• l’année dernière
Un nouveau monde est en train de naître… Une révolution scientifique est en marche…
Cette grande révolution, il faut aller la chercher très profondément, c’est celle de l’infiniment petit, celle de l’avènement du nanomonde : celui des nanosciences et des nanotechnologies.

Pour notre troisième voyage nous allons à la rencontre de ce que les nanos peuvent changer pour notre propre corps. Nous découvrons cette nouvelle manière de soigner qu’est la nanomédecine.
A cette échelle les médecins réussissent à cibler les zones malades.
Mais déjà ils envisagent d’amener directement là ou le corps en a besoin, les médicaments nécessaires et dans des quantités tout juste nécessaires. Les applications sont déjà visibles et spectaculaires notamment dans le domaine du traitement du cancer.
Nous rencontrerons également de nouveaux outils de diagnostic qui travaillent à l’échelle de la molécule. Ils permettent par exemple, de réaliser le travail d’analyse médical nécessaire par un « laboratoire » pas plus gros qu’une carte de crédit.

Mais, c’est avec la médecine reconstructrice que nous découvrons les perspectives étonnantes que la connaissance du vivant nous apporte : si les tritons sont capables de faire repousser un membre coupé, pourquoi pas nous ? Les premiers résultats sont déjà là, avec des souris qui ont retrouvé la vue après qu’on leur ai sectionné le nerf optique!

"Bienvenue dans le nano monde - EP3 - Des nano en nous"
Réalisateurs : Charles-Antoine de Rouvre et Jérôme Scemla
© LA COMPAGNIE DES TAXI-BROUSSE - 2009
Transcription
00:00 Ma femme, ma première femme, Maria Luisa, est tombée malade.
00:06 Elle est morte d'un cancer à 32 ans.
00:09 Nous avions trois jeunes enfants, Giacomo, Kimi et Chiara.
00:13 Les médecins me disaient qu'on ne pouvait rien faire,
00:18 qu'elle allait bientôt mourir.
00:21 Et pourtant, quand on l'a regardée, elle n'avait même pas l'air malade.
00:26 Et les problèmes dont me parlaient les médecins étaient d'ordre technique, technologique, d'ingénierie,
00:31 comment détecter le cancer plus tôt, comment faire pour que les médicaments atteignent leur cible.
00:37 Et moi, j'étais là, au beau milieu de toute cette fabuleuse technologie,
00:41 dans des universités comme Berkeley ou Stanford,
00:44 dans un pays où partout on fait des prouesses dans le domaine de l'électronique.
00:48 Et c'est là que je me suis demandé pourquoi on n'utiliserait pas toutes ces technologies
00:52 pour relever les défis auxquels la médecine est confrontée.
00:57 La technologie au service de la santé, je n'y vois a priori rien de nouveau.
01:07 Sauf que cette technologie-là est à l'échelle du nanomètre.
01:10 Et la recherche biomédicale travaille à cette échelle, celle de la molécule, depuis plus d'une décennie.
01:16 Avec les nanosciences, de nouvelles solutions se profilent.
01:20 Diagnostiquées plus tôt et plus finement, soignées plus efficacement, à moindre dose, mieux réparées,
01:26 ce qui a pu être détruit ou endommagé, peau, muscles, os et pourquoi pas organes.
01:32 Un petit rappel, ce préfixe nano indique une échelle, le milliardième de mètres, 10 puissance moins 9 mètres.
01:39 Et tout ce dont on va parler désormais se passe à cette échelle.
01:43 Quelques grands principes donnent aux nanosciences et technologies leurs caractéristiques particulières.
01:48 D'abord, travailler la matière à l'échelle nano plutôt que macro, la nôtre,
01:52 permet de travailler directement à partir des constituants de la matière,
01:56 et non plus à partir d'un bloc déjà constitué.
01:59 Depuis la fin du XXe siècle, les scientifiques de toutes les disciplines, physique, chimie, biologie,
02:04 utilisent leurs connaissances conjuguées pour manipuler des atomes individuellement
02:08 et les assembler comme s'il s'agissait de simples briques.
02:13 Plus besoin de tailler forcément un arbre pour obtenir un cure-dent,
02:17 il suffit en théorie d'assembler les atomes qui composent ce cure-dent pour parvenir au même résultat.
02:22 Agir directement sur les constituants de la matière permet aussi de profiter de propriétés différentes de cette matière.
02:32 Parce que la taille est différente, les matériaux réagissent différemment.
02:38 Le rapport surface-volume va changer. En changeant d'échelle pour un même volume, on gagne de la surface.
02:43 Pour comprendre, il suffit par exemple de comparer la surface d'une balle
02:48 et la surface totale de toutes les balles plus petites qu'elles pourraient contenir.
02:52 Cette dernière est supérieure.
02:54 A l'échelle nano, se manifestent aussi d'autres particularités, comme les effets de la physique quantique.
03:01 Notre réalité, celle de la physique classique, n'est plus toujours valable dans le nanomonde.
03:06 Par exemple, si je reprends ma balle, la lance contre un mur, dans notre monde, elle va rebondir.
03:10 Mais si je suis tout petit et que cette balle est de taille nanométrique,
03:14 lorsqu'elle touche le mur, elle va rebondir bien sûr, mais elle va aussi le traverser,
03:18 elle va être là, ici, ailleurs et nulle part.
03:21 Si vous n'y comprenez pas grand-chose, moi non plus et les plus grands chercheurs s'interrogent toujours.
03:35 Un cabinet d'études, Lux Research, a estimé qu'à l'horizon de 2014,
03:40 jusqu'à 16% du chiffre d'affaires des produits liés à la santé sera issu des nanotechnologies.
03:45 Avec une même priorité partout dans le monde, la lutte contre le cancer.
03:49 J'ai rendez-vous en Allemagne avec le professeur André H. Jordan,
03:53 dans un petit bâtiment à l'écart des jardins d'une institution, l'hôpital de la Charité.
04:03 Bonjour, entrez, je vous en prie.
04:06 On commence ici ?
04:13 Ici, et on va pas par là ? Non.
04:15 Ok, vous préférez commencer où alors ?
04:17 André H. Jordan a créé sa start-up il y a maintenant près de 10 ans,
04:22 pour développer une thérapie issue des nanotechnologies et traiter certaines tumeurs du cerveau.
04:27 Cette dimension nano lui a permis de rendre efficace un procédé qui à l'échelle micro ne l'était pas.
04:33 La thermothérapie contre le cancer était une méthode connue.
04:39 Mais avec les systèmes conventionnels, on n'était pas capable d'élever uniquement la température de la tumeur,
04:46 on élevait aussi celle des tissus sains tout autour.
04:50 Nous avons donc axé nos recherches sur des particules capables de générer de la chaleur à l'intérieur de la tumeur,
04:57 en les soumettant à un champ magnétique externe.
05:00 J'apprends donc que, comme toutes cellules de notre corps,
05:04 les tumeurs ne survivent pas à une brutale élévation de température.
05:08 Pour chauffer la tumeur, et uniquement celle-ci, André H. Jordan utilise des particules de taille nanométrique.
05:14 En entrant dans le laboratoire de Jordan, j'imagine un univers futuriste, high-tech, mais non.
05:20 Voici donc notre département technique où les nanoparticules sont produites et fabriquées.
05:27 Le principe de base de notre nouvelle thérapie contre le cancer
05:31 repose sur ces nanoparticules d'oxyde de fer qui font 15 nanomètres.
05:37 Si on prend un aimant, on se rend compte qu'elles réagissent au champ magnétique.
05:43 Un champ magnétique ? Pourquoi ? Comment ?
05:46 Devant mes interrogations, Jordan me propose une petite expérience.
05:49 Démonstration.
05:53 Je mets en route le champ magnétique et je mets ma main là.
05:57 Je ne sens rien, alors que le champ magnétique est à sa puissance maximale.
06:03 Et moi, je peux essayer ?
06:05 Oui, allez-y.
06:07 Est-ce que vous ressentez de la chaleur ou une autre sensation ?
06:12 Non, non.
06:13 Sur ma main, pas de métal et encore moins d'oxyde de fer, donc pas de chaleur.
06:17 Mais là, en revanche, je sens rien.
06:21 Mais là, en revanche...
06:23 Et maintenant, si je mets cette pièce ici, vous allez voir, en quelques secondes, à peine,
06:28 elle chauffe.
06:30 Et c'est exactement le même procédé que vous utilisez une fois que vous avez injecté les...
06:34 Exactement. Après avoir injecté les particules dans la tumeur,
06:37 on les excite avec le champ magnétique extérieur, et elles chauffent.
06:40 Mais il n'y a que les particules qui chauffent.
06:44 Lorsque les nanoparticules sont soumises à un champ magnétique oscillant,
06:48 elles entrent en vibration à raison de 100 000 fois par seconde,
06:51 ce qui provoque leur échauffement.
06:53 La température à l'intérieur des cellules cancéreuses va grimper à 43 degrés et les détruire.
06:58 Pourquoi est-ce que cela ne fonctionne pas avec des macroparticules ?
07:02 Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas de chaleur ?
07:04 Parce que les cellules cancéreuses sont en train de se réchauffer.
07:07 Et c'est ce qui fait que les cellules cancéreuses ne peuvent pas se réchauffer.
07:10 Pourquoi est-ce que cela ne fonctionne pas avec des macroparticules ?
07:13 Pourquoi est-ce qu'il faut avoir recours à des nanoparticules ?
07:16 J'ai fait des essais avec des centaines de particules,
07:21 des particules différentes et plus grandes, avec différents revêtements.
07:25 Et à chaque fois, il me fallait malheureusement au moins un gramme d'oxyde de fer
07:29 par gramme de tissu de tumeur,
07:33 ce qui représente une quantité vraiment énorme
07:36 et qui ne serait pas tolérable pour les hommes.
07:40 Le deuxième point, c'est que l'on peut vraiment modifier avec précision
07:44 la surface de la structure, de sorte que les particules nano restent dans la tumeur.
07:49 Elles migrent à l'intérieur du tissu de la tumeur et pas dans le tissu normal.
07:55 Tous ces éléments sont dus aux caractéristiques du revêtement de ces nanoparticules.
08:03 Cela ne peut se faire qu'à cette échelle nano.
08:07 Et les résultats sont là.
08:10 Des malades s'en sont sortis, certains cas de rémission sont même exemplaires.
08:31 Est-ce que vous vous rendez compte que vous donnez de l'espoir aux gens ?
08:34 Les tests cliniques sont toujours en cours.
08:37 Il n'est pas encore possible de confirmer l'efficacité de manière significative sur un plan statistique.
08:43 Je peux néanmoins vous dire que plusieurs patients de notre étude sur les tumeurs du cerveau
08:48 ont survécu bien plus longtemps que ne le laissaient présager les pronostics des médecins.
08:53 Pourquoi tout ça ne va pas plus vite ?
08:56 Si soumettre les nanoparticules à un champ magnétique est facilement maîtrisé,
09:00 l'injection de ces nanoparticules dans la tumeur reste compliquée.
09:04 Aujourd'hui, les équipes du professeur Jordan doivent simuler l'intervention en images artificielles
09:09 avant d'y procéder in vivo.
09:11 L'injection doit être parfaitement contrôlée
09:13 afin que le contenu soit bien distribué et qu'aucun tissu ne soit abîmé au passage.
09:17 Pour l'instant, nous nous heurtons à des obstacles.
09:22 Et le principal vient du fait qu'il nous faut obligatoirement injecter directement le produit dans la tumeur.
09:28 Parfois, la tumeur reste inaccessible.
09:31 Il arrive aussi que nous ne disposions que d'un nombre insuffisant de trajectoires d'injection.
09:36 Il n'empêche, les travaux d'Andréa Jordan sont en phase 2 de test clinique,
09:43 la dernière avant leur mise sur le marché.
09:45 Une révolution ? Pas exactement.
09:48 Mais des progrès, une vraie avancée, permise par le travail à l'échelle nano.
09:52 Ces progrès en augurent d'autres, en termes de soins, mais aussi en termes d'économie de soins.
09:57 Les données sont désormais indissociables.
09:59 Gagner 6 mois, 10 ans d'espérance de vie s'évalue en fonction d'un rapport coût-bénéfice.
10:03 Dans la médecine moderne, je suis, nous sommes des patients, mais aussi des clients, des consommateurs.
10:08 L'argent est plus que jamais le nerf de la guerre contre la maladie.
10:12 Aux Etats-Unis, 55% des fonds alloués aux nanosciences et nanotechnologies sont consacrés aux seules biotechnologies.
10:19 Le National Cancer Institute a mis en place en 2004 un premier programme de 144 millions de dollars sur 5 ans,
10:26 dédié aux recherches nano contre le cancer.
10:28 La compétition pour la maîtrise de l'infiniment petit fait rage d'un continent à l'autre, d'un pays à l'autre et entre laboratoires.
10:34 Prochain enjeu des nanobio-technologies, ne plus avoir besoin d'injecter le traitement directement dans les zones malades.
10:41 Grâce à la nanotechnologie, les médicaments sont en passe de devenir intelligents.
10:46 En d'autres termes, une fois dans le sang, ces nanoparticules seront capables d'identifier seule leur cible
10:51 et de l'atteindre pour la traiter de manière autonome, plus rapidement, plus précisément, plus efficacement.
10:57 Au Texas, je vais croiser de nouveaux pionniers.
11:04 L'équipe du professeur Ferrari est l'une des plus en pointe dans l'élaboration de nanoparticules intelligentes.
11:12 [Musique]
11:20 Même avec les meilleurs médicaments, qui pour certains patients font déjà des miracles, par exemple dans la lutte contre le cancer du sein,
11:29 seule une particule sur 100 000 ou sur 1 million atteint la tumeur.
11:34 Les autres causent des dommages dans le reste du corps.
11:39 C'est le problème des thérapies contre le cancer.
11:41 Il faut parvenir à s'assurer que le médicament va bien traiter la zone qu'il est censé traiter.
11:46 Le corps est plein de barrières biologiques.
11:51 Il est organisé avec toutes sortes de systèmes de défense pour repousser ou détruire tous les organismes étrangers.
11:58 Donc nos traitements doivent franchir ces barrières.
12:05 C'est comme s'il y avait des barbelés, des mines, des tranchées.
12:08 Pour y arriver, on ne peut donc pas se contenter d'une seule particule.
12:11 Il faut pouvoir orchestrer tout un système.
12:13 Notre stratégie, et celle d'autres laboratoires, c'est de jouer sur les paramètres de design,
12:27 comme la taille, la forme et les matériaux,
12:30 ce qui était impossible il y a quelques années à peine.
12:34 Aujourd'hui, Ferrari dispose des outils qui lui permettent de formuler des doses nanoscopiques de traitement.
12:39 Par exemple, d'intégrer une molécule traitante dans un tube nanométrique
12:43 et de coupler ces nanodoses à une tête chercheuse.
12:46 Nous avons donc défini le meilleur design possible.
12:52 Si vous en connaissez un meilleur, dites-le moi.
12:55 Et nous sommes parvenus à un meilleur design.
12:59 Si vous en connaissez un meilleur, dites-le moi.
13:02 Et nous sommes parvenus, après toutes ces années, à cette taille et cette forme que l'on peut voir là.
13:07 On dirait une demi-noix de coco.
13:09 Grâce à ce design, nous sommes capables de donner des fonctionnalités très différentes à nos particules.
13:16 Mais dites-moi, c'est fait avec quoi ?
13:24 Diluie.
13:27 C'est du silicium poreux.
13:29 C'est le même matériau que celui utilisé pour fabriquer des puces informatiques.
13:33 Mais quand il est poreux, ce qu'il a d'extraordinaire, c'est qu'il se désintègre.
13:38 Il devient totalement dégradable, sans rien laisser de toxique.
13:41 On peut donc le remplir de différentes charges de nanotraitement.
13:44 Des nanoparticules qu'on destine à différents compartiments sous-cellulaires,
13:48 certaines devront aller vers le noyau, d'autres vers le cytoplasme,
13:51 et qui vont être relâchées à des moments différents.
13:56 Dans le corps, ces transporteurs de nanoparticules, injectés n'importe où dans le sang,
14:01 sont capables de se rendre dans les endroits les plus difficilement accessibles,
14:04 de franchir les barrières naturelles, de repérer leurs cibles,
14:08 de s'y fixer et de relâcher leurs principes actifs.
14:25 C'est un peu comme la conception d'une fusée qu'on enverrait vers la Lune.
14:28 Il lui faut plusieurs étages. Et nous faisons la même chose.
14:31 Il y a plusieurs étapes. D'abord, il y a la théorie,
14:33 puis la validation biologique, et enfin la mise en application.
14:36 Pour y arriver, il faut obligatoirement une collaboration
14:38 entre physicien, chimiste et biologiste moléculaire.
14:41 Il faut donc constituer des équipes interdisciplinaires.
14:44 Mais, cette technique en théorie, ça marche ?
14:50 Oui.
14:51 Vous l'avez testée ?
14:52 Oui, ça marche.
14:53 Mais alors, pourquoi n'est-elle pas utilisée ?
14:55 Pour qu'elle soit validée, ça prend beaucoup de temps.
14:58 Il faut faire des essais sur des centaines et des centaines de patients,
15:01 ce qui prend forcément des années.
15:04 Encore une fois, j'ai envie de leur dire d'aller toujours plus vite.
15:16 Plus vite dans cette lutte contre le cancer.
15:18 Je parie qu'avec l'énergie et la conviction dont est capable le Ferrari,
15:21 la théorie et la pratique se rejoindront bien vite.
15:24 Reste cependant pour lui un impératif,
15:26 découvrir la maladie à temps, avant qu'il ne soit trop tard.
15:30 Dans la grande majorité des cas, les cancers sont diagnostiqués trop tard.
15:36 Du coup, les interventions sont très lourdes.
15:38 Il faut y aller au scalpel, avec des rayons, avec des traitements très toxiques,
15:43 tout ça pour éviter la dissémination des métastases
15:46 et rallonger un peu la durée de vie.
15:49 Aujourd'hui, la question est, comment faire pour déceler les cancers plus tôt ?
15:54 Dans le monde entier, nous disposons d'examens de dépistage,
15:57 comme les rayons X, l'IRM, le scanner, qui sont très au point.
16:01 Mais chaque intervention d'imagerie pose un problème radiologique,
16:04 lié aux brûlures causées par les radiations.
16:07 Sans oublier le problème des tumeurs plus petites,
16:10 qui ne sont pas forcément détectables par ces moyens.
16:17 Comment voir mieux, comment voir plus finement, diagnostiquer plus tôt,
16:22 et sans que cela nuise aux patients ?
16:24 Les nanotechnologies apportent là aussi un progrès déterminant.
16:28 L'idée est de construire une autre tête chercheuse,
16:31 cette fois un nanomarqueur, dont la mission sera de révéler dans le corps la cellule malade.
16:36 Reçu pour être autonome, il devra trouver seul son objectif,
16:40 s'y fixer et le rendre visible.
16:42 Le tout est d'avoir le bon marqueur.
16:46 En France, je rejoins Cobaye en main, une équipe du département nanobio du LETI,
16:51 le laboratoire d'électronique et de technologie de l'informatique,
16:54 où des scientifiques aussi sérieux que compétents se plient gentiment à mes caprices
16:58 pour tenter de me faire comprendre leur travail.
17:00 Donc on a un petit capillaire qui contient le fluorophore,
17:03 et ça je vais l'insérer dans notre laser.
17:08 Voilà.
17:10 On le met dans le dispositif optique,
17:13 on excite avec de la lumière dans une longueur d'onde donnée le fluorophore,
17:18 et celui-ci émet de la lumière.
17:20 Donc on voit bien le signal fluorescent au travers du laser.
17:29 Alors quand on injecte le fluorophore à une souris,
17:32 on voit apparaître une distribution homogène du fluorophore sur la souris.
17:36 Le fluorophore il va dans les vaisseaux sanguins,
17:39 et les vaisseaux sanguins peuplent tous les organes.
17:43 Donc du coup, le fluorophore et la nanoparticule
17:45 vont se distribuer de façon homogène via la circulation sanguine.
17:48 Ensuite, avec le temps, les nanoparticules vont pouvoir aller se loger,
17:53 en particulier au niveau de la tumeur.
17:56 Si on se place à un temps plus long, 24 heures,
17:59 on va avoir ici une fluorescence plus importante
18:02 au niveau de cette tumeur sous la peau de la souris.
18:05 Ce qui se passe au niveau de la tumeur, c'est que la fluorescence
18:08 va se produire et se distribuer.
18:10 Ce qui se passe au niveau de la tumeur, c'est qu'il y a de nouveaux vaisseaux sanguins qui se forment.
18:14 Ces nouveaux vaisseaux sanguins sont imparfaits.
18:16 Ils vont avoir des ports qui sont plus importants.
18:19 Les nanoparticules d'une taille inférieure à 100 nanomètres
18:22 peuvent traverser les ports au niveau des vaisseaux sanguins de la tumeur.
18:27 Les nanoparticules qui circulent dans le sang
18:30 vont pouvoir s'accumuler dans la tumeur et y rester.
18:33 Et donc comme elles émettent de la lumière, si on les excite,
18:35 on va obtenir une fluorescence.
18:38 Mais là encore, devoir injecter un fluorophore restreint les possibilités.
18:49 Pour tous les scientifiques, le plus simple serait de pouvoir établir un diagnostic
18:53 directement à partir des fluides du corps.
18:56 Juste un prélèvement et hop !
18:58 Aujourd'hui, les laboratoires d'analyse sont trop chers
19:01 et ne permettent pas finalement d'apporter beaucoup d'informations.
19:04 Cela bloque encore un dépistage large et très en amont.
19:07 La solution est encore de changer d'échelle en passant du macro au micro,
19:10 puis au nanomètre.
19:13 Elle est étudiée en Californie au California Institute of Technology.
19:17 C'est la Cofficee Jim Ease, un air de dude, de baba cool,
19:21 avec un CV en or et des idées plein la tête.
19:24 Bonjour !
19:26 Bonjour !
19:28 Je suis Charles. Enchanté.
19:30 Enchanté.
19:32 Nous vous avons apporté un petit cano-coffee.
19:35 Avant, on se posait une seule question.
19:44 Y a-t-il une tumeur ou pas ?
19:47 Aujourd'hui, nous voulons pouvoir répondre à plein de questions.
19:50 Savoir si vous avez le cancer, dans quel organe il est situé,
19:53 quel est son stade, au début, avancé ou métastasé,
19:56 quelle est la bonne thérapie, et si vous en suivez une,
19:59 est-ce que vous réagissez bien ou mal, etc.
20:02 Cela implique de multiplier les examens, les mesures, les scanners.
20:06 Pour éviter cela, il a fallu en premier lieu comprendre la biologie,
20:10 et ensuite développer des technologies qui nous permettent,
20:13 d'une manière assez simple, de prendre des centaines de milliers de mesures
20:16 sans gêner le patient.
20:19 Avec une simple prise de sang, on peut obtenir des informations
20:22 vraiment précises sur l'état du patient, sa réaction au traitement.
20:28 Le défi à relever, ça n'est plus seulement de trouver de nouveaux médicaments,
20:31 mais surtout de nouvelles méthodes de mesure.
20:34 Comme vous voyez, c'est un labo où on bosse, donc il y a pas mal de désordre.
20:55 Ce qu'on utilise, ce sont des protéines présentes dans notre sang.
20:58 Elles nous informent sur l'état de santé de nos différents organes.
21:02 Cela ne dure que quelques minutes à peine, car plus de temps qu'il en faut au sang pour coaguler.
21:07 Aujourd'hui, à l'hôpital, si vous avez un cancer de la prostate,
21:11 on vous fait un test de dépistage à partir d'une protéine qui s'appelle PSA.
21:15 Ce test coûte environ 50 dollars à l'hôpital,
21:20 et à vous, ça vous coûte encore plus cher.
21:22 Ici, en utilisant la même protéine que celle de l'hôpital,
21:26 nous avons réduit le coût à environ 10 cents par test.
21:29 Nous incluons en plus dans le même examen 49 autres tests de protéines.
21:33 Et tout ça dure moins de 10 minutes.
21:36 L'objectif, c'est simplement de réduire les coûts.
21:49 Diagnostiqué pour un coup d'érisoir, une simple goutte de sang,
21:52 pour des milliers d'analyses en quelques secondes,
21:55 je me prends à rêver d'un futur où prévention et traitement ne feraient plus qu'un.
21:59 Et c'est l'objectif ultime de ce qu'on appelle les laboratoires sur puce, ou lab-on-chip.
22:06 Des dispositifs pas plus gros qu'une puce électronique
22:09 et capables d'effectuer des analyses, puis de délivrer un traitement.
22:16 Les recherches dans ce domaine ne se limitent pas à celles de His, aux Etats-Unis,
22:19 puisque toujours en France, toujours au Laitie,
22:22 l'équipe de Christine Péponnet travaille avec autant d'enthousiasme sur le même sujet,
22:25 chemise à moyenne en moins.
22:28 - On voit leur chef en blouse. - Ah, c'est pour ça.
22:33 - Le lab-on-chip, c'est la petite puce qu'on voit.
22:36 Avec un système comme ça, on peut analyser très finement quelques cellules, deux ou trois.
22:42 Donc en fait, c'est des outils qui sont utilisés pour analyser les cellules.
22:47 - On va voir comment ça fonctionne.
22:50 - On va voir comment ça fonctionne.
22:53 - On va voir comment ça fonctionne.
22:56 - On va voir comment ça fonctionne.
22:59 - On va voir comment ça fonctionne.
23:02 - On va voir comment ça fonctionne.
23:05 - On va voir comment ça fonctionne.
23:08 - On va voir comment ça fonctionne.
23:11 - On va voir comment ça fonctionne.
23:14 - On va voir comment ça fonctionne.
23:17 - On va voir comment ça fonctionne.
23:20 - On va voir comment ça fonctionne.
23:23 - On va voir comment ça fonctionne.
23:26 - On va voir comment ça fonctionne.
23:29 - On va voir comment ça fonctionne.
23:32 - On va voir comment ça fonctionne.
23:35 - On va voir comment ça fonctionne.
23:38 - On va voir comment ça fonctionne.
23:41 - On va voir comment ça fonctionne.
23:44 - On va voir comment ça fonctionne.
23:47 - On va voir comment ça fonctionne.
23:50 - On va voir comment ça fonctionne.
23:53 - Vous voyez donc ici toute la tuyauterie qu'on utilise habituellement pour acheminer les réactifs vers les puces.
23:58 - Quand on regarde ça de près, ça semble vraiment complexe.
24:01 - Et c'est d'ailleurs effectivement le cas.
24:04 - Toute cette plomberie, on se demande comment tout ça pourrait être plus simple, meilleur marché, ça semble impossible.
24:08 - Eh bien, c'est ce qu'on a réussi à faire.
24:11 - On est arrivé à se débarrasser de tout ça et à le remplacer par un morceau de plastique et de verre, totalement intégré et autonome.
24:16 - Une simple réaction chimique met en route et fait fonctionner tout le système.
24:20 - Il suffit donc d'avoir cette puce, plus besoin de tuyauterie ni de rien d'autre.
24:24 - On prend un peu de sang et on le dépose dessus et c'est parti.
24:27 - Et à la fin, vous avez les résultats.
24:31 - Oui.
24:32 - Donc la puce ne se contente pas de faire une opération, elle a...
24:35 - Oui, elle réalise plein d'opérations.
24:38 - Je veux que tout ça existe en dehors du labo avant que je ne sois trop vieux.
24:45 - Et que ça ne coûte pas cher.
24:49 - Ce que je crois, c'est que si on arrive à exploiter toute cette technologie, on pourra élaborer des protocoles thérapeutiques,
24:55 - en relation directe avec les diagnostics pour délivrer un traitement beaucoup plus efficace et rapide auprès du patient.
25:01 - Et tout ça sera très accessible pour aider les gens.
25:04 - La frontière entre le diagnostic et la thérapeutique, elle est en train de...
25:11 - de plus du tout... d'être de plus en plus floue.
25:14 - Donc par exemple, doser de façon un peu continue le médicament, le sang,
25:18 - ça peut être une façon intelligente de soigner la personne.
25:22 - Donc en fait, c'est un aller-retour entre diagnostic, je dose, je donne le médicament, je dose, je donne le médicament,
25:29 - et bientôt on aura pratiquement un monitoring en temps continu, ou toutes les heures,
25:35 - avec notamment des dénumerances assistées pour garder le taux le plus constant possible,
25:40 - éviter les à-coups, les piques et tout ce qui est indésirable dans les prises de médicaments.
25:45 - C'est quoi la vision qu'on peut avoir ?
25:47 - La vision c'est de se raccrocher de plus en plus près du malade.
25:50 - Donc là, typiquement, ça pourrait être des systèmes d'analyse qui sont soit dans l'ambulance, soit auprès du malade...
25:56 - Dans sa poche ?
25:57 - Voilà, dans sa poche.
25:58 - Il peut avoir le chien, il peut avoir le matériel ?
26:00 - Oui, c'est pour quoi quoi, pour certaines pathologies c'est important de se tester une fois par jour, deux fois par jour.
26:05 - Ça peut aussi être dans les pays sous-développés, où en fait ils n'ont pas d'infrastructure de laboratoire,
26:12 - de la même façon qu'on est passé de pas de téléphone au portable, on pourrait passer à peu d'analyse de laboratoire,
26:18 - à quelque chose de complètement délocalisé par ces nouveaux systèmes,
26:22 - sans avoir besoin d'experts techniques pour faire l'analyse en général.
26:25 Nous n'en sommes pas encore là.
26:29 Les premiers dispositifs miniatures de délivrance embarquée sont toujours d'une taille comparable à celle d'une grosse capsule.
26:36 Les informations collectées et interprétées par le système de diagnostic sur puce ne sont pas fiables et reproductibles.
26:42 Mais les progrès vont à une vitesse fulgurante.
26:50 Les premiers laboratoires intégrés sur puce, mais dédiés à un diagnostic unique, celui du H5N1, ont été mis au point.
26:57 Ils permettent de confirmer rapidement une suspicion.
27:00 Ils remplaceront peut-être un jour une procédure peu fiable, comme celle que j'ai subie alors que j'étais en transit à l'aéroport de Hong Kong.
27:06 Dans le cadre de la lutte contre la grippe aviaire, je passe au travers d'un filtre qui vérifie ma température corporelle.
27:12 Pas de température, pas de maladie.
27:14 Le procédé est simpliste, mais a le mérite d'exister.
27:17 Après les laboratoires sur puce, certains extrapolent.
27:25 Ils rêvent déjà de nanorobots intervenant directement dans notre corps.
27:28 Mais aujourd'hui, tout cela reste de la pure science-fiction.
27:32 [Musique]
27:37 [Musique]
28:03 À mon avis, la réalité dépasse toujours la fiction.
28:06 Surtout dans le domaine de la science.
28:08 Écoutez, je vais vous raconter une histoire, celle d'un médicament conçu par mon collègue Mark Davis.
28:15 Tout commence avec le retrait d'un médicament utilisé en chimiothérapie et qui avait été retiré du marché car trop toxique.
28:23 Mark a conçu une petite capsule que le corps pouvait prendre pour du sucre.
28:29 Mais un sucre impossible à digérer.
28:32 Le corps ne peut donc ni le métaboliser, ni l'attaquer comme s'il s'agissait d'un intrus.
28:37 Il a donc placé le médicament à l'intérieur de cette nano-capsule.
28:41 Normalement, la plupart des médicaments que nous prenons sont éliminés dans les quelques heures qui suivent la prise.
28:47 En plus, ce sont des petites molécules qui peuvent quitter les vaisseaux sanguins et attaquer des tissus sains.
28:54 Mais ce n'est pas le cas de celui-là.
28:56 Grâce à la capsule, il peut circuler dans votre corps pendant une semaine s'il le faut.
29:01 Et il ne passe pas dans les tissus.
29:03 Il attend d'avoir atteint la tumeur.
29:05 Les tumeurs ont des vaisseaux sanguins différents.
29:07 Et c'est comme ça qu'il la reconnaît.
29:09 Lorsque la capsule est ingérée par les cellules de la tumeur, leur acidité provoque son ouverture et libère le médicament.
29:16 Donc Mark est parvenu à réduire de 20 fois la dose de ce médicament, qui avait été retiré du marché à cause de sa toxicité.
29:27 Et il l'a donné à une personne atteinte d'un cancer du pancréas, qui était déjà métastasé.
29:31 C'est-à-dire qui se développait dans l'ensemble de son corps.
29:34 Ce type-là, qui n'avait plus qu'un mois ou deux à vivre, son cancer a reculé.
29:39 Et il est toujours vivant, deux ans plus tard.
29:42 Il n'a même pas perdu de cheveux.
29:44 Il n'a subi aucun problème de toxicologie associé à ce médicament.
29:47 Donc ça, pour moi, c'est juste une manière ingénieuse, utilisant la chimie et la science des matériaux, de fabriquer un dispositif de délivrance de médicaments.
29:56 Ce n'est pas un nano-robot, mais bon, quand même, c'est la réalité et elle dépasse de loin la fiction.
30:01 Là où la réalité dépasse aussi la fiction, c'est peut-être lorsque les nanotechnologies parviennent à imiter, à encourager ou à contrôler certaines propriétés du vivant.
30:14 Car c'est à l'échelle nanométrique que se déroulent certains mécanismes indispensables à la vie.
30:19 Si on les connaît, si on sait les reproduire ou les améliorer, alors pourquoi ne pas rêver un jour de savoir faire repousser un membre ou un organe, tel la queue d'un lézard ?
30:28 Médecine du futur ou rêve de démurge ?
30:48 Eh bien, en Italie, près de Venise, je rencontre Alessandra Pavesio.
30:53 Elle s'intéresse à la repousse de la peau et des cartilages, une des premières étapes vers une médecine régénérative.
30:59 J'ai toujours rêvé d'être americaine.
31:11 Notre technologie, c'est de l'ingénierie tessulaire.
31:15 On prend les cellules d'un patient qui a subi par exemple un traumatisme ou qui a un problème de cartilage.
31:22 On prend donc ces cellules et on les cultive de façon classique pour les multiplier.
31:29 Lorsqu'elles sont en nombre suffisant, on les implante sur le matériau que nous avons conçu grâce à notre technologie et qui va guider leur croissance.
31:40 Sur cette structure, les cellules se sentent chez elles et peuvent proliférer en laboratoire dans toutes les directions, comme elles le feraient naturellement.
31:49 Alessandra m'emmène sur la chaîne de fabrication de ce matériau.
31:53 Il est élaboré à partir d'un polysaccharide, une forme de glucide présent dans l'organisme,
31:58 et qui permet de tisser des tuteurs sur lesquels vont se reconstruire peau et cartilage.
32:03 Ces tuteurs agissent comme des leurres, et les tissent.
32:07 L'ensemble, tuteurs + cellules, est parfaitement biocompatible puisque le matériau est biocompatible et que les cellules sont issues des patients eux-mêmes.
32:16 C'est bel et bien à l'échelle nanométrique que ça se joue.
32:28 C'est à cette échelle nano que se passe la communication entre les cellules et le biométrique.
32:34 Que se passe la communication entre les cellules et le biomatériau ?
32:38 Mieux comprendre comment s'établit cette communication entre les cellules et notre biomatériau,
32:44 comment s'échange l'information à l'échelle nano,
32:47 devrait nous permettre d'intervenir sur cette information,
32:51 et donc de rendre ce type de matériau plus intelligent,
32:54 ce qui va nous permettre de mieux contrôler la croissance des tissus cellulaires.
33:00 Les potentialités de ces technologies vont au-delà de la simple reconstruction de tissus cellulaires.
33:05 Elles peuvent nous amener à de véritables thérapies cellulaires.
33:09 C'est pour ça qu'une partie essentielle de nos recherches porte sur la connaissance de cette information à l'échelle nano entre les cellules,
33:16 qu'elle soit de nature chimique ou structurelle.
33:20 Cette activité est encore balbutiante.
33:28 Elle faudra encore plusieurs années avant son application clinique.
33:31 Mais il s'agit certainement de l'une des applications les plus intéressantes de la nanomédecine.
33:37 Comment intervenir sur le processus de régénération ?
33:41 Comment le contrôler ?
33:43 Direction la Chine.
33:45 Il y a peut-être là-bas un début de réponse.
33:47 On m'a dit que certaines souris y retrouvent la vue.
33:50 La Chine investit énormément dans les nanotechnologies.
33:54 Le gouvernement, comme celui de nombreux pays émergents, parie sur cette discipline
33:58 pour rattraper le fossé technologique vis-à-vis des pays occidentaux.
34:02 L'Université de Hong Kong mise sur les travaux de Rutledge-Elisbank, un chercheur,
34:17 qui partage désormais son temps entre le prestigieux département Brain and Cognitive Science du MIT américain
34:23 et les laboratoires chinois.
34:25 OK, bonjour.
34:33 Bonjour, comment allez-vous ?
34:34 Charles.
34:35 Rutledge-Elisbank.
34:36 Enchanté.
34:37 Avant toute chose, Rutledge se doit de me présenter au professeur Soe, son chef,
34:42 membre éminent de l'Académie chinoise des sciences.
34:45 Je vous présente le professeur Kwak Faiso.
34:47 Et grand amoureux de la France.
34:50 J'étais en Provence une fois.
34:52 Ah bon ?
34:53 Très joli, en belle région. On a fait de la voiture et…
34:56 C'était pour vos vacances ?
34:58 Oui, oui, j'étais en vacances.
34:59 Ah, c'est bien.
35:00 Dans le sud de la France, la cuisine est vraiment incroyable.
35:04 Au-delà des politesses, Rutledge-Elisbank et Kwak Faiso aiment le spectaculaire.
35:09 Dans leur façon de présenter leur travail, en tout cas.
35:11 La communication qu'ils font sur leurs recherches et leurs résultats est si impressionnante
35:17 que pour la première fois, je pourrais avoir le sentiment que la nano tient de la magie.
35:21 Le fait qu'ils aient une connaissance de la science, c'est vraiment incroyable.
35:24 Je suis très content.
35:25 Je suis très content de pouvoir vous présenter ce qu'ils ont fait.
35:28 Je vous présente le professeur Kwak Faiso.
35:30 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
35:32 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
35:34 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
35:36 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
35:38 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
35:40 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
35:42 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
35:44 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
35:46 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
35:48 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
35:51 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
35:54 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
35:57 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
36:00 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
36:03 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
36:06 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
36:09 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
36:12 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
36:15 Je suis très content de vous présenter ce qu'il a fait.
36:18 Je travaille sur cette question, mais je n'ai pas encore été suffisamment loin.
36:21 La prochaine fois qu'on se voit, j'aurai plein de cheveux.
36:23 Ouais, j'ai le même problème.
36:24 Vous verrez bien si on a réussi.
36:26 On peut toujours rêver, mais où en est-on en réalité ?
36:31 Avec les molécules de ce produit, nous construisons des structures
36:36 qui permettent au corps de s'auto-réparer.
36:38 C'est ce que nous faisons.
36:40 Cela semble incroyable, mais c'est ce que nous faisons.
36:43 Il faut voir les choses de cette façon.
36:46 Nous sommes des organismes auto-assemblés.
36:48 Le corps humain est comme ça.
36:50 Au départ, il y a quelques molécules qui deviennent un ovule et un spermatozoïde,
36:53 puis les deux s'assemblent.
36:55 Nous devenons des cellules, des organes, des cheveux, des yeux,
36:58 des petites cellules de peau, des grains de beauté, des poumons, et tout le reste.
37:03 Tout cela s'est assemblé parfaitement à l'échelle nano.
37:06 C'est à cette échelle que tout commence,
37:08 avant de passer à l'échelle micro, puis à l'échelle macro,
37:11 celle qu'on observe à l'œil nu.
37:14 Voilà donc le laboratoire où nous travaillons pour produire des nanomatériaux.
37:18 Vous pouvez en voir ici, dans une concentration très élevée.
37:23 Quand ils sont moins concentrés, ces nanomatériaux ont exactement la même apparence que l'eau
37:27 et se comportent de la même façon.
37:29 Une fois injectés dans une zone, ils pénètrent et s'assemblent.
37:33 Comme si on avait une rivière qui s'infiltrait partout,
37:37 puis qui se mettait à geler brusquement.
37:39 C'est vraiment la même chose.
37:41 Ce sont de très petits composants, 5 nanomètres sur 1,3 nanomètres de hauteur.
37:46 Et tout cela a commencé parce qu'une des choses que j'essayais de faire,
37:50 c'était de réparer les connexions d'un cerveau.
37:52 Pour vérifier si ça marche, on teste la vision de l'animal.
37:55 C'est simple, connexion il voit, pas de connexion il ne voit pas.
37:58 Alors on a coupé dans le cerveau des connexions liées à la vision,
38:02 puis on a injecté les nanomatériaux.
38:05 24 heures plus tard, on a fait un test.
38:08 Puis on a injecté les nanomatériaux.
38:11 24 heures plus tard, nous avons constaté un début de cicatrisation.
38:15 On n'avait jamais vu ça auparavant.
38:17 La plupart du temps, on voit un grand trou dans le tissu,
38:20 mais cette fois, il y avait un début de cicatrisation.
38:23 Le problème était ensuite de savoir si des fibres nerveuses
38:27 allaient repousser à l'intérieur et se connecter.
38:30 Nous pensions qu'il faudrait stimuler la croissance, mais en fait pas du tout.
38:36 Dans la zone que nous avions traitée, nous avons découvert que non seulement
38:39 le cerveau cicatrisait, mais que les fibres nerveuses se reconnectaient.
38:43 Et encore mieux, nous avons pu constater le rétablissement de la fonction visuelle.
38:47 Lorsque nous avons montré un aliment à l'animal, il l'a vu et il l'a pris.
38:51 Dans le produit utilisé par Rottledge,
38:56 les nanoparticules ont en fait plusieurs fonctionnalités.
38:59 D'abord, elles viennent s'agglomérer autour et dans la blessure.
39:02 Elles commencent par stopper l'hémorragie et cela marche partout dans le corps,
39:06 y compris par exemple sur le foie.
39:08 Puis, les nanoparticules favorisent la repousse en créant une sorte d'échafaudage.
39:25 Sur cet échafaudage, les cellules viennent migrer et se multiplier,
39:29 reconstituant au final par exemple la fibre nerveuse sectionnée.
39:33 Nous sommes au Queen Mary Hospital. Je viens également ici pour mes recherches.
39:58 Le plus gros problème en neurochirurgie,
40:01 ce sont tous les petits saignements qu'il faut cautériser.
40:05 Nos nanomatériaux permettraient non seulement de régénérer le système nerveux central,
40:10 mais aussi de diminuer de moitié la durée de l'intervention chirurgicale.
40:15 Il y a aussi plein de nouveaux domaines intéressants,
40:18 comme une chirurgie qui se ferait à travers ce liquide transparent.
40:22 On injecterait nos nanomatériaux dans la plaie,
40:25 de sorte qu'à chaque fois qu'un instrument passerait au travers,
40:28 ils seraient nettoyés, stérilisés.
40:30 En cas d'hémorragie, les saignements pourraient être stoppés presque immédiatement par le produit.
40:35 Aujourd'hui, on fait tout notre possible pour que les salles d'opération soient propres, sans bactéries.
40:39 Mais en fait, ce qu'on veut faire, ce n'est pas éliminer les bactéries, c'est les immobiliser.
40:43 C'est ce que feraient ces nanomatériaux en créant une barrière
40:46 empêchant les bactéries de pénétrer le corps du patient sans pour autant les tuer.
40:50 Car il vaut mieux avoir une bonne bactérie qui occupe le terrain,
40:53 qu'on connaît et qu'on contrôle,
40:55 plutôt que de laisser le champ libre à des bactéries mangeuses de chair.
40:59 Dans ce cas, plus besoin d'être dans un environnement contrôlé, stérile,
41:03 pour pratiquer des opérations.
41:05 On pourrait pratiquer une chirurgie à domicile,
41:08 chez les médecins ou aux besoins directement sur le terrain.
41:12 Des découvertes comme celle de Rottledge me donnent en tout cas envie de croire en une révolution.
41:22 Celle de la médecine régénérative, élargie à tous les organes.
41:26 Bientôt le neuroptique, pourquoi pas demain la moelle épinière.
41:29 Les handicaps, accidentels ou de naissance, pourraient être vaincus par les nanos, biotechnologies.
41:34 Grâce au progrès à l'échelle nanométrique dans les domaines de l'électronique ou de la biologie,
41:39 les prothèses devraient voir leur performance et leur biocompatibilité améliorer.
41:43 À l'université de Harvard, l'université la plus riche du monde,
41:50 Charles Lieber travaille dans cette voie sur des interfaces entre le vivant et l'électronique.
41:55 Dans ce labo du Massachusetts, dans le dédale des couloirs et des salles, il y a de quoi se perdre.
42:17 Heureusement, Quan King, l'assistant du professeur Lieber, me guide.
42:20 J'ai passé mon diplôme à Pékin, mais je suis originaire de Wuhan, au milieu de la Chine.
42:26 Ok. Alors, l'un des domaines qui m'intéresse le plus aujourd'hui et pour le futur,
42:38 c'est d'essayer de créer des interfaces entre la nanoélectronique et les systèmes biologiques.
42:45 Ça fait des années qu'on fait des recherches là-dessus,
42:47 depuis ceux qui ont placé des grosses électrodes sur le cerveau humain
42:51 jusqu'à des micro-dispositifs plus sophistiqués.
42:54 Mais c'est toujours beaucoup plus volumineux que ce que la biologie parvient à créer naturellement.
42:59 Les interconnexions à l'intérieur de notre cerveau se font par le biais de synapses,
43:10 au travers de canaux dans la membrane cellulaire,
43:13 ou grâce à des molécules qui forment de véritables structures à l'échelle nano.
43:17 Notre objectif est donc de fabriquer ces structures ou des synapses similaires
43:23 avec des composants artificiels et de les connecter de la même façon,
43:27 de manière à pouvoir recevoir ou émettre des signaux, comme le fait naturellement le cerveau.
43:33 Vous voyez cette partie grise là sur la grille ?
43:37 C'est une tranche de cerveau qui vient d'un rat.
43:39 Pour faire simple, le cœur du dispositif est très petit.
43:43 La seule chose qu'on peut voir, c'est les motifs du circuit, là, dans la zone centrale.
43:47 Mais on ne peut pas vraiment voir le fonctionnement.
43:50 La tranche de cerveau est toujours déposée au centre du dispositif.
43:55 C'est un système de contrôle de la fonction de la machine.
43:58 La tranche de cerveau est toujours déposée au centre de ce dispositif.
44:03 En ce moment, on travaille à relier cette tranche de cerveau au système de mesure électronique.
44:08 Là, on voit le bord du morceau de cerveau.
44:14 Les parties sombres, ce sont les fibres corticales, qui sont en fait l'autoroute du cerveau.
44:21 En gros, toutes sortes d'informations circulent ici,
44:24 et différents groupes de cellules communiquent avec cette fibre.
44:28 Charles Lieber cherche à se connecter à cette fibre,
44:31 s'y brancher pour recevoir et envoyer des informations.
44:35 Les bénéfices à court terme seront de pouvoir créer des outils beaucoup plus puissants
44:41 pour mieux comprendre certains problèmes en biologie et en médecine.
44:45 Mais au-delà de ça, l'objectif qui m'intéresse,
44:49 c'est de construire des interfaces pour les systèmes de prothèses
44:53 afin qu'elles soient beaucoup plus sophistiquées pour les maladies de la moelle épinière
44:57 ou les maladies neurologiques, de façon à améliorer l'humain,
45:02 euh, améliorer les conditions de vie des malades.
45:07 C'est notre espoir.
45:09 Améliorer l'humain, le lapsus de Charles Lieber est révélateur.
45:14 Au-delà des soins, de la médecine,
45:16 certains imaginent déjà avec les nanotechnologies d'augmenter dans le futur les performances de l'homme.
45:21 Ils rêvent d'un homme aux capacités physiques et mentales améliorées.
45:24 Une créature entre Steve Austin et Terminator,
45:27 dont le squelette ou l'architecture musculaire serait renforcée.
45:30 Un être dont les connexions neuronales seraient dopées, voire interfacées avec des nano-ordinateurs
45:34 qui le doteraient de réflexes plus rapides, d'une connaissance encyclopédique
45:38 ou qui, cauchemar absolu, la servirait.
45:40 Un homme, bien loin de moi, qui vaudrait des milliards.
45:47 Regardez ce qu'on est déjà capable de faire aujourd'hui avec les animaux en laboratoire.
45:52 On greffe directement sur leur cerveau des électrodes, par exemple, pour contrôler leur fonction motrice.
45:58 Il y a quelques années, le DARPA, une agence du ministère de la Défense,
46:04 avait créé de cette façon le robot-rat.
46:07 Avec un dispositif tout simple, un radioprocesseur et quelques électrodes,
46:12 ils ont été capables de télécommander les mouvements de ce rat.
46:16 Donc, par analogie, on peut déjà imaginer de contrôler un être humain si on lui implante des électrodes.
46:23 Et ça pose, comme toujours, la question de savoir comment mettre en place les bons garde-fous
46:32 pour que ces technologies ne soient pas mal utilisées,
46:36 qu'on ne se mette pas à implanter des électrodes ou des trucs, imaginez,
46:40 à la naissance, sur une partie de la population, pour la contrôler, imaginez.
46:44 Ça pourrait faire un bon bouquin de science-fiction.
46:48 Est-ce bien de la science-fiction ?
47:01 Cette idée d'un homme robotisé, amélioré ou sous contrôle,
47:04 troquant son humanité au profit de capacités technologiques, continue à me faire peur.
47:10 [Musique]
47:13 On n'essaye pas d'améliorer.
47:25 Ce qu'on essaye de faire, c'est juste de réparer.
47:30 Maintenant, est-ce que dans 25 ou 30 ans, on essaiera d'améliorer les performances de l'homme ?
47:38 Probablement.
47:40 Mais, attendez, c'est ce qu'on fait déjà avec la chirurgie esthétique aujourd'hui.
47:44 Au départ, cette chirurgie a été développée pour aider les gens souffrant de difformité
47:49 ou les victimes d'accidents, juste pour qu'ils aient l'air normaux.
47:52 Et bon, l'étape suivante, c'est forcément, qu'est-ce que je peux faire pour être plus beau ?
47:56 Ça a tout le temps été comme ça.
48:00 On a toujours profité des nouvelles technologies pour améliorer les performances humaines.
48:05 Avec les nanotechnologies, c'est la même chose.
48:08 Mais ce qu'on essaye de faire, ou ce qu'on parvient à faire aujourd'hui, c'est pas grand-chose.
48:14 C'est à peine plus évolué qu'une montre,
48:16 un peu plus sophistiqué qu'un capteur qui mesure le taux de glucose dans une pompe à insuline.
48:22 Vous savez, on est encore très loin de pouvoir donner à quelqu'un
48:25 la possibilité de soulever une tonne avec seulement un bras, et en plus le gauche.
48:33 Je suis très optimiste pour l'avenir,
48:35 surtout pour tout ce qui touche aux défis technologiques de la science.
48:38 En revanche, je suis très inquiet concernant l'accès de tous au progrès scientifique.
48:45 Car bien entendu, l'écart entre les riches et les pauvres dans le monde s'est creusé,
48:50 au lieu de s'être réduit au fil des ans.
48:52 Je crois qu'il faudra d'énormes efforts au niveau de la communauté internationale tout entière,
48:58 et des chefs d'État, pour veiller à un accès universel.
49:02 Je pense que c'est à ce niveau-là que doivent intervenir les gens, et la société.
49:08 Faire que les chefs d'État agissent dans le bon sens, en les y obligeant s'il le faut.
49:13 C'est ce qui me préoccupe le plus.
49:15 Les questions éthiques liées aux nanotechnologies ne se limitent donc pas à de délirantes historiques.
49:26 Aux capacités dignes de films de science-fiction.
49:29 Accès universel à de nouveaux traitements, à une technologie de pointe,
49:32 mise au point d'armes nouvelles, émergence de nouveaux risques toxicologiques.
49:36 Les enjeux sont multiples, sociétaux, économiques, environnementaux, philosophiques.
49:40 Je constate qu'en même temps que progressent les nanotechnologies,
49:44 se développent de légitimes inquiétudes.
49:46 Partout je vois les crispations se multiplier,
49:48 et partout j'ai le sentiment que le mot "nano" provoque moins d'enthousiasme,
49:52 plus d'embarras, voire de peur.
49:54 Partout, les débats s'organisent.
49:56 A temps, trop tard, il est temps pour moi de poursuivre cette exploration.
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