 une réponse pénale aussi à la hauteur.
19:36 Erwan Barriot, c'est vrai qu'on a entendu
19:37 notamment le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran,
19:39 dire "face à cette jeunesse, il faut tenter de la comprendre".
19:43 Alors, effectivement, pour faire un diagnostic,
19:45 il vaut mieux savoir ce qu'on en fasse,
19:47 mais est-ce qu'il est encore temps, justement,
19:49 de comprendre ce qui se passe
19:50 et parfois les scènes auxquelles on a pu assister,
19:52 quand on a vu pendant les émeutes, effectivement,
19:54 des enfants de 11, 12, 13 ans mettre le feu
19:56 à des bâtiments publics ?
19:57 Il faut comprendre, on en est encore à cette étape-là ?
19:59 Je pense qu'il faut toujours essayer de comprendre,
20:01 même si parfois les situations qu'on vit
20:04 dépassent l'entendement.
20:06 Après, sur le politique, on voit bien aussi
20:08 qu'il est totalement dépassé,
20:10 que ce soit Olivier Véran
20:12 ou la personne dont vous venez de montrer les extraits.
20:15 Finalement, le politique, on a l'impression
20:17 que ça fait 30 ans qu'il nous dit la même chose.
20:19 Ça fait 30 ans qu'on fait les mêmes diagnostics
20:22 et qu'on ne prend pas vraiment les vraies mesures.
20:25 Alors là, qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
20:27 C'est une question très vaste
20:29 et je ne suis pas sûr qu'on ait la réponse ce soir.
20:31 En plus, il y a bientôt la pub.
20:33 Ce qui est le plus délétère pour ce gamin,
20:36 c'est son environnement, c'est évident.
20:38 Et c'est d'autant plus, on va dire, tragique
20:42 qu'on a tous eu, peut-être pas vous,
20:44 mais autour de cette table, un pistolet à billes
20:46 et qu'on a tous eu 14 ans
20:47 et qu'on a tous joué aux gendarmes et aux voleurs.
20:50 Seulement, nous, on jouait.
20:51 Eux, ils le font dans la vraie vie.
20:53 Et ils le font dans la vraie vie
20:54 parce qu'ils sont dans un cadre
20:56 dans lequel, finalement, leur modèle identificatoire,
20:59 ce sont les grands frères qui, eux, sont des vrais voyous
21:02 et ils n'ont pas, du coup, le même étalon
21:04 du bien et du mal que nous.
21:06 Je suis sûr que ces gamins,
21:07 si on les retire de leur environnement
21:08 et qu'on les met dans un cadre plus favorable,
21:10 ils seront capables du meilleur.
21:12 C'est ça, le problème.
21:13 C'est qu'ils sont dans un environnement
21:14 quasiment concentrationnaire
21:16 et qu'ils ne sont qu'avec des gens
21:17 qui, finalement, ont des casiers judiciaires longs comme le bras.
21:20 Et il faudrait les en sortir.
21:22 Geoffroy Lejeune, c'est vrai qu'on a aussi beaucoup entendu parler
21:24 pendant les Zemmüt, mais c'est vrai pour ce cas aussi là,
21:26 de l'importance de l'éducation.
21:27 Gérald Darmanin, d'ailleurs, très tôt, quand il y a eu,
21:29 en 2021, je crois, l'accident sur la dalle de Beaugrenelle,
21:32 disait "c'est malheureusement dramatique,
21:33 mais que fait un enfant avec une barre de fer ?
21:35 Qu'est-ce que font les parents ?"
21:36 Parce qu'on demande beaucoup à l'école,
21:38 mais on a peut-être oublié,
21:39 l'échelon des parents, l'école n'est pas là pour éduquer les enfants,
21:42 pour tout leur apprendre de A à Z.
21:43 C'est tout le débat sur l'éducation, l'instruction,
21:45 et moi je suis assez d'accord avec ça,
21:46 ça a toujours fonctionné comme ça.
21:47 Et aujourd'hui, on demande beaucoup trop à l'école.
21:49 Il a raison, Gérald Darmanin,
21:51 et là, en l'occurrence, 14 ans au volant d'une voiture volée,
21:54 rappelons qu'elle était volée quand même.
21:55 C'est un écosystème dans lequel le légal n'existe plus quasiment.
21:58 Donc vous ne pouvez pas demander à ce...
22:00 Je pense, en effet, qu'il y a une déconnexion absolue.
22:03 Maintenant, moi, ce qui me frappe sur ce fait divers,
22:06 ce qui n'est pas un fait divers, évidemment,
22:08 c'est qu'en fait, c'est toutes les 20 minutes en France.
22:10 Et j'aimerais renverser la problématique en disant,
22:12 si les policiers sont confrontés toutes les 20 minutes
22:14 à un refus d'obtempérer,
22:15 dans le cadre, rappelons-le,
22:17 qu'à certaines conditions, ils peuvent par exemple ouvrir le feu,
22:19 puisque s'ils sont menacés, etc.
22:21 En fait, ce qu'on aurait dû dire au moment de l'affaire Nael,
22:23 c'est que c'est miraculeux que ça n'existe pas tous les jours, en fait.
22:25 Oui, c'est ce qu'on disait à Juan tout à l'heure.
22:27 Bien sûr, mais je suis d'accord avec ça.
22:28 Ça pourrait arriver tous les jours.
22:29 Et le miracle, c'est que ça arrive une fois dans l'année seulement.
22:31 On va marquer une courte pause et on se retrouve avec mes invités
22:34 pour la deuxième partie de l'heure des pros.
22:36 A tout de suite.
22:37 De retour pour la deuxième partie de l'heure des pros.
22:42 Les débats continuent dans un instant,
22:43 mais tout de suite, on fait le point sur l'actualité avec vous,
22:45 Soumaya Labidi.
22:46 Bonsoir, Soumaya.
22:47 Bonsoir, Élodie.
22:48 Bonsoir à tous.
22:49 À la une, un incendie sur des silos à grains s'est déclaré à La Rochelle.
22:53 Le site industriel du port et les entreprises à proximité
22:56 ont dû être évacués.
22:57 Plus d'une centaine de pompiers et 27 engins ont été mobilisés,
23:00 précise la préfecture.
23:02 Et un important dispositif de sécurisation des populations
23:05 a été mis en place dans la zone touchée.
23:08 Ce chiffre inquiétant à présent.
23:10 Désormais, 72% des nappes phréatiques sont sous les normes en France
23:14 contre 68% le mois dernier.
23:17 Une annonce faite par le ministre de la Transition écologique,
23:20 Christophe Béchut, qui précise que 85 communes connaissent
23:23 actuellement des pénuries d'eau,
23:25 soit une dizaine de plus qu'il y a une semaine.
23:29 Et puis, l'actualité internationale avec ces incendies meurtriers à Hawaï.
23:34 Le dernier bilan fait état d'au moins 36 morts.
23:37 L'archipel américain est actuellement touché par plusieurs départs de feu.
23:41 Des milliers de personnes ont dû être évacuées.
23:43 Les autorités précisent que certains habitants ont même dû se jeter à la mer
23:47 pour réchapper aux flammes.
23:49 Voilà pour l'essentiel de l'actualité à 20h30, Élodie.
23:52 Merci beaucoup, Soumaya.
23:54 Et on va parler maintenant du prix des médicaments.
23:56 Parce que l'an dernier, les remboursements des médicaments
23:58 ont coûté près de 26 milliards d'euros à la Sécurité sociale.
24:01 Une Sécurité sociale qui, on le sait, doit faire des économies.
24:04 Et pour cela, des hausses de prix sont à prévoir.
24:07 Dans le viseur du ministère de l'Économie, la franchise médicale
24:10 pourrait doubler l'année prochaine.
24:11 On vous explique tout avec Aminata Demphal.
24:14 Vos médicaments pourraient bientôt vous coûter plus cher.
24:18 Lorsque vous en achetez un,
24:20 l'assurance maladie vous déduit 50 centimes du remboursement.
24:23 C'est la franchise médicale.
24:25 Aujourd'hui, le gouvernement étudie la possibilité de la doubler
24:29 pour la faire passer à 1 euro.
24:31 Pour cette pharmacienne, cette augmentation peut poser problème
24:35 aux patients souffrant de pathologies chroniques.
24:37 Il y a certains patients qui peuvent avoir jusqu'à 50 boîtes par mois.
24:41 Donc 50 boîtes par mois, déjà, on leur prélève aujourd'hui 25 euros.
24:45 Donc vous imaginez, si on augmente le montant,
24:49 ça peut effectivement être une somme.
24:51 L'objectif ? Réaliser des économies et responsabiliser les patients.
24:56 Pour certains, faire payer plus cher les médicaments
24:59 pour pousser à moins consommer n'est pas nécessaire.
25:02 Je ne prends pas de médicaments pour mon plaisir.
25:05 J'ai 92 ans bientôt, alors les médicaments,
25:08 ils me sont nécessaires pour que je puisse continuer à marcher.
25:10 Si on consomme un médicament, c'est qu'on en a besoin.
25:13 Pour d'autres, cette mesure pourrait éviter le gaspillage.
25:16 On achète 30 comprimés pour peut-être une utilisation de 7 jours.
25:21 Et puis le reste, ça finit à la poubelle.
25:23 En doublant les franchises médicales, Bercy espère une économie
25:27 allant de 500 à 600 millions d'euros.
25:29 Erwan Barriot, je vous entendais réagir quand on entendait cette dame dire
25:33 "je ne prépare que des médicaments pour le plaisir,
25:35 je les prends parce que j'en ai besoin pour m'aider à marcher".
25:37 C'est vrai que dans cette réflexion, on peut comprendre la logique
25:39 de faire des économies, mais quand on dit responsabiliser les Français,
25:42 on a l'impression qu'on va tous à la pharmacie le matin en se disant
25:44 "tiens, j'achèterai bien des médicaments pendant que je fais mon shopping".
25:46 Personne ne prend des médicaments par plaisir.
25:49 Et le fait de responsabiliser le patient, c'est une vieille lune des libéraux
25:54 qui pensent que finalement, les gens choisissent d'être malades,
25:57 choisissent de vieillir aussi, et puis pourquoi pas, choisissent de mourir.
26:01 Donc c'est vraiment un manque de respect total pour les patients
26:04 qui ne choisissent jamais leur maladie.
26:07 Et on voit bien qu'aujourd'hui, les 26 milliards d'euros
26:11 dont vous parlez de déficit, ce n'est pas à la Sécurité sociale,
26:15 ce n'est pas aux Français de les payer, c'est au Big Pharma.
26:18 C'est le Big Pharma qu'il faut taxer.
26:20 Il faut encadrer aujourd'hui le prix des médicaments
26:23 qui est effectivement qui monte en flèche.
26:25 Et ce n'est pas à l'argent public de compenser les remboursements,
26:29 mais c'est le Big Pharma qui doit s'adapter aux besoins
26:32 finalement aujourd'hui des Français.
26:34 Sébastien Lignier, est-ce qu'on pourrait envisager peut-être
26:36 des solutions de bon sens ? Ce matin, par exemple,
26:38 quand on était ensemble sur ce même plateau, sur ce même débat,
26:40 vous disiez que parfois, quand vous avez un traitement,
26:42 vous avez des boîtes qui vont trop loin.
26:45 Est-ce qu'il faut avoir peut-être du cas par cas
26:47 des médicaments vraiment adaptés à la prescription ?
26:49 Dans certains pays, il y a le médicament unitaire.
26:51 C'est-à-dire qu'on achète un comprimé de Doniprane,
26:54 un comprimé de Que sais-je, etc.
26:56 Parce que en réalité, je ne suis pas vraiment d'accord
26:58 avec ce qui vient d'être dit.
27:00 Les gens ne choisissent pas d'être malades
27:02 et ne vont jamais à la pharmacie de bon cœur.
27:04 Mais de fait, il y a un gaspillage médicamentaire
27:07 qui est extrêmement élevé.
27:08 En France, c'est quasiment 20 000 tonnes par an.
27:10 Sur quel médicament, par exemple ?
27:12 C'est 20 000 tonnes.
27:13 Il n'y a pas besoin de choisir le médicament
27:14 pour comprendre 20 000 tonnes de médicaments
27:16 qui sont jetés par an.
27:17 C'est conséquent.
27:18 De fait, il y a un gaspillage.
27:19 Maintenant, la question, c'est de savoir
27:21 est-ce que la hausse des prix est souhaitable ?
27:26 Non, parce que qui va payer les pots cassés de ça ?
27:30 Evidemment, ça ne va pas être les gens aisés
27:33 qui ne vont pas forcément sentir la différence
27:35 sur leurs médicaments.
27:36 Ce ne sont pas les plus pauvres qui se sont aidés.
27:37 Ce ne sont pas non plus les étrangers
27:38 qui, grâce à l'AME, ne payent rien,
27:40 en tout cas pas leurs soins obligatoires.
27:42 C'est encore la classe moyenne.
27:44 Ce sont ces gens qui ont des traitements longue durée
27:46 qui, pour le coup, les factures peuvent être énormes.
27:48 Parce que quand on prend, et la personne le dit,
27:50 la pharmacienne le dit dans votre extrait,
27:53 c'est quand on prend 50 boîtes par semaine,
27:54 50 boîtes par semaine, ça commence à faire cher.
27:56 Et évidemment que là, on va le ressentir.
27:58 Donc la question, c'est est-ce que ce sont à ces gens
28:00 de payer la facture de quelque chose
28:02 qui, moi, je suis désolé,
28:03 implique aussi au gouvernement ?
28:04 Parce qu'il y a évidemment la question des big pharma
28:06 qui ne sont pas assez encadrés.
28:07 Mais il y a aussi la question de la perte totale
28:09 de souveraineté sanitaire de la France.
28:13 C'est-à-dire que, je l'avais dit ce matin,
28:15 et je vais le répéter,
28:16 c'est-à-dire qu'il y a 10 ans,
28:18 on était premier en termes de production
28:20 de médicaments en Europe.
28:21 Aujourd'hui, on est cinquième.
28:23 C'est-à-dire qu'on a totalement délocalisé
28:25 les usines pharmaceutiques,
28:27 notamment au début des années 2000.
28:29 On a continué au fur et à mesure
28:30 et on continue à le faire aujourd'hui.
28:32 Ce n'est pas Emmanuel Macron qui nous dit
28:33 que la réindustrialisation est sa grande priorité.
28:38 On sait très bien que ça ne va pas être le cas.
28:39 Donc, on paye aussi une campagne massive
28:42 de délocalisation d'entreprises,
28:45 d'usines qui n'ont jamais été remplacées.
28:48 Aujourd'hui, c'est ça.
28:49 On l'a vu pendant le Covid avec le masque.
28:50 On ne pouvait même pas faire nos masques.
28:52 Aujourd'hui, c'est ça.
28:53 On ne peut même pas produire nos médicaments.
28:54 Donc, ça se répercute sur les prix.
28:56 On va écouter l'avis d'un médecin,
28:58 justement, le docteur Jean-Paul Hamon,
29:00 qui donne son avis sur cette augmentation.
29:02 Écoutez-le.
29:03 C'est un impôt supplémentaire.
29:05 C'est une communication totalement démagogique
29:08 qui permet d'éviter de parler des vrais problèmes
29:12 qui sont la désertification,
29:14 le démantèlement du système de santé,
29:17 la désorganisation des soins.
29:19 Et sincèrement, personne ne s'attaque aux vrais problèmes.
29:25 Le système de santé est en train de se dégrader complètement.
29:28 Geoffroy Lejeune, est-ce que, effectivement,
29:30 c'est un nouvel impôt déguisé qui va peser,
29:33 comme vous le disiez, justement, sur ces classes moyennes,
29:36 puisque les plus riches ne verront pas l'augmentation
29:38 et les plus pauvres seront épargnés ?
29:40 Moi, je pense, oui.
29:41 Je pense, en fait, c'est assez symptomatique
29:43 de la manière dont les problèmes sont posés dans ce pays.
29:45 Dans votre sujet tout à l'heure,
29:46 on entendait que vous disiez, pardon,
29:48 que le déficit, c'était 26 milliards.
29:50 Non, le coût, pardon, c'était 26 milliards.
29:51 Et que les économies réalisées par cette mesure
29:53 qui va impacter vraiment des gens,
29:54 de manière conséquente dans leur budget,
29:56 dans un contexte qu'on connaît d'inflation, etc.
29:58 C'était 600 millions.
29:59 C'est-à-dire que pour gagner 600 millions sur 26 milliards,
30:02 on va embêter des centaines, des milliers,
30:04 voire des millions de gens.
30:05 Et c'est tout le temps comme ça, en réalité.
30:06 Je reprends l'expression "impôt supplémentaire"
30:08 de Jean-Paul Hamon.
30:09 Je pense qu'il a raison.
30:10 En fait, il faut choisir le modèle.
30:12 On ne peut pas être le pays où les gens
30:16 sont les plus taxés, imposés,
30:18 sur la valeur qu'ils produisent,
30:19 sur la richesse qu'ils produisent,
30:20 sur leur salaire, etc.
30:22 Et en même temps, celui où on arrête de rembourser
30:24 au compte-gouttes, où on augmente les impôts en permanence.
30:26 Il y a un problème.
30:27 Et moi, je pense que dans cette équation,
30:29 et cette question n'est jamais posée,
30:31 quand on est au gouvernement, on ne la pose jamais.
30:33 Dans l'équation, il y a un problème,
30:35 c'est le coût de l'État lui-même.
30:36 C'est la réforme de l'État qui n'est pas faite.
30:39 Pas la baisse des services publics,
30:41 pas la baisse des prestations sociales.
30:43 Je veux dire, il y en a certaines,
30:44 on pourrait regarder,
30:45 mais ce n'est même pas ça le sujet.
30:46 C'est ce que l'État nous coûte.
30:48 Comment l'État s'est suradministré
30:49 et comment il nous coûte de plus en plus cher
30:51 pour faire de moins en moins bien.
30:52 Cette question-là, honnêtement,
30:54 elle est évoquée parfois
30:55 pendant les campagnes présidentielles
30:56 par des candidats qui ne gagnent pas,
30:57 ou en tout cas qui n'y gagnent plus,
30:58 parce qu'elle n'est pas très populaire.
31:00 Mais je pense que tant qu'on n'aura pas fait
31:02 cet effort de réflexion-là,
31:05 et là, pour le coup, ça implique
31:06 un engagement de la nation,
31:07 donc en fait, il faut dire les choses
31:09 très clairement pendant une campagne,
31:10 on ne répondra pas à cette question.
31:11 Je le dis parce que je pense que
31:12 sur les ronds-points des Gilets jaunes,
31:13 c'était déjà ça qu'ils disaient.
31:14 Ils disaient "Où va notre pognon ?"
31:15 J'avoue, il y avait des pancartes
31:16 très régulièrement à Paris
31:17 et sur les ronds-points en province
31:18 "Où va notre argent ?"
31:19 Et ce sont des gens qui voient
31:20 le service public dans leur vie disparaître,
31:22 qui voient globalement leur train de vie
31:24 s'amenuiser, et qui voient leurs impôts
31:26 ne pas baisser du tout, et qui se demandent
31:28 comment cet argent est géré.
31:29 Je pense que c'est l'essentiel du sujet.
31:31 Et donc c'est très intéressant de voir
31:32 que cette mesure sur l'augmentation
31:34 du prix des médicaments,
31:35 déjà n'est qu'une rustine en réalité,
31:37 et en plus de ça, c'est encore quelque chose
31:38 de plus qui va impacter les gens.
31:40 Je pense qu'on ne s'en sortira pas
31:41 en posant des questions comme ça.
31:42 Quand on parle justement de services publics
31:44 qui ne fonctionnent plus ou qui ferment,
31:46 on va parler maintenant toujours de santé
31:48 des maternités, parce qu'en 20 ans,
31:49 40% des maternités de proximité
31:51 ont fermé en France, et malheureusement
31:53 le mouvement se poursuit.
31:54 Un rapport d'un professeur parisien
31:56 encourage même leur fermeture
31:57 quand elle réalise moins de 1000 accouchements
31:59 par an. On va voir l'exemple à Ancenis.
32:00 C'est une petite ville à 40 km au nord
32:03 de Nantes, en Loire-Atlantique.
32:05 La maternité qui accueille 600 mamans par an
32:07 pourrait fermer sa salle d'accouchement
32:08 au 1er novembre, tout en maintenant
32:10 en revanche la préparation et le suivi
32:12 à l'hôpital local. En cause, c'est un poste
32:14 vacant pour lequel la direction ne trouve
32:16 pas de candidat. Toute la ville s'inquiète.
32:18 Regardez les précisions de Michael Chaillot.
32:20 Impossible d'attirer de nouveaux
32:22 gynécologues obstétriciens pour pallier
32:24 un départ à la retraite, et c'est la fermeture
32:27 de la salle d'accouchement de l'hôpital d'Ancenis
32:29 qui se profile au 1er novembre.
32:31 Les conditions de sécurité ne seraient
32:33 plus réunies. Magali a donné naissance
32:35 à ses deux enfants ici.
32:37 Sa pétition pour sauver la maternité
32:39 a réuni 20 880 signatures en 3 semaines.
32:43 Neuf mois sans savoir vraiment
32:45 où je vais atterrir pour accoucher,
32:47 ce n'est pas neuf mois de grossesse paisible
32:49 mais neuf mois de stress.
32:51 Ce n'est juste pas acceptable de faire 40 km
32:53 pour aller accoucher alors qu'on a fait
32:55 toutes nos suites grossesse ici.
32:57 Première solution pour les futures mamans,
32:59 venir accoucher ici à Nantes. Pas très sérieux
33:01 d'un point de vue médical pour cet ancien
33:03 médecin du CHU, membre du comité
33:05 de défense nationale des maternités
33:07 de proximité. Quelle est la sécurité
33:09 pour une femme qui est en train d'accoucher
33:11 et qui doit faire trois quarts d'heure
33:13 ou une heure de route dans sa voiture
33:15 personnelle ou même dans une ambulance.
33:17 La sécurité n'existe pas.
33:19 Pour la CGT du CHU de Nantes,
33:21 la solution doit être trouvée
33:23 au niveau local à Ancenis.
33:25 On est une maternité qui est déjà complètement saturée,
33:27 4 600 accouchements par an.
33:29 Cela veut dire qu'aujourd'hui,
33:31 on ne sera certainement pas en capacité
33:33 de pouvoir absorber l'activité
33:35 de la maternité d'Ancenis.
33:37 Le grand gagnant de l'affaire, bien évidemment,
33:39 c'est qu'il faut être en capacité
33:41 aujourd'hui de pouvoir débourser de l'argent
33:43 pour payer des dépassements d'honoraires.
33:45 Malgré 600 accouchements par an,
33:47 la maternité d'Ancenis joue sa survie
33:49 avec des urgences déjà fragilisées.
33:51 La petite ville de 8 000 habitants
33:53 s'apparente de plus en plus à un désert médical.
33:55 Erwan Barriot,
33:57 ça illustre parfaitement ce que disait Geoffroy Lejeune.
33:59 C'est-à-dire ces Français
34:01 qui voient des services publics qui ferment,
34:03 qui n'ont pas d'autre solution.
34:05 Parce que là, on a vu qu'il y avait une pétition,
34:07 je ne sais pas si ça va vraiment aboutir à quelque chose.
34:09 Donc des personnes qui se trouvent avec une santé à deux vitesses,
34:11 qui ont la chance maintenant d'avoir une maternité à côté.
34:13 Ce n'est pas le cas. Il faut faire
34:15 beaucoup de kilomètres et puis surtout, sinon,
34:17 aller vers le privé pour ceux qui le peuvent.
34:19 Oui, la mondialisation, c'est aussi le quotidien
34:21 qui se dérobe sous nos pieds.
34:23 Les services publics les plus élémentaires,
34:25 c'est aussi simple que ça.
34:27 C'est tout ce qui faisait
34:29 notre quotidien qui s'en va.
34:31 C'est ça la mondialisation.
34:33 Le premier effet de la mondialisation, c'est ça.
34:35 Tout à l'heure, vous avez parlé
34:37 des médicaments.
34:39 On voit bien que ce n'est jamais une question budgétaire
34:41 parce que le remboursement de 600 millions
34:43 pour combler un trou de 26 milliards,
34:45 c'est vrai que c'est complètement ubuesque.
34:47 C'était pareil sur les retraites.
34:49 C'était pour gagner quelques milliards, finalement,
34:51 qu'on va demander aux gens de travailler.
34:53 Et finalement, on a l'impression
34:55 que la finalité, c'est ça en fait.
34:57 La finalité, c'est de faire travailler les gens plus longtemps,
34:59 c'est qu'ils soient moins bien soignés,
35:01 etc.
35:03 Et qu'ils aient moins et moins de professeurs.
35:05 C'est ça la finalité des gens qui nous gouvernent.
35:07 Pourquoi ? Parce qu'en faisant ça,
35:09 ils vont générer de nouveaux marchés,
35:11 ils vont ouvrir de nouveaux marchés.
35:13 On a parlé dans votre sujet de la clinique
35:15 qui va générer du capital.
35:17 Le capital, c'est ce que les libéraux
35:19 comptent comme la mesure de la richesse.
35:21 La mesure de la richesse,
35:23 on fera monter la croissance avec
35:25 l'argent qui va rentrer dans cette clinique.
35:27 Ils ont une manière différente de compter
35:29 la richesse que les gens du quotidien.
35:31 Pour eux, tout ce qu'ils demandent,
35:33 c'est pouvoir accoucher, pouvoir se soigner,
35:35 pouvoir avoir une éducation de qualité.
35:37 Des choses finalement qui ne sont pas le but du monde.
35:39 Les libéraux, ce qu'ils veulent, c'est
35:41 augmenter la richesse
35:43 produite sur un territoire.
35:45 Et donc, Emmanuel Macron
35:47 sera sûrement très heureux si
35:49 la clinique à côté génère
35:51 des millions de bénéfices.
35:53 C'est juste deux manières de voir le monde
35:55 complètement différente.
35:57 La vie des choses simples et leurs besoins,
35:59 c'est le capitalisme mondialisé.
36:01 - Vous êtes d'accord avec ce qu'il a dit sur cette vision
36:03 qui s'oppose finalement ?
36:05 - Je ne dirai pas dans des telles extrêmes,
36:07 mais je suis d'accord sur une partie
36:09 de l'analyse, sur le fond.
36:11 Déjà, ce qu'il faut dire, ce n'est pas simplement les maternités.
36:13 Évidemment, on en parle.
36:15 Mais il y a 10% des Français qui vivent
36:17 dans un désert médical.
36:19 Il y a des départements entiers
36:21 où il faut faire une heure, voire deux heures de route
36:23 pour pouvoir trouver un dentiste,
36:25 un ophtalmo, parfois même des généralistes.
36:27 C'est dans un pays développé,
36:29 dans une des plus grandes puissances mondiales.
36:31 Pendant combien de temps ? Je ne sais pas encore.
36:33 En tout cas, on l'est encore.
36:35 Geoffroy parlait tout à l'heure de la question
36:37 d'où va notre argent. Là, on est totalement
36:39 dans le thème, parce que ce n'est pas une question de moyens.
36:41 Tous les ans, dans le budget
36:43 de l'État, il y a environ 10% du PIB
36:45 qui va dans les dépenses de santé.
36:47 10% du PIB, c'est plus de 200 milliards d'euros.
36:49 L'argent, on l'a.
36:51 On est un des pays qui dépense le plus
36:53 pour sa santé publique. On l'a. La question, c'est
36:55 comment on le dépense ?
36:57 C'est là où je veux vous rejoindre.
36:59 Je pense qu'il est enfin temps,
37:01 ça fait 10 ans qu'on le dit, mais il faut déburocratiser
37:03 la question de la santé publique.
37:05 Que ce soit à l'hôpital,
37:07 que ce soit dans les ARS, que ce soit dans la gestion
37:09 globale de la santé, on a décidé
37:11 de gérer l'hôpital et la santé publique
37:13 comme une entreprise.
37:15 On a des hôpitaux aujourd'hui
37:17 où la part de dépense dans l'administration
37:19 est aussi forte que la part de dépense
37:21 dans les médecins et dans
37:23 le cadre médical.
37:25 Il faut sortir de cette vision
37:27 et c'est là où je veux vous rejoindre, Erwann.
37:29 C'est où on décide finalement
37:31 que l'hôpital est une entreprise
37:33 comme tout le monde et que donc, elle doit faire des bénéfices
37:35 ou en tout cas, pas engendrer de pertes.
37:37 Malheureusement, ça n'arrivera jamais.
37:39 Je veux dire, la santé publique française
37:41 de part notre système, moi je considère
37:43 que c'est une force et qu'il faut la préserver.
37:45 Notre système de sécurité sociale
37:47 fait qu'on ne peut pas être bénéficiaire.
37:49 C'est impossible et de toute manière,
37:51 je pense que philosophiquement,
37:53 ça n'a pas à être bénéficiaire.
37:55 La santé publique n'a pas à rapporter de l'argent.
37:57 La santé publique est là pour soigner les gens
37:59 et évidemment, je pense qu'il faut prendre,
38:01 et c'est exactement la même chose sur les retraites,
38:03 je pense qu'il faut accepter de perdre de l'argent
38:05 pour sauvegarder notre système.
38:07 Évidemment, il ne faut pas que ça devienne
38:09 une manne financière impossible.
38:11 Il faut tenter de réduire au maximum les coûts
38:13 et il y a plein de propositions qui sont faites
38:15 pour réduire les coûts et évidemment,
38:17 dans la sécurité, il y a des coûts à restreindre.
38:19 Donc la question, c'est ça,
38:21 on dépense 210 milliards d'euros par an
38:23 dans la santé publique, qu'est-ce qu'on en fait ?
38:25 Qu'est-ce qu'on fait de ces 210 milliards ?
38:27 Comment on peut dépenser 200 milliards d'euros par an
38:29 et avoir des départements en France
38:31 où il n'y a ni docteur,
38:33 ni hôpital, ou en tout cas,
38:35 ni hôpital qui soit prêt
38:37 à accueillir un certain nombre de patients,
38:39 ni gynéco, ni aucun spécialiste ?
38:41 C'est ça le vrai sujet, c'est tout.
38:43 Geoffroy Jeune, ce n'est donc pas forcément
38:45 une histoire de moyens, mais de volonté politique,
38:47 d'orientation et de priorité,
38:49 notamment sur la santé. C'est vrai pour beaucoup d'autres sujets.
38:51 Olivier Roland Oui, et puis je pense que c'est aussi...
38:53 En fait, on paye des choix qui ont été faits
38:55 il y a longtemps. C'est-à-dire que,
38:57 moi je suis frappé par deux chiffres quand même,
38:59 40 km, ça n'existe pas pour aller accoucher,
39:01 c'est impossible en fait. Donc ça veut dire que c'est des gens
39:03 qui devront aller s'installer à Nantes
39:05 pendant une semaine le temps pour attendre l'accouchement.
39:07 20 000 personnes à Ancenis,
39:09 c'est énorme, c'est vraiment énorme.
39:11 Ça concerne en gros beaucoup de monde là-bas
39:13 et c'est important de le souligner.
39:15 Et puis ensuite, quand je vous dis qu'on paye des choix,
39:17 des conséquences de choix faits il y a longtemps,
39:19 c'est que tout ça part du problème
39:21 de la pénurie de médecins et de la désertification médicale
39:23 parce que les gens ne veulent pas aller, les médecins ne veulent pas aller.
39:25 Ça veut donc dire que, à cause du
39:27 numerus clausus, qui est censé être supprimé à l'heure où on parle,
39:29 à cause du numerus clausus, en fait, il y a des petits garçons
39:31 ou des petites filles d'Ancenis
39:33 qui n'ont pas eu l'idée, qui n'ont pas voulu
39:35 parce que c'était trop inaccessible, aller étudier
39:37 la médecine pour ensuite revenir s'installer dans leur village.
39:39 Et ça, c'est quelque chose...
39:41 Avant de remonter cette pente,
39:44 il faudra énormément de temps
39:46 pour que ces endroits se désertent.
39:48 La conséquence directe de toute cette équation,
39:50 c'est que vous allez habiter en ville
39:52 parce que finalement, là-bas, vous avez tout
39:54 et qu'à la campagne, c'est impossible.
39:56 Donc du coup, l'enchaînement, la logique,
39:58 c'est que ça continue de pire en pire.
40:00 Et si vous voulez inverser la tendance,
40:02 il y a eu un débat intéressant pendant la campagne présidentielle,
40:04 à un moment, j'ai essayé de m'intéresser à ce genre de choses,
40:06 sur comment justement lutter contre les déserts médicaux,
40:08 est-ce qu'il faut faire des maisons de santé,
40:10 comment on incite des médecins à revenir, etc.
40:12 Personne n'avait vraiment de réponse concrète,
40:14 de solution de miracle.
40:16 Et je ne crois pas que ça existe nulle part d'ailleurs,
40:18 mais en fait, ça va être un des sujets énormes
40:20 dans les années qui viennent, il va falloir vraiment s'y intéresser.
40:22 Sinon, en fait, on aura des hansnis partout en France, partout.
40:25 On va terminer avec un sujet un petit peu plus léger,
40:28 quoique qui fait polémique.
40:30 On va parler d'une salade de pommes de terre aux harangs,
40:32 mais pas n'importe laquelle, celle de Fabien Roussel.
40:34 On va regarder d'abord la séquence qu'il a postée
40:36 sur les réseaux sociaux et ensuite,
40:38 il explique pourquoi ça fait polémique.
40:40 La recette d'une bonne salade de harangs.
40:42 D'abord, un oignon rouge,
40:44 des pommes de terre,
40:46 du harang, je vais mettre une petite tomate de Crimée,
40:49 parce qu'elles sont excellentes,
40:51 et on va la préparer ensemble.
40:53 D'abord, c'est éplucher l'oignon et le couper finement.
40:56 Ensuite, couper le harang finement,
41:02 des morceaux comme un petit doigt.
41:04 Voilà.
41:06 Ensuite, ajouter les pommes de terre.
41:22 Il ne faut pas qu'elles soient trop cuites,
41:24 sinon elles s'éclatent.
41:26 Il faut des bonnes pommes de terre.
41:28 Et voilà.
41:30 Il suffit ensuite de mélanger délicatement.
41:33 Et vous la laissez reposer
41:35 une heure avant de servir à température ambiante.
41:38 Il faut dire à Fabien Roussel que moi,
41:40 on m'a mis la recette devant les yeux
41:42 et il a oublié l'assaisonnement.
41:44 Il faut aussi de la moutarde, du sel et du poivre.
41:46 Ça semble insignifiant, cette vidéo,
41:48 mais depuis, sur Twitter, on lui reproche
41:50 d'être méprisant avec les gens qui font du camping
41:52 parce que ça est tourné dans un camping.
41:54 On le compare à Patrick Chirac du film "Camping".
41:57 On explique que sa montre vaudrait beaucoup trop cher
41:59 pour se rendre dans un camping.
42:01 Et François Lejeune a un côté un peu ridicule
42:03 sur les réseaux sociaux.
42:05 Il y a eu beaucoup de réactions,
42:07 y compris sous sa propre publication.
42:09 La vidéo semble plutôt anodine, plutôt bon enfant.
42:11 - Je suis d'accord.
42:13 Les réseaux sociaux sont devenus
42:15 le théâtre de tous les acharnements.
42:17 Je ne comprends pas les gens
42:19 qui passent du temps pour s'énerver.
42:21 On est en plein mois d'août, faites autre chose.
42:23 Je la trouve assez sympathique, cette vidéo.
42:25 Je ne suis pas communiste, c'est important.
42:27 Mais dans ce rôle de personnage
42:29 qui assume ce que notre monde moderne trouve ringard,
42:31 dépassé,
42:33 presque même parfois scandaleux
42:35 quand il s'agit de manger de la viande rouge,
42:37 il joue cette partition.
42:39 Je note qu'il est passé de 1% d'intention de vote
42:41 dans les sondages
42:43 à un score autour de 5% à la présidentielle.
42:45 En jouant uniquement cette carte-là,
42:47 il était audible du grand public.
42:49 Il faut arrêter de mépriser les gens qui vont au camping.
42:51 Je pense qu'il est vraiment comme ça.
42:53 Je ne pense pas qu'il se permettrait
42:55 ce genre de mise en scène si ce n'était pas son mode de vie.
42:57 Ça demande beaucoup d'efforts s'il fait une fausse salade
42:59 de hareng dans un faux camping juste pour une vidéo.
43:01 Je n'ose y croire,
43:03 ce serait un peu grave.
43:05 Par contre, je pense que c'est un peu révoltant
43:07 pour une partie de notre petite élite
43:09 politico-médiatique de constater
43:11 que l'un des siens, puisqu'il fait partie
43:13 de l'élite politique, vit comme ça.
43:15 Je trouve ça plutôt sain.
43:17 Sébastien Ligné, je vous voyais un peu hésiter
43:19 quand Geoffroy Jeune disait "il est sincèrement comme ça".
43:21 Je pense qu'il y a une partie
43:23 qui est vraie. On n'invente pas
43:25 un personnage comme ça, ou alors dans ce cas-là,
43:27 il est vraiment très très fort.
43:29 Mais j'ai quand même l'impression qu'il tombe
43:31 un petit peu de plus en plus dans la caricature du personnage
43:33 qu'il a façonné depuis maintenant
43:35 un an et demi, deux ans. C'est vrai que ça lui a permis
43:37 de faire ça lui a donné une médiatisation
43:39 qu'il n'avait pas. Ça a donné au Parti communiste
43:41 une visibilité qu'il avait
43:43 perdue depuis un moment.
43:45 On le voit dans les sondages que ça...
43:47 Aujourd'hui, c'est la personnalité politique
43:49 de gauche préférée des Français.
43:51 Certes, c'est très bien. Maintenant,
43:53 de l'extérieur, de droite, ça peut faire rire
43:55 parce qu'on voit ce personnage
43:57 qui va au camping, qui aime la bonne viande,
43:59 qui parle du barbecue,
44:01 qui fait ses recettes. Moi, ça me fait rire
44:03 et ça me parle.
44:05 Maintenant, je ne sais pas ce que ça...
44:07 Il est aussi sur les questions, par exemple, qui fracturent
44:09 en ce moment la gauche, sur les questions notamment d'islam,
44:11 il est quand même plus courageux que la moyenne.
44:13 En tout cas, il n'est pas dans l'islamo-gauchisme
44:15 de la nupes.
44:17 Il y a aussi d'autres questions. Le nucléaire,
44:19 c'est un communiste à l'ancienne
44:21 de l'époque de ceux qui s'alliaient
44:23 avec le général de Gaulle. Moi, ça me parle, j'avoue.
44:25 Mais de fait, tout cela,
44:27 c'est vrai, mais c'est éclipsé
44:29 par ce personnage-là.
44:31 Quand on parle de Fabien Roussel, on parle du barbecue,
44:33 on parle de ça, et on ne parle pas du fond de son sujet
44:35 parce que de fait, ce personnage-là,
44:37 ça n'est pas un projet politique
44:39 en tant que tel.
44:41 C'est très bien d'être populaire, mais si le but,
44:43 c'est d'être populaire auprès des gens de droite
44:45 qui ne voteront jamais pour lui,
44:47 parce que c'est ça, sa popularité, il la tient aussi
44:49 de gens comme moi, comme
44:51 l'électeur de Valeurs Actuelles peut-être,
44:53 qui le trouvent sympathique, qui redonnent
44:55 la parole et qui reprend
44:57 à gauche une place que la gauche
44:59 avait délaissée, très bien, mais
45:01 il est populaire auprès de gens qui ne voteront jamais pour lui.
45:03 Je dis simplement qu'électoralement,
45:05 il a fait 2,5 % à Présentiel,
45:07 ça ne porte pas.
45:09 On va voir ce qu'il va faire.
45:11 C'est vrai que les gens ne votent pas pour la personne
45:13 qui trouve le plus sympathique.
45:15 On se souvient qu'Olivier Besancenot,
45:17 dans un genre complètement différent,
45:19 a été jugé très sympathique par une majorité
45:21 de Français et qu'il n'a jamais fait
45:23 des scores mirobolants.
45:25 Je pense que pour comprendre cette vidéo, il faut aussi
45:27 comprendre que c'est une sorte d'anti-quinoa
45:29 de Mélenchon. Vous vous souvenez quand
45:31 Jean-Luc Mélenchon s'était filmé en faisant
45:33 la recette du quinoa ?
45:35 Parce que dans sa tête, il se dit
45:37 à chaque fois "comment je vais faire pour me démarquer
45:39 de Jean-Luc Mélenchon ?" C'est son obsession,
45:41 matin, midi et soir, et donc
45:43 il était au camping avec
45:45 sa famille. Et je pense que c'est
45:47 authentique, parce que pour
45:49 voir un petit peu son mode de vie, je peux vous dire
45:51 que je suis quasiment certain que c'est
45:53 le vrai camping où il va avec sa famille.
45:55 Mais c'est authentique, il en joue. Il en joue un petit peu, il en rajoute,
45:57 mais en tout cas, voilà. Et il a eu cette idée-là,
45:59 il s'est dit "bon, je vais faire
46:01 l'inverse de Mélenchon avec son quinoa, moi je vais
46:03 pas prendre une recette de Bobo,
46:05 je vais prendre une vraie recette Populo,
46:07 et donc ça va être cette recette-là".
46:09 Et donc, effectivement,
46:11 il le fait, ça fonctionne,
46:13 il incarne une gauche populaire.
46:15 C'est vrai qu'il parle pas de ses propositions,
46:17 mais en même temps, il va pas dire au milieu de la recette
46:19 "on va taxer le capital". - Oui, au milieu de la recette de Haren,
46:21 c'est compliqué. - Mais le personnage a éclipsé
46:23 ses autres propositions, qui sont de fait, qui peuvent être intéressantes.
46:25 - On est dans un système tellement médiatique
46:27 où l'incarnation est tellement importante
46:29 que les deux vont de pair.
46:31 Si on fait comme
46:33 l'huite ouvrière et qu'on
46:35 fait que les propositions sans l'incarnation,
46:37 ça marche pas non plus. Donc il veut incarner cette gauche
46:39 populaire, il veut revenir à une époque,
46:41 effectivement, où le PC s'alliait avec les communistes,
46:43 y compris, s'alliait avec
46:45 de Gaulle, et ensuite, à l'époque, marchait.
46:47 Mais c'est un type sympathique,
46:49 et je peux vous assurer qu'aujourd'hui,
46:51 si le créneau populaire n'était pas déjà pris par Marine Le Pen,
46:53 il ferait un score bien meilleur
46:55 que celui qu'il a fait à la fin ancienne. - Merci beaucoup Erwan Barilho.
46:57 Merci à tous les trois d'avoir été mes invités.
46:59 Je rappelle aussi votre livre "Erwan Barilho,
47:01 moi, Oméga", qu'on voit
47:03 justement à l'antenne. Merci à tous ceux qui m'ont aidé
47:05 à préparer cette émission. Sébastien Quaquineau,
47:07 qui est en tapio et en régie, Arnold Cara,
47:09 la réalisation, Pierre-Maurice à la vision, et Nicolas
47:11 au son. Tout de suite, c'est Soir Info, vous retrouvez
47:13 Barbara Clin et ses invités.
47:15 [Musique]

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