La Première République ? C’est la Révolution, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, la Terreur, les guerres contre l’Europe, tout le monde sait ça ! La Troisième République ? Assez facile aussi : il y a la séparation des Églises et de l’État, l’affaire Dreyfus, et puis la Première Guerre mondiale, bien sûr. Mais la Deuxième République ? Alors là…comme elle a duré à peine 4 ans, on est nombreux à ne pas très bien la connaître. Ou alors si : on sait que très vite son président Louis-Napoléon l’a transformé en Empire, pour devenir Napoléon III. Mais n’allons pas trop vite : ce kidnapping politique, nous aurons l’occasion d’en parler dans une deuxième vidéo. Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est plutôt les origines de cette république : vous allez découvrir que cette toute petite période de notre histoire est en fait assez intéressante !
Écriture : Benjamin Brillaud et Antoine Resche / Histony
Retrouvez la chaîne d'Histony juste ici : https://www.youtube.com/c/Histony
Montage : Dead Will / Wilfried Kaiser https://www.youtube.com/c/DEADWILL
————————————————————————————————————————————
➤➤➤ Sources en fin de description
————————————————————————————————————————————
Découvrez ma boutique en ligne
➜ https://nota-bene.creator-spring.com/
————————————————————————————————————————————
Vous pouvez acheter mes ouvrages ici
➜ https://www.notabenemovies.com/ouvrages/
————————————————————————————————————————————
Rejoignez-moi sur les réseaux !
➜ Nota Bene : https://www.youtube.com/@notabenemovies
➜ Nota Bonus : https://www.youtube.com/@NotaBonus
➜ Twitch : https://www.twitch.tv/notabenemovies
➜ Facebook : http://facebook.com/notabenemovies
➜ Twitter : https://twitter.com/NotaBeneMovies
➜ Instagram : https://www.instagram.com/notabenemovies
➜ TikTok : https://www.tiktok.com/@notabenemovies
➜ Snapchat : https://t.snapchat.com/NV73QSxl
➜ Tipeee : https://www.tipeee.com/nota-bene
➜ Site internet : https://www.notabenemovies.com/
➜ Podcast : https://www.notabenemovies.com/podcasts/
————————————————————————————————————————————
➤➤➤ Pour en savoir plus :
————————————————————————————————————————————
https://docs.google.com/document/d/1OADo8cUTd4k4voLOUSnIOdlw2HYih35yxo058ZYj9j4/edit?usp=sharing
Écriture : Benjamin Brillaud et Antoine Resche / Histony
Retrouvez la chaîne d'Histony juste ici : https://www.youtube.com/c/Histony
Montage : Dead Will / Wilfried Kaiser https://www.youtube.com/c/DEADWILL
————————————————————————————————————————————
➤➤➤ Sources en fin de description
————————————————————————————————————————————
Découvrez ma boutique en ligne
➜ https://nota-bene.creator-spring.com/
————————————————————————————————————————————
Vous pouvez acheter mes ouvrages ici
➜ https://www.notabenemovies.com/ouvrages/
————————————————————————————————————————————
Rejoignez-moi sur les réseaux !
➜ Nota Bene : https://www.youtube.com/@notabenemovies
➜ Nota Bonus : https://www.youtube.com/@NotaBonus
➜ Twitch : https://www.twitch.tv/notabenemovies
➜ Facebook : http://facebook.com/notabenemovies
➜ Twitter : https://twitter.com/NotaBeneMovies
➜ Instagram : https://www.instagram.com/notabenemovies
➜ TikTok : https://www.tiktok.com/@notabenemovies
➜ Snapchat : https://t.snapchat.com/NV73QSxl
➜ Tipeee : https://www.tipeee.com/nota-bene
➜ Site internet : https://www.notabenemovies.com/
➜ Podcast : https://www.notabenemovies.com/podcasts/
————————————————————————————————————————————
➤➤➤ Pour en savoir plus :
————————————————————————————————————————————
https://docs.google.com/document/d/1OADo8cUTd4k4voLOUSnIOdlw2HYih35yxo058ZYj9j4/edit?usp=sharing
Category
📚
ÉducationTranscription
00:00 Mes chers camarades, bien le bonjour !
00:02 La première république, c'est la révolution, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
00:06 la terreur, les guerres contre toute l'Europe, et tout le monde sait ça.
00:10 La troisième république, c'est assez facile aussi.
00:13 Il y a séparation des églises et de l'État, il y a l'affaire Dreyfus,
00:18 et puis il y a la première guerre mondiale, bien sûr.
00:20 Mais la deuxième république, alors là, comme elle a duré à peine quatre ans,
00:26 on n'est pas nombreux à très bien la connaître.
00:29 Ou alors si, on sait que très vite son président, Louis-Napoléon,
00:32 l'a transformée en empire pour devenir Napoléon III.
00:35 On ne va pas aller trop vite.
00:36 Ce kidnapping politique, on aura l'occasion d'en reparler dans une deuxième vidéo.
00:40 Ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est plutôt les origines de cette république,
00:44 qui, avant Bonaparte, a été une vraie république,
00:47 avec une vraie révolution qui a amené son lot de réformes, d'espoirs et évidemment de déceptions.
00:54 Vous allez découvrir que cette toute petite période de notre histoire,
00:57 elle est en fait assez intéressante.
00:59 On commence au début du XIXe siècle.
01:11 La France se modernise à toute vitesse, mais la royauté est de retour au pouvoir.
01:16 Après Louis XVIII et Charles X, en 1830, Louis-Philippe monte sur le trône.
01:21 C'est la monarchie de Juillet,
01:23 une sorte de synthèse entre la monarchie conservatrice et la révolution plus libérale.
01:29 On obtient un régime tip-top pour la bourgeoisie.
01:32 Les notables peuvent profiter de la libre circulation des idées et des affaires,
01:36 et en plus, le vote est réservé aux plus riches.
01:39 C'est le suffrage censitaire, limité aux 250 000 personnes les plus fortunées.
01:44 Le ministre François Guizot résume plutôt bien le truc et il dit
01:47 "Enrichissez-vous et vous deviendrez électeur".
01:50 Ben ouais, il ne manquerait plus que ça, de donner une voix aux pauvres.
01:54 Mais c'est l'homme de la situation.
01:56 Dès 1840, une grave crise économique frappait tout le pays,
01:59 et Guizot parvenait à s'imposer.
02:01 Il faut dire que le pays souffre, car la crise est comme lui, entre deux époques.
02:06 D'un côté, c'est une crise à l'ancienne, presque médiévale.
02:10 On a eu de mauvaises récoltes.
02:12 La production est insuffisante, les prix montent, les gens ont faim et des émeutes surviennent.
02:16 Mais d'un autre côté, la crise est aussi moderne,
02:19 parce qu'elle s'élargit à tous les secteurs, elle frappe tout le monde.
02:23 Comme on ne dépense plus que pour se nourrir, l'artisanat et l'industrie sont à l'arrêt.
02:28 Là, le chômage explose, ce qui fait que l'économie souffre encore plus.
02:33 C'est l'effet boule de neige, et comme si ce n'était pas suffisant,
02:36 la crise économique, déjà super balèze, a une copine qui vient en renfort, la crise politique.
02:42 Et ces deux-là vont super bien s'entendre.
02:44 Cette crise-là n'est à partir de presque rien.
02:46 Comme on l'a dit, par les temps qui courent, tout le monde est assez conservateur.
02:51 Même la gauche ne remet pas en question ni le régime, ni Louis-Philippe, ni le suffrage sans hitaire.
02:57 Non, certains décidents réclament seulement d'élargir un peu ce suffrage, d'ajouter quelques électeurs.
03:03 Franchement, c'est trois fois rien.
03:05 Guizot se braque à mort.
03:08 Mais vraiment, le gars se transforme en mur de béton, il tolère zéro opposition.
03:13 Sauf que la monarchie du Vieil est déjà un régime assez autoritaire.
03:17 Toutes les réunions politiques sont interdites.
03:19 Pour tout opposant, et pour les partisans d'un suffrage élargi en particulier,
03:23 c'est quasi impossible de diffuser des idées ou de faire pression sur le pouvoir.
03:27 Début 1847, la bande de l'avocat Odillon Barrault trouve donc un moyen détourné de partager massivement ses opinions.
03:35 Il suffit d'organiser de grands banquets réunissant parfois des centaines de personnes.
03:40 Au milieu de la picole et de la boostify, on fait des toasts, des discours.
03:44 À forte connotation politique, bien sûr.
03:47 "Monsieur l'agent, attendez, c'était juste une raclette géante, c'est pour ça qu'on est 400, c'est juste des potes en fait.
03:54 Le gros tas de pognon, c'est juste le pot commun, c'est pour le dessert."
03:56 On boit ainsi, par exemple, à la réforme électorale.
04:00 Et bien vite, les plus républicains osent des toasts bien plus radicaux.
04:04 À l'égalité, à la fin de la corruption, au suffrage universel !
04:10 On commence à entendre ici et là le mot "révolution".
04:13 Ces banquets s'essoufflent et le gouvernement est resté inflexible.
04:17 Mais la graine est plantée, prête à germer.
04:21 Le banquet qui met le feu aux poudres est celui du 22 février 1848 à Paris.
04:25 Les autorités l'ont fait interdire, mais les radicaux insistent.
04:29 Le jour J, on menace d'envoyer l'armée et la garde nationale.
04:33 Barrault se retire, mais à la place s'organise une manifestation.
04:37 Ou plutôt, une émeute.
04:39 Des armureries sont pillées, des barricades érigées et la garde nationale, prudente,
04:44 préfère ne pas intervenir.
04:45 Un banquet qui vire à l'émeute.
04:48 On a tous connu une soirée qui tourne mal.
04:50 Mais là, je crois que personne ne peut rivaliser.
04:53 Ou alors, racontez-moi ça en commentaire, je fais directement un épisode dessus.
04:57 Dès le lendemain, de nouvelles barricades apparaissent en plus grand nombre.
05:01 De nombreuses femmes prennent activement part aux affrontements.
05:03 Le roi exige la démission de Guizot pour calmer un peu la foule.
05:07 Des explosions de joie ont lieu dans les rues, mais le mouvement se poursuit et dans la nuit
05:11 du 23 au 24, des coups de feu partent.
05:14 Encore aujourd'hui, on ne sait pas vraiment ce qui s'est passé.
05:17 Mais des émeutiers meurent.
05:20 Aussitôt, leurs cadavres sont promenés en chariot dans tout Paris, exhibés comme des
05:25 martyrs.
05:26 Toute la nuit, chaque point d'insurrection est visité.
05:28 Le ralliement est total.
05:30 L'insurrection est légitime, elle doit continuer, coûte que coûte.
05:35 Le 24 février, le palais des Tuileries, résidence du roi, est encerclé de barricades.
05:40 Après Guizot, Odilio Barro pourrait très bien fonder son propre ministère.
05:45 Mais patatras, c'est carrément le régime qui s'effondre.
05:49 Louis-Philippe abdique d'abord en faveur de son petit-fils de 9 ans, Philippe d'Orléans.
05:54 La mère de l'enfant, Hélène de Mecklenburg, le conduit vite à la chambre des députés
05:59 pour que ceux-ci légitiment son règne.
06:01 Mais l'assemblée est envahie par la foule et toute la famille royale s'enfuit vers
06:06 l'Angleterre.
06:07 Une grande acclamation se répand autour de l'assemblée et dans les environs.
06:10 La monarchie n'est plus, la république est née.
06:14 Et Barro, barre-toi ! Maintenant, il s'agit de former un gouvernement.
06:18 Une petite précision, la fameuse acclamation est en réalité partie de deux points différents,
06:33 l'assemblée mais aussi aux alentours de l'hôtel de ville.
06:36 Parce qu'en fait, il y a différentes tendances qui divisent les révolutionnaires.
06:39 Ces tendances se retrouvent notamment autour de deux grands journaux, le National et la
06:44 Réforme.
06:45 Le premier étant républicain modéré, le second beaucoup plus marqué dans les évolutions
06:49 sociales qu'il propose.
06:50 Le gouvernement provisoire, composé de 11 membres, est très diversifié.
06:55 Présidé par le vieux Jacques Dupont de L'Heure, dont la carrière a débuté sous la Première
07:00 République, on y retrouve le poète aristocrate Lamartine et plusieurs libéraux, mais aussi
07:04 le républicain radical Louis-Antoine Garnier-Pagès, le progressiste Alexandre Ledru-Rolin et même
07:11 trois individus bien plus à gauche, Ferdinand Flocon, le rédacteur du journal La Réforme,
07:17 Louis Blanc, célèbre penseur socialiste, et l'ouvrier Alexandre Albert Martin, surnommé
07:23 "l'ouvrier Albert".
07:24 Les socialistes ont donc mis le pied dans la porte.
07:27 Mais ils n'ont pas les places les plus importantes.
07:29 Et il est hors de question que la foule prenne toutes les décisions.
07:33 C'est ainsi que Lamartine refuse le drapeau rouge des insurgés.
07:35 Il impose le maintien du drapeau tricolore.
07:38 Faut pas déconner quand même, on va se contenter de passer du suffrage censitaire
07:43 au suffrage universel, ça ira très bien comme ça.
07:46 Du moins, c'est ce que disent les membres les plus modérés du gouvernement.
07:49 Les autres souhaitent aussi une réorganisation du travail et une diminution du chômage.
07:54 Pour eux, la liberté, la République, tout ça ne peut vraiment exister que si les rapports
07:59 économiques évoluent, pour donner aux travailleurs plus de droits.
08:02 Le travail doit être un élément central de la citoyenneté.
08:06 Et la question fait débat.
08:07 Certaines réformes liées à l'égalité sont beaucoup moins problématiques.
08:11 Donc, très vite, en à peine quelques mois, la peine de mort politique est abolie.
08:16 La deuxième république ne signifie pas le retour de la terreur de la première république.
08:21 L'esclavage est également aboli.
08:23 C'est le fruit de l'humanisme du régime, mais aussi des années de lutte des esclaves
08:27 dans les colonies.
08:28 Enfin, le suffrage universel est instauré.
08:31 Tous les hommes peuvent voter.
08:32 Les femmes ? Quoi les femmes ? Oui, effectivement, les idées féministes
08:37 ont connu un réel essor au début du XIXe siècle.
08:40 Mais elles restent exclus.
08:42 Ça sera pour la prochaine fois.
08:43 Enfin, l'année 1848 est aussi celle du printemps des peuples.
08:46 Partout en Italie, en Roumanie, en Allemagne, en Autriche, en Hongrie et en Pologne, éclatent
08:53 des révoltes et soulèvements de réformes.
08:55 La nouvelle république s'empresse d'exprimer son soutien à toutes ces révolutions.
08:59 Avec prudence, afin de ne pas faire comme la première république, qui s'était impliquée
09:03 dans des grandes guerres meurtrières partout sur le continent.
09:06 Reste la fameuse question du travail.
09:08 Et là encore, le gouvernement provisoire n'est pas inactif.
09:11 Il n'y a toujours pas de président officiel de la république et pourtant, le boulot avance.
09:15 Les présidentielles, y'a pas que ça dans la vie démocratique.
09:18 La commission de Louis Blanc et de l'ouvrier Albert réduit le temps légal à 11h par jour
09:23 en France.
09:24 Dissa Paris.
09:25 Mais cette commission ne bénéficie pas des moyens nécessaires pour réellement transformer
09:29 le rapport au travail.
09:30 Pour lutter contre le chômage, on met en place des ateliers nationaux, de grands chantiers
09:35 lancés par l'état afin d'embaucher beaucoup d'ouvriers et de limiter les tensions sociales.
09:40 Mais les moyens de production doivent rester privés.
09:42 On cherche le compromis, en attendant que les élections nationales dégagent une ligne
09:47 claire.
09:48 Ce régime qui reste à définir est encore flou.
09:50 Et c'est un atout.
09:51 En effet, on ne craint pas de se rallier à lui.
09:54 Même les monarchistes les plus conservateurs, qui se découvrent une âme républicaine,
09:58 on les appelle les républicains du lendemain.
10:01 En opposition aux républicains de la veille, qui eux, défendaient déjà leurs idées
10:06 avant la révolution.
10:07 Les catholiques aussi se rallient, certains prêtres bénissant des arbres de la liberté.
10:11 Il y a bien ça et là quelques tensions et règlements de compte, mais la majorité du
10:15 pays est plutôt marquée par l'enthousiasme.
10:17 Enfin, pour être plus précis, le pays est marqué par l'indifférence.
10:21 Évidemment, puisqu'elle est encore paysanne et donc plutôt insensible aux changements
10:25 déclenchés par la capitale, qui d'ailleurs l'ignore "royalement".
10:29 Sauf que justement, cette vaste population rurale va désormais jouer un rôle politique,
10:34 grâce au suffrage universel.
10:37 Les élections de l'assemblée constituante sont prévues pour avril 1848.
10:41 Deux mois pour organiser des élections et s'adresser à une population qui n'est
10:45 pas toujours politisée et éduquée.
10:47 C'est relativement peu.
10:49 D'autant que cette formidable masse électorale représente un enjeu majeur.
10:52 Mais à la campagne, le vote se fait au chef lieu de canton.
10:56 Souvent, tout un groupe ou un village s'y rend en procession, affrontant au passage
11:01 les cortèges des villages rivaux.
11:03 On vote aux vues et au su de tout le monde.
11:05 Et à vrai dire, beaucoup ne savent pas écrire et doivent demander à quelqu'un d'écrire
11:09 pour eux un nom sur le bulletin.
11:10 La pression sociale est maximale.
11:12 Qui ira voter contre l'avis du village, des amis, des notables, de la famille ? Dans
11:18 les campagnes, le poids du maire, du curé ou du châtelain local peut être extrêmement
11:23 déterminant.
11:24 Les conservateurs sont donc absolument ravis.
11:26 A l'inverse, la gauche socialiste aimerait avoir plus de temps pour diffuser ses idées.
11:31 Un report de deux semaines est donc obtenu.
11:33 Et au milieu, les républicains modérés, qui dominent le gouvernement, doivent à
11:37 la fois vaincre les socialistes à Paris et les conservateurs de droite dans les campagnes.
11:42 Le résultat tombe.
11:43 Sur 880 députés, un quart seulement est socialiste.
11:46 On compte en revanche plusieurs centaines de royalistes, plus ou moins déguisés sous
11:50 une étiquette républicaine.
11:51 Par l'expression du peuple, la République a pris un brusque virage conservateur.
11:55 Le nouveau gouvernement, baptisé Commission Exécutive, ne compte aucun socialiste.
12:02 D'ailleurs, le 15 mai 1848, une manifestation en faveur du printemps des peuples est réprimée.
12:08 L'Assemblée est envahie et plusieurs personnalités socialistes sont arrêtées.
12:12 L'ouvrier Albert, mais aussi Barbès, Blanqui, Raspail…
12:16 Et là, ça fait plutôt mal, parce que d'un coup, l'extrême-gauche parisienne est décapitée.
12:22 Bon, après, elle a encore un joli coup à jouer, c'est foutu pour convaincre les paysans.
12:26 Ça, on l'a vu, mais il reste quand même les ouvriers.
12:30 Et ceux-là, ils ont été massés dans quelques grands ateliers nationaux.
12:34 C'est littéralement la gauche qui leur a donné un boulot.
12:37 Ces grands chantiers sont donc un véritable nid pour l'extrême-gauche qui peut y faire
12:41 circuler ses idées.
12:42 Dès les élections partielles de juin 1848, organisées pour remplir les quelques sièges
12:47 vacants, on voit aussitôt réapparaître des figures socialistes, comme les députés
12:51 Pierre-Joseph Proudhon, Pierre Leroux et un certain Louis-Napoléon Bonaparte.
12:57 Et ça, je suis sûr que vous ne l'aviez pas vu venir, les ouvriers de chantier qui
13:02 votent pour Napoléon.
13:03 C'est qu'à l'époque, le neveu du grand Napoléon est une sorte d'aventurier.
13:07 En exil, il parcourt l'Europe, embête le pape, est poursuivi par l'Autriche, obtient
13:13 la nationalité suisse, mais surtout, il développe sa pensée politique et produit un petit ouvrage,
13:19 l'extinction du paupérisme.
13:21 Admirateur de la modernité anglaise, il s'adonne à l'utopie socialiste, affirmant
13:26 qu'il faut relever la classe ouvrière.
13:28 Il est donc élu, mais démissionne aussitôt.
13:32 Toutes ces discussions politiques font peur aux conservateurs, qui dénoncent le coût
13:35 des ateliers nationaux.
13:36 Le 21 juin, la commission exécutive impose aux ouvriers de moins de 25 ans de rejoindre
13:42 l'armée, et aux autres de partir en province.
13:45 Les ateliers sont alors démantelés.
13:47 La république sociale ne passera pas.
13:50 Les ouvriers parisiens ne se laissent pas faire, et dès le 22, ils sont à nouveau
13:54 dans les rues, sur les barricades.
13:56 Le général Kavéniak organise une répression sanglante, causant des milliers de morts et
14:01 de prisonniers.
14:02 Autoritaire, Kavéniak en profite pour prendre la tête du gouvernement.
14:05 Le 22 février, les barricades lançaient une nouvelle république.
14:08 Et le 22 juin, un militaire les rasait en prenant le pouvoir.
14:12 A peine 4 mois plus tard.
14:13 On a vu des années un peu plus tranquilles.
14:16 Mais ce qui disparaît, c'est la paix.
14:19 Désormais, les ouvriers méprisent le gouvernement.
14:22 Et de son côté, la bourgeoisie commence à craindre les Rouges et leur possible insurrection.
14:26 Dans un monde politique aussi polarisé, les rumeurs vont bon train, et tout le monde est
14:31 d'accord pour dire que ça sent le sapin.
14:33 Le gouvernement Kavéniak prend un tour résolument conservateur.
14:44 Les derniers éléments de gauche sont évincés, voire poursuivis, comme Louis Blanc, qui doit
14:49 carrément s'exiler quelques mois seulement après avoir été au gouvernement.
14:53 De tous les côtés, on assiste à un grand recul des engagements pris dans les mois précédents.
14:57 La limitation du temps de travail est annulée, et la censure est restaurée.
15:02 Ce qu'on espère, c'est que la nouvelle constitution vienne mettre un peu d'ordre
15:06 dans tout ça.
15:07 Son texte organise le régime autour de deux pouvoirs.
15:09 Le législatif, qui est une assemblée, élue pour trois ans.
15:13 Elle vote les lois et contrôle le gouvernement.
15:16 L'exécutif, lui, est incarné par un président, élu au suffrage universel.
15:21 Mais seulement pour quatre ans, et il sera non rééligible.
15:24 Ainsi, impossible qu'un seul homme détourne le vote populaire dans son intérêt.
15:29 C'est la grande crainte des députés de gauche, comme Jules Grévy.
15:32 Lui voudrait même que cette fonction présidentielle n'existe pas du tout.
15:36 Petite anecdote, il deviendra président de la Troisième République en 1879.
15:41 Ce président, il faut donc maintenant l'élire.
15:44 Les candidats entrent en lice.
15:45 Il y a évidemment Kavignac, défenseur autoproclamé de l'ordre et de la République, qui essaye
15:51 de séduire les modérés de gauche comme de droite.
15:54 Pour incarner le mouvement ouvrier, Le Dru Rollin et Raspail se présentent également.
15:58 Lamartine fait également campagne.
16:00 Il croit avoir de bons soutiens et après tout, pourquoi pas ? Les royalistes ont leur
16:05 propre candidat, un certain Nicolas Changarnier.
16:08 Et enfin, et surtout, il y a un nouveau venu dans l'arène, qui avait déjà fait une
16:13 brève apparition, qui est auréolé de la gloire de son oncle empereur, et qui a su
16:18 séduire une partie de la gauche, c'est Louis Napoléon Bonaparte.
16:22 Populaire dans les milieux défavorisés, rappelant des grandes heures des guerres impériales,
16:27 il est aussi approché par les milieux conservateurs et royalistes.
16:30 Ceux-ci savent qu'ils ne peuvent faire campagne, ils rappellent trop la monarchie de Juillet.
16:35 L'un de leurs chefs, Adolphe Thiers, a même été chef de gouvernement du roi Louis-Philippe.
16:40 Comme affiche électorale, on ne peut pas faire pire.
16:43 Thiers a donc une stratégie.
16:45 Il fait venir Bonaparte, je cite "un crétin qu'on mènera".
16:50 Son nom le fera élire et les conservateurs, ensuite, pourront mener la danse.
16:55 Nous voilà en décembre 1848, au début de l'année où la république est née.
17:00 Noël approche et nous allons enfin avoir un président.
17:05 Roulement de tambour pour l'annonce des résultats avec des jeux de mots pourris.
17:09 Bonaparte est bon apparemment.
17:11 5 millions de voix, soit environ 75%.
17:15 Cavaignac n'a que 1,5 million.
17:18 Le Drurolin roule dans le fossé avec 380 000 voix.
17:22 Raspail est sur la paille, seulement 37 000 voix.
17:26 Décidément, la gauche souffre.
17:28 Lamartine l'en a marre avec ses pauvres 0,3%.
17:32 Lui qui triomphe fait quelques mois plus tôt.
17:34 Et Changarnier, on ne peut pas le nier, avec 0,06%.
17:39 Normal qu'on n'ait plus entendu jamais parler de lui.
17:43 Bonaparte est donc élu et même plébiscité, notamment dans les campagnes.
17:48 Les conservateurs se réjouissent pour leur poulain ou plutôt leur pantin.
17:51 Et pourtant est-il si manipulable, ce crétin, qu'ils ont porté à la place suprême de l'Etat ?
17:57 Les années qui suivent vont surprendre beaucoup de monde.
18:00 Petit bilan de la fin d'année 1848, elle était assez étonnante.
18:04 Déjà, on a vu successivement des monarchistes modérés initier un mouvement,
18:08 des républicains récupérer ce mouvement des banquets pour créer une république,
18:14 puis des monarchistes détourner cette république à leur profit.
18:18 Après, on a eu des ouvriers qui soutenaient la naissance d'un gouvernement.
18:23 Et 4 mois plus tard, ce gouvernement leur tirait dessus.
18:27 On avait aboli la peine de mort politique,
18:29 tout en ouvrant le feu sur une contestation politique.
18:33 Cocasse.
18:33 Enfin, les femmes, très impliquées dans la révolution,
18:36 ont été juste après totalement exclues du suffrage universel.
18:39 Pas mal.
18:40 Finalement, 1848, ça nous donne une grande leçon.
18:43 Dans une révolution, faire tomber le régime, ce n'est pas le plus dur.
18:47 Le plus dur, c'est d'établir un nouvel ordre des choses.
18:50 C'est une leçon qui est compliquée, qui résonne encore aujourd'hui.
18:54 Merci à tous d'avoir suivi cet épisode.
18:56 Merci à Antoine Rech de l'avoir préparé.
18:59 Il est plus connu sous le nom d'Histony.
19:01 Il a une super chaîne YouTube.
19:02 Donc, n'hésitez pas à aller la découvrir.
19:04 Ensemble, on vous a prévu un deuxième épisode
19:07 pour savoir ce qui est devenu le président Louis-Napoléon Bonaparte.
19:10 Donc, n'hésitez pas à vous abonner à la chaîne Nota Bene pour le découvrir.
19:14 Et puis, si cette vidéo vous a plu, n'hésitez pas non plus à la commenter,
19:16 à la liker, à la partager.
19:18 On se retrouve très bientôt sur Nota Bene.
19:20 Salut !
19:21 [Musique]