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Peu après la manifestation contre le projet de mégabassine à Sainte-Soline dans l'ouest de la France, notre reporter Bryan Carter se rend sur place pour comprendre les raisons de la colère et les répercussions potentielles de ces enjeux à l'échelle de l'UE.

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Transcription
00:00 (Musique)
00:04 L'Europe est face à la pire drouge de 500 ans.
00:08 Les ressources d'eau sont en déclin.
00:11 (Musique)
00:13 La fondation de notre sécurité alimentaire et énergétique est en danger.
00:17 (Musique)
00:19 C'est dans tous nos doigts que l'eau reste un bon commun global,
00:25 une solution à la conflit, pas son origine.
00:29 (Musique)
00:39 Voici le projet de méga bassine de Sainte-Soline, à l'ouest de la France.
00:43 Et c'est ce type de projet que sont venus dénoncer aujourd'hui ces milliers de manifestants.
00:48 (Musique)
00:53 C'est une bassine où il y a une bombe de forces policières qui sont déployées.
00:57 C'est du délire. Et en fait, ça montre bien qu'on touche à un enjeu qui est énorme,
01:01 qui est l'eau, la ressource en eau, qui va devenir rare et donc précieuse.
01:05 (Musique)
01:08 Ce qui va se passer après Sainte-Soline, c'est que plus que jamais, partout en France,
01:15 un vent de colère va régner. Et ce gouvernement tombera.
01:21 Vive la vie ! Vive la vie ! Vive la vie !
01:27 Non pas Sarahane ! Non pas Sarahane !
01:41 Quelques semaines après la manifestation à Sainte-Soline du 25 mars,
01:48 je retourne dans la région du Marais-Poix-de-Vin pour comprendre les raisons de la colère,
01:52 mais aussi les répercussions potentielles de ces enjeux en France et dans le reste de l'Europe.
01:57 Ce marais, deuxième plus grande zone humide de France,
02:00 est l'épicentre du conflit autour des retenues d'eau destinées à l'irrigation agricole,
02:04 officiellement appelées réserves de substitution.
02:07 Mais les opposants à ces gigantesques réservoirs, comme Joël et Jean-Jacques,
02:11 préfèrent les appeler bassines ou méga-bassines.
02:15 Le Marais-Poix-de-Vin, en fait, c'est une très grande zone humide.
02:18 Alors une partie a été asséchée, drainée. Il y a encore des endroits préservés,
02:22 mais c'est en train de se rétrécir parce que partout, la tendance a été,
02:27 pendant des années, à détruire les prairies humides et à les remplacer par du maïs.
02:32 Avant de faire des bassines, il serait plutôt souhaitable de restaurer ces zones humides,
02:37 qui servent à la fois de stockage de l'eau, mais qui servent en même temps à dépolluer l'eau.
02:42 Si demain, on doit essayer de trouver des solutions pour atténuer le réchauffement climatique,
02:50 la solution, ce n'est pas de mettre l'eau des nappes phréatiques au soleil,
02:55 c'est de tout faire pour remettre l'eau dans les sols.
02:58 C'est là qu'elle est le mieux, à l'abri de la lumière, à l'abri des pollutions.
03:02 Voici à quoi ressemble une bassine.
03:09 Un trou de plusieurs hectares recouvert d'une bâche étanche,
03:12 dans lequel de l'eau est stockée pour arroser les terrains agricoles durant l'été.
03:16 La particularité de ces réserves est qu'elles sont remplies
03:19 en pompant dans les nappes phréatiques durant les mois d'hiver.
03:22 Si le système existe depuis 40 ans, ce n'est qu'à partir de 2007
03:25 que les premiers projets collectifs soutenus par l'État voient le jour.
03:29 On en compterait aujourd'hui plus d'une centaine en projets au terminé, à l'ouest de la France.
03:34 François Pétorin est l'administrateur de la COP de l'eau 79.
03:38 Cette coopérative regroupant 220 exploitations agricoles
03:41 porte un projet de 16 réserves de substitution sur un territoire
03:45 qui comprend le marais Poitvin et les cours d'eau qui l'alimentent.
03:48 Celle-ci est la seule achevée à ce jour.
03:51 À terme, la plus grande sera celle de Saint-Soline,
03:55 honnie par les manifestants, qui aura une capacité de plus de 600 000 m3 d'eau,
03:59 soit l'équivalent de 250 piscines olympiques.
04:05 Je suis agriculteur, producteur de céréales et de semences.
04:08 Le projet est parti des grosses années de sécheresse qu'on a eues, 2005-2007,
04:12 il y a eu aussi 2003, et des arrêtés préfectoraux très tôt
04:16 qui nous ont interdit d'arroser au printemps et en été,
04:19 avec des rendements pénalisés, catastrophiques, même sur des blés.
04:24 Donc la profession, on s'est dit qu'on ne pouvait pas continuer comme ça,
04:28 toujours avec cette épée de Damoclès, des arrêtés préfectoraux, c'était compliqué.
04:33 Aujourd'hui, le stockage de l'eau est une des solutions
04:36 qui permet de maintenir l'agriculture du territoire.
04:39 Mais quel type d'agriculture ?
04:42 C'est tout l'enjeu du conflit autour des réserves de substitution.
04:45 Les opposants prônent une agriculture dite paysanne, plus écologique,
04:49 reposant essentiellement sur l'eau de pluie.
04:51 Face à eux, des fermiers irriguants comme François,
04:54 qui ne représentent que 7% des surfaces agricoles françaises,
04:57 mais qui utilisent plus de la moitié de l'eau consommée dans le pays,
05:00 notamment pour la culture de céréales comme le maïs.
05:03 Cette irrigation est désormais mise à mal par la crise climatique
05:07 et les sécheresses à répétition,
05:09 d'où l'idée de substituer les pompages d'eau en été par des pompages en hiver,
05:13 quand l'eau est en théorie plus abondante.
05:15 Une idée activement soutenue par les pouvoirs publics,
05:18 qui assurent 70% du coût total du projet de la COP de l'eau,
05:21 estimé à 76 millions d'euros.
05:26 C'est une des solutions qui nous permet d'avancer face aux changements climatiques.
05:31 On voit bien que nous, on est les premiers à subir les aléas climatiques tous les ans.
05:36 Sur une exploitation comme la mienne, avec le type de sol qu'on a là,
05:39 c'est-à-dire des sols très superficiels, avec très peu de terre et de la pierre en dessous,
05:44 aujourd'hui, sans irrigation, c'est très compliqué.
05:47 Par exemple, en 2022, où on a eu des restrictions préfectorales par rapport à l'irrigation,
05:52 j'ai des blés qui ont fait entre -40 et -50% de rendement.
05:57 De l'aveu même de ses promoteurs, le stockage de l'eau serait donc avant tout un moyen de contourner les règles
06:04 qui limitent l'usage de la ressource hydrique en période de sécheresse.
06:08 Une dérogation dénoncée par cet hydrologue,
06:10 qui y voit non seulement une forme de privatisation de l'eau,
06:13 mais également un danger pour tout l'écosystème.
06:16 On vient de découvrir avec de nouvelles recherches
06:19 à quel point le niveau des nappes phréatiques permet d'avoir de l'humidité dans les sols.
06:24 Si vous voulez une bonne agriculture, il vous faut un niveau des nappes phréatiques assez élevé.
06:29 Le niveau des nappes vient directement jouer sur la quantité d'eau dans les premières couches de sol,
06:35 ce que l'on appelle l'eau verte,
06:37 mais vient directement aussi apporter de l'eau à toutes les sources et à toutes les rivières.
06:42 Et cet échange-là, si vous le coupez en prélevant cette poche d'eau
06:46 et en la mettant complètement de côté,
06:49 puisque vous vous mettez dans une bassine carrée qui est complètement déconnectée du milieu,
06:53 à ce moment-là, vous allez non seulement effondrer plus rapidement l'eau dans la rivière,
06:58 mais tout le vivant qui va derrière.
07:00 Selon cette chercheuse, il existe un consensus scientifique
07:05 pour affirmer que les bassines risquent d'aggraver les sécheresses
07:08 et sont une maladaptation à la crise climatique.
07:11 2022 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée en France
07:15 et aussi l'une des plus sèches.
07:17 S'en est suivi un hiver marqué par un record de 32 jours consécutifs sans pluie
07:21 qui a laissé trois quarts des nappes phréatiques du pays à un niveau anormalement bas.
07:25 Des phénomènes amenés à se répéter
07:28 et qui contredisent le postulat sur lequel repose le remplissage des bassines.
07:32 Pourtant, la COPE de l'eau 79 ainsi que le gouvernement français
07:35 continuent de les soutenir en s'appuyant sur un rapport du BRGM,
07:39 le Bureau de Recherche Géologique et Minière,
07:42 pour qui les réserves de substitution auraient un impact limité
07:45 sur les nappes d'eau souterraines et les débits des cours d'eau.
07:48 Un rapport critiqué par plusieurs experts
07:51 et nuancé par le BRGM lui-même lors d'une audience au Sénat français.
07:55 Nous n'avons pas simulé les conséquences du réchauffement climatique
08:01 et nous n'avons pas non plus dit
08:03 qu'on pouvait nécessairement réaliser des prélèvements en hiver.
08:07 Cette étude s'appuie sur des données de 2001 à 2011.
08:11 Ce sont des données complètement obsolètes
08:13 parce que le changement climatique commence à se voir à partir de 2016-2017 en France.
08:18 À partir de là, on va commencer à avoir des non-hivers
08:21 et des périodes où on n'a plus de recharge dans nos nappes.
08:25 Il faut comprendre qu'on est dans un changement complet de paradigme
08:28 avec le changement climatique
08:30 et qu'en réalité ce n'est même pas une solution,
08:32 ce n'est même plus une maladaptation.
08:34 Cela devient carrément insensé d'aller vers ces solutions.
08:38 Et pourtant, on est en train de les mettre en œuvre partout.
08:41 Partout où les bassines voient le jour, la résistance s'organise.
08:46 Sur le front judiciaire, d'abord, des associations environnementales
08:49 ont fait condamner plusieurs réserves de substitutions comme celle-ci
08:52 qui ont été déclarées illégales en raison d'études d'impact insuffisantes.
08:56 Sur le front de l'action directe, ensuite,
08:58 avec le sabotage de plusieurs de ces bassines.
09:01 Dernier front, la mobilisation de masse.
09:06 Le 25 mars 2023, une manifestation interdite à Sainte-Seline
09:10 rassemble entre 6 et 30 000 personnes selon les sources
09:13 et marque un tournant historique dans le combat pour l'accès à l'eau.
09:17 Par son ampleur d'abord, mais aussi par les images des affrontements
09:22 entre forces de l'ordre et manifestants
09:24 qui ont fait plus de 200 blessés parmi ces derniers.
09:27 Cela prouve quand même les liens et les connivences entre l'agro-industrie
09:33 et puis les structures de l'Etat.
09:35 Pour nous, c'est un symbole fort d'arriver à cette bassine.
09:37 Eux, ils défendent quoi ? Ils défendent un trou.
09:39 Ils sont prêts à mettre la vie de gens en péril.
09:42 Des observateurs de la Ligue des droits de l'homme, présents sur place,
09:46 ont accusé les forces de l'ordre d'usage immodéré et indiscriminé de la force
09:50 afin d'empêcher l'accès à la bassine, quel qu'en soit le goût humain.
09:54 De leur côté, les autorités françaises font état de 47 gendarmes blessés
09:59 et rejettent la faute des violents.
10:01 Ce déchaînement de violences est absolument inexcusable,
10:04 organisé manifestement, je l'ai dit, par des groupuscules d'extrême gauche.
10:08 Là, on a vraiment franchi un cap en passant sur des opérations
10:16 de désobéissance civile et de désarmement.
10:18 Mathieu et Lucille sont des militants de longue date contre les bassines.
10:22 Selon eux, l'évolution du mouvement vers des méthodes plus frontales
10:25 n'a rien à à hasard.
10:27 Pendant 4 ans, on a balayé tous ces champs d'action possibles
10:30 avec des mobilisations, avec l'organisation de conférences,
10:33 de tables rondes, de débats publics.
10:35 On voit que malgré ça, la contestation est méprisée,
10:39 n'est pas entendue, que le dialogue n'est pas possible
10:42 et que les premiers projets commencent.
10:45 Et effectivement, à ce moment-là, il y a une évolution,
10:49 également nous, dans notre forme de mobilisation.
10:52 Ce qui n'empêche pas pour autant de continuer à poursuivre
10:56 cette demande de réouverture de dialogue et de moratoire.
11:00 Parce qu'il n'y a que comme ça qu'on pense qu'on pourra en sortir.
11:03 Reste une dernière carte dans les mains des anti-bassines, l'Europe.
11:07 Depuis 2021, ils y portent une pétition accusant les réserves
11:11 de substitution de violer plusieurs directives environnementales européennes.
11:14 Si la Commission reconnaît certains manquements,
11:17 Eddy prendra le pouvoir de faire face à ces questions.
11:20 Si la Commission reconnaît certains manquements,
11:22 Eddy prendra ce cas très au sérieux.
11:24 Elle s'en réfère pour l'instant aux juridictions françaises
11:27 pour veiller à ce que les bassines soient conformes aux droits communautaires.
11:30 Pour l'instant, il n'y a pas eu beaucoup d'action concrète.
11:34 Mais en tout cas, c'était important pour nous de se faire entendre
11:38 jusqu'à l'Europe.
11:41 Manifestations, procès, pétitions, sabotages,
11:45 rien ne semble arrêter l'avancée des réserves de substitution en France.
11:49 Le gouvernement les rebondit d'ailleurs dans son plan d'application
11:52 de la nouvelle politique agricole commune,
11:55 une enveloppe de 45 milliards d'euros entre 2023 et 2027
11:59 pour soutenir l'agriculture française.
12:01 Cela présage-t-il l'extension des bassines et des tensions
12:04 qu'elles charrient au reste de l'Europe ?
12:06 C'est ce que nous allons voir dans la suite de ce reportage.
12:09 Fin avril, comme chaque mois, les ministres de l'agriculture
12:13 des 27 États membres se réunissent sous l'égide du Conseil de l'Union européenne.
12:17 C'est leur première réunion depuis la manifestation à Sainte-Solide,
12:20 l'occasion de poser une question sur les bassines
12:22 à la présidente suédoise de ce Conseil
12:24 et au commissaire européen à l'agriculture.
12:43 Merci pour la question. Ce n'est pas une question qui a été discutée
12:47 dans la Constellation des Comptes,
12:49 ni qui est sur le tableau actuellement,
12:52 mais elle peut bien sûr être discutée dans d'autres contextes.
12:55 Nous sommes ouverts à la discussion de cette proposition.
12:58 C'est intéressant et valable pour la considération.
13:01 Intérêt potentiel pour les bassines de la part des États membres
13:05 et de la Commission européenne.
13:07 Qu'en est-il du Parlement européen ?
13:09 J'ai posé la question au président de la Commission environnement,
13:12 le français Pascal Canfin,
13:14 qui dit soutenir les bassines sous certaines conditions.
13:17 Une méga-bassine, ça peut être juste une fuite en avant.
13:22 Mais si c'est lié à des changements de pratiques des agriculteurs,
13:26 qui par exemple passeraient à des cultures qui auraient moins besoin d'eau,
13:31 c'est une façon de sécuriser leur transition.
13:34 Pourtant, selon cet eurodéputé,
13:37 cette transition fait face à un obstacle majeur,
13:40 la puissante Commission agriculture du Parlement européen.
13:43 Vous avez une opposition à tous les textes européens
13:48 qui cherchent précisément à encourager, pousser
13:53 au changement de pratiques agricoles.
13:55 Je le constate, puisque je négocie le texte sur les pesticides,
13:58 où la Commission agriculture dit "on n'en veut pas".
14:00 Le texte sur la restauration de la nature,
14:02 où la Commission agriculture dit "on n'en veut pas".
14:04 Le texte sur les émissions industrielles de l'élevage,
14:08 où la Commission agriculture dit "on n'en veut pas".
14:10 Je pense qu'on doit trouver un compromis qui soit praticable
14:13 pour les acteurs sur le terrain.
14:15 Je peux vous dire que c'est une bataille très importante
14:18 contre un certain nombre de lobbies agricoles.
14:20 Les lobbies agricoles.
14:23 Depuis des décennies, ils défendent les intérêts de l'agro-industrie
14:26 avec pour argument principal la souveraineté et la sécurité alimentaire.
14:31 A l'échelon européen, le lobby qui a l'oreille de la Commission agriculture
14:35 se nomme Copacogeka.
14:37 Ils n'ont pas donné suite à mes demandes d'interview au sujet des bassines.
14:42 Mais dans un document datant de 2018, Copacogeka affirme
14:46 que le stockage de l'eau est l'eau moyen le plus important
14:49 pour améliorer la sécurité hydrique et demande pour y parvenir
14:52 un soutien fiscal et financier accru et une réduction de la charge administrative.
14:57 Une prise de position qui n'étonne guère Marco Contiero,
15:02 spécialiste des politiques agricoles chez Greenpeace.
15:07 Les agriculteurs qui sont protégés et qui ont un intérêt
15:11 au centre de la travail de Copacogeka et d'autres lobbies
15:16 ne sont pas la majorité des agriculteurs.
15:19 C'est une très petite majorité de plus grands,
15:23 parfois vraiment d'agriculteurs industriels,
15:26 qui sont responsables de la plupart de la pollution.
15:29 Et pourtant, une commission qui doit, bien sûr,
15:32 gérer les bassines, mais aussi essayer de soutenir
15:35 le secteur agricole pour qu'il se transite,
15:38 défend très stabilement le corps de statut.
15:42 Et c'est un problème.
15:44 Un homme pourtant essaye de faire bouger les lignes.
15:48 Benoît Biteau est ingénieur agronome,
15:50 propriétaire d'une ferme biologique en France
15:52 et une des figures de pro du mouvement anti-bassines.
15:55 Il est également député européen
15:57 et vice-président de la dite commission agriculture.
16:00 Selon lui, la transition agricole se heurte aussi
16:03 à un problème structurel lié à l'attribution des aides financières.
16:07 Quand on regarde comment sont distribuées
16:09 les aides publiques de cette politique agricole commune,
16:12 déjà 80% de l'enveloppe est captée
16:14 par les 20% de structures les plus grandes,
16:16 puisque le mécanisme, c'est qu'on aide par unité de surface,
16:19 et donc plus on a d'hectares, plus on a d'aides.
16:22 Or, c'est précisément ces grandes surfaces
16:24 qui sont les gros utilisateurs d'eau,
16:27 et surtout, les aides publiques de l'APAC
16:30 ne conditionnent pas suffisamment la réduction des pesticides
16:33 et des engrais de synthèse qui viennent télescoper la fertilité des sols.
16:37 Et donc, du coup, on continue d'accompagner une agriculture
16:40 qui s'éloigne de la restauration de la fertilité des sols,
16:44 qui pourtant sont la réponse à une agriculture
16:47 qui soit plus frugale en termes de consommation de pesticides,
16:51 d'engrais de synthèse et bien sûr d'eau.
16:54 Selon l'Agence Européenne de l'Environnement,
16:57 la pollution des nappes phréatiques en Europe, en bleu sur cette carte,
17:00 est principalement causée par les pesticides et les engrais chimiques.
17:04 Quant à l'irrigation agricole,
17:06 elle représente la plus grande menace sur le niveau des eaux souterraines.
17:09 Résultat, près d'un tiers des nappes phréatiques
17:11 peinent à répondre aux exigences quantitatives et qualitatives
17:14 prévues par la réglementation européenne.
17:17 L'Agence en appelle donc au respect du principe de précaution
17:20 dans les stratégies d'adaptation à la crise climatique,
17:23 un principe qui ne respecterait pas forcément
17:25 la réserve de substitution.
17:28 Ce n'est pas une réponse systémique, c'est un band-aid.
17:32 Et c'est un band-aid qui, en plus,
17:35 pourrait disturber et aggraver
17:38 la condition générale du milieu local
17:41 et notre potentiel pour réellement s'adapter
17:44 à ces circonstances de changement climatique.
17:47 Deuxièmement, ils ne sont pas économiquement fiables
17:50 sans des subsidies du gouvernement sérieux.
17:53 Donc vous pouvez vous demander la question,
17:55 est-ce que c'est une façon économique fiable
17:58 pour soutenir l'agriculture ?
18:01 Donc, plus que le principe de précaution,
18:04 je pense que ce n'est pas la réponse systémique
18:07 que le système agricole a besoin.
18:10 Un changement systémique serait pourtant dans l'intérêt
18:15 de nombreux agriculteurs.
18:17 Entre 2005 et 2020, 5 300 000 fermes ont disparu en Europe,
18:21 soit près de 1000 fermes par jour.
18:24 87 % d'entre elles étaient des petites exploitations
18:27 de moins de 5 hectares.
18:31 Le système actuel n'a pas de futur.
18:34 Ce n'est pas le modèle qui va offrir aux agriculteurs
18:37 ce qu'ils veulent et ce que je pense être une demande faire.
18:41 Donner un revenu décent,
18:44 avec un type de travail et d'existence décent.
18:47 Et je ne pense pas que, en les fondant
18:50 dans la croyance que le système alimentaire actuel
18:53 est leur futur, nous servons leur objectif long terme.
18:58 Face à une crise climatique que nos sociétés aggravent
19:01 chaque jour un peu plus, les bassines sont devenues
19:04 le symbole d'un modèle agricole qui illustre la difficulté
19:07 de l'Union européenne à concilier ses objectifs environnementaux
19:10 avec ses priorités économiques.
19:12 Plus les sécheresses s'intensifieront,
19:14 plus forte sera la demande pour des solutions court-termistes
19:17 au risque d'accentuer davantage les pénuries d'eau
19:20 et de propager les tensions autour d'une ressource qui sera révie.
19:24 L'eau est un droit humain.
19:27 Et un dénominateur commun pour développer un meilleur futur.
19:31 Mais l'eau est en profonde danger.
19:35 Les Nations Unies ont déjà prévenu, d'ici 2030,
19:39 la demande en eau sur Terre dépassera de 40% les ressources disponibles.
19:43 Une crise mondiale de l'eau est imminente à sur l'ONU
19:46 et l'issue plus que jamais incertaine.
19:49 [Musique]

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