L'océan Pacifique est le théâtre de la guerre pour la suprématie entre la Chine et les États-Unis. Une lutte d'influence qui entraîne avec elle de nombreux autres États et même micro-États de la région.
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00:00 Cette vidéo est sponsorisée par NordPass, on en reparle un peu plus tard durant la vidéo.
00:04 L'océan Pacifique, plus de 165 millions de kilomètres carrés, soit environ un tiers de la surface terrestre et 245 fois la France.
00:13 Coupé en deux sur les planisphères centrés sur le continent européen,
00:16 cette étendue d'eau paraît vide au premier abord et pourtant elle est le lieu d'enjeux économiques et géopolitiques majeurs.
00:23 Par ailleurs, l'océan Pacifique n'est pas exemple de vie humaine.
00:26 Ses abords concentrent une bonne partie de la population mondiale sur les côtes américaines mais surtout asiatiques.
00:32 Et ses parties sud et sud-ouest, parsemées d'îles, sont également peuplées de sociétés diverses depuis des millénaires.
00:39 Le droit de la mer octroie ce qu'on appelle des zones économiques exclusives ou ZEE,
00:44 qui s'étendent jusqu'à 200 000 marins des côtes de chaque état.
00:48 Ce sont des eaux où l'état riverain dispose de l'exclusivité d'exploitation des ressources.
00:53 Et si on les fait apparaître sur la carte, on voit que le Pacifique semble déjà un peu moins vide.
00:58 On remarque rapidement les états contrôlant le plus de surface océanique.
01:02 Les Etats-Unis dans la partie nord grâce à l'Alaska mais également à l'archipel d'Hawaï,
01:07 aux îles Marianne plus au sud et d'autres îles et atolls mineurs.
01:11 On retrouve également la Russie dans la partie nord-ouest ainsi que le Japon qui dispose également de petites îles lui octroyant une grande surface maritime.
01:19 Plus au sud on va retrouver les ZEE de tous les états du Pacifique, la Micronésie, les îles Marshall, les îles Salomon, etc.
01:26 Et on va retrouver également la France du fait de ses collectivités d'outre-mer, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française,
01:33 Wallis et Futuna, et également des bouts de terre sortant à peine de l'eau, les îles Matthew et Hunter près de la Nouvelle-Calédonie,
01:40 et l'île Clipperton beaucoup plus dans l'est de l'océan.
01:44 L'océan Pacifique est également un lieu d'échange. En 2023, parmi les 20 premiers ports en termes de volume d'échange de marchandises,
01:50 15 sont sur l'océan Pacifique qui est le lieu de passage de routes maritimes stratégiques
01:55 entre l'Asie, l'Amérique et l'Océanie,
01:57 mais également les routes maritimes qui partent de la mer de Chine pour rejoindre l'océan Indien et notamment ensuite l'Europe via le canal de Suez.
02:05 Un lieu d'échange de marchandises mais également de données
02:08 dans les fonds marins sont installés de nombreux câbles grâce auxquels les communautés humaines sont reliées via internet. Et ces câbles sont absolument stratégiques
02:16 car internet ce n'est pas que regarder des vidéos sur youtube,
02:19 l'économie mondiale dépend des échanges de données. Et en parlant de connexion internet,
02:24 c'est le moment où j'en profite pour vous parler du sponsor de la vidéo, NordPass.
02:28 Je vous avais déjà parlé de NordPass dans une précédente vidéo,
02:31 mais cette fois-ci je vais vous parler de la version business de NordPass, donc destinée aux entreprises.
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02:53 C'est beaucoup de temps perdu.
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03:06 selon la confidentialité de ces informations par exemple.
03:08 Et bien pareil, NordPass offre des solutions qui permettent de largement simplifier le partage d'informations dans ce genre de situation.
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03:36 Merci de votre attention, vous le savez, c'est ce genre de partenariat qui permet l'existence tout simplement de la chaîne.
03:42 L'océan Pacifique abrite également de nombreuses zones de pêche.
03:45 La Chine notamment exploite énormément ses eaux le long de sa côte, et on va retrouver d'autres zones de plus ou moins grande activité,
03:52 notamment dans les parties ouest et sud de l'océan.
03:55 Alors ces données de pêche sont issues de Global Fishing Watch,
03:59 et elles montrent que beaucoup de zones de pêche intensives se situent entre les aides-EE des états.
04:03 Cela pour des raisons juridiques de droit d'accès aux zones de pêche.
04:07 Alors je précise que ces données sont construites à partir du système automatique d'identification à bord des navires,
04:13 donc c'est ce qui permet de les géolocaliser et entre eux d'éviter les collisions par exemple.
04:18 Global Fishing Watch analyse ces données, notamment les changements de cap et la vitesse,
04:22 et via un algorithme détermine si ces navires sont des navires de pêche ou non.
04:26 On parle donc ici d'activités de pêche apparentes et non certaines,
04:30 et ces données ne prennent pas en compte non plus les embarcations non équipées de ce système d'identification.
04:35 Je tenais à le préciser.
04:37 Ensuite sur le plan diplomatique, l'océan Pacifique abrite un certain nombre, disons, de partenariats, de coopérations.
04:43 On retrouve l'ASEAN, l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est,
04:47 organisation politique et économique qui permet aux pays de discuter tous ensemble de sujets touchant la région.
04:53 Elle a instauré également une zone de libre-échange entre tous ces pays.
04:56 Sur le plan économique toujours, on a également le Partenariat économique régional global,
05:01 qui est un accord de libre-échange centré autour des membres de l'ASEAN,
05:04 avec en plus l'Australie, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande.
05:09 Le but est de faciliter les échanges commerciaux à travers l'Asie du Sud-Est mais également l'Océanie.
05:14 On retrouve ensuite l'ANSUS, le traité de sécurité entre Australie, Nouvelle-Zélande et États-Unis.
05:19 C'était à l'origine en 1951 une alliance tripartite,
05:23 mais des divergences sur l'utilisation des technologies nucléaires en termes d'armement et de propulsion
05:28 entre les États-Unis et la Nouvelle-Zélande les ont mené à rompre cette alliance.
05:32 Les alliances demeurent donc seulement entre les États-Unis et l'Australie,
05:36 et entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
05:38 On parle ici d'alliance défensive, le traité déclare que si l'un des partis est attaqué,
05:42 alors l'autre parti agira pour faire face aux dangers communs,
05:45 mais ne précise pas que ce doit être de manière militaire.
05:49 Il y a ensuite le QUAD, surnom donné au dialogue quadrilatéral pour la sécurité,
05:53 il regroupe les États-Unis, le Japon, l'Australie et l'Inde.
05:57 Comme son nom l'indique, c'est à la base une instance de dialogue,
05:59 mais ce sont aussi essentiellement ses membres qui participent à des exercices militaires conjoints,
06:04 appelés exercices Malabar.
06:06 Et ce n'est plus un secret pour personne que ces exercices ont pour but de montrer à la Chine
06:10 la puissance et l'interopérabilité des armées des membres du QUAD.
06:13 Et on notera aussi l'existence de l'AUKUS, acronyme de Australie, Royaume-Uni et États-Unis,
06:19 accord de coopération militaire mis en place également pour contrer la Chine
06:22 et l'expansionnisme dont les membres de l'AUKUS l'accusent.
06:26 Vous le constatez, on a donc un certain nombre de partenariats régionaux
06:29 qui existent essentiellement du fait de la montée en puissance de la Chine.
06:32 C'est le sujet prioritaire pour les États-Unis,
06:35 alors regardons un peu de plus près quelle est la situation.
06:38 On l'a vu, via leur possession dans le Pacifique, les États-Unis sont présents loin dans l'ouest de l'océan,
06:43 à moins de 2500 km des côtes chinoises grâce aux îles Mariannes.
06:47 Les États-Unis ont également des alliés militaires dans la zone,
06:50 la Corée du Sud, le Japon et les Philippines,
06:53 et Taïwan qui n'est pas un allié mais un partenaire informel
06:56 puisque les États-Unis ne reconnaissent pas formellement l'indépendance de l'île,
06:59 mais en sont un appui indispensable.
07:02 Cette situation crée un sentiment d'encerclement pour la Chine
07:05 du fait de ce qu'on appelle la première chaîne d'île,
07:07 contrôlée par des États ayant un niveau de partenariat plus ou moins élevé avec les États-Unis,
07:12 et allant donc du Japon au sud des Philippines.
07:15 On notera également la présence de bases militaires états-uniennes en Corée du Sud ainsi qu'au Japon,
07:20 notamment sur l'île d'Okinawa.
07:22 Quant aux Philippines, des dialogues sont en cours pour permettre à nouveau
07:25 le stationnement de troupes américaines sur le territoire philippin.
07:28 Ensuite, une deuxième chaîne d'île existe, elle s'étend des îles japonaises au Gasawara,
07:33 passe par les îles Mariannes américaines et notamment l'île de Guam
07:36 où se trouve la première base militaire américaine dans la région,
07:39 et par la Micronésie et Palau, sans oublier plus à l'est les îles Marshall,
07:43 alliées également aux États-Unis.
07:45 Ces trois petits États sont en fait engagés dans un partenariat avec les États-Unis
07:49 qui permettent à ces derniers de stationner leurs forces armées dans la zone,
07:52 et de demander des zones afin de mettre en place des bases militaires.
07:55 Et en retour, les États-Unis sont responsables de la protection de ces trois États.
08:00 Et enfin, plus récemment, en mai 2023,
08:02 les États-Unis signent également un traité de sécurité avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée,
08:07 leur permettant sous condition de stationner des troupes dans le pays
08:10 et d'utiliser ports et aéroports.
08:12 Ce dernier traité prolonge donc encore un peu plus au sud cette deuxième chaîne d'îles
08:17 et permet de faire la jonction avec l'allié australien.
08:20 La stratégie américaine est donc de cantonner la Chine à l'intérieur de la mer de Chine Méridionale
08:24 en s'appuyant sur les positions géographiques de ses partenaires.
08:28 On comprend donc un peu mieux le sentiment d'encerclement chinois.
08:31 Et de son côté, évidemment, le but de la Chine est de briser cet encerclement
08:35 pour avoir un meilleur accès aux eaux du Pacifique.
08:37 Et c'est une des raisons pour lesquelles elle cherche à prendre le contrôle de l'île de Taïwan,
08:41 en plus des enjeux idéologiques et symboliques.
08:43 Le contrôle de Taïwan lui donnerait accès à des eaux plus profondes
08:47 permettant notamment à ses sous-marins de rejoindre le Pacifique sans être détectés.
08:50 Car en effet, les eaux de la mer de Chine Méridionale sont peu profondes
08:53 et les sous-marins plus facilement détectables.
08:55 Actuellement, un des points de passage les plus confortables serait le canal de Bashi,
08:59 entre Taïwan et l'île la plus au nord des Philippines.
09:02 Et la Chine s'empresse également de cartographier minutieusement les fonds marins
09:06 afin de maîtriser les routes sous-marines.
09:08 Permettre à des sous-marins de rejoindre le Pacifique sans risque d'être détectés
09:12 est véritablement stratégique, car ces sous-marins peuvent transporter des armes nucléaires.
09:16 Et c'est ça concrètement la dissuasion nucléaire.
09:19 C'est le fait de pouvoir tirer à n'importe quel moment depuis un endroit non connu
09:23 et pour cela les sous-marins ne doivent pas être détectés.
09:26 Alors notons qu'avant 2022, les sous-marins lanceurs d'engins nucléaires chinois
09:30 avaient une portée d'environ 7200 km,
09:33 c'était donc trop peu pour toucher les côtes états-uniennes depuis la mer de Chine.
09:36 Mais depuis mars 2022 et l'arrivée de nouveaux missiles,
09:39 ils auraient une portée de 12 000 km,
09:42 assez pour atteindre au moins le tiers-ouest du territoire états-unien.
09:45 Il n'empêche qu'une circulation facilitée en dehors de la mer de Chine
09:49 mettrait la Chine dans une situation bien plus confortable.
09:52 Mais le Pacifique, comme on l'a vu en début de vidéo,
09:55 c'est aussi une constellation de micro-états insulaires.
09:58 Alors quelles places ont-ils dans cette rivalité Chine-États-Unis ?
10:01 Eh bien, elles représentent pour eux des menaces mais aussi des opportunités.
10:05 Alors que les nations du Pacifique ont conscience de l'importance
10:08 de maintenir leurs liens avec leurs partenaires traditionnels,
10:10 comme les États-Unis, l'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande ou même la France,
10:14 ils se montrent également ouverts à la discussion avec la Chine.
10:18 L'intérêt croissant de la Chine permet en fait de mettre un peu la lumière sur ces nations.
10:22 Alors il faut noter déjà que plusieurs d'entre elles reconnaissent Taïwan comme un pays souverain,
10:26 parmi elles les îles Marshall, Nauru, Palau et Tuvalu.
10:29 Et un des buts des manœuvres chinoises dans le Pacifique
10:31 est aussi de faire baisser ce nombre de pays reconnaissant Taïwan.
10:34 Mais alors concrètement, à quoi ressemblent ces manœuvres chinoises ?
10:38 Eh bien par exemple, au printemps 2022, Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères chinois,
10:43 a réalisé un tour dans le Pacifique pour rencontrer huit nations.
10:46 Le but était de signer avec elles un accord économique et sécuritaire.
10:50 Alors cet accord a été largement rejeté,
10:52 mais ça montre la volonté de la Chine de se rapprocher davantage des îles du Pacifique.
10:56 Plus globalement, la Chine accorde également des prêts,
10:59 mais ceux-ci peuvent parfois être vus comme une volonté
11:01 de faire tomber certains états dans le piège de la dette chinoise.
11:04 Par exemple, en 2022, les Tonga avaient une dette extérieure de 195 millions de dollars,
11:09 soit 35,9% du PIB,
11:12 dont les deux tiers de cette dette étaient détenus par une banque chinoise.
11:15 L'idée du piège de la dette chinoise est évidemment largement relayée
11:18 par les puissances adversaires à la Chine afin de la discréditer,
11:22 et cette stratégie n'est pas employée que dans le Pacifique d'ailleurs,
11:25 mais également sur tous les pays bénéficiant du projet chinois des routes de la soie,
11:28 dans toute l'Asie et en Afrique notamment.
11:30 Par ailleurs, en 2022 toujours, un accord de sécurité a été signé
11:34 entre la Chine et les îles Salomon.
11:36 Son contenu exact n'est pas connu, mais un brouillon de l'accord avait fuité.
11:40 Il contenait entre autres la déclaration suivante.
11:43 "La Chine peut, en fonction de ses propres besoins et avec le consentement des îles Salomon,
11:48 effectuer des visites de navires, procéder à des réapprovisionnements logistiques
11:52 dans les îles Salomon et y faire des escales et des transitions."
11:55 Alors ici, le mot "base" n'est pas employé,
11:57 mais on comprend que la Chine pourrait potentiellement faire mouiller
12:00 des navires militaires dans les îles Salomon.
12:02 Et d'ailleurs, dans les traités ou déclarations,
12:04 on évite souvent d'utiliser l'expression "base militaire".
12:07 On voit par exemple souvent le terme "US facility" dans ce qui concerne les Etats-Unis,
12:11 c'est en partie de la communication diplomatique.
12:13 Ce genre d'accord avec les îles Salomon,
12:15 c'est la crainte des Occidentaux et leurs alliés dans le Pacifique,
12:18 car cela offre de meilleures capacités de projection à la Chine
12:21 et perce un peu ce bloc, ces "chênes d'îles"
12:24 risquant d'isoler l'Australie, alliés des Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande.
12:28 On peut citer également les Fidji,
12:30 avec lesquels la Chine a un traité de coopération de police en cours,
12:33 mais le nouveau premier ministre fidjien a annoncé vouloir y mettre un terme
12:36 ou à minima le renégocier, car il souhaite travailler avec des Etats
12:39 ayant un système politique et judiciaire similaire au Fidji.
12:42 Bref, vous le voyez, dans les îles du Pacifique,
12:44 les deux blocs se démènent,
12:46 l'un pour garder son influence historique,
12:48 l'autre pour confirmer son influence naissante.
12:50 Et il n'est pas inutile d'apporter une dernière précision,
12:53 les Etats insulaires du Pacifique expriment depuis des années
12:56 leurs craintes liées au changement climatique,
12:58 et notamment à la montée des eaux, dont ils sont déjà les victimes.
13:01 C'est leur sujet sécuritaire numéro 1.
13:03 Et en termes de politique étatsunienne,
13:05 les différences sont marquées à ce sujet entre démocrates et républicains,
13:09 notamment l'aile trumpiste républicaine.
13:12 Donc selon l'issue des élections étatsuniennes de 2024,
13:15 la stratégie adoptée face au changement climatique
13:17 pourrait changer et peut-être impacter au moins à minima
13:20 les relations avec les îles du Pacifique. Affaire à suivre.
13:23 Voilà, c'est tout pour aujourd'hui.
13:25 J'ai hésité à traiter la présence française dans le Pacifique,
13:28 mais je me suis dit que finalement je la garderais peut-être pour une future vidéo.
13:31 L'idée serait de parler des menaces et opportunités
13:34 et du rôle que joue la France dans cette rivalité sino-américaine.
13:37 Dites-moi en commentaire si ce sujet pourrait vous intéresser.
13:40 En attendant, si cette vidéo vous a plu,
13:42 vous pouvez m'aider à la booster en mettant un pouce en l'air, un commentaire,
13:46 abonnez-vous si ce n'est déjà fait,
13:48 et je remercie comme d'habitude tous les gens qui me font des dons sur Tipeee
13:51 et qui participent à la pérennité de la chaîne.
13:54 Merci beaucoup, et à la prochaine pour une nouvelle vidéo.