• l’année dernière
À demi-maux
témoignage

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Transcription
00:00 *musique*
00:20 Bon, ça suffit.
00:22 *rires*
00:24 Vous avez une voix incroyable !
00:26 *rires*
00:28 *bruit de la salle*
00:35 J'ai eu un AVC au mois de juin 90.
00:42 J'ai senti que ça n'allait pas.
00:47 J'ai fait le numéro de Marc.
00:51 Et je lui ai dit "non, non, non".
00:56 *rires*
00:59 Pourquoi ? Je ne sais pas.
01:03 *rires*
01:05 L'accident vasculaire cérébral est la troisième cause de mortalité en France
01:10 et la première cause d'handicap acquis de l'adulte.
01:13 Chaque année, 150 000 personnes sont victimes d'un AVC et 30 000 en décèdent.
01:19 Un AVC survient lorsque la circulation sanguine vers ou dans le cerveau
01:24 est interrompue par un vaisseau sanguin bouché ou rompu.
01:28 Une partie du cerveau est alors endommagée.
01:31 Selon le lieu et l'étendue de la lésion, les séquelles seront différentes.
01:35 Il peut y avoir des séquelles visibles, une paralysie au niveau du corps,
01:40 comme la jambe, le bras ou le visage.
01:43 Il peut également y avoir des séquelles invisibles,
01:46 comme des troubles de la parole ou de la compréhension.
01:50 C'est l'aphasie.
01:53 [Vidéo]
01:55 Relâche.
01:57 [Vidéo]
02:00 Quand ailleurs...
02:02 Quand ailleurs...
02:05 Tout le monde...
02:06 Quand ailleurs...
02:08 [Vidéo]
02:14 Cette tartine...
02:16 Ça s'est arrivé il y a un an et demi.
02:18 Ce que m'a dit le médecin, c'est "Est-ce que ça va bien ?"
02:24 Il m'a dit "Oui, mais est-ce que vous pouvez me dire comment on appelle ça ?"
02:29 Et j'avais un trou.
02:32 J'ai découvert que j'avais perdu tous les mots.
02:35 Je n'avais même pas eu peur, je n'avais pas d'angoisse,
02:40 mais surtout vraiment de la surprise.
02:45 [Vidéo]
02:57 Les gens parlent, et moi aussi,
03:01 et tout à coup, je me tais.
03:07 Ça ne correspondait pas au schéma que je me faisais de ma personne.
03:17 Du premier chien, sans laisse, il venait de refaire la route,
03:21 et à un moment donné, Garou, il voit un autre chien,
03:24 il traverse la route, il est pas plein de goudron.
03:28 Honnêtement, il y a des moments où elle n'a pas besoin de terminer sa phrase,
03:31 on comprend totalement ce qu'elle veut dire.
03:33 On communique autrement.
03:36 On communique par les regards, avec les fourrures, généralement.
03:46 Je sais que quand elle est énervée, son aphasie va être de plus en plus remarquable,
03:53 parce qu'elle va être dans une situation où elle ne va pas réussir à contrôler sa nervosité.
04:00 Et du coup, moi j'en profite énormément,
04:02 c'est-à-dire que je comble le silence en criant un peu plus fort.
04:07 Certains n'ont pas compris, par exemple mon fils n'a pas compris,
04:11 il a compris que mon cerveau était foutu,
04:16 parce que je n'étais plus capable de lui parler,
04:19 donc pour lui, je n'étais même plus de réfléchir non plus.
04:23 Il m'a dit, lui, "bon ben tu n'es plus mon père,
04:29 tu es un handicapé, donc ce n'est plus la peine de venir me voir pour me dire de changer".
04:35 Alors je ne pouvais même pas, à l'époque, mettre dans sa chambre,
04:40 "ce serait bien que tu ranges un peu ta chambre,
04:42 ou il faudrait que tu te réveilles maintenant,
04:45 il faut que tu te réveilles,
04:47 ou bien il faut que tu travailles un peu, faire tes devoirs, etc."
04:50 Mais tout ça, je ne pouvais même plus lui dire ça.
04:52 Donc, blablabla,
04:55 et donc lui, il était très colère,
04:59 je pense qu'il a eu peur qu'il avait perdu son père.
05:02 Au bout d'un an, il a compris que j'améliorais,
05:08 que je commençais à parler,
05:10 il a perçu que le cerveau fonctionnait encore,
05:13 que j'étais compréhensible de ce qu'il me dit, etc.
05:16 Et ça, ça a vraiment changé,
05:18 et depuis maintenant un an et demi,
05:20 on a vraiment une relation beaucoup plus paisible.
05:47 Et puis je pense aussi que le handicap de ma mère lui a apporté autre chose,
05:50 c'est une patience et une compréhension des autres qui est bien plus importante.
05:54 C'est-à-dire qu'elle est très empathique.
05:56 Le fait qu'elle ne parle pas très rapidement
05:58 lui permet de vraiment prendre le temps d'écouter les autres,
06:01 et de dire ce qu'ils ont besoin d'entendre.
06:04 J'ai compris qu'il y a des choses qui prennent beaucoup de temps,
06:13 et peut-être même que jamais je ne pourrai reparler comme avant.
06:17 Librement.
06:18 Je sais que mon père a fait un AVC six mois avant moi,
06:22 mais je le comprends, lui,
06:25 et j'arrive à avoir une conversation assez agréable,
06:29 alors que ma maman s'énerve,
06:34 ou mon frère, ou dit "mais attends, je t'ai dit ça, mais je t'ai dit ça".
06:39 Il y avait une orthophoniste qui m'avait dit
06:45 "bon, c'est pas ça maintenant, mais je vous fais confiance,
06:52 la parole ne vous manquera pas".
06:58 Un truc comme ça.
07:00 Je lui ai dit "mais quand ?"
07:03 Et elle m'a dit "peut-être pas tout de suite,
07:07 mais je vous préviens, la parole, c'est ça votre raison de vivre".
07:17 Alors, bon...
07:19 Mais, ça a...
07:26 Oui, ça m'a travaillée.
07:30 [Musique]
07:36 Nous invitons notre cousin.
07:40 Nous invitons.
07:41 Très bien.
07:42 Après un AVC, notamment, on est vraiment dans un objectif de récupération.
07:46 Donc, oui, il y a des moments, je pense, difficiles,
07:49 des moments peut-être de découragement, parfois,
07:52 parce qu'on va atteindre des plateaux de récupération
07:56 avant de retrouver de nouvelles capacités.
08:00 Mais encore une fois, on accompagne les patients vers un...
08:03 Il faut que vous préveniez.
08:05 Il faut que nous...
08:07 Nous ?
08:08 Oui. On va être en retard, il faut que nous...
08:10 Il faut que nous prévenions.
08:12 Oui.
08:13 Chez Pierre, il y a également des éléments de surdité verbale,
08:16 de difficulté d'analyse.
08:18 Ce n'est pas une surdité périphérique, Pierre l'entend très bien.
08:22 En revanche, l'analyse auditive de ce qu'il entend,
08:25 c'est parfois ironique,
08:27 ce qui explique les erreurs qu'il peut faire en dictée, notamment.
08:30 Mais ça s'est quand même beaucoup amélioré.
08:32 Parfois, on pense qu'on ne va pas y arriver.
08:37 Mais c'est incroyable, le cerveau arrive très plastique,
08:43 arrive à recréer des choses.
08:46 Le maître interroge l'élève.
08:49 On ne voit pas trop notre handicap.
08:52 Si on nous voit, on dit "mais toi, c'est génial, tu vas super bien".
08:55 Mais il faut quand même travailler, travailler, travailler, travailler.
09:01 Il faut avoir de la ténacité, mais du patience, les deux.
09:06 Pourquoi est-ce que ça m'est arrivé, moi ?
09:08 Bon, ça, ce n'est pas une question qui ne sert à rien de se poser,
09:13 parce qu'on n'aura jamais de réponse à ça.
09:16 Il faut juste accepter et s'apercevoir que la vie est fragile
09:23 et qu'on a déjà beaucoup cette chance d'être toujours vivant.
09:27 Ça me donne beaucoup plus de bonheur de ce que j'ai.
09:34 Et je suis vraiment en bonne forme.
09:45 Cette chanson est géniale.
09:49 C'est pas bon ?
09:52 Non.
09:54 C'est bon.
09:56 C'est bon.
09:59 Sous-titrage Société Radio-Canada
10:03 [SILENCE]

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