Avec Jacques Baud, ex membre des renseignements stratégique Suisse. Il a participé à des programmes pour l’OTAN en Ukraine entre 2014 et 2017. Il a notamment écrit « Poutine le maître du jeu ? » et « Opération Z »aux éditions Max Milo. Il vient pour son nouveau livre « Ukraine entre guerre et paix» et Philippe Murer, économiste, souverainiste,auteur de « comment sortir du capitalisme du désastre » aux éditions Jean Cyrille Godefroy.
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00:00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:00:03 Le fait du jour.
00:00:04 La terre m'appartient.
00:00:05 Eh ben, problème.
00:00:07 Comment vous dites problème ?
00:00:08 J'ai une maison, je bâtis une maison, l'appartement etc.
00:00:11 La surface, la terre, elle m'appartient.
00:00:13 Ça s'appelle la propriété, c'est la première déclaration des droits de l'homme.
00:00:17 Non ? Ah ben, on réfléchit.
00:00:19 Voilà, dans une note publiée il y a quelques jours,
00:00:22 l'organisme de réflexion France Stratégie
00:00:26 fait une proposition d'où je dois dire qu'elle est assez dingue, mais pourquoi pas.
00:00:32 Pour que l'État puisse réduire sa tête, sa dette,
00:00:35 et vous connaissez la dette, la tête de l'État aussi,
00:00:38 3 milliards, 3 000 milliards d'abord,
00:00:41 et puis la dette publique, n'en parlons pas,
00:00:43 eh bien l'État devrait devenir copropriétaire
00:00:47 de la totalité des terrains construits en France.
00:00:50 Alors, attention, c'est pas une loi, c'est pas encore une proposition de loi,
00:00:53 c'est un organisme de réflexion France Stratégie
00:00:56 qui est lié, attention, au Premier ministre, à Matignon,
00:00:59 eh bien qu'est-ce qu'il dit ?
00:01:01 Ben, allez, il n'y a pas assez d'impôts.
00:01:03 Vous savez bien, au litan de Sud Radio, il n'y a pas assez d'impôts.
00:01:06 Donc, il faut y aller, la dette publique étant passée à 56% du PIB.
00:01:10 Donc voilà, ils veulent cela.
00:01:13 Philippe Hurer, bonjour.
00:01:15 - Bonjour André Marcos.
00:01:17 - Bonjour. Vous êtes économiste,
00:01:19 vous êtes auteur de "Comment sortir du capitalisme du désastre"
00:01:22 aux éditions Jean-Cyril Godefroy.
00:01:24 Mais voilà, on a trouvé, France Stratégie a trouvé la solution.
00:01:28 Eh bien, écoutez, vous ne serez plus propriétaire, en tout cas, de votre terrain.
00:01:32 De terrain, mais pourtant je l'ai acheté, c'est-à-dire...
00:01:34 Ah oui, mais vous ne serez plus propriétaire.
00:01:36 Qu'est-ce que vous en pensez ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce que ça traduit ?
00:01:39 - Ben, ça traduit des attentes de plus en plus claires de la propriété.
00:01:44 En fait, ça vient après, vous vous rappelez André,
00:01:47 cette loi, proposition de loi de Max Rommonst,
00:01:49 qui a même pas à moins...
00:01:51 On parlait des "quid pros techniques de logement".
00:01:53 Et si votre logement ne passe pas contre une technologie,
00:01:56 vous êtes obligé de faire votre arme, si vous ne pouvez pas,
00:01:58 notamment, le cynisme, notamment.
00:02:00 - Oui, alors attendez, juste, juste, excusez-moi, Philippe Murer,
00:02:03 on a un petit problème de son, est-ce que vous êtes trop proche du micro ?
00:02:06 Est-ce qu'il y a une réverbération ?
00:02:08 Parce qu'on vous entend, mais pas très bien.
00:02:10 Est-ce que vous pouvez... Est-ce qu'on voit ça ?
00:02:13 Répétez, alors, je vous redemande, vous dites...
00:02:16 Vous vous rappelez un précédent, effectivement, de l'État, dites-moi.
00:02:20 Oui, on vous écoute, on vous écoute, Philippe.
00:02:24 - Bien sûr. Le précédent, c'est le fait qu'il y avait
00:02:27 un contrôle technique des logements,
00:02:30 c'est une proposition de loi Macroniste, qui n'est pas passée,
00:02:33 où, en fait, l'État pouvait vous déposséder de votre logement
00:02:37 s'il le considérait pas assez décent.
00:02:39 - Voilà. - D'accord.
00:02:40 - Et derrière, il va le relouer, vous payez des loyers
00:02:42 alors que vous êtes propriétaire.
00:02:44 C'est une spoliation.
00:02:46 Ça vient aussi, après, vous avez remarqué, André,
00:02:49 c'est des perditions à la location,
00:02:51 des logements qui sont pas assez bien isolés.
00:02:54 - Ah oui, oui.
00:02:56 Si vous ne pouvez pas isoler vraiment comme il faut,
00:02:59 selon les normes européennes et françaises,
00:03:01 vous ne pouvez pas vous louer votre appartement, c'est ça ?
00:03:04 - Et bientôt pas le vendre.
00:03:05 Donc aujourd'hui, c'est les G, c'est les catégories G,
00:03:08 après ça va passer aux catégories F, aux catégories E, aux catégories D.
00:03:12 Donc on voit, et cette proposition de France Stratégie
00:03:15 qui est reliée au Premier ministre,
00:03:17 un groupe de chercheurs pour le Premier ministre,
00:03:19 la note, elle date d'octobre 2017.
00:03:21 Mais toutes ces choses nous ont fait rappeler cette note-là,
00:03:25 qui a recirculé sur Internet,
00:03:27 où effectivement, donc Macron était déjà au pouvoir,
00:03:29 et l'État prenait gratuitement une partie de vos terrains, 25%,
00:03:33 et derrière, en tant que propriétaire,
00:03:35 vous payez un loyer sur votre autre terrain.
00:03:37 - Ah oui, c'est ça.
00:03:38 J'ai acheté et je paye un loyer comme si j'étais locataire, c'est ça.
00:03:41 - Exactement.
00:03:43 Et si vous n'êtes pas payé,
00:03:45 en fait, si vous n'arrivez pas à payer,
00:03:47 parce que vous n'avez pas assez d'argent,
00:03:48 vous êtes à la retraite, une petite retraite,
00:03:49 vous avez ce bien difficilement acquis,
00:03:51 et bien l'État se paye en part de terrain,
00:03:53 il vous grignote des parts de terrain de plus en plus grandes.
00:03:56 - D'accord.
00:03:57 - Donc vous avez raison André, c'est une spoliation
00:04:00 d'un des fondements de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
00:04:04 qui est la propriété privée, en fait,
00:04:06 qui est imprescriptible normalement,
00:04:08 c'est l'article 2 de cette déclaration,
00:04:10 et finalement, l'État, il s'en fout.
00:04:14 Et ça, ça fait partie pourtant du bloc de constitutionnalité, quoi, très clairement.
00:04:18 Mais vous connaissez le problème,
00:04:20 le pouvoir a fait que la Constitution absolument à sa guise aujourd'hui,
00:04:25 avec le référendum d'initiative partagée,
00:04:27 on le refusait pour rien,
00:04:29 et c'est le cas aujourd'hui depuis très longtemps,
00:04:32 la souveraineté nationale appartient au peuple,
00:04:34 c'est l'article 3 de la Constitution,
00:04:36 alors depuis 30 ans, le gouvernement prend cette souveraineté du peuple
00:04:41 pour la donner à l'Union Européenne.
00:04:42 Est-ce que c'est légal et constitutionnel ?
00:04:44 Ça me paraît tout à fait limite.
00:04:46 - Et d'ailleurs, on a vu ce qui s'est passé un certain jour,
00:04:48 il y a presque jour pour jour, en 2005,
00:04:51 le fameux référendum, voté non par 55% des Français,
00:04:55 on connaît la suite.
00:04:56 Mais dites-moi Philippe Murer,
00:04:58 on peut se dire aussi, attendez, c'est un projet,
00:05:01 vous le rappelez très bien,
00:05:03 ça date de 2017,
00:05:06 c'est dans les papiers, on le ressort comme ça,
00:05:09 est-ce que vraiment, très franchement,
00:05:11 essayons d'être le plus honnête et objectif possible,
00:05:15 est-ce que vous pensez que c'est vraiment dans les cartons de certains,
00:05:18 je ne dis pas de tout le gouvernement ou de tous les princes qui nous gouvernent,
00:05:22 mais de certains, parce qu'effectivement,
00:05:24 ce que vous rappelez à juste titre,
00:05:27 c'est qu'il y a 5 millions d'appartements ou de maisons
00:05:30 qui ne correspondent pas aux normes,
00:05:32 et si elles ne font pas le travaux d'assainissement,
00:05:36 ou de dépollution, etc.,
00:05:38 ils seront sanctionnés, d'une manière ou d'une autre.
00:05:41 Est-ce que ça, ça fait partie, c'est dans les cartons,
00:05:44 ou bon, c'est quelque chose qu'on ressort, à votre avis ?
00:05:47 - Ça, sur les normes, c'est vraiment, pas dans les cartons,
00:05:50 c'est une loi qui est prévue par état jusqu'en 2030,
00:05:54 de plus en plus dure.
00:05:57 Mais si vous voulez, tout va dans ce sens-là.
00:05:59 Vous vous rappelez qu'Emmanuel Vargo, en 2021,
00:06:02 avait dit que la maison individuelle,
00:06:04 c'est une labération économique, sociale, écologique.
00:06:07 C'est un énorme tollé sur Internet,
00:06:10 et les propos avaient dû être retirés par la ministre.
00:06:13 Mais ce n'est pas qu'en France.
00:06:15 En Espagne, il y a le Premier ministre Pedro Sánchez,
00:06:18 qui, pareil, avec un article de recherche
00:06:21 sur les problèmes d'Espagne pour la compétitivité,
00:06:24 avait proposé de passer d'une propriété individuelle
00:06:26 à une propriété temporaire, et partager.
00:06:29 Vous voyez ? Donc, il y a une volonté de nos dirigeants.
00:06:32 - Et on a vu hier, Philippe Burer,
00:06:35 comment l'Espagne a accueilli les propos de Pedro Sánchez,
00:06:38 notamment là-dessus, et le triomphe de Podemos,
00:06:41 qui a pris la plus belle raclée depuis longtemps.
00:06:44 - Tout à fait. Parce que je pense que les gens
00:06:47 en ont marre, les Français, les citoyens,
00:06:49 en ont marre d'une société qui est dirigée en haut
00:06:51 par des technocrates avec des tableaux Excel,
00:06:53 pour résoudre des problèmes de public,
00:06:55 qui pourraient résoudre eux autrement.
00:06:57 Et qu'en fait, ils nous volent notre liberté
00:07:01 de temps en temps. C'est le cas pendant les confinements
00:07:03 pour gérer les maladies, ils veulent voler la propriété
00:07:05 pour gérer la dette publique, au lieu de créer
00:07:08 une société de responsabilité.
00:07:10 On est passé d'une société de responsabilité
00:07:12 à une société où, en fait, privation de liberté,
00:07:15 tout est décidé en haut, de façon, en plus,
00:07:18 un petit peu, ce qui ne fonctionne pas.
00:07:20 - Oui, une société d'infantilisation,
00:07:22 quand même, quelque part, c'est très préoccupant.
00:07:25 Mais cette histoire là, qui revient effectivement,
00:07:28 alors, on le dit, je reviens à cette histoire
00:07:32 de prendre une partie du terrain,
00:07:37 comme ils disent, etc.
00:07:39 D'ailleurs, c'est intéressant, regardez cette note,
00:07:41 où les auteurs disent, on est conscient du choc politique
00:07:44 de cette mesure, mais elle doit être jugée
00:07:46 à l'ordre des enjeux auxquels un pays très endetté
00:07:48 doit faire face. Et ils disent, voilà,
00:07:50 on est très très endetté, on est sur-endetté,
00:07:52 ça on le sait, on le clame sur tous les temps,
00:07:54 sur tous les temps, et bien, il faut chercher des mesures.
00:07:57 Mais alors, Philippe Murer, c'est quoi ces mesures ?
00:07:59 Est-ce qu'il n'y a qu'en expropriant,
00:08:01 d'une manière ou d'une autre, qu'on peut trouver
00:08:04 des remèdes à cette maladie quasi mortelle de la dette ?
00:08:09 - Pas du tout. En fait, si on suit de regarder
00:08:11 l'histoire économique, sur le temps long,
00:08:13 vous voyez, en 1945, au sorti de la guerre,
00:08:16 De Gaulle et les autres se posent la question
00:08:18 de comment faire. Est-ce qu'on fait de l'austérité ?
00:08:21 Parce qu'il y a 200 ans de dette sur PIB.
00:08:24 La dette est immense, le pays est ruiné,
00:08:26 les usines ont été délocalisées ou bombardées.
00:08:28 Donc, le pays est à plat.
00:08:30 Mendès France, qui est socialiste,
00:08:32 dit qu'il faut faire de l'austérité,
00:08:34 à cause du classe monétaire, etc.
00:08:36 Trop important. De Gaulle dit non.
00:08:38 On veut un monde économique plus juste,
00:08:40 où ceux qui travaillent et qui produisent
00:08:42 sont récompensés, on met dans leur place
00:08:44 la sécurité sociale.
00:08:46 Imaginez qu'en 25 ans, en 1973,
00:08:48 on se retrouve avec une dette publique
00:08:50 qui est passée de 200% du PIB
00:08:52 à 7% du PIB, elle était quasi nulle.
00:08:54 Donc, ce n'est pas irrémédiable tout ça.
00:08:56 C'est une autre façon de gérer.
00:08:58 Le problème, c'est qu'on avait mis
00:09:00 un modèle économique qui était
00:09:02 pour ceux qui travaillent et produisent
00:09:04 et au détriment des rentiers.
00:09:06 Aujourd'hui, c'est l'inverse. On a
00:09:08 un modèle économique qui travaille
00:09:10 pour les rentiers, contre ceux qui travaillent
00:09:12 et qui produisent. Et on arrive à ces aberrations.
00:09:15 - Et on arrive effectivement à une apropriéisation
00:09:17 croissante de la classe moyenne,
00:09:19 on le voit, enfin en tout cas d'une certaine
00:09:21 classe moyenne et non négligeable.
00:09:23 Et donc, si vous voulez, on se demande
00:09:25 alors, Philippe Burer, est-ce qu'on lance
00:09:27 des ballons d'essai comme ça,
00:09:29 comme vous rappeliez Emmanuel
00:09:31 Barbargon, et puis d'autres choses,
00:09:33 on lance des ballons d'essai pour voir comment
00:09:35 les gens réagissent, et si ça réagit trop
00:09:37 et si ça crie trop, on
00:09:39 le remet dans sa poche et puis
00:09:41 on passe à la suivante ?
00:09:43 - C'est exactement ça. C'est un modèle
00:09:45 de gouvernement tout à fait pervers.
00:09:47 On lance des ballons d'essai, si les
00:09:49 citoyens crient trop, on le repousse à plus
00:09:51 tard, à un moment plus favorable,
00:09:53 sinon, on le fait passer. Donc c'est un modèle
00:09:55 tout à fait pervers qui
00:09:57 est utilisé
00:09:59 de façon continue. - Mais alors
00:10:01 aujourd'hui, Philippe Burer, on est en 2023,
00:10:03 on n'est plus effectivement en De Gaulle
00:10:05 1945,
00:10:07 est-ce que les mêmes recettes
00:10:09 qu'avaient, disons, employés
00:10:11 de De Gaulle, parce que comparaison n'est pas raison,
00:10:13 on n'est plus du tout, dans les 80 ans
00:10:15 après, on n'est plus du tout dans la même situation,
00:10:17 est-ce que
00:10:19 c'est applicable ou
00:10:21 qu'est-ce qu'il faudrait faire, sans donner un catalogue
00:10:23 complet, mais il faudrait changer
00:10:25 complètement de paradigme, de direction ?
00:10:27 - Ah oui, tout à fait, c'est-à-dire
00:10:29 que tous les pays occidentaux, dont la France,
00:10:31 doivent se remettre à produire.
00:10:33 Le problème, c'est qu'on ne produit plus, on a tout délocalisé
00:10:35 avec la mondialisation
00:10:37 économique. Si on reproduit sur place,
00:10:39 on va recréer de la richesse,
00:10:41 recréer de l'activité, recréer des recettes physiques.
00:10:43 Et sans peine, en fait,
00:10:45 on aura la dette publique qui sera
00:10:47 boursée par cette
00:10:49 augmentation de la richesse.
00:10:51 C'est très possible, c'est pas parce que
00:10:53 les techniques ont changé,
00:10:55 que c'est toujours les mêmes choses
00:10:57 à tous les siècles, il y a des modèles économiques
00:10:59 qui fonctionnent, c'était celui de Colbert en France, celui
00:11:01 de De Gaulle, il y a des modèles économiques qui
00:11:03 dysfonctionnent et qui donnent tout au rentier
00:11:05 et qui finissent par approduire
00:11:07 considérablement le pays.
00:11:09 Mais tout ça n'est pas une fatalité.
00:11:11 - Une fatalité, mais justement,
00:11:13 c'est pas une fatalité, mais dernière question,
00:11:15 Philippe Heuret,
00:11:17 malgré, en dépit,
00:11:19 ou grâce, ou à cause de l'Europe,
00:11:21 est-ce qu'on peut refaire ça et qu'on peut changer
00:11:23 de direction avec l'Europe,
00:11:25 l'Union européenne, disons, telle qu'elle fonctionne ?
00:11:27 - Non, non, pas du tout.
00:11:29 L'Union européenne telle qu'elle fonctionne,
00:11:31 c'est l'euro qui est trop cher pour la France, mais pas assez
00:11:33 pour l'Allemagne, donc l'Allemagne nous clignote notre
00:11:35 politique, on l'a vu quand on est passé
00:11:37 à l'Union européenne, c'est qu'il grignotait
00:11:39 l'ensemble des industries,
00:11:41 mais l'Union européenne, de toute manière,
00:11:43 vous ne pouvez pas faire une société heureuse
00:11:45 parce que, en fait, vous avez des modèles
00:11:47 culturels complètement différents
00:11:49 entre la France, l'Allemagne, la Lituanie,
00:11:51 l'Espagne, la Pologne, et vous écrasez tout
00:11:53 sous un modèle unique et technocratique
00:11:55 et fondamentalement ça ne peut pas fonctionner.
00:11:57 Et les recettes que vous prenez pour la France
00:11:59 ne peuvent pas être les recettes qui fonctionneront
00:12:01 pour la Pologne, pour l'Espagne ou la Lituanie.
00:12:03 Chaque pays a besoin
00:12:05 d'avoir un modèle économique qui soit
00:12:07 cohérent avec sa culture et sa façon
00:12:09 de se traiter.
00:12:11 Merci Philippe Hurer.
00:12:13 Sud Radio André Bercoff
00:12:15 Bercoff dans tous ses états,
00:12:19 ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:12:21 "Et sortira-t-il de tout ça ?
00:12:23 Il y a quelque chose
00:12:25 de pourri dans le royaume de Danemark.
00:12:27 Que la volonté de Dieu soit faite !
00:12:29 Allons, suivons-nous !
00:12:31 Hamlet,
00:12:33 Hamlet de l'immortel
00:12:35 William Shakespeare, il y a
00:12:37 quelque chose de pourri dans le royaume
00:12:39 du Danemark. Eh ben, en vérité,
00:12:41 il y a quelque chose de tout à fait
00:12:43 passionnant aujourd'hui dans le royaume du Danemark.
00:12:45 Et vous allez écouter cela,
00:12:47 c'est très intéressant, c'est un journaliste
00:12:49 de l'émission "Quotidien"
00:12:51 qui est allé interviewer
00:12:53 le ministre socialiste de l'immigration
00:12:55 danois. Vous savez que
00:12:57 le Danois a décidé une politique
00:12:59 assez rigoureuse,
00:13:01 c'est le moins que l'on puisse dire,
00:13:03 par rapport
00:13:05 et à l'aune de la politique migratoire.
00:13:07 C'est-à-dire qu'ils ont pris des mesures très
00:13:09 précises, non pas contre les immigrants
00:13:11 mais pour contrôler, pour gérer,
00:13:13 pour réguler quelque chose
00:13:15 qui devenait chez eux absolument
00:13:17 incontrôlable. Donc,
00:13:19 le ministre de l'immigration danois
00:13:21 est interviewé par une journaliste
00:13:23 de "Quotidien". Écoutez.
00:13:25 Il s'appelle Careud Dupvad,
00:13:27 il est ministre de l'intégration et de l'immigration
00:13:29 et il est donc de gauche.
00:13:31 Alors, en France, vous êtes vu comme
00:13:33 un modèle par les partis de gauche
00:13:35 et les partis de gauche. Comment vous vous sentez
00:13:37 de ça ?
00:13:39 Si d'autres pays veulent
00:13:41 s'inspirer de nos politiques pour mieux contrôler
00:13:43 l'immigration, alors moi ça me va.
00:13:45 Vous pensez que vous êtes
00:13:47 de gauche ?
00:13:49 Oui, bien sûr, à 200%. Vous savez, si on veut être de gauche,
00:13:51 il faut avoir une politique stricte sur l'immigration
00:13:53 parce que ce sont toujours les classes
00:13:55 populaires qui payent le prix de l'immigration,
00:13:57 qui payent le fardeau
00:13:59 de l'intégration des immigrés,
00:14:01 jamais les riches ou les bourgeois.
00:14:03 Donc si on ne comprend pas ça, les classes populaires
00:14:05 vont arrêter de voter pour nous.
00:14:07 Et voilà, en quelques mots,
00:14:09 tout le narratif de la gauche
00:14:11 officielle et de l'extrême-gauche
00:14:13 s'effondre avec un bruit
00:14:15 doux. Et oui, parce que
00:14:17 la journaliste est allée en lui disant
00:14:19 "Oui, alors, vous savez que
00:14:21 la droite et l'extrême-droite en France
00:14:23 regardent le Danemark
00:14:25 comme un modèle. Et vous dites que vous êtes
00:14:27 de gauche ? Vous pensez être de gauche ?
00:14:29 Dit-elle avec une espèce de scepticisme
00:14:31 total. Ben oui, il est socialiste,
00:14:33 il est de gauche. Et il ajoute,
00:14:35 vous l'avez entendu, il a dit "Mais attendez,
00:14:37 l'immigration,
00:14:39 la migration, l'immigration,
00:14:41 qui elle touche du point de vue des salaires
00:14:43 de tous ? C'est le peuple. Évidemment,
00:14:45 les riches et les bons bourgeois, bien aimantis,
00:14:47 ben ils ne sont pas touchés, ça va,
00:14:49 ils peuvent se permettre,
00:14:51 justement, de dire "Allez, les autres,
00:14:53 ben les autres, comment ça se passe ?"
00:14:55 Et je rappelle, et je rappelle, c'est extraordinaire
00:14:57 quand même, parce que tout le monde l'a oublié,
00:14:59 il y a plus de 40 ans,
00:15:01 en 1981, Georges Marchais,
00:15:03 le premier secrétaire du Parti
00:15:05 communiste français, disait "Il faut
00:15:07 arrêter", à l'époque déjà, il y avait plus de 40 ans,
00:15:09 et c'était pas du tout les mêmes chiffres qu'aujourd'hui,
00:15:11 "Il faut arrêter l'immigration
00:15:13 clandestine et l'immigration officielle
00:15:15 parce que qui est visé ?
00:15:17 Ce sont les travailleurs qui voient leurs salaires
00:15:19 baisser." Comme l'avait dit Karl Marx,
00:15:21 la Karl Marx, au 19ème
00:15:23 siècle, aux travailleurs polonais, il avait
00:15:25 fait une adresse aux travailleurs polonais,
00:15:27 en disant "Ne venez pas en Angleterre, les bons capitalistes
00:15:29 anglais vous demandent de venir
00:15:31 pour casser les prix." C'est toujours
00:15:33 la même histoire, mais cette brave
00:15:35 gauche, cocu, battue,
00:15:37 contente et de bonne conscience,
00:15:39 continue à dire "Mais non, mais non, mais tout va bien,
00:15:41 allez, accueillons, accueillons, accueillons,
00:15:43 accueillons, oui, mais jusqu'à quand ?
00:15:45 Jusqu'où ? Et jusqu'à quel prix ?
00:15:47 Il est là le problème, quand je dis "le prix",
00:15:49 c'est pas seulement le prix économique, c'est le prix
00:15:51 en matière de tout. Donc
00:15:53 voilà, eh bien, le ministre
00:15:55 socialiste du Danemark
00:15:57 met à plat, met en pièce
00:15:59 facile, tranquille, il dit
00:16:01 "Écoutez, si vous ne vous occupez pas
00:16:03 effectivement de votre peuple,
00:16:05 eh bien votre peuple arrêtera de
00:16:07 voter pour vous." Et il n'y a qu'à lire des chiffres,
00:16:09 le parti communiste il y a 40 ans,
00:16:11 le parti communiste aujourd'hui, le parti
00:16:13 socialiste il y a encore 20 ans, le parti socialiste
00:16:15 aujourd'hui, etc., etc.,
00:16:17 etc. Il y a quand même un problème,
00:16:19 eh bien, il y a quelque chose de
00:16:21 très clair au royaume du Danemark.
00:16:23 *Musique*
00:16:25 "Quand les vingt ans qu'on soit grand-père,
00:16:27 quand on est grand-père..."
00:16:29 Eh bien, vous allez écouter quand même,
00:16:31 alors c'est en anglais, je vais vous le traduire
00:16:33 rapidement, c'est une jeune américaine
00:16:35 qui parle, et là, vous voyez,
00:16:37 je ne sais pas, je ne veux pas dire que c'est les
00:16:39 "woke" ou que c'est la culture, je ne vais pas
00:16:41 étiqueter comme font tous les autres, non, non,
00:16:43 mais écoutez ses paroles, elle, pour l'instant,
00:16:45 c'est une jeune femme, voilà, tout à fait
00:16:47 avenante, on n'a pas la vidéo
00:16:49 en image, mais je vous donne
00:16:51 les paroles, écoutez.
00:16:53 *Musique*
00:17:22 Voilà, voilà. Alors écoutez, je vous traduis,
00:17:24 je vous traduis parce que c'est un
00:17:26 américain, comme on dit, voilà.
00:17:28 Eh bien, cette femme,
00:17:30 cette femme a attaqué
00:17:32 ses parents en justice, oui.
00:17:34 Nous avons vérifié, elle a attaqué
00:17:36 ses parents en justice. Eh bien, pourquoi ?
00:17:38 Parce qu'elle dit, voilà, moi, j'ai pas demandé
00:17:40 à naître, je n'ai absolument... Elle le dit
00:17:42 ses propres mots, c'est ça.
00:17:44 Moi, j'ai pas demandé à naître, je ne savais
00:17:46 pas que j'allais grandir
00:17:48 et qu'il fallait que je travaille, donc
00:17:50 franchement, mes parents m'ont rien demandé,
00:17:52 n'ont pas demandé mon avis,
00:17:54 donc je l'ai poursuit en justice.
00:17:56 Ils m'ont obligé à venir
00:17:58 au monde. Et elle
00:18:00 l'ajoute, alors c'est formidable, elle dit, voyez,
00:18:02 elle dit à tout tout, elle fait ça sur une...
00:18:04 sur, je ne sais pas si c'est sur TikTok,
00:18:06 une autre chaîne, mais enfin elle le dit, elle dit, vous savez,
00:18:08 à toutes les jeunes femmes enceintes, vous êtes enceintes,
00:18:10 eh bien, allez voir un médium
00:18:12 psychique, oui, oui, allez voir un médium,
00:18:14 allez voir un médium psychique,
00:18:16 parce que ce médium psychique va parler
00:18:18 à votre bébé en formation
00:18:20 et il va lui demander si
00:18:22 le bébé est d'accord pour venir au monde ou pas.
00:18:24 Et selon ce que ce médium psychique
00:18:26 vous dira, eh bien, vous terminez,
00:18:28 ça veut dire vous avortez,
00:18:30 en tout cas, voilà, vous IVG,
00:18:32 IVG, etc., et surtout pas,
00:18:34 vous comprenez, vous ne pouvez pas
00:18:36 effectivement, parce que
00:18:38 qu'est-ce qu'ils vont faire quand ils vont sortir
00:18:40 ces bébés ? Eh bien, au bout de quelques
00:18:42 années comme moi, ils vont vous poursuivre,
00:18:44 en disant, j'ai rien demandé,
00:18:46 pourquoi vous m'avez fait venir au monde ?
00:18:48 C'est pas beau, ça.
00:18:50 Quand on arrive là, alors vous allez me dire,
00:18:52 ouais, c'est une folle, folle totale,
00:18:54 oui, mais enfin, ça passe, discours
00:18:56 tranquille, calme, qui passe,
00:18:58 et qui dit, allez voir un médium psychique,
00:19:00 ça veut dire qu'on est arrivé au point
00:19:02 où à un moment donné, ça bascule,
00:19:04 ça bascule parce qu'elle a entendu 400 trucs
00:19:06 sur tout, tout est possible
00:19:08 et tout, et il dit, bien sûr.
00:19:10 Et vous savez, c'est un très grand écrivain,
00:19:12 Émile Cioran, le grand Cioran
00:19:14 qui a écrit un livre intitulé
00:19:16 "De l'inconvénient d'être né".
00:19:18 Eh bien,
00:19:20 lui, c'était "De l'inconvénient d'être né",
00:19:22 c'était un magnifique chef-d'oeuvre du pessimisme
00:19:24 littéraire, eh bien,
00:19:26 cette espèce de, je ne sais pas comment la qualifier,
00:19:28 franchement, je ne pourrais pas la qualifier parce que c'est,
00:19:30 je serais injurieux, et on n'aime pas
00:19:32 être injurieux, mais voilà.
00:19:34 Elle dit, elle, aujourd'hui, et attendez, elle ajoute,
00:19:36 elle ajoute, parce que c'est ça,
00:19:38 le couronnement, la couronne, la cerise
00:19:40 sur le gâteau, elle a adopté des enfants.
00:19:42 Elle dit, oui, j'adopte des enfants
00:19:44 parce que je veux remplir mon devoir,
00:19:46 et j'adopte, mais
00:19:48 ces enfants, moi je ne sais pas, c'est pas moi qui
00:19:50 les ai conçus, donc eux,
00:19:52 ils ne peuvent pas me poursuivre. Voilà
00:19:54 où on arrive, une logique
00:19:56 devenue folle, des prémices
00:19:58 devenues complètement gâteux,
00:20:00 et on arrive à cette épaisse de folie
00:20:02 qui parle, qui se répand,
00:20:04 et qui essaye d'exister. Voilà,
00:20:06 je voulais vous faire entendre zoologiquement
00:20:08 cet aspect de l'une de
00:20:10 la réalité contemporaine, parce que malheureusement,
00:20:12 c'est évidemment minoritaire, mais
00:20:14 c'est une réalité.
00:20:16 Sud Radio Berkhoff, dans tous
00:20:18 ses états,
00:20:20 le face à face.
00:20:22 Le face à face d'André Berkhoff, avec un
00:20:24 invité exceptionnel, Jacques Beau, ex-membre
00:20:26 des renseignements stratégiques suisses, il a
00:20:28 participé à de nombreux programmes pour l'OTAN en Ukraine
00:20:30 entre 2014 et 2017,
00:20:32 il a notamment écrit "Poutine, le maître du jeu"
00:20:34 et "Opération Z" aux éditions Max Milot,
00:20:36 et il vient pour nous présenter son nouveau livre
00:20:38 "Ukraine entre guerre et paix".
00:20:40 Bonjour Jacques Beau. - Bonjour.
00:20:42 - Alors Jacques Beau, effectivement, un troisième
00:20:44 livre, vous en avez écrit d'autres aussi, mais
00:20:46 passionnant, passionnant, "Ukraine
00:20:48 entre guerre et paix" chez Max Milot.
00:20:50 Ce qui est intéressant,
00:20:52 d'abord, je voudrais, évidemment,
00:20:54 je pose la question d'actualité, puisque ce matin,
00:20:56 on parlait depuis hier soir
00:20:58 d'un certain nombre de drones,
00:21:00 on en avait parlé déjà avec vous au téléphone,
00:21:02 c'est sur ces deux drones qui
00:21:04 s'étaient abattus, ou en tout cas
00:21:06 qui avaient été détruits au-dessus du Kremlin,
00:21:08 mais là, on parle d'une douzaine
00:21:10 de drones sur Moscou.
00:21:12 Vous avez des... De quoi s'agit-il ?
00:21:14 On sait un peu plus, on en sait un peu plus,
00:21:16 ou pas ? - Alors j'étais en déplacement,
00:21:18 donc j'ai pas reçu cette
00:21:20 information, et donc j'ai pas pu
00:21:22 creuser là-dessus, mais on sait
00:21:24 que des groupes
00:21:26 affiliés aux services de
00:21:28 renseignement ukrainiens
00:21:30 opèrent
00:21:32 sur le territoire russe, qui est pas très...
00:21:34 Comment dire ?
00:21:36 Surprenant, parce que la proximité
00:21:38 linguistique, culturelle,
00:21:40 il y a des familles qui sont vraiment
00:21:42 transfrontalières dans tous les sens du terme,
00:21:44 donc ça n'est pas très
00:21:46 surprenant.
00:21:48 Ce qui est intéressant, c'est
00:21:50 qu'on voit ces
00:21:52 événements qui se sont multipliés
00:21:54 à la frontière, il y a eu les événements de Bryansk
00:21:56 en mars,
00:21:58 il y a eu l'attaque sur
00:22:00 Belgorod il y a une semaine
00:22:02 environ, les attaques, comme vous l'avez
00:22:04 rappelé, sur le
00:22:06 Kremlin, et puis maintenant cette
00:22:08 nouvelle attaque de drones.
00:22:10 On a quelquefois un peu l'impression que
00:22:12 le but de ces attaques
00:22:14 n'est pas vraiment militaire, parce que
00:22:16 on n'en voit pas du tout
00:22:18 quel pourrait en être... - Ça n'a fait aucun
00:22:20 dégât apparemment, ou des dégâts très mineurs.
00:22:22 - Le but c'est simplement de les faire.
00:22:24 C'est simplement qu'elles
00:22:26 aient lieu, et
00:22:28 je pense que c'est une manière
00:22:30 pour les ukrainiens de faire
00:22:32 patienter les occidentaux, qui
00:22:34 poussent Zelensky
00:22:36 à lancer sa contre-offensive,
00:22:38 et
00:22:40 surtout après la défaite
00:22:42 de Barmout, les ukrainiens
00:22:44 sont un peu
00:22:46 poussés, si vous voulez, à faire quelque chose.
00:22:48 - Alors justement, Jacques Beau, parlons de la défaite
00:22:50 de Barmout,
00:22:52 on avait parlé de ça,
00:22:54 justement, par rapport à votre
00:22:56 livre, c'est très intéressant, vous avez eu
00:22:58 des commentaires, notamment en France, où certains
00:23:00 disaient que c'est un cheval de Troie
00:23:02 à renverser, puisqu'au fond
00:23:04 Barmout c'est une victoire ukrainienne, les ukrainiens
00:23:06 s'étaient retirés pour mieux contre-attaquer,
00:23:08 et nous avons entendu tout, et le contraire
00:23:10 de tout, de la part d'un certain nombre de généraux
00:23:12 de plateaux, que je ne citerai pas, par
00:23:14 charité chrétienne.
00:23:16 Qu'est-ce qui se passe au fond
00:23:18 aujourd'hui ? Vous avez sorti ce livre,
00:23:20 passionnant d'ailleurs,
00:23:22 "L'Ukraine en guerre épée",
00:23:24 au fond, on en est
00:23:26 à une guerre d'attrition, c'est vraiment
00:23:28 la guerre qui peut se prolonger encore
00:23:30 des mois,
00:23:32 voire des années, et malheureusement, il y a des
00:23:34 morts, et il y a des morts tous les jours, c'est ça qui est terrible.
00:23:36 Qu'est-ce qui se passe, vraiment ?
00:23:38 On ne voit plus. - Alors, il faut comprendre
00:23:40 que Barmout est important,
00:23:42 ou était important pour les ukrainiens,
00:23:44 mais ne l'était pas vraiment pour les russes.
00:23:46 Et, dans mon livre,
00:23:48 d'ailleurs, j'explique que ce qu'on
00:23:50 appelle la ligne Zelinsky, qui est une sorte
00:23:52 de ligne de défense, qui
00:23:54 comprend trois sous-lignes
00:23:56 de défense, en quelque sorte. La première
00:23:58 ayant été
00:24:00 Severodonetsk-Lisichansk, que les russes
00:24:02 ont pris en été de l'année passée.
00:24:04 Ensuite, il y a une deuxième ligne qui est à la hauteur de
00:24:06 Barmout, que les russes viennent
00:24:08 de franchir. Et puis, il y a une troisième
00:24:10 ligne qui est Slavyansk-Kramatorsk,
00:24:12 qui est un peu plus loin.
00:24:14 Et à partir de ces lignes-là,
00:24:16 c'est pratiquement champ libre
00:24:18 jusqu'aux grandes plaines du Dniepr.
00:24:20 Donc, c'est pour ça que
00:24:22 cette ligne est très importante, et c'est la raison
00:24:24 pour laquelle Zelinsky attachait
00:24:26 beaucoup d'importance à ça. - Il l'a dit à l'ONU,
00:24:28 d'ailleurs. - Il l'a dit à l'ONU, et
00:24:30 c'est d'ailleurs la raison pour laquelle,
00:24:32 même, il y a des tensions
00:24:34 entre lui et le chef
00:24:36 de l'armée, le général
00:24:38 Zaloujny, qui,
00:24:40 lui, pensait qu'il aurait mieux fallu
00:24:42 ne pas sacrifier trop de vies,
00:24:44 épargner les vies de Barmout, et puis
00:24:46 contre-attaquer différemment.
00:24:48 Mais ça n'a pas été ce que
00:24:50 Zelinsky a voulu. Et les Russes
00:24:52 ont perçu ça très vite.
00:24:54 Déjà, l'année passée, pour comprendre
00:24:56 ce qui s'est passé à Barmout, il faut revenir
00:24:58 à octobre, au 18 octobre
00:25:00 2022,
00:25:02 lorsque le général Sourovikhin,
00:25:04 qui venait d'être nommé commandant
00:25:06 des forces russes en Ukraine,
00:25:08 a dit "On ne cherche
00:25:10 plus à faire des grandes offensives,
00:25:12 on cherche simplement à broyer
00:25:14 l'ennemi qui avance."
00:25:16 - C'est ça. Le hachoir à viande.
00:25:18 - Le hachoir à viande. Et il lance
00:25:20 l'opération, d'ailleurs qui s'appelle "Hachoir à viande",
00:25:22 en mettant, en donnant
00:25:24 pour mission à Prigojine
00:25:26 et au groupe Wagner,
00:25:28 de détruire l'ennemi dans Barmout.
00:25:30 Pas de prendre Barmout.
00:25:32 Pas de prendre Barmout. De détruire
00:25:34 l'ennemi dans Barmout. Ça c'est très important. Pourquoi ?
00:25:36 Parce qu'il lui donne six mois. Il dit "On va
00:25:38 broyer l'ennemi pendant six mois." Point final.
00:25:40 Quoi qu'il arrive,
00:25:42 la ville ne nous intéresse pas plus que ça.
00:25:44 - Oui, c'est pas de la prendre...
00:25:46 - Pas de la prendre, c'est de détruire l'ennemi. Mais évidemment que dans une ville,
00:25:48 quand vous voulez détruire un ennemi dans une ville,
00:25:50 vous êtes obligés d'avancer de maison en maison.
00:25:52 Donc, ce qui s'est passé, c'est que
00:25:54 les combattants de Wagner ont fait
00:25:56 le travail de grignotage,
00:25:58 ont détruit l'adversaire comme ça,
00:26:00 petit à petit. Puis, en avril,
00:26:02 la mission a été donnée
00:26:04 fin octobre. - Octobre, oui.
00:26:06 - Et Surovikine a donné six mois.
00:26:08 Ça veut dire fin avril.
00:26:10 - Fin avril, oui. - Et fin avril de cette année,
00:26:12 eh bien, l'état-major a dit
00:26:14 à Wagner ou Prigojine,
00:26:16 "Maintenant, on a fait les six mois,
00:26:18 maintenant, on arrête les frais,
00:26:20 on interrompt les livraisons de munitions, etc."
00:26:22 Enfin, l'artillerie.
00:26:24 Et c'est là où vous avez eu le mélodrame entre Prigojine
00:26:26 et... parce que lui a dit,
00:26:28 "Mais nous, on a avancé jusque-là. Le but, c'est évidemment
00:26:30 de ne pas prendre la ville. Mais avec tout le travail
00:26:32 qu'on a fait, il reste très peu pour finir
00:26:34 de prendre la ville." - Quelque rue, c'est ça ?
00:26:36 - Voilà, exactement. Donc, donnez-nous la munition
00:26:38 pour finir. Et c'est ce qui a donné cet échange
00:26:40 assez bruyant. Parce que l'état-major
00:26:42 était fixé sur ce qui avait été décidé,
00:26:44 c'est-à-dire détruire l'ennemi dans Barmoude.
00:26:46 - Je comprends. - Et ce qui est intéressant,
00:26:48 peut-être que je reviens encore là-dessus, c'est que
00:26:50 cette idée que Zelensky
00:26:52 était obnubilé par Barmoude,
00:26:54 ça avait été capté par le New York Times
00:26:56 en novembre de l'année passée,
00:26:58 où ils avaient dit "Barmoude sera le trou
00:27:00 noir dans lequel
00:27:02 l'armée ukrainienne
00:27:04 va se perdre, en quelque sorte."
00:27:06 Et c'est exactement ce qui s'est passé.
00:27:08 - Mais alors, justement,
00:27:10 est-ce que ça n'a pas été gonflé ?
00:27:12 Parce qu'ici, en Occident,
00:27:14 en France en particulier, mais ailleurs,
00:27:16 on a dit "ça y est, c'est la lutte finale
00:27:18 entre Wagner, Prigogine
00:27:20 et Poutine." Vous avez vu, les gens,
00:27:22 nous, on fait leur une, ça y est,
00:27:24 le pouvoir est divisé, se déchire
00:27:26 en Russie. En fait,
00:27:28 Prigogine veut prendre la main. On a vu
00:27:30 des couvertures de magazines
00:27:32 tout à fait parlantes là-dessus. Est-ce que
00:27:34 c'était quand même... Alors, vous dites qu'il y a eu
00:27:36 effectivement des plaintes, je comprends, de la part de
00:27:38 Wagner et de Prigogine, mais est-ce que c'était
00:27:40 quelque part, quand même,
00:27:42 une partie mise en scène ? - Alors, je pense
00:27:44 qu'il y a une partie de mise en scène. Prigogine, on sait
00:27:46 que c'est un vidû qui est
00:27:48 très théâtral,
00:27:50 et puis, il ne faut pas oublier que c'est
00:27:52 quelqu'un qui parle un peu pour sa paroisse.
00:27:54 Il a une entreprise,
00:27:56 en quelque sorte, donc... - C'est des mercenaires,
00:27:58 un entreprise privée. - Voilà, donc il essaye
00:28:00 de vendre son truc, n'est-ce pas ?
00:28:02 - Mais comment ? Excusez-moi, Jacques Beau, comment vous expliquez,
00:28:04 alors, je vous en parlais aussi,
00:28:06 comment ça se fait que les Russes
00:28:08 ont donné en prestataire de service
00:28:10 Bachmuth à Wagner ?
00:28:12 On pourrait dire, mais attendez, c'est la... Pourquoi
00:28:14 ils délèguent Wagner ? - Parce que
00:28:16 c'est un combat
00:28:18 en zone urbaine,
00:28:20 typiquement comme Bachmuth, où il s'agit
00:28:22 vraiment de détruire l'adversaire. Vous n'avez pas
00:28:24 besoin d'avoir beaucoup de connaissances
00:28:26 opératives. Vous voyez, on est dans
00:28:28 du tactique, même de la technique
00:28:30 de combat, et puis,
00:28:32 vous n'avez pas besoin, vous n'avez pas besoin de...
00:28:34 Wagner, maintenant, je crois qu'on leur a donné
00:28:36 quelques véhicules blindés, parce qu'on veut
00:28:38 élever un petit peu le niveau de
00:28:40 ces combattants,
00:28:42 mais pendant toutes ces six
00:28:44 derniers mois, enfin, les mois qui ont duré
00:28:46 la bataille, ils n'avaient pas de gros matériels.
00:28:48 C'est vraiment des fantassins
00:28:50 spécialisés... - C'est des gardes-rues, quoi.
00:28:52 - Voilà, oui, c'est la guerre
00:28:54 de rue, exactement. Et donc,
00:28:56 ça suffit d'avoir des combattants. Il faut
00:28:58 des combattants très aguerris,
00:29:00 très tenaces,
00:29:02 il faut des durs à cuire,
00:29:04 mais il ne faut pas des
00:29:06 tacticiens ou des...
00:29:08 - Donc, Wagner était... - C'était le
00:29:10 moyen idéal, c'était l'endroit idéal,
00:29:12 et après les soi-disant
00:29:14 contre-offensives qu'il y a eues de la part
00:29:16 de l'Ukraine, il y a eu des tentatives
00:29:18 de faire des contre-offensives pour reprendre
00:29:20 la ville, mais ça a tout échoué.
00:29:22 - Alors, Cuyd, Jacques Baud,
00:29:24 de la grande contre-offensive annoncée
00:29:26 déjà depuis des mois. Est-ce que
00:29:28 Cuyd, c'est-à-dire, on entend,
00:29:30 on est voyants, on est prêts, etc.,
00:29:32 alors, Zelensky est allé
00:29:34 faire la tournée presque mondiale,
00:29:36 effectivement, "donnez-nous encore des armes", etc.
00:29:38 Où
00:29:40 on en est aujourd'hui ? - D'abord,
00:29:42 il faut comprendre que cette contre-offensive,
00:29:44 en fait, c'est la contre-offensive
00:29:46 que Zelensky avait promise
00:29:48 en juillet
00:29:50 de l'année passée, et qu'il
00:29:52 devait faire avec un million d'hommes.
00:29:54 - Ah oui. - Et il pensait récolter,
00:29:56 avoir un million de combattants,
00:29:58 mais en réalité, il n'a jamais réussi à
00:30:00 rassembler un million d'hommes.
00:30:02 Il en a eu au maximum
00:30:04 à ce qu'il a dit, et puis à ce qu'a dit
00:30:06 le général Zelouzhnik et le commandant des forces armées,
00:30:08 il y a eu 700 000.
00:30:10 Et déjà, l'année passée,
00:30:12 - C'est déjà pas mal. - C'est déjà pas mal,
00:30:14 mais aujourd'hui, ils n'en ont que 400 000.
00:30:16 - D'accord.
00:30:18 Ce qui a eu, entre autres, oui...
00:30:20 - Après, on peut interpréter la différence
00:30:22 de différentes manières,
00:30:24 mais ce qui est sûr, c'est qu'ils en avaient,
00:30:26 ils ont déclaré en avoir 700 000
00:30:28 en été de l'année passée,
00:30:30 et aujourd'hui, il n'y en a plus que 400 000
00:30:32 pour faire la cède contre-offensive.
00:30:34 D'autre part,
00:30:36 il faut savoir que
00:30:38 depuis l'été 2022,
00:30:40 l'armée ukrainienne,
00:30:42 matériellement, au niveau des matériels,
00:30:44 des équipements majeurs, n'existe plus.
00:30:46 C'est la raison pour laquelle,
00:30:48 depuis cette période-là,
00:30:50 Zelensky demande l'aide matérielle
00:30:52 des occidentaux,
00:30:54 des avions, des chars, etc.
00:30:56 Les occidentaux étaient très réticents
00:30:58 à les donner au départ,
00:31:00 et puis, au début de cette année,
00:31:02 ça s'est un peu déclenché parce que,
00:31:04 en plus des pertes matérielles,
00:31:06 la fin de 2022
00:31:08 a été marquée pour l'armée ukrainienne
00:31:10 de pertes humaines considérables.
00:31:12 Et là, les occidentaux ont commencé
00:31:14 à prendre peur, et se sont dit "bon, maintenant, il faut
00:31:16 quand même donner des armes, pour qu'on arrive à quelque chose,
00:31:18 qu'on arrive à faire quelque chose."
00:31:20 Le problème, c'est que toutes ces armes
00:31:22 sont arrivées en Ukraine
00:31:24 par fragments, si vous voulez. On a donné
00:31:26 trois missiles ici,
00:31:28 deux chars là, trois véhicules, etc.
00:31:30 - Pas organisées globalement.
00:31:32 - Ce qui fait que les Ukrainiens n'ont jamais
00:31:34 réussi à rassembler
00:31:36 la masse critique nécessaire
00:31:38 pour déclencher l'offensive
00:31:40 avec un grand O.
00:31:42 - La grande offensive.
00:31:44 - Et, en fait, ce qui se passe, parce que
00:31:46 nos médias nous rapportent volontiers
00:31:48 ce que font les Ukrainiens
00:31:50 à Moscou
00:31:52 ou à Belgorod, mais ils racontent
00:31:54 pas ce qui se passe en Ukraine.
00:31:56 Et ces dernières semaines,
00:31:58 il y a plusieurs énormes dépôts
00:32:00 de munitions qui ont été
00:32:02 détruits par les
00:32:04 américains, pardon,
00:32:06 par les russes, notamment à Chelmnytsky
00:32:08 et à Pavlograd,
00:32:10 qui sont d'énormes dépôts de munitions.
00:32:12 D'ailleurs, celui de Chelmnytsky
00:32:14 a posé problème, parce que
00:32:16 selon certains, mais c'est débattu,
00:32:18 donc je me garderais de tirer
00:32:20 des conclusions là-dessus, mais certains ont prétendu
00:32:22 qu'à la suite de ce bombardement, le taux
00:32:24 de rayonnement gamma a augmenté
00:32:26 dans l'espace, parce que théoriquement,
00:32:28 enfin, certains disent qu'il y aurait eu dans
00:32:30 ce dépôt de munitions les fameux
00:32:32 obus anti-chars à uranium
00:32:34 appauvri qu'avait fourni la Grande-Bretagne.
00:32:36 - La Pologne se disait si elle va pas là.
00:32:38 On va continuer à en parler, c'est passionnant.
00:32:40 Après cette petite pause.
00:32:42 A tout de suite. - Et vous souhaitez
00:32:44 interpeller Jacques Vaud pour lui poser des questions
00:32:46 sur la guerre en Ukraine ? Il peut y répondre
00:32:48 au 0826 300 300. Vous nous appelez
00:32:50 0826 300 300. A tout de suite
00:32:52 sur Sud Radio.
00:32:54 - Les Français
00:32:56 parlent au français.
00:32:58 Je n'aime pas
00:33:00 la blanquette de veau.
00:33:02 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:33:04 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:33:06 - Jacques Vaud,
00:33:08 Ukraine entre guerre
00:33:10 et paix. Chez Max Milot,
00:33:12 le livre vient de paraître.
00:33:14 Jacques Vaud, si on faisait
00:33:16 aujourd'hui un état des lieux.
00:33:18 On est fin mai
00:33:20 2023.
00:33:22 Je rappelle
00:33:24 que tout a commencé, en tout cas,
00:33:26 l'invasion russe a commencé
00:33:28 le 24 février 2022.
00:33:30 C'est vrai que c'est un clin
00:33:32 d'œil à l'échelle de l'histoire,
00:33:34 mais que de choses ont changé.
00:33:36 D'abord,
00:33:38 deux choses, vous en parlez assez longuement dans votre livre
00:33:40 et encore une fois je renvoie à votre livre
00:33:42 parce que c'est absolument impressionnant, le basculement
00:33:44 du monde. Parce qu'au fond, cette guerre
00:33:46 a été la cristallisation d'un certain
00:33:48 nombre de choses qui aujourd'hui
00:33:50 éclatent au grand jour, même si elles
00:33:52 précédaient de loin cela. Qu'est-ce qu'on
00:33:54 peut dire là-dessus ?
00:33:56 - N'est-ce pas ?
00:33:58 Il y a un phénomène
00:34:00 qu'on perçoit assez peu
00:34:02 en Europe,
00:34:04 qu'on perçoit un peu mieux aux Etats-Unis,
00:34:06 c'est que beaucoup de décisions
00:34:08 occidentales ont été finalement
00:34:10 extrêmement émotionnelles, sans
00:34:12 vraiment rationalité.
00:34:14 Et les sanctions,
00:34:16 il y a deux choses, si vous voulez.
00:34:18 D'une part, il y a cette fameuse question que j'avais
00:34:20 posée la première fois que nous étions
00:34:22 rencontrés à propos du conflit ukrainien,
00:34:24 où j'avais dit "qu'est-ce qui fait
00:34:26 que ce conflit est plus condamnable
00:34:28 que les autres ?"
00:34:30 - Vous finissez votre livre là-dessus.
00:34:32 - Oui, exactement. Parce que c'est
00:34:34 comme ça, c'est cette question
00:34:36 que se pose le reste du monde.
00:34:38 Et c'est la question que personne
00:34:40 en Occident ne veut répondre.
00:34:42 Parce que la réalité est
00:34:44 qu'en fait on en veut à la Russie, on veut plus
00:34:46 aller contre la Russie qu'aider l'Ukraine.
00:34:48 C'est en fait ça, le fond du problème.
00:34:50 Et les autres pays ont bien
00:34:52 compris ça. - Vous voulez dire
00:34:54 l'Occident en veut à la Russie ?
00:34:56 - Ah oui, c'est les
00:34:58 Etats-Unis en premier lieu, et les Européens
00:35:00 ont leur emboîté le pas.
00:35:02 Mais le fond
00:35:04 de la question, c'est ça.
00:35:06 C'est en réalité
00:35:08 d'affaiblir la Russie.
00:35:10 - Mais attendez, Jacques Bou, pourquoi
00:35:12 en veut-on à la Russie ?
00:35:14 - Je sais pas. Là, on est
00:35:16 dans quelque chose qui est assez...
00:35:18 - Irrationnel, vous dites ? - Très irrationnel, je pense.
00:35:20 D'ailleurs, quand on voit
00:35:22 les stratégies qui avaient été élaborées
00:35:24 par la RAND Corporation, que j'ai évoquées plusieurs fois
00:35:26 sur ce plateau, en 2019,
00:35:28 la stratégie même
00:35:32 de la RAND Corporation disait "Voilà la stratégie
00:35:34 pour affaiblir la Russie, mais nous
00:35:36 vous conseillons de ne pas
00:35:38 l'appliquer, parce qu'elle va
00:35:40 apporter des destructions en Ukraine."
00:35:42 Parce qu'il était clair que pour affaiblir
00:35:44 la Russie, il fallait utiliser l'Ukraine.
00:35:46 - C'était dit depuis
00:35:48 des années. - C'était dit depuis des années, et c'était
00:35:50 écrit en 2019. Et
00:35:52 la RAND Corporation a averti
00:35:54 le gouvernement américain,
00:35:56 puisque c'est le think tank du Pentagone,
00:35:58 en disant "Ne le faites pas,
00:36:00 parce que ça va provoquer
00:36:02 des déséquilibres, d'abord des équilibres
00:36:04 mondiaux, on n'est pas du tout sûrs
00:36:06 que ça affaiblisse réellement la Russie,
00:36:08 parce qu'on a une très mauvaise visibilité
00:36:10 sur la capacité de l'économie russe
00:36:12 à réagir, et ça va
00:36:14 certainement provoquer
00:36:16 des flux migratoires à partir de l'Ukraine,
00:36:18 à affaiblir l'Ukraine, et
00:36:20 à décrédibiliser l'Occident."
00:36:22 Donc on savait tout ça.
00:36:24 Et les analystes
00:36:26 qu'on a
00:36:28 dans le reste du monde,
00:36:30 et j'inclus aussi là, dans ce reste du monde,
00:36:32 j'inclus aussi les Etats-Unis, parce qu'il y a beaucoup de gens
00:36:34 qui ont averti, qui ont sonné
00:36:36 le toxin. Et même
00:36:38 d'ailleurs, beaucoup de sanctions qui ont été prises
00:36:40 par les Européens, avaient été
00:36:42 déconseillées par les Américains
00:36:44 eux-mêmes. Parce que
00:36:46 typiquement, les
00:36:48 sanctions sur les produits
00:36:50 pétroliers, que les Européens ont prises,
00:36:52 Janet Yellen,
00:36:54 qui est la secrétaire au Trésor américain, leur avait dit
00:36:56 "Ne le faites pas, parce que ça va déstabiliser
00:36:58 l'ensemble du marché pétrolier
00:37:00 dans le monde." Donc,
00:37:02 on voit qu'on est dans quelque chose qui est
00:37:04 très irrationnel, et
00:37:06 le problème qu'il y a, c'est que pour
00:37:08 des pays qui sont un peu sur le ballon,
00:37:10 typiquement l'Iran, les gens du Moyen-Orient,
00:37:12 mais y compris l'Arabie Saoudite,
00:37:14 qui savent que, n'oubliez pas que
00:37:16 Joe Biden avait dit qu'il voulait
00:37:18 faire de l'Arabie Saoudite un Etat paria.
00:37:20 Donc, même si aujourd'hui
00:37:22 il serre la main,
00:37:24 les Saoudiens
00:37:26 se rendent bien compte qu'un jour
00:37:28 ou un autre, ils risquent bien de se retrouver
00:37:30 face à ces sanctions. Par conséquent,
00:37:32 qu'il était le moment
00:37:34 de changer leur fusil d'épaule.
00:37:36 Et beaucoup de pays qui
00:37:38 ont des régimes qui sont
00:37:40 plus ou moins acceptables, ou plus ou moins
00:37:42 acceptés par les Occidentaux,
00:37:44 se rendent bien compte qu'il pourrait très bien
00:37:46 y avoir un basculement
00:37:48 en leur défaveur très prochainement.
00:37:50 Donc, c'est le moment de changer de camp.
00:37:52 Et c'est un peu ce que l'on observe
00:37:54 aujourd'hui. - Et ce changement de camp
00:37:56 est avancé, il commence à être acquis.
00:37:58 - Il commence à se matérialiser,
00:38:00 puisque, encore hier,
00:38:02 j'ai appris que
00:38:04 l'Arabie Saoudite voulait rejoindre
00:38:06 la banque des BRICS, n'est-ce pas ? On sait déjà
00:38:08 que... - Quand on pense à
00:38:10 l'Aramco et l'Arabie Saoudite, création
00:38:12 des Américains qui vont rejoindre les BRICS,
00:38:14 c'est quand même... - Et qui
00:38:16 vendent son pétrole, d'ailleurs, en Yuan
00:38:18 aux Chinois.
00:38:20 Donc, on est sur
00:38:22 une perte de confiance des Occidentaux.
00:38:24 On a vu que la conduite occidentale
00:38:26 est extrêmement erratique,
00:38:28 n'obéit pas à des critères
00:38:30 rationnels, et que, par conséquent,
00:38:32 tout pourrait leur tomber sur la tête
00:38:34 du jour au lendemain, même sans raison.
00:38:36 - Et, alors, justement, Jacques Beau,
00:38:38 parlons de cela. Est-ce que
00:38:40 aujourd'hui, donc, ce que vous avez l'air de dire,
00:38:42 parce qu'on ne voit pas, effectivement, la fin,
00:38:44 et c'est terrible pour tous les gens qui meurent,
00:38:46 tous les jours, là-bas, et par
00:38:48 milliers, mais est-ce que
00:38:50 c'est l'irrationnel qui,
00:38:52 aujourd'hui, encore, triomphe ?
00:38:54 Ou, en tout cas, mène le jeu ?
00:38:56 Alors, il y a tous les calculs
00:38:58 d'intérêts un peu partout, ça c'est normal.
00:39:00 On a vu ce qu'a dit
00:39:02 Erdogan le lendemain de sa victoire, etc.
00:39:04 à Turquie, mais est-ce que
00:39:06 au fond, aujourd'hui, quand vous regardez
00:39:08 l'état des lieux, vous l'avez fait,
00:39:10 vous faites l'inventaire dans ce livre-là,
00:39:12 et au fond, on a l'impression
00:39:14 que tout est extrêmement ouvert,
00:39:16 entre l'OTAN, la Russie,
00:39:18 l'Europe, les BRICS,
00:39:20 les États-Unis,
00:39:22 rappelons-le, qui
00:39:24 votent pour les présidentielles l'année prochaine,
00:39:26 c'est dans un peu plus
00:39:28 d'un an, est-ce que
00:39:30 tout ça, c'est comme si on était, je ne dis pas
00:39:32 en stand-by, comme si tout
00:39:34 s'était figé, mais pendant ce temps-là,
00:39:36 la guerre continue,
00:39:38 et que, voilà, et que
00:39:40 c'est tellement
00:39:42 justement multipolaire,
00:39:44 on a l'impression que la stratégie
00:39:46 et que la conscience est devenue multipolaire
00:39:48 aussi. - C'est-à-dire que ce qui se
00:39:50 passe, c'est qu'on s'est engagé
00:39:52 dans un conflit avec l'idée
00:39:54 pas très
00:39:56 rationnelle, il est vrai,
00:39:58 que la Russie allait perdre.
00:40:00 Et aujourd'hui, on vous dit, la Russie
00:40:02 ne peut pas gagner.
00:40:04 Comme on vous dit, l'Ukraine ne peut
00:40:06 pas perdre. Mais on est
00:40:08 dans un langage politique, parce que,
00:40:10 techniquement, on ne voit pas très bien
00:40:12 comment, d'ailleurs, la notion de
00:40:14 victoire de l'Ukraine n'a jamais été vraiment
00:40:16 définie. Donc, aujourd'hui,
00:40:18 ce qui se passe, c'est qu'on cherche
00:40:20 un moyen pour
00:40:22 pouvoir exprimer
00:40:24 une
00:40:26 défaite de la Russie ou une
00:40:28 victoire de l'Ukraine. Et on ne sait pas comment
00:40:30 le faire. Parce qu'on voit bien que sur le terrain,
00:40:32 ça paraît extrêmement difficile. Donc on est un peu dans
00:40:34 cette espèce de...
00:40:36 En anglais, on dirait "catch-22",
00:40:38 c'est une situation impossible,
00:40:40 si vous voulez, impossible à résoudre,
00:40:42 où on veut
00:40:44 une défaite russe, mais on n'arrive pas
00:40:46 à voir comment cette défaite pourrait
00:40:48 arriver. Et
00:40:50 vous avez très justement
00:40:52 évoqué la présidentielle
00:40:54 américaine, parce
00:40:56 qu'on sent bien
00:40:58 que l'administration Biden est un peu prise
00:41:00 à la gorge par ça. Parce que
00:41:02 arriver à la présidentielle
00:41:04 avec un conflit qui est totalement
00:41:06 ouvert, c'est difficile.
00:41:08 Et s'ils arrivent
00:41:10 aux présidentielles
00:41:12 avec une victoire russe, alors
00:41:14 ça va être désastreux. Donc
00:41:16 la seule manière de résoudre
00:41:18 plus ou moins le problème, c'est de
00:41:20 figer le conflit
00:41:22 ou de l'entraîner. Le problème,
00:41:24 là-dedans, c'est que ce qu'on oublie
00:41:26 toujours, c'est que peu importe
00:41:28 ce qui se passe, est-ce que la Russie gagne ou perd,
00:41:30 mais ce qu'il y a de sûr, c'est que c'est les ukrainiens
00:41:32 qui meurent. C'est ça qui est dramatique.
00:41:34 - C'est ça qui est terrible. On va en parler tout de suite,
00:41:36 après cette petite pause, on continue,
00:41:38 nous recevons les auditeurs de Sud Radio, bien sûr.
00:41:40 - Oui, vous nous appelez au 0826
00:41:42 300 300 pour interpeller Jacques Beau
00:41:44 sur son nouveau livre "Ukraine entre
00:41:46 guerre et paix". A tout de suite.
00:41:48 - Ici Sud Radio.
00:41:52 Les Français parlent au français.
00:41:56 Les carottes sont cuites.
00:41:58 Les carottes sont cuites.
00:42:00 Les carottes sont cuites.
00:42:02 - Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:42:04 - Si vous voulez lire
00:42:06 "Guerre et paix", relisez Tolstoy.
00:42:08 Si vous voulez lire "L'Ukraine
00:42:10 entre guerre et paix", lisez Jacques Beau.
00:42:12 On est en train de dire,
00:42:14 c'est vraiment intéressant,
00:42:16 parce que où on est,
00:42:18 où est cet état des lieux
00:42:20 qui nous concernent tous, mais qui
00:42:22 concernent nos premiers chefs, ceux qui
00:42:24 sont immédiatement touchés sur le champ
00:42:26 de bataille, et
00:42:28 vraiment, c'est quelque chose d'atroce,
00:42:30 mais c'est quelque chose qui, hélas,
00:42:32 continue. Et justement,
00:42:34 Jacques Beau, on a parlé un peu de l'irrationnel,
00:42:36 mais parlons quand même du
00:42:38 rapport de force. On a
00:42:40 commencé à basculer,
00:42:42 à parler du basculement
00:42:44 effectivement du monde, enfin d'un certain
00:42:46 basculement du monde. A votre avis,
00:42:48 et vous consacrez
00:42:50 deux ou trois chapitres dans votre livre à cela,
00:42:52 est-ce
00:42:54 qu'au fond...
00:42:56 Deux questions
00:42:58 rapides. Ceux qui disent
00:43:00 qu'au fond, Zelensky et l'Ukraine
00:43:02 est entièrement...
00:43:04 que la stratégie est menée
00:43:06 par les Etats-Unis, et que quand même
00:43:08 ceux qu'on appelle
00:43:10 faussement peut-être la marionnette
00:43:12 prend des marges de manœuvre, ça c'est ma
00:43:14 première question. Et deuxième question,
00:43:16 est-ce qu'irrévocablement, aujourd'hui,
00:43:18 le monde multipolaire a commencé
00:43:20 d'exister ? - Alors concernant
00:43:22 ma première question,
00:43:24 Zelensky n'est pas totalement une marionnette
00:43:26 dans la mesure où il a aussi ses propres
00:43:28 décisions. En réalité, il y a beaucoup
00:43:30 de choses, les Américains regrettent un petit peu
00:43:32 que quelquefois ils soient
00:43:34 trop indépendants.
00:43:36 Et Zelensky,
00:43:38 son appareil,
00:43:40 communique assez peu avec les Américains
00:43:42 sur leurs intentions, etc.
00:43:44 Donc, il y a, semble-t-il, la cloison...
00:43:46 - Il y a une marge de manœuvre. - Il y a une marge de manœuvre
00:43:48 et la cloison entre
00:43:50 l'Ukraine et...
00:43:52 l'autorité ukrainienne
00:43:54 et l'administration Biden, c'est une cloison
00:43:56 semi-étanche, quand même.
00:43:58 Ça, il faut bien le réaliser.
00:44:00 Et il y a
00:44:02 beaucoup de choses, par exemple les incursions
00:44:04 en territoire russe, puisque c'est ce que
00:44:06 vous avez évoqué tout à l'heure,
00:44:08 ça ne plaît pas aux Américains.
00:44:10 Et d'ailleurs, un des problèmes, l'incursion
00:44:12 sur Belgorod la semaine passée,
00:44:14 donc cette espèce de compagnie
00:44:16 de volontaires russes, qui avait
00:44:18 d'ailleurs, c'est assez amusant parce que
00:44:20 ici, on parle de volontaires anti-Poutine,
00:44:22 volontaires russes, etc. Mais
00:44:24 le Financial Times avait interviewé
00:44:26 le même groupe en mars,
00:44:28 après l'incursion sur Bryansk,
00:44:30 qui avait été faite par exactement les mêmes groupes.
00:44:32 Et le Financial Times avait qualifié
00:44:34 ce groupe de "white supremacists",
00:44:36 donc de "suprémacistes blancs"
00:44:38 et "néo-nazis".
00:44:40 Mais ça, dans nos médias, on ne l'a pas du tout dit.
00:44:42 On se concentre sur le côté
00:44:44 anti-Poutine. En réalité, c'est bien
00:44:46 des gens d'extrême-extrême-droite.
00:44:48 Voilà.
00:44:50 Mais le plus grave dans cette affaire,
00:44:52 du point de vue américain, c'est qu'ils ont
00:44:54 utilisé du matériel américain pour faire
00:44:56 cette incursion. Et les photos qui ont
00:44:58 été publiées par la suite par les
00:45:00 autorités russes ont alors
00:45:02 déclenché une vraie
00:45:04 tempête à Washington.
00:45:06 Parce que Washington
00:45:08 a fourni du matériel à l'Ukraine
00:45:10 en lui faisant promettre de ne pas
00:45:12 l'utiliser contre le territoire russe.
00:45:14 - Et pas à l'intérieur du territoire russe.
00:45:16 - Oui, mais pas à l'intérieur du territoire.
00:45:18 Donc, on voit
00:45:20 qu'il y a quand même
00:45:22 eu la volonté de tenir,
00:45:24 de brider un petit peu
00:45:26 l'action ukrainienne.
00:45:28 Mais que d'autre part, les Ukrainiens
00:45:30 prennent un peu leur zèze par rapport
00:45:32 aux Américains.
00:45:34 - Mais en fait, de façon assez
00:45:36 contrôlée quand même, ça ne va pas plus loin
00:45:38 que ça ?
00:45:40 - On ne sait pas, parce que le problème
00:45:42 est là où ça devient
00:45:44 dangereux, c'est que quand on est
00:45:46 dans des situations de
00:45:48 j'allais dire presque de détresse
00:45:50 politique et humaine,
00:45:52 on ne sait pas à quoi ça peut conduire.
00:45:54 - Et surtout, vous avez raison, sans parler de l'effet
00:45:56 Sarajevo, vous avez aussi que les Russes,
00:45:58 enfin disent-ils, après il faut voir la propagande,
00:46:00 les dédécotés russes, qu'ils ont attrapé des gens
00:46:02 qui essaient de saboter une centrale nucléaire.
00:46:04 C'est-à-dire, il y a quelques jours, en tout cas,
00:46:06 il y a eu ça. La question que je voulais
00:46:08 vous poser Jacques Baume, au fond, est-ce qu'on est
00:46:10 à l'abri, ou jamais vraiment,
00:46:12 d'une dérive de quelqu'un qui,
00:46:14 je ne dis pas qu'il lancerait sa bombe atomique
00:46:16 tout seul comme ça, nucléaire, mais enfin,
00:46:18 d'avoir une dérive qui conduirait à une situation
00:46:20 extrêmement dramatique,
00:46:22 une ville bombardée
00:46:24 de part et d'autre, avec
00:46:26 l'uranium appauvri ou pas appauvri.
00:46:28 Est-ce que c'est possible ou ça vous paraît
00:46:30 très peu probable ? - Non.
00:46:32 L'uranium appauvri, ça c'est une question très
00:46:34 technique, ni tactique,
00:46:36 ni opérative, c'est vraiment un problème
00:46:38 technique de char.
00:46:40 On va laisser ça de côté.
00:46:42 Non, je pense que du côté russe,
00:46:44 il y a un contrôle
00:46:46 très rationnel des choses,
00:46:48 la conduite est très rationnelle et
00:46:50 je ne pense pas
00:46:52 qu'il puisse y avoir, enfin du côté russe comme
00:46:54 du côté américain à vrai dire. Les américains
00:46:56 n'ont absolument pas l'intention de
00:46:58 franchir le pas nucléaire et les russes
00:47:00 non plus. Ça, je pense qu'on peut
00:47:02 l'exclure totalement.
00:47:04 En revanche, il peut y avoir d'autres
00:47:06 formes de dérives, des bombardements
00:47:08 massifs, des choses comme ça.
00:47:10 Ça peut être dans le champ
00:47:12 du possible. Mais, quoi que
00:47:14 de nouveau, je n'ai pas l'impression que
00:47:16 ce soit du côté russe, les choses sont
00:47:18 très maîtrisées quand même.
00:47:20 Le problème vient d'une situation
00:47:22 où l'Ukraine
00:47:24 est sous pression, Zelensky plus exactement
00:47:26 est sous pression de
00:47:28 fournir un résultat. Et ce n'est pas pour rien que
00:47:30 les occidentaux le pressent de faire
00:47:32 cette fameuse contre-offensive
00:47:34 qu'ils n'arrivent pas à faire parce que ces dépôts
00:47:36 sont
00:47:38 explosés au fur et à mesure qu'ils
00:47:40 arrivent. - Mais c'est-à-dire que les fournitures arrivent
00:47:42 et les russes les explosent au fur et à mesure. - Voilà, exactement.
00:47:44 Et donc, ils n'arrivent pas à
00:47:46 déclencher son opération. Donc, il doit faire
00:47:48 quelque chose pour montrer qu'il est toujours
00:47:50 combatif, pour montrer qu'il a toujours
00:47:52 la volonté de faire quelque chose. - Donc, obligation
00:47:54 de résultat et retour sur investissement. - C'est exactement
00:47:56 ça. D'ailleurs, certains
00:47:58 politiciens
00:48:00 anglais,
00:48:02 britanniques, si ma memoire est bonne,
00:48:04 ont dit "on veut un retour sur investissement".
00:48:06 Donc, on voit que du côté
00:48:08 occidental, on est dans une logique
00:48:10 qui est assez perfide
00:48:12 quelque part. - Qui est en tout cas
00:48:14 sinon perfide
00:48:16 ou du moins très clair dans le cynisme.
00:48:18 - Tout à fait, exactement. - Le sien.
00:48:20 - Pardon, je voulais répondre encore
00:48:22 sur la question de la multipolarité.
00:48:24 Donc, puisque c'est
00:48:26 la deuxième question que vous m'avez posée très rapidement.
00:48:28 Donc, je pense qu'on s'achemine.
00:48:30 Disons,
00:48:32 le conflit ukrainien
00:48:34 a cristallisé le fait
00:48:36 qu'il fallait, pour le
00:48:38 reste du monde, se détacher
00:48:40 un peu des occidentaux.
00:48:42 Il fallait pas
00:48:44 couper le contact, et je pense que c'est ce qu'on voit
00:48:46 en Afrique. En revanche,
00:48:48 il fallait solidifier,
00:48:50 renforcer les liens avec
00:48:52 le pôle asiatique
00:48:54 et notamment la Chine qui,
00:48:56 d'une manière ou d'une autre, devient
00:48:58 le deuxième vrai pôle
00:49:00 économique du globe.
00:49:02 - Bien sûr. Et qui attend tranquillement
00:49:04 son tour. - Et voilà.
00:49:06 - Lucien, vous avez
00:49:08 la parole, sur Sud Radio, 0826-300-300.
00:49:12 Et on accueille Julien de Marseille.
00:49:14 Bonjour Julien. - Bonjour Julien.
00:49:16 Bonjour André, bonjour Jacques-Beau, encore heureux de vous avoir.
00:49:18 - Merci.
00:49:20 - J'ai une question à vous poser,
00:49:22 par rapport à Zalouzny, justement,
00:49:24 et des rumeurs, après on n'a toujours pas
00:49:26 de confirmation, comme quoi il aurait été blessé
00:49:28 à Poltava par les Russes,
00:49:30 et qu'on ne voit plus
00:49:32 dans la circulation. Est-ce que vous pensez
00:49:34 que c'est ça qui peut retarder l'opposition
00:49:36 ukrainienne en partie ?
00:49:38 Est-ce que ça peut être soit la disparition
00:49:40 subie par les Russes, ou subie par
00:49:42 le clans d'Elastique, en sachant qu'ils ne sont pas
00:49:44 très d'accord sur la façon d'utiliser
00:49:46 les groupes sur la gauche de roue ?
00:49:48 - Bonne question Julien. Alors, qui de
00:49:50 Zalouzny ? - C'est une très bonne question.
00:49:52 Effectivement,
00:49:54 il y a eu beaucoup de spéculations, on a
00:49:56 effectivement parlé du fait qu'il aurait été
00:49:58 blessé, même gravement blessé,
00:50:00 et qu'il aurait même dû subir une intervention chirurgicale
00:50:02 à la tête, etc. Enfin bref.
00:50:04 Mais le problème c'est qu'il a
00:50:06 refait surface il y a quelques
00:50:08 jours... - Donc on dit que c'est pas lui ?
00:50:10 - Non, non, je pense que c'est lui.
00:50:12 Je pense que c'est lui, et il avait pas l'air
00:50:14 d'être blessé.
00:50:16 - Trop endommagé. - Donc,
00:50:18 il doit y avoir autre chose.
00:50:20 Et,
00:50:22 beaucoup d'experts sont posés
00:50:24 la question, et personnellement,
00:50:26 je privilégie
00:50:28 l'idée que
00:50:30 la situation
00:50:32 qu'il y a actuellement en Ukraine
00:50:34 a conduit à un
00:50:36 fossé, à créer
00:50:38 un fossé entre
00:50:40 l'état-major militaire
00:50:42 et
00:50:44 Zelensky, et le pouvoir politique.
00:50:46 Et que Zalouzny
00:50:48 a été un peu mis à l'écart,
00:50:50 d'ailleurs on a constaté que
00:50:52 certains, les récents ordres qui étaient donnés
00:50:54 à l'armée ukrainienne ont été
00:50:56 donnés par le général Sirsky,
00:50:58 qui est le chef des troupes terrestres, et non pas
00:51:00 le chef des forces armées.
00:51:02 Donc, ça veut dire que...
00:51:04 - Vous pensez qu'il y a quand même quelque chose...
00:51:06 - Il y a quelque chose à l'intérieur de la Paris.
00:51:08 On sait depuis longtemps que
00:51:10 Zalouzny avait demandé
00:51:12 à
00:51:14 Zelensky de ne pas
00:51:16 insister sur Barmoutes, de retirer
00:51:18 les troupes, de façon à épargner des vies
00:51:20 qui étaient plus précieuses que ce qu'a pas fait Zelensky.
00:51:22 Ce qu'a pas fait Zelensky. Et je pense
00:51:24 que ça, c'est actuellement,
00:51:26 d'ailleurs, la mise à l'écart
00:51:28 ou la disparition de Zalouzny
00:51:30 est apparue juste au moment où on
00:51:32 annonçait la défaite de Barmoutes.
00:51:34 Je pense que c'est beaucoup plus lié à ça
00:51:36 qu'autre chose en réalité.
00:51:38 - Très bien, merci Julien.
00:51:40 On accueille Philippe
00:51:42 de Caen. Bonjour Philippe. - Bonjour Philippe.
00:51:44 - Oui, bonjour André, bonjour
00:51:46 monsieur vous. Oui, alors
00:51:48 j'aimerais bien revenir en amont,
00:51:50 excusez-moi, mais pour rappel
00:51:52 quand même. Je me demande, moi,
00:51:54 si madame Merkel, en faisant
00:51:56 ses courses dans son petit magasin local
00:51:58 et notre président Macron
00:52:00 arrivent à bien dormir.
00:52:02 Parce que
00:52:04 ils étaient les responsables
00:52:06 de l'application des accords de Minsk.
00:52:08 Moi, je trouve ça vraiment
00:52:10 déplorable.
00:52:12 Vous parliez
00:52:14 de médias. Actuellement,
00:52:16 il y a une chaîne de propagande qu'ils appellent LCI.
00:52:18 Mais c'est une jouissance
00:52:20 à les entendre parler
00:52:22 des victoires ukrainiennes
00:52:24 par rapport à la Russie. Il n'y a pas d'équilibre.
00:52:26 Et enfin, une dernière petite chose,
00:52:28 monsieur Beau, pensez-vous
00:52:30 quand même que les Chinois,
00:52:32 puisque apparemment c'est
00:52:34 le nouvel ordre aussi,
00:52:36 en termes de diplomatie,
00:52:38 est-ce que les Chinois ne pourraient pas
00:52:40 faire tampon
00:52:42 entre la Russie
00:52:44 et le bloc de l'Est,
00:52:46 ex-bloc de l'Est, et notamment
00:52:48 l'Ukraine ?
00:52:50 - Merci pour ces questions.
00:52:52 Je vais revenir sur
00:52:54 la question de la désinformation.
00:52:56 C'est une chose intéressante.
00:52:58 En temps
00:53:00 de guerre, les deux
00:53:02 parties d'un conflit ont toujours
00:53:04 essayé de masquer leurs intentions
00:53:06 à modifier les perceptions. - Ça s'appelle la guerre
00:53:08 de l'information. - C'est la guerre de l'information. Et on a
00:53:10 un mélange de propagande et de désinformation.
00:53:12 La propagande, je le rappelle,
00:53:14 c'est valoriser ses points forts.
00:53:16 Propaganda est ce qu'il faut
00:53:18 propager. C'est l'information
00:53:20 qu'il faut propager. Et puis la
00:53:22 désinformation, c'est de tromper l'adversaire
00:53:24 sur ses intentions.
00:53:26 Techniquement, un défenseur,
00:53:28 il a tendance
00:53:30 à accentuer la propagande,
00:53:32 parce qu'il essaie de montrer combien il est fort,
00:53:34 et de mettre en avant
00:53:36 ses forces pour dissuader l'adversaire
00:53:38 de l'attaquer. Et l'attaquant
00:53:40 joue généralement
00:53:42 beaucoup plus sur la désinformation,
00:53:44 parce qu'il essaie de montrer combien il est faible,
00:53:46 combien il est incapable d'attaquer,
00:53:48 combien sa conduite est faible,
00:53:50 combien il n'a pas de missiles, combien il n'a pas d'artillerie,
00:53:52 combien il n'a pas de chars.
00:53:54 Or, vous constatez que
00:53:56 ce discours-là,
00:53:58 c'est pas les Russes qui le font, c'est LCI.
00:54:00 - Oui, tout à fait.
00:54:02 - Ce sont les
00:54:04 Occidentaux qui ont fait
00:54:06 la désinformation. C'est pour ça que je dis souvent aux Russes
00:54:08 je dis souvent aux Russes
00:54:10 "Remerciez LCI et
00:54:12 BFM TV."
00:54:14 Qui ont, en réalité,
00:54:16 montré l'image
00:54:18 d'une Russie beaucoup plus faible
00:54:20 qu'elle n'était, et probablement
00:54:22 induit le... Enfin, c'est pas
00:54:24 simplement eux, bien sûr, parce qu'il y en a bien
00:54:26 d'autres qui ont participé, mais c'est, puisqu'on est en France,
00:54:28 c'est un peu ce que
00:54:30 vous avez cité. Et d'ailleurs,
00:54:32 ça se voit dans le
00:54:34 problème des missiles. Vous voyez,
00:54:36 depuis mars
00:54:38 2022, nos médias
00:54:40 racontent que la Russie n'a plus de missiles.
00:54:42 Ils avaient déjà tiré les premiers
00:54:44 en février 2022.
00:54:46 - Ils ont même... Vous vous rappelez, pardon, je dois le dire,
00:54:48 cet épisode qui était sur LCI, où il y avait
00:54:50 un char, maquette, qu'ils ont démonté
00:54:52 et on a dit "Voyez, les Russes manquent
00:54:54 tellement de chars, qu'ils sont en train de réarmer
00:54:56 un char qui, visiblement, pour un enfant
00:54:58 de 8 ans, était une maquette."
00:55:00 - Donc,
00:55:02 on a joué avec ça.
00:55:04 La conséquence d'avoir
00:55:06 dit que les Russes n'avaient pas de missiles,
00:55:08 et vraiment, vous pouvez regarder, j'ai regardé
00:55:10 la liste depuis une année,
00:55:12 on répète constamment qu'ils n'ont plus de missiles,
00:55:14 qu'ils n'ont plus d'artillerie, qu'ils n'ont plus rien.
00:55:16 Mais ils continuent à tirer.
00:55:18 La conséquence de ça, c'est qu'on n'a
00:55:20 pas donné à l'Ukraine des missiles
00:55:22 anti-missiles. On a
00:55:24 tellement cru à notre propre
00:55:26 désinformation, qu'on a
00:55:28 finalement, on n'a pas donné
00:55:30 aux Ukrainiens ce dont ils avaient besoin.
00:55:32 Et c'est l'illustration
00:55:34 du fait qu'en réalité,
00:55:36 cette désinformation
00:55:38 que la logique
00:55:40 aurait voulu, parce que tous les...
00:55:42 C'est standard, quand vous avez
00:55:44 dans n'importe quelle guerre,
00:55:46 on l'a vu par la Deuxième Guerre mondiale, l'idée c'est de vous
00:55:48 présenter, quand vous êtes attaquant, plus faible
00:55:50 que vous ne l'êtes. - Oui.
00:55:52 - Et c'est exactement ce qu'ont fait nos médias.
00:55:54 Donc, c'est paradoxal,
00:55:56 et on pourrait dire que LCI
00:55:58 ont été les plus grands supporters
00:56:00 de Poutine en réalité.
00:56:02 - Merci monsieur Gault.
00:56:04 Très intéressant.
00:56:06 C'est vrai de ce point de vue là.
00:56:08 Je crois qu'il y avait une autre question,
00:56:10 Philippe, vous aviez
00:56:12 parlé aussi
00:56:14 de... Je ne sais pas,
00:56:16 vous aviez une question ?
00:56:18 - Éventuellement un axe
00:56:20 diplomatique.
00:56:22 - Le rôle de la Chine.
00:56:24 - Le rôle de la Chine. Alors, la Chine,
00:56:26 il faut bien comprendre que la Chine,
00:56:28 elle, d'abord elle a
00:56:30 fait une proposition
00:56:32 de médiation.
00:56:34 Je vous rappelle qu'elle avait été
00:56:36 contactée l'année passée,
00:56:38 au début de l'année passée,
00:56:40 par Zelensky lui-même.
00:56:42 Il avait contacté trois pays
00:56:44 en mars de l'année passée
00:56:46 pour jouer le rôle
00:56:48 de médiateur. Et ils avaient contacté
00:56:50 la Chine, Israël
00:56:52 et la Turquie. Qui est intéressant
00:56:54 quand même. Et finalement,
00:56:56 c'est la Turquie qui a joué ce rôle
00:56:58 de médiateur qu'elle continue à
00:57:00 entretenir d'ailleurs, d'une certaine manière.
00:57:02 La Chine était probablement inacceptable
00:57:04 pour les Américains, etc. La Turquie
00:57:06 est évidemment un membre de l'OTAN,
00:57:08 donc certainement plus acceptable.
00:57:10 Donc la Chine, elle, elle a toujours été
00:57:12 un peu sur les rangs. Ils avaient
00:57:14 de bonnes relations
00:57:16 avec l'Ukraine jusqu'à il y a très
00:57:18 peu de temps, avant que l'Ukraine commence
00:57:20 à accuser la Chine de tous les
00:57:22 maux de la Terre. Donc,
00:57:24 la Chine pourrait jouer ce rôle.
00:57:26 Le problème, c'est que
00:57:28 les Occidentaux ne veulent pas donner,
00:57:30 j'allais dire, ce plaisir
00:57:32 à la Chine d'être médiateur
00:57:34 et donc d'apporter une solution
00:57:36 au conflit. C'est un peu ça dans lequel
00:57:38 on est. Les Occidentaux
00:57:40 ne veulent pas une solution qui
00:57:42 soit favorable à la Russie et ne
00:57:44 veulent pas non plus que la Chine
00:57:46 puisse tirer les marrons du feu.
00:57:48 - Tirer les marrons du feu, exactement.
00:57:50 C'est très intéressant. On va
00:57:52 prendre une petite pause peut-être. - Oui, merci
00:57:54 beaucoup à Philippe et on se retrouve tout de suite. Vous continuez de nous appeler
00:57:56 au 0826 300 300
00:57:58 à tout de suite sur Sud Radio.
00:58:00 [Musique]
00:58:02 Ici Sud Radio
00:58:04 [Musique]
00:58:06 Les Français parlent au français
00:58:08 [Musique]
00:58:10 Je n'aime pas la blanquette de veau
00:58:12 Je n'aime pas la blanquette de veau
00:58:14 Sud Radio
00:58:16 Bercov dans tous ses états
00:58:18 Eh bien,
00:58:20 dans tous mes états, j'aimerais
00:58:22 bien être le seul à être dans tous mes états, mais
00:58:24 vous savez que ce n'est pas le cas.
00:58:26 Et dans ce livre de Jacques Baud
00:58:28 "Ukraine entre guerre et paix",
00:58:30 vous savez, tout ce qui se passe et ses enjeux, ça nous
00:58:32 concerne, ça nous impacte,
00:58:34 pas quelque chose qu'on peut dire.
00:58:36 Et justement, quand Jacques Baud
00:58:38 dit à la fin, je voudrais revenir
00:58:40 là-dessus parce qu'il l'a évoqué,
00:58:42 il dit,
00:58:44 son livre finit ainsi,
00:58:46 "Coller des étiquettes n'est qu'une
00:58:48 manière d'exclure le dialogue.
00:58:50 En l'occurrence, les diplomates occidentaux
00:58:52 auraient été bien inspirés de se pencher
00:58:54 sur la question suivante. Qu'est-ce qui
00:58:56 fait que ce conflit est plus condamnable
00:58:58 que ceux que nous avons créés auparavant ?
00:59:00 Or, à ma connaissance, aucun diplomate, journaliste
00:59:02 ou policier occidental n'a une seule fois
00:59:04 soulevé cette question, ni même tenté d'y répondre."
00:59:06 Eh bien, écoutez, on l'a commencé à la soulever,
00:59:08 tentons d'y répondre, Jacques Baud.
00:59:10 Au fond,
00:59:12 je vous avais dit, hors antenne,
00:59:14 que, est-ce que la proximité
00:59:16 jouait pas ? Parce que, incontestablement, certes,
00:59:18 il y a eu le bombardement de l'OTAN
00:59:20 et de l'Auxlavie, et on sait ce qu'il a fait
00:59:22 en 1999. Mais enfin,
00:59:24 est-ce que le fait que ça se passe
00:59:26 entre Européens,
00:59:28 entre, voilà, même la Russie,
00:59:30 quand il y a une partie de la Russie
00:59:32 qui est indubitablement européenne,
00:59:34 laissons les vicissitudes politiques
00:59:36 de côté, mais au fond,
00:59:38 est-ce que c'est plus ou moins
00:59:40 condamnable ? Parce qu'après tout,
00:59:42 le Yémen, la Libye, l'Irak,
00:59:44 tout le reste, c'est aussi
00:59:46 condamnable.
00:59:48 - Alors, il y a une différence par rapport au conflit
00:59:50 précédent, au conflit européen,
00:59:52 vous avez évoqué celui des Balkans,
00:59:54 c'est que cette fois-ci, on a la Russie.
00:59:56 Et là, quand vous regardez
00:59:58 les réactions,
01:00:00 ou
01:00:02 les réactions, ou la
01:00:04 manière de gérer les affaires de la
01:00:06 Pologne et des pays baltes, vous
01:00:08 apercevez qu'on est purement dans l'émotionnel.
01:00:10 Et quand vous regardez, finalement,
01:00:12 sur qui s'appuient
01:00:14 les Américains pour relayer
01:00:16 leur politique
01:00:18 en Europe, et bien ils utilisent le relais
01:00:20 de la Pologne et des pays baltes.
01:00:22 Et même des pays comme
01:00:24 la Hongrie
01:00:26 s'interrogent d'ailleurs sur la pertinence
01:00:28 de ce conflit, pour une bonne et simple
01:00:30 raison, c'est que la Hongrie,
01:00:32 on l'oublie bien souvent,
01:00:34 mais elle a une forte minorité,
01:00:36 enfin une forte minorité, elle a une minorité
01:00:38 magiare en Ukraine,
01:00:40 qui est d'ailleurs très mal traitée par les Ukrainiens
01:00:42 depuis 2014.
01:00:44 Et dont les droits sont
01:00:46 systématiquement bafoués. La Hongrie
01:00:48 a plusieurs reprises
01:00:50 interpellé le Conseil de l'Europe
01:00:52 pour que les droits
01:00:54 de sa minorité, ou des minorités
01:00:56 magiares en Ukraine
01:00:58 soient respectés, et c'est la raison pour laquelle
01:01:00 aujourd'hui, d'ailleurs, la Hongrie bloque
01:01:02 les sanctions, le paquet
01:01:04 de sanctions de l'Union Européenne
01:01:06 parce qu'ils disent "on veut
01:01:08 que l'Ukraine
01:01:10 prenne des..."
01:01:12 Donc il y a un aspect émotionnel.
01:01:14 - Absolument. Alors juste un mot, quand vous expliquez
01:01:16 l'extraordinaire, après, pourquoi pas,
01:01:18 c'est pas un jugement, mais
01:01:20 Oursol Lavenderien qui va
01:01:22 6 fois de suite voir Zelensky
01:01:24 à Kiev, ou en tout cas, et puis tous les autres,
01:01:26 et puis Emmanuel Macron et tous les autres,
01:01:28 et c'est presque
01:01:30 la croisade, parce que
01:01:32 on dit "oui, c'est évidemment
01:01:34 la petite Ukraine
01:01:36 démocrate qui est massacrée
01:01:38 par Liman", et là
01:01:40 tous les
01:01:42 schémas soviétiques reviennent en force,
01:01:44 voilà les salauds d'autocrates
01:01:46 qui massacrent un peuple...
01:01:48 - On est dans
01:01:50 l'irrationnel, effectivement, on a fabriqué
01:01:52 un discours auquel on s'est
01:01:54 mis à croire nous-mêmes, et c'est
01:01:56 en fait pas tout à fait nouveau
01:01:58 parce que j'ai travaillé 5 ans
01:02:00 au sein de l'OTAN, et j'ai remarqué
01:02:02 que
01:02:04 contre toute attente, ces pays
01:02:06 d'Europe de l'Est, que Rumsfeld
01:02:08 appelait la "nouvelle Europe",
01:02:10 c'est ceux qui ont le plus de poids, pratiquement,
01:02:12 quand bien même les grands
01:02:14 pays comme l'Allemagne, la France,
01:02:16 l'Italie, l'Espagne,
01:02:18 la Grande-Bretagne sont des
01:02:20 gros pourvoyeurs
01:02:22 d'officiers, n'est-ce pas, au sein de l'OTAN,
01:02:24 mais au niveau des idées,
01:02:26 au niveau de
01:02:28 l'idéologie, on pourrait dire, ce sont
01:02:30 ces pays-là qui sont porteurs du
01:02:32 discours américain, et on retrouve la même chose
01:02:34 dans l'Europe, ces gens
01:02:36 relaient le discours américain finalement
01:02:38 au sein de l'Europe. Alors,
01:02:40 c'est évidemment plus facile
01:02:42 d'être
01:02:44 contre Poutine que d'être
01:02:46 contre... parce qu'on a tellement
01:02:48 développé un discours contre lui,
01:02:50 et on est un peu prisonnier de ce
01:02:52 narratif, et c'est là où
01:02:54 je vois quelque chose de
01:02:56 pervers, c'est-à-dire que
01:02:58 peu importe ce qu'on pense de l'un ou de l'autre,
01:03:00 mais à un moment, il faut bien réaliser qu'il y a des gens
01:03:02 qui meurent quand même sur le terrain,
01:03:04 et que c'est pas
01:03:06 simplement pour punir,
01:03:08 ou pour montrer à Poutine
01:03:10 qu'il est faible, qu'on laisse
01:03:12 des gens mourir sur le champ de bataille.
01:03:14 Donc, il y a un peu une absurdité,
01:03:16 et comme le rappelait d'ailleurs l'auditeur
01:03:18 tout à l'heure, on aurait pu éviter
01:03:20 ça avant, si on avait vraiment
01:03:22 voulu éviter... - Les accords de Minsk, etc.
01:03:24 - Les accords de Minsk étaient là, précisément,
01:03:26 pour éviter que
01:03:28 Poutine intervienne. - Et il faut arrêter
01:03:30 de se battre jusqu'au dernier ukrainien.
01:03:32 Voilà, lisez le livre de Jacques Vaud,
01:03:34 parce qu'il va vous apprendre
01:03:36 beaucoup, beaucoup de choses.
01:03:38 - Merci beaucoup, chers auditeurs, d'être toujours aussi nombreux
01:03:40 à nous écouter. Merci à Jacques Vaud, ex-membre
01:03:42 des renseignements stratégiques suisses,
01:03:44 pour son dernier livre, "Ukraine entre
01:03:46 guerre et paix", aux éditions MaxMilot.
01:03:48 Tout de suite, l'émission de Bridget Lay,
01:03:50 on se retrouve après les informations. A tout de suite sur Sud Radio.