Michel de Johanne est en fait le nom de plume d’un talentueux avocat lyonnais, docteur en droit, docteur en philosophie, également muni d’une riche connaissance scientifique. Il est l’auteur de nombreux romans policiers, en grande partie inspirés d’affaires réelles, dont il eut connaissance dans les prétoires. Dans son ouvrage "La revanche de Torquatus", il utilise toutes les ressources de la langue française, du vocabulaire le plus savant jusqu’à l’argot du Milieu. Outre l’intérêt des intrigues, on est assuré en le lisant d’enrichir nos connaissances linguistiques !
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00:17 Bonjour chers téléspectateurs de TV Liberté, voici une nouvelle édition de Livres Libres,
00:23 au cours de laquelle, c'est un C'est original, dans tous les sens du terme,
00:29 je reçois un auteur de roman policier,
00:33 et monsieur Michel de Johanne, sous ce nom se dissimule l'un des plus brillants avocats que j'ai connu,
00:45 est un auteur extraordinairement prolixe, car Michel de Johanne a publié une histoire de 500,
00:55 "Mes crimes et mon surmoi", une psychanalyse de la criminalité,
01:02 "Violences policières ou les malheurs d'un socialiste", c'est tout à fait d'actualité, voici cet ouvrage,
01:12 "Eusebi et Némésis", il nous dira plus tard ce qu'il entend par là,
01:18 "Mon Luc au Congo", et le dernier ouvrage, celui qui va retenir davantage notre attention,
01:27 car c'est la dernière publication, "La revanche de Torkatus".
01:31 Alors tout d'abord cher Maître, je devrais dire cher confrère,
01:34 parce que j'ai aussi pratiqué l'honorable profession qui est la vôtre,
01:39 qui vous laisse, malgré votre travail acharné, l'éloisir d'une écriture considérable.
01:44 Comment l'idée vous est-elle venue d'écrire des romans policiers ?
01:48 – Tout simplement suite à une opération du dos où j'ai été obligé, très handicapé,
01:53 de passer mon temps à autre chose qu'à travailler normalement.
01:56 Donc je me suis mis à l'écriture, profitant des convenus d'un de mes confrères,
02:03 qui m'a donné une idée d'écrire, parce que son affaire était un peu extraordinaire,
02:10 c'est l'histoire d'une erreur judiciaire que j'ai évidemment romancée,
02:14 que j'ai dépaysée, bien entendu comme il convient, tout s'est changé,
02:19 mais son histoire méritait d'être… – D'être publiée, d'être connue.
02:23 – D'être publiée, d'être connue, et j'essaye dans mes romans,
02:27 et c'était le premier en fait, à faire comment on peut être pris dans un engrenage
02:32 et comment on peut être, se retrouver dans des situations épouvantables.
02:37 Donc comme je n'aime pas faire pleurer les foules,
02:39 je préfère les faire rire et les faire sourire, mes romans sont tous humoristiques,
02:43 enfin j'espère qu'ils sont tous humoristiques.
02:45 – Oui parce qu'il y a de la truculence absolument dans vos romans.
02:48 – Oui, il faut faire rire.
02:49 – Mais il y a aussi des aspects un peu plus ardus, permettez-moi de vous le dire,
02:53 parce que vous utilisez, contrairement, je crois que les auteurs de romans policiers,
02:58 lambda, ils écrivent sujet, verbe, complément, terminé,
03:03 en utilisant un vocabulaire de 800 mots, enfin disons 1000 ou 1200 au maximum,
03:09 de façon à être compris de tout le monde.
03:11 Vous, c'est l'inverse, vous avez un vocabulaire extrêmement recherché,
03:15 aucune racine grecque ne vous est étrangère,
03:21 vous maniez aussi bien le vocabulaire scientifique que l'argot,
03:28 dans votre roman, que l'argot des voyous du milieu, c'est tout à fait étonnant,
03:38 alors évidemment ça vous oblige à des notes en bas de page, je rassure les lecteurs,
03:43 s'ils lisent, comme je le souhaite, les ouvrages de Michel de Johanne,
03:49 ils auront le vocabulaire mais aussi des explications.
03:52 Je dirais, c'est le doyen d'une faculté où l'on enseignait 25 langues et civilisations,
04:01 et donc qui par assimilation a fini par acquérir quelques compétences linguistiques,
04:06 et qui est émerveillé, je le dis sincèrement,
04:09 de l'habileté avec laquelle vous maniez tous ces concepts.
04:13 – Oui, alors disons que j'ai fait beaucoup d'études, donc je profite.
04:20 – Oui, alors je vous interromps, excusez-moi,
04:22 pouvez-vous nous dire justement, quand même, pour nos téléspectateurs c'est intéressant,
04:28 quels sont les titres académiques que vous avez accumulés ?
04:31 – Alors j'ai un doctorat en droit, un doctorat d'État en droit,
04:34 un doctorat en lettres, plutôt orienté sur l'histoire des idées et des religions,
04:39 et j'ai fini par un doctorat de philosophie,
04:42 voilà, surtout sur les sciences humaines,
04:46 plutôt orienté sur quelque chose par rapport à l'individu.
04:53 Donc ça m'a fait beaucoup d'années, en fait j'ai fait 30 ans d'études supérieures.
04:58 – C'est ça.
04:59 – Je compte pas les DES et DOA, voilà, ça compte pas.
05:02 – Quand même, c'est des doctorats, moins la thèse,
05:05 mais vous avez en plus rédigé une thèse de faculté de lettres,
05:10 une thèse de faculté de droit, une thèse de philosophie,
05:13 c'est tout à fait remarquable.
05:15 – Donc ça m'a permis d'embrasser beaucoup de choses,
05:17 et je veux en faire profiter les autres,
05:19 c'est-à-dire que mes romans policiers ne sont pas un simple récit,
05:23 le récit à la base il existe, il a existé, il est largement relancé,
05:28 je fais passer un message, et il faut savoir lire entre les lignes,
05:31 alors j'aide le lecteur avec des bas de page
05:34 pour qu'il puisse s'orienter dans la réflexion,
05:38 en dehors de l'histoire du récit, il y a toujours ma volonté
05:42 de faire passer un thème de réflexion,
05:44 à la fois sur un sujet donné et sur un sujet d'actualité,
05:48 parce que l'actu est-il tellement riche aujourd'hui,
05:50 qu'on serait dommage de…
05:51 – Ah oui, vous m'aviez dit, évidemment, ce sont des romans à clé,
05:54 j'ai cru comprendre que j'ai trouvé des ressemblances criantes
06:00 entre par exemple Pinius et notre actuel président de la République,
06:05 par exemple, entre autres, peut-être, peut-être.
06:09 – En fait, il faut bien comprendre que moi je ne suis que la plume,
06:13 ce sont les personnages qui me font tenir la plume,
06:19 moi je ne suis absolument pour rien,
06:21 donc si ces personnages sont érudits, autant que j'en fasse profiter le lecteur,
06:27 je ne suis absolument pour rien.
06:29 Il peut y avoir des… mais c'est vraiment le hasard,
06:33 c'est vraiment le hasard, je ne suis absolument pas…
06:35 – Comment celui-là ?
06:36 – Je ne suis absolument pas resté dans ça.
06:37 – Je crois que vos personnages vous habitent certainement,
06:40 et alors ce qui est intéressant aussi, c'est qu'en tête de chacun,
06:45 je prends mes lunettes, excusez-moi, nous connaissons, vous et moi quand même,
06:50 commençons à connaître les ravages de l'âge,
06:53 bon, en tête par exemple de chacun de vos chapitres,
06:56 il y a une citation qui est fort intéressante,
07:00 par exemple là au hasard, je vois une citation de Lucien de Samosat,
07:06 voilà, tirée de son ouvrage,
07:12 qu'il ne faut pas croire légèrement à la délation,
07:15 mais tel autre chapitre, par exemple là, Stanislas de Haine,
07:19 qui a écrit sur la Bosnémat, je ne connaissais pas, j'avoue, cet auteur,
07:24 une autre, voilà, René Char, mais qu'est-ce qu'un révolté monsieur,
07:30 quand un homme est broyé et qu'il se tait, c'est un individu normal,
07:34 s'il proteste et réclame son droit, c'est un révolutionnaire,
07:39 c'est tout à fait d'actualité, et alors vous accumulez les citations comme ça,
07:44 c'est Rabelais, c'est Kant, Kierkegaard, enfin c'est tout à fait étonnant.
07:53 – Oui, alors c'est vrai que j'ai la chance d'avoir une très belle bibliothèque,
07:58 et je dis toujours à mes amis, je les ai tous lus, à part les dictionnaires,
08:03 et j'ai la chance d'avoir le dictionnaire Trévoux,
08:06 donc les premiers dictionnaires, vraiment les premiers dictionnaires français,
08:10 donc c'est des régales de science, c'est des régales de documentation
08:14 et de réflexion sur le passé, le passé m'intéresse un peu comme historien,
08:19 et puis l'actualité, évidemment, elle nous intéresse tous,
08:23 parce que nous vivons avec, et je crois que le passé explique le présent,
08:29 le présent nous laisse deviner l'avenir, donc tous mes romans,
08:33 c'est un encouragement à réfléchir sur notre avenir, sur notre vie,
08:39 et sur nos fautes, sur nos erreurs.
08:42 – Oui bien sûr, et je sais s'il y en a.
08:45 Alors là, pour être un peu plus précis sur cet ouvrage,
08:50 le dernier que vous avez publié, "La revanche de Thorcatus",
08:54 alors Thorcatus c'est celui qui a un collier, n'est-ce pas ?
08:59 – Voilà.
09:00 – Bon, est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus
09:02 sur l'esprit général de ce livre ?
09:05 – Alors en deux mots, Thorcatus c'est un personnage qui existait,
09:08 c'était un romain, donc les romains avaient trois noms,
09:11 le nom, le prénom et le surnom, donc…
09:13 – Voilà, le cognomène, le nomène, le cognomène, j'ai appris ça au lycée.
09:19 – Voilà, donc je l'explique aussi dans mes romans,
09:21 toutes les fois je donne une explication pour que les gens ne soient pas surpris,
09:24 ce personnage existait, c'était un romain,
09:26 et il a eu la mauvaise idée de tuer un gaulois.
09:29 – Oui, c'est pas bien, ça se faisait beaucoup à l'époque.
09:33 – Ça se faisait beaucoup à l'époque, enfin les gens se tripaient,
09:36 enfin on a l'impression que ça continue, pour dire la vérité,
09:39 donc il avait tué ce pauvre gaulois et il avait pris sa torque,
09:44 donc il avait pris le surnom de Thorcatus.
09:47 – D'accord.
09:48 – Donc voilà l'histoire de Thorcatus, évidemment c'est un symbole,
09:52 le symbole c'est Saint-Michel, c'est Saint-Michel qui,
09:56 alors là c'est une erreur du graphiste, il a dirigé sa lance sur Bruxelles,
10:00 je ne sais pas pourquoi.
10:01 – Ah oui, oui, on voit effectivement, Saint-Michel-Terrassant,
10:07 c'est pas de ma faute.
10:08 – Le dragon, et en fait, admirable statut de Saint-Michel,
10:13 et sa lance, et sa lance, on voit, oui, il y a une carte de l'Europe,
10:18 – Il y a une carte de l'Europe.
10:19 – Et la pointe de la lance, ça tombe sur Bruxelles.
10:23 – C'est le graphiste.
10:24 – C'est pas vous ?
10:25 – Non, M. Grich, je vous assure que c'est le graphiste,
10:28 bon, je ne voulais pas lui faire un procès, ce n'est pas mon genre,
10:31 non, non, je ne voulais pas mettre dans l'embarras un artisan,
10:34 un jeune artisan qui venait de démarrer, non, ça aurait été indélicat de ne pas.
10:38 – Je vois que…
10:39 – C'est un symbole.
10:40 – Votre sens de l'humour, bon, perce, y compris à l'occasion de cette interview.
10:48 Alors, et là, plus sérieusement, dans votre livre, de quoi est-ce le symbole ?
10:55 – Alors, c'est un symbole…
10:56 – Qui sont les Torcatus, j'ai cru comprendre que Torcatus, ils étaient les Ginons.
11:01 – Il y a eu un renversement, finalement, Torcatus, en fait, c'est quoi ?
11:05 C'est un symbole contre l'impérialisme, en espèce, c'est l'impérialisme financier,
11:11 donc c'est l'impérialisme qui nous domine, qui nous domine tous les jours,
11:15 à travers le numérique qui nous pollue la vie, pour ne pas dire autre chose.
11:19 – Tout à fait, tout à fait, je viens encore d'en avoir…
11:21 j'ai cru prendre une crise de nerfs en essayant de remplir
11:24 un formulaire administratif d'une page auprès de Pôle emploi, oui.
11:28 – En fait, avant, ça durait deux minutes, on postait le courrier éventuellement,
11:32 et là, c'est des heures, des fois…
11:36 – Quel est votre identifiant, quel est votre mot de passe,
11:38 non, votre mot de passe n'est plus valable…
11:40 – C'est infernal, c'est infernal, donc on nous pourrit la vie,
11:43 pardonnez-moi l'expression, et je ne comprends pas que les gens soient aussi sidérés.
11:47 Le problème, et là, c'est l'avocat…
11:49 – C'est vrai que les gens sont très passifs face à ce type de dictature.
11:51 – Ils sont passifs, c'est une dictature, et moi, je constate une chose,
11:54 c'est qu'il m'arrive parfois, comme avocat, de voir des gens qui viennent vers moi,
11:58 je dis "mais vous vous rendez compte de ce qui m'arrive ?
12:02 J'ai affaire à une banque, j'ai affaire à une compagnie d'assurance,
12:04 j'ai affaire à une administration, je suis dans mes droits,
12:07 je crois être dans mes droits, parce que tout est plus compliqué,
12:10 de plus en plus compliqué, et j'essaie de communiquer,
12:13 je ne peux pas communiquer.
12:15 – On n'a plus d'interlocuteur aujourd'hui, c'est taper un, taper deux, taper trois,
12:19 aller sur notre site, etc.
12:22 – Donc, il n'y a pas si longtemps, j'avais eu une personne
12:26 qui se plaignait aussi, pour n'importe l'histoire, de ce genre de difficultés,
12:31 et je lui dis "mais qu'est-ce que vous faites, monsieur, dans la vie ?"
12:34 Et il me dit "je suis inspecteur de l'URSSAF".
12:38 – Oui.
12:39 – Oh, j'étais content, enfin je n'étais pas content pour ces malheurs,
12:42 parce que j'étais payé pour les régler, mais je lui dis "mais comment vous faites, vous,
12:47 vis-à-vis des gens, du pauvre artisan, qui se plaint de ne pas pouvoir
12:51 discuter avec vous ?" Eh bien, il a été honnête, il m'a dit "oui, vous avez raison".
12:59 Donc en fait, il appliquait aux autres ce qu'il reprochait à d'autres.
13:05 Donc, c'est un sujet de réflexion, finalement, on est tous coupables par passivité.
13:11 Et cette passivité, des fois, elle s'exprime dans une agressivité.
13:16 C'est un peu ce qui se passe aujourd'hui.
13:18 Bien sûr, je ne suis pas pour la violence, personne n'est pour la violence, à priori,
13:22 mais je pense que des fois, les gens ont des raisons de s'inquiéter.
13:28 Je viens, en arrivant ici, je suis passé par la rue du Bac.
13:34 Rue du Bac, il y avait 30 personnes avec un drapeau rouge de la CGT,
13:41 qui hurlaient je ne sais pas quoi, je n'ai pas entendu, ça m'a amusé,
13:45 mais ils n'étaient peut-être pas 50, ils n'étaient peut-être que 35, 40.
13:50 Et à côté, il y avait peut-être, je n'exagère pas, 50 véhicules de CRS.
13:56 On a tous connu dans notre jeunesse des manifestations d'étudiants,
14:01 des manifestations de travailleurs, des manifestations de tout et de n'importe quoi,
14:04 où il y avait des gens qui rouspétaient, et après tout, ils ont le droit de rouspéter,
14:07 tout le monde a le droit de rouspéter.
14:10 Mais il y avait à 200 mètres, deux gardiens de la paix,
14:13 qui regardaient sans broncher, et tout se passait bien.
14:16 En fait, on donne des...
14:18 – Ça n'a pas toujours été le cas, excusez-moi, en 68.
14:21 Moi, j'ai fait mes études à Nanterre.
14:24 – Oui, alors en 68, la faculté de Lyon était dans un triste état.
14:28 – Aussi, à Lyon, ça a été très violent.
14:30 – Ça a été très violent puisque le commissaire...
14:32 – Ça a été jusqu'à la mort d'un commissaire de police.
14:34 – Voilà, le commissaire Lacroix, j'en parle dans un de mes romans,
14:37 parce qu'il n'y a pas de plaque commémorative
14:42 de la mort sur le pont Lafayette du commissaire Lacroix.
14:45 – Ah, c'est vrai qu'il devrait y en avoir eu une.
14:47 – Voilà, donc j'en parle dans mes romans pour dire que,
14:49 dans "Violences policières", je dis, voilà, on ne parle pas de ce commissaire
14:53 qui a été écrasé par un camion.
14:55 – Par un camion, qui a été lancé sur lui.
14:57 – On l'a lancé sur lui, et il a été écrasé contre un réverbère, et il est mort.
15:02 Alors, je ne vous dis pas, parce que moi, j'étais dans la réserve de la gendarmerie.
15:06 Mais je ne vous dis pas ce qui s'est passé par la suite.
15:10 Ça a été excessivement violent.
15:13 Donc ça, ça nous ramène au mois de mai 68 à Lyon, effectivement.
15:16 Il y a eu, on ne pouvait pas éviter…
15:18 – Bon, on va quitter 68 et revenir à l'instant de Torkatus.
15:22 Les personnes que vous dites, parce que là, apparemment, dans ce roman,
15:29 il y a toute une série de victimes, il y a beaucoup de Torkatus.
15:35 Si on considère que Torkatus, ce sont des victimes.
15:38 – Ce sont des victimes, bien sûr.
15:39 – Alors là, il y en a beaucoup.
15:41 Vous racontez une histoire, et je crois pouvoir dire,
15:44 sans vous contraindre à violer le secret professionnel…
15:47 – Non, non, ce sont des histoires qui ont existé.
15:49 – Ce sont des histoires qui ont existé.
15:51 Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur l'histoire qui a…
15:55 – L'histoire en elle-même, c'est…
15:58 Les victimes ont été des médecins.
16:01 Le médecin, ce n'est pas tellement un homme d'affaires,
16:04 ce n'est pas tellement…
16:05 C'est un homme qui travaille dans la confiance,
16:07 parce qu'on a confiance en lui,
16:08 donc il renvoie systématiquement son confiance,
16:10 c'est à peu près sa façon d'agir et de raisonner.
16:12 Et beaucoup de médecins ont été victimes d'une escroquerie à une échelle énorme.
16:17 Et aujourd'hui, quand on connaît le dossier, on peut en parler comme ça,
16:23 mais je ne veux pas rentrer dans le détail du dossier.
16:26 Ce que je peux dire, c'est qu'il y en a qui se sont bien sorcis.
16:29 Et l'argent, il ne s'est pas évaporé pour tout le monde.
16:33 Ah oui, mais il y en a qui s'en sont bien sortis,
16:36 parmi ceux qui ont été escroqués, contribués à cette escroquerie.
16:39 Oui, évidemment, évidemment.
16:41 Il y avait des banquiers, il y avait des notaires.
16:46 Il y avait des banquiers, il y avait des notaires, il y avait beaucoup de gens.
16:49 Le maximum qu'un notaire ait été condamné dans un véritable affaire,
16:53 est-ce qu'on peut citer le nom de cette affaire ?
16:54 Ah non, on ne peut pas, non, on ne peut pas.
16:56 Laissons les gens rêver.
16:59 Mais alors, moi, ça m'intéressait, parce que j'ai vu la spoliation de ces...
17:07 Ça a été dans la réalité des centaines, des centaines, des centaines
17:11 de médecins, de chirurgiens dentistes, pharmaciens, etc.
17:16 Plutôt des professions de santé en général, mais pas seulement.
17:20 Et on leur a tenu un discours que moi, j'ai entendu souvent,
17:26 à savoir "Vous avez quelques économies, et bien écoutez,
17:30 voilà un placement mirifique dans l'immobilier, vous n'aurez à vous occuper de rien.
17:35 Le bien que vous achèterez, d'ailleurs on ne sait pas très bien si...
17:41 C'est pas fondu dans un ensemble où il est difficile de discerner
17:49 exactement ce que vous avez acheté, et bien il sera loué,
17:53 il sera loué par nos soins, etc."
17:56 Mais c'est un discours que moi, ça m'a amusé,
17:59 parce que c'est un discours que j'ai entendu assez souvent
18:03 de gens qui s'intéressaient à des économies fort modestes, je dois dire.
18:07 – On a eu la même affaire en 90 avec la loi Ponce
18:11 pour les investissements en Outre-mer, et il y a eu le même nombre de victimes,
18:15 que ce soit des achats...
18:17 – Ah oui, parce que les investissements en Outre-mer
18:19 étaient soi-disant défiscalisés.
18:21 – Mais on se demande des fois si on ne prépare pas la magouille avant la loi.
18:27 – Ah oui.
18:28 – Des fois je me pose la question.
18:30 – Ah oui, parce que...
18:31 – Oui parce qu'il faut être prêt pour démarrer,
18:33 il faut être prêt pour démarrer, pour préparer l'arnaque.
18:35 – Moi j'ai connu une arnaque semblable,
18:37 c'est voilà, je vois une annonce qui paraît sur mon téléphone,
18:42 après les articles du journal "Le Point",
18:48 parce que je recevais sur mon téléphone,
18:50 donc ça paraît une annonce sérieuse, etc.
18:52 Si vous avez un petit peu d'argent à mettre de côté,
18:55 plutôt que de le laisser dormir, etc.
18:57 Alors j'en remplis, pourquoi pas,
18:59 on me dit un rendement intéressant, etc.
19:04 C'est une société soi-disant UCM Limited,
19:08 bon UCM, soit-disant un fonds qui allait des milliards,
19:13 qui avait son siège à Londres, etc.
19:17 Et quand on va sur le site,
19:19 on voit un certain nombre de personnes physiques qui existent,
19:22 c'était des usurpations d'identité.
19:24 – Oui.
19:25 – Et on me propose un placement mirabolant,
19:29 c'est-à-dire d'acheter un ou deux parkings
19:32 à l'aéroport de Salzbourg ou à l'aéroport de Lisbonne.
19:35 Je dis, écoutez, je veux bien, mais je voudrais voir,
19:38 il paraît que ça rapporte beaucoup, je voudrais voir les plans,
19:41 et puis tout ça, j'ai demandé à voir,
19:45 j'ai demandé à avoir un interlocuteur physiquement,
19:48 bon, et tout ça était une gigantesque escroquerie.
19:51 – Escroquerie.
19:52 – Mais en attendant, alors moi, je l'ai dénoncé au parquet,
19:56 qui s'est empressé de classer l'affaire,
19:59 en disant, ben les coupables ne peuvent pas être identifiés,
20:02 et puis comme on m'a dit, de toute façon, vous,
20:04 vous n'avez subi aucun préjudice,
20:06 puisque vous n'êtes pas tombé dans le panneau,
20:08 mais il y a des quantités de personnes âgées,
20:10 – Oui.
20:11 – Qui ont vu leurs maigres économies détruites par ces escrocs.
20:19 – Oui, alors les parquets classent très rapidement,
20:23 très rapidement, et beaucoup d'affaires.
20:25 On a l'impression vraiment qu'à la fois, ils sont débordés,
20:28 il faut le reconnaître, les parquets sont débordés,
20:30 – Oui, sans doute, sans doute.
20:31 – Les policiers sont débordés, il faut le dire,
20:34 mais parfois on a l'impression qu'ils ont eux-mêmes des objectifs,
20:40 de la statistique qui est dans l'air du temps.
20:43 Donc ça, j'en fais allusion, mais ce n'est pas pour critiquer les magistrats,
20:47 c'est pour rappeler ce qui est, ni plus ni moins.
20:50 – Oui, oui, alors là, ils veulent prendre leur revanche,
20:56 mais finalement, quand on vous lit, on reste peut-être un petit peu sur sa faim,
21:01 parce qu'ont-ils vraiment réussi à prendre leur revanche ?
21:04 Je ne veux pas révéler…
21:06 – Non, il ne faut rien dire.
21:08 – … la teneur du livre, mais est-il possible, dans la réalité,
21:15 quand on est confronté à ce genre de situation, de prendre sa revanche ?
21:20 Est-il moral de le faire ?
21:22 Parce que, voilà, il y a des médecins, dans votre livre, on peut le dire,
21:27 mais en fait, c'est un médecin ruiné qui se dit qu'il aimerait bien se venger,
21:34 soit du conseiller mirifique, soit de monsieur, vous l'appelez monsieur Bob Archer ?
21:40 – Oui, Bob Archer, c'est le Bobard Kécher.
21:43 – C'est le Bobard Kécher, comme on l'a bien compris,
21:45 parce que Bob Archer, qui est l'un des manitous de cette arnaque,
21:51 ou du banquier qui connaissait parfaitement la situation délicate de la société en question,
21:58 mais qui était quand même bien content d'accorder des prêts,
22:01 ou du notaire qui n'a pas fait les vérifications qu'il devait,
22:06 ou qui a même émis des faux, voilà.
22:08 Est-ce que, dans la réalité, vous avez connu des gens qui arrivent à obtenir…
22:15 – Satisfaction.
22:17 – Satisfaction. Par les voies légales ou autrement ?
22:21 – Alors, par les voies légales, c'est très difficile.
22:24 Les autres voies, c'est le roman qui peut s'interpréter, bien évidemment.
22:32 Une chose est sûre, c'est que j'essaye de faire de la philosophie dans tous mes romans.
22:38 Et j'essaye de faire réfléchir en rappelant que la vie c'est un boomerang,
22:43 il y a toujours un choc en retour.
22:45 – Oui, c'est ce que disent toutes les grandes sagesses,
22:49 et notamment le bouddhisme qui explique que vous êtes déterminé par votre karma,
22:55 par vos bonnes et vos mauvaises actions.
22:57 – Donc mes romans tournent toujours autour de la prédestination.
23:01 C'est un sujet récurrent chez moi, parce que j'ai longtemps réfléchi sur ce sujet.
23:06 Et donc j'exprime mes opinions, mais par philosophe interposé,
23:10 bien entendu, moi je suis responsable de rien.
23:12 – Oui, par philosophe interposé.
23:16 Alors vous avez du Diderot, vous avez du Kierkegaard, vous avez…
23:20 – J'ai tout, j'ai tout, j'ai tout, j'ai du Bouddhisme, j'ai de la philosophie.
23:24 – Mais là dans ce livre plus précisément.
23:27 – Je crois que je mets vertu à tout mettre, j'en mets le maximum,
23:31 pour que le lecteur réfléchisse et se précipite chez un libraire
23:35 pour acheter des bonnes sources et pas des mangas.
23:38 J'ai rien contre les mangas évidemment, pour les garçons de 12 à 14 ans.
23:42 – Oui, oui, oui, moi oui, c'est ça, même je trouve que,
23:46 même déjà à 14 ans on peut s'intéresser à autre chose.
23:48 – On peut s'intéresser à autre chose, je vais dire bien d'accord.
23:50 – Même à 12, même à 12.
23:51 – On peut leur pardonner jusqu'à 12 ans.
23:52 – Pourtant je suis japonisant, je sais à quel point les mangas
23:56 concourtent aujourd'hui au rayonnement de la culture japonaise,
24:02 mais très sincèrement ce n'est pas ce que je préfère dans la culture japonaise.
24:06 J'espère ne pas choquer les téléspectateurs.
24:09 – Non, non, parce qu'il faut faire très attention à ce qu'on dit.
24:11 – Alors moi je suis un peu courtisan avec les dames
24:16 et je mets toujours en avant leur curiosité de savoir.
24:21 Je le constate.
24:23 – Et là parmi Votor Catus c'est une femme qui est parmi les plus actives.
24:26 – Oui, oui, elle est plus active, elle est curieuse,
24:28 elle veut savoir, elle fait ce qu'il faut.
24:30 – Elle veut se venger.
24:32 – Elle veut se venger, elle est très déterminée,
24:34 donc forcément il se passe des choses, mais je ne peux pas tout raconter.
24:38 – Non, sinon il n'y aurait plus d'intérêt.
24:41 – Bien sûr.
24:43 – Bon, cher maître, cher confrère,
24:48 quel enseignement finalement tiré de vos ouvrages et notamment de celui-ci ?
24:57 – Alors la suite arrivera l'année prochaine, au printemps sans doute,
25:02 il sera pire encore certainement.
25:04 Il est déjà commencé, il se mûrit au fil de l'actualité
25:10 parce que c'est tellement riche que…
25:12 – Oui, vous avez, je dois dire, certains passages sur le féminisme,
25:17 sur l'écologie, sur la mode qui consiste à rétrécir les trottoirs,
25:23 à faire en sorte que le grand nombre d'automobilistes
25:29 dont j'ai été se prennent, éclatent leurs pneus,
25:38 ou des stops que l'on met n'importe où dans le seul but de ralentir la circulation.
25:44 – C'est fait exprès.
25:45 – Pas du tout, oui, oui.
25:46 – C'est fait exprès ?
25:47 – Oui, vous avez des phrases définitives sur ce sujet important.
25:51 – Ah définitives, quand je vois que dans une ville comme Lyon,
25:54 que je connais à peine, on a bouché des trémies.
25:59 – C'est incroyable, c'est incroyable.
26:01 – C'était un non-sens des Français.
26:03 – On a organisé délibérément les embouteillages.
26:06 – Et de la pollution, et de la pollution.
26:08 – Et c'est une mairie écologiste qui l'a fait, oui, oui.
26:11 – Non, non, c'était pas la mairie écologiste, c'était la mairie antérieure.
26:14 – Ah oui, la mairie antérieure, c'était M. Gérard Collomb.
26:17 – Et oui, il avait préparé le terrain aux écologistes,
26:19 ils se sont engouffrés dans la brèche, mais pas dans la trémie,
26:22 parce qu'elle n'existe plus.
26:24 – Pardon ?
26:25 – Pas dans la trémie, ils sont dans la brèche, mais pas dans la trémie.
26:27 – Oui, oui, oui, pas dans la trémie, il n'y a plus de trémie.
26:29 – Il n'y a plus de trémie.
26:30 – Non mais on circulait facilement à Lyon.
26:32 – Facilement.
26:33 – Et on allait de Lyon du sud au nord très rapidement et inversement.
26:37 – Voilà, donc j'ai quitté…
26:38 – Que ce soit par l'autoroute, que ce soit par le bord trémie,
26:43 entre les boulevards…
26:44 – Absolument, on ne le plus, on ne le plus, Bordeaux c'est pareil,
26:46 Paris, n'en parlons pas.
26:47 – Oui, c'est hors concours.
26:49 – Donc on est dans une sorte de jeu qui fait le plus pour, enfin pour ou contre ?
26:55 – Eh bien à l'occasion de ce roman policier,
26:58 vous exprimez avec beaucoup d'humour la voix du bon sens.
27:02 Je vous en remercie, je rappelle que je recevais Michel Dejohan
27:06 pour son dernier ouvrage, "La revanche de Torkatus".
27:10 – Merci Bruno.
27:12 [Générique]