Christelle Le Coz - Directrice de Co Santé

  • l’année dernière
L'invité de 8h15
Transcript
00:00 Il était très attendu par les habitants, un centre de santé vient d'ouvrir dans le quartier du Breil à Nantes.
00:05 Bonjour Christelle Lecauze.
00:06 Bonjour.
00:07 Vous êtes la directrice de CoSanté, c'est la fédération des centres de santé en Pays de la Loire.
00:11 Il était très attendu ce centre parce que ce quartier manque de professionnels de santé, même si on est en pleine ville de Nantes.
00:18 Effectivement, on le sait, les quartiers prioritaires ont moins de médecins généralistes pour accueillir les patients.
00:25 On a travaillé de façon acharnée pour offrir cette offre de soins aux habitants du quartier,
00:32 une offre de soins spécifique pour lutter contre les inégalités sociales et territoriales d'accès aux soins,
00:38 parce que c'est le projet que portent les centres de santé.
00:40 Et c'est l'enjeu derrière.
00:42 D'abord sur la situation, pourquoi est-ce que les médecins, les soignants s'installent moins dans les quartiers prioritaires ?
00:48 C'est par peur d'une patientèle plus difficile ?
00:52 On le sait, ces prises en charge sont souvent plus longues, elles nécessitent des solutions d'interprétariat
00:58 pour accueillir les populations qui ne parlent pas français.
01:02 On sait que l'exercice coordonné tel qu'on le propose en centre de santé, c'est une équipe qui prend en charge la population,
01:10 qui inscrit chacun ou qui réinscrit chacun dans un parcours de soins.
01:14 Oui, parce que c'est ça l'enjeu, Christelle Lecaux, c'est que malheureusement, même si on est en ville,
01:20 même s'il y a des transports en commun, on pourrait se dire que c'est plus facile qu'à la campagne,
01:23 je prends le bus et je vais voir un médecin ailleurs,
01:25 il y a beaucoup d'habitants de ces quartiers qui ne peuvent pas, qui ne sont pas capables de faire ça, d'aller faire ces démarches-là.
01:32 C'est ça. Notre objectif, c'est de lever les freins, c'est d'avoir différentes alternatives,
01:37 que ce soit un accueil physique au sein du centre de santé, que ce soit aussi une dimension d'aller vers,
01:42 c'est d'aller dans le quartier, d'aller sur les marchés, remobiliser les gens sur les questions de santé.
01:46 On sait que très souvent, justement, faute de réponse, les patients ont renoncé à ce soin.
01:52 Dans d'autres centres de santé qui ont ouvert, notamment à Angers,
01:55 on accueille des patients qui n'ont pas vu de médecin pendant 25 ou 30 ans.
01:58 Donc ça veut dire aussi des diagnostics avec des pathologies avancées.
02:02 Donc il était urgent d'apporter une réponse sur ce quartier et on se félicite de l'ouverture de ce nouveau centre de santé.
02:07 Oui, parce que ces gens qui ne se soignent pas pendant de nombreuses années,
02:10 quand ils se rendent compte à quel point ils sont malades, c'est souvent malheureusement trop tard,
02:14 ou alors c'est une hospitalisation plus ou moins en urgence.
02:17 Effectivement, c'est toute la difficulté des diagnostics avancés.
02:20 Donc notre objectif en centre de santé, au-delà de cette dimension curative,
02:25 c'est vraiment de déployer un plan d'action de prévention qui permet d'anticiper ces situations,
02:31 qui permettent à chacun d'avoir les outils, d'avoir les connaissances pour être dans une situation de bien-être général.
02:38 Cette approche globale, on la veut sur la santé, on la veut aussi sur la dimension sociale.
02:42 Puisque là, on est sur un centre de santé participatif qui accueille effectivement des nouveaux professionnels de santé
02:48 qui arrivent sur le quartier, mais aussi des travailleurs sociaux.
02:50 Parce qu'on sait que c'est essentiel d'agir aujourd'hui sur les déterminants de santé
02:54 et qu'on ne peut pas que réfléchir sur cette dimension sanitaire.
02:58 C'est un accompagnement global, on le comprend bien.
03:00 Avec aussi une notion de salariat pour les médecins, les professionnels de santé qui font partie de ces centres.
03:07 Ça, c'est une aide pour les attirer.
03:10 On sait que dans d'autres endroits, ça a été mis en place, mais ça reste quand même compliqué.
03:13 Là au Braille, vous avez réussi à trouver tout le monde ?
03:15 Oui, on le voit aujourd'hui, il y a une réelle appétence des professionnels de santé à exercer en tant que salariés
03:21 pour être déchargés des tâches administratives, pour aussi concilier vie professionnelle, vie personnelle.
03:27 On sait que ce mode d'exercice, un mi-chemin entre l'hôpital et l'exercice isolé, aujourd'hui, c'est une voie d'avenir.
03:33 Donc on doit aussi, nous, en tant que fédération, être en mesure de proposer des postes à ces médecins
03:37 qui se posent aujourd'hui la question du salariat.
03:40 Certains en arrivent même à déplaquer, faute d'avoir suffisamment d'offres de centres de santé et de postes de salariés en région.
03:46 Ça commence à fonctionner, notamment avec ce centre de santé qui vient d'ouvrir au Braille.
03:51 Merci Christelle Lecauze, la directrice de la Fédération des centres de santé en Pays de la Loire,
03:55 ce matin sur France 2, Le Rossin et France 3.
03:57 Bonne journée à vous.

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