Fronde des policiers : Emmanuel Macron "a lâché la police en rase campagne", dénonce le député RN Laurent Jacobelli

  • l’année dernière
Laurent Jacobelli, député de Moselle et porte-parole du Rassemblement national, était l'invité du "8h30 franceinfo" le lundi 31 juillet 2023.
Transcript
00:00 Le mouvement de colère des policiers contre le placement en détention provisoire d'un des leurs à Marseille se poursuit.
00:08 Certains utilisent des arrêts maladie. Est-ce que vous trouvez ça normal ?
00:12 Je n'ai pas à juger leur action.
00:14 En revanche, je crois qu'il faut qu'ils fassent attention, si je peux me permettre,
00:17 je n'ai pas de conseil à donner, à ce que le lien privilégié qu'il y a entre les Français et la police demeure,
00:21 ce lien de confiance. Trois quarts des Français soutiennent leur police.
00:24 Je dis d'ailleurs, entre parenthèses, que 70% des Français ne font pas confiance à Emmanuel Macron
00:29 pour rétablir l'ordre. Donc il faut que ce lien persiste, à eux de voir comment il faut faire.
00:33 En revanche, je crois qu'on ne peut pas ne pas comprendre la colère des policiers.
00:37 Imaginez, ils ont été la digue qui a stratégié...
00:39 Mais sur ce point précis, respectez les règles du jeu.
00:42 Le gouvernement a lancé avant l'été justement une campagne de lutte contre les arrêts maladie abusifs.
00:47 Est-ce que là, il doit y avoir des sanctions ? Même des médecins s'en émeutent.
00:50 Mais vous savez, partir du principe que tous ces arrêts maladie sont faux est déjà un postulat.
00:55 Quand on sait que beaucoup de policiers souffrent... - Des médecins en témoignent.
00:59 - Beaucoup de policiers souffrent. Il y a, selon une étude récente, un policier sur quatre qui a déjà songé au suicide.
01:05 Imaginez ces gens qui ont défendu la République. Les policiers, les gendarmes aussi.
01:08 D'ailleurs, certains pompiers, face à des hordes de jeunes qui voulaient brûler les mairies, les écoles.
01:15 Ils ont fait ça parfois au risque de leur vie. Leur famille est parfois menacée.
01:20 Tout ça pour un salaire qui n'est quand même pas glorieux, malheureusement, qui est sous-valorisé.
01:25 Tout ça pour une reconnaissance de l'autorité suprême qu'est le président de la République pour le moins évanescente.
01:33 Il faut comprendre qu'ils ont parfois du vague à l'âme.
01:36 Aujourd'hui, on est dans un pays où il est plus compliqué de maintenir l'ordre que de le détruire et de l'attaquer.
01:40 Où il n'y a plus de condescendance envers des voyous qui veulent attaquer la République
01:44 qu'il n'y a de compréhension envers des policiers qui la protègent.
01:47 C'est une inversion des valeurs que les Français ne tolèrent pas et évidemment les policiers encore moins.
01:52 Donc un soutien à la police et je tiens à dire que le président de la République,
01:55 qui dès qu'il a appris la mort du jeune Nahel de 17 ans, a tout de suite condamné le policier
02:00 avant même de savoir ce que la justice allait décider, en disant que c'était inexcusable et inexplicable,
02:06 a une part de responsabilité. Il a lâché la police en Reims-Campagne
02:10 comme quand il avait dit auprès de vos collègues de Brut qu'il y avait une violence systémique dans la police.
02:16 Ce n'est pas tolérable.
02:17 Le policier placé en détention provisoire à Marseille, soupçonné d'avoir participé à l'agression du jeune Hedi,
02:25 sera fixé sur son sort jeudi. Est-ce que vous, vous souhaitez qu'il soit remis en liberté ?
02:30 Je ne connais pas le fond de l'affaire, c'est toujours délicat.
02:34 Moi ce que je trouve étonnant, c'est qu'un policier soit présumé coupable, par principe, au lieu d'être présumé innocent.
02:41 Vous savez, nous au Rassemblement national, nous sommes pour la présomption de légitime défense.
02:44 Donc quand Gérald Darmanin dénonce la présomption de culpabilité des policiers, vous lui donnez le point ?
02:52 Quand il reprend nos termes, je ne vais pas dire qu'il a tort,
02:55 parce que c'est lui qui prononce les mots que nous avons prononcés avant.
02:57 Simplement, il faut savoir que les policiers doivent et peuvent faire usage de la force.
03:02 Malheureusement, on n'arrête pas les émeutes avec un sourire et une chanson.
03:05 Parfois, l'usage de la violence est nécessaire pour protéger les lois de la République.
03:09 Et donc parfois, l'usage de la force demande en quelques secondes des arbitrages,
03:13 qui sont parfois pas forcément les bons.
03:15 Mais il doit y avoir en tout cas une présomption de légitime défense,
03:18 jusqu'à preuve du contraire.
03:19 Si évidemment, il est prouvé que le policier a fait usage de la force...
03:21 - Alors là, Eddy raconte, en tout cas, qu'il a croisé des policiers qui l'ont agressé.
03:27 C'est effectivement sa version.
03:28 - C'est sa version. J'imagine qu'il y a aussi une version des policiers.
03:31 Ce sera au juge d'arbitrer.
03:34 Nous avons la chance d'être dans un pays où la police est contrôlée
03:36 et où les policiers qui font acte de comportement délictueux sont condamnés.
03:41 C'est très bien. Mais il ne faut pas partir du principe que les policiers sont des coupables
03:45 et que les victimes et que les voyous sont des innocents.
03:47 Parce que ça, c'est la vision de la France insoumise
03:49 et ce n'est clairement pas la vision que nous voulons pour la France.
03:51 - Le syndicat majoritaire de la police, Alliance,
03:53 estime qu'un policier sans condamnation n'a pas sa place en prison.
03:56 Vous êtes d'accord avec ça ?
03:57 - Sur le principe, on peut le comprendre.
04:00 Dans le cadre de sa mission, bien évidemment,
04:01 un policier qui aurait des activités de blanchiment d'argent à côté de sa profession,
04:06 évidemment, lui, est un justiciable qui doit évidemment être traité comme cela.
04:11 Mais par principe, un policier utilise la force.
04:15 Il est le seul d'ailleurs à pouvoir utiliser la force républicaine avec les gendarmes.
04:19 Et donc, on peut partir du principe qu'il le fait légitimement.
04:22 Une fois encore, vous me demandez de me prononcer sur un cas que je ne connais pas.
04:26 Mais naturellement, spontanément, on peut imaginer qu'effectivement,
04:30 un policier ne doit pas être immédiatement envoyé en prison dès qu'il y a suspicion.
04:34 Vous savez, on a vu beaucoup de jeunes attaquer des mairies,
04:37 mettre le feu à des voitures de police.
04:38 On voit un certain nombre de criminels ou de délinquants
04:42 qui ne sont pas mis en prison, qui partent chez eux avec un bracelet électronique.
04:45 Une fois encore, cette justice faible avec les voyous et dure avec les policiers
04:51 nous semble un petit peu anachronique.
04:53 Mais Laurent Jacobelli, vous évoquiez le lien de confiance entre les Français et leur police.
04:58 Est-ce que ce n'est pas le pire service à rendre à la police, justement,
05:02 que de laisser penser qu'il y aurait une justice à deux vitesses ?
05:05 Personne ne dit ça.
05:06 En tout cas, moi, je ne l'ai pas dit, ou si c'est ce que vous avez compris,
05:09 c'est que je suis mal exprimé.
05:10 - Détention provisoire possible pour certains et pas pour d'autres.
05:12 - Une fois encore, il n'y a pas une justice à deux vitesses.
05:15 Mais c'est vrai que si demain, vous, vous faites usage d'une arme à feu dans la rue
05:18 contre quelqu'un, vous serez évidemment immédiatement arrêté.
05:22 Ce n'est pas la même chose pour un policier,
05:24 parce qu'on part du principe qu'il peut faire usage d'une arme pour défendre la République.
05:28 - Dans d'autres professions, on peut commettre des fautes qui peuvent conduire à une détention provisoire.
05:33 - Et je vous le redis, qu'un policier qui a commis une faute,
05:36 notamment qui aurait fait l'usage de la force sans raison,
05:38 de manière disproportionnée, doit et peut être condamné.
05:42 En revanche, partir du principe qu'un policier qui a utilisé la force l'a fait à mauvaise ession,
05:49 c'est, je crois, un détournement de nos règles.

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