Julie Laernoes - Députée EELV de Loire Atlantique
L'invité de 8h15
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00:00 - Notre invité Nicolas Crozel ce matin, Julie Laernos, députée Europe Écologie Les Verts de l'Orient Atlantique.
00:05 - Bonjour à vous, merci d'être en direct dans le studio de France 2, l'Orient Océan, Julie Laernos.
00:08 - Bonjour.
00:09 - Vous êtes une femme publique, une élue de la nation, vous êtes aussi une maman.
00:12 Quels mots vous viennent en tête ce matin au lendemain de la terrible attaque au couteau
00:16 qui a visé quatre enfants et deux adultes, mais quatre enfants dans ce square à Annecy hier ?
00:22 - C'est légitimement un émoi national quand on voit, y compris,
00:26 il n'y a pas d'âge auquel ça peut être justifié ou justifiable,
00:31 mais l'effroi national est à la hauteur du drame qui s'est produit.
00:36 Donc j'ai un mot pour les familles notamment et pour notamment la communauté autour d'Annecy
00:43 qui légitimement est frappée de plein fouet par cette attaque.
00:47 - Alors l'annonce de ce drame est tombée hier matin,
00:49 vous étiez à l'Assemblée Nationale en plein débat sur cette proposition de loi du groupe Lyot,
00:55 qui avait été annoncée longtemps. On avait dit que cette date du 8 juin serait importante
01:00 avec l'abrogation peut-être des 64 ans. Là tout s'arrête.
01:04 - C'est Mathilde Panot d'ailleurs qui prend un rappel au règlement pour signaler cet événement
01:12 et la présidente de l'Assemblée Nationale nous a demandé légitimement
01:16 à observer une minute de silence que nous avons fait collectivement.
01:19 - Mais tout s'arrête mais une minute, parce qu'alors après on a vu des politiques
01:22 qui ont très vite évoqué les uns les autres ce drame en ouvrant des débats au Rorbergé
01:28 pour la majorité qui dit "on va pas se chicailler sur des détails de procédures parlementaires, y'a pire".
01:34 La droite qui ouvre le débat sur l'immigration, le Rassemblement National aussi.
01:38 Comment vous vous sentez vous dans ce moment là ?
01:40 - C'est une instrumentalisation absolument honteuse d'un drame qui doit recueillir l'unité de la nation,
01:47 qui doit faire en sorte qu'on n'utilise pas politiquement ce genre et ce type de drame humain.
01:53 - Vous avez l'impression que ça a été utilisé ?
01:55 - Ce qu'a fait au Rorbergé et ce qu'ont fait l'extrême droite.
01:58 Et la droite est absolument honteuse et qui n'est pas digne justement du recueillement qui est nécessaire
02:03 et de la compréhension sur un drame comme celui qui vient de se dérouler hier.
02:07 - La droite pose peut-être des questions que d'autres se posent, que les français se posent,
02:12 que certains en tout cas se posent sur l'immigration.
02:15 Le gouvernement prépare d'ailleurs une loi sur l'immigration avec des tractations avec la droite.
02:19 Une loi, un fait divers, ça marche pas.
02:22 Ou un fait divers qui amène une loi, ça marche pas.
02:25 - De manière générale, il faut prendre en compte la réalité des choses,
02:29 mais on ne peut pas réagir uniquement sur l'émotion.
02:32 L'émotion elle est nécessaire, elle est légitime,
02:34 et il y a besoin d'un recueillement collectif et national.
02:38 Mais pour cela, il faut faire taire l'utilisation politique extrêmement polémique
02:45 qui est vraiment, je le répète, absolument honteuse dans la période.
02:48 - Alors j'en viens, Julie Léarnos, parce que le temps passe malheureusement trop vite au sujet,
02:52 pour lequel on vous avait invité avant le drame d'Annecy, avant que cette actualité nous rattrape,
02:57 le soulèvement de la terre.
02:58 Ce week-end, mobilisation contre le béton, contre l'exploitation de sable, de carrières de sable,
03:03 en Loire-Atlantique notamment, avec cette marche symbolique dimanche,
03:07 depuis la carrière de Saint-Colomban, jusque sur le chantier du futur hôpital de Nantes,
03:11 vous vous y associez, mais sans le béton, sans le sable, on ne fait pas de béton,
03:15 sans le béton, on ne construit plus rien.
03:18 - Aujourd'hui, on est dans une période où on a cru qu'on était sorti de l'extractivisme,
03:23 mais on voit bien qu'on continue, et qu'on continue, mais non seulement continue,
03:28 mais on va même plus loin dans extraire des matières premières.
03:32 On sait qu'on a des limites planétaires, et donc il faut faire résolument différemment.
03:38 Ce n'est même pas que les écologistes qui le disent, il y a un rapport des Nations Unies
03:42 qui ont alerté sur l'utilisation exponentielle du sable.
03:46 Je sais qu'il y a un certain nombre de bétonniers qui travaillent sur un béton
03:49 qui comprend moins de matières premières,
03:51 il y a aussi d'autres matières premières renouvelables avec lesquelles on commence
03:55 et on peut construire, et donc il faut faire résolument différemment,
03:58 et aussi optimiser l'existant, arrêter de détruire pour reconstruire,
04:02 et donc c'est toute cette problématique, mais c'est en réalité le modèle de société auquel on est confronté.
04:07 - Parce que vous êtes en point, Europe Écologie Les Verts,
04:09 sur la question du droit au logement opposable quasiment,
04:12 sur le fait que tout le monde devrait pouvoir se loger,
04:15 les problématiques de logement sont très complexes dans les métropoles,
04:18 j'en reviens à, c'est peut-être un raccourci facile,
04:20 mais s'il n'y a plus de béton, on ne va rien construire, on ne va pas tous vivre dans des yurts.
04:23 - C'est un raccourci qui m'agace un peu, également,
04:26 c'est-à-dire que souvent sur l'artificialisation nette,
04:29 sur le type de problématiques comme le béton,
04:32 on oppose la question du logement, il faut pouvoir loger tout le monde.
04:35 Oui, il faut pouvoir loger tout le monde, et la crise du logement est extrêmement nette
04:39 et palpable aujourd'hui face à l'inaction du gouvernement.
04:43 En réalité, l'artificialisation des sols, c'est quoi ?
04:46 C'est des infrastructures dont on n'a pas besoin,
04:49 c'est aussi beaucoup du développement économique, des zones économiques,
04:52 si vous avez vu à Carnac, le maire de Carnac qui a fait raser 39 mille lignes,
04:56 pour installer un monsieur bricolage.
04:59 Cette société-là, elle n'a aucun sens, et donc aujourd'hui...
05:02 - Donc en fait, vous ne dites pas forcément qu'il ne faut plus faire de béton
05:05 ou plus faire de béton avec du sable, mais il faut le faire au bon endroit,
05:07 sur des projets qui en valent la peine.
05:09 - Il faut une utilisation rationnelle de nos matières premières,
05:12 on n'a pas des matières premières indéfinies.
05:14 Et le mouvement des soulèvements de la terre, c'est ça.
05:17 A Saint-Colomban, c'est quoi ? C'est deux carrières de sable
05:22 de 65 hectares, de 39 hectares,
05:25 et qu'on veut étendre de 30 et 40 hectares,
05:27 c'est du sable qui date de 2,5 millions d'années,
05:31 qu'on ne va pas pouvoir remplacer.
05:32 Et donc, on voit bien qu'on est sur un modèle qui ne fonctionne pas.
05:35 Et 30% en Loire-Atlantique, du sable est utilisé pour quoi ?
05:38 Pour le maraîchage.
05:39 - Pour les salades notamment.
05:41 - Pour du maraîchage, et on peut faire là aussi
05:43 une utilisation de nos sols qui est bien différente,
05:45 parce que du maraîchage industriel,
05:48 c'est aussi du pesticide, des émissions de gaz à effet de serre,
05:51 de l'énergie qui est utilisée,
05:53 et au final, une mauvaise qualité de l'eau,
05:55 c'est là aussi une vraie problématique en Loire-Atlantique.
05:57 - Et c'est de tout cela dont vous parlerez tout ce week-end
05:59 avec cette mobilisation auquel vous vous associez,
06:02 les soulèvements de la terre, et on y reviendra évidemment,
06:05 nous aussi, puisqu'on suivra cette manifestation
06:07 dimanche matin sur France Belor Océan.
06:09 Merci beaucoup d'être revenue ce matin, Julie Lernoz,
06:11 députée de Loire-Atlantique, dans le sud de France Belor Océan.