La nouvelle star de l'ultra-trail mondial a établi son camp de base en Isère, aux 2 Alpes. Mathieu Blanchard revient sur ces 3 années qui l'ont fait passer d'un simple candidat à Koh Lanta au rival numéro 1 de Kilian Jornet – il a été le premier français à boucler l’Ultra Trail du Mont Blanc en moins de 20 heures...
Véritable artiste du ski, Léo Taillefer a réussi avec la complicité du pilote de drones Colas Feuillie, un défi vidéo inédit mêlant ski, speed riding et wingsuit. Des images qui décoiffent !
Véritable artiste du ski, Léo Taillefer a réussi avec la complicité du pilote de drones Colas Feuillie, un défi vidéo inédit mêlant ski, speed riding et wingsuit. Des images qui décoiffent !
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00:00 [Générique]
00:24 Bonjour à tous.
00:26 Vous pouvez respirer à fond ces grands terres, le magazine de la montagne et des sports de pleine nature de Télé Grenoble.
00:31 Aujourd'hui, on a du lourd sur ce plateau avec à ma gauche la révélation de l'ultra trail mondial de ces trois dernières années.
00:37 Un coureur qui sait aussi bien gérer la faim, la soif et faire preuve de stratégie, Mathieu Blanchard. Bonjour. Bienvenue Mathieu.
00:44 Bonjour. Merci pour l'accueil.
00:45 Deuxième, troisième, quatrième de l'UTMB ces dernières années pour compléter la petite présentation.
00:51 Il manque une place, mais elle va peut-être pas tarder.
00:53 On en parlera au cours de cette émission. En face de vous, ils sont descendus de leur montagne.
00:57 En fait, ils ont suivi l'Isère de sa source jusqu'à Grenoble. Léo Taillefer et Ecola Feuilly. Bonjour à tous les deux.
01:04 Bonjour. Merci. Bonjour.
01:05 Alors Léo qui est un artiste du ski basé à Val d'Isère.
01:09 Et Ecola qui est pas mal adroit non plus sur des skis, mais qui s'est fait une spécialité dans le maniement des drones
01:15 avec de superbes images à la clé.
01:18 On va voir ça également au cours de cette émission.
01:20 On va croiser la glisse, le trail et puis l'image. Vous faites du trail d'ailleurs Léo, Ecola ?
01:27 J'ai pas l'impression que vous ayez un physique de coureur de montagne.
01:31 On aime la montagne, mais pour les descentes.
01:35 Ça va pas assez vite pour vous le trail ?
01:37 Ça dérange pas de marcher en montagne.
01:39 C'est fatigant quand même.
01:41 C'est vrai. Léo, il préfère ça.
01:44 Alors ça, c'est Mathieu qui fait du ski sur le glacier des deux Alpes.
01:49 Qu'est-ce que vous pensez de son style, vous qui êtes moniteur de ski ?
01:51 Est-ce qu'il y a encore à améliorer la technique ?
01:54 Là, ça attaque.
01:56 Il y a une ligne d'épaule qui tombe un peu, mais c'est correct quand même.
01:59 C'est propre.
02:00 J'imagine que le matériel est super léger et très inconfortable à skier.
02:04 Exactement. Pour info, c'est des skis de rando qui sont en carbone hyper léger.
02:09 Et en fait, j'avais mal réglé une des fixes.
02:12 Et dans un virage un peu appuyé avant ce rush-là, j'ai déchaussé.
02:16 Je me suis mis une énorme gamelle.
02:19 Donc après, j'étais un petit peu plus sur la retenue.
02:21 C'est plus des skis qui sont faits pour monter que pour descendre.
02:23 C'est horrible. Bravo de faire ça.
02:26 Si je montrais ces images des deux Alpes, c'est par hasard ?
02:29 Parce que Mathieu, vous vous êtes établi chez nous en Isère il y a quelques mois.
02:33 Et votre camp de base, c'est la station de Loisan.
02:36 Oui, tout à fait. Je me suis installé au mois de mai aux deux Alpes.
02:40 J'ai acheté un petit chalet avec ma compagne.
02:43 Et j'arrive de 9 ans et demi au Québec, à Montréal, où j'habitais.
02:48 Donc voilà, c'est un gros changement pour moi.
02:50 Et puis, j'ai choisi d'établir ce camp de base.
02:52 Je préfère appeler ça un camp de base parce que j'ai encore beaucoup d'aventures et de voyages à droite à gauche.
02:56 Mais oui, c'est bien aux deux Alpes que je me suis installé.
02:59 Vous avez quand même des liens avec l'Isère et notamment Grenoble.
03:03 Parce que avant d'être au Québec, vous avez passé quelques années dans la capitale des Alpes.
03:08 Oui, tout à fait. J'étais en école d'ingénieur ici à Polytech Grenoble pendant trois ans.
03:13 Et à l'issue de l'école d'ingénieur, j'ai vu que les métiers un petit peu trop techniques, ça ne me plaisait pas.
03:18 Alors, j'ai rajouté encore une année dans l'école de commerce GEM pour avoir un petit peu plus de spécialisation commerciale.
03:24 Et c'est peut-être aussi que j'avais du mal à quitter la vie étudiante.
03:28 Alors, je me suis rajouté une petite année pour profiter encore un peu.
03:31 On est bien quand on est étudié à Grenoble, il y a beaucoup d'opportunités pour faire la fête.
03:36 Votre passion pour le trail, elle vient de là, de vos années à Grenoble ?
03:41 Alors non, pas du tout. Pour la petite anecdote, quand je suis venu encore ce matin en voiture,
03:45 à chaque fois, je suis surpris de voir qu'il y a autant de montagnes autour de Grenoble.
03:48 À l'époque, je ne les regardais pas du tout. J'étais vraiment au centre-ville et puis j'étais caché par les murs de béton.
03:52 J'allais simplement skier de temps en temps. Mais là, je redécouvre effectivement qu'il y a beaucoup de montagnes autour.
03:57 Mais à l'époque, je profitais plus de la vie nocturne étudiante et de la fête que des montagnes.
04:03 Chaque chose en son temps, vous l'avez bien fait. À la base, vous venez du sud de la France, Mathieu ?
04:08 Tout à fait, à Cavaillon, entre Marseille et Avignon à peu près.
04:12 C'est là que ma famille vit. Après, j'ai beaucoup bougé, mais je suis originaire du sud de la France.
04:18 On est très content de vous avoir en Isère, surtout que pour le trail, les deux Alpes, c'est un formidable terrain de jeu.
04:24 Oui, c'est un formidable terrain de jeu. C'est surtout qu'en face, il y a le parc des Écrins, très sauvage, très aérien,
04:32 beaucoup d'arêtes, beaucoup de beaux sentiers. C'est ce que je suis en train de découvrir.
04:37 Je me suis établi là aussi parce que c'est très multisport. Moi, je cours énormément et c'est dur sur le corps.
04:43 J'aime bien aussi transposer et faire d'autres sports, du vélo gravel, du VTT descente, du VTT, du ski de rando.
04:50 Il y a vraiment un petit... C'est un Walt Disney pour adultes, j'aime dire.
04:55 On vous a même vu au départ de petites courses locales en oisant cet été.
04:59 J'imagine que les habituants doivent être surpris de voir à courant votre calibre au départ de la Cristolaise, notamment.
05:05 Oui, tout à fait. La Cristolaise, course très locale, mais dans le parc des Écrins.
05:08 C'est aussi une manière de connecter avec la communauté locale, de découvrir aussi des chemins que je n'ai jamais vus.
05:13 Et c'est bien aussi en préparation de gros événements, d'aller sur des événements de moindre envercure, je dirais,
05:19 du moins sur la sollicitation médiatique, ce qui permet de courir vraiment plus relax, on va dire.
05:26 Et puis, vous l'avez dit, les deux Alpes, il y a des cols un peu partout.
05:30 Le vélo, le vélo de route, c'est un bon complément pour un entravement de trail ?
05:35 Énormément, oui. C'est le sport que je fais le plus après le trail.
05:39 Je pense que l'oisant, c'est vraiment top pour le vélo de route avec tous les cols qu'on a autour.
05:43 D'ailleurs, c'est les cols les plus mythiques.
05:45 Sauf que ce que je fais maintenant, c'est que j'ai transféré sur le vélo de gravel.
05:48 Donc, c'est un vélo de route qui a juste des roues un petit peu plus larges avec des crampons,
05:52 ce qui permet aussi de temps en temps, quand je vois un chemin qui a l'air sympa à droite ou à gauche,
05:56 d'aller dessus. Mais on roule très, très bien sur la route aussi.
05:59 Puis, comme je roule tout seul, je m'en fous d'arriver cinq minutes plus vite à la maison
06:04 avec mon gravel ou mon vélo de route.
06:06 La montée de l'Alpe d'Huez, on peut croiser Mathieu Blanchard de temps en temps ?
06:09 Oui, on peut me croiser en vélo. On peut même me croiser en courant.
06:12 J'ai fait une course récemment, ça s'appelle la course des 21 virages.
06:17 On part de tout en bas et on va jusqu'en haut en courant.
06:19 Et je pense que j'étais plus vite en courant qu'en vélo. Alors, c'est drôle.
06:23 Vous l'avez dit, vous n'êtes pas un montagnard d'origine.
06:27 Vous avez découvert qu'il y avait des montagnes à Grenoble,
06:29 cinq ans après y avoir étudié.
06:32 Le Québec, ce n'est pas un endroit adapté pour la pratique du trail ?
06:36 Alors, c'est un super terrain. Le Québec, c'est très sauvage.
06:39 Il y a une densité de population, une des plus faibles au monde.
06:41 Une fois qu'on sort de la ville, on est vraiment dans le très sauvage.
06:44 Mais il manque des paramètres de course sur lesquels je vise,
06:47 donc l'altitude, les gros dénivelés.
06:49 C'est plutôt des collines. La plus haute montagne que j'avais autour de chez moi,
06:52 le Mont-Tremblant, doit faire 800 m d'altitude.
06:55 Donc, ce n'est pas forcément adapté à des courses que je vise,
06:58 comme l'UTMB dans les Alpes ou d'autres courses.
07:00 Donc, voilà, c'est pour ça aussi que j'ai décidé de revenir
07:03 dans des grandes montagnes et que j'ai choisi les Alpes.
07:05 Alors, on vous voit sur le Mont-Royal à Montréal.
07:08 Quel point culminant de Montréal ? Je crois que c'est 234 m, effectivement.
07:11 Voilà, on est à 234 m, on est en plein hiver.
07:14 Et puis là, en fait, c'est à l'époque où j'allais au travail en courant.
07:17 C'est comme ça que j'avais trouvé la technique pour progresser.
07:20 J'étais ingénieur dans un bureau et je voulais faire de l'ultra-trail.
07:23 J'avais un emploi du temps assez chargé comme ingénieur.
07:26 Donc, j'allais au travail en courant, aller, retour, en passant par le Mont-Royal.
07:30 Et puis là, on est sur des températures qui peuvent être entre -30°C.
07:33 Donc, c'est quand même de l'aventure.
07:36 Alors, le grand public, Mathieu, vous a découvert en 2020 à la télé,
07:40 une célèbre émission qui ne ménage pas ses candidats,
07:44 "Colanta". C'est une bonne expérience, ce programme ?
07:47 Oui, c'est... Là, j'étais affûté.
07:50 Ah oui, là ! Je ne sais pas si la photo a été retouchée, mais en tout cas...
07:53 Moi, en fait, j'ai toujours eu cette passion pour la nature, pour la survie.
07:59 Et c'est une des plus belles expériences de ma vie.
08:01 Au début, je me suis dit "Bon, je vais aller là-bas, ça va être un petit peu truqué.
08:04 Ils vont nous donner à bouffer et des sacs de couchage la nuit."
08:06 Mais en fait, j'ai été satisfait de voir que pas du tout.
08:08 Il n'y a pas de flèche ?
08:09 C'est vraiment l'expérience Robinson.
08:11 Moi, quand je lisais le livre de Robinson ou que je regardais la série "Lost", par exemple,
08:16 j'ai toujours un petit peu rêvé aussi que mon avion amérisse proche d'une île
08:20 pour vivre cette expérience-là. Et c'est ce que "Colanta" permet de faire.
08:23 Donc voilà, c'était une super expérience, j'ai adoré.
08:25 Je partais un petit peu trop tôt, parce que j'étais trop en mode aventure,
08:29 survie, sport, plus que stratégie.
08:31 Et donc, non, c'est aussi un jeu. Et l'idée, c'est d'aller le plus loin.
08:34 Et si tu ne penses pas trop aux stratégies, tu peux te faire sortir assez tôt ce qui m'est arrivé.
08:38 - Il faut avoir tout en tête sur "Colanta".
08:40 C'est une émission qui vous tenterait ?
08:43 Cola, Léo ?
08:44 - Je pensais que c'était truqué. Je ne savais pas que ce n'était pas truqué.
08:47 Du coup, pourquoi pas ? Ça peut être marrant.
08:49 - Moi, j'y ai déjà pensé.
08:50 Je me suis dit, je m'étais déjà dit, un jour, ça peut être une expérience à faire.
08:54 Mais bon, c'est vraiment sur sélection.
08:58 Et je pense que les places sont chères.
09:00 - Ah bah oui, j'imagine qu'il y a beaucoup de candidats.
09:02 - Oui, bien, moi, personnellement, à part "Grand air", c'est l'émission à laquelle j'aimerais participer.
09:06 Également, je n'ai jamais candidaté.
09:08 - Moi, j'ai des conseils pour vous.
09:10 - Après l'enregistrement, on demandera à Mathieu ce qu'il faut mettre dans le CV pour avoir une chance de passer le filtre.
09:16 Et en plus, vous avez trouvé l'amour, je crois, de "Colanta".
09:18 Vous n'avez pas gagné l'émission ?
09:20 - Exactement. On l'a vu sur la première photo.
09:22 À ma gauche, il y avait Alix.
09:24 Alors, à cette époque, quand j'ai fait l'émission, elle était en couple.
09:27 Mais elle avait surtout des valeurs similaires aux miennes, liées à la nature, au sport et à l'aventure.
09:32 Donc, je l'avais tout de suite accrochée.
09:33 Ça a pris du temps, ensuite, pour qu'on se mette ensemble.
09:36 Il y a eu quelques autres étapes.
09:37 Mais c'est vrai que c'est là que je l'ai rencontrée.
09:39 Et je trouve que c'est plus original de rencontrer sa compagne sur "Désert en survie" que sur Tinder.
09:43 - Ou dans une soirée "Grand noble oiseau".
09:45 - Exactement.
09:46 - Vous couriez déjà avant de vous exiler sur cette île déserte ?
09:50 - Oui, tout à fait. Alors, moi, dans "Colanta", je pense qu'il y a plusieurs profils qui sont choisi.
09:53 On a tendance à penser que c'est souvent...
09:55 Il faut être aventurier, sportif. Non, pas du tout.
09:57 Ils veulent un petit peu différents profils de différentes catégories sociales.
10:00 Voilà. Donc, moi, j'étais dans la catégorie le sportif.
10:02 - Le sportif, oui. - Et j'étais déjà coureur.
10:04 - Oui, je crois que vous aviez même séché une participation au grand trail de la Réunion.
10:09 - Tout à fait.
10:10 - La Diagonale des Fous, pour participer à l'émission.
10:12 - Exactement. Alors, c'était cette année. C'était une année particulière.
10:14 C'était en 2019. Je me suis blessé.
10:16 Je me suis fracturé le dos début d'année.
10:18 Donc, j'ai eu une saison vraiment difficile.
10:20 Et la seule course à laquelle je pouvais participer, c'était la fameuse Diagonale des Fous à la Réunion en octobre.
10:24 Et je suis allé sur l'île. Trois semaines avant, j'ai fait le parcours.
10:27 J'ai fait ma tournée médiatique parce que j'étais un bon outsider à un podium.
10:31 Il y a trois jours de la course, la prod de Koh Lanta m'appelle en me disant
10:33 "Mathieu, il faut que demain tu prennes l'avion. On y va, là."
10:35 Et je leur avais dit "Non, mais en fait... Non, non, j'ai le grand raid. C'est ma seule course de l'année.
10:39 Vous pouvez pas me prendre l'avion après la course ?"
10:41 Ils m'ont dit "Non, non, mais en fait, qu'est-ce que tu fais ?
10:43 Il y a toute une prod qui va là-bas. C'est demain ou rien."
10:46 Et comme il y a beaucoup de confidentialité, j'étais parti un petit peu en sous-marin, en douce.
10:51 Mais il y en avait beaucoup qui l'avaient quand même remarqué.
10:53 Bon, j'avais coupé le téléphone deux mois.
10:55 Mais c'est sûr que quand je l'ai rallumé deux mois après, il y avait quelques messages d'inquiétude.
10:58 "Où es-tu, Mathieu ?"
11:00 - Bon, vous vous êtes bien rattrapé depuis, puisque en trois ans, vous vous êtes fait une place de choix dans le monde de l'ultra-trail.
11:07 La course de référence dans le trail, même si vous ne pratiquez pas, vous la connaissez ?
11:12 L'équivalent du Tour de France pour le vélo ou du Bec d'Eros pour le freeride en ski ?
11:17 - Quand même.
11:19 - Bon, l'UTMB, l'ultra-trail du Mont-Blanc, 170 km, 10 000 mètres dénivelé.
11:26 Je faisais le parallèle avec le Tour de France parce qu'on l'a vu notamment cette année.
11:31 C'est une course qui suscite énormément d'engouement, Mathieu Blanchard.
11:35 - Oui, c'est énorme, effectivement. C'est la Coupe du monde de foot.
11:39 C'est le Superbowl du football américain, c'est le Tour de France.
11:42 C'est le plus gros événement en termes de nombre de participants, mais aussi en termes d'impact médiatique.
11:47 Et depuis deux ans, c'est aussi retransmis à la télé.
11:50 Donc, ça touche maintenant aussi le grand public.
11:52 Monsieur et madame Tout-le-Monde, qui est dans son canapé samedi dans la journée, voit à la télé cette course.
11:58 Donc, c'est sûr qu'elle est grosse, elle est importante.
12:01 - Là, on est en pleine course. C'est la concurrente américaine qui...
12:04 - Elle est pour Fred Walter la meilleure coureuse au monde.
12:07 - On a décidé de lui faire un petit peu un virage comme ils avaient fait à Thibaut Pinot sur le Tour de France.
12:11 Et donc, voilà. Bon, là, les images qu'on voit, c'est très vil avec beaucoup de personnes.
12:15 Mais ça représente une infime partie de la course.
12:17 On passe quand même beaucoup de temps en nature, éloigné de tout, en haut des cols.
12:21 - Avec moins de public. - Voilà, sans personne.
12:23 - Il y a une partie intime dans le Tour du Mont Blanc. - Exactement.
12:25 - Et notamment, une grande partie de nuit qu'on ne peut pas forcément filmer.
12:31 En tout cas, vous, c'est une course référence pour vous.
12:35 Vous l'avez courue 4 fois ?
12:37 - Oui, je l'ai courue 4 fois. Et c'est un peu... Je la prends un petit peu comme un casse-tête.
12:42 C'est très difficile de trouver les bonnes intensités à mettre, gérer la nuit, gérer le froid, gérer la nutrition.
12:48 Voilà, c'est une course que j'adore. Et puis, ça prend plusieurs années avant de la masteriser.
12:52 Voilà, on prend par exemple l'exemple de l'Américain qui l'a gagné cette année, Jim Wamsley.
12:56 C'était sa cinquième participation. Il a abandonné 2 fois.
12:58 Voilà, il faut y aller avec beaucoup d'humilité. Il faut bien observer.
13:02 Et ça prend du temps avant de la comprendre, cette course.
13:04 - Alors, de l'humilité, mais vous avez quand même failli la gagner l'an dernier.
13:08 Ce sont les images qu'on voit avec un mano à mano avec la grande star du trail, Kilian Jornet,
13:13 qui domine cette discipline depuis 10 ans. Vous êtes là avec lui.
13:16 Vous avez même passé devant à quelques kilomètres de l'arrivée.
13:19 C'était quoi les sensations à ce moment-là ?
13:21 - J'étais totalement sur un nuage. J'étais pas pris en fait à ce scénario-là.
13:25 Kilian, il faut savoir que 4 ans avant, j'ai lisé son livre biographique.
13:29 Et c'est un des découvreurs qui m'a le plus inspiré.
13:31 C'est la légende de ce sport. Il a tout gagné, tout fait.
13:34 Et puis très, très fort en alpi aussi. Et me retrouver mano à mano sur l'UTMB,
13:38 c'était un scénario qui n'était pas du tout préparé.
13:42 Donc, j'ai été sur mon nuage et ça a duré pendant quelques mois aussi,
13:45 cette sensation un petit peu de ne plus être là.
13:49 - Vous avez été le premier Français à passer la bare mythique des 20 heures lors de cette course.
13:55 Ça aussi, c'est quelque chose que vous aviez imaginé de tourner, de faire un tour ?
13:58 - Il n'y avait rien qui était prévu sur cette UTMB. Effectivement, sur l'UTMB, il y avait une barrière mythique.
14:04 Si, j'avais des temps de passage, mais finalement, au bout de moments,
14:06 quand on se sent trop bien, on finit par lâcher ce qui était prévu et accélérer.
14:10 Et il y avait la barrière mythique de courir cette course-là en moins de 20 heures.
14:14 Et puis avec Kilian, on a été les deux premiers athlètes dans l'histoire à le faire.
14:18 Sur le parcours d'origine, parce que parfois, le parcours change, il y a des modifications.
14:22 Donc là, le record ne compte plus.
14:24 Mais effectivement, ça a été la cerise sur le gâteau qui n'était pas prévue.
14:28 Et puis voilà, quand on a des bonnes journées, c'est ce qui peut arriver.
14:31 - 13e en 2018, 3e en 2021, 2e en 2022. Donc on l'avait avec Kilian Jornet.
14:37 4e cette année. Vous restez toujours dans le top 5.
14:42 Quelle que soit la place, quand on finit un ultra comme ça, j'imagine qu'il y a beaucoup d'émotions.
14:47 - Oui, c'est énorme. Quand on arrive à l'arrivée, qu'il y a des milliers de personnes comme ça,
14:51 qui vous acclament, qui vous crient dessus, qui vous regardent.
14:54 Il y a des couleurs, il y a des odeurs, il y a des bruits. Vraiment, on se transcende.
14:58 C'est très, très puissant au niveau émotionnel.
15:01 On est aussi à fleur de peau parce qu'on est extrêmement fatigué.
15:03 Donc les rires peuvent arriver aux éclats. Les pleurs aussi.
15:06 Moi, je ne pleure jamais dans ma vie, à part sur des moments comme ça.
15:10 Ça me fait sortir les larmes. Et c'est ça aussi que je kiffe.
15:13 Ça intensifie ma vie, en fait. L'émotion, c'est quelque chose qui est super agréable.
15:16 On a envie de le revivre. Et c'est pour ça qu'on y retourne aussi.
15:19 - Là, on vous voit. Regardez la montée. On est en dessous de 20 heures.
15:22 On en a tout donné.
15:23 - J'aurais regretté de faire 20 heures et une minute.
15:26 Donc j'avais un petit peu accéléré à la fin. Et c'est sûr que c'est là que je tombe.
15:29 Je ne sais pas si on va voir les images, mais Kylian me rejoint après à terre.
15:33 Et puis, on n'a plus trop la notion du temps.
15:35 Le temps se contracte et s'étire. En fait, on était par terre à refaire le monde,
15:38 comme si on était à un salon de thé.
15:40 - Vous aviez des semaines et plusieurs minutes devant tout le monde.
15:42 - Et donc, voilà, c'est des beaux moments.
15:45 - Pour arriver à ce niveau-là, il faut énormément d'entraînement.
15:49 Ce qui est étonnant, c'est que vous avez commencé tard.
15:51 Puisque quand vous étiez étudiant à Grenoble, vous m'avez dit pas de course,
15:54 même pas de montagne, même pas de rondeau.
15:56 - Non, non, la Bastille, j'y montais avec les bulles pour aller faire la fête.
16:01 Non, j'ai commencé le trail à l'âge de 29 ans, à Montréal.
16:05 Donc ça arrivait assez tard dans ma vie.
16:07 - Il y en a certains qui arrêtent leur carrière à la trentaine.
16:09 - Exactement. En général, dans le sport, on a tendance à penser que c'est dans le jeune temps.
16:13 L'ultra-trail est quand même une discipline de sagesse.
16:17 Il faut du temps, il faut se construire aussi des briques solides,
16:21 plus que de la physiologie de moteur, de poumon et de cœur.
16:26 Et voilà, c'est aussi beaucoup de passion, beaucoup de dévouement pour arriver à ce niveau-là.
16:31 Et voilà, c'était un gros tournoi. C'était en fait une surprise de ma vie.
16:35 Quelques années plus tard, 4-5 ans plus tard, j'ai eu des propositions de contrat de partenaire
16:39 pour pouvoir vivre de ce sport, donc un peu un virage à 90 degrés.
16:43 J'ai décidé d'arrêter ma vie de bureau et puis de me lancer à 100% dans cette carrière sportive.
16:47 - Alors vous êtes ingénieur de formation, vous avez bossé dans cet univers.
16:51 Ça joue dans la préparation physique, dans la façon dont vous appréhendez votre entraînement ?
16:56 - Oui, complètement. Quand on est étudiant en ingénierie, on nous apprend en fait à résoudre des problèmes, en fait,
17:03 ou des casse-têtes. On vous met un problème devant et puis il trouve la solution avec des outils, des clés, des méthodes.
17:08 Et c'est ce que j'ai mis en place très vite quand j'ai commencé ce sport.
17:12 Ça me passionnait tellement que j'ai dit moi je veux progresser le plus vite possible, donc j'ai pas de temps à perdre.
17:17 J'ai commencé à regarder un petit peu la bibliographie, à rencontrer des experts, à me renseigner.
17:21 Et je pense qu'effectivement, mon background d'ingénieur m'a permis de progresser assez vite dans ce sport.
17:26 - On vous voit là lors d'une séance un peu particulière avec beaucoup de tuyaux.
17:31 - Là, c'est un test de VO2 max pour voir un petit peu mes capacités cardiovasculaires.
17:36 Et c'était juste avant de partir cette année faire le Kilimanjaro aussi.
17:40 J'étudiais un petit peu l'effet de l'altitude sur le corps. Je voulais aller un petit peu plus que juste aller faire le sommet
17:45 pour voir aussi comment l'altitude peut être un vecteur de performance.
17:50 Et donc, c'est ce que je faisais aussi avec ce monsieur-là. Je testais des protocoles.
17:54 - Et Pascal Hervé, qui est un ancien grand coureur français, vous êtes même allé vous entraîner cette année au Kenya,
18:03 à côté du Kilimanjaro, avec... C'est un peu la mecque de la course d'endurance, le Kenya et les Kenyans.
18:10 - Oui, tout à fait. Moi, j'aime bien sortir un petit peu du code classique des saisons d'ultra-trailer qui sont parfois un petit peu cadrés.
18:16 J'aime bien essayer de nouveaux projets, faire des aventures aussi.
18:19 Et cette année, en 2023, j'ai décidé de courir un marathon sur route, donc sortir un petit peu de mes montagnes,
18:24 qui étaient prévues à Paris fin avril. Donc encore une fois, même protocole, je me suis dit, je veux progresser le plus vite possible sur route.
18:31 Et quoi de mieux qu'aller voir les meilleurs coureurs au monde à Iten, au Kenya, pour apprendre de leur culture, de leur méthode d'entraînement.
18:38 Et c'est ce que je suis allé faire. - J'ai l'impression que ça rigole pas, les méthodes d'entraînement au Kenya.
18:43 - Non, non, eux, c'est militaire, en fait. C'est même à l'entraînement, c'est all-in tout le temps.
18:47 C'est un peu la technique du "no pain, no gain". On jette une boîte d'œufs sur le mur et puis il y en a un qui résiste.
18:52 C'est difficile, mais ça m'a permis de beaucoup progresser et d'apprendre aussi de cette culture qui est fabuleuse.
18:57 - Bon, 2h22, finalement, au Marathon de Paris, pour une première. - Ouais, 2h22, c'est pas trop mal.
19:02 - Je dirais même que c'est très bien. Je sais pas ce qu'en pensent Léo et Cola, mais 2h22. - Je crois que je me rends pas compte.
19:11 - On peut pas se rendre compte. - Non, je suis d'accord. On peut pas se rendre compte.
19:14 - Non, non, ça va vite. Après, j'ai travaillé fort pour ça. Et puis j'avais aussi... Quand on a la tête, on développe des aptitudes,
19:21 même si on est en montagne, qui permettent de les transposer assez rapidement sur d'autres sports.
19:25 - L'ascension du Kilimanjaro, qui est le toit de l'Afrique, vous l'avez faite au pas de course aussi, Mathieu ?
19:31 - Non, pas au pas de course. En fait, au début, je voulais faire un record. Voilà, j'avais prévu un record là-bas, sur le Kilimanjaro.
19:37 Finalement, on m'a conseillé que j'aurais pu avoir quelques soucis d'aime pulmonaire, d'aime cérébrale, qui auraient pu mettre en péril ma santé.
19:44 Mon projet était pas assez abouti. Donc finalement, on l'a fait plutôt en rande de course, on va dire.
19:48 Habituellement, ça se fait entre 1 semaine et 10 jours. On l'a fait en 3 jours.
19:52 Mais voilà, on allait chercher aussi une histoire, des images, et donc il fallait s'adapter au groupe.
19:56 Et c'était une super expérience. Maintenant que je sais comment ça se passe là-bas, peut-être qu'un jour, j'aboutirai un peu plus mon projet
20:01 pour faire quelque chose d'un peu plus de performance.
20:04 - Léo, il reste un bout de glacier au Kilimanjaro. Jamais skié là-bas dans ta carrière ?
20:09 - Non, jamais, mais...
20:11 - Bon, je sais pas si c'est suffisant, ce qu'on voit de neige, pour attirer des freeriders.
20:15 - Il y a des saisons où il neige beaucoup en haut. Après, la quantité de neige, je pense pas qu'il y a 50 cm de poudreuse là, mais il peut y avoir de la neige.
20:21 - L'altitude du Kilimanjaro. Petite colle, comme ça.
20:26 - 4000... - Oh là là !
20:30 - En dessous de 5000, non ? - Ouais. 5810, ça c'est l'altitude du Kilimanjaro.
20:37 Et deuxième petite colle, Léo, est-ce que c'est plus haut ou plus bas que la tour nord de Biacheri ?
20:44 - Biacheri... - Biacheri, je l'ai prononcé à la française.
20:48 - On est à peu près sur les mêmes hauteurs. On était à 5009.
20:52 - Elle était à 5880, cette fameuse tour. J'en parle parce que l'altitude est similaire à celle du Kilimanjaro, même si le cadre est un peu différent.
21:02 Là, on est au Pakistan, au plein cœur du Pakistan. C'est cette montagne assez particulière où Léo Taillefer s'était retrouvé il y a quelques années pour une expé qui consistait à descendre cette face qu'on voit.
21:14 - Au cœur du Karakoram. Et c'était la plus belle expédition que j'ai fait de ma vie, je pense. Très très belle montagne au Pakistan.
21:23 - Un peu plus compliqué de grimper au sommet de cette montagne que le Kilimanjaro. La pente est un peu engagée.
21:30 - En termes d'accès, oui, ça nécessitait un peu plus de notions d'alpinisme, mais elle se méritait tout autant que le Kilimanjaro, je pense.
21:40 - On vous voit dans la phase finale. Je crois que c'était un moment particulier.
21:44 - Oui, un beau pan purée crampon, mais avec de la belle glace. Que des bons souvenirs. Je ne sais pas si j'aurai l'occasion d'y retourner un jour, mais il m'arrive d'en faire des rêves,
21:55 de me réveiller au milieu de la nuit en disant peut-être que le Karakoram m'ouvrira ses mains dans un futur.
22:03 - C'est une explication.
22:05 - Avec des accès peut-être différents dans le futur, on va voir. J'ai devenu passionné de parapente depuis quelques années, donc mon rêve serait de joindre le parapente à tout ça.
22:16 - J'adore marcher, mais si on peut voler, ça peut donner accès à des endroits beaucoup plus rapidement et beaucoup plus simplement.
22:25 - Parce que là, vous étiez monté pas pour redescendre en parapente, mais pour redescendre en ski.
22:29 - En ski, oui.
22:30 - Sur cette phase très raide. C'est quoi la clinaison de ce qu'on voit ?
22:34 - On était sur du 60-65 degrés, je pense, là-haut. Et en fait, il n'y a pas énormément de neige. Il y avait 10-15 cm de neige posée sur une glace.
22:44 Donc les appuis, il faut les faire assez légers pour pas aller toucher la glace d'en dessous, parce que c'est une glace vraiment très dure et bleue sur laquelle même les skis les plus affûtés, ils tiennent pas.
22:57 Donc on essaye d'éviter de la toucher, cette glace, et on essaie de rester léger sur la fine couche de neige qui est au-dessus.
23:03 - On a vu une belle image de drone. Alors, c'était pas vos drones.
23:07 - Non, pas du tout.
23:08 - Colas, ça peut voler jusqu'à quelle altitude, ce type d'engin ? Là, on était à 6 000 m à peu près.
23:13 - Il y a peut-être un moment où l'air va moins porter, mais on pourrait adapter le drone à ça. Donc je ne suis pas sûr qu'on trouve une limite vraiment.
23:21 - Léo, cet exprès, c'est ma troisième petite colle. Quand vous avez une seule bassine pour vous laver les pieds et les mains, on commence par quoi ?
23:31 - Sacrée colle. On va commencer par les pieds, on finit par les mains.
23:36 - Ah oui, Léo est comme Mathieu. Je pensais qu'il aurait la bonne réponse. Mathieu, quand il est en exprès et qu'il n'a qu'une bassine, ça c'est un ultime exemple.
23:44 - C'est le visage. Vous pouvez commencer par le visage parce qu'après, Léo, il est pourri quand tu fais les pieds. Et ça, je l'ai appris sur le kili. Ça, c'est la douche.
23:53 - Vous n'aviez pas pensé, vous l'ingénieur, avant ?
23:55 - C'est des moments fabuleux. C'est pour ça aussi qu'on fait l'aventure. C'est ces moments de simplicité. C'est là quand on perd tout confort aussi qu'on prend conscience de ce qu'est le confort.
24:04 Et quand on revient à la maison, qu'on a beaucoup plus de gratitude pour tout ce confort qu'on a autour de nous.
24:10 - Voilà, ça c'était pour le petit clin d'œil avec votre compagne Alice qui est montée avec vous au sommet du Kilimanjaro.
24:16 - Oui, elle est montée avec moi et puis elle a adoré aussi. Après, là, c'est du grand confort d'avoir une bassine d'eau.
24:20 J'ai fait des expés polaires au Canada où là, c'est vraiment 10-15 jours sans prendre de douche. C'est pas la même.
24:26 - A la rue. Bon allez, on quitte un peu les montagnes du Kenya et du Pakistan pour revenir dans les Alpes, la haute vallée de l'Isère.
24:34 Léo et Kola, c'est leur camp de base. D'ailleurs, Kola, vous faisiez aussi de la compétition en ski quand vous étiez...
24:41 - C'est marrant de l'entendre parler. Jusqu'à 18-19 ans, j'ai fait du sport à outrance. J'étais en équipe de France de skircross.
24:48 Voilà, c'est comme la Formule 1. On prépare le corps et les skis de la meilleure manière possible.
24:54 Des blessures m'ont fait sortir de ce monde, mais j'ai connu le sport à outrance.
24:58 - On vous voit là lors d'une compétition, une Coupe du monde. - C'était le début, ça. Début de l'histoire.
25:03 - De ski-cross. Vous avez pas trop changé finalement. - Non.
25:09 - Léo, le ski, c'est pas comme Mathieu. Vous ne l'avez pas découvert à 29 ans.
25:15 - Non. Moi, j'ai eu la chance de grandir là-dedans d'un père moniteur de ski qui adorait l'hors-piste,
25:20 qui m'a transmis toute sa passion pour la montagne, la poudreuse, comment lire la neige, la nivologie, tout ça.
25:27 C'est vraiment ce qui... J'ai été béni là-dedans dès le plus jeune âge, ouais.
25:31 - 2003, là, vous avez quel âge ? C'était il y a 20 ans. - J'avais 13 ans.
25:35 Ça a été mon année de transition entre le ski alpin et vraiment la décision de faire que du freeride et des images.
25:43 Et donc, on avait un rituel chaque année en famille. Tous les premiers janvier, on allait se coucher...
25:50 Le 31 décembre, on se couchait tôt pour faire une journée de ski le 1er janvier tous ensemble.
25:54 Et souvent, il n'y a pas grand monde sur la montagne vu que tout le monde fait la bringue la veille.
25:58 Et il y a eu plusieurs années de suite avec des conditions de neige géniales.
26:02 Et on fêtait la nouvelle année en famille, en poudreuse.
26:05 Donc mon père avait toujours un caméscope à la main pour nous filmer à droite à gauche.
26:10 - À l'époque, c'était les caméscopes.
26:13 C'est marrant parce qu'on n'a pas le même niveau de ski, mais moi, j'ai les mêmes astuces.
26:16 Le 31, je me couche tôt pour profiter en général d'une super journée en montagne le lendemain.
26:22 Comment on peut qualifier le style de Léo Collat ?
26:26 - Il est pas... C'est un boss du ski, mais avec son style propre.
26:32 Et je pense qu'on pourrait en parler techniquement. Il y aurait des débats, ouais.
26:35 Mais en fait, on s'en fout parce que ça passe partout.
26:38 C'est hyper solide. C'est un monstre.
26:40 Et il a un mental d'acier, donc pas grave que techniquement, on soit pas...
26:45 - Tout en haut, tout en haut, il n'y a pas besoin, quoi.
26:48 - Et puis, il est créatif dans son ski, Léo, depuis de nombreuses années.
26:53 Là, on vous voit sur votre terrain de jeu à Val d'Isère. Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?
26:57 - Ça, c'était un projet en partenariat avec Eliotte Noches, qui est championne du monde de parapente.
27:03 Et qui avait développé le concept du BlaBlaFly.
27:08 Donc c'est comme le BlaBlaCar, mais avec un parapente.
27:11 Donc un copain qui jette des cordes, on accroche un skieur,
27:14 et puis on l'amène sur la montagne d'en face ou sur une autre descente.
27:19 Et il a reproduit ce schéma avec des vélos, avec des wingsuits.
27:24 Il a essayé de mélanger plusieurs sports pour partager le BlaBlaFly.
27:29 Donc là, on était d'une montagne à l'autre à Val d'Isère.
27:33 C'était un des projets les plus marrants que j'ai fait, je pense.
27:36 Juste cette sensation de s'accrocher à une corde et de décoller à 10 m sous un parapente,
27:41 à quelques mètres d'une falaise.
27:43 - Il ne faut pas se rater non plus.
27:45 - Non, là, il ne fallait pas se rater. Il y a tout qui était calé au millimètre avec Eliotte.
27:50 Il est surdoué là-dedans, donc je lui faisais confiance à 100%.
27:55 - Alors pour que ces exploits existent pour le grand public, il faut qu'il y ait de la vidéo, des images.
28:01 Depuis plusieurs années, c'est devenu incontournable quand on fait des sports de glisse.
28:06 C'est incontournable aussi dans le trail. La vidéo, c'est devenu un outil qui fait partie du métier.
28:13 Donc pour faire des vidéos, il faut qu'il y ait du monde derrière les caméras.
28:17 Et vous avez préféré bichurquer au bout de quelques années sur ce secteur, Colin ?
28:22 - Toutes les blessures, mon corps ne pouvait plus faire de sport.
28:25 J'ai essayé pendant 10 ans de continuer à tourner autour de mes blessures et de m'organiser.
28:29 Mais bon, il y a un moment, ça devient trop lourd.
28:31 Et j'ai pu utiliser mon côté geek pour partir dans l'image.
28:34 Et j'avais eu l'occasion de souffrir un peu du fait que parfois, les caméramans, en fait,
28:41 pensent qu'au résultat qu'ils souhaitent, ils ne pensent pas trop à l'athlète.
28:44 Mais ça peut être assez dur. Et je pense qu'en ayant été athlète avant,
28:48 j'ai eu la chance d'avoir toujours des bons contacts avec mes sujets.
28:51 Parce que c'est vrai que je l'ai fait passer en premier. On a l'image si on peut.
28:55 Mais d'abord, l'athlète qu'il soit bien et qu'il soit heureux à la fin de la journée,
28:59 surtout pas lui en demander trop, etc.
29:01 Et le mettre dans des conditions pour qu'il performe à son meilleur niveau.
29:04 Et ça a permis de créer des bons contacts avec des personnes comme Léo ou tous les autres.
29:10 Et on commence par d'abord évoluer dans une bonne ambiance. L'image, elle arrive après.
29:16 Alors vous êtes spécialisé dans le drone. Votre atelier, ça ressemble un peu à une caverne d'Ali Baba.
29:22 On vous voit, Léo, en train de découvrir l'univers de travail de Cola.
29:27 C'est un endroit assez atypique. On a l'impression de rentrer dans la Batcave de Batman.
29:35 Est-ce que vous les fabriquez vous-même, vos drones ?
29:37 Oui, en fait, parce que je les spécialise pour chaque discipline que je filme.
29:43 Parce qu'on a la chance que ces machines soient extrêmement évolutives.
29:46 On peut vraiment faire ce qu'on veut avec.
29:48 Maintenant, on peut prendre le temps de construire des machines spécifiques pour chaque discipline.
29:53 C'est hyper intéressant. On gagne énormément en performance.
29:56 Et on peut se retrouver à avoir vraiment des outils adaptés.
29:59 Mais ça passe par des heures et des heures de développement et de tests
30:04 jusqu'à trouver une recette qui va fonctionner pour un sport.
30:07 Et puis là, une fois que je l'ai, je fais deux, trois copies de celui-là.
30:09 Et je sais que je suis bon pour filmer ce sport.
30:11 Et puis à chaque fois que j'ai des demandes différentes, je vais aller chercher la bonne recette pour chaque sport.
30:15 On a vu qu'il y avait le drone speed riding, le drone wingsuit, le drone ski.
30:20 Il y a un drone spécifique pour le trail ou c'est une discipline assez facile ?
30:23 Je pense que ce ne serait pas trop compliqué parce que les vitesses ne sont pas trop fortes.
30:26 Vous n'allez pas assez vite, Mathieu !
30:28 Non, mais on pourrait prendre les drones qui vont le plus lentement possible et faire des superbes images.
30:32 Vous êtes suivi sur une course comme l'UTMB. Il y a des drones qui vous suivent.
30:36 Oui, drones. Et puis maintenant, il y a aussi des athlètes.
30:39 Oui, et puis en fait, aujourd'hui, les preneurs d'images aussi, quand ils ont été aussi athlètes sportifs,
30:43 ils savent où se placer, ils savent comment regarder. Ils comprennent aussi le sport.
30:46 Donc aujourd'hui, c'est sûr, pour venir filmer nos épreuves dans les sentiers,
30:50 on ne peut pas y aller avec des voitures ou des vélos.
30:53 Donc c'est vraiment des personnes qui courent, qui ont une caméra à la main avec une antenne dans le dos et qui nous suivent.
30:57 Donc ils doivent être capables de vous suivre à votre rythme pendant quelques kilomètres.
31:00 Ils sont roulés, évidemment. Ils ne font pas toutes les courses.
31:02 Mais ce n'est pas donné à n'importe quelle course.
31:03 Donc, les parties les plus techniques, c'est à pied. Après, les parties un petit peu moins techniques, c'est en vélo électrique.
31:07 Et puis ensuite, l'aérien, c'est souvent en drone.
31:09 En tout cas, ces drones, depuis quelques années, ça ouvre des perspectives énormes en termes d'images pour le ski freestyle.
31:17 Notamment, j'ai repris une petite séquence des images de Kola.
31:21 C'est vrai que là, on est vraiment au cœur de l'action avec ce type de drone.
31:26 Oui, c'est assez génial. C'est à nous d'être créatifs.
31:30 Il n'y a pas énormément de limites. La seule limite, c'est ne pas impacter son sujet.
31:35 Et c'est la grande règle. Mais après, il y a énormément de choses à faire.
31:39 Ça vous est déjà arrivé qu'un drone vienne toucher un athlète ?
31:42 Non. Et c'est ma règle d'or. Et je veux que ça reste comme ça.
31:47 Et je mets tout en place pour que ce ne soit jamais le cas.
31:51 C'est quoi la discipline la plus compliquée à filmer avec les drones ?
31:58 Clairement, tout ce qui est base jump, wingsuit.
32:01 Parce qu'on a cette notion vitesse qui est énorme et qui modifie pas mal le pilotage.
32:07 Parce que n'importe quel mouvement à 240 km/h, il a des grosses répercussions.
32:12 Mais ça se fait. On arrive à de beaux résultats.
32:17 Il y a eu une grosse phase de construire la confiance avec les athlètes surtout.
32:21 Et maintenant, on est détendu. Je vole avec eux. J'ai compris comment leur sport fonctionne.
32:25 Ça se passe bien.
32:27 Là, on voit avec Vincent Cotte qui est un grenoblois.
32:29 C'est des images d'ailleurs au-dessus de Grenoble, sur le massif de la Chartreuse notamment.
32:34 Vous dites "je vole avec eux" ?
32:36 Complètement. J'ai les mêmes... Je sécrète de l'adrénaline aussi.
32:41 Et on peut lire leur langage corporel. C'est hyper intéressant.
32:46 Une fois qu'on en a fait assez, on sait tout ce qui se passe.
32:50 Du coup, on arrive même parfois... Des fois, il m'appelle et il me dit "je suis là, je suis au pied de cette montagne, t'es où ?"
32:54 Ah, il s'est trouvé un jour, je passais en voiture là, on ne s'était pas concerté.
32:58 J'avais les drones dans la voiture.
32:59 Et on est capable, boum, de faire un bon plan comme ça en quelques minutes.
33:05 Mais voilà, parce que j'ai fini par apprendre comment son sport fonctionne
33:09 et quels vont être les gestes, mon placement, ses placements, ses réactions, etc.
33:14 À quelle vitesse vont les drones poursuivre comme ça des wingsuiters ?
33:18 On va être entre 180 et 240 selon la configuration de la montagne.
33:24 Et qu'est-ce qu'eux, ils cherchent à faire ?
33:26 Parfois, il me dit dans l'oreillette "attends, là, je te pose".
33:29 Vous êtes connecté quand vous faites les images, vous parlez par radio interposée.
33:33 Et des fois, il me dit "là, je te pose".
33:35 Et il va plus raide et c'est vrai qu'il m'amène aux limites de mon drone.
33:39 Mais je continue à développer.
33:41 Donc bientôt, sûrement, il ne va plus pouvoir me poser.
33:43 C'est terminé. Je vais pouvoir le doubler.
33:46 Léo, tu disais que tu t'étais mis au parapente. La wingsuit, c'est aussi une idée ?
33:51 Pas encore, pas tout de suite. Le parapente prend beaucoup de place dans ma vie.
33:54 Et la wingsuit, c'est un long apprentissage avec des règles à respecter, je pense,
33:59 en passant par le parachutisme et tout ça.
34:02 Pour le moment, je suis plus à me concentrer sur le parapente,
34:06 qui est une discipline qui prend...
34:08 J'essaie de ne pas toutes les faire en même temps.
34:11 Je ne suis pas assez doué pour ça.
34:12 Donc une par une, c'est déjà bien.
34:14 Là, on avait des pros filmés par Gola.
34:17 Ça reste un sport dangereux, très antogène, la wingsuit.
34:20 La moindre erreur et souvent, c'est la mort.
34:22 Voilà, c'est un sport qui est aussi magnifique que stupide, j'ai envie de dire.
34:27 Je comprends tout à fait pourquoi on peut faire ce sport.
34:30 C'est à partir du moment où on y a touché, je pense que c'est une grande ligne droite.
34:34 Mais voilà, il faut avoir la tête très froide et être en contrôle tout le temps.
34:39 J'ai la chance d'avoir rencontré les meilleurs.
34:41 Mais voilà, même dans ces groupes-là, il peut malheureusement arriver des choses.
34:45 Donc c'est un sport qui pousse un peu fort.
34:48 - Les sensations fortes, Mathieu, maintenant que vous êtes montagnard,
34:51 au Deux-Alpes, ça vous tente d'aller faire ce type de pratiques ?
34:55 - Oui, bien sûr. Après, c'est un petit peu comme Léo.
34:58 Je suis tellement occupé par ma pratique pour pouvoir évoluer à très haut niveau.
35:03 C'est du dévouement quotidien.
35:05 C'est des entraînements tous les jours.
35:07 Moi, je vois tous les jours de mon balcon les parapentes qui partent,
35:10 parce qu'il y a l'air de départ juste devant.
35:12 Je rêve d'en faire, mais je sais que si un jour j'y vais,
35:15 c'est pas juste pour faire un baptême avec un barbu qui me souffle dans le cou derrière.
35:19 J'ai vraiment envie d'être autonome, d'apprendre.
35:22 Et je sais que ça va prendre quelques jours, quelques semaines.
35:26 Et qu'en ce moment, je n'ai pas le temps de le faire.
35:28 Donc ça viendra. Je découvre tous ces sports.
35:30 J'ai toujours aimé l'adrénaline aussi.
35:32 Plus jeune, j'étais très fan de snowboard freestyle, de kitesurf.
35:37 J'en fais toujours un petit peu, mais je me garde une petite gêne maintenant,
35:39 parce que mon corps, c'est mon outil.
35:41 Mais c'est sûr que ces sports-là, ça m'attire énormément.
35:45 - Alors, Léo et Colas travaillent depuis plusieurs années ensemble,
35:49 notamment sur un événement que vous organisez à Val d'Isère.
35:53 Léo, qui mêle différentes disciplines, le parapente, évidemment, et le ski, notamment.
36:00 - Oui, donc le Léo's Invitational, je me suis servi du nom "Invitational"
36:05 pour pouvoir moi-même inviter vraiment les cadors de toutes ces disciplines.
36:12 Donc on retrouve du ski, du snowboard, du speedriding et du parapente.
36:16 Et j'invite une quarantaine de pilotes et riders sur quatre jours à Val d'Isère.
36:22 On se sert des trois premiers jours pour se rencontrer,
36:25 parce que les skieurs ne connaissent pas forcément les parapentistes et les speedeux.
36:29 Donc ça crée des liens entre les sports.
36:32 Et l'objectif, c'est d'offrir une journée à un public le quatrième jour.
36:36 Et durant cette journée, on collecte plein de fonds qu'on reverse à plein d'associations.
36:41 Donc des associations pour des enfants handicapés, pour des réfugiés, pour l'environnement.
36:46 Donc plein d'assos auxquels je suis ambassadeur et ça me tient à cœur de transmettre.
36:54 Et surtout une journée avec une bonne vibe.
37:00 On le sent rien que dans les images.
37:03 On sent qu'il y a une osmose entre les participants.
37:06 Pour l'instant, je n'ai pu le faire qu'une fois et j'ai filmé toute la journée.
37:09 Je n'ai plus fait 60 vols dans la journée.
37:11 Mais on sent que tout le monde est heureux autour de nous.
37:14 Vraiment, c'est absolument fou.
37:16 Si vous avez le temps d'aller à cet événement, c'est juste une journée de bonheur.
37:21 C'est en fin de saison chaque année ?
37:23 Tous les deux ans.
37:24 Et donc il aura lieu au mois d'avril prochain, aux alentours du 15 avril à Val d'Isère.
37:29 Voilà pour le rendez-vous, si vous aimez le mariage des disciplines.
37:35 Le dernier défi que vous vous êtes lancé tous les deux, c'était l'hiver dernier.
37:40 En quoi ça consistait, Léo ?
37:42 C'était une idée qui vous trottait dans la tête, je crois.
37:44 Depuis un petit moment, oui.
37:46 C'est un rêve que j'avais depuis plus d'une dizaine d'années.
37:49 D'un plan que j'avais en tête.
37:51 Et à l'époque, je l'imaginais.
37:53 En fait, les techniques n'étaient pas du tout les mêmes.
37:55 Donc pour le réaliser à l'époque, il aurait fallu un hélicoptère avec une caméra accrochée dessous.
38:00 Et ça n'aurait pas du tout été le même budget, le même rendu.
38:06 Et donc, dans les dix années, le fruit de la réussite de ce projet, ça a été des rencontres.
38:12 J'ai rencontré Kola, j'ai rencontré des frères Toussaint qui sont pilotes du LM, qui font les baptêmes à Tignes.
38:19 Et puis, de fil en aiguille, on a créé une équipe.
38:24 On est tous devenus potes.
38:26 On a fait des projets d'un côté et de l'autre.
38:28 Kola a toujours volé avec nous, avec les drones.
38:30 Et le fruit de la réussite de ce projet, ça a été de joindre cette équipe pour réaliser un plan séquence qui mélangeait toutes ces disciplines.
38:39 Sur une montagne en plus un peu mythique quand on habite Val d'Isère.
38:45 Oui, Val d'Isère, on a un superbe domaine et pour moi, la plus belle de toutes, c'est le Charvet.
38:51 Le Charvet, c'est celle qui offre le plus de potentiel en speed riding, en freeride, le plus beau dénivelé.
39:01 Pour moi, c'est la plus belle montagne du domaine de Val.
39:05 On en a plein d'autres, mais pour moi, c'est celle-là.
39:09 C'est celle-là le théâtre. Le concept du plan séquence, Kola, c'est quoi ?
39:14 Du coup, arriver à faire une séquence qui s'arrête pas.
39:17 Qui s'enchaîne, pas de coup, on remonte rien.
39:19 Voilà, un seul bout de film avec tout ça qui se passe dedans à la suite.
39:25 Bon, Léo ne me l'a pas dit tout de suite.
39:27 Ça a commencé par un coup de fil où il m'a dit j'ai besoin de toi la semaine prochaine.
39:30 Si ça te dit, viens filmer. Moi, je suis toujours chaud parce qu'il a toujours des super projets.
39:34 Mais une fois qu'il me l'a expliqué, par contre, je lui ai dit mais là, tu vois trop gros, c'est pas possible techniquement.
39:40 En fait, parce que vous l'avez dit, chaque drone est adapté à une discipline.
39:43 Donc, moi, j'en avais trois ou quatre. Il y a trois disciplines.
39:46 Ce que je filme de plus rapide, ce que je filme de plus lent.
39:48 Comment je peux faire avec un seul drone ?
39:51 Donc, ça a repoussé les limites du pilotage.
39:55 Et c'est un petit peu dingue au final qu'on y arrive.
39:58 J'avais de très gros doutes, de très, très gros doutes.
40:02 Le drone que vous nous avez amené, c'est celui que vous avez bidouillé, adapté pour pouvoir filmer ce défi.
40:08 Et voilà, du coup, j'ai pris le drone qui était fait pour les vitesses moyennes
40:12 en m'obligeant à aller au max de ses capacités pour aller vite pour suivre les wingsuits
40:17 et freiner le plus possible pour filmer le ski qui demande très peu de vitesse.
40:22 Et ouais, ça a fonctionné. Mais jusqu'à la veille, je n'y croyais pas.
40:28 Surtout que Léo, pour réussir ce défi, avait convié les spécialistes dans chaque discipline,
40:33 notamment Fred Fugin, qui est l'homme qui est rentré dans un avion il y a quelques années,
40:39 qui s'est fait connaître mondialement, on peut dire, avec cette séquence hyper spectaculaire
40:43 de deux wingsuiters, puisqu'ils étaient deux à l'époque avec Vincent Refé,
40:50 d'arriver à rentrer comme ça dans un avion en vol. Terrible.
40:54 On a tous halluciné quand on a vu ça à l'époque.
40:57 Et d'avoir eu Fred dans l'équipe pendant ce projet, c'était encore plus génial
41:05 parce que c'est un mentor pour nous tous, c'est un leader, c'est Fred.
41:12 C'est une légende de quelqu'un d'adorable avec un grand cœur.
41:17 Ça met la pression quand on doit filmer des personnalités comme ça, Colas ?
41:21 Au début, oui. Maintenant, j'ai la chance d'avoir beaucoup d'expérience avec eux.
41:26 Ça y est. Mais oui, les tous premiers vols avec eux, c'était affreux.
41:31 J'ai pas le droit à l'erreur, c'est des mecs super connus.
41:34 En fait, quand on les rencontre, c'est des gens extrêmement abordables,
41:38 passionnés, extrêmement sympas. Maintenant, c'est détendu.
41:42 On est une bande de copains. Et puis Léo est très fédérateur.
41:46 Je crois qu'une fois qu'il nous a tous réunis, on sait pourquoi on est là.
41:49 Il faut que tout le monde soit au top de son potentiel.
41:52 - C'est un malheur. - Oui, c'est dingue.
41:55 Il parie tout discret comme ça, mais c'est parce qu'il n'est pas sur son terrain de jeu idéal.
42:00 En montagne, ça change les codes.
42:03 C'est vous qui aviez la pression pour réussir ce plan séquence ?
42:07 C'est pareil, c'était pas prévu. Mais à force de faire les briefings
42:11 et de comprendre comment allaient se passer les choses,
42:14 il y avait neuf athlètes à organiser sur un temps de deux minutes.
42:20 Mais ces neuf athlètes, il fallait leur donner un top départ.
42:23 Or, il n'y a que moi qui pouvais savoir où j'en étais sur la montagne avec mon drone.
42:28 Donc, on est arrivé au briefing à dire que c'est Colin qui doit donner
42:32 tous les top départs des neuf athlètes. Mais les gars, je suis en train de piloter.
42:36 Je suis super concentré dans ce que je fais.
42:39 Les radios, impossible. Il a les mains occupées sur la télécommande.
42:43 On ne peut pas imaginer qu'il puisse prendre une radio pour donner les départs.
42:46 Il fallait que tout soit instantané parce qu'on est carrément à la seconde.
42:49 Il faut que ce soit parfait. Donc, voilà, quand la conclusion a été de...
42:52 C'est Colin qui donne les départs pour les neuf. J'ai trouvé ça pas cool.
42:56 Là, on me rajoute vraiment beaucoup de pression.
42:59 Et comment je vais faire pour être à la fois concentré sur mon pilotage
43:02 et penser à donner les top départs ? J'ai pas été trop en retard.
43:06 Ça s'est plutôt bien passé. Mais la pression était énorme.
43:10 Et puis, d'organiser tout ça et d'avoir neuf personnes qui allaient donner
43:13 le meilleur d'eux-mêmes dans leur sport, mais une erreur de ma part.
43:17 Puis c'était l'échec pour tout le monde. Là, c'était pas drôle.
43:20 Mais bon, voilà, ça s'est passé. Comme quoi, on peut...
43:24 Avec une bonne organisation, on peut y arriver.
43:27 Du coup, jusqu'à la veille, on ne savait pas qu'est-ce qu'on allait utiliser
43:31 comme outil pour communiquer. Et on en est venu à faire un appel
43:36 sur WhatsApp avec des écouteurs, tout simplement.
43:39 C'était notre seul moyen de pouvoir communiquer tous ensemble.
43:42 Donc, sur des appels de groupe, plusieurs, il suffisait de couper les micros
43:46 pour les athlètes qui descendent pour pas qu'il y ait des bruits de vent.
43:49 Et on lui a laissé juste la parole. Il n'y avait que lui qui pouvait nous parler.
43:52 Nous dire "OK, t'es prêt ? Go !"
43:54 Donc, pendant qu'il était en train de suivre une athlète,
43:57 il fallait qu'il pense déjà au départ du prochain.
44:00 - Je me disais des repères. Quand je vais passer à côté de ce caillou,
44:03 ça va être à peu près le moment que je dis à lui d'y aller.
44:07 - Alors ça, c'est ce que vous aviez imaginé dans votre tête.
44:10 Et puis, on va voir ce qui s'est passé sur le terrain.
44:14 Ça ne dure même pas deux minutes avec les wingsuiters qui démarrent comme ça, des ULM.
44:19 - Voilà. - Et là, c'est votre drone unique.
44:22 - Oui, là, c'est que l'image de mon drone. Donc là, c'est le plan séquence
44:24 qui a été un petit peu accéléré parfois, pour ne soit plus petit geste.
44:27 Mais voilà, donc là, mon drone est carrément au max de ses capacités.
44:31 C'est pas un terrain qui leur demande de voler trop, trop vite.
44:34 Donc, j'ai pu les suivre.
44:38 - Et là, il y a le top départ pour le speedrider.
44:41 - Et voilà, on va chercher le speedrider, qui à mon goût, était déjà parti un peu tôt.
44:48 Mais bon, l'image est assez folle, avec la valanche en cadeau.
44:52 Voilà, puis là, j'avais un peu tous mes points de repères sur les cailloux.
44:55 Je savais qu'il fallait que je donne les tops en passant à côté de certaines formes de la montagne.
45:00 On va rechercher Léo qui se satellise.
45:06 - Il ne faut pas tomber non plus. - Non, non, mais c'est dingue.
45:09 - Il y a énormément de paramètres à enchaîner pour que ça fonctionne comme on a imaginé.
45:15 - Voilà, parce qu'il suffit qu'un des athlètes, ça ne marche pas pour lui, puis on plante tout.
45:20 Voilà, et malheureusement, on est obligé de s'arrêter là, parce que j'arrivais dans les limites techniques
45:26 des ondes de transmission radio de mon drone.
45:29 La montagne a une forme telle qui ne me permettait pas d'aller plus loin.
45:32 Donc bon, c'est déjà pas mal.
45:34 - Oui, j'allais dire que ça nous convient comme plan séquence.
45:38 Quel sentiment on a quand on imagine quelque chose comme ça, on l'organise
45:42 et puis que finalement, du premier coup, c'est ça, vous l'avez réussi.
45:45 - Du coup, on avait tout, on a imaginé tous les scénarios possibles,
45:48 tous les scénarios catastrophes, tous les scénarios de réussite.
45:51 Et je n'aurais jamais pensé que ça marche aussi bien.
45:55 En fait, une fois arrivé en bas, chacun de notre côté,
46:00 on n'avait pas fait la descente de notre vie,
46:02 parce que moi, j'ai fait un petit bout de la descente,
46:06 le speed rider a fait une autre.
46:08 On a chacun fait juste en termes de performances personnelles.
46:12 Ce n'était pas le plus dingue qu'on ait eu fait,
46:14 mais c'était le fait de travailler en équipe qui a fait qu'on s'est tous retrouvés en bas,
46:18 mais excités comme des puces.
46:20 Et on a pu récupérer, on a juste regardé l'image sur le petit écran de la GoPro
46:25 et on s'est aperçu qu'on tenait quelque chose d'assez fou.
46:28 On avait prévu de faire plusieurs essais,
46:30 mais en fait, c'est Fred qui nous a tous détendus en disant
46:34 "Attendez les gars, écoutez, je crois qu'on a quelque chose de très très bien,
46:38 est-ce que ça vaut vraiment le coup de recommencer ?
46:40 Est-ce que ça ne serait pas se mettre en danger inutilement ?"
46:43 On a peu de chances d'arriver à faire mieux,
46:45 au final, il y a tellement de paramètres qui rentrent en jeu que...
46:47 Je crois qu'on ne pouvait pas faire mieux,
46:49 on tenait quelque chose qu'on a eu comme ça,
46:52 je pense qu'on a eu une bonne étoile, peut-être,
46:54 mais ça l'a fait.
46:56 C'était une très belle journée.
46:58 - Est-ce que l'avalanche, qu'on devine sur les images,
47:00 était prévue dans le scénario, Léo ?
47:03 - Pas du tout.
47:04 En fait, ça a été tourné du 15 au 18 mars,
47:08 et ça c'était le 18 mars, la veille,
47:11 les pisteurs de Veldisère ont fait péter des dynamites
47:17 pour faire déclencher une avalanche à côté,
47:19 et en montant dans les bennes le matin,
47:21 j'aurais posé la question "Est-ce que celle-là, elle pourrait partir ?"
47:24 et ils m'ont dit "On n'a jamais fait partir rien du tout
47:27 sur cette langue de neige qui s'avance sur la falaise,
47:31 c'est pas assez raide, ça bougera pas."
47:33 Et on avait vraiment à faire un manteau neigeux très spécial
47:38 durant cette semaine,
47:40 et donc on a fait péter un bout d'avalanche ici,
47:46 je pense que c'est la première fois que ça arrive,
47:48 et donc c'était pas prévu, c'est pas du tout ce qu'on cherchait
47:51 pour faire de l'image, on essaie plutôt même de l'éviter,
47:54 de s'en éloigner, l'idée est de se régaler sans se mettre en danger.
47:59 Là, bon ben, elle est partie, tout le monde va bien,
48:04 ça finit bien, je suis content.
48:08 - Ça fait partie du jeu aussi, quand on fait ce type de sport,
48:13 notamment le freeride, je crois qu'il y avait déjà eu sur le Charvet
48:16 quelques jours avant, au moment des repérages,
48:18 c'était une période où le manteau neigeux était plutôt dangereux.
48:22 Mais tout le monde le sait, c'est ce qui est très intéressant
48:26 dans ces équipes, il n'y a pas de tête brûlée,
48:29 tout le monde a beaucoup d'expérience dans son sport,
48:31 et tout le monde sait quelles vont être les règles à respecter,
48:33 donc on essaie de trouver des solutions
48:35 où tout le monde est heureux dans son respect des règles.
48:38 Et c'est ce qui fait qu'il n'y a pas de soucis maintenant.
48:41 La montagne est dangereuse.
48:43 - On n'avait que 4 jours pour filmer le projet,
48:47 ou au moins essayer, et du coup, 4 jours,
48:50 ce n'est pas énorme en créneau pour avoir toutes les conditions,
48:55 faire voler des ULM, faire voler des wingsuit,
48:58 de tout ça il nous faut, et donc on a dû jouer
49:01 avec des conditions pas faciles.
49:04 Heureusement que tout le monde était bon,
49:06 chacun dans sa discipline, pour pouvoir réussir.
49:10 - Eh bien bravo, en tout cas, d'avoir réussi ce plan séquence,
49:14 qui est un terme de cinéma qui se prête aussi aux activités de montagne.
49:18 Il y a un film qui retrace un peu toute la genèse du projet,
49:21 on en a vu quelques images, ça s'appelle Charvée.
49:25 C'est un film qu'on pourra voir sur Télé Grenoble à Noël,
49:29 dans le cadre des offres des rencontres ciné-montagne.
49:32 On pourrait faire une ou deux soirées cinéma,
49:35 avec justement des films qui ont été tournés dans nos montagnes alpines.
49:39 Et vous pourrez comme ça vous replonger dans ce défi,
49:43 ce défi qui se termine de la plus belle des façons.
49:46 D'autres idées en tête, tous les deux ?
49:48 Plan séquence ou autre, dans les années à venir,
49:51 ou les mois à venir ?
49:53 Et encore plus, on peut en faire encore mieux ?
49:55 - Il y a des textos sur les téléphones.
49:58 Si ça prend vie, enfin ça va prendre vie l'année prochaine,
50:01 j'ai hâte d'y être. Il y a des grosses idées qui sortent.
50:04 - Bon, et puis je voulais faire, avant de clore ce chapitre,
50:06 un petit clin d'œil au Benjamin de l'équipe,
50:09 que j'ai connu tout petit, avant même qu'il sache ce qu'il est.
50:12 Maintenant il a 16 ans, il s'appelle Noah Pesrin.
50:16 On le voit là, vous le surnommez Nono La Brute, c'est ça ?
50:20 - Nono La Brute, c'est son nom sur Instagram.
50:23 Et il avait mis ça quand il était très jeune et qu'il a créé son Insta.
50:27 Et du coup ça le suit, je pense que ça va le suivre quelques années,
50:30 parce que c'est une vraie brute, que ce soit en vélo, en ski,
50:34 dans tous les sports qui commencent, il a un réel talent
50:38 et une affinité avec toutes les activités.
50:41 C'est le genre de jeune qui est bon à tout ce qui touche.
50:44 Donc ça énerve, mais moi ça m'attire pas mal.
50:48 Donc je le suis et on verra ce qu'il deviendra bientôt.
50:53 - Il a grandi à Grenoble, mais maintenant il vit à Val d'Isère avec ses parents.
50:57 C'est le futur peut-être Léo Taillefer ?
50:59 - Il est déjà en train de me doubler.
51:02 Je suis en train de lui laisser ma place.
51:04 Il y a un moment où il faut savoir laisser place.
51:07 Il est très doué, vous le retrouverez peut-être sur le plateau un jour.
51:11 - C'est ce que j'allais dire, on aura sûrement l'occasion dans quelques années
51:14 d'accueillir Nono Labrud, qui connaît bien Grenoble aussi, comme Mathieu.
51:18 Merci. Un petit mot Mathieu, une petite explication de texte.
51:23 Wapapunan, ça pourrait être le nom d'une tribu de Koh Lanta, mais c'est pas ça.
51:28 Qu'est-ce que ça veut dire ?
51:30 - Wapapunan c'est le nom du su de la communauté Innu.
51:34 Il faut savoir qu'en Amérique du Nord, il y a encore énormément de communautés autochtones qui vivent.
51:38 Les Innu sont au Québec.
51:41 C'est le nom d'une aventure que j'ai réalisée l'année dernière,
51:45 qui se faisait sur le territoire Innu justement.
51:49 Ça veut dire dans le blanc de l'œil.
51:52 Il y a une météorite qui a frappé le Québec.
51:54 Si on regarde du ciel, via un satellite, on voit que ça fait vraiment un cercle parfait.
52:00 Là où la météorite a frappé, qui fait à peu près entre 200 et 250 km de diamètre.
52:03 J'ai décidé d'aller faire le tour en ski-pool-car.
52:07 On appelle ça, on tire notre matériel sur une nuge.
52:10 C'est une forme de respect aussi.
52:13 L'aventure était liée à la communauté Innu.
52:17 Voilà, donc dans le blanc de l'œil, tout le tour de ce territoire.
52:23 On est sur des températures entre -30 et -40.
52:26 Je n'avais jamais dormi dans une tente en dessous de 10°C.
52:29 Autant vous dire que c'était quelque chose.
52:32 - Wapapu... - Wapapunan.
52:37 Wapapunan, voilà.
52:39 Mathieu, c'est un film.
52:41 Là, on a quelques images.
52:43 C'est un film qui tourne en festival en ce moment.
52:45 Puis il sortira un jour ou l'autre, probablement cet hiver, en ligne.
52:49 Avec des belles aurores boréales.
52:51 Une aurore boréale comme ça, c'est une nuit de travail complète.
52:55 C'est une image qui dure deux secondes dans le film.
52:57 Mais comme il fait -40, le cinéaste doit changer les batteries
53:01 toutes les 5 ou 10 minutes, je crois.
53:03 Il passe la nuit devant son appareil à changer les batteries
53:05 pour une scène de 3 secondes.
53:06 Il faut profiter des images du polaire.
53:08 Elles sont dures à aller chercher.
53:09 Colas connaît ça aussi.
53:11 Il y a passé énormément de temps pour une séquence
53:13 qui, des fois, fait quelques secondes, mais qu'on va travailler pendant des jours.
53:16 Des fois, rien ne marche parce qu'il fait trop froid.
53:18 Avec la vitesse de déplacement, il y a tout qui gèle très vite.
53:22 Vivre d'aventure.
53:24 Mathieu s'est mis aussi à l'écriture.
53:26 Il a trouvé le temps.
53:27 Elle est sortie il y a quelques mois.
53:29 Ce livre raconte votre parcours depuis les soirées grenobloises
53:33 où vous avez démarré après.
53:35 Justement, ce livre s'est voulu raconter le vrai.
53:39 Le backstage, la réalité.
53:40 Parce que c'est vrai qu'on a tendance à voir un petit peu
53:43 les athlètes de haut niveau, les sportifs, les aventuriers,
53:47 les pratiquants de sport extrême comme des super héros.
53:50 Mais en fait, le backstage est très humain.
53:52 On a aussi des soucis, des doutes, des pleurs, des gros problèmes.
53:57 J'ai voulu aussi raconter un petit peu le réel backstage de tout ça.
54:00 Donc oui, les soirées grenobloises sont dans le livre.
54:03 Je le lis avec plaisir.
54:05 Il vous a devancé à l'UTMB.
54:07 Il vous devance aussi sur le bouquin, Kylian, finalement,
54:09 puisqu'il a fait sa place.
54:10 Pour la petite histoire, l'image qu'on a vue tout à l'heure
54:12 où je suis sur la ligne d'arrivée avec lui sur cette fameuse UTMB 2022.
54:15 On s'est mis au sol et puis on discutait.
54:18 Je lui ai dit, tu sais, Kylian, quelle course.
54:21 Tu as été une des plus grandes inspirations pour moi dans ma vie.
54:23 D'ailleurs, pour ton information,
54:25 le tout premier livre que j'ai lu de trail, c'est le tien.
54:28 Kylian, je suis en train d'écrire aussi un livre.
54:30 Est-ce que ça te dirait d'écrire ma préface ?
54:32 Et là, c'était sur la ligne d'arrivée de l'UTMB par terre.
54:34 Et puis il m'a dit, oui, Mathieu, ça serait un honneur.
54:36 Et donc, c'est parti de là.
54:37 - Eh bien, voilà.
54:38 Préface de Kylian Jornet, c'est aux éditions Flammarion.
54:43 D'autres bouquins pour finir cette émission.
54:46 L'homme qui vivait haut.
54:48 C'est le portrait de Nicolas Jagger,
54:49 qui fut l'un des trois premiers Français à fouler le sommet de l'Everest.
54:54 C'est en 1978.
54:56 Il avait sa barbe décrite comme un mystérieux alpiniste.
55:01 Il était médecin et aussi guide de haute montagne.
55:04 Il avait terminé major de sa promotion.
55:06 Et la journaliste Virginie Troussière montait le cours de sa vie
55:09 pour comprendre le personnage et sa disparition inexpliquée en 1980
55:13 dans la phase himalayenne la plus dangereuse, celle du Lotse.
55:18 C'est un livre, si vous aimez la très haute montagne,
55:21 que je vous conseille, c'est sorti aux éditions Paulsen.
55:25 Chez le même éditeur, Le Papillon de Lachnall,
55:29 c'est signé Thomas Venin.
55:32 Dans cette fiction, l'auteur a décidé de réécrire l'histoire
55:35 de la conquête des géants himalayens.
55:37 Louis Lachnall, qu'on ne voit pas sur ces photos,
55:40 parce que c'est lui qui a fait la photo de Maurice Herzog.
55:42 C'était le guide qui accompagnait Herzog au sommet de la Napurna.
55:45 Le premier 8000 conquis en 1950.
55:48 Il y a laissé une partie de ses pieds.
55:50 Si vous aimez l'histoire revisitée de l'alpinisme,
55:53 puisque c'est une fiction, vous ne serez pas déçus.
55:56 Ça s'appelle une Uchronie, ce qu'a fait Thomas Venin.
55:59 Je ne connaissais pas ce terme,
56:01 pas plus que le terme du film de Mathieu.
56:04 Je suis allé regarder une Uchronie, c'est un récit d'événements fictifs
56:07 à partir d'un point de départ historique.
56:09 On part de quelque chose de vrai, puis après on invente.
56:13 Dernier petit bouquin pour la route, après les rando-bières,
56:17 les éditions du Chemin des crêtes se lancent dans les rando-fromages.
56:21 C'est signé Cécile Rongin et Guillaume Gagé,
56:24 deux grenoblois qui associent chacune de leurs randonnées
56:27 à un producteur de fromage sur place.
56:30 Là on voit par exemple Charmanson au-dessus de Grenoble en Chartreuse
56:33 avec le fromage qui est produit sur place,
56:37 qui est vendu aux randonneurs.
56:39 On se balade comme ça entre l'Isère et la Savoie.
56:41 Je suis sûr que vous êtes plus amateurs de fromage que de trail.
56:44 - Complètement. - Ça donne faim.
56:48 - Ça fait bon ménage le trail et le fromage ?
56:51 - Oui, on dépense tellement de calories que ça fait bon ménage.
56:53 - On peut tout ingurgiter. - Pas de soucis.
56:56 - Et puis dernier petit bouquin qui vient de sortir,
56:59 c'est chez le même éditeur, les éditions du Chemin des crêtes,
57:02 sommet autour du Mont Blanc.
57:04 C'est plus classique de la randonnée sportive à l'alpinisme
57:07 avec une trentaine d'itinéraires.
57:10 Il y a sûrement certains de ces itinéraires que vous connaissez par cœur
57:13 puisque l'Ultra Trail du Mont Blanc tourne pendant 170 km
57:18 autour du Mont Blanc sur les chemins de randonnée.
57:21 Vous serez au départ de l'édition 2024, Mathieu ?
57:25 - C'est encore un petit peu trop tôt pour penser 2024.
57:29 C'est des gros choix, se lancer sur un Ultra Trail,
57:31 ça demande vraiment d'un point de vue physique et surtout mental aussi.
57:36 C'est très très très drainant, donc il faut faire des choix.
57:38 Ça ne se prend pas comme ça sur un coup de tête.
57:41 Les saisons sont longues.
57:43 Moi, comme je suis aussi assez nouveau dans ce sport,
57:46 il y a beaucoup de courses auxquelles j'aimerais participer.
57:49 On ne peut pas faire 10 Ultra par an, c'est trop dur sur le corps et sur le mental.
57:52 On peut en faire 2, 3 maximum, en tout cas dans ma philosophie.
57:56 Il y a d'autres courses que j'aimerais faire aussi.
57:58 Maintenant, on l'a dit tout à l'heure, l'Ultra Trail du Mont Blanc,
58:00 c'est un petit peu le Graal des courses.
58:02 J'y reviendrai, d'autant plus qu'on l'a évoqué tout à l'heure,
58:05 j'ai trois médailles, il en manque une.
58:07 - Il faut compléter la série, il y en a 2, 3, 4.
58:09 - 4, 3, 2. Mais j'y reviendrai.
58:11 Est-ce que ce sera l'année prochaine ou une autre, je ne sais pas encore.
58:13 Mais j'y reviendrai, c'est certain.
58:14 - Maintenant que vous êtes Iserois, on a aussi 2 poses Ultra dans la région.
58:17 Il y a l'UT4M qui tourne autour de Grenoble,
58:20 par les montagnes que vous n'avez jamais vues quand vous étiez étudiant.
58:22 Donc si un jour vous avez envie de vraiment les découvrir,
58:25 elle a lieu au début du mois de juillet.
58:26 Et puis il y a l'Échappée Belle, qui est l'autre Ultra.
58:29 - Ces deux courses sont dans ma liste.
58:30 J'ai une liste de toutes les courses que j'aimerais faire et les deux y sont.
58:33 - François Daen a inscrit son nom au palmarès de l'Échappée Belle il y a quelques années.
58:38 Donc il y a des grands noms aussi du trail qui viennent courir en Isère.
58:41 Merci Mathieu d'être venu en voisin.
58:44 Merci à Colas et à Léo d'être venus presque en voisin,
58:49 puisque ce n'est pas très loin non plus.
58:52 On regardera avec intérêt le film Charvet en intégralité
58:57 quand il sera diffusé sur Télégramme.
58:59 Je vous remercie en tout cas d'avoir participé à cette émission.
59:02 Je donne rendez-vous à nos amoureux de la montagne très vite pour d'autres aventures.
59:06 Au revoir.
59:07 (Générique)