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La série " Histoire de gangs " retrace l'ascension du crime organisé dans de grandes villes. De Londres à Manchester, en passant par New-York, Tijuana et bien d’autres encore, les syndicats du crime et les gangs prolifèrent. Chaque épisode étudie l’interaction entre l’histoire sociale et le banditisme d’une ville en particulier. Au cours d’entretiens, gangsters et caïds, victimes et hommes de loi apportent leurs témoignages sur ce monde souterrain. Plongez dans ce monde brutal qui a instigué la violence dans les mégapoles de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis et du Mexique.

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00:00 New York, dans les années 1970.
00:02 Les États-Unis accueillent une vague d'émigrés russes qui fuient le régime soviétique.
00:06 Mais des criminels se dissimulent parmi eux, déterminés à accomplir le rêve américain, à leur façon.
00:12 Je lui ai dit, si tu me paies pas, je te tue.
00:18 Il s'associe à la mafia italo-américaine pour monter une opération lucrative de fraude aux taxes sur les carburants.
00:24 On mettait entre 8 et 10 millions de dollars par semaine à la banque.
00:29 Ces groupes criminels deviennent rapidement des organisations internationales impliquées dans le trafic de drogue, de femmes et d'armes.
00:36 Après l'effondrement du bloc soviétique en 1991,
00:39 New York voit déferler une nouvelle vague de délinquants russes spécialisés dans la criminalité en col blanc.
00:44 C'était un criminel dans l'âme. Il voulait se faire un nom. Il voulait être le numéro 1 à Brooklyn.
00:50 C'est seulement lorsqu'une guerre des gangs met la ville à feu et à sang que les autorités fédérales prennent la mesure de la situation.
00:57 Sauront-elles empêcher la mafia russe de s'implanter en Amérique ?
01:01 Mai 1972.
01:12 La visite historique du président américain Richard Nixon à Moscou marque le début de la détente,
01:17 une période d'apaisement dans les tensions de la guerre froide.
01:22 Conséquence directe de ce dégel, l'Union soviétique autorise plusieurs milliers de ressortissants juifs à émigrer.
01:28 Beaucoup partent aux Etats-Unis.
01:31 Hier, à l'aéroport JFK, 600 juifs russes ont été autorisés à entrer aux Etats-Unis en vertu des nouvelles lois sur l'immigration.
01:39 En 10 ans, quelques 40 000 réfugiés soviétiques s'installent à Brighton Beach,
01:44 un quartier ouvrier majoritairement juif à la pointe sud de Brooklyn.
01:51 Attirés par les petits loyers et la proximité de l'océan,
01:54 les émigrés surnomment l'endroit Little Odessa parce qu'il leur rappelle les ports de la mer Noire.
02:01 Parmi les gens qui ont fui l'oppression communiste, un certain Boris Neffield.
02:06 Je rêvais d'aller en Amérique parce que je pensais que c'était le pays de la liberté,
02:12 le pays de la démocratie.
02:17 À Little Odessa, véritable microcosme de la Russie,
02:20 les enseignes sont en cyrillique et les épiceries vendent du caviar et d'autres spécialités russes.
02:26 Mais les dirigeants soviétiques ont une idée derrière la tête.
02:30 Le KGB profite de l'occasion pour vider les goulags, les redoutables prisons russes de leurs criminels les plus endurcis.
02:38 Ces derniers se mêlent discrètement au flot des réfugiés pour entrer sur le territoire américain
02:42 sans attirer l'attention des services d'immigration.
02:49 Après avoir été peintre en bâtiment et chauffeur de taxi,
02:53 Boris Neffield décide de réaliser son rêve américain.
02:58 J'ai cambriolé des synagogues. J'ai cambriolé des églises. J'ai cambriolé des appartements.
03:07 J'ai fait beaucoup de choses par honneur.
03:11 Lorsqu'un autre gangster tarde à lui rembourser de l'argent, il n'hésite pas à agir.
03:17 Je lui ai mis un pistolet sur la tempe et je lui ai dit "si tu me paies pas, je te tue".
03:27 Il a payé.
03:31 La réputation de Neffield parvient aux oreilles d'un parrain du crime russe,
03:35 Evsei Agron, dit "le petit don".
03:39 Agron a entendu parler de cette histoire.
03:42 Il m'a dit "Boris, viens me voir, je veux te parler".
03:46 On a commencé à travailler ensemble.
03:50 En URSS, Evsei Agron purgeait une peine de prison pour meurtre.
03:54 Au goulag, il a été intronisé "vorvezakionné", voleur dans la loi,
03:59 rejoignant ainsi l'aristocratie des criminels russes.
04:04 Les voleurs dans la loi sont comme des parrains.
04:09 Ils ont chacun une équipe.
04:12 Ce sont des chefs.
04:15 Autrefois, ils étaient couronnés en prison, dans les goulags.
04:19 Ils faisaient office de juges et réglaient les désaccords entre les détenus.
04:26 Le voleur dans la loi obéit à des principes très stricts
04:29 et il porte des étoiles tatouées sur les épaules pour indiquer son statut.
04:34 Étant lui-même un ancien gangster, Manichulpaiev connaît tout ça par cœur.
04:40 Il est sacré. Il porte ces étoiles parce qu'il a suivi toutes les règles.
04:46 Ce qu'on a cogné, c'est la règle, la loi.
04:48 C'est donc un voleur dans les lois du code criminel.
04:53 Agron enseigne à Neffield ce fameux code.
04:58 Il m'a tout appris sur les règles criminelles.
05:01 Quand on est un bandit, il faut se conformer aux règles.
05:06 Il le charge d'extorquer une taxe de protection aux commerçants d'origine russe.
05:12 Neffield envoie d'abord ses hommes faire du grabuge.
05:16 Ils déclenchaient une bagarre et criaient.
05:21 Ça faisait fuir les clients.
05:25 Ça s'appelle une arnaque, "katchele" en russe.
05:28 On crée le problème.
05:31 C'est du théâtre.
05:33 Désemparés, les commerçants font alors appel à Neffield.
05:38 Ils venaient me voir en disant "aide-nous, Boris".
05:41 D'accord.
05:44 La protection leur coûte entre 10 et 15% de leur chiffre d'affaires.
05:50 D'après la police, ce racket rapportait à Agron 50 000 dollars par semaine.
05:59 Mais le parrain russe veut accroître son empire.
06:03 Il décide de s'attaquer à des gangs rivaux.
06:06 Sa cible principale est Mikhail Markovits, un personnage haut en couleur surnommé "le Scarface juif".
06:13 Millionnaire, Markovits est impliqué dans un trafic particulièrement lucratif.
06:18 Il possède plusieurs stations-service qui collectent une taxe sur chaque litre de carburant vendu.
06:23 Sauf qu'au lieu de reverser l'argent à l'État, il l'empoche.
06:27 Et lorsqu'il essaye de remonter la piste administrative,
06:30 le fisc se heurte à une chaîne complexe de sociétés-écran et de documents qui ne mènent nulle part.
06:37 Un montage financier qui empêche l'identification du mauvais payeur.
06:42 Décembre 1982.
06:45 Menacé par Evsei Agron, Markovits se tourne vers Michael Franchise, un mafieux membre de la famille Colombo.
06:53 Un de mes hommes m'a annoncé que les Russes qui géraient la fraude sur le carburant avaient des problèmes.
06:59 C'est comme ça que j'ai découvert leur existence. Je n'avais jamais eu affaire à eux.
07:04 Franchise contrôle déjà la plus grande partie des stations-service de New York.
07:08 Mais c'est une opportunité qu'il ne veut pas manquer.
07:11 J'ai bien vu que ce n'était pas des petits voyous, mais des types sérieux.
07:18 J'ai pensé qu'il serait plus avantageux de m'associer avec eux, plutôt que de me débarrasser d'eux pour tout récupérer.
07:26 Conscient de ce que peut lui rapporter cette alliance, il fournit à Markovits des gros bras pour le protéger contre son rival.
07:35 Il m'a dit "ce type est fou". J'ai répondu "t'en fais pas, on sera plus fous que lui".
07:40 L'Italien est un âpre négociateur.
07:43 On a fait 75% pour nous et 25% pour lui. Il a renaclé, mais je lui ai dit "c'est à prendre ou à laisser".
07:53 Et il a pris.
07:55 Cet accord propulse la mafia russe jusqu'aux échelons supérieurs du crime organisé américain.
08:03 La nouvelle alliance Franches-Markovits contrôle environ 600 stations-service à travers New York.
08:10 Ils ont beaucoup développé la fraude sur le carburant. Ils vendaient en très grande quantité.
08:16 À son apogée, l'organisation des deux partenaires écoule près de 500 millions de litres d'essence par mois.
08:24 L'argent coule à flot.
08:26 On mettait entre 8 et 10 millions de dollars par semaine à la banque.
08:31 Chaque semaine, les Russes et les Italiens font la fête ensemble.
08:35 Ils organisaient des soirées somptueuses à l'Odessa, une boîte de Brighton Beach.
08:40 Je me rappelle qu'il y avait des plats énormes avec du homard jusque-là.
08:44 Ils adorent le homard. Et la vodka, bien sûr.
08:47 On y allait une fois par semaine et c'est eux qui régalaient.
08:50 On s'amusait bien. J'ai jamais eu de meilleure partenaire.
08:55 Mais la fête est bientôt finie.
09:00 Les autorités fédérales sont sur les talons de Francis.
09:04 Elles l'accusent d'être à la tête d'une opération de fraude fiscale qui a rapporté à la mafia un milliard de dollars.
09:11 L'Italien se défend sur un plateau de télévision.
09:16 Le gouvernement ne peut pas affirmer de telles choses sans preuves.
09:20 Il ne peut pas dire "nous pensons que Michael Francis est affilié au crime organisé".
09:24 Montrez-moi des preuves. Une photo de moi à une réunion. N'importe quoi.
09:29 Ce n'avait rien.
09:31 Le fisc veut à tout prix le coincer, mais il n'a aucune preuve.
09:35 À l'époque, Joe Campanella du NYPD, la police de New York,
09:42 s'efforce d'obtenir des informations sur les nouveaux groupes criminels russes.
09:46 Ce n'est pas la même culture ni la même mentalité en Russie.
09:51 Il est extrêmement difficile d'infiltrer leur communauté et d'obtenir des informations.
09:57 Déjà, il faut parler russe, parce qu'ils ne parlent pas anglais.
10:01 Ancien inspecteur du NYPD, Ralph Cefarello trouve lui aussi les gangsters russes plus difficiles à cerner que leurs homologues italiens.
10:10 Ils ne ressemblaient pas aux autres gangsters que je connaissais.
10:14 D'abord, ils étaient très forts pour déjouer notre surveillance.
10:19 Beaucoup d'entre eux avaient eu affaire au KGB.
10:22 Ils avaient l'habitude de se montrer discrets.
10:26 Contrairement à la mafia italo-américaine, qui obéit à une hiérarchie pyramidale très stricte,
10:31 les Russes forment une organisation nébuleuse venue des quatre coins de l'URSS.
10:36 Ils n'avaient pas de vraies structures, pas de chef désigné, ni de capitaine et de soldat comme chez nous.
10:43 Le type qui gagnait le plus d'argent était aussi le plus respecté.
10:48 La fluidité de ce réseau complique la tâche de la police.
10:52 En 1983, les efforts de Joe Campanella sont en fait récompensés.
10:57 Il reçoit un tuyau anonyme sous la forme d'un schéma en forme de bonhomme
11:01 qui désigne F.Zayagron comme le numéro un du réseau russe.
11:05 Sur les photos, on aurait dit un gentil grand-père.
11:10 Mais c'était un des piliers du groupe criminel qui opérait à Brighton Beach.
11:17 Au pied du schéma, il y a l'homme de main d'Agron, Boris Neffield.
11:22 Tous les week-ends, les Russes se rencontrent dans un établissement de bain public du Lower East Side à Manhattan.
11:31 Ils peuvent y conduire leurs affaires sans craindre la présence d'un micro.
11:35 On se méfiait de tout le monde.
11:39 On allait au bain russe ensemble, tout le monde se déshabillait.
11:43 Et on allait s'asseoir pour discuter.
11:47 Ces tentatives réitérées pour s'approprier une partie des stations-service de Markowitz et de Franchise
11:52 font d'Agron un homme à abattre.
11:55 Neffield le suit partout comme son ombre.
11:58 Je ne le laissais jamais seul.
12:02 J'avais une arme et je le protégeais.
12:10 Brooklyn, 4 mai 1985.
12:14 Neffield gare sa Lincoln Noir devant l'immeuble de son patron sur Ocean Parkway.
12:20 Il passe un coup de fil à Agron qu'il vient chercher pour l'emmener au bain russe.
12:27 Je l'ai appelé et je lui ai dit "Elsaïe, je suis là".
12:34 A 8h35 du matin, le vieux monsieur quitte son appartement du 6ème étage.
12:40 Alors qu'il attend l'ascenseur,
12:45 un tueur surgit de l'ombre
12:49 et lui met une balle dans la tête.
12:53 A cause de ses liens avec Agron, Neffield est le principal suspect.
12:59 Joe Campanella va le chercher à son QG, le club de sport El Caribe.
13:03 Mais le russe reste muet.
13:07 Je suis allé voir Neffield pour essayer de lui soutirer des informations,
13:13 mais sans succès.
13:15 Tout ce qu'on m'a dit, c'est que je pouvais revenir m'entraîner au club quand je voulais.
13:20 L'enquête piétine.
13:22 Confrontés à un véritable mur de silence,
13:25 les policiers ne disposent que de rumeurs rapportées par leurs informateurs.
13:30 Certaines sources disaient qu'il avait réclamé une part des bénéfices de la fraude au carburant.
13:35 D'autres pensaient qu'un de ses subalternes avait décidé de prendre sa place.
13:39 Officiellement, l'affaire n'a jamais été résolue.
13:43 Après le meurtre, Boris Neffield offre ses services au nouveau parrain de Brighton Beach,
13:49 l'ancien conseiller financier d'Eves Eye Agron, Marat Balagoula.
13:53 Marat Balagoula n'aimait pas Eves Eye.
13:57 Il y avait beaucoup de gens qui ne l'aimaient pas, mais ce n'était pas grave, parce qu'il m'aimait bien.
14:02 Ce n'était pas du tout le même genre de chef.
14:05 Agron était un voleur dans la loi, à l'ancienne,
14:08 alors que Marat était un type vif et intelligent.
14:11 Il n'aimait pas tellement la violence, il préférait s'asseoir et négocier.
14:15 Avec l'aide de Neffield, Balagoula tente de mettre sur pied son propre réseau de stations-service.
14:22 Mais Franches ne l'entend pas de cette oreille.
14:26 Il ne plaisait pas tellement.
14:28 Quand Marat a entendu parler de cette histoire et qu'il a compris que Markovitch était impliqué à fond avec moi,
14:32 il a voulu se joindre à nous. Je l'ai fichu dehors.
14:36 Mais le Russe ne se laisse pas décourager et fait alliance avec une autre des grandes familles mafieuses de New York,
14:42 les Lucchesi.
14:44 On faisait des affaires ensemble et on partageait les bénéfices.
14:48 Personnellement, je ne fais jamais confiance aux Italiens.
14:52 Et je sais que les Italiens se méfient des Russes.
14:56 Malgré ses doutes, Neffield sait que la mafia est un allié indispensable.
15:01 Ils sont puissants et ils connaissent beaucoup de monde.
15:05 Ils sont impliqués dans toutes les affaires qui se montent aux Etats-Unis.
15:09 L'alliance fonctionne. L'intervention des Lucchesi oblige Franches à négocier.
15:19 Après en avoir discuté, on a décidé de leur laisser une part du business.
15:24 En contrepartie, on récupérait quelques cents sur chaque litre de carburant vendu.
15:29 En décembre 1985, Markovitch et Franches sont obligés d'interrompre brusquement leur trafic commun
15:37 lorsqu'un mafieux repenti se met à table.
15:40 Le FBI arrête Franches pour extorsion.
15:45 Michael Franches, décrit comme un des capos les plus jeunes et les plus riches du pays,
15:49 serait l'homme de la mafia dans l'arnaque des stations-services.
15:53 Tôt dans la matinée, le FBI a interpellé des boss et des hommes de main de la mafia
15:58 soupçonnés d'être impliqués dans une fraude à la taxe sur les carburants
16:01 qui aurait rapporté plusieurs centaines de millions de dollars.
16:05 J'ai passé un accord. 10 ans de prison et 15 millions de dollars à restituer.
16:13 Markovitch s'est poursuivi lui aussi,
16:15 mais il s'en sort avec une simple amende et une assignation à domicile.
16:19 La mafia le soupçonne de coopérer avec les fédéraux.
16:23 Je crois savoir qu'il a coopéré et qu'il a passé un accord.
16:27 Il jouait sur les deux tableaux.
16:30 La famille Colombo ne peut pas tolérer une telle trahison.
16:35 2 mai 1989.
16:40 Après une partie de carte avec des amis,
16:43 Markovitch engage Sir Rolls-Royce dans la 66ème rue à Brooklyn.
16:47 Soudain, quelqu'un lui fait signe au milieu de la route.
16:51 Lorsqu'il s'arrête, l'homme dégaine un calibre 38 et ouvre le feu.
16:56 Le Russe a violé la loi du silence. Il le paye de sa vie.
17:04 Ça venait de notre côté.
17:08 Il avait tout balancé sur le trafic du carburant.
17:11 C'était une opération autorisée.
17:14 Après l'effondrement du cartel Markovitch Franchise,
17:17 Balagoula s'impose comme le parrain du crime organisé russe à Brighton Beach.
17:21 Mais son règne est de courte durée.
17:25 En 1989, il est jugé et condamné pour vol de carte de crédit et fraude fiscale.
17:35 Après ses années d'apprentissage auprès d'Evzei Agron et de Marat Balagoula,
17:39 Boris Neffield est prêt à bâtir son propre empire.
17:43 Je me suis lancé dans le trafic de drogue aux Etats-Unis.
17:48 À des milliers de kilomètres de là, le bloc soviétique commence à s'effriter.
17:53 Et les gangsters de Brighton Beach se découvrent de nouveaux ennemis.
17:56 Cette fois, il ne s'agit pas de la mafia ni de la police,
17:59 mais de leurs propres compatriotes.
18:04 Quinze ans à peine après son implantation en Amérique,
18:07 la jeune mafia russe est devenue un réseau criminel sophistiqué,
18:11 impliqué dans diverses affaires de fraude fiscale, d'extorsion et de meurtre.
18:16 De son côté, Boris Neffield s'emploie à mettre son empire sur pied.
18:23 Il orchestre une vaste opération de contrebande internationale d'héroïnes.
18:30 J'avais des hommes qui allaient à Bangkok pour acheter de la marchandise.
18:34 Pour brouiller les pistes, la drogue passe d'abord par Singapour.
18:43 Elle est ensuite dissimulée dans des postes de télévision
18:48 et envoyée en Pologne par une société d'import-export enregistrée en Belgique.
18:52 Enfin, les Russes envoient des mules la récupérer en Pologne.
18:58 J'avais des mules que j'envoyais là-bas et qui rapportaient l'héroïne ici.
19:02 Les passeurs s'envolent pour New York avec la drogue fixée à la ceinture.
19:09 Le système fonctionne parce que les autorités américaines
19:15 ne considèrent pas la Pologne comme une filière d'acheminement.
19:18 Ça me coûtait 25 000 dollars pour la faire venir.
19:24 À New York, Neffield écoule l'héroïne pure à 140 000 dollars le kilo.
19:28 Il fait entrer au moins 20 kilos par mois.
19:31 Pour éviter d'attirer l'attention de la police,
19:37 il interdit à ses hommes d'en vendre dans la rue.
19:40 Je l'achetais pure et je ne voulais pas qu'on la coupe.
19:44 Ses chargements mensuels lui rapportent en moyenne 2 millions de dollars.
19:52 Mais dans le syndicat du crime russe,
19:54 la position la plus élevée est toujours précaire.
19:57 Un associé jaloux convoite l'empire de Boris Neffield.
20:01 De retour à Brighton Beach après 6 ans dans une prison israélienne
20:05 pour trafic de cocaïne,
20:07 Monia Elson entend profiter de la fructueuse combine
20:10 de son ancien partenaire.
20:12 Monia Elson est une célébrité locale à Brighton Beach.
20:17 Elle est une célèbre de la région.
20:19 Un gangsta de la vieille école.
20:21 Il installe son quartier général au Rasputin,
20:24 une boîte de nuit populaire sur Coney Island Avenue.
20:27 Il se constitue une équipe de gros bras,
20:32 de voleurs et d'escrocs expérimentés
20:34 pour reprendre en main les différents rackets de Brighton Beach.
20:37 Janvier 1991.
20:44 Pendant que Boris Neffield dîne au restaurant,
20:47 un tueur à gage fixe un puissant engin explosif
20:50 sous le pont d'échappement de sa voiture.
20:52 Mais lorsque le Russe repart au volant de sa voiture,
21:10 la bombe n'explose pas.
21:12 Le lendemain, une bombe de la police
21:15 tombe sur son coffre.
21:17 Le lendemain, il reçoit un coup de fil.
21:20 Ma femme m'a appelé et m'a dit
21:23 "Boris, la police a trouvé une grenade sous ton coffre."
21:26 Il découvre avec stupeur que l'auteur de cette tentative d'assassinat
21:32 n'est autre que Monia Elson.
21:34 Il y avait ce type qui voulait récupérer mon business.
21:38 Il a offert à Monia Elson de me tuer.
21:44 Je pensais qu'on était amis, Monia et moi.
21:46 Je ne pouvais pas croire qu'il ait accepté de me tuer.
21:51 Par mesure de représailles,
21:58 il met la tête de son ancien associé à prix.
22:00 14 mai 1991, 15h.
22:10 Au coin de Brighton Beach Avenue et de la 6e rue,
22:13 tout près du café Arbat,
22:15 lieu de rendez-vous des mafieux russes,
22:17 Monia Elson discute avec des amis.
22:19 Un homme s'approche du groupe et sort une arme.
22:23 Après avoir tiré à cinq reprises sur Elson,
22:28 il se fond dans la foule.
22:30 Le gangster est aussitôt conduit à l'hôpital de Coney Island
22:35 où les médecins lui retirent un rein et six mètres d'intestin.
22:38 Il survit miraculeusement à ses blessures.
22:42 A la fin de l'année 1991, à 8000 kilomètres de là,
22:45 le bloc soviétique s'effondre.
22:47 Dans la transition chaotique à la démocratie,
22:51 le crime prospère.
22:53 L'arsenal russe inonde le marché noir.
22:57 Les missiles anti-aériens sont vendus au plus offrant
23:01 et les cartels colombiens s'équipent en sous-marins militaires.
23:04 Les anciens des forces spéciales
23:09 russes partent offrir leurs services aux Etats-Unis.
23:12 C'est à l'un d'eux que s'adresse Boris Neyfield
23:17 après l'échec de son tueur à gages.
23:19 Il propose 100 000 dollars à un certain
23:22 Alexandre Sleipinin pour terminer le travail.
23:25 Mais au lieu d'éliminer Monia Elson,
23:27 Sleipinin décide d'aller le voir.
23:29 Il a offert à Monia de lui dire par qui il avait été engagé.
23:37 L'ancien militaire veut davantage d'argent.
23:40 Il lui a dit "je vends cette information 50 000 dollars".
23:44 Monia a répondu "d'accord, tu auras tes 50 000 dollars.
23:48 Qui est derrière tout ça ?"
23:50 Sleipinin révèle à Elson le nom de son employeur.
23:55 23 juin 1992.
24:01 Le jour où le crime se déroule.
24:05 23 juin 1992.
24:07 Avant d'avoir pu toucher son argent,
24:14 le tueur à gages est attaqué dans sa voiture,
24:16 dans une rue résidentielle du quartier de Sunset Park, à Brooklyn.
24:20 Les trois hommes criblent la voiture de balle.
24:28 Sleipinin est touché dans le dos et à la tête.
24:32 Monia l'a tué parce qu'il ne voulait pas le payer.
24:35 La guerre qui oppose désormais les deux hommes fait des victimes des deux côtés.
24:41 Mais les tentatives répétées de Neyfield pour se débarrasser de son rival ne cessent d'échouer.
24:47 Il a été attaqué plusieurs fois.
24:52 D'abord à Los Angeles, ensuite à l'Arbat,
24:55 et je crois qu'il y en a eu une autre pendant l'un de ses voyages en Europe.
25:00 Franchement, je passais mon temps à essayer de le tuer.
25:03 Ce type a une chance incroyable.
25:06 26 juillet 1993.
25:11 Elson rentre chez lui après avoir fait des courses avec sa femme et son garde du corps.
25:17 Ils revenaient de Manhattan,
25:20 ils se sont garés devant chez lui,
25:22 ils sont sortis de la voiture,
25:24 les types se sont mis à tirer.
25:27 Un avec un fusil d'assaut, un autre avec un fusil à pompe,
25:30 et encore un autre avec une arme automatique.
25:33 Il a été touché à l'estomac.
25:38 Le Russe est à nouveau conduit aux urgences de Coney Island.
25:43 L'inspecteur Ralph Cefarello part aussitôt l'interroger.
25:46 J'ai essayé de savoir qui lui avait tiré dessus,
25:52 et il a répondu qu'il n'avait rien vu.
25:55 Il souffrait, il a demandé à ce qu'on revienne plus tard.
25:58 Après notre départ, il a sans doute ordonné à sa femme de ne rien nous dire.
26:03 Bien sûr, il avait des ennemis.
26:06 C'est le genre d'affaires où il faut avoir des preuves pour arrêter qu'ils se voient.
26:10 Cette réaction n'a rien d'inhabituel.
26:15 La police heurte constamment au manque de coopération des victimes et des témoins issus de la communauté russe.
26:22 A l'époque, les Russes ne faisaient pas confiance à la police.
26:25 Les gens ne voulaient pas être appliqués ni coopérer avec les autorités.
26:31 La loi pour eux, c'était le KGB et la corruption.
26:36 Ils ne nous croyaient pas capables de les protéger.
26:43 Par conséquent, le NYPD est impuissant à endiguer la vague de violence qui s'abat sur Little Odessa.
26:51 Entre 1990 et 1994, les enquêteurs attribuent 22 homicides et 12 tentatives d'homicide à des organisations criminelles russes.
27:00 C'est difficile d'expliquer ce qui se passe ici.
27:02 En deux ans, c'est devenu le pire endroit du monde.
27:05 Ces immigrés russes qui font partie du crime organisé sont prêts à tuer n'importe qui.
27:11 C'est un groupe, un cercle, un gang.
27:14 Bientôt, ce sera une armée.
27:18 Le département de la justice décide alors de faire de la lutte contre le crime organisé russe une priorité.
27:23 Il est devenu évident qu'il fallait créer une unité spéciale.
27:28 En mai 1994, le FBI et le NYPD forment un détachement spécial pour combattre la mafia russe.
27:38 Elson et Nayfield font tous les deux l'objet d'une enquête fédérale.
27:45 C'est à ce moment là qu'un homme de Nayfield désobéit aux ordres et coupe l'héroïne pour l'écouler dans la rue.
27:51 Jouant de malchance, il en vend à un policier en civil.
27:55 Un type a enfreint la règle et ça a détruit toute l'organisation.
28:00 Lorsque la brigade des stupéfiants parvient à convaincre l'homme de coopérer, Boris Nayfield part en cavale.
28:09 Quand tu commences à fuir et que tu te caches, tu dois oublier ta famille.
28:14 Et ta femme, ton enfant, tes amis.
28:20 Tu dois faire comme si tu venais de naître.
28:25 Monia Elson s'enfuit à son tour après avoir été accusée de tentative de meurtre contre un homme.
28:36 Elle s'enfuit à son tour après avoir été accusée de tentative de meurtre contre Nayfield et de complicité dans le meurtre de Sleipinin.
28:42 Tout porte à croire qu'à Brighton Beach, la guerre est finie.
28:46 Dans la première moitié des années 1990, l'effondrement de l'Union soviétique pousse plus de 250.000 russes à partir vivre aux Etats-Unis.
29:01 Si la plupart sont honnêtes, certains ont pourtant l'intention de s'enrichir rapidement.
29:06 Sous le régime communiste, les gens ordinaires ont appris à contourner la loi pour se procurer tout ce qui ne relève pas du strict minimum vital.
29:15 Ils étaient manifestement très forts pour exploiter la moindre faille dans le système.
29:22 Fraîchement débarqués en Amérique, des professionnels hautement qualifiés se spécialisent dans les fraudes en tout genre.
29:30 On a vu apparaître de nouveaux groupes, plus jeunes, montés des boiler rooms et des arnaques financières.
29:36 En Russie, ces gens-là étaient des médecins et des ingénieurs.
29:41 Pour autant que je sache, certains d'entre eux avaient peut-être un même fabriqué des fusées.
29:46 Cette nouvelle génération de gangsters sait que la violence attire l'attention des forces de l'ordre.
29:55 Attirée par les gros profits et les peines de prison réduites, elle choisit de se spécialiser dans la criminalité en col blanc.
30:01 On cherchait de nouveaux talents, des gens non violents, capables de monter des arnaques financières et d'escroquer l'assurance maladie.
30:09 On était les étoiles montantes à l'époque. On valait plus qu'un tueur à gages.
30:14 Après la chute de l'Union soviétique, le jeune Manichoul Payef part vivre à New York.
30:22 Mais le lycée l'ennuie et il tombe rapidement dans la délinquance.
30:25 On se retrouvait entre copains pour pirater des cartes bancaires, faire des faux chèques, ce genre de choses.
30:31 Au début, c'était pas grand-chose, 500 dollars par-ci, 700 par-là.
30:35 Mais je gagnais bien ma vie. Je me suis acheté ma première Mercedes-Benz à 16 ans.
30:39 J'allais au lycée pour frimer, pas pour étudier.
30:48 Choulpayef n'a pas de diplôme, mais il parle cinq langues et jongle avec les chiffres.
30:52 Il est rapidement embauché dans une salle de jeu clandestine de la famille Loukayze.
30:57 J'étais très fort avec les chiffres. C'est moi qui m'occupais des paris sportifs.
31:01 Un jour, on l'envoie recouvrer une dette de jeu auprès d'un homme qui ne peut pas payer.
31:08 Plutôt que de recourir à la violence, il cherche un autre moyen de récupérer l'argent de son employeur.
31:16 Il découvre que la femme du type occupe un poste important au sein de Medicaid,
31:20 l'organisme fédéral qui gère l'assurance maladie des plus pauvres.
31:23 J'ai remboursé la dette du gars et je lui ai dit, à partir d'aujourd'hui, tu bosses pour moi.
31:29 C'est une occasion en or. Le jeune Russe sait qu'il peut vendre des couvertures santé
31:33 à ceux qui ne remplissent pas les critères pour en bénéficier.
31:36 Je lui fournissais toutes les informations sur votre famille, par exemple, et il m'obtenait les droits.
31:44 Je pouvais offrir à peu près toutes les prestations sociales possibles.
31:47 Sauf que ça ne me coûtait que 100 dollars et que je voulais revendre 1000 dollars par tête de pipe.
31:53 Si vous aviez 5 gamins, plus vous et votre femme, ça faisait 7000 dollars.
31:58 8900 dollars de bénéfice pour moi.
32:01 C'était vraiment parfait parce que je ne donnais pas de carte ni rien du tout.
32:06 Tout se passait par e-mail.
32:12 C'était très lucratif.
32:14 D'après nos estimations, c'est une entreprise qui lui a rapporté dans les 400 000 dollars.
32:20 La combine de Chulpayev est une véritable mine d'or.
32:25 D'après le FBI, les fraudes à Medicaid coûtent aux contribuables plus de 4 milliards de dollars par an.
32:31 Sa réputation ne tarde pas à grandir et il est rapidement contacté par un groupe criminel fraîchement débarqué de Russie.
32:41 Viens bosser pour nous. Ces bouffeurs de spaghettis ne te nourriront pas longtemps.
32:45 Dès que tu les intéresseras plus, ils te boufferont.
32:48 Mais il faut d'abord racheter le contrat qu'il y de Chulpayev à son employeur, la famille Lukese.
32:55 Les Italiens acceptent de lui rendre sa liberté contre une compensation de 75 000 dollars.
33:02 Le jeune homme emmène avec lui son partenaire et meilleur ami, Larry Mousseau.
33:10 Les Russes constituent ce qu'ils appellent une brigade. Ils veulent concurrencer la mafia italienne à Brooklyn.
33:15 Du milieu des années 90 jusqu'au début des années 2000, il y a eu un réel effort pour structurer le crime organisé russe sur le modèle de Cosa Nostra.
33:26 Si la première génération des migrés avait besoin de la mafia italienne pour survivre, ceux-là sont soutenus depuis la Russie par des criminels puissants.
33:37 La brigade comptait environ dix membres, des types sans foi ni loi.
33:41 Le chef est un mafieux russe, Dimitri Gouffil.
33:45 Dimitri était le boss, mais personne ne l'appelait jamais boss parce que ça ne se fait pas chez les Russes.
33:53 C'était un criminel dans l'âme. Il voulait se faire un nom. Il voulait être le numéro un à Brooklyn.
33:58 Il utilise ses contacts à l'étranger.
34:03 Il avait un statut officiel. Il marchait avec des gros ponts en Russie.
34:07 Mais leur protection a un prix.
34:12 La brigade reverse une partie de ses gains à l'Apchak, un fonds occulte qui finance les entreprises criminelles de la mafia.
34:19 L'Apchak est une caisse noire. Elle finance la plupart des opérations de la mafia.
34:29 C'est une banque contrôlée par six voleurs très respectés.
34:33 Elle avance l'argent et vous n'avez plus qu'à collecter les intérêts.
34:37 Les intérêts générés par ces prêts viennent renflouer la caisse noire qui sert également à venir en aide aux criminels emprisonnés en Russie.
34:45 C'est un peu comme une banque pour les criminels.
34:50 Elle sert à payer les avocats, à faire parvenir aux détenus de la nourriture, des cigarettes, de la drogue,
34:57 et à prendre soin des familles.
35:00 Grâce à ces connexions internationales, la brigade monte une entreprise lucrative dans une branche peu recommandable, la traite des femmes.
35:09 Chulpayev va chercher des filles dans les coins les plus reculés de l'ancien bloc soviétique pour les prostituer de force aux Etats-Unis.
35:16 Ils avaient un appartement dans lequel ils séquestraient ces femmes après avoir pris leur passeport.
35:23 Et ils les prostituaient.
35:26 Pendant six mois, les filles bossaient gratuitement et ne gardaient que les pourboires.
35:30 Elles étaient logées, nourries et blanchies, et elles travaillaient pour nous rembourser ce qu'elles nous avaient coûté.
35:36 Dimitri Gouffield entend bien faire de son gang le plus puissant de Brooklyn.
35:41 Il commence à extorquer 100 dollars par semaine à plusieurs magasins de meubles.
35:47 Cette incursion dans le racket et le crime traditionnel attire l'attention du FBI.
35:54 Ce que les agents fédéraux ne savent pas encore, c'est que l'affaire va déboucher sur un des plus gros procès de toute l'histoire de la mafia russe.
36:01 Brooklyn dans les années 1990.
36:05 Les russes ont pris pied en Amérique.
36:08 Les gains du trafic de drogue, de la prostitution et d'arnaques financières sophistiquées s'élèvent à des millions de dollars.
36:15 Mais les autorités fédérales contre-attaquent.
36:19 Elles s'entraînent de démanteler le réseau criminel russe de New York en s'appuyant sur la loi RICO, élaborée pour lutter contre les crimes organisés.
36:26 La loi RICO permet au FBI de cibler une organisation toute entière.
36:33 Elle a été utilisée avec succès contre Cosa Nostra, le syndicat du crime italien, pendant des années.
36:40 En janvier 1994, Boris Neffield interrompt sa cavale pour voir sa famille.
36:49 Il est aussitôt arrêté pour trafic de drogue et tentative de meurtre.
36:53 J'ai demandé à être libéré sous caution, mais ils ont dit que j'étais trop dangereux. Je suis resté en prison.
36:59 Face à la perspective d'une longue peine de prison, il décide d'enfreindre la loi du silence et de coopérer avec le FBI.
37:07 Il plaide coupable pour le trafic d'héroïne et la tentative de meurtre sur Monia Elson.
37:16 J'ai expliqué comment je faisais entrer l'héroïne dans ce pays.
37:20 Les fédéraux voulaient que je leur parle de la guerre entre Monia et moi.
37:25 Je leur ai tout raconté.
37:28 En échange de sa coopération, il n'écope que de cinq ans de prison.
37:33 En mars 1995, Monia Elson est arrêtée à son tour à Fano, en Italie.
37:42 Le dernier représentant de la vieille garde russe est derrière les barreaux.
37:46 Pendant ce temps, la nouvelle génération s'efforce de se bâtir une réputation.
37:51 Le boulot arrivait de partout. Les gens nous connaissaient.
37:57 6 janvier 1998, un commerçant offre 50 000 dollars à la brigade pour incendier la boutique d'un concurrent.
38:07 Armés de pinces coupantes, les gangsters s'introduisent au sous-sol de Farmer's Best Bazaar,
38:12 une épicerie de Rigo Park, dans le Queens.
38:15 On a pris deux bidons remplis d'essence et on a arrosé tout le sous-sol.
38:22 La pièce s'embrase en un clin d'œil.
38:31 On n'attendait pas à ça.
38:35 Les flammes ne tardent pas à gagner les commerces adjacents.
38:37 En ce moment même, vous pouvez voir derrière moi l'épaisse fumée qui se dégage d'un des magasins.
38:45 33 véhicules et 160 pompiers ont été mobilisés contre ce brasier.
38:49 On ignore encore s'il s'agit d'un acte criminel.
38:52 L'incendie fait 1,5 million de dollars de dégâts et détruit tout un pâté de maison.
38:59 On a eu des problèmes au moment de se faire payer le boulot.
39:04 Le type nous disait "C'est pas ce que j'avais demandé, jamais j'aurais imaginé".
39:08 Il a mis du temps à payer le prix.
39:10 Entre les braquages, la fraude et la prostitution, les Russes gagnent des centaines de milliers de dollars.
39:18 Mais ils veulent plus.
39:20 Dimitri Gouffild, le chef de la brigade, se lance dans le racket.
39:26 Il oblige plusieurs magasins de meubles de Brooklyn à lui verser 100 dollars par semaine,
39:32 une bonne monnaie par rapport au revenu régulier du gang.
39:34 Il me disait toujours "Ce ne sont pas les actes qui comptent, mais l'image".
39:39 Je me fiche que ça soit pour 5 dollars ou pour 5.000 dollars.
39:43 Mais l'extorsion de fonds va tout faire basculer.
39:49 Pour la première fois, la brigade attire sur elle l'attention des forces de l'ordre.
39:53 Février 1998.
39:58 Le FBI reçoit une plainte au sujet d'un gang russe qui extorque de l'argent à plusieurs magasins de meubles de Brooklyn.
40:04 Cette affaire de routine est confiée à une nouvelle recrue, l'agent Greg Sheehy.
40:09 Les enquêteurs mettent la brigade de Gouffild sous surveillance.
40:14 Sur cette vidéo tournée par un de ses amis, on voit Mani Choupayev faire le tour des commerçants de Brooklyn
40:27 et passer les enveloppes hebdomadaires.
40:29 Les enquêteurs ont photographié le propriétaire d'un des magasins au moment où il remet l'argent à Choupayev et Gouffild.
40:37 Mais en découvrant le niveau de vie des Russes, l'agent Sheehy soupçonne des trafics plus lucratifs.
40:44 Nous savions que leur activité criminelle ne se limitait pas à l'extorsion.
40:50 Six magasins de meubles à 100 dollars par semaine, ça ne suffisait pas à financer ce que je voyais.
40:56 Ils roulaient en Mercedes, ils vivaient bien, ils faisaient la fête.
41:01 Mon truc, ça a toujours été les voitures, les casinos, les filles, tout ça.
41:08 Un jour avec Dimitri, on a perdu 55 000 dollars au jeu en une heure et demie.
41:13 Mais on s'en foutait, on savait que dès le lendemain, on trouverait un pigeon à qui reprendre l'argent.
41:18 En Russie, on dit qu'il naît un pigeon par minute. C'est vrai.
41:25 En mars 1998, six semaines après le début de l'enquête fédérale,
41:29 les gangsters font une erreur fatale en kidnappant un homme qui leur doit de l'argent.
41:33 Ils l'ont enlevé en pleine rue sur Brighton Beach Avenue,
41:37 et puis ils l'ont battu et brûlé avec des cigarettes. Ils l'ont torturé.
41:41 Ce qu'ils ignorent, c'est que leur victime est un informateur du FBI.
41:46 Le temps nous était compté. Il fallait boucler cette affaire avant que quelqu'un se fasse tuer.
41:54 31 mars 1998, la police arrête les membres de la brigade de Brooklyn.
41:59 Manichal Payev était en Californie.
42:03 Il allait livrer une prostituée qu'il avait vendue à un homme qui voulait s'offrir une esclave sexuelle.
42:10 Il est arrêté à Los Angeles et rapatrié à New York, où le FBI attend pour l'interroger.
42:19 Lorsqu'il découvre les preuves accablantes accumulées contre lui, il n'hésite pas une seconde.
42:24 Je voulais m'en sortir.
42:27 Il a immédiatement commencé à parler des autres activités criminelles de la bande.
42:34 Chulpayev sait qu'il risque jusqu'à 20 ans de prison, et il veut obtenir l'immunité.
42:43 Il révèle aux enquêteurs du FBI médusé qu'il a en sa possession un carnet avec tous les comptes de la brigade.
42:49 C'est moi qui faisais les comptes.
42:52 Et je consignais tout.
42:55 Les dates, les sommes, tout.
42:58 Je ne faisais pas ça pour avoir quelque chose à montrer au fédéraux.
43:03 C'est lui qui me le demandait.
43:06 Je devais répondre du moindre dollar.
43:11 Il s'est mis à faire des bons quand on a réalisé qu'il avait ce carnet.
43:14 C'était une véritable mine d'informations.
43:18 Et on savait que ça nous permettrait d'éclaircir et de confirmer la version de Manny.
43:23 Le FBI fait pression sur le gangster pour en savoir plus sur son vieil ami Larry Mousseau, l'associé des Loukaisés.
43:32 Ils voulaient Larry. Au départ, je n'ai rien balancé.
43:39 Mais bientôt, un autre membre de la brigade se met à table.
43:42 Et les enquêteurs découvrent que Larry Mousseau a participé à l'incendie criminel de Rigo Park.
43:47 J'avais menti au sujet de cet incendie parce que Larry était avec moi.
43:51 Pris en flagrant délit de mensonge, Chulpayev se voit poser un ultimatum.
43:56 Soit j'écopais de la peine maximum, soit j'allais voir Larry avec un micro.
44:03 Il accepte de porter un micro et permet ainsi au FBI de retenir 63 chefs d'accusation contre la brigade en vertu de la loi Rigo.
44:11 C'est la première fois qu'un Russe coopère de cette façon.
44:14 Le bureau du procureur le décrit comme le repenti le plus précieux de toute l'histoire de la mafia russe.
44:19 Mon témoignage a conduit à d'autres affaires.
44:25 Ça a déclenché une réaction en chaîne.
44:27 Entre 1998 et 2002, les arrestations se sont succédées.
44:32 Aujourd'hui, il ne reste plus un seul des anciens.
44:34 Dmitry Gouffield, le chef du gang, écope d'une peine de 20 ans de prison.
44:42 Je ne m'en veux ni pour Dmitry ni pour aucun autre.
44:45 C'est juste une bande de crétins.
44:47 L'associé des Loukézés, Larry Mousseau, a été condamné à 10 ans de prison pour son rôle dans l'incendie criminel.
44:53 Je l'aime toujours autant.
44:57 Si quelqu'un doit me faire la peau un jour pour ce que j'ai fait,
45:00 s'il faut que ça se termine comme ça, je préférerais que ce soit lui qui s'en charge.
45:05 Parce que je m'en veux.
45:07 Grâce à sa coopération, Choulpayev a pu recommencer sa vie sous un nouveau nom à des milliers de kilomètres de New York.
45:21 Multipliant les condamnations au titre de la loi RICO, les autorités fédérales sont parvenues à empêcher le crime organisé russe de s'implanter aux États-Unis, comme l'avait fait la mafia italienne.
45:31 Ils ne sont pas impliqués dans les syndicats et dans certains secteurs de l'industrie comme l'était la mafia italienne.
45:38 Je pense que tant qu'on sera derrière eux, on restera maître de la situation.
45:46 Aujourd'hui, beaucoup de petites brigades russes ont fait leur apparition dans différents États américains.
45:51 Elles ont les moyens de voler des millions de dollars.
45:53 Mais comme pour la mafia italienne, leur action est entravée par la culture de la trahison.
45:58 À sa sortie de prison en 1998, Boris Neffil n'a pas réussi à rentrer dans le droit chemin.
46:05 En fait, il appelait des coupables de blanchiment d'argent.
46:10 On ne peut pas échapper au crime.
46:17 Vous vous souvenez de ce que je vous ai dit sur Jésus ?
46:20 Au moment de sa mort, qui était avec lui ?
46:26 Deux voleurs.
46:29 Deux voleurs.
46:32 Un jour, la police a fait un appel à la police.
46:36 Le jour où la police a fait un appel à la police.
46:41 ♪ ♪ ♪

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