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Julien Bayou, député EELV, était l'invité du "8h30 franceinfo" le 2 août 2023.

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Transcription
00:00 Nous sommes le 2 août et c'est ce qu'on appelle le jour du dépassement,
00:03 c'est-à-dire que nous allons consommer jusqu'à la fin de l'année.
00:05 Ce que nous allons consommer, la planète ne peut le générer à nouveau.
00:09 Ce moment intervient cinq jours plus tard que l'année dernière.
00:13 Est-ce que vous saluez ce petit progrès ?
00:15 - Non, non, ce n'est pas un progrès du tout.
00:17 Et il y a cinq ans, on était à peu près au même niveau au 1er août.
00:21 Et pour la France, c'est le 5 mai.
00:23 Cet indicateur, il est pédagogique.
00:27 Comme vous l'avez dit, la nature ne peut pas régénérer tout ce qu'on consomme.
00:31 Et ça permet d'indiquer qu'il nous faudrait plusieurs planètes que nous n'avons pas
00:34 si on ne change pas de mode de vie.
00:36 Mais aujourd'hui, cet indicateur, quelque part, il a servi longtemps pour lancer l'alerte.
00:41 Il a servi longtemps pour être pédagogique.
00:43 Moi, vraiment, j'aimerais insister sur les solutions,
00:45 parce que j'ai l'impression que c'est maintenant massif.
00:48 Les scientifiques ou le Quidam, comme moi, qui regarde un petit peu,
00:52 on voit que le dérèglement climatique est engagé.
00:55 Les effets les plus spectaculaires se déroulent sous nos yeux.
00:59 Les chaleurs extrêmes, des inondations, les rivières de glace en Italie,
01:03 les incendies fous en Grèce.
01:06 Et donc, vraiment, l'enjeu n'est plus tellement d'alerter, d'interpeller,
01:09 même si l'indicateur, il est utile, mais de passer aux solutions.
01:12 Et il y en a.
01:14 C'est ça, la bonne nouvelle, qui consomme moins.
01:16 Je pense, par exemple, au fait de peindre les toits en blanc.
01:18 Ça s'appelle l'effet albédo.
01:20 Ça peut paraître étonnant.
01:22 - Vous vous êtes battu pour ça, d'ailleurs.
01:23 - C'est quelque chose qui est très impressionnant.
01:26 Une école où on a peint les toits en blanc, l'école Louis Blanc dans le 10e,
01:29 ça ne s'invente pas.
01:30 La température, c'est 5 degrés en moins pour les élèves au plus chaud.
01:34 Et donc, pas besoin de clim, un meilleur confort.
01:37 Eric Piolle, à Grenoble, le fait sur sa ville.
01:41 Il faut pouvoir massifier ce type de solutions qui coûtent très peu,
01:45 qui sont économes en énergie et qui permettent de lutter contre les morts
01:49 de la chaleur.
01:50 Il y a plus de morts liées à la chaleur que liées à la route.
01:54 Et donc, on a des flashs sur le nombre de morts sur les routes,
01:57 mais on n'a pas les flashs sur le nombre de morts de sécheresse
02:00 ou de forte chaleur.
02:01 - Donc, Julien Baillou, vous êtes plutôt d'accord avec le nouveau patron
02:08 du GIEC, un spécialiste des énergies durables, qui dit qu'il faut
02:13 proposer à l'humanité, pas seulement des discours un peu catastrophiques
02:17 qui font peur, mais aussi des solutions positives.
02:22 - Oui, ça a été longtemps le dilemme des écologistes.
02:25 Moi, j'ai été longtemps porte-parole de ce parti Europe Écologie
02:27 Les Verts.
02:28 On arrivait en se disant, le jour du dépassement, on aura une toute
02:31 petite fenêtre d'attention dans la population pour alerter.
02:34 Je pense vraiment que maintenant, entre guillemets, c'est l'âge de fer
02:38 maintenant pour les écologistes.
02:39 Les maires écologistes, partout où ils peuvent, ils agissent.
02:42 C'est à Strasbourg, au Jeanne d'Arzillon, les cours d'école,
02:45 vous voyez, on les transforme, on débitume, on met de la pleine terre,
02:49 on met des arbres pour de la fraîcheur pour les élèves.
02:52 Puis parce que ça permet d'éviter des îlots de chaleur dans toute
02:56 la ville, c'est à Bordeaux, la métropole rafraîchissante.
02:58 Vous avez ce type de solution à massifier.
03:01 Et moi, ce qui me navre, c'est que maintenant qu'il y a un consensus
03:05 scientifique, maintenant que la population est prête, quand la
03:08 population a vécu dans sa chair la canicule, elle est prête.
03:12 Quand on a vécu l'été dernier les incendies en Gironde ou même
03:16 dans les monts d'Arrée en Bretagne.
03:17 Bon, maintenant, comment est-ce qu'on bascule sur les solutions ?
03:20 Et on a un gouvernement à l'arrêt.
03:22 - Justement, vous avez remarqué que la météo, ces temps-ci, était un
03:25 petit peu autonale en France, assez différente de celle de l'été
03:28 dernier que vous venez d'évoquer.
03:29 C'est plus difficile de porter votre message quand l'été n'est pas caniculaire ?
03:33 - Non, écoutez, non, parce qu'en fait, déjà, il ne faut pas confondre
03:35 météo et climat.
03:36 Malheureusement...
03:37 - Mais dans l'esprit des gens, vous ressentez peut-être un peu plus
03:41 de scepticisme sur le réchauffement climatique ?
03:43 - Non, vous savez, moi, j'ai vu des personnes extrêmement marquées
03:47 par les incendies en Grèce, par exemple.
03:49 Des personnes qui pensaient y partir, prendre leurs vacances en Grèce
03:52 et qui ont annulé en se disant "mais qu'est-ce que c'est que cet endroit
03:56 à Rode où on est obligé de faire appel quasiment à l'armée pour évacuer ?"
04:00 Non, je pense que les images de partout nous ont marqué.
04:04 Vous voyez, chacun est interpellé à sa manière et selon sa façon.
04:10 Des amis aux Pays-Bas qui ont vu des inondations monstres il y a
04:14 quelques années, évidemment, en restent encore marqués.
04:16 Donc moi, je ne compte pas sur un épisode de plus ou de moins.
04:20 Il y a un effet du cliquet.
04:22 Vraiment, je crois qu'on comprend maintenant.
04:25 Vous voyez, quand on disait "la ville à 50 degrés, il faut pouvoir
04:29 s'y préparer", ça pouvait sembler un peu abstrait.
04:32 Paris est une, malheureusement, par exemple, pour parler de Paris,
04:36 est une des villes où les canicules peuvent être les plus mortelles.
04:41 Eh bien, nous demandons au gouvernement un plan pour rénover massivement.
04:46 Ce n'est pas du confort en été, c'est de la survie.
04:48 En tout cas, c'est comme ça que le présente la Fondation Habit Pierre.
04:50 Et donc, voilà ce que nous proposons, nous, députés écologistes.
04:53 Agir massivement, rénover, désillot de fraîcheur, pouvoir s'équiper
04:57 en persienne, en volet, peindre en blanc là où c'est possible,
05:00 débitumer.
05:01 Ça pouvait sembler complètement fantasque il y a dix ans.
05:05 Je crois qu'aujourd'hui, on doit prendre ça au sérieux et nous
05:09 reviendrons à la charge du projet de loi de finances parce que vous l'avez dit,
05:11 j'avais proposé ce plan pour peindre en blanc partout où c'était possible.
05:13 Techniquement, il ne s'agit pas de peindre des cathédrales en blanc,
05:16 mais les toits plats, les toits des Ehpad, par exemple.
05:19 Aujourd'hui, c'est concret et c'est urgent.

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