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En 1972, pour la première fois, des fonctionnaires belges répondent à la question : pourquoi travaillons-nous ?

Retrouvez toutes les chroniques de Laurence Bibot dans « C'est encore nous ! » sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-laurence-bibot

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Transcription
00:00 C'est les promesses, j'aime les tenir, c'est mon côté macroniste.
00:02 Vous m'avez élu pour ça et donc on va se lancer tout de suite avec une référence,
00:08 quelqu'un qui me rassure, quelqu'un qui a l'expérience des situations difficiles,
00:11 qui sait que le rire est un sport extrême, Laurence Bivon.
00:14 Une vieille quoi !
00:15 J'ai voulu le dire autrement !
00:17 Allez, dites, amis français, question perception du travail.
00:24 Ça vous dirait pas, histoire de prendre un peu de distance, ça vous dirait pas de tourner
00:28 la tête légèrement vers le nord, parce que figurez-vous que chez nous, en 72, des fonctionnaires
00:34 belges qui passent…
00:35 72 !
00:36 Oh merci, je vous en prie, on est ensemble, on est une famille.
00:41 Alors pour la première fois, des fonctionnaires non seulement passent à la télé, mais répondent
00:44 à propos du travail et une question qu'on ne leur avait jamais posée, mais qu'ils
00:47 ne s'étaient jamais posées.
00:49 Pourquoi travaillons-nous ?
00:51 Mais voilà, absolument ! Pourquoi travaillons-nous ? Alors moi je sais, c'est pour me payer
00:55 le train qui m'amène ici.
00:57 Je suis contente que ça vous fasse rire, parce que je trouvais que c'était la meilleure
01:00 blague de l'année.
01:01 On s'écoute, et donc on ne sait jamais.
01:04 Vous, vous gardez votre réponse en tête, mais on va écouter, évidemment, celle de
01:08 nos amis fonctionnaires belges.
01:09 Je crois qu'il faut travailler pour passer son temps quand même.
01:12 Puis il faut quand même s'occuper.
01:14 Je trouve qu'il faut meubler ses journées quand même.
01:17 Il faut travailler.
01:19 Voilà, voilà, voilà, un homme qui de toute évidence n'avait ni enfant à aller chercher,
01:25 ni affaires à faire, ni repas à préparer, juste à s'occuper.
01:28 Le genre de monsieur qui devait ranger ses trombones par couleur.
01:30 Il y a le jaune qui s'est mis dans le tas de bleus.
01:33 Je recommence tout.
01:34 Ce monsieur cherchait à travailler pour passer son temps.
01:39 A ne pas confondre avec la réforme des retraits durant laquelle on passera son temps à travailler.
01:43 Est-ce que vous pouvez concevoir une vie si vous en aviez les moyens ou vous ne travailleriez pas ?
01:47 Je crois que celui qui n'a pas de travail ne doit pas être heureux parce qu'il n'a
01:53 aucun but dans la vie.
01:55 Disons que le travail c'est un but.
01:57 C'est nécessaire de travailler.
01:58 Mais pourquoi ?
01:59 Pour plusieurs raisons.
02:00 Ça donne un but et puis vous êtes tout de même payé.
02:03 À la fin du mois je crois que c'est le but de beaucoup.
02:05 Oui, on imagine bien le coaching d'entreprise.
02:07 C'est quoi le but ? Affaire et but ! C'est quoi le but ? Affaire et but ! J'entends rien.
02:10 Affaire et but ! Mais oui.
02:13 Mais les camps de rééducation des fonctionnaires belges sont un scandale d'État tombé dans
02:18 les oubliettes de l'histoire.
02:19 Heureusement qu'il reste des témoignages dont la voix de ce monsieur que vous allez
02:23 entendre, un témoignage glaçant qui nous rappelle à quel point le travail, si on en
02:26 abuse et sur un cerveau déjà fragile, peut provoquer confusion et irrémédiable dégâts.
02:31 C'était une vocation ? Il y avait une vocation ?
02:34 Je pense qu'il devait y en avoir une pour tout le monde.
02:38 La vôtre par exemple ? C'était le travailler.
02:40 C'était le travailler ! Voilà.
02:42 Il ne dit pas travailler, c'était le travailler comme d'autres diraient le bien vivre.
02:47 Voilà, fin de mon analyse.
02:49 Excusez-moi, je ne suis pas philosophe.
02:50 Comme madame Adèle Van Rey, une femme pour qui j'ai la plus haute estime, au sens propre
02:55 et figuré, puisque nous partageons à quelques centimètres près la même taille.
03:00 Ah ah ah ah ah ! Voilà.
03:02 Alors, enfin, enfin, pour achever, ben oui, ben voilà, c'est un petit plaisir.
03:07 Et qui sait, c'est peut-être une piste à creuser.
03:09 Vous pouvez tout de suite, il se peut que je revienne avec une chronique sur la taille.
03:12 Alors, enfin, une voix dissonante, celle d'une femme.
03:16 Elles sont présentes dans le monde du travail, avec des places très enviées comme secrétaire,
03:20 accueil au réceptionniste.
03:21 Des femmes, des jeunes filles ou, comme la voix qui clôture cet extrait, des mamans
03:25 qui nous paraissent tellement plus humaines quand elles soupirent à l'évocation de
03:28 leur journée de travail.
03:29 Je ne croyais pas qu'il y a des gens qui sont obligés de travailler, même en n'aimant
03:32 pas leur travail.
03:33 Oh si, mais alors ça devient un enfer.
03:37 Déjà pour moi, certains jours sont très difficiles, plus difficiles que d'autres.
03:44 Merci madame.
03:45 Merci Laurence Bimbaud.
03:46 Je viens de recevoir un message de la CGT Radio France.
03:51 Vous êtes évidemment conviés à les rejoindre.
03:53 Ils ont deux trois mois à vous dire.
03:55 La diffusion de fonctionnaires stacanovistes sur cette antenne est assez mal vue pendant

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