“Le tout, c’était de sauver cette tradition qui date quand même depuis plus de 800 ans et qu’on a bien failli perdre." Jérémie fabrique des bateaux comme au Moyen Âge. Il nous a présenté son atelier et sa passion.
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00:00 aller à Paris pour moi c'est aussi exotique qu'un parisien viendrait dans le marais et j'apprécie.
00:04 Quand on est amoureux de quelqu'un, on n'arrive pas à dire pourquoi cette personne nous plaît.
00:08 Donc c'est un peu pareil avec le marais.
00:10 Donc là on est sur une escute, la grande escute.
00:13 C'était le bateau traditionnel des maraîchers.
00:15 Rien à voir avec les bateaux modernes en plastique.
00:17 On est sur quelque chose de noble en bois de chêne et puis il y a tout le poids de l'histoire de ces bateaux.
00:23 Le maraîcher, après guerre, est soumis à une concurrence internationale.
00:27 En termes de commerce, il fallait forcément abandonner le bateau et forcément aménager le marais.
00:33 Balayer tout ça d'un coup de main, ce serait pour moi un manque de respect total.
00:37 Notre but c'est d'avoir de plus en plus de bateaux dans le marais.
00:40 Cette conception de bateau, ça ne s'explique pas par les livres.
00:44 Il n'existe pas de plan.
00:46 C'était une tradition orale.
00:48 Le compagnon apprenait du maître, le fils apprenait du père.
00:52 Bonjour Néo, moi c'est Jérémy.
00:53 Je vous invite à découvrir le chantier des feuseurs de bateaux.
00:57 Le dernier chantier naval de Saint-Omer où on fabrique les bateaux comme au Moyen-Âge, la mode traditionnelle.
01:04 Le tout c'était de sauver cette tradition qui date quand même depuis plus de 800 ans et qu'on a bien failli perdre.
01:10 Nous on choisit nos arbres en forêt, les arbres arrivent avec le grumier, donc par grume.
01:15 Et nous on va devoir les débiter.
01:17 Donc on va les débiter sur place avec des scies comme cette scie manchotte par exemple.
01:23 Les arbres qu'on va recevoir cette année, ce sera pour des bateaux 2025.
01:26 Donc il faut toujours avoir cette logique de laisser du temps au temps.
01:29 Si on force la nature, ce n'est pas forcément bon.
01:32 Donc on préfère se référer aux méthodes toujours des ancêtres.
01:35 Une fois que les planches ont terminé leur séchage, direction l'atelier.
01:38 Alors on va déjà faire des découpes dans ces planches en utilisant quelques machines.
01:44 Une fois que les planches sont découpées et les pièces prédécoupées on va dire,
01:51 et bien on va les poncer, donc forcément on a des ponceuses.
01:55 Et puis on commence l'assemblage.
01:58 Si vous voulez créer une multinationale, ne faites pas de bateaux.
02:01 Alors ce n'est pas une activité, c'est une activité passion.
02:04 Un bateau c'est en moyenne, alors ça dépend entre les petits et les gros bateaux,
02:07 mais ça peut aller entre 100, 100 heures et 350 heures.
02:12 Donc là on est sur un maillac alphaté qui a 150 ans, en bois de buis, bois extrêmement dur.
02:20 Mais là on va faire chauffer ce boudron qui est fait à base de résine de pin carbonisé.
02:25 Pour faire un traitement de coque.
02:28 Donc ça c'est un traitement 100% écologique.
02:30 On revient au début du Moyen-Âge, mais ça marche bien, donc pourquoi changer ?
02:34 Le marais ça évoque forcément quelque chose pour moi, vu que j'y suis né.
02:38 Mes parents sont du marais et vivent dans le marais depuis leur enfance.
02:44 Mes grands-parents étaient du marais.
02:46 Et on peut remonter très loin comme ça, parce que je suis issu de lignées de maraîchers
02:51 où on retrouve aussi des traces bien avant la Révolution française de leur existence.
02:57 Alors là on a le grès bouppé, magnifique oiseau du marais qu'on retrouve de plus en plus.
03:02 Hop, il plonge !
03:03 C'est tous ces paysages, c'est tous ces bons moments de vie, et les rivières étaient toujours présentes.
03:09 Quand on allait vraiment entre copains, on partait, il y avait un copain qui habitait là-bas, un autre là-bas.
03:13 Eh bien on prenait le bateau, on partait voir les copains.
03:16 Dès l'enfance, on a appris à naviguer, à batteler et à nager forcément aussi.
03:23 Parce que ici c'est un peu dangereux quand on est gamin.
03:25 On est riche dans notre histoire.
03:27 Tout autour Saint-Omer, on voit les monuments, on tourne à tous ces monuments.
03:30 On grandit avec des bateaux à leurs pieds quasiment.
03:33 Savoir d'où on vient, ça nous permet aussi de nous interroger sur notre histoire.
03:38 Et quand on connaît notre histoire, on sait un peu mieux d'où on va, comme dirait l'autre.
03:44 Si je devais avancer vers l'avenir en ayant une destruction totale de tout ce qui était fait avant,
03:51 moi ça ne m'irait pas du tout.
03:52 Je suis allé dans des grandes villes, j'ai travaillé dans des grandes villes, j'ai fait mes études dans des grandes villes.
03:58 Et c'est sympa parce qu'il y a de l'animation tout le temps, tout le temps, tout le temps.
04:02 Et on est maintenu dans un truc qui donne la pêche, c'est super sympa.
04:08 Mais quand on revient ici, quand on travaille ici, là c'est un truc de dingue.
04:14 Je pense que c'est ce qui m'apaise.
04:16 L'autonomie, la recherche d'autonomie m'apaise aussi.
04:21 C'est tout ce paysage, c'est toutes ces choses-là.
04:23 Le collègue du bureau c'est un gré buppé, l'autre collègue c'est un foule que m'accroule.
04:29 On voit la nature qui change, on vit au rythme des saisons, on n'entend que les chants d'oiseaux.
04:36 De temps en temps il y a un bateau qui passe, c'est autre chose, complètement autre chose.
04:41 [Sonnerie de fin]
04:43 Merci d'avoir regardé cette vidéo !