L'autodérision, c'est un fléau qui touche toutes les couches de la population en Belgique...
Retrouvez toutes les chroniques de Laurence Bibot dans « C'est encore nous ! » sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-laurence-bibot
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AmusantTranscription
00:00 Chère Laurence Bibaud, c'est amusant parce qu'avec Alex, on a commencé sur cette antenne avec une émission purement belge qui s'appelait le 75 minutes.
00:05 Pendant deux étés, nous avons fait nos classes, nos stages.
00:07 Et aujourd'hui, c'est un petit peu...
00:11 Vous bouclez la boucle, j'ai l'impression, avec justement ce thème, le génie belge.
00:14 Oh, je prends pas les mots.
00:16 Alors, je vous dis tout de suite, aujourd'hui, loin de moi l'idée de choquer ou de provoquer, parce que moi, c'est pas dans ma nature, je suis plutôt consensuel et lâche.
00:22 Mais, j'avais quand même envie de dire merci à la direction de mettre fin à cette émission, parce que seule, moi, j'y serais pas.
00:28 Mais je n'arrive pas, j'arrive pas à décrocher de cette terrible addiction, me foutre de la gueule des Belges.
00:34 Une addiction que je contrôle plus.
00:36 Allez, une fois, on va une fois bien rigoler.
00:38 Oui, on est à huit autour de l'antenne.
00:40 Non, on n'est que sept.
00:42 Bon, voilà.
00:43 Ça me dépasse, ça sort tout seul.
00:46 Bah oui, qu'est-ce que vous voulez, l'autodérision, c'est un fléau qui touche chez nous toutes les couches de la population.
00:52 Plus un quartier qui ne soit pas durement touché.
00:54 Des gens errent à la recherche d'une bonne blague.
00:56 Les rues de Belgique sont devenues des moqueries à ciel ouvert et on les sert, on les sert.
01:00 Mais en Belgique, tout est dérisoire.
01:02 Nous avons le chic pour réduire toute personnalité, aussi géniale soit-elle, surtout, surtout si elle est géniale, à quelqu'un de sympathique.
01:09 Je me rappelle avec effroi du reportage du journal télévisé qui avait couvert la première palme d'or des frères d'Ardène Hakan.
01:17 Croyez-vous qu'ils aient mis en avant la singularité de leur cinéma ?
01:21 Non ! Une équipe s'était rendue dès le lendemain chez les parents de Luc et Jean-Pierre
01:26 qui avaient exhibé, peut-être sous la contrainte, une photo des deux frères bébés dans leur bain.
01:32 Voilà, excusez-moi, voilà, ils se lèveraient immédiatement.
01:36 Voilà de quoi les faire descendre du podium sur lequel ils avaient enfin hissé le cinéma belge.
01:41 Vous imaginez qu'on monte Scorsese sur son clip-on aux Oscars ?
01:46 Là, il est en train de pousser. Mais non ! Je ne dis pas bien entendu.
01:51 Je ne dis pas qu'on ne peut plus se moquer, c'est trop tentant, surtout le cinéma des Dardennes.
01:54 C'est très facile à parodier. Mais attention, comme je l'ai souvent entendu, même toute mon enfance de la bouche de mon père, qui aime bien châtie bien,
01:59 le cinéma des Dardennes, c'est stylisé. Alors c'est tellement stylisé qu'il y a du chuchotement avec accent, à la manière Rosetta.
02:05 « Je vais trouver du travail, je vais trouver du travail, je vais plus au chômage, je vais plus au chômage, je vais pas tomber dans le trou ! »
02:10 Ou alors, il y a le cri à la gourmet, toujours avec accent. « Nom de Dieu ! Qu'est-ce que tu fous ?
02:15 Tu vas rentrer dans la commune et tout de suite que je te dis ! » Ils disent toujours « que je te dis ».
02:20 Alors, je ne dis pas, vous aurez compris, qu'on ne peut pas se moquer des Dardennes et des autres. Je ne dis pas qu'on ne peut que se moquer.
02:25 Quand on a des maîtres comme les Dardennes, dans une discipline, il faut les reconnaître.
02:29 Alors, pour conclure, le son que je vous propose, c'est celui d'un grand maître que je vous ai déjà fait écouter ici, Michel Desmarais,
02:35 bourgomestre, donc maire de Bruxelles dans les années 90. Oui, j'ai dit 90 !
02:41 Et Michel Desmarais va dire le mot « brôle », mais voilà, j'estime peut-être à tort que vous savez maintenant ce que signifie « brôle » et « 90 ».
02:50 Oui, je crois à l'intelligence du public. Alors, chers amis auditeurs, pour bien vous situer la voix que vous allez entendre,
02:57 Michel Desmarais, au moment de cette interview, en fait, il est l'égal et le contemporain à Bruxelles de Jean Tibéri à Paris.
03:03 Gardez bien ça en tête !
03:05 Pour ce qu'on fait, on gagne de trop, c'est clair. C'est très clair.
03:10 Tu penses qu'un ouvrier gagne dans un atelier ? Et toi, tu viens faire le pétricier, tu gagnes combien dans ta vie ?
03:20 Je ne vais pas dire pourquoi je vais cracher dessus. C'est autre chose. Je ne laisserai pas la place à d'autres.
03:27 Pour qu'ils aillent vers les cons, j'ai envie d'aller vers les cons moi-même.
03:31 Merci Michel, ça va, ce que ça coûte ce brôle ici, c'est autre chose.
03:36 Voilà ! Je vous rappelle que si Michel a rencontré Jean Tibéri, il a aussi rencontré Xavier.
03:41 Et ça, je dois dire que ça fait mon été. Voilà, vieille référence, mais il faut parler à tous les publics.
03:46 Merci beaucoup, Laurence Bibaud. Merci pour tous ces allers-retours en thalys.
03:52 Je pense que le thalys peut s'acheter une seconde résidence.
03:56 On vous attend vendredi bien sûr avec toutes les chroniques. Avec plaisir et avec joie.
04:00 Merci beaucoup chère Laurence Bibaud. Je rappelle qu'on peut partager cette chronique, elle est disponible sur Youtube et en baladodiffusion.