Clément Beaune, ministre des Transports, le 25 mai 2023 sur franceinfo.
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00:00 C'est ainsi que le gouvernement s'est félicité d'une mesure qui vient d'entrer en vigueur.
00:04 Depuis cette semaine, les liaisons en avion sont interdites à travers la France.
00:07 S'il existe une alternative en train à moins de deux heures et demie,
00:11 et pourtant, en ce moment même, des passagers sont en train d'embarquer à Roissy,
00:15 l'un des deux aéroports franciliens en direction de Lyon,
00:17 qui se trouve à moins de deux heures et demie en train, pourquoi ?
00:20 Parce que le système, effectivement, a été conçu pour interdire très concrètement trois lignes.
00:26 C'est le résultat de cette mesure, qui, je le confirme, est appliquée dans aucun autre pays en Europe et dans le monde.
00:32 Ce sont les liaisons entre Bordeaux, Nantes, Lyon et Orly, l'aéroport d'Orly.
00:37 Et pour Roissy, il y a effectivement un système qui est particulier,
00:40 parce que vous avez parfois besoin de prendre une correspondance,
00:42 quand vous êtes par exemple à Lyon et que vous allez à Roissy,
00:45 pour ensuite aller voyager au niveau international.
00:48 C'est aussi important pour développer les relations économiques pour une clientèle, notamment d'affaires.
00:54 Mais je vais être très clair, le dispositif, parce que j'entends une petite musique qui dit en fait tout ça pour ça.
00:59 D'abord, c'est parce que cette mesure était prévue que les lignes ont été fermées par les compagnies depuis parfois quelques mois.
01:06 – Oui, parce que les trois lignes dont vous venez de parler, Orly-Nantes, Orly-Bordeaux et Orly-Lyon,
01:11 elles sont déjà fermées depuis trois ans.
01:13 – Oui, pardon, mais elles n'ont pas été fermées par l'opération du Saint-Esprit.
01:15 Elles ont été fermées parce que cette mesure, elle a été décidée
01:18 et qu'elle a mis quelques semaines à se mettre en place juridiquement.
01:20 – Ça fait trois ans.
01:21 – Oui, d'abord parce qu'il faut expliquer les choses, il faut la négocier avec l'Europe,
01:25 parce qu'il y a un marché intérieur avec des règles communes, c'est une dérogation.
01:28 On est le seul pays en Europe, le seul pays en Europe à avoir appliqué cette mesure.
01:31 – Non mais pardon, c'est pas une arnaque, parce que là, ce que vous faites,
01:34 vous interdisez les vols entre Orly et Lyon, mais pas entre Roissy et Lyon.
01:37 Pardon pour les franciliens qui nous écoutent, mais ça reste des aéroports parisiens, donc…
01:43 – C'est quand il y a une liaison…
01:44 – C'est que de la com ?
01:45 – Non, alors non.
01:46 Est-ce qu'on peut dire de temps en temps dans notre pays qu'on fait quelque chose collectivement de bien ?
01:49 On est les seuls à faire ça, ça commence par trois lignes.
01:51 On assume que pour les correspondances, c'est ça le sujet,
01:54 à l'aéroport international français principal qu'est celui de Roissy,
01:58 on ne casse pas aujourd'hui ces liaisons aériennes-là,
02:01 parce que sinon, des villes comme Lyon, des villes comme Bordeaux,
02:03 elles ont des besoins pour leur développement économique,
02:05 sinon vous n'avez pas des grandes entreprises qui s'implantent à Lyon et à Bordeaux
02:08 si vous n'êtes pas connecté à Roissy,
02:09 parce que là, il n'y a pas d'alternative ferroviaire en moins de 2h30.
02:13 – Un autre exemple.
02:13 – Et pardon, on n'ira pas, je le dis, on n'ira plus loin, on n'ira plus loin.
02:17 Cette liste, elle va être revue deux fois par an,
02:20 pour regarder si l'offre ferroviaire s'améliore.
02:23 Ma responsabilité, ministre des Transports,
02:25 c'est justement d'améliorer les connexions ferroviaires
02:28 pour que de plus en plus, cette règle des 2h30 aboutisse à fermer des lignes aériennes.
02:33 – Alors justement…
02:33 – Et peut-être qu'on durcira progressivement,
02:35 peut-être qu'on durcira progressivement aussi cette règle des 2h30
02:38 pour l'amener vers, par exemple, 3h, mais je le dis…
02:41 – Ou 4h comme l'avaient demandé les conventionnaires des citoyens.
02:45 – Oui, c'est possible, mais il faut développer le ferroviaire en parallèle.
02:49 – Justement, un autre exemple, si vous le permettez.
02:52 – On ferme 3 lignes et on va continuer, et je le confirme,
02:55 on est les seuls à faire ça, ce n'est pas du tout un gadget.
02:56 J'espère que plusieurs pays européens suivront cette mesure
02:59 et nous on l'améliorera et on la fera grandir.
03:01 – Vous parliez de Lyon, autre exemple,
03:02 justement il y a toujours des vols entre Lyon et Marseille
03:04 alors que la distance entre les deux villes en train est inférieure à 2h30.
03:07 Cette fois, c'est parce qu'il n'y a pas assez de train disponible entre ces deux villes.
03:10 Est-ce que vous allez demander au patron de la SNCF d'en ajouter ?
03:13 – Eh oui, on va développer les offres ferroviaires
03:15 entre les grandes métropoles françaises de manière générale.
03:18 Je vais vous dire, Marc Fauvel, je ne vais pas faire de la démagogie,
03:20 les TGV, on n'en a pas dans le hangar.
03:22 Il y a 800 TGV en France, ils roulent tous.
03:25 Et d'ailleurs, on l'a vu, l'été, parfois il y a une demande
03:27 qui n'est pas complètement satisfaite.
03:28 Donc c'est un investissement dans des rames de train, dans des nouvelles liaisons.
03:32 Je prends un exemple, la ville de Toulouse,
03:34 l'immense majorité des trajets avec la capitale Paris se fait en avion.
03:38 Pourquoi ? Parce que c'est à 4h, on va créer une ligne à grande vitesse
03:41 entre Bordeaux et Toulouse pour raccourcir les distances
03:44 entre ces deux villes et avec Paris.
03:45 – Mais il y aura donc bien d'autres interdictions
03:47 dans les mois ou les années qui viennent ?
03:48 – D'abord, cette règle de 2h30, elle va de facto aboutir progressivement
03:52 à d'autres fermetures de lignes,
03:53 puisque il y aura de plus en plus de lignes ferroviaires
03:55 qui respecteront cette règle.
03:57 Et puis on peut la faire évoluer.
03:58 – Mais ça c'est à quelle échéance ? Parce que c'est une intention, mais à quelle échéance ?
04:01 – D'abord, le cadre qu'on a négocié avec l'Union européenne,
04:03 qui a été validé par le juge, parce qu'il y a des principes constitutionnels aussi,
04:06 de liberté de mouvement, de liberté d'entreprendre, c'est pour 3 ans.
04:09 Et donc ce cadre-là, il pourrait être revu et durci dans 3 ans.
04:13 Et je le dis, parce que ça n'a pas été connu,
04:14 tous les 6 mois, il y aura une revue des offres ferroviaires
04:17 et de l'impact sur les lignes.
04:18 Moi je dis simplement, est-ce qu'on peut vraiment saluer,
04:21 c'est une mesure qui vient des citoyens, donc attribuée…
04:23 – C'est pas la même, c'est pas la même proposition
04:26 de la Convention citoyenne sur le climat.
04:28 – Mais je pense que sans la Convention citoyenne,
04:29 cette mesure ne serait pas là.
04:30 C'est nous qui l'avons votée, c'était courageux,
04:32 je peux vous dire, pour affaire à des discussions avec des compagnies aériennes,
04:34 ça ne les réjouissait pas beaucoup.
04:36 Et je souhaite qu'on la fasse évoluer et que d'autres pays européens,
04:40 puisqu'on se compare toujours, s'inspirent aussi de ce modèle français
04:44 qui commence à se déployer.
04:45 – Clément Bonne, 58% des Français disent qu'ils sont prêts à favoriser le train,
04:48 c'est votre volonté, mais qu'ils trouvent les billets de train trop chers.
04:51 Est-ce qu'ils ont raison ?
04:53 – Oui, alors il faut un peu différencier, pardon, je ne veux pas être trop technique,
04:56 quand on regarde les trains dits du quotidien,
04:58 nos Transiliens en Ile-de-France, les trains express régionaux,
05:01 les TER partout en France, quand je les compare,
05:04 je ne dis pas qu'il n'y a rien à faire,
05:05 mais quand je les compare au coût européen moyen, on est plutôt assez bas.
05:10 Et notamment le coût réel du train est beaucoup plus élevé que ce que payent les usagers
05:15 parce qu'il y a des subventions publiques de l'État ou des régions.
05:18 Ce qui est souvent vu comme cher, c'est en effet le train à grande vitesse,
05:21 parce qu'en France, on ne subventionne pas le TGV,
05:24 et c'est plutôt d'ailleurs le TGV qui finance le reste des lignes.
05:26 Donc moi, deux choses là-dessus,
05:27 oui, il faut réfléchir à des initiatives sur les tarifs,
05:30 j'ai demandé à SNCF de le faire, notamment sur le TGV,
05:33 de développer les offres commerciales pour les jeunes notamment,
05:36 dans les prochains mois, il y en a un certain nombre,
05:38 TGV Max, cartes avantages, etc.
05:40 On peut faire mieux, ou développer par exemple le Ouigo.
05:43 Et puis moi, je veux qu'on regarde, il faut faire ce travail État et région,
05:46 parce que les TER c'est les régions,
05:48 pour avoir les offres plus lisibles et parfois les offres moins chères.
05:50 C'est pour ça que j'ai lancé l'idée du billet unique,
05:53 parce qu'il y a le coût et puis il y a parfois le fait qu'on ne comprend rien.
05:55 Pourquoi un TER dans un sens de Bordeaux à Toulouse, c'est un certain prix,
05:59 et de Toulouse à Bordeaux c'est un autre prix ?
06:01 Donc on va simplifier ça, ça s'appelle le billet unique et on va avancer là-dessus.
06:05 Et puis il y a aussi, je le dis, parce que la gratuité, on en parle parfois,
06:10 mais il faut surtout des moyens pour investir dans le ferroviaire.
06:12 On parlait de toutes les lignes aériennes et ferroviaires.
06:14 Si je veux investir dans le réseau, si je veux investir dans le Paris-Limoges,
06:17 dans le Paris-Clairmont qui sont sinistrés, il faut des moyens.
06:19 Et donc ma priorité, c'est d'utiliser cet argent public
06:22 pour investir plus dans le réseau et dans nos nouveaux trains.