• l’année dernière
Après avoir largement couvert le terrain du belge sympathique et pittoresque, il était temps de passer au belge colon, aussi raciste que méchant.

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😹
Amusant
Transcription
00:00 Vous excellez dans le playback sur Instagram et bientôt sur scène, c'est vrai.
00:03 C'est un exercice que ne permet pas la radio.
00:05 Alors vous proposez autre chose, de faire souffler un vent de Belgique avec des flonflons
00:10 à la française de fancifer à la fraise, comme dirait la chouchot bien sûr.
00:14 Allons-y ma chère Laurence.
00:15 Oh là là là, j'espère que vous avez tous votre petit sac à vomi.
00:19 Parce que les voix que vous allez entendre donnent envie de rentre.
00:24 Mais voilà, après avoir largement couvert le terrain du belge sympathique et pittoresque
00:28 de la voix de la crève, de la frite, de la voix de la coloration, il était temps de
00:32 passer au belge raciste.
00:33 Et commençons par le belge colon.
00:35 Colon, c'est comme ça qu'on dit chez nous, mais chez vous aussi je crois.
00:37 À la place de colonisateur, colon, c'est plus court, convahisseur, plus détendu que
00:41 prédateur.
00:42 Et comme beaucoup de belges, dans les années 50, mes parents ont été colons au Congo.
00:46 C'est très difficile à dire.
00:47 Colons au Congo.
00:48 Et comme la plupart des belges, en avaient gardé d'excellents souvenirs.
00:52 Ceux d'une vie facile menée entre Léopoldville, l'actuelle Kinshasa, Elisabethville, la
00:58 ville actuelle Lubumbashi.
00:59 Oui mais, oui, Léopoldville, Elisabethville, on n'est pas les seuls à avoir donné des
01:03 prénoms de roi à nos villes.
01:04 Albertville, c'est chez vous.
01:05 Macroville, enfin, il paraît que c'est dans les cartons, faut d'abord qu'ils fassent
01:07 passer le plan retraite.
01:08 Les belges au Congo, c'est du s'en payer autant que du tintin.
01:14 Imaginez dans les années 50, l'arrivée en masse de tout tout petits belges venus
01:17 découvrir un territoire 80 fois plus grand que le leur et à eux.
01:22 Enfin, le Congo a d'abord appartenu au roi Léopold II.
01:25 C'était sa propriété privée.
01:27 C'était à lui, alors là je mets la piscine, une propriété dans laquelle il n'a jamais
01:31 été, dans laquelle il n'a jamais mis les pieds.
01:33 Ce qui ne l'a pas empêché d'y faire couper pas mal de mains.
01:36 Mais voilà, je me tue à vous dire que nous ne sommes pas que sympathiques.
01:38 Alors oui, couper les mains sur les plantations de caoutchouc, c'était en vogue une punition
01:43 infligée à ceux qui n'en ramenaient pas assez de caoutchouc.
01:45 Mais moi je me dis quand même qu'avec une main coupée, ils ne risquaient pas d'en
01:48 ramener plus.
01:49 Mais ça, c'est notre petit côté surréaliste.
01:51 L'administration du Congo est reconnue comme une des plus atroces, brutales et cruelles.
01:57 Alors évidemment, tous les colons n'étaient pas d'horribles racistes.
02:01 Et évidemment, c'est toujours facile de donner des leçons après.
02:04 C'est vrai, il y en a qui se demandent qu'est-ce qu'ils auraient fait en 40.
02:06 Moi je me demande qu'est-ce que j'aurais fait en 50.
02:08 Et puis il y a ceux qui ne se demandent rien.
02:10 Ceux qui ne se posent aucune question.
02:11 Et c'est le cas d'un couple d'aristot retrouvé dans les archives de la télé belge.
02:15 Alors on est en 1966.
02:17 Il n'y a pas si longtemps.
02:21 Ils sont fermiers en Rhodesie, l'actuelle Zimbabwe.
02:23 Alors quand je dis fermier, je veux dire, ce ne sont pas des gens en salopette à la
02:27 charlingue gals, vous savez, dans la petite maison de la prairie qui veulent aider.
02:30 Non.
02:31 Ici, imaginez qu'on est assis à table, ils ont sorti l'argenterie, entre Harvey Weinstein
02:35 et Cruella.
02:36 Et on est face à des racistes alcooliques catholiques.
02:41 Racistes, c'est une belle catégorie ça.
02:44 Oui, ils cumulent.
02:46 Racistes, on l'entend.
02:47 Ça, ça…
02:48 Je veux dire, alcoolique, on le devine assez vite avec le pâteux.
02:52 Catholique, je le sais.
02:53 Mais là, il faut croire que la charité chrétienne s'est évaporée dans l'alcool.
02:58 Et il faut croire que la méchanceté, ça dissout.
03:02 Oh, dissout, alcoolique, je fais des jeux de mots à l'insulte de mon plagré.
03:07 Alors, vous avez vos sacs à vomir, c'est parti.
03:10 On dit en Europe que vous êtes raciste ici en Rhodesie ?
03:14 On a besoin de marge, non ?
03:16 Nous ne sommes pas racistes du tout.
03:18 Nous sommes d'accord envoi des Noirs pour diriger nos affaires.
03:22 S'ils sont capables de diriger, il faut qu'ils soient capables.
03:26 Il faut commencer tout doucement.
03:29 Il faudra longtemps avant qu'il y ait des Noirs qui soient assez intelligents pour gouverner le pays.
03:35 Sinon, nous faisons tout le monde à la ruine des Noirs d'abord et non après.
03:39 Vous dites longtemps, vous, ça fait combien de temps ?
03:41 J'ai un boy, Zizouki, qui nous sert.
03:42 Il est bête comme ses pieds, je ne pouvais pas vous dire comme il est bête.
03:47 Il est brave.
03:48 Mais il faudra 300 ans pour que ce type-là arrive à avoir un tout petit quelque chose dedans.
03:53 76 ?
03:56 Oui, 76.
03:57 Alors, boy, c'est un peu l'équivalent du grain de riz d'Isabelle Balganine.
04:03 Mais il est brave.
04:05 Mais c'était un micro-trottoir de Guillaume Meurice à l'époque déjà ?
04:10 Oui, c'est ça peut-être qu'il a inspiré.
04:12 Laurence, ce sont des archives tirées de la…
04:15 Sonnuma, madame.
04:16 Sonnuma, oui, Liena Belge donc.
04:18 Oui, Liena Belge.
04:19 Eh bien, il y a des mines d'or quand même.
04:21 Oui, oui, oui, au Congo, j'imagine.
04:23 Exactement.
04:24 Laurence Bibaud, merci Laurence.
04:26 Et donc, vos parents étaient…
04:28 Colons, au Congo.
04:29 On dirait une chanson du Grand Jojo, mais personne ne connaît le Grand Jojo ici.
04:31 Est-ce que vous, vous n'avez pas passé une partie de votre enfance, monsieur Poulpe, au Gabon, c'est ça ?
04:35 J'ai grandi au Gabon, mais je n'étais pas à côté colon.
04:38 Il y a huit blancs qui parlent de la rue.
04:40 Je ne sais plus si ça se passe, mais…
04:42 Ne me regardez pas, je ne vous répondrai pas.
04:45 Les seules gueules noires que j'ai connues, c'était dans leur pas de calais, vous savez.
04:48 Et sachez que ce soir, dans le 18-20 de Fabienne Saint-Esse, outre le téléphone sonne, bien sûr,
04:54 il y a "Un jour dans le monde", après le journal de 18h, qui sera consacré au Burkina Faso
04:59 et des forces spéciales françaises sommées de partir.
05:01 Donc ça, je vous renvoie…
05:03 À l'actualité.
05:04 À l'actualité, à la rédaction, au travail de la rédaction.

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