La décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale et d'organiser des élections législatives "dans un délai inédit" suscite l'inquiétude des maires, a alerté lundi l'Association des maires de France (AMF). Le maire de Marcq-en-Barœul, Bernard Gérard, président de l'Association des maires du Nord, était l'invité ce mardi du 6-9 de France Bleu Nord.
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00:00Bonjour Bernard Gérard. Les maires ont l'habitude d'organiser des scrutins, que ce soit présidentielle, législative, européenne, encore ce dimanche.
00:06Qu'est-ce qui pose souci avec celui-ci, avec celui-ci de ce scrutin, ces élections législatives, avec un premier tour le 30 juin, deuxième tour le 7 juillet ?
00:13Alors vous savez, une mairie c'est une petite entreprise qui travaille beaucoup le dimanche, donc on est quand même assez habitué, mais il est vrai que là
00:20c'est très court entre les européennes et puis les législatives, et il faut concevoir aussi que derrière
00:27il y a beaucoup de travail, beaucoup de personnel qui est mobilisé, là
00:31on se rend compte que ça va être difficile, on a la moitié du personnel qui part en vacances,
00:35on a les centres aériques qui commencent, on a les fêtes d'école qui se terminent, on a beaucoup de matériel
00:39à installer dans les écoles, à reprendre pour préparer les élections. Donc c'est du travail,
00:45on est prêt à le faire, mais ça coûte très cher aux communes et on n'a pas forcément
00:51l'ensemble des moyens pour pouvoir répondre à de telles questions,
00:55surtout dans les petites communes. Moi je pense beaucoup aux maires des 648 communes du nord qui vont devoir
01:00tout simplement être sur le pont une nouvelle fois.
01:03Quand vous dites ça coûte très cher, c'est quoi ? C'est payer les agents justement le dimanche ? C'est aussi le matériel qu'il faut trouver pour organiser ?
01:07Tout cela, effectivement, dans la ville de Marc-en-Barol c'est
01:1030 000 euros, 4 500 de remboursés par l'État, donc c'est la commune qui paye quand même.
01:15Donc une ville comme Marc-en-Barol aura peut-être plus de moyens que d'autres,
01:19moi je trouve que c'est cette merveille de la démocratie qui fait que les élus sont toujours là,
01:24sont toujours
01:25présents pour faire fonctionner ce qui est magnifique, une démocratie. Pour autant, c'est aussi beaucoup de bénévoles, c'est le personnel, mais c'est aussi
01:32des assesseurs à trouver. Dans une période de vacances, c'est pas forcément évident.
01:35Donc là, ce qui pose problème, pose souci, c'est à la fois le délai qui est très court, moins d'un mois pour organiser le premier tournée
01:41d'élection législative, mais aussi la période, 30 juin, 7 juillet, parce qu'effectivement ce sera le début des départs en vacances.
01:45Voilà, effectivement, avec une inquiétude aussi, parce que derrière c'est beaucoup de procurations, c'est peut-être des gens aussi qui vont se dire
01:52moi mes vacances, j'avais envie de les prendre, je les prends, et puis je ne m'intéresse pas à cet enjeu
01:56crucial qui est devant nous aujourd'hui. Et les salles des fêtes seront toutes libres, on sait que de temps en temps, il y a des bureaux
02:01de vote qui accueillent, enfin des salles des fêtes qui accueillent des bureaux de vote,
02:04elles sont toutes libres pour ces deux week-ends du début de vacances, il y a peut-être des mariages, des fêtes d'école aussi que vous évoquiez.
02:10Effectivement, on doit essayer de jongler avec ce qui était prévu. Bon, forcément, une échéance comme une comme une élection
02:17prime sur tout le reste, mais c'est effectivement beaucoup d'organisations. Et comme je le disais,
02:21on avait le dernier week-end de juin, toutes les fêtes d'école
02:25sur la ville qui étaient qui étaient regroupées, donc c'est effectivement un petit peu d'ingénierie.
02:31Et quand c'est comme ça, les services de l'État, comme on dit, que ce soit la préfecture,
02:35peuvent-vous donner un coup de main ou vous allez devoir tout gérer d'ici le 30 juin ?
02:39Non, non, ça c'est la commune qui le fait, enfin,
02:41je pense que les services de l'État ont beaucoup beaucoup de travail en ce moment, et que tout le monde est sur le pont,
02:45et je ne suis pas persuadé que les nuits soient
02:49tout à fait sereines pour les uns et pour les autres, parce que c'est beaucoup de travail.
02:52Mais on est là pour faire fonctionner la démocratie, et puis on en prend notre parti, si je puis dire.
02:56France Bleu Nord, il est 7h48, nous sommes en direct avec Bernard Gérard, maire de Marc-en-Barreulle et président de l'Association des maires du Nord.
03:02Bernard Gérard, vous êtes maire à Marc-en-Barreulle depuis plus de 20 ans, depuis 2001,
03:06c'est-à-dire que vous étiez déjà là, vous étiez déjà maire, le 21 avril 2002.
03:10Vingt ans plus tard, le parti de Marine Le Pen est en tête, je cite la une de la voix du Nord, dans 87,
03:1697,5 % des communes de notre région, Nord et Pas-de-Calais. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
03:21Oh, une très grande tristesse pour moi, c'est vraiment
03:24quelque chose auquel je n'avais pas pensé lorsque je me suis lancé en politique.
03:28J'ai beaucoup pensé à cette phrase d'Albert Camus, qui est un auteur formidable et que j'aime beaucoup,
03:34c'est que lorsqu'une démocratie est malade, et bien les extrêmes viennent souvent se pencher à son chevet,
03:40mais généralement ça n'est pas pour prendre de ses nouvelles. Et donc bon, je crois qu'effectivement aujourd'hui, notre démocratie
03:45est malade, et qu'il faut prendre regard à ce qui se passe, qu'il y a des enjeux importants. Je respecte tout le monde,
03:52je respecte l'inquiétude, je respecte,
03:54comment dirais-je, la déception des uns et des autres, mais on a la chance de vivre dans une démocratie et
03:59il faut la préserver.
04:01La citation d'Albert Camus, ce n'est pas les extrêmes, c'est le fascisme.
04:06Oui, c'est les fascistes. Le Rassemblement National est un parti fasciste. Je n'ai pas dit cela, j'ai parlé des extrêmes.
04:11On peut réécrire ou dire en substance ce qu'a voulu dire
04:16Albert Camus, j'ai parlé des extrêmes.
04:18Un marquant parole dans votre ville, c'est la liste de la majorité, qui est arrivée en tête dimanche lors des élections européennes, les Républicains, votre parti, sont troisièmes.
04:25Quelle doit être l'attitude, justement, des Républicains pour ces législatives ? Alliance ou pas avec le Rassemblement National, avec
04:31Renaissance, la majorité ?
04:33Moi, je suis resté dans ma formation politique, mais tant qu'il n'y a pas d'alliance avec
04:38le Front National, ça c'est quelque chose que je n'accepterai jamais. Et avec Renaissance, éventuellement ? Avec Renaissance, je pense qu'il faut
04:46que chaque formation politique puisse jouer sa carte. Après, il y a deux tours dans une élection, bien souvent, donc il peut y avoir des
04:53réflexes républicains, que chacun pourra comprendre. Tout cela est en discussion,
04:58forcément, et c'est en son âme et conscience qu'on vote. Et puis, effectivement, il y a un moment donné où il faut faire un choix,
05:04et ce ne sera jamais celui de l'extrême.
05:09Faut-il, par exemple, qu'il y ait, vous allez me dire, ça sera discuté dans les prochains jours, mais
05:12des candidats, les Républicains, là où il y a un député Renaissance sortant. C'est le cas dans votre
05:17circonscription, avec les députés, par exemple, Violette Spielboot, qui remet son mandat en jeu.
05:20Est-ce qu'il faut un candidat, les Républicains, face à elle, pour défendre, encore une fois,
05:24votre parti, ce qui existe encore et toujours, et qui espère aussi avoir des députés à l'Assemblée Nationale ?
05:29Je pense qu'effectivement, une formation politique est là,
05:32quand il y a une échéance aussi importante, pour se compter, pour voir ce qu'elle représente.
05:36Pour autant, s'il y avait une alliance au niveau national qui était recommandée avec, comment dirais-je,
05:43les partis extrêmes, jamais je ne l'accepterais.
05:46Effectivement. Bernard Gérard, merci beaucoup d'avoir accepté l'invitation de France Bleu Nord, ce matin,
05:51maire de Marc-en-Barol, mais également président de l'Association des maires du Nord. Vous avez cité
05:55cette organisation très importante qu'il faut mettre en place dans les 648 communes du Nord,
06:00j'ajoute les 890 du Pas-de-Calais, où vous avez aussi des cruels.
06:04Comme ça, on aura cité tout le monde. Merci encore, en tout cas, et bonne journée, monsieur le maire.