• l’année dernière
La Barkley aux Etats-Unis et la Chartreuse Terminorum, sa petite sœur iséroise, sont les courses de trail les plus difficiles du monde avec un taux d'abandon record de 99% pour l'une et 100% pour l'autre. Aurélien Sanchez, seul français à avoir terminé la Barkley et l'ultra-traileur Mickaël Berthon nous livrent les particularités de ces épreuves hors du commun.

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00:00:00 (Générique)
00:00:24 -Bonjour à tous. Bienvenue sur Télégrama.
00:00:27 Vous pouvez respirer à fond ces grands terres,
00:00:30 le magazine de la montagne et des sports de pleine nature.
00:00:33 Aujourd'hui, on va parler de la course la plus difficile du monde,
00:00:36 ou plutôt des courses, puisqu'elles sont deux à revendiquer ce statut.
00:00:40 La Barclay, course américaine que seul 1 % des concurrents
00:00:44 a réussi à boucler,
00:00:45 et sa petite sœur iséroise, la chartreuse Terminorum,
00:00:48 qui affiche fièrement un taux d'abandon imbattable de 100 %
00:00:52 depuis sa première édition en 2017.
00:00:55 On a peut-être un futur finisher sur ce plateau.
00:00:58 Qui sait ? Ce ne sera pas Benoît Lagnaux.
00:01:00 Je ne pense pas. Bonjour, Benoît. -Bonjour, Thibault.
00:01:03 -Bienvenue. Journaliste Dauphiné-Libéré,
00:01:05 auteur d'un film sur la Terminorum chartreuse,
00:01:09 il y a quelques années.
00:01:10 Vous suivez en immersion cet événement depuis sa création.
00:01:14 Vous y passez plusieurs jours
00:01:16 et vous connaissez forcément bien nos deux autres invités.
00:01:19 Aurélien Sanchez, bonjour. -Bonjour.
00:01:22 -Bienvenue, Aurélien, qui fait partie des 100 % d'abandon
00:01:25 de la Terminorum. -Exactement.
00:01:28 -Mais qui fait aussi partie des 1 % de finishers de la Barclay.
00:01:32 Félicitations. Vous êtes le premier Français
00:01:34 à avoir réussi ce défi.
00:01:36 C'était en mars dernier aux Etats-Unis.
00:01:38 On va en parler avec vous.
00:01:40 Et à côté de vous, Michael Berton. Bonjour, Michael.
00:01:43 -Bonjour, Thibault. -Ultra-trailer également.
00:01:46 Auteur, l'automne dernier, d'un record sur plus de 2 000 km
00:01:51 à travers les sentiers du GR5
00:01:54 et un acharné aussi de la Terminorum en chartreuse.
00:01:58 Vous êtes tous les deux des habitués des efforts de 30, 40,
00:02:02 50 heures, voire plus.
00:02:04 -Plus c'est long, plus c'est bon. Plusieurs jours, même.
00:02:08 Moi, j'aime bien, en tout cas. Mika aussi, je pense.
00:02:11 -On prend plus de plaisir au bout de 30, 40 heures d'effort
00:02:15 qu'au début, quand on est frais, qu'on a des sensations ?
00:02:18 -Curieux de le savoir.
00:02:20 -Il faut aller au bout pour savoir comment le corps réagit.
00:02:24 Merci d'être avec nous, tous les trois.
00:02:27 On enregistre cette émission quelques heures avant le début
00:02:30 de la 5e édition de la chartreuse Terminorum.
00:02:32 L'émission sera diffusée après cet événement,
00:02:35 mais vous allez filer dans quelques minutes
00:02:38 à Saint-Pierre-de-Chartreuse pour 300 km et 25 000 m de dénivelé.
00:02:42 C'est le programme qui vous attend.
00:02:44 Au mieux, à boucler en moins de 80 heures.
00:02:47 Je vais essayer de ne pas vous épuiser avec mes questions.
00:02:50 C'est sympa de venir avant un effort comme celui-là.
00:02:54 Mikaël, ça fait combien de participations
00:02:56 pour vous à la chartreuse Terminorum ?
00:02:58 -Ce sera la 4e cette année sur les 5 éditions.
00:03:01 J'ai pas participé à la 1re édition.
00:03:04 J'étais aux Etats-Unis, pas loin du parc de Frosonnet,
00:03:07 d'ailleurs, à cette époque-là,
00:03:09 et j'ai appris l'existence de cette course en chartreuse
00:03:12 en rentrant des Etats-Unis.
00:03:14 Le journal du Dauphiné libéré devant les yeux.
00:03:17 -L'article de Benoît. -Tout a commencé.
00:03:19 -Benoît, t'as créé des vocations. -J'en suis très heureux.
00:03:22 -Maintenant, c'est devenu un rendez-vous phare pour vous.
00:03:27 Vous êtes installé à Saint-Pierre-de-Chartreuse
00:03:30 pour mieux sentir l'ambiance de cette épreuve.
00:03:33 -Je suis un amoureux du massif de Chartreuse.
00:03:35 Cette course me parle plus que n'importe quel autre.
00:03:38 J'en ai fait un objectif de vie.
00:03:40 Et effectivement, depuis que j'ai appris la création de cette course,
00:03:45 j'en suis devenu accro.
00:03:47 -Aurélien, vous avez participé pour la première fois l'an dernier ?
00:03:50 -Oui, c'est ma première participation.
00:03:52 J'ai appris beaucoup de choses.
00:03:54 J'ai voulu me tarder de la faire et de découvrir ce que ça représentait.
00:03:58 Cette année, pareil.
00:04:00 J'ai mis le pied dedans et je suis passionné de ce sport.
00:04:03 -Vous n'avez pas l'accent chartreusin ni dauphinois ?
00:04:06 -Non, je viens de Toulouse.
00:04:08 Les Piranhas, c'est les Pyrénées, les week-ends.
00:04:11 Là, ça me permet de changer de terrain, donc c'est pas plus mal.
00:04:14 -Benoît, c'est particulier pour un journaliste
00:04:17 de couvrir un événement
00:04:19 dont on est quasiment sûrs que tous les participants
00:04:22 vont finir par abandonner.
00:04:23 -Oui, mais c'est une école de l'humilité.
00:04:26 Je trouve que cette course est à nul autre pareil.
00:04:29 Elle est incroyable.
00:04:30 Elle passionne tout le monde.
00:04:32 Pour ceux qui se sont approchés de la Terminorum,
00:04:35 il y a un côté addictif.
00:04:37 Je vais revenir.
00:04:38 Je ne vais pas courir 300 km,
00:04:39 mais je n'attends que ça, clairement,
00:04:42 depuis plusieurs jours.
00:04:43 Elle est envoûtante.
00:04:45 Peut-être que c'est ce massif qui crée ça,
00:04:47 dans ce désert chartreuse, entouré de monastères.
00:04:51 Il y a quelque chose de mystique dans cette course.
00:04:54 Je pense qu'elle est pas...
00:04:57 On la compare souvent à la Barclay,
00:04:59 mais je crois qu'elle a son identité propre.
00:05:02 Et les coureurs et les coureuses qui y sont engagés,
00:05:05 je les trouve vraiment intéressants.
00:05:08 Dans l'esprit, parfois, on peut se dire...
00:05:11 "Est-ce qu'il faut être fou ?
00:05:12 "Est-ce qu'on va pas au-delà de l'effort ?
00:05:15 "C'est pas n'importe quoi ?"
00:05:17 Cette course, c'est exactement l'inverse.
00:05:20 Il y a une connaissance de soi
00:05:22 chez ces coureurs et ces participants,
00:05:24 qui me passionne.
00:05:26 C'est une vraie leçon de vie, ce qu'ils proposent.
00:05:29 Tu évoques la Barclay, la maison-mère,
00:05:32 de la chartreuse Terminorum.
00:05:35 C'est une course qui a été imaginée aux Etats-Unis en 1986
00:05:39 par un Américain qui s'appelle Gary Cantrell,
00:05:43 dans les montagnes du Tennessee.
00:05:45 On le voit avec ce bonnet rouge.
00:05:47 Il n'a pas le profil d'un trailer, Gary Cantrell.
00:05:50 - Mais il l'a été. - Il l'a été.
00:05:52 - Il l'a été, exactement. - Il est toujours.
00:05:54 Il traverse les Etats-Unis dans 6 mois.
00:05:57 - Ce qui est incroyable. - Il l'avait déjà fait d'Est en Ouest.
00:06:01 C'est un passionné de course à pied.
00:06:03 Mais la version française, avec Benoît Laval,
00:06:05 a aussi un ultra-trailer comme organisateur.
00:06:09 Qui a peut-être plus le profil physique que Gary,
00:06:12 alors qu'on surnomme l'AZ dans le milieu.
00:06:16 Cette course, il l'a inventée
00:06:18 à partir d'un fait divers qui est survenu dans les années 70
00:06:22 aux Etats-Unis.
00:06:23 Exactement. C'était l'assassin de Martin Luther King
00:06:27 qui s'était échappé de la prison de Frozen Head.
00:06:29 L'histoire est née de cette évasion.
00:06:32 Ils l'ont retrouvée quelques jours plus tard,
00:06:35 à quelques milles d'ici.
00:06:36 L'AZ s'était dit qu'il pouvait faire beaucoup mieux
00:06:39 sur ce laps de temps-là.
00:06:41 Il a créé cette course.
00:06:42 Tout est improbable, finalement, dans cette histoire.
00:06:46 C'est ça qui la rend magnifique.
00:06:47 On voit des images de l'arrestation de ce meurtrier
00:06:50 qui avait été repris après 60 heures de fugue.
00:06:53 Il avait fait 13 km.
00:06:55 Effectivement, on peut battre ce record.
00:06:58 C'est comme ça que s'est construit cet événement.
00:07:02 Le fugitif est mort en 1998.
00:07:04 Le pénitencier où il était emprisonné existe toujours.
00:07:08 Il est au milieu de la forêt du Tennessee.
00:07:10 Il s'appelle Brush Mountain.
00:07:13 La course aurait pu prendre ce nom.
00:07:15 Ça reste, Aurélien,
00:07:18 une prison qui fait partie intégrante,
00:07:21 j'ai envie de dire, de cette course américaine.
00:07:23 Oui, c'est ça. En plus, on y passe en dessous lors du parcours.
00:07:27 On a l'occasion de s'immerger un peu dans l'ambiance,
00:07:30 de s'imaginer les prisonniers au-dessus de notre tête
00:07:33 quand on est sous le tunnel.
00:07:34 C'est une atmosphère un peu particulière.
00:07:38 La prison, c'est l'endroit un peu mythique,
00:07:41 le lieu de naissance de cet événement.
00:07:44 On est dans le tunnel qui passe sous la prison.
00:07:47 Jared grimpe la cheminée.
00:07:50 J'ai pu faire ça à la première boucle.
00:07:52 On passe sur un chemin plus accessible.
00:07:54 On passe sous la prison où il y a un peu d'eau.
00:07:58 C'est vraiment un endroit particulier où là, c'est mythique.
00:08:02 - Il aurait pu l'appeler "Brush Mountain", la course.
00:08:06 Barclay, ça vient de quoi ? C'est le nom de la région ?
00:08:09 - C'est une très bonne question.
00:08:11 - C'est le nom de son voisin.
00:08:13 C'est le nom du voisin de l'As.
00:08:15 Ça fait partie de l'histoire.
00:08:17 Il a dit que ça serait chouette d'appeler cette course
00:08:20 avec le nom de son voisin, qui s'appelle Barry Barclay.
00:08:23 Son nom de famille, c'était Barclay.
00:08:26 - C'est le nom du voisin. On a appris quelque chose
00:08:29 grâce à Aurélien.
00:08:31 Il n'y a pas de grandes montagnes au Ténéssis.
00:08:33 C'est pas comme les Alpes ou les Pyrénées chez nous.
00:08:37 Pourtant, il y a du dénivelé sur cette épreuve.
00:08:39 - Exactement. Le pic le plus haut, c'est là où il y a la tour.
00:08:43 C'est 1000 m d'altitude.
00:08:44 Les côtes représentent 400-500 m de dénivelé à chaque fois.
00:08:48 Par contre, c'est des basses montagnes,
00:08:50 mais elles sont exigeantes, surtout dans le hors-sentier.
00:08:54 Les 400-500 m, c'est des pentes de 30 à 50 % des fois.
00:08:58 Donc oui, même si c'est de la basse montagne,
00:09:02 le sentier est assez exigeant.
00:09:03 - 160 km, 18 000 m de dénivelé.
00:09:07 Sur le papier, ça ressemble à un ultra-trail classique,
00:09:10 accessible, on va dire, aujourd'hui à beaucoup de coureurs.
00:09:13 Sauf que 1 % à peu près des partants
00:09:16 arrivent au bout de cette course.
00:09:18 Il y a forcément quelque chose qui coince.
00:09:20 Pourquoi c'est si difficile ?
00:09:22 - Il y a plein de facteurs.
00:09:23 Les chiffres ont évolué depuis l'histoire de la Barclay.
00:09:26 À chaque fois qu'il y a un finisheur, il augmente la distance de la course.
00:09:29 Officiellement, ça ne bouge pas.
00:09:30 Mais en ce moment, c'est plutôt 200-210 km et 20 000 m de dénivelé.
00:09:34 Donc déjà, ça met un peu le curseur un peu plus haut.
00:09:37 Il y a ça, il y a la météo,
00:09:38 qui n'est pas vraiment avantageuse au mois de mars.
00:09:41 Nous, cette année, ça allait.
00:09:42 Mais il y a des années où c'est terrible.
00:09:43 Il y a de la flotte tout le temps, le terrain est glissant,
00:09:45 il y a du brouillard, on fait des erreurs d'orientation.
00:09:48 Donc il y a tous ces aspects sur l'autosuffisance,
00:09:50 où on doit se gérer soi-même, sur le non-balisage du parcours,
00:09:53 qui fait qu'à un moment donné, il y a juste un petit détail
00:09:55 qui fait qu'on ne va pas finir.
00:09:56 Et donc, il faut que vraiment toutes les planètes s'alignent.
00:09:59 Et souvent, ce n'est pas le cas.
00:10:01 Donc c'est ça qui fait que le taux d'abandon, il est énorme.
00:10:04 - On voit quelques images des années précédentes.
00:10:07 On court très peu, finalement, sur une course comme celle-là.
00:10:10 - Oui, c'est des efforts plus de randonnée.
00:10:12 Donc on essaie de courir là où on peut,
00:10:13 sur les descentes, quand ce n'est pas trop technique,
00:10:15 et sur les zones de plats qui sont assez rares aussi.
00:10:18 Mais forcément, comme on voit aux images,
00:10:19 c'est de la marche.
00:10:21 Sur les montées, on est à 2-3 km/h, pas beaucoup plus.
00:10:25 Donc, de toute façon, si on fait le ratio,
00:10:26 c'est du 3 km/h de moyenne en comptant les pauses.
00:10:28 Donc il faut quand même bouger,
00:10:30 il faut quand même avancer sur la première boucle
00:10:31 pour essayer de gagner un peu de temps.
00:10:33 Mais voilà, ce n'est pas des efforts.
00:10:34 C'est plus de la randonnée extrême que de la course à pied.
00:10:37 - Malgré ça, vous vous réviez de cette course
00:10:40 depuis plusieurs années, c'est ça ?
00:10:41 - Oui, moi, c'est comme ça que j'ai démarré l'Ultra Trail.
00:10:43 - En voyant ces images ?
00:10:44 - Exactement, en voyant quelques reportages.
00:10:46 Je voulais en apprendre plus sur moi.
00:10:48 Et quand j'ai vu ce que cette course représentait,
00:10:50 toute l'histoire qu'il y avait autour de ça,
00:10:52 ce que les finishers et non-finishers
00:10:54 avaient vécu dans le passé lors de cette course,
00:10:57 c'est-à-dire en apprendre sur eux-mêmes
00:10:59 et repousser ses limites, ça m'a fait un déclic,
00:11:01 comme Mika, je pense, pour la Terminorum.
00:11:03 Et du coup, ça fait plus de six ans maintenant
00:11:06 que j'ai tout fait, essayer d'apprendre,
00:11:08 d'avoir plus d'expérience me concernant
00:11:10 pour prétendre à participer à la course.
00:11:13 Et c'était déjà un honneur, moi, cette année,
00:11:15 rien que de faire la course.
00:11:16 J'en ai pleuré, c'était un rêve qui se réalisait pour moi.
00:11:19 - Mikael, déjà tenté de candidater à la Barclay ?
00:11:23 - Jamais.
00:11:25 Évidemment, j'ai eu connaissance de la course
00:11:28 avant de connaître la Terminorum, qui est née après,
00:11:31 et elle m'a beaucoup intrigué.
00:11:33 J'étais même allé à Frozen Head,
00:11:36 voir un peu à quoi ressemblait le terrain.
00:11:38 J'étais très curieux, mais quand la Terminorum
00:11:41 m'est tombé dessus, j'ai dit,
00:11:43 "C'est là que je focalise toute mon énergie et mon esprit."
00:11:46 - Le Dauphine Libéré n'a pas mandaté un journaliste
00:11:49 sur la Barclay ces dernières années ?
00:11:51 - Non, pas encore. Je lance un appel ?
00:11:53 - Ça sort un peu du périmètre,
00:11:55 même si le Dauphine s'étend sur une grande partie du Sud-Est.
00:11:58 - Si Mikael y va, j'irai.
00:12:00 - Ça fait une raison de suivre Alnizer Roy,
00:12:03 qui s'engage à la Barclay.
00:12:05 C'est une course compliquée à finir,
00:12:07 qui est aussi une course difficile.
00:12:10 Pour y participer, il y a 40 heureux.
00:12:13 Je ne sais pas si le terme "heureux" est bien choisi.
00:12:16 Il y a 40 participants qui sont choisis chaque année.
00:12:19 La procédure pour s'inscrire est un peu particulière.
00:12:23 - C'est ça. Elle est inconnue.
00:12:25 Elle n'est pas forcément très compliquée à trouver.
00:12:27 Il suffit de se renseigner un peu.
00:12:29 Il faut envoyer son application à une certaine date de l'année,
00:12:33 écrire certaines choses
00:12:35 pour essayer de convaincre le directeur de course.
00:12:37 - Une lettre de motivation, c'est ça ?
00:12:38 - Exactement.
00:12:40 Il faut juste écrire ce qu'on a envie d'écrire au bon moment,
00:12:43 de la façon dont on veut.
00:12:44 Ensuite, l'AZE choisit les profils qu'il souhaite sur sa course.
00:12:48 Je trouve ça chouette, parce qu'il choisit un peu de tous les profils.
00:12:50 C'est vraiment la personne au-delà du CV qui est privilégiée.
00:12:53 L'AZE, ensuite, fait sa sélection.
00:12:57 Comme vous avez dit, les heureux élus sont 40.
00:13:00 Il y en a beaucoup plus qui possulent.
00:13:01 Il faut vraiment être conscient de sa chance quand on y est.
00:13:03 - Qu'est-ce que vous avez écrit pour séduire
00:13:06 ce l'AZE bonnet rouge qu'on a vu ?
00:13:08 - J'ai dit la vérité.
00:13:09 J'ai dit que je pensais que je n'allais avoir aucune chance
00:13:11 à faire la Barclay, parce qu'il faut être conscient
00:13:13 qu'il y a plein de gens qui veulent la faire.
00:13:14 Moi, j'avais mis mon focus sur la Terminorum à partir de l'an dernier.
00:13:17 Mais j'ai dit que mon rêve ultime, ce serait de participer
00:13:19 à l'événement qui m'a fait naître en tant que ultra-trailer,
00:13:23 qui est la Barclay.
00:13:24 Je lui ai dit que j'attendais mon tour.
00:13:26 Si ce n'était pas cette année, ce serait une année plus tard.
00:13:29 Éventuellement, cette année, j'ai été pris,
00:13:31 mais je ne pensais même pas avoir mes chances cette année.
00:13:34 C'est ce que j'y ai dit. J'ai dit que j'attends mon tour.
00:13:36 En attendant, en tout cas, je suis animé par la Terminorum.
00:13:38 Donc voilà, ça me suffit.
00:13:40 Un jour, pourquoi pas la Barclay ?
00:13:42 - Une fois qu'on a séduit l'organisateur de la Barclay
00:13:45 avec sa lettre, on n'a pas besoin de casser sa tirelire,
00:13:47 par contre, pour participer à l'épreuve.
00:13:49 - Oui et non.
00:13:50 - Voyez le voyage.
00:13:51 - C'est 2 euros l'inscription, mais c'est aux États-Unis,
00:13:53 c'est du matériel, c'est beaucoup de choses,
00:13:56 beaucoup d'investissements logistiques.
00:13:57 Heureusement, je me suis fait entourer de partenaires locaux,
00:14:00 des connaissances, des entreprises, etc.,
00:14:03 qui m'ont aidé à me mettre dans des conditions optimales.
00:14:05 Mais non, l'inscription, c'est 2 euros, donc c'est anecdotique.
00:14:08 En tout cas, la course ne prévoit rien pour vous,
00:14:10 sauf un petit barbecue la veille où ils font cuire du poulet.
00:14:13 Sinon, après, chacun ses ravitaux.
00:14:14 Donc voilà, c'est 2 euros pour contribuer un petit peu
00:14:17 aux frais du camp, quand même.
00:14:18 Mais voilà, c'est là, symbolique.
00:14:20 - Oui, parce qu'il n'y a pas d'assistance,
00:14:21 il n'y a pas de balisage,
00:14:23 il n'y a pas non plus de ravitaillement
00:14:24 comme on peut les avoir dans les courses classiques d'Ultra Trail.
00:14:28 Il y a un peu d'organisation, quand même.
00:14:29 Ils mettent le camp, ils mettent les tentes,
00:14:32 ils réservent le camping.
00:14:33 Mais oui, sinon, l'organisation est quand même très mineure
00:14:35 par rapport aux autres courses.
00:14:36 - Il y a des bouteilles d'eau à la tour.
00:14:38 - On a des bouteilles d'eau à la tour.
00:14:39 Il y a 2 ravitaillements d'eau, c'est vrai.
00:14:41 Donc non, il y en a qui se donnent, qui font quelques trucs.
00:14:43 - Il y a une histoire de plaque d'immatriculation aussi,
00:14:45 qui fait partie un peu du décorum de cette épreuve.
00:14:49 - Oui, ils ont repris ça aussi à la Terminorum.
00:14:50 Je trouve ça chouette.
00:14:52 Quand c'est la première participation,
00:14:53 du coup, on donne une plaque d'immatriculation
00:14:55 du lieu d'où on vient souvent.
00:14:57 Comme en vos images, là, on voit Karel qui donne sa plaque.
00:14:59 C'était sa première participation.
00:15:00 Donc c'est une offrande qu'on fait.
00:15:02 Quand on est vétéran, on ne le fait plus.
00:15:04 Du coup, Mika et moi, cette année, sur la Terminorum,
00:15:07 on n'a plus à donner cette plaque.
00:15:08 Mais voilà, du coup, c'est chouette
00:15:10 parce que quand ils pendent toutes les plaques,
00:15:12 on voit un peu l'histoire,
00:15:13 tous les coureurs qui sont passés par là,
00:15:15 leur origine, leur pays, etc.
00:15:17 Quelques clins d'oeil, quelques messages marqués sur les plaques aussi.
00:15:19 Donc ça met direct dans l'ambiance, la veille de la course.
00:15:23 Et je trouve ça chouette, oui.
00:15:24 - Et si on n'a pas de voiture, comment on fait ?
00:15:26 - En effet, il faut se débrouiller.
00:15:27 On peut commander des plaques sur Internet
00:15:29 ou en acheter des particulières,
00:15:30 mais c'est sûr qu'il faut trouver un moyen.
00:15:32 Voilà, il faut s'adapter.
00:15:34 - Il n'y a pas de klaxon de voiture,
00:15:35 mais par contre, le cléron est assez présent tout au long de l'épreuve.
00:15:38 - Oui, d'ailleurs, il s'amuse même à le sonner des fois
00:15:40 quand ce n'est pas l'heure de le sonner aussi.
00:15:41 Donc des fois, on se demande, est-ce que le départ, il est donné ?
00:15:44 Non, des fois, ce n'est pas le cas.
00:15:45 Mais oui, il sonne le cléron une heure avant le départ de la course.
00:15:49 Et là, comme on le voit, quand on abandonne aussi.
00:15:51 Donc voilà, le but, c'est justement d'avoir la sonnerie au mort
00:15:54 le plus loin possible.
00:15:56 Là, il sonne le cléron pour le départ.
00:15:58 Mais il le sonne un peu, voilà, ça dépend.
00:16:00 Avant la course, au départ et quand on abandonne aussi.
00:16:03 - Donc quand vous êtes sur le parcours, vous entendez le cléron,
00:16:05 vous vous dites c'est bon signe, il y en a un de moins.
00:16:07 - Non. - Je ne sais pas si c'est bon signe.
00:16:09 - Non, non, c'est une communauté.
00:16:10 On est tous...
00:16:11 On a envie que chacun aille le plus loin possible pour soi-même,
00:16:14 face à la course aussi.
00:16:15 Le favori sur ce genre d'événement, c'est la course.
00:16:18 Donc c'est ça qui est chouette.
00:16:19 C'est plus un esprit communautaire.
00:16:21 On n'est pas en compétition contre les autres.
00:16:23 Et le cléron, déjà, on ne l'entend pas dans les bois.
00:16:25 Ou alors, il faudrait qu'on soit vraiment très proche.
00:16:27 Et moi, je n'en ai pas entendu cette année, en l'occurrence.
00:16:29 À chaque fois, j'étais peut-être trop loin.
00:16:31 Mais clairement, c'est une sonnerie qui ne fait pas plaisir à entendre.
00:16:34 Donc on essaie pour soi-même et pour les autres de ne pas l'entendre.
00:16:38 - Ce las, c'est un personnage quand même assez curieux
00:16:40 d'avoir inventé toutes ces règles originelles, surprenantes,
00:16:44 qu'aucune autre course au monde n'a reprise.
00:16:48 Le cléron, les plaques de matriculation,
00:16:49 la lettre de motivation pour s'inscrire.
00:16:51 - Oui, il a son histoire.
00:16:53 Il était venu, d'ailleurs, la première année,
00:16:54 la première édition de la Terminorum.
00:16:56 Il se pourrait qu'il revienne prochainement.
00:17:00 Mais c'est vrai que c'est tout un personnage.
00:17:02 Mais ce qui est intéressant aussi, c'est que, de la même manière
00:17:04 que la chartreuse de Terminorum a son histoire,
00:17:06 aujourd'hui, dans le massif de la chartreuse,
00:17:09 avec le Triumph Vira qui organise la course,
00:17:12 on a aussi une autre histoire avec des personnages
00:17:15 aussi que, justement, Mickael et Aurélien connaissent bien,
00:17:20 qui apportent leur touche aussi, leur originalité.
00:17:23 Et c'est vrai que ça fait aussi tout son charme.
00:17:25 - Il y a un point commun entre les deux courses,
00:17:27 c'est que les concurrents ne connaissent pas l'heure de départ.
00:17:31 Alors comment, techniquement, ça fonctionne ?
00:17:32 Il faut bien un moment qu'on vous regroupe et qu'on dise go, quoi ?
00:17:37 - Oui, c'est ça. C'est le cléron qui sonne une heure avant le départ.
00:17:40 Donc, on attend ça avec impatience à chaque fois,
00:17:42 avec un peu d'anxiété.
00:17:43 Moi, me concernant, je serai au lit avant 21h
00:17:46 et on va essayer de dormir tant bien que mal
00:17:48 et on va attendre. Voilà, on verra.
00:17:51 - Moi, j'aime bien profiter des diopatates,
00:17:52 alors je serai pas au lit à 21h.
00:17:55 - Ça change la donne de ne pas connaître l'heure de départ d'une course ?
00:17:58 Il y a une plage horaire d'une douzaine d'heures, c'est ça ?
00:18:01 Où le départ peut être donné ?
00:18:03 - Ça change énormément la donne, je pense.
00:18:05 C'est un aspect, pour certains, très angoissant.
00:18:09 Alors, on le vit tous différemment,
00:18:11 mais effectivement, quand on s'engage sur une épreuve de très longue distance,
00:18:16 le repos avant la course est vraiment primordial.
00:18:19 Et donc, forcément, on peut être à zéro au compteur,
00:18:22 comme à encore une bonne nuit de sommeil avant le départ.
00:18:25 Donc, oui, ça change beaucoup.
00:18:26 - Moi, dans ma tête, on me disait
00:18:27 "il faut manger des féculents 3-4 heures avant le départ",
00:18:29 mais là, comment tu fais ?
00:18:30 - Ce que vient de dire Michael est vraiment exact,
00:18:33 c'est que l'an dernier, la course, pour la première fois, est partie à minuit.
00:18:36 Donc, le cléron a sonné... - Minuit 4 ?
00:18:37 - Minuit 4, exactement.
00:18:39 Le cléron a sonné à 23h04
00:18:41 et donc, départ à minuit 4,
00:18:42 ce qui veut dire qu'il y a une nuit de sommeil en moins tout de suite.
00:18:46 Donc, au final, celui qui est trois nuits dehors de course,
00:18:49 il en a une quatrième avant, ou il n'a pas dormi avant de s'élancer.
00:18:52 Donc, c'est vrai que c'est une donnée à prendre en compte,
00:18:54 mais même si le départ est donné à midi,
00:18:57 tout le monde n'est pas assuré de faire une bonne nuit correctement dans sa tente,
00:19:01 tout en ayant une oreille attentive
00:19:04 à "est-ce que je vais entendre le bruit du cléron ou pas ?"
00:19:06 qui m'annonce ce départ dans une heure.
00:19:07 - Il ne faut pas avoir le sommeil trop lourd, en fait,
00:19:10 à la Terre de l'Union rompue.
00:19:11 Minuit, midi, c'est la plage classique,
00:19:14 c'est ça dans laquelle le départ peut être donné.
00:19:16 Donc, j'imagine qu'il faut être quand même là quelques heures avant
00:19:19 pour ne pas rater le minuit 4 de la précédente édition.
00:19:24 Et puis, pareil, le départ, en tout cas à la barre clé,
00:19:28 il est donné simplement par une cigarette que l'ASE allume.
00:19:32 - C'est ça. Donc, il faut être observateur
00:19:33 pour gagner chaque seconde qui sont précieuses.
00:19:36 Mais voilà, dès que l'ASE allume la cigarette, c'est parti.
00:19:39 On peut franchir la barrière jaune et se lancer dans les bois
00:19:42 à la découverte du premier livre.
00:19:44 Donc, voilà, c'est ce qu'on voit aux images.
00:19:46 C'est un petit clin d'œil.
00:19:47 Il dit, l'ASE, pourquoi pas s'amuser en lançant le départ ?
00:19:50 Donc, voilà, il aime bien. C'est un fumeur, donc voilà.
00:19:53 - Là, les concurrents, ils partent pour pratiquement 200 km
00:19:57 et 18 000 m de dénivelé sur la formule barre clé.
00:20:00 Ça ne reste que des coins de très haut niveau
00:20:02 où il y a vraiment des participants
00:20:06 qui vont à peine réussir à boucler un tour du parcours ?
00:20:10 - Non, non, il y a de tout.
00:20:11 Après, déjà, moi, à mon niveau, donc maintenant, oui, je suis finisseur,
00:20:14 mais je ne me considérais pas du tout comme un athlète de haut niveau
00:20:16 et toujours pas.
00:20:17 Ce n'est pas ma profession.
00:20:18 Par contre, voilà, c'est un objectif qui m'a bite énormément
00:20:21 et pour lequel je me donnais les moyens.
00:20:22 Mais pour parler des autres, il y a vraiment un peu de tous les profils.
00:20:25 Il y a les super favoris qui sont entre 5 et 10,
00:20:28 où voilà, il y a du gros niveau.
00:20:29 Mais il y a aussi tous les autres
00:20:32 où, en fait, ils prétendent juste à repousser leurs limites,
00:20:35 de faire une boucle, pourquoi pas deux, pourquoi pas trois ?
00:20:37 Et c'est ça qui est chouette.
00:20:38 Là, ils donnent un peu la chance à tout le monde.
00:20:40 Voilà, ce n'est pas forcément que l'élite non plus.
00:20:43 Tout le monde mérite de vivre son expérience à la Barclay.
00:20:46 Donc, il y a un peu de tous les niveaux.
00:20:47 Et forcément, aussi une élite qui était devant moi à la première boucle,
00:20:52 John, Karel, Jared, etc.,
00:20:54 qui, eux, sont postulants pour faire cinq boucles.
00:20:56 Mais il n'y a pas que ça non plus.
00:20:57 - C'est la même chose en chartreuse.
00:21:00 Benoît qui a suivi les dernières éditions,
00:21:02 il y a tout le temps, on va dire, un niveau assez hétéroclite.
00:21:06 - Exactement. Et c'est ça qui est intéressant aussi,
00:21:07 c'est que le Triumvirat laisse la possibilité à des personnes
00:21:11 de venir participer pour la première fois.
00:21:13 Elles savent qu'elles n'iront pas forcément au bout, évidemment,
00:21:16 que si boucler un tour peut déjà paraître un exploit pour elles,
00:21:20 ce sera déjà formidable.
00:21:22 Et c'est ça qui est bien aussi.
00:21:23 L'essentiel, c'est...
00:21:25 Alors, vous êtes sélectionné normalement...
00:21:27 Enfin, il y a quelque chose qui élimine d'entrée,
00:21:30 c'est que si jamais vous faites appel à une assistance
00:21:33 pour pouvoir revenir au camp de base,
00:21:36 l'année suivante, vous n'êtes plus sélectionné.
00:21:38 Voilà, donc il faut revenir par ses propres moyens.
00:21:40 - Même quand on abandonne. - Exactement, tout à fait.
00:21:43 Et d'ailleurs, cet aspect-là, moi, je trouve,
00:21:45 de sélectionner des personnes qui savent pertinemment
00:21:47 qu'elles ne vont pas terminer,
00:21:49 je trouve particulièrement intéressant parce que
00:21:51 on a un gros développement du trial, on le sait,
00:21:54 l'ultra-trial est l'environnement présent.
00:21:56 Et sans citer de nom, on sait qu'on a aujourd'hui des courses
00:21:58 qui font 160 km et sur lesquelles des gens s'inscrivent,
00:22:01 ne sont pas encore tout à fait prêts
00:22:03 et parfois se mettent dans des situations
00:22:06 compliquées, voire dangereuses,
00:22:07 pour pouvoir terminer et se dire finisher.
00:22:10 Et on m'a souvent posé la question de savoir si sur la Terminorum,
00:22:13 c'était des fous furieux et que ces gens-là allaient au bout de leurs limites.
00:22:16 Au final, je trouve qu'ils prennent moins de risques
00:22:19 parce qu'ils savent exactement ce qu'ils sont capables de faire
00:22:23 et ils savent s'arrêter quand il le faut.
00:22:25 Et je trouve que c'est une vraie école.
00:22:27 Je parlais tout à l'heure d'école de l'humilité, on l'a vraiment.
00:22:30 Et la preuve, c'est qu'en quatre éditions,
00:22:32 et je touche du bois, il n'y a eu encore aucune blessure.
00:22:34 Les seules interventions, et Mickaël peut en parler,
00:22:36 c'est pour enlever des tics qui sont malheureusement très présents dans le masque.
00:22:39 - J'ai peut-être un record d'ailleurs, à ce niveau-là.
00:22:42 - Ah Mickaël attire les tics.
00:22:43 - J'ai eu une fois 26 tics à enlever à la fin de la course.
00:22:48 - C'est vrai que sur un...
00:22:50 - Je vais te suivre, du coup, ça m'évitera de les...
00:22:53 - Oui, ça peut être ça, comme un paratonneur qui attire les tics.
00:22:55 - J'ai prévu le spray, là, cette année.
00:22:57 - En tout cas, en Chartreuse, on retrouve un peu le même cérémonial
00:23:02 qu'a mis en place l'AS au fil des années à la Barclay,
00:23:06 notamment les plaques d'immatriculation.
00:23:09 C'est pareil, il faut la première fois, en tout cas, amener sa plaque, Mickaël.
00:23:13 - Oui, tout à fait.
00:23:14 Tous ces codes ont été repris.
00:23:16 Et puis, c'est quelque chose de vachement plaisant, finalement,
00:23:20 parce que ça met dans une ambiance, ça nous met dans cette ambiance-là
00:23:24 de devoir aussi réfléchir à quelles plaques je vais emmener.
00:23:27 Il y a le petit digestif.
00:23:28 Je ne sais pas si l'AS demande un digestif pour la première fois.
00:23:31 Ils sont assez friands, le Triumvirat.
00:23:33 - D'une bouteille d'alcool ? - Oui.
00:23:34 - C'est la Chartreuse. - Voilà, le plus fort possible.
00:23:37 Donc, là aussi, c'est bien de leur emmener quelque chose
00:23:39 d'un peu dégueulasse pour les torts,
00:23:41 vu qu'eux nous font souffrir pendant plusieurs jours.
00:23:44 - Bon, cigarettes, alcool fort, bon, pour une course de trail,
00:23:48 on a vu des fois un peu plus...
00:23:50 un peu plus hygiénique en termes de suivi alimentaire.
00:23:55 Il y a d'autres particularités, d'autres différences
00:23:58 entre les deux courses sur ce cérémonial ?
00:24:00 Il faut aussi une lettre de motivation, je crois, pour la Terminorum.
00:24:03 - Tout à fait. Je pense qu'ils en parleront mieux que moi,
00:24:05 mais oui, en effet, il y a une lettre de motivation
00:24:07 et il y a un retour après du Triumvirat
00:24:10 qui se fait d'ailleurs sous une forme...
00:24:13 C'est quoi ? C'est une lettre qui vous revient, c'est ça ?
00:24:15 - Quand vous êtes accepté.
00:24:17 On reçoit un mail comme quoi on est accepté
00:24:20 à un jour bien précis de l'année,
00:24:22 qui, jusqu'à maintenant, a toujours été le même.
00:24:25 Voilà. Après, par rapport aux codes spécifiques,
00:24:29 bon, déjà, on n'est quand même pas sur les mêmes distances
00:24:31 et dénivelés, comme Benoît en a parlé avant.
00:24:34 Voilà, le massif de Chartreuse a ses spécificités,
00:24:37 Frozen Head a ses spécificités.
00:24:39 Et puis, il y a cette histoire,
00:24:41 cette histoire autour des moines,
00:24:45 autour de tout ce qui se passe dans cette forêt de Chartreuse.
00:24:48 - Quand on l'a fait trois fois, comme vous, Michael,
00:24:50 on est sûr d'être pris la quatrième ?
00:24:53 - Alors, rien n'est jamais sûr avec la Chartreuse Terminorum,
00:24:56 mais disons que ça donne de fortes probabilités,
00:24:59 surtout quand on fait partie de ceux qui sont allés le plus loin.
00:25:02 Voilà.
00:25:04 Donc, disons que j'écris de façon peut-être plus sereine que d'autres,
00:25:09 mais je ne suis jamais sûr de rien.
00:25:11 - Bon. Aurélien, vous pensiez finir
00:25:13 dès la première édition de cette Barclay ?
00:25:16 Vous disiez que c'était un rêve d'y participer,
00:25:18 mais de finir, j'imagine que c'est encore une autre démarche ?
00:25:21 - Je m'étais donné les moyens pour, on ne va pas se le cacher,
00:25:24 sinon je n'aurais jamais fini.
00:25:25 - Et ça n'a pas été par hasard ?
00:25:27 - Voilà, se dire qu'on a 100 % de chances de finir, forcément non.
00:25:30 Se dire qu'on a 1 %, oui, je m'étais dit, il y a des chances,
00:25:33 clairement, je m'étais donné pour.
00:25:35 Par contre, voilà, j'y suis allé avec plein d'admiration
00:25:38 envers les gens qui m'entouraient.
00:25:39 Il y avait John Kelly, il y avait Jared, il y avait Karel,
00:25:42 il y avait Albert, qui est là aussi à la Terminerum.
00:25:45 Et se dire, sur les chiffres qui ne mentent pas tous les ans,
00:25:47 que la plupart vont abandonner
00:25:49 et qu'il y en aura très peu de finisheurs parmi eux,
00:25:51 et que moi, je prétends aussi à pourquoi pas être finisheur,
00:25:54 c'est très intimidant.
00:25:55 Et on se dit, c'est ce que je me suis dit la veille de la course,
00:25:57 et même au départ, je me suis dit, je n'ai pas ma place parmi ces gens-là,
00:26:01 et mon objectif n'est peut-être pas réaliste.
00:26:03 Enfin, voilà, j'ai tout à découvrir.
00:26:05 Donc forcément, il y a plein de moments de doute.
00:26:06 Je me suis donné les moyens.
00:26:07 J'ai toujours cru en mes chances,
00:26:09 même si on ne sait pas combien de chances on a.
00:26:12 Et après, voilà, c'est juste le terrain qui fait
00:26:14 qu'on découvre un pas après l'autre, qu'on est capable ou qu'on ne l'est pas,
00:26:16 et que tout s'aligne ou que tout ne s'alignait pas.
00:26:19 - Alors le parcours est divisé en cinq boucles.
00:26:21 C'est cinq fois la même boucle sur la Barclay ?
00:26:24 - C'est ça. Donc une fois qu'on l'a fait une fois, c'est facile.
00:26:26 Il suffit juste d'exécuter sur les quatre prochaines.
00:26:29 - En se montrant pilote automatique ?
00:26:30 - Non, mais en fait, je dis ça en rigolant,
00:26:31 parce qu'il y en a plein qui croient ça.
00:26:33 Et en fait, les cinq boucles, elles sont totalement...
00:26:34 Pas totalement différentes, mais c'est une dans un sens, de jour.
00:26:38 Ensuite, le même sens, mais de nuit.
00:26:39 Donc déjà, on perd un peu ses repères.
00:26:41 Ensuite, on change de sens, de jour et de nuit aussi.
00:26:44 Donc en effet, la cinquième boucle est similaire
00:26:46 à ce qu'on a fait précédemment, mais sur la Barclay,
00:26:48 en tout cas, en me concernant,
00:26:49 il y a vraiment l'opportunité de se perdre à plein endroit.
00:26:51 Donc il faut vraiment être vigilant tout le temps.
00:26:53 Donc une fois on l'a fait,
00:26:55 on essaie vraiment d'emmagasiner le maximum de choses possibles
00:26:57 pour ne pas se tromper par la suite.
00:26:59 Mais ce n'est pas cadeau de refaire la même boucle, forcément.
00:27:03 À chaque fois, on a l'occasion de perdre du temps.
00:27:05 - Et puis on le redit par rapport à des traits classiques,
00:27:07 il n'y a pas ces petites balises
00:27:08 qui sont toutes les 20 ou 30 mètres quand on fait des ultras.
00:27:12 Là, c'est à vous de trouver votre propre itinéraire.
00:27:14 Il n'y a pas forcément de chemin.
00:27:15 Et puis il y a un système de livres
00:27:17 qui permet de valider le fait que vous ayez vraiment fait
00:27:20 l'ensemble du parcours.
00:27:22 - C'est ça, exactement.
00:27:23 Donc au tout début, ça n'existait pas.
00:27:25 Ils donnaient juste le parcours et ils disaient aux coureurs,
00:27:27 voilà, faites le parcours là, et revenez.
00:27:30 - Ils faisaient confiance.
00:27:30 - Voilà, ils faisaient confiance.
00:27:31 Mais les coureurs sont dignes de confiance,
00:27:34 mais des fois, on ne sait pas vraiment où c'est qu'ils sont passés.
00:27:36 Et eux-mêmes ne savent pas où c'est qu'ils sont passés.
00:27:38 Donc il y a eu Frozenhead,
00:27:40 l'historique coureur de la barrique,
00:27:42 il a fait une vingtaine de fois,
00:27:43 a suggéré l'idée à l'As de mettre des bouquins
00:27:45 qui servent juste de checkpoint, en fait.
00:27:48 Là où on arrache la page qui correspond au numéro de son dossard.
00:27:51 On a un nouveau dossard à chaque boucle,
00:27:52 forcément, du coup, pour arracher une page différente.
00:27:55 Donc voilà, ça fait depuis 1990,
00:27:57 à peu près au bout de 4-5 éditions qu'ils ont mis ça en place.
00:28:00 Et la Terminorum a repris ça.
00:28:02 Et je trouve ça vraiment chouette.
00:28:02 Ça rajoute un peu à l'esprit de la course.
00:28:05 Et quand on arrache sa page, à chaque fois, on est content,
00:28:07 on la met soigneusement dans son sac à dos.
00:28:09 On essaie de s'assurer de ne pas la perdre pendant toute la boucle.
00:28:13 Sinon, c'est synonyme d'élimination.
00:28:15 Donc voilà, je trouve ce concept assez chouette.
00:28:18 - Il y a 14 livres sur une boucle ?
00:28:20 - Il n'y a pas de règle. En tout cas, l'an dernier, c'était le cas.
00:28:22 Il y en avait 14 à la Terminorum.
00:28:23 Il y en avait 12 à la Barquet.
00:28:26 La Terminorum est un peu plus longue.
00:28:27 Donc forcément, il y a besoin d'un peu plus de checkpoint.
00:28:29 Et là, on découvrira cette année combien il y en aura,
00:28:31 si ça changera ou pas.
00:28:33 - Mickaël, on a le temps de lire un peu le bouquin
00:28:36 quand on le récupère ?
00:28:38 - Le premier tour, on prend plaisir à découvrir les titres,
00:28:40 puisqu'évidemment, ils ont fait en sorte qu'il soit assez évocateur pour nous.
00:28:44 - Du genre ?
00:28:46 - Du genre...
00:28:47 - Le charpot de Parme, l'an dernier.
00:28:49 - Oui, qu'est-ce qu'on a eu ?
00:28:52 Il n'y en a pas. - L'enfer, c'est maintenant.
00:28:53 - Au bout de la nuit.
00:28:55 - "Caumain échoué à la Barclay".
00:28:57 - Oui, il y a vraiment tout titre
00:29:00 pour essayer de plomber le moral des coureurs.
00:29:03 C'est assez sympa.
00:29:05 Sur le premier tour, j'essaie de porter un peu attention.
00:29:07 Et puis après, on a beaucoup d'autres choses à réfléchir.
00:29:10 - Donc à chaque tour, vous retrouvez le même livre,
00:29:12 mais avec une page différente à arracher, c'est ça ?
00:29:14 - Oui, avec l'angoisse de ne pas avoir son numéro de dossard.
00:29:16 Des fois, les personnes qui sont là sur le livre
00:29:19 et qui ne trouvent pas leur numéro,
00:29:21 ça fait partie du jeu.
00:29:22 - Avec le risque que quelqu'un l'ait pris.
00:29:24 Parce que sur les premiers livres, c'est un petit peu la foire d'empoigne.
00:29:26 C'est vos images, je crois, Benoît, là,
00:29:28 on fait la queue pour arracher sa page.
00:29:30 - Oui, tout à fait.
00:29:32 Et notamment sur le premier passage,
00:29:33 qui se situe vraiment à moins d'un kilomètre du camp de base,
00:29:38 on ne se rend pas compte,
00:29:40 mais il y a un énorme effort psychique à faire sur cette course.
00:29:46 On dit parfois que sur les ultra-trails,
00:29:49 on peut débrancher le cerveau, avancer tout droit,
00:29:52 parce qu'il y a un balisage.
00:29:53 Ici, il n'y a aucun balisage.
00:29:54 Et parfois, en pleine nuit,
00:29:56 on peut complètement oublier le tracé,
00:29:59 ne plus s'en rendre compte, ne plus le reconnaître.
00:30:02 - Même si on l'a fait quelques heures avant.
00:30:03 - Exactement, puisqu'on l'a fait deux jours,
00:30:05 puis on le refait une nuit, il faisait beau,
00:30:07 là, cette fois-ci, il pleut.
00:30:08 Et puis, passer dans un sens,
00:30:10 ce n'est pas forcément la même chose quand on passe dans l'autre.
00:30:12 Et cette décharge émotionnelle, quand on va chercher,
00:30:16 elle peut être vraiment fatigante.
00:30:18 Et ils utilisent souvent ce terme de jardiner.
00:30:22 Il y a des coureurs et des coureuses
00:30:25 qui ont passé un temps phénoménal à chercher un livre.
00:30:28 Et cette débauche d'énergie,
00:30:30 pour ne serait-ce que trouver le livre,
00:30:31 alors qu'on peut être un très bon coureur
00:30:33 ou une très bonne coureuse,
00:30:34 ça aussi, c'est un élément.
00:30:36 Il y a un CV, finalement,
00:30:37 pour réussir à aller loin dans la chartreuse Terminorum.
00:30:39 Il ne suffit pas d'être bon physiquement,
00:30:42 il ne suffit pas d'être costaud mentalement,
00:30:43 il faut aussi être bon en orientation.
00:30:46 Ça, c'est quand même une des clés de cette course.
00:30:48 - Surtout qu'il n'y a pas de GPS.
00:30:49 Je crois qu'il faut sentir l'orientation.
00:30:52 On ne peut pas s'appuyer sur les outils technologiques.
00:30:55 - Effectivement, on a le droit à une simple montre
00:30:57 qui donne l'heure et avec un chrono.
00:30:59 C'est la seule technologie qu'on a le droit d'embarquer avec nous.
00:31:02 Donc, il faut aimer et savoir se servir d'une carte
00:31:06 et d'une boussole.
00:31:07 Voilà, et puis avoir un grand esprit de mémorisation.
00:31:11 Effectivement, comme le disait Aurélien,
00:31:14 pour la Barclay, sur la Terminorum,
00:31:15 c'est pareil, un tour ne ressemble pas à l'autre.
00:31:18 C'est quelque chose d'assez perturbant pour les gens
00:31:20 parce que souvent, quand on explique qu'il y a cinq boucles,
00:31:22 ils se disent, bon, une fois que tu l'as fait, c'est bon, après.
00:31:25 Et tu es là, non, non, ça ne marche pas comme ça.
00:31:27 Et ça, c'est assez dur
00:31:29 pour les gens qui sont d'extérieur de comprendre ça.
00:31:32 - Oui, moi, j'ai toujours du mal à le comprendre.
00:31:35 Je vous crois sur parole,
00:31:36 mais il faudra peut-être que j'aille faire ces boucles un jour
00:31:38 pour vraiment m'en rendre compte.
00:31:40 Aurélien, sur la Barclay, vous êtes parti de jour, on l'a vu,
00:31:44 et vous êtes arrivé de nuit.
00:31:46 - Exactement. Je n'ai pas été assez rapide.
00:31:48 À 45 minutes près, j'arrivais de jour, je suis dégoûté.
00:31:51 - Dans quel état vous étiez au moment de cette arrivée ?
00:31:54 On voit vos images, c'est vous, la petite frontale,
00:31:56 qui approche de la ligne d'arrivée.
00:31:58 - Oui, c'est marrant, du coup, parce qu'à ce moment-là,
00:32:00 ils cherchent à gauche ou à droite si c'est moi qui vais arriver
00:32:02 ou si c'est John.
00:32:03 Donc, d'un point de vue du camp, c'est intriguant
00:32:05 de savoir qui est-ce qui va arriver,
00:32:06 parce qu'il n'y a pas de suivi GPS.
00:32:07 Et là, comme on le voit, je vis plein d'émotions,
00:32:09 je suis en train de vivre mon rêve, je n'en reviens pas,
00:32:12 c'est fait, je pense à mes proches, à ceux qui étaient au camp aussi,
00:32:16 à Guillaume, mon binôme, qui n'a pas pu vivre son rêve.
00:32:18 Donc, il était là aussi, il pleurait aussi pour mon finish,
00:32:20 donc on a partagé ça.
00:32:22 Donc voilà, beaucoup d'émotions mélangées
00:32:24 et des souvenirs que j'aurai à vie.
00:32:26 - 58 heures 42 minutes, on l'a vu, la limite, c'était 60 heures.
00:32:29 Vous aviez de la marge, finalement ?
00:32:31 - Oui, trop facile cette année, du coup,
00:32:33 j'espère qu'il va la durcir les années d'après.
00:32:35 Non, non, non, oui, en effet, j'avais de la marge.
00:32:38 Ça, avant la course, on ne sait pas du tout
00:32:40 quel type de marge on va avoir.
00:32:41 En l'occurrence, oui, j'avais 1h32 de marge,
00:32:43 donc c'était chouette.
00:32:44 Ce qui était vraiment chouette, me concernant,
00:32:46 c'est que j'ai pu assister au finish de John et Carel.
00:32:48 Je me suis assis sur la chaise et j'ai vu les émotions
00:32:50 qu'il y avait aussi lorsque John a fait son second finish,
00:32:53 comme si c'était son premier.
00:32:54 Carel qui arrivait à 7 minutes de la barrière horaire.
00:32:57 Donc, voilà, quand j'étais au camp,
00:32:59 j'aurais ces images aussi en tête pendant longtemps
00:33:01 où il y avait des cris de liesse et de joie
00:33:03 avec la famille de John, avec Carel qui vivait enfin
00:33:06 une finalité à son histoire après sa troisième tentative.
00:33:09 Donc voilà, c'était chouette.
00:33:11 - Oui, parce qu'il y a eu trois finishers sur l'édition 2023,
00:33:14 il n'y en avait pas eu sur les précédentes,
00:33:15 les trois ou quatre dernières éditions.
00:33:17 Vous étiez le premier Français, il y a eu le premier Belge aussi.
00:33:20 Les autres finishers étaient des Américains
00:33:22 dans l'histoire de la Barclay.
00:33:24 Quand vous arrivez, là, vous n'êtes pas non plus sûr
00:33:26 d'avoir gagné, d'être finisher, puisqu'il faut vérifier
00:33:29 justement ces fameuses pages arrachées.
00:33:32 Il y a encore un petit moment de tension, là ?
00:33:34 - Pas de tension, mais un peu de...
00:33:37 - Vous étiez sûr d'autre coup ?
00:33:38 - Je savais que moi, j'avais fait la course, en tout cas.
00:33:39 Il me manquait une page, en effet,
00:33:41 parce que je n'avais pas trouvé un livre.
00:33:42 Le livre avait été enlevé par un randonneur,
00:33:44 la vingt-dernière livre en plus.
00:33:45 Donc, c'était assez frustrant de savoir
00:33:46 comment l'AS allait le prendre, qu'est-ce qu'il allait me dire.
00:33:49 Il s'est trouvé que le randonneur avait donné le livre à l'AS.
00:33:51 Il croyait que la course était terminée, en fait.
00:33:53 Donc, voilà, je me suis présenté à l'AS avec une page en moins.
00:33:55 Je savais que moi, j'avais terminé la course
00:33:57 de mon point de vue personnel, ce qui était le plus important.
00:34:00 Et l'AS, quand je suis arrivé, au lieu de me dire
00:34:01 que le bouquin manquait, il m'a dit,
00:34:03 "Bon, maintenant, on va compter tes pages."
00:34:06 Du coup, j'ai dit, "Oui, on va les compter."
00:34:07 Mais par contre, il m'en manquait une.
00:34:09 Donc, voilà, j'étais plutôt inquiet de savoir
00:34:10 ce que l'AS allait me dire.
00:34:12 S'il n'avait pas le bouquin entre ses mains,
00:34:13 est-ce qu'il m'aurait cru, est-ce qu'il ne m'aurait pas cru ?
00:34:15 Mais j'étais déjà dans l'euphorie de savoir que moi,
00:34:18 j'avais réussi un défi dont je n'étais pas sûr de pouvoir finir.
00:34:21 Donc, voilà, c'était un peu mélangé, mais je n'étais pas très inquiet.
00:34:24 Et quand l'AS m'a tendu le livre entre ses mains,
00:34:26 j'étais vraiment soulagé de me dire,
00:34:28 je suis légitime aussi à ses yeux,
00:34:29 ce qui était vraiment très important aussi.
00:34:31 -Est-ce qu'il ne rigole pas quand même avec le règlement ?
00:34:33 L'AS, en 2017, on va le voir en image,
00:34:36 un concurrent, Gary Robbins, a réussi à boucler le parcours.
00:34:39 On le voit là, arriver, il est limite sur le timing.
00:34:41 Alors, il sprint sur les derniers mètres,
00:34:44 autant qu'on puisse sprinter après 60 heures de course.
00:34:47 Il tape sur la barrière en 60 heures et 6 secondes.
00:34:51 Il s'écroule au bout de l'effort et l'AS lui annonce
00:34:53 qu'il a dépassé de 6 secondes le temps à partir,
00:34:54 qu'il ne sera donc pas finisheur.
00:34:56 C'est un peu rude, ça, quand même.
00:34:58 -Ouais, alors, on fait beaucoup de raccourcis sur cet événement-là.
00:35:00 Au final, il n'a pas été finisheur au-delà des 6 secondes,
00:35:03 surtout le fait qu'il arrive du mauvais côté, en fait.
00:35:05 On voit qu'il arrive côté bitumen,
00:35:06 il aurait dû arriver de l'autre côté, en fait.
00:35:08 Il s'est trompé au dernier virage,
00:35:09 il a pris à droite au lieu de la gauche.
00:35:11 Du coup, il arrive du mauvais sens et, du coup, déjà,
00:35:13 c'est disqualificatif parce que ça veut dire
00:35:14 qu'il n'a pas suivi le parcours.
00:35:16 Donc, au-delà des 6 secondes,
00:35:17 il aurait été disqualifié dans tous les cas.
00:35:18 Et par contre, c'est sûr que ça rajoute un peu au chaos de la scène.
00:35:21 Il arrive 6 secondes à la barrière horaire hors délai.
00:35:24 Donc, il n'y a pas pire.
00:35:25 Sur 60 heures, c'est incroyable d'avoir si peu de marge.
00:35:29 Mais le fait qu'il se soit trompé peut déjà un peu pas le soulager,
00:35:32 mais lui dire qu'il aurait été 7 secondes avant,
00:35:35 l'histoire aurait été la même.
00:35:36 -Benoît Laval, qui est le créateur de la chartreuse Terminorum,
00:35:42 a fait, je crois, 4 fois la barre clé.
00:35:44 Il n'a jamais réussi à la boucler.
00:35:46 -Non, exactement.
00:35:47 Mais il n'est pas là pour le dire, mais ça doit être une frustration.
00:35:50 Du coup, il se rabat sur les autres et il essaie de se venger piteusement.
00:35:53 -En plus, il est guillotin.
00:35:55 -Parce que lui, c'est un peu le mat de cérémonie.
00:35:57 Donc, c'est lui qui vous impose toutes ces règles
00:35:59 et qui a corsé le menu à 300 km, 25 000 m de dénivelé,
00:36:03 toujours en 5 boucles, avec un peu plus de temps.
00:36:06 C'est 80 heures pour la chartreuse ?
00:36:08 -80, tout à fait.
00:36:09 C'est un subtil mélange.
00:36:11 Il le dit à chaque fois, mais c'est vraiment ça.
00:36:13 C'est-à-dire qu'il faut trouver une course qui est suffisamment difficile
00:36:16 pour qu'elle ne se termine pas chaque année,
00:36:18 mais qu'elle soit quand même faisable d'une certaine manière
00:36:21 à un moment ou à un autre.
00:36:22 Voilà. Et ça, c'est se trouver sur le fil du rasoir.
00:36:26 Et c'est très compliqué.
00:36:27 C'est ce qu'il essaye de chercher.
00:36:28 Mais je n'ai aucun doute sur le fait que, cette année ou sur les prochaines,
00:36:32 quelqu'un réussisse à terminer.
00:36:33 Peut-être quelqu'un de ce plateau.
00:36:35 -Ça pourrait être Miquel.
00:36:36 Le camp de base de cette Terminorum, c'est chez vous,
00:36:39 à Saint-Pierre-de-Chartreuse, au pied du Grand-Son.
00:36:43 C'est le camping, parce que forcément,
00:36:46 il faut attendre leur J, leur H, pardon,
00:36:50 au moment du départ.
00:36:52 On vous voit là, studieux, en train d'étudier les cartes.
00:36:55 Vous les avez combien de temps à l'avance, ces cartes ?
00:36:57 -Milieu fin d'après-midi, c'est le moment des offrandes.
00:37:01 Donc, une fois qu'on a remis nos 3 euros,
00:37:04 donc un centime du kilomètre,
00:37:05 et puis notre plaque pour les nouveaux,
00:37:07 notre bière pour les anciens,
00:37:09 on a le droit d'accéder à la fameuse carte qu'on attend tous
00:37:12 et de pouvoir recopier le parcours que l'on voit sur la carte.
00:37:17 Et on a un super roadbook avec, pour vous dire.
00:37:20 On a vraiment tout pour réussir,
00:37:21 puisqu'un beau roadbook de plusieurs pages,
00:37:24 dont beaucoup sont inutiles,
00:37:26 mais nous apprennent beaucoup de choses
00:37:28 sur l'histoire de la Chartreuse.
00:37:29 -On fait un peu de culture locale.
00:37:32 -C'est ça. -Pour ceux qui connaissent pas,
00:37:35 vous qui l'avez fait plusieurs fois,
00:37:36 c'est le même parcours chaque année ?
00:37:38 C'est la même boucle ?
00:37:39 -C'est là où ils sont très bons, le Triumph Vira.
00:37:43 C'est-à-dire qu'il y a une grande partie, forcément,
00:37:46 de courses qui est similaire,
00:37:48 mais ils arrivent chaque année à mettre la petite nouveauté,
00:37:51 le petit changement, des livres qui vont changer de place.
00:37:55 Et tout ça fait qu'on est obligé de se remettre 100 % en question
00:37:59 à chaque fois et pas se dire, c'est bon, je l'ai déjà fait, j'y vais.
00:38:04 -La boucle fait 60 kilomètres.
00:38:07 Benoît, vous êtes logé à la même enseigne que les participants.
00:38:12 Vous êtes dans l'attente à l'heure de départ ?
00:38:14 Ou en tant que journaliste, vous avez quelques infos
00:38:16 pour savoir à quel moment il faut mettre en route la caméra ?
00:38:19 -On est tous logés à la même enseigne.
00:38:21 J'attends, comme eux, avec le même stress,
00:38:25 peut-être pas la même préparation physique,
00:38:27 mais en tout cas, avec le même stress,
00:38:29 la même envie aussi de se retrouver sur le parcours.
00:38:31 Je vais à leurs rencontres de jour, de nuit,
00:38:34 pour le live qu'on anime sur le Dauphiné libéré.
00:38:37 C'est quelque chose qui est absolument passionnant.
00:38:39 On passe du temps aussi, parfois, avec eux en course.
00:38:42 On discute parce qu'ils se retrouvent souvent seuls par moments.
00:38:47 Ça peut être long.
00:38:49 Ça peut être long, des heures et des heures, tout seul dans la forêt.
00:38:52 Il y a des relations humaines qui se créent.
00:38:54 Je trouve que c'est vraiment peut-être encore ça
00:38:57 qui est le plus beau sur cette course,
00:38:58 c'est les liens qui se créent entre les coureurs.
00:39:01 Michael, ça fait plusieurs années,
00:39:03 des garçons comme David Barangé, comme Benoît Bachelet,
00:39:06 tous ces gens-là, aujourd'hui,
00:39:08 quelque part, ils ont un lien entre eux,
00:39:11 un lien qui est invisible,
00:39:12 mais qui se retrouve chaque année
00:39:14 dans ce massif incroyable qu'est la chartreuse.
00:39:16 Vous êtes le 41e participeur, en fait, un peu de cette...
00:39:18 Il y a quand même une grosse différence,
00:39:20 c'est que toi, tu as l'opportunité de manger des dios et des patates.
00:39:22 C'est très intéressant.
00:39:23 Pas mal.
00:39:24 Mais comme je ne mange pas de viande, je ne m'y touche pas.
00:39:27 Bon, et puis l'hymne des morts de la Barclay
00:39:31 résonne aussi en chartreuse.
00:39:33 Oui, effectivement, le chant aux morts,
00:39:35 qui est un chant militaire,
00:39:37 est respecté, que ce soit au départ de la course
00:39:41 ou à chaque fois qu'un candidat revient au camp.
00:39:45 Voilà, et donc ça fait complètement partie de la légende.
00:39:49 Là, c'est le cléron ou le cor de chasse
00:39:51 qui vous libère pour le départ.
00:39:54 Alors là, c'est l'année où Laz était présent,
00:39:56 on le voit avec son bonnet,
00:39:57 donc on a perpétué la tradition de la cigarette
00:39:59 pour lâcher les 40 participants.
00:40:02 C'était sur la première année,
00:40:03 mais c'est vrai qu'après, ensuite,
00:40:04 c'était le cléron pour le départ.
00:40:07 Il y a le cierge aussi, je crois.
00:40:08 Il y a le cierge.
00:40:09 Il y a le cierge, exactement.
00:40:10 On a le cierge sur la Terminorum
00:40:11 pour signaler le moment du départ
00:40:14 et ce cierge brûle jusqu'à la fin de l'épreuve.
00:40:17 On est en quel état d'esprit à ce moment-là
00:40:19 quand on sait qu'on part sur quelque chose d'aussi difficile ?
00:40:22 Je pense qu'on pourrait peut-être tous dire des choses différentes,
00:40:26 mais pour moi, c'est de la concentration,
00:40:29 du calme intérieur avant une aussi longue épreuve.
00:40:33 - Et Aurélien, pour votre première découverte de la chartreuse ?
00:40:37 - C'est chaque fois un mélange un peu de tout ça,
00:40:39 d'excitation, de plaisir, d'anxiété,
00:40:41 de...
00:40:43 Tout le temps des émotions positives et négatives qui se mélangent un peu
00:40:45 parce que forcément, on se lance un peu dans l'inconnu.
00:40:47 Moi, c'est jamais gratuit, donc chaque fois, je me dis
00:40:49 "Est-ce que tu ne vas pas trop plus subir la course que prendre du plaisir ?"
00:40:53 Le but, c'est de prendre du plaisir aussi
00:40:54 et des fois, ça m'arrive de subir mes courses,
00:40:55 forcément, quand ça se passe mal.
00:40:56 Donc un peu tout ça, l'excitation d'y être
00:40:58 et l'anxiété de savoir si ça va bien se passer ou pas.
00:41:01 - Benoît, vous les suivez, c'est vous, là, je crois,
00:41:03 qui filmez en course. - Tout à fait.
00:41:06 - Vous arrivez à les suivre sur une partie du parcours ?
00:41:09 - Oui, exactement. J'ai quelques repères.
00:41:11 Alors, je connais bien le massif pour y habiter,
00:41:13 donc je vois à peu près par où ils passent.
00:41:16 Donc parfois, c'est des heures d'attente pour pouvoir voir passer
00:41:18 parce que quand on est à la deuxième ou à la troisième journée
00:41:21 et qu'il ne reste plus que cinq ou six coureurs en lice,
00:41:24 on peut parfois attendre très longtemps sur un parcours de 60 km
00:41:27 avant de les voir arriver. - J'imagine.
00:41:28 - Mais c'est vraiment intéressant de les suivre,
00:41:31 de pouvoir justement... On voit Mickaël, justement, en action,
00:41:34 de pouvoir raconter justement ce qu'ils font,
00:41:38 sachant qu'on peut avoir du chaud la journée, très chaud.
00:41:42 L'an dernier, c'était une épreuve qui avait été particulièrement difficile.
00:41:45 On peut avoir très froid la nuit, on peut avoir la pluie,
00:41:49 on peut avoir du vent, on peut avoir vraiment toutes les conditions.
00:41:52 Et la Chartreuse, pour ça, est quand même assez formidable,
00:41:55 positivement ou négativement,
00:41:57 pour offrir un "melting pot" de conditions météorologiques.
00:42:01 - C'est minimum trois jours de course,
00:42:02 pour ceux qui pourraient aller au bout, comme pour la Barclay.
00:42:05 Donc forcément, en trois jours,
00:42:06 les conditions peuvent énormément changer.
00:42:09 Est-ce qu'on peut faire une course d'équipe ?
00:42:11 Mickaël a envoyé les images de Benoît
00:42:13 où le peloton s'est tiré petit à petit.
00:42:15 Est-ce que vous vous rassemblez par duo, par trio
00:42:20 pour essayer d'aller plus loin ?
00:42:21 - Oui, c'est ce qui rend ce type d'épreuve aussi complètement unique.
00:42:24 Et moi, ce qui me tient beaucoup à cœur,
00:42:27 c'est qu'il y a un vrai esprit de camaraderie
00:42:28 et qu'en fait, il est nécessaire.
00:42:31 Il est nécessaire pour pouvoir aller le plus loin.
00:42:33 La cinquième boucle, que ce soit sur la Barclay ou la Terminorum,
00:42:36 on devra la faire seule,
00:42:38 puisque les organisateurs nous obligent à partir dans un sens,
00:42:42 et s'il y avait un deuxième potentiel finisseur dans l'autre sens.
00:42:45 Mais jusque-là, il faut vraiment s'entraider.
00:42:47 Ça aide énormément.
00:42:50 C'est aussi une difficulté, parce que dans un sens,
00:42:52 il ne faut pas non plus être sur un faux rythme, comme on dit.
00:42:54 Et donc, il faut vraiment trouver des camarades de jeu
00:42:57 qui vont aller dans le même rythme que vous.
00:43:01 Et ça, c'est aussi une difficulté, finalement.
00:43:04 - Ce qui est intéressant parfois, c'est qu'ils ont peu d'écart entre eux.
00:43:07 Ils ne courent pas ensemble,
00:43:08 mais ne serait-ce que de savoir qu'à 10, 15 ou 20 minutes devant soi,
00:43:12 on a quelqu'un, ou derrière soi, on a quelqu'un,
00:43:15 quelque part, ça aide aussi à avancer.
00:43:17 Je pense que ça, vous l'avez vécu.
00:43:18 - Oui, oui. Et puis moi, je vois l'année dernière,
00:43:21 par exemple, mon troisième tour, je pars sur la troisième boucle.
00:43:24 Je sais qu'en fait, Laurent Guéraud et Benoît Bachelet sont derrière moi.
00:43:28 Dans la première montée,
00:43:30 je décide de faire ma petite cesse de 15 minutes
00:43:33 avec l'esprit simplement d'attendre qu'ils arrivent
00:43:36 pour continuer ensemble.
00:43:37 - Il faut se mouiller aussi dans cette course.
00:43:39 On voit, il n'y a pas le passage sous la prison,
00:43:41 mais il y a le passage dans la rivière.
00:43:43 J'imagine que ce n'est pas hyper agréable de démarrer,
00:43:45 je crois que c'est au début, de démarrer avec les pieds mouillés.
00:43:48 - Dans le Guillemort, pour commencer au bout d'un kilomètre.
00:43:51 - On ne peut pas l'éviter, ça, le passage dans la rivière ?
00:43:53 - Non, et puis il ne faut pas l'éviter.
00:43:55 Il fait vraiment partie de la course.
00:43:57 Personnellement, je trouve ça assez sympa.
00:43:59 Et puis, c'est drôle de voir la stratégie de chacun.
00:44:01 Il y en a, ils décident d'enlever les chaussures, les chaussettes,
00:44:03 d'autres que les chaussures.
00:44:05 Personnellement, je mets les deux pieds dedans avec grand plaisir,
00:44:08 mais voilà, c'est assez cocasse.
00:44:10 - Pareil, Oléan ?
00:44:11 - Non, je vais soit éviter l'eau, soit enlever les chaussures et chaussettes,
00:44:14 mais clairement, non, je reconnais sa stratégie, en effet.
00:44:18 - Parce qu'après, il faut faire les 60 kilomètres de la boucle dans l'état.
00:44:22 Il n'y a pas d'assistance non plus en chartreuse.
00:44:24 C'est le même principe que la barre-clé.
00:44:26 Il y a ce camp de base qu'on a vu, où là, pour le coup, on peut se reposer.
00:44:30 Certains ont un petit privilège par rapport à d'autres, Michael.
00:44:33 Vous, c'est carrément le camping-car, c'est grand luxe.
00:44:35 - C'était ma maison pendant plusieurs années, le camping-car.
00:44:38 Je vivais en camping-car, donc effectivement,
00:44:40 j'ai cet avantage d'avoir ce confort-là,
00:44:43 mais qui est aussi un piège, c'est-à-dire que ce camp de base,
00:44:46 il est à double tranchant.
00:44:47 C'est vraiment l'endroit où on va pouvoir se ravitailler pour repartir,
00:44:50 essayer de se refaire une santé mentale aussi.
00:44:53 Mais en même temps, c'est un vrai piège d'y rester.
00:44:56 Toutes les minutes, même les secondes sont comptées.
00:44:59 Et voilà, il faut vraiment optimiser et pas se faire avoir et hâper par le camp.
00:45:03 - Il y a quelqu'un pour vous masser les pieds, Aurélien, vous, dans votre équipe ?
00:45:06 - Les pieds, les épaules, j'ai une personne par membre du corps, du coup.
00:45:10 Les bras, tout ça, tout ça, ça compte.
00:45:12 Il ne faut rien négliger sur la course.
00:45:14 Donc non, je suis au mieux avec mon père.
00:45:16 Je n'ai pas prévu de massage particulier.
00:45:18 J'ai prévu surtout qu'il me fasse bien à manger, ce qui est déjà très bien.
00:45:22 On a tous l'habitude, je pense, de faire des efforts en autosuffisance
00:45:24 et de se suffire.
00:45:25 Donc là, il sera là pour m'assister sur la nourriture avant que j'arrive,
00:45:29 de me changer le sac, de me remplir les flasques
00:45:32 lorsque je serai en transition, des choses très simples.
00:45:34 Et voilà, oui, pourquoi pas des massages si j'en ressens le besoin.
00:45:37 Mais en tout cas, ce n'est pas planifié et on va essayer d'éviter ça.
00:45:39 Ça veut dire que ça ne se passe pas bien si on a besoin de massage.
00:45:43 - Alors l'an dernier, Michael, vous avez réussi à boucler trois tours sur cinq.
00:45:47 47 heures 58, 30.
00:45:50 Vous Aurélien, vous avez lâché, je crois, après le deuxième ?
00:45:53 - C'est ça, pendant ma troisième,
00:45:55 plein de choses qui font que je tombais de sommeil.
00:45:58 Je m'étais perdu sur le parcours et je n'arrivais pas à m'alimenter
00:46:01 pendant que je cherchais mon chemin.
00:46:03 Voilà, manque de lucidité, manque de mental aussi.
00:46:05 Le fait de savoir qu'en fait, cinq boucles, ce n'est pas réalisable,
00:46:08 de s'en rendre compte et de se dire que c'était le seul objectif
00:46:10 qu'on voulait pour soi-même, pour la course.
00:46:13 Parce que sinon, c'est facile d'abandonner avant.
00:46:15 Si on se satisfait de trois ou de quatre,
00:46:17 des fois, c'est facile de mettre le clignotant.
00:46:19 Donc voilà, plein de raisons mentales, d'inexpériences
00:46:22 qui font que ça a eu raison de moi.
00:46:23 Mais je pense que j'étais capable de faire un peu plus.
00:46:25 Et c'est ce que j'aimerais découvrir cette année,
00:46:27 essayer de faire un peu plus que deux boucles, du coup.
00:46:29 Forcément, viser un finish, ça serait incroyable.
00:46:32 Mais voilà, tout ça, il faut savoir que la course est favorite,
00:46:35 qu'on a plus de chances de ne pas finir que de finir.
00:46:37 Mais l'objectif, il est quand même là, quoi.
00:46:39 - Trois tours, c'était l'objectif l'an dernier, Michael ?
00:46:42 - Non, lamentable échec.
00:46:44 Lamentable échec, voilà, trois boucles.
00:46:46 Comme l'a dit Aurélien, on s'est rendu assez tôt compte,
00:46:50 parce qu'on réfléchit beaucoup, qu'on ne pourrait pas cette année-là.
00:46:54 Mais ce n'est pas une bonne excuse du tout.
00:46:57 Voilà, j'avais une minute trente pour repartir, quelque chose comme ça.
00:47:00 - Oui, parce que c'est 16 heures maxi par tour.
00:47:02 - Donc avec mon camarade Benoît Bachelet,
00:47:07 on avait décidé, quand on arrivait en haut de la dernière ligne de crête,
00:47:13 d'arrêter au bout de ces trois tours.
00:47:15 C'est une erreur de notre part.
00:47:18 On doit aller au bout de nous-mêmes.
00:47:20 - David Barangé est le seul des quatre à avoir fait trois tours l'an dernier,
00:47:24 qui lui a poursuivi un peu sur le quatrième tour.
00:47:26 - Exactement. Ce qui est intéressant, c'est que pour l'instant,
00:47:29 chaque année, il y a une amélioration sur le parcours.
00:47:33 Donc espérons que la cinquième soit du même à Cabi.
00:47:37 - Il reste encore quand même deux tours.
00:47:40 - Deux tours de 60 km, ça fait donc 120 km.
00:47:43 - Qu'est-ce que c'est ?
00:47:44 - C'est rien. Quand on en a fait 180, on a fait le plus dur.
00:47:48 C'est aussi plusieurs nuits, au moins deux nuits dehors,
00:47:52 donc sans dormir.
00:47:53 Je crois que certains participants finissent par avoir des hallucinations
00:47:56 dans ces types de courses.
00:47:58 - Énormément d'hallucinations. Alors, il y a de tout.
00:48:01 Je me souviens, en 2019, juste avant le Covid d'Imanol,
00:48:06 qui était basque, pompier basque, si je ne me trompe pas,
00:48:09 qui prenait des bouts de bois et qui tapait par terre
00:48:13 parce qu'il voyait des serpents.
00:48:15 Mickaël les a vécus aussi l'an dernier.
00:48:17 Je pense qu'il pourra justement en parler aussi.
00:48:19 Mais il y a énormément d'hallucinations.
00:48:21 Mais il y a ces petits moments de micro-sieste
00:48:25 de 5 minutes, 10 minutes, 15 minutes,
00:48:27 avec cette capacité qu'ont les concurrents,
00:48:29 qui est assez phénoménale, de s'endormir,
00:48:32 à même le sol, pendant 15 minutes,
00:48:34 mais de dormir quand même d'une manière profonde,
00:48:37 si tant est qu'on puisse parler de cette manière-là.
00:48:40 Mais c'est passionnant à voir à quel point, en fait,
00:48:43 le corps humain est capable de réagir dans ces moments-là.
00:48:47 Est-ce que c'est l'endorphine ?
00:48:49 On ne sait pas. Moi, je ne sais pas exactement
00:48:50 ce qu'il y a derrière tout ça, mais les voir faire
00:48:53 est absolument passionnant de l'extérieur.
00:48:56 - Dormir sur commande pendant 15 minutes, c'est fort.
00:48:58 Et les hallucinations, Mickaël, c'était quoi ?
00:49:00 Les serpents aussi ?
00:49:01 - Non, ma spécialité, c'est les têtes de mort
00:49:02 en forêt de Chartreuse.
00:49:03 Je ne l'explique pas.
00:49:05 Je n'ai pourtant pas de pensées suicidaires ou quoi,
00:49:07 mais je vois des têtes de mort de partout,
00:49:10 avec bien d'autres choses, évidemment.
00:49:12 Et on entend aussi.
00:49:13 Les hallucinations, c'est aussi sonore auditif.
00:49:16 Et ça, c'est aussi assez perturbant.
00:49:17 Ça fait vraiment partie de notre travail,
00:49:20 de notre entraînement sur ce type d'épreuve,
00:49:23 d'arriver à faire avec.
00:49:24 C'est-à-dire, on hallucine, on sait que c'est là,
00:49:27 on sait que ça paraît très réel,
00:49:29 mais on a un objectif et il faut rester focalisé dessus
00:49:31 parce qu'on loupe la petite cente et c'est fini, quoi.
00:49:35 Et donc, c'est vraiment un gros entraînement aussi
00:49:37 d'apprendre à vivre avec ces hallucinations.
00:49:40 - Aurélien, vous en avez vu, vous, sur la Barclay ?
00:49:42 Je crois qu'il y en avait qui avaient vu des éléphants.
00:49:44 - Ah oui, c'est chouette.
00:49:45 C'est pas vrai d'aller au zoo.
00:49:46 - C'est improbable, mais... - C'est pas mal, ça.
00:49:48 - C'est une grosse hallucination.
00:49:50 - J'ai eu des très légères sur la Barclay,
00:49:52 des voix loins, mais quand il fait du vent la nuit,
00:49:56 le cerveau, on fait des associations très légères
00:49:58 entre le vent et juste des voix qui sont indiscernables très loin.
00:50:01 C'est des choses très légères comme ça, la Barclay.
00:50:03 J'avais vécu d'autres hallucinations un peu plus sévères
00:50:05 sur des événements en autosuffisance
00:50:06 après plusieurs jours sans dormir,
00:50:08 où là, j'avais mes pieds qui me parlaient,
00:50:10 où j'avais la montagne qui devenait un vieux sage
00:50:13 qui me lançait des sorts pour que j'échoue.
00:50:15 Des choses comme ça, un peu où on va loin.
00:50:16 Le cerveau, il fait quelques raccourcis qu'on ne maîtrise pas.
00:50:20 Et comme disait Mika, avec l'expérience,
00:50:22 c'est pas donné, c'est compliqué.
00:50:25 Essayer de faire preuve de lucidité pour les chasser
00:50:28 et se concentrer sur l'essentiel, c'est-à-dire manger, boire, avancer.
00:50:33 - Vous pensez qu'on peut la terminer, cette course,
00:50:35 vous qui l'avez testée tous les deux ?
00:50:37 C'est possible, ces 300 km et 25 000 m de dénivelé en 80 heures ?
00:50:41 - Je crois que ce qui nous fait rêver, ce qui nous fait avancer,
00:50:44 c'est bien de montrer que l'impossible est possible.
00:50:47 D'ailleurs, dans l'humain, je crois qu'il y a un peu de ça.
00:50:51 Et oui, c'est la plus grande des motivations
00:50:54 que d'entendre que c'est impossible.
00:50:56 - Elle est plus dure que la Barclay, finalement,
00:50:59 puisque personne, pour l'instant, n'a réussi à la boucler ?
00:51:01 - Non, moi, je la mettrais vraiment dans le même ordre de grandeur.
00:51:04 Entre plus et moins, c'est compliqué,
00:51:05 mais je pense que c'est à peu près pareil.
00:51:07 Elle a une histoire beaucoup plus jeune.
00:51:08 La Barclay, elle a mis 10 ans avant d'être finie, de 86 à 95.
00:51:11 Je pense que ce n'est pas impossible.
00:51:14 Je pense qu'il faut vraiment que tout s'aligne
00:51:16 et qu'il y ait les bonnes personnes avec les meilleures conditions
00:51:19 pour que ça se fasse.
00:51:20 Mais je pense que les chances ne sont pas nulles.
00:51:22 La question, c'est juste essayer, répéter, apprendre,
00:51:25 attendre que les bonnes conditions soient là,
00:51:28 espérer que les planètes s'alignent.
00:51:30 Et pour moi, ce n'est pas impossible.
00:51:31 Après, il suffit d'avoir encore plus de tentatives
00:51:35 et on verra ce que le futur à court terme cette année,
00:51:39 voire les années prochaines, vont nous apporter.
00:51:41 Mais voilà, c'est ce que je pense.
00:51:42 - Benoît réussira peut-être à faire la première interview
00:51:45 du premier finisher de la Chartreuse Terminum avant la retraite.
00:51:48 - J'en serais ravi, sincèrement.
00:51:50 - Ça laisse un peu de marge encore.
00:51:51 - Il y a encore un petit peu.
00:51:53 - Mais il ne faut pas qu'il traîne, tous ces participants.
00:51:57 - Des kilomètres en Chartreuse,
00:51:59 des kilomètres dans la forêt du Tennessee à Barclay
00:52:01 et puis des kilomètres aussi pour Mickaël,
00:52:03 à l'automne dernier, à travers l'Europe,
00:52:06 sur le GR5, un sentier de grande randonnée
00:52:09 qu'on connaît bien quand on randonne ici dans les Alpes.
00:52:12 Avant ça, oui, j'avais juste cette petite image
00:52:14 de votre blessure de l'an dernier.
00:52:16 C'est surprenant. - Ce n'est pas l'an dernier.
00:52:17 C'était en 2019.
00:52:19 - C'était en 2019, c'était dans le film de Benoît.
00:52:20 - Oui, je me suis fait assister d'un camarade
00:52:24 qui abandonnait Jean-David, à qui je fais un clin d'œil,
00:52:27 qui ne sera pas là cette année,
00:52:29 mais qui m'avait fait un superbe strap.
00:52:32 Et en fait, vu qu'on passe la rivière,
00:52:33 on l'avait cellophané, ce strap.
00:52:35 Voilà, donc ça a beaucoup fait d'images,
00:52:37 ça a beaucoup fait parler.
00:52:39 Et bon, j'ai lamentablement échoué,
00:52:43 entre autres dû à cette blessure
00:52:45 qui ne me permettait pas d'avancer très vite.
00:52:47 - Là où vous avez réussi, c'était l'automne dernier,
00:52:49 sur le GR5, donc ce sentier de grande randonnée
00:52:52 qu'on voit sur cette illustration,
00:52:53 qui traverse nos montagnes,
00:52:56 mais qui partent de beaucoup plus haut, en Hollande.
00:52:59 - D'ailleurs, votre carte est fausse,
00:53:01 puisqu'il part de plus haut que Bergen-Obsum.
00:53:03 - Encore plus haut. - Encore plus haut, oui.
00:53:05 - 2 200 km, je crois que c'était à peu près
00:53:07 la distance estimée de ce sentier,
00:53:10 entre la Hollande, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse
00:53:13 et la France. D'ailleurs, là, vous aviez le droit à un GPS,
00:53:15 donc vous l'avez mesuré, cette distance ?
00:53:17 - Oui, voilà, donc elle était annoncée à 2 400.
00:53:19 Alors, sincèrement, avec les applications,
00:53:21 c'est jamais, mais moi, j'avais, au final, un peu moins.
00:53:24 Pourtant, j'avais fait plus de détours à des moments.
00:53:27 J'avais 2 250, à peu près,
00:53:29 et 62 000 m de dénivelé positif.
00:53:32 Voilà, donc une très belle aventure,
00:53:35 beaucoup d'émotions, beaucoup d'engagement
00:53:37 et beaucoup d'apprentissage sur moi-même.
00:53:39 - On voit l'état de vos pieds à l'issue de ces kilomètres.
00:53:44 Ils sont comme ça, à la Barclay, après être passés dans l'eau ?
00:53:47 - À la Barclay, je... - À la Barclay, non.
00:53:49 - À la Terminorum ?
00:53:50 - Ouais, bon, sur le GR5,
00:53:52 j'ai eu à peu près la moitié de mon périple sous la pluie.
00:53:56 Voilà, mais quand on est focus sur son objectif,
00:53:59 c'est pas un problème.
00:54:01 J'ai pris beaucoup de plaisir, quoi qu'il en soit.
00:54:03 Et puis, ça a permis à mes pieds aussi
00:54:06 d'avoir l'habitude d'être trempé.
00:54:09 Comme ça, c'est pas un problème sur la Terminorum.
00:54:11 - On vous voit là affronter les conditions météo.
00:54:14 Ceci dit, en partant à l'automne, il y avait de grandes chances
00:54:17 de ne plus sur le parcours dans le Nord de la France.
00:54:19 - On fait des choix par rapport aussi
00:54:22 à des obligations professionnelles, à d'autres choses.
00:54:25 Alors, je suis parti mi-septembre,
00:54:27 sans trop de regrets.
00:54:29 La plus grande peur, c'était d'avoir beaucoup de neige,
00:54:32 de la neige qui tombe déjà dans les Alpes,
00:54:34 ce qui a été le cas la semaine avant que je passe,
00:54:37 ce qui m'a un peu ralenti et demandé pas mal d'énergie,
00:54:40 par exemple, pour le passage du Brevent,
00:54:42 mais qui crée encore plus de souvenirs derrière.
00:54:45 Donc, l'objectif, c'était de le faire en moins d'un mois,
00:54:48 d'améliorer ce record, et l'objectif a été accompli.
00:54:51 Donc, peu importe si j'avais pu mettre deux jours, deux mois,
00:54:55 ou ainsi de suite, si les conditions étaient différentes.
00:54:57 Je suis ravi. - Je crois que c'est ça, le Brevent.
00:55:00 Vous avez failli vous geler les...
00:55:02 Pas les pièces aussi, mais les mains.
00:55:03 - Alors, aussi étonnant que ça puisse paraître,
00:55:06 c'est dans le Jura, en passant l'automne,
00:55:09 que j'ai chopé une tempête,
00:55:11 et où j'ai fait la bêtise
00:55:14 de pas me couvrir les doigts assez tôt,
00:55:15 et quand je suis arrivé en haut,
00:55:17 eh bien, en fait, j'avais...
00:55:20 J'avais cloqué mes doigts et brûlé, quoi.
00:55:23 Donc, la redescente a été assez...
00:55:26 assez prenante en énergie à ce moment-là.
00:55:29 - Contrairement à la Terminorum ou à la Barclay,
00:55:31 la GR5, c'est balisé, c'est...
00:55:34 un chemin de grande randonnée,
00:55:36 donc on perd pas son itinéraire sur un parcours comme celui-là.
00:55:39 - Sur 2250 kilomètres,
00:55:42 ça arrive pourtant, évidemment,
00:55:44 suivant les territoires,
00:55:45 c'est plus ou moins bien balisé.
00:55:47 Globalement, c'est très bien balisé.
00:55:49 Mais il y a eu des portions
00:55:52 où, heureusement, avec la technologie,
00:55:54 là, justement, j'avais ma trace GPX dans la montre,
00:55:57 et ça m'a bien aidé.
00:55:58 Et regarder la carte de temps en temps, aussi, ça fait pas de mal.
00:56:01 - Là, on voit l'image de votre GoPro.
00:56:03 On cherche le sentier, peut-être comme vous, d'ailleurs.
00:56:05 - Oui, c'est une des spécificités du Mercantour.
00:56:07 C'est pierrier, et donc c'est top, ouais.
00:56:10 - Oui, effectivement, parfois, on cherche un peu.
00:56:12 - Bon, vous étiez, pour le coup, là, avec une assistance.
00:56:16 Le fameux camping-car vous a suivi au fur et à mesure des étapes.
00:56:20 C'était des étapes prédéfinies
00:56:21 ou vous arrêtiez quand vous en pouviez plus ?
00:56:23 - J'ai eu cette énorme chance d'avoir mon papa,
00:56:26 qui soit là du début à la fin,
00:56:27 et ma chérie Fiona, qui venait dès qu'elle le pouvait.
00:56:31 Et ça compte beaucoup,
00:56:33 le partage et le côté humain.
00:56:36 Comme j'ai dit à la fin, pour moi, ce périple,
00:56:38 c'est nous trois.
00:56:40 Voilà cet objectif.
00:56:41 On l'a atteint à trois, je l'ai pas atteint tout seul.
00:56:44 Et donc, tous les soirs, en fait,
00:56:46 on établissait le plan pour le lendemain.
00:56:49 C'est aussi cette grande flexibilité
00:56:50 qui était intéressante, et de pas avoir prévu tout au départ,
00:56:54 parce que, suivant les conditions, suivant les blessures,
00:56:56 eh ben, des fois, on peut pas respecter ce plan-là.
00:56:59 Donc, tous les soirs, on préparait pour le lendemain.
00:57:02 - Bon, et puis, comme Aurélien, vous êtes arrivé de nuit
00:57:05 au bout de ce parcours, voilà,
00:57:07 sur la promenade des Anglais à Nice.
00:57:09 - Très tôt le matin. - C'était tôt le matin.
00:57:10 - C'était marrant, parce qu'il y en a qui faisaient leur footing.
00:57:12 Et puis, je me suis pris au jeu.
00:57:14 C'est-à-dire que j'ai dit, dans ma tête,
00:57:16 il y en a pas un qui me double, quoi.
00:57:18 C'est peut-être leur footing,
00:57:20 mais moi, les 2250 km, je les fais en tête.
00:57:23 Et donc, je doublais les couverts du matin
00:57:26 sur la promenade des Anglais.
00:57:27 C'est un très beau souvenir, avec quelques personnes de ma famille
00:57:30 et un ami, Pierrot Boucher,
00:57:31 qui est un ancien concurrent de la Terminorium aussi,
00:57:34 qui était là et qui m'a accompagné lors de cette dernière étape.
00:57:37 Voilà, vraiment des très, très beaux moments de partage.
00:57:39 - Bon, 30 jours, 22 heures, 39 secondes,
00:57:41 il faut être précis, quand on fait 2200 km.
00:57:44 - Alors, c'est 29 jours.
00:57:46 - Ah ! - Oui, parce qu'en fait,
00:57:48 si c'est passé...
00:57:49 Excusez-moi, Thibault,
00:57:51 c'est que je m'étais trompé dans les calculs,
00:57:53 il faut le faire, quand même.
00:57:54 Et donc, c'est l'association FKT, qui s'occupe des records,
00:57:57 qui a recompté tout mon périple et qui m'a dit,
00:58:00 "Non, mais, Mickaël, ce que tu nous envoies,
00:58:02 il y a un problème." - Il y a eu une hallucination.
00:58:04 - J'ai recompté... - Il y a eu une journée qui n'existait pas.
00:58:06 - En pensant quand même que je ne m'étais pas trompé
00:58:07 après ce que j'avais fait, et effectivement,
00:58:10 j'ai mis un jour de moins que ce que je pensais.
00:58:11 - Donc, moins de 30 jours, ça se molloque, d'ailleurs,
00:58:13 ce type de record, comment ça se passe ?
00:58:14 - Oui, donc, il y a une association mondiale
00:58:16 qui s'appelle FKT, pour "Fastest no time",
00:58:19 qui s'occupe depuis plusieurs années
00:58:21 de recenser tous ces records au niveau mondial.
00:58:24 Donc, elle nous demande de lui fournir des traces GPX,
00:58:27 maintenant, qu'on peut fournir avec nos montres connectées,
00:58:30 de notre avancée, et puis d'avoir un tracker
00:58:34 qui permet de nous suivre en live
00:58:37 lors de notre tentative de record.
00:58:39 - Aurélien, vous en avez un aussi sur le GR10,
00:58:42 c'est celui des Pyrénées,
00:58:43 qui traverse les Pyrénées près de chez vous.
00:58:46 930 km, 55 000 m de dénivelé,
00:58:49 vous avez mis 12 jours, à peu près,
00:58:51 vous n'êtes pas compté dans la durée, là, sur ce coup-ci ?
00:58:54 - Non, non, c'est bon, c'est ça, normalement,
00:58:56 12 jours, 5 heures, je crois, 23 minutes, exactement.
00:58:58 Je ne me rappelle plus des secondes, par contre.
00:59:01 Mais il n'a pas été officialisé, mon record,
00:59:03 c'était...
00:59:05 En fait, il y a différentes catégories sur FKT,
00:59:06 il y a la catégorie "toute assistance",
00:59:08 où là, on a le droit de faire ce qu'on veut,
00:59:10 et il y a deux autres catégories qui sont "autosuffisance"
00:59:13 et "sans assistance".
00:59:14 Le "sans assistance", c'est ce que j'avais déjà fait
00:59:15 dans le passé sur le John Muir Trail, en Californie,
00:59:17 où là, on doit vraiment tout porter sur soi,
00:59:19 toute sa nourriture, et ne pas se ravitailler,
00:59:21 même si c'est soi-même sur le parcours.
00:59:24 Là, en l'occurrence, le GR10, je l'avais fait en autosuffisance,
00:59:26 où on peut se ravitailler soi-même,
00:59:28 mais ne pas bénéficier de supports externes.
00:59:30 Et du coup, moi, en l'occurrence, j'avais mes proches
00:59:32 qui sont venus me voir de temps en temps,
00:59:33 des amis qui m'ont suivi aussi sur le parcours,
00:59:35 et ça, c'est déjà considéré comme de l'assistance,
00:59:37 le fait d'avoir "des lièvres"
00:59:39 ou des gens qui viennent donner un support moral.
00:59:41 Du coup, je suis tombé directement dans la catégorie "assistance".
00:59:44 Donc, ça n'a pas été homologué pour ces raisons-là,
00:59:47 mais voilà, j'ai vécu une aventure extraordinaire
00:59:49 en autosuffisance, pour le coup,
00:59:50 où j'avais réussi à améliorer la marque de Thierry Corbarieux,
00:59:53 qui est devenu un copain depuis.
00:59:55 Il avait fait quelques heures de plus, c'était anecdotique,
00:59:58 mais voilà, j'avais vécu mon aventure et c'était incroyable.
01:00:00 -Vous avez fini la Barclay, ça, c'est homologué,
01:00:02 ça restera dans les livres d'histoire.
01:00:04 Vous êtes le 16e coureur à avoir terminé cette course incroyable.
01:00:08 Alors, vous n'êtes pas, malheureusement,
01:00:09 dans ce livre, les finisseurs.
01:00:11 La Barclay racontée, c'est signé Alexi Berg et Aurélien Delfosse,
01:00:15 qui est un de deux journalistes français.
01:00:18 Aurélien Delfosse a réalisé plusieurs films sur la Barclay,
01:00:21 et donc, il a recueilli le témoignage
01:00:23 des 15 précédents finishers, leurs anecdotes,
01:00:26 leurs façons d'entrevoir le trade.
01:00:28 Vous serez peut-être dans le tome 2, Aurélien.
01:00:31 Il faudra rajouter quelques pages, de toute façon.
01:00:33 -Je ne pense pas qu'il y ait de tome 2 de prévu.
01:00:35 Ils ne vont pas faire ça tous les ans.
01:00:36 Je suis en discussion, justement,
01:00:37 avec Alexi Berg et Aurélien Delfosse.
01:00:39 On a discuté, ils me disaient que, voilà,
01:00:41 ils se donnaient quelques années pour refaire un tome 2,
01:00:43 où là, ils incluraient d'autres finishers,
01:00:45 dont moi et Carrel, forcément,
01:00:47 mais il y a encore une histoire à s'écrire
01:00:49 sur les quelques années à venir.
01:00:50 En l'occurrence, avec Alexi et Aurélien,
01:00:52 on travaille sur un livre aussi pour raconter mon histoire
01:00:54 de la barquée de cette année et mes expériences passées.
01:00:56 Donc il y a quelque chose en cours me concernant,
01:00:58 mais pour un tome 2 des finishers,
01:01:00 ça va attendre un petit peu, je crois.
01:01:01 -Benoît, il y a eu ce film sur la Terminorum Chartreuse en 2019,
01:01:05 qui est toujours d'actualité,
01:01:06 parce qu'il n'y a pas de finisseur pour l'instant.
01:01:07 -Exactement.
01:01:08 Et il y en aura un nouveau cette année sur le Dauphiné libéré.
01:01:12 Et puis on aura aussi un live
01:01:14 qui va courir tout au long de l'épreuve,
01:01:16 qui sera la samedi, qui sera la dimanche aussi,
01:01:18 jusqu'à ce que le dernier concurrent ou s'arrête ou passe la ligne.
01:01:23 -On espère que ce sera Aurélien et Mickaël,
01:01:26 ou l'un ou l'autre au moins,
01:01:28 qui arrivent au bout de ces 5 tours.
01:01:30 C'est pour cette année, Mickaël, ou va falloir encore travailler un peu ?
01:01:33 -C'est pour cette année.
01:01:35 -Attention, on enregistre avant, mais ce sera diffusé après,
01:01:37 donc on pourra tout de suite vérifier votre prédiction.
01:01:40 Et puis puisqu'on parle du GR5-10,
01:01:44 il y a le GR20 aussi,
01:01:46 dont le record a longtemps appartenu à François Deyne,
01:01:49 avant qu'il soit battu par un trailer corse.
01:01:52 Si je vous parle de François Deyne,
01:01:53 c'est qu'il s'est mis à l'écriture avec "La vie courante".
01:01:55 Voilà, c'est le titre bien trouvé de son premier livre,
01:01:59 qui vient de sortir aux éditions Guérin,
01:02:01 le champion français.
01:02:02 Ce livre avec sincérité sur sa passion et son parcours.
01:02:05 François, qui a passé quelques années à Grenoble
01:02:08 pour ses études de kiné
01:02:10 et qui est installé depuis dans le Beaufortin.
01:02:12 Il a à son palmarès 4 UTMB, 4 diagonales des fous,
01:02:15 mais aussi une échappée belle
01:02:16 qu'il avait bouclée en moins de 24 heures en 2019.
01:02:19 Vous étiez au départ, Mickaël, avec lui, sur la ligne Visile.
01:02:23 Je n'ai été que sur la ligne avec lui.
01:02:26 Très impressionnant, ce qu'il a fait.
01:02:28 Il avait annoncé, c'était son objectif, il a travaillé pour.
01:02:31 Moi, à cette époque, j'étais en grosse fatigue.
01:02:35 J'ai eu un dossard deux semaines avant l'échappée belle.
01:02:38 On sait tous qu'une échappée belle, ça se prépare.
01:02:40 Ce n'était pas le cas. J'ai souffert, je m'en souviens.
01:02:43 Vous l'avez bouclée en plus de 40 heures.
01:02:45 Vous étiez déjà rodé à ces efforts très très très longs.
01:02:47 Merci en tout cas d'avoir pris du temps
01:02:49 pour venir avant la Chartreuse Terminorum
01:02:51 nous parler de vos expériences assez atypiques.
01:02:55 Benoît, bon courage aussi.
01:02:57 Il aura du job.
01:02:58 Et puis, nous, on se retrouve très vite
01:03:00 dans le Grand Air pour d'autres aventures.
01:03:03 (Générique)
01:03:06 ---
01:03:13 !

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