Sylvain André, maire de Cendras et président de l'Association des maires ruraux du Gard.
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00:00 Votre invité, Quentin Péresse d'Etudes, et là on va évoquer ce matin les paperasses,
00:06 pas de vie, ça a l'air de misère, incivilité.
00:08 Porter l'écharpe de mer est devenu trop difficile en France.
00:11 Ils sont plus de 1000 à avoir démissionné depuis les dernières municipales.
00:14 Un chiffre qui lie toute l'ampleur du malaise.
00:17 On en parle, Quentin, avec votre invité, le président de l'association des maires
00:20 ruraux de France.
00:21 Oui, Dugar, bonjour Sylvain André.
00:23 Bonjour.
00:24 Elle est de quelle couleur votre ceinture ?
00:26 Elle est bleu, blanc, rouge.
00:28 Votre ceinture, non je parlais de votre ceinture de combat.
00:31 Parce que c'est un combat d'être maire aujourd'hui ?
00:34 C'est un combat, mais c'est avant tout passionnant et très enrichissant, même si en effet c'est
00:39 compliqué, c'est du 24h sur 24, du 7 jours sur 7, et des fois les gens ne sont pas toujours
00:43 faciles, mais c'est avant tout passionnant.
00:45 Un combat d'abord, bon vous le dites, contre parfois les incivilités, mais avant tout,
00:50 en premier lieu, un combat avec la bureaucratie concrètement.
00:53 En quoi est-ce qu'elle décourage les maires, cette bureaucratie ?
00:56 C'est vrai qu'il y a une complexification des dossiers, un certain nombre d'études
01:00 à rendre quand on veut poser un dossier, c'est pas en effet toujours facile de pouvoir
01:05 porter des projets concrètement.
01:06 On a les idées, on a les envies, on a vraiment ce travail collaboratif avec notre conseil
01:12 municipal et après arriver au concret de réaliser le projet, c'est pas toujours facile
01:16 en effet.
01:17 Mais c'est quoi qui n'est pas facile ? C'est justement d'avoir des subventions,
01:19 c'est d'expliquer un projet notamment à l'État quand il lui est lié ?
01:24 Alors en effet, il y a une question des moyens qui manquent sur nos communes, où on a besoin
01:30 d'une augmentation conséquente des dotations pour aller chercher des subventions.
01:33 Les dossiers peuvent être très complexes à remplir et les petites communes rurales
01:37 notamment ont besoin d'un peu plus d'ingénierie et surtout de postes dans les préfectures
01:40 et les sous-préfectures.
01:41 Aujourd'hui, il n'y a jamais eu aussi peu de fonctionnaires dans nos préfectures et
01:45 sous-préfectures, on a besoin de plus d'États sur les territoires.
01:49 De plus d'États, donc de moyens humains, mais en tout cas pour ce qui concerne ces
01:52 textes, je vois par exemple le code de l'urbanisme qui est passé de 600 pages à 3600 pages
01:58 depuis 1982, le code de l'environnement qui a été multiplié par 10 depuis 2012, le
02:03 code des collectivités territoriales qui a triplé en 20 ans, mais en fait vous êtes
02:06 noyé dans les papiers.
02:08 Je pense que dans la question il y a une partie de la réponse.
02:11 L'impilement des réglementations les années après les années sont difficiles pour les
02:15 maires.
02:16 En effet, on n'est pas des juristes, on est élus par le peuple pour représenter le
02:19 peuple et donc du coup en effet on découvre un certain nombre de choses qui ne sont pas
02:23 toujours faciles à aborder.
02:24 C'est du harcèlement textuel ça ? C'est David Lysnard qui le dit, le président de
02:28 l'Association des maires de France.
02:29 En effet, il faut simplifier.
02:30 Je partage qu'il faut simplifier.
02:32 Pour être efficace, il faut plus de simplification.
02:34 Vous parliez aussi tout à l'heure des incivilités, elles sont quotidiennes dans le Gard pour
02:39 les maires ?
02:40 Ce ne sont pas quotidiennes, mais c'est vrai qu'on ressent chez nos concitoyens des
02:45 inégalités grandissantes, des difficultés.
02:47 On est le réceptacle des colères.
02:49 Je pense que pendant des années les politiques nationales ont déçu, n'ont pas amélioré
02:52 concrètement la vie des gens et nous on est en première ligne le maire.
02:55 Donc on vient nous voir et on nous explique sa colère.
02:57 Puis il y a la question aussi de comprendre les décisions dans le cadre de l'intérêt
03:03 général.
03:04 Aujourd'hui je pense que le côté individualisme a gagné du terrain et quand nous on dit non
03:09 à une décision, ce n'est pas pour embêter les gens.
03:11 On aime dire oui, on aime faire plaisir, mais c'est l'intérêt général qui prime.
03:15 Mais parfois on vient vous voir avec colère pour des problèmes qui ne sont pas de votre
03:19 ressort en plus.
03:20 Oui, ça arrive très régulièrement.
03:22 Est-ce que vous auriez des anecdotes par exemple ?
03:23 Oui, il y a beaucoup d'anecdotes.
03:25 Notamment on a une coupure d'électricité, on passe la journée à la mairie à être
03:28 invahi d'appels pour nous dire qu'il n'y a plus d'électricité.
03:30 Bien évidemment ce n'est pas nous.
03:31 On relait, on appelle le fournisseur pour mettre la pression, mais en effet ce n'est
03:34 pas de notre compétence.
03:35 Et puis tous les compétences transférées à l'agglomération, pareil c'est à l'agglomération
03:40 qui gère certaines compétences, mais nous on est dérelé.
03:43 Mais après c'est pour moi une marque de confiance de la part des habitants aussi de
03:47 venir nous voir nous parce qu'on est un repère pour nos concitoyens.
03:50 Oui, mais parfois cette confiance elle vire à la défiance au point même que des maires
03:53 se font agresser.
03:54 On l'a vu encore avec le maire de Saint-Brévin il y a quelques semaines.
03:57 Est-ce que ça c'est une réalité aussi dans le cas ?
03:59 Le taux monte, les violences heureusement sont quand même très rares.
04:04 Ça peut arriver, mais en effet je pense qu'il faut qu'il y ait plus de sanctions quand
04:09 ça arrive.
04:10 Il faut protéger les maires qui jouent un rôle essentiel et aujourd'hui les sanctions
04:13 ne sont pas suffisantes quand un maire est agressé.
04:16 Je pense que c'est important de renforcer la législation sur cette question.
04:20 Justement, vous lui en avez parlé de tout ça à Elisabeth Borne que vous avez rencontré
04:25 la semaine dernière, la première ministre ?
04:26 Oui, déjà sur les questions de sécurité que vous m'abordez, il n'y a jamais eu aussi
04:30 peu de gendarmes en France et le premier atout d'un maire rural c'est les gendarmes.
04:36 On n'a pas de police municipale, on n'a pas les moyens.
04:37 Ce n'est pas notre rôle de faire la sécurité des biens et des personnes.
04:40 Donc en effet il y a plus de besoin de gendarmes dans nos brigades et aujourd'hui les effectifs
04:44 sont si peu nombreux, donc on a besoin de renforcer les effectifs de gendarmerie.
04:48 Vous avez senti quand même qu'elle était réceptive la première ministre à vos demandes ?
04:52 Oui, elle était à l'écoute, elle posait des questions, elle m'a demandé mon point
04:57 de vue sur les maisons de fin de service, sur le développement des services publics.
05:00 Il y a plein de sujets où il y a eu un échange intéressant.
05:03 Cependant qu'est-ce qu'elle aura retenu ?
05:05 J'ai surtout insisté moi, parce que je pense que c'est l'enjeu fondamental, c'est que
05:09 les gens croient en la politique.
05:10 Et aujourd'hui il y a une crise de confiance en la politique qui est majeure, donc ne relève
05:14 pas tout de son gouvernement, mais qui a empiré avec la gestion par le 49-3, la non-respect
05:20 de l'Assemblée nationale et cette réforme des retraites passée massivement contre l'avis
05:24 du peuple.
05:25 Et donc j'ai essayé de lui exprimer qu'il fallait revoir la copie pour redonner confiance
05:30 aux gens, à la population, en la politique.
05:32 Vous, est-ce que vous avez confiance en l'État ? Est-ce que vous vous sentez suffisamment
05:36 protégé par lui ?
05:37 C'est ce qu'avait dit le maire de Saint-Brévin, il avait pointé notamment une défaillance
05:42 dans le soutien de la préfecture de l'Or Atlantic, puisque c'était là-bas.
05:47 Pas toujours en effet.
05:48 Dans le regard, je pense que notre préfète est à l'écoute des élus, et on a une bonne
05:53 préfète.
05:54 Mais de manière générale, il y a besoin de retravailler la question de l'accompagnement
05:58 des élus.
05:59 Il faut avoir plus d'élus et qu'il n'y ait pas de crise de la vocation en 2026.
06:02 A mon avis, la clé, c'est le travail sur le statut de l'élu, qui est vital pour notre
06:07 démocratie.
06:08 On ne peut pas laisser un État, il faut changer le statut de l'élu.
06:10 Bon Sylvain André, rassurez-nous, vous n'êtes pas le prochain sur la liste ?
06:13 Non, non, moi je suis passionné, je me trouve utile à mes concitoyens.
06:17 Tant qu'ils voudront, je continue à travailler dans leur intérêt et je retrouve beaucoup
06:21 d'intérêt à mener des projets concrets qui améliorent la vie du quotidien de nos
06:25 concitoyens.
06:26 Et peut-être un nouveau candidat en 2026 ?
06:27 La décision est encore un peu trop en frein, c'est surtout une équipe.
06:31 Moi je veux avant tout avoir une équipe avec moi, c'est un collectif, c'est pas uniquement
06:36 une personne seule.
06:37 Bon Sylvain André, merci beaucoup d'avoir été avec nous.
06:40 Je rappelle que vous êtes maire de Sandra, c'est aussi président de l'association des
06:43 maires ruraux du Gard.
06:44 Merci et un beau début de semaine à vous.
06:46 Merci.
06:47 Une bonne journée.
06:48 Merci à vous monsieur le maire.
06:49 A propos de maire, Freddy Serda est le maire de Galargue.
06:51 Il sera avec nous toujours après le journal de 8h.
06:53 Il a souhaité intervenir pour nous parler lui aussi de son quotidien, en quoi c'est
06:56 difficile.
06:57 Vous avez la parole.
06:58 Soit si vous êtes maire comme monsieur Freddy Serda ou comme monsieur Sylvain André.
07:01 Sinon, à votre avis, est-ce qu'on n'en demande pas un petit peu trop à nos alliés ?
07:04 On l'a vu avec l'interview de Quentin Perez de Tudela.
07:08 Dites-nous ce que vous en pensez.
07:09 Vous parlez de votre maire.
07:10 Et si vous êtes maire, vous nous appelez pour tout le monde.
07:12 04 66 21 36 30.
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