Wagner: "Vladimir Poutine a joué avec le feu avec ces sociétés militaires privées", pour l'écrivain et grand reporter Olivier Weber

  • l’année dernière
Dans un message sonore de 11 minutes, le fondateur de la milice Wagner, Evgueni Prigojine, explique que l'objectif de sa marche vers Moscou n'était pas de renverser le pouvoir russe mais de "sauver Wagner". Selon lui, le groupe paramilitaire devait cesser d’exister le 1er juillet.

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Transcription
00:00 On peut penser en tout cas qu'il avait des objectifs qui étaient
00:02 non pas de renverser le régime, mais au moins d'avoir la tête de Chouïgou
00:05 le ministre de la Défense.
00:06 C'était difficile, effectivement, parce que la colonne vertébrale de la Russie,
00:10 qu'elle soit poutinienne, qu'elle soit post-soviétique,
00:13 et même de l'URSS, c'était quoi ?
00:14 Ça a toujours été de l'armée.
00:15 Et on voyait difficilement Poutine, qui a joué avec le feu, il faut le dire.
00:19 Poutine a joué avec le feu avec ses SMP, ses sociétés militaires privées,
00:23 mais on voyait quand même difficilement Poutine lâcher l'armée.
00:26 Donc finalement, Chouïgou et Gerasimov, donc l'armée, les généraux,
00:28 les apparatchiks de toute cette clientèle autour du ministre de la Défense
00:32 et du chef d'état-major des armées, ont eu gain de cause.
00:36 La conséquence, c'est quoi ?
00:37 C'est qu'il y a une sorte d'étatisation, on va dire,
00:39 de ces sociétés militaires privées, parce qu'il n'y avait rien de plus dangereux
00:42 que de privatiser cette guerre, même s'il y avait des succès mitigés
00:45 ou évidents, quelquefois, comme c'était le cas à Barmoutes.
00:49 Deuxièmement, donc, une récupération politique.
00:51 Et en même temps, Prigojine, il n'a peut-être pas sauvé sa tête.
00:54 On peut penser qu'il y a plusieurs contrats sur sa tête,
00:57 de la part de Kadirov, de la part de l'armée,
00:59 il ne sera pas en sécurité davantage en Biélorussie,
01:02 mais en tout cas, il a sauvé finalement l'avenir de ses hommes,
01:05 même si Wagner sera totalement étatisé, donc récupéré.
01:09 Cela dit, c'est intéressant que l'Avrof, le ministre des Affaires étrangères,
01:12 monte en puissance et dise "attention, Wagner va rester en Afrique".
01:16 Wagner en Afrique, c'est 5 000 hommes, ça va du Soudan avec les mines d'or,
01:19 au bois rare en République centrafricaine,
01:22 à la "protection" du pays, la présidence au Mali, etc.
01:26 Ça c'est très important, pourquoi ? Parce que vous avez là
01:28 une sorte de bras armés de la diplomatie russe,
01:30 une projection pratiquement militaire du soft power
01:34 et du hard power russe en Afrique,
01:36 et peut-être bientôt sur d'autres continents.
01:38 Alors en même temps, Prigojine, il a quand même,
01:42 il faut le dire, totalement fragilisé, fissuré ce pouvoir.

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