• l’année dernière
Ce n’est pas celui que l’on a entendu le plus depuis 1993. Et pourtant, dans une ombre toute relative, parce qu’à l’OM, les projecteurs éclairent tout le monde, Jean-Pierre Bernès a grandement oeuvré pour la conquête de la coupe d’Europe, en sa qualité de directeur général du club.

Il était le bras droit, celui de Bernard Tapie comme de Raymond Goethals dont il était très proche et ce sixième épisode de notre série documentaire vidéo sur LaProvence.com, "Les coulisses d’un sacre", le voit nous raconter la genèse du triomphe, à travers le recrutement de l’entraîneur belge, la période des transferts, le choix de la mise au vert et ce fameux talkie-walkie, à travers lequel le président olympien, depuis la tribune, lui a dit : "Boli ne doit pas sortir, pas question".

Un témoignage plein d’émotion où l’enfant amoureux de l’OM, le supporter adolescent apparaît souvent derrière le dirigeant omniprésent.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Le but !
00:01 Ouais !
00:02 Le but de la vie de Pogba !
00:03 La Coupe d'Europe, ça ne te semble pas du ciel, il faut aller la chercher.
00:06 Dans le football français, il n'y en a pas beaucoup qui ont ça dans leur bureau.
00:10 On est les premiers.
00:11 À l'été 1992, après Jean-Pierre Papin, pourquoi vendre aussi Chris Waddell et Carlos Moser ?
00:28 En 1992, on sortait d'un gros échec en Coupe d'Europe.
00:32 L'élimination de Prague avait laissé beaucoup de traces.
00:36 Et quand on s'est réunis pour faire l'inter-saison, comme on faisait avec Bernard chaque année,
00:41 ce ne sont pas des joueurs, effectivement, c'était deux gros titulaires,
00:45 très appréciés par le public et tout, mais on avait échangé avec eux, discuté avec eux.
00:51 Carlos est retourné au Portugal et voilà, Chris en Angleterre.
00:55 Ces départs ont été faits toujours dans une atmosphère très positive entre le club et les joueurs.
01:00 Sur les périodes 89-93, toutes ces périodes-là, je pense que dans la politique du recrutement,
01:07 on n'a pas fait souvent d'erreurs, parce que la politique du recrutement,
01:11 c'est ce qu'il y a de plus important dans la vie d'un club.
01:14 C'est là où tout se joue, c'est là où la saison se joue.
01:17 À ce moment-là, est-ce que vous croyez encore à une victoire en Ligue des Champions ?
01:20 Il y a un élan, mais c'est quand même plus difficile.
01:23 L'objectif, c'était toujours la Coupe d'Europe.
01:26 On avait perdu en 91, on se fait éliminer en 92,
01:30 mais on veut toujours, dans l'objectif, regagner cette Coupe d'Europe.
01:33 Donc, il a fallu effectivement remonter tout le monde,
01:37 à savoir le staff, les gens du club, les joueurs, et ça, Bernard savait faire aussi.
01:43 Après les premiers matchs d'Amico, Bernard Tapie veut déjà vendre à Lennboxic, comme Eric Dimecco.
01:48 Oui, mais Bernard, des fois, était dans l'excès.
01:50 Nous, avec Raymond, en tout cas, on était absolument contre le départ d'un Lennboxic,
01:54 parce qu'on avait de suite évalué les qualités qu'il avait.
01:58 Eric, c'était le joueur du club, et c'est vrai qu'on a eu des discussions avec Bernard à ce sujet-là,
02:04 mais rapidement, Alain et Eric ont fait vraiment partie du projet, les deux.
02:08 En septembre 92, comment se décide la titularisation de Fabien Marthès à la place de Pascal Olméta ?
02:15 Fabien était gardien à Toulouse, gardien remplaçant à Toulouse,
02:19 et je crois qu'on l'avait vu dans un match, et Raymond, un jour, me dit
02:22 « Il y a un gardien à Toulouse qui m'a impressionné, et tout ça. »
02:25 On s'était renseigné, et on a dit « On va tenter le coup, on va prendre Fabien à Marseille. »
02:32 Quand il est arrivé, on a échangé avec l'ADA.
02:35 J'ai amené l'ADA sur mon épaule, je l'ai déposé à Toulouse,
02:40 et je suis parti avec mon épaule, avec Fabien Marthès.
02:43 Quand on est revenu, dans l'échange, on se disait « On a pris le futur grand gardien français. »
02:50 On ne savait pas qu'il allait être un des plus grands gardiens européens,
02:53 mais on savait qu'il avait déjà des qualités.
02:55 Et quand il est arrivé à Marseille, il était au départ en concurrence avec Pascal Olméta.
02:59 Donc tout se passait bien, et à un moment donné, en début de saison, il y a les performances.
03:05 Pascal, je crois que c'était à Lens, on avait pris une casquette à Lens,
03:10 et Bernard, toujours souvent en excès, « Oui, il faut changer de gardien, il faut changer de gardien. »
03:14 Donc il a fallu annoncer ça à Pascal.
03:17 Et quand je revois Pascal aujourd'hui, c'est ça qu'il me dit « Heureusement que c'est toi qui me l'as annoncé. »
03:22 Parce que si c'était quelqu'un d'autre qui m'avait annoncé que je perdais ma place,
03:25 je ne sais pas la réaction que j'aurais eue.
03:27 Tout le monde voulait dire à Pascal qu'il fallait changer de gardien,
03:31 mais personne ne voulait lui dire.
03:33 Et Bernard m'appelle et me dit « Dis-lui toi. »
03:35 Et je lui dis « Moi, je vais lui dire, Pascal, je vais lui expliquer la situation. »
03:37 Et on s'est retrouvé au siège du club, au 441 venu du Prado.
03:41 Il était dans mon bureau et je lui ai annoncé la mauvaise nouvelle,
03:44 qu'il a très bien pris en professionnel.
03:47 Le début de saison est très difficile, même en championnat.
03:50 Il ne faut pas croire qu'on ait eu des saisons de tout repos.
03:52 Aujourd'hui, il y a de rares exemptions près.
03:55 Avant la compétition, on sait qui va être champion de France.
03:58 À l'époque, ce n'était pas pareil.
03:59 Parce que vous aviez aussi des locomotives, des grands clubs.
04:02 Vous aviez Monaco, vous aviez Paris à Paris aussi, Bordeaux.
04:06 Vous aviez aussi Nantes.
04:07 Gagner le titre, c'était une vraie compétition.
04:11 Donc quand on dit que le début de saison était des fois difficile,
04:15 ça faisait partie du sport.
04:17 On n'a pas eu nos titres en disant « ça va être facile, on est sûr d'être champion de France. »
04:23 On est allé chercher les titres.
04:24 Il y a un match qui marque un tournant dans la saison.
04:26 C'est celui que vous gagnez à Paris en décembre.
04:29 Un match très violent, mais qui démontre que l'OM est une équipe plus solide que jamais.
04:34 On gagne ce match par le mental.
04:37 C'est vrai que ce Paris-Saint-Germain-Marseille, il restait dans l'histoire celui-là.
04:41 Parce que c'était un match hors normes.
04:43 Il y avait une agressivité entre guillemets sur le terrain.
04:47 Il y avait une agressivité aussi autour, dans les alentours, les dirigeants.
04:51 C'était un contexte très spécial.
04:54 Et c'est vrai que là, on a vu qu'on avait vraiment une équipe de costauds.
05:00 Les Eric Di Meco, quand on en parle encore aujourd'hui,
05:04 ce sont des matchs qui ont marqué les joueurs de l'époque.
05:07 À la fois les joueurs de Marseille et les joueurs de Paris.
05:09 Quand il y a le tirage des groupes, vous prenez FC Bruges, Glasgow Rangers, CSKA Moscou.
05:14 Alors que dans l'autre, il y a Milan, Porto, PSV Eindhoven, Göteborg.
05:19 Ça doit vous satisfaire ?
05:21 Oui, on aurait pu tomber plus mal, les groupes.
05:25 Mais quand on a l'objectif de gagner la Coupe d'Europe, les groupes, ok.
05:28 Quand c'est un groupe plus favorable, on est plus content.
05:31 Mais pour la gagner, il faut aller au bout.
05:33 Et pour aller au bout, il faut battre les meilleurs.
05:35 Le match à Glasgow, c'est une bonne entrée en matière, non ?
05:38 C'est ça, c'est un match déterminant dans la suite de la compétition.
05:41 C'est un match à l'extérieur, dans un stade en folie, sous la pluie.
05:45 Un match vraiment très physique, très costaud.
05:49 Et on s'est battus, on a arraché le nul.
05:52 On fait 2 à 2 là-bas.
05:54 Et je crois qu'on a tiré du positif de cette rencontre.
05:57 Beaucoup de positif, parce qu'on a senti un mental.
06:01 Et le mental en Coupe d'Europe est important.
06:03 Au retour de ce match, il est question que Pascal Olméda reprenne sa place à Fabien Martès.
06:10 Et finalement, ça ne se fait pas.
06:12 C'est l'histoire d'une vie.
06:13 C'est vrai qu'après le match de Glasgow, on fait 2 à 2.
06:16 Fabien, c'était un match qui avait été un peu difficile pour lui.
06:19 Il avait les ballons aériens, les sorties, les coups qui allaient.
06:23 Et c'est vrai que Bernard, le lendemain m'appelle, il me dit
06:26 qu'il n'était pas satisfait non plus.
06:28 Il me dit qu'on va remettre Pascal Olméda.
06:30 Et Pascal, on prend la décision de remettre Pascal.
06:33 La veille d'un match d'entraînement, au Stade Vélodrome, avec les petits buts.
06:37 Et Pascal se casse la jambe.
06:40 Et donc c'est Fabien qui finalement est dans les buts.
06:44 Et c'est le début de sa grande carrière.
06:47 Et c'est un coup très dur pour Pascal Olméda.
06:50 Dans le football, il y a des choses qu'on ne peut pas programmer.
06:52 Il y a des aléas, notamment les blessures.
06:54 Et qui font que des fois, vous avez la chance, peut-être que si Pascal ne se blesse pas,
06:59 on ne peut pas le savoir, mais peut-être que Fabien ne fait pas du tout la même carrière.
07:03 Peut-être qu'à Marseille, on ne sait pas ce qui peut se passer.
07:06 Avant le début de cette phase de poule, Raymond Goutals a repris place sur le banc de touche,
07:12 au détriment de Jean Fernandez.
07:14 Raymond, c'est un entraîneur.
07:15 Des fois, vous avez des entraîneurs qui arrêtent d'entraîner,
07:18 qui deviennent directeurs sportifs ou qui sont là conseillers.
07:21 Non, Raymond, c'est le terrain.
07:23 Et je pense que Jean Fernandez aussi était une personne qui a très bien compris ça.
07:28 Ça s'est fait en très bonne harmonie.
07:30 Et de toute façon, à partir du moment où Bernard s'était décidé,
07:35 le retour de Raymond s'est fait tout à fait naturellement.
07:38 Et le départ de Jean Fernandez, qui avait fait du bon boulot aussi,
07:42 qui était un homme vraiment créé aux Olympiques de Marseille,
07:45 qui l'avait connu en tant que joueur, qui faisait partie de l'histoire du club,
07:49 a compris, et je pense que même pour Jean Fernandez,
07:52 je pense que ça a été un soulagement pour lui,
07:55 que Raymond puisse revenir parce que c'était une pression très difficile à supporter.
08:00 Vous pouvez nous raconter comment Raymond est arrivé à l'OM ?
08:03 Quand Bernard me dit qu'il faut qu'on trouve un entraîneur.
08:07 Bernard était sur Ivic et moi je m'occupais de Raymond.
08:13 Et donc j'appelle Raymond Gauthals et je lui dis "Voilà, j'aimerais vous rencontrer".
08:18 Je le voyais à l'époque et je lui dis "T'as en compte ce que tu me demandes ?
08:24 Marseille-Bordeaux, t'as en compte si ça se sait ?"
08:27 Et il me dit "On se met d'accord pour se rencontrer à Carcassonne".
08:31 Donc à Carcassonne, ça me fait rire parce que je réserve un petit hôtel de routiers.
08:40 Et il arrive avec Liepens, ils arrivent tous les deux.
08:44 Et la femme de l'hôtel qui était à la réception voit arriver ces trois types en disant "Vous voudrez une chambre ?"
08:51 Et la femme me dit "Vous voyez, vous avez une chambre, mais ce que je voudrais c'est que vous me payiez d'avance".
08:56 Parce qu'elle a vu ces trois types monter dans une chambre.
08:59 Et là, de 2h jusqu'à 7h, on a parlé de foot avec Raymond.
09:03 Je lui dis "Il y a Bernard, on cherche un entraîneur pour gagner la Coupe d'Europe".
09:08 Et il me dit "Jean-Pierre, pour gagner la Coupe d'Europe, si tu trouves un entraîneur qui te dit qu'il peut te la faire gagner, ne le prends surtout pas.
09:20 Parce que celui qui te dit qu'il peut te faire gagner la Coupe d'Europe, c'est celui qui ne l'a jamais gagné".
09:25 Jusqu'à moi, je l'ai déjà gagné la Coupe d'Europe.
09:27 Il l'avait gagné avec Anderlecht à Barcelone, Coupe des Coupes, il l'avait déjà gagné.
09:32 Et je rentrais chez Bernard et je lui dis "Voilà, il y a deux entraîneurs".
09:36 Alors lui, il me dit "Vic m'a dit qu'il peut me la faire gagner".
09:39 Et moi, je lui dis "Gottals me dit qu'il ne peut pas nous assurer de la faire gagner,
09:42 mais il me dit que c'est très dangereux de prendre un entraîneur qui te dit "Je vais vous la faire gagner".
09:47 Il me dit "Alors qu'est-ce qu'on fait ?"
09:49 Et je lui dis "Moi, je suis favorable pour Raymond".
09:51 Il me dit "Alors on prend Raymond".
09:52 Et voilà l'histoire comme elle s'est faite.
09:53 En 1991, avant la finale de Bari, vous étiez confiné dans un hôtel blocos et les joueurs ont perdu de l'influx nerveux.
10:01 Alors en 1993, il y a vite eu l'idée de prendre une autre voie.
10:05 On a retenu les leçons et donc la préparation de Munich, c'était un club méditerrané.
10:10 C'est-à-dire que c'était l'opposé de Bari.
10:13 C'est-à-dire qu'au lieu que ce soit vraiment un camp avec la sécurité, de l'ordre, pas de visite, personne ne rentrait dans l'hôtel et tout,
10:23 là c'était l'inverse.
10:24 Et là, pendant trois jours, on faisait des footings autour de l'hôtel, ensemble, on rigolait.
10:29 Les anciens joueurs, Chris Waddell est venu nous voir avec une partie de rire dans la salle de massage.
10:35 Les journalistes sont venus.
10:37 Quand je vois aujourd'hui comment se préparent les équipes, si vous dites que vous avez préparé une finale de la Coupe d'Europe comme ça, personne ne le croit.
10:44 Mais là, c'était vraiment, on avait retenu la leçon.
10:46 Alors ce n'est pas ça qui nous a fait gagner contre Munich.
10:50 Mais disons que ça fait partie du contexte et du paysage.
10:53 Bernard Tapie a même participé à l'entraînement.
10:55 C'était aussi décontracté que ça ?
10:57 J'ai des photos encore dans mon bureau où Bernard est en t-shirt Bordeaux, sur vêtements, moi aussi.
11:04 On joue tous les deux au foot, on rigole, on s'amuse et on prépare une finale de la Coupe d'Europe.
11:09 Mais derrière son humour, Raymond Götthals, avec ses blagues, lui, il a préparé très sérieusement cette finale.
11:16 Il y avait Raymond dans mon bureau, il y avait un paperboard avec tous les joueurs de la Cémilan,
11:25 et notamment l'équipe type.
11:27 Je me souviens, Raymond Götthals, après chaque entraînement, venait dans mon bureau,
11:32 à l'avenir du Prado, parce qu'il logeait au Palm Beach, donc il était toujours sur le chemin.
11:37 Et on travaillait la finale.
11:39 J'ai vu Raymond avec des schémas, il avait mis des trucs, etc.
11:43 On a passé des heures dans ce bureau avec un paperboard.
11:46 Et ce qui me prépare aussi, le souvenir que j'ai aussi dans la préparation de ce match,
11:51 c'est qu'avant la finale, on est allé voir avec Raymond un Milan-AC Naples.
11:57 On était partis tous les deux en avion privé, et on est allé voir Milan-AC Naples.
12:01 Et Milan avait gagné, et on est rentré dans l'avion, et Raymond il m'a vu,
12:05 on prenait des paquets de biscuits, on a mangé le paquet de biscuits.
12:09 Il m'a dit "tu es trop nerveux, tu t'énerves trop".
12:11 J'ai dit "comment on va faire Raymond pour gagner un match contre une équipe pareille ?"
12:14 Il m'a dit "t'inquiète pas, on va gagner ce match".
12:16 La nuit qui précède le match, vous surprenez Fabien Barthez qui ne dort pas à 2h du matin.
12:22 Fabien Barthez qui ne dormait pas la nuit, s'était levé, il était réveillé.
12:28 Et Fabien c'était quelqu'un qui était très décontracté, lui le stress, il ne connaissait pas le stress.
12:33 Il ne savait pas ce que c'était.
12:34 Donc lui il préparait la finale de la Coupe d'Europe comme il préparait un match amical.
12:38 Et c'était sa force d'ailleurs, c'était sa force.
12:40 Il s'endormait dans le car et ça faisait partie du personnage.
12:43 Et à partir du moment où vous avez un personnage comme ça, il ne faut pas essayer de le formater autrement.
12:49 Fabien c'était ça, c'était l'insouciance, la naïveté, la décontraction, la rigolade.
12:58 Effectivement, ça ne l'empêche pas d'être l'homme décisif de cette finale avec Basile Boli.
13:03 Le but de la finale effectivement c'est celui qui nous fait gagner.
13:06 Mais c'est vrai qu'en premier mi-temps, Fabien il nous gagne le match.
13:10 Il fait deux ou trois arrêts décisifs, que s'il n'est pas là et qu'en un mi-temps le match est terminé.
13:16 Donc Fabien a fait une très grande finale de la Coupe d'Europe, très grande finale à la hauteur de ses qualités.
13:22 Il a fait le match qu'il fallait, le jour où il fallait.
13:25 Avec Raymond, vous étiez toujours côte à côte sur le banc de touche ?
13:29 Raymond était très lié parce que déjà il vivait seul à Marseille.
13:34 Et pratiquement un soir sur deux, il venait manger chez nous à Cassis.
13:37 Et on jouait tous les deux à la belote après le repas.
13:41 On jouait tous les deux face à face à la belote.
13:43 Et on avait toujours, il était quelqu'un de tactile Raymond.
13:46 Il était comme ça avec les gens du club, avec les journalistes, il était toujours quelqu'un de tactile.
13:52 C'est vrai que pendant le match, d'ailleurs j'étais toujours sur le banc à côté de lui,
13:55 il me tenait toujours ou la main ou la cuisse. Il était toujours comme ça.
13:59 Pendant cette finale, il y a un objet insolite qui va s'avérer fort utile, c'est le fameux Tokiwoki.
14:06 J'ai un Tokiwoki qui fait partie de l'histoire de la Coupe d'Europe.
14:09 Avec Bernard, on s'était mis d'accord avant le match,
14:11 en se disant on va communiquer tous les deux pour savoir, on ne sait jamais ce qui peut se passer.
14:16 Basile se plaigne du genou, presque à sortir, pas presque, à sortir.
14:19 Raymond hésitant.
14:21 Bernard et le Tokiwoki, on commence à se parler.
14:24 Bernard me dit, dis-lui absolument qu'il reste, il reste, il reste.
14:27 Et à ce moment-là, je dis à Raymond, dis-lui de rester, il faut qu'il reste.
14:31 Je vois Basile, à un moment donné, il se rapproche, il dit Basile tu continues, tu restes, tu restes.
14:36 Et voilà, ça fait partie de l'histoire. Ce moment de Tokiwoki, c'est un moment de flou.
14:40 Toute personne ne savait où on était.
14:42 Et quand je dis à Raymond, Basile reste, il me dit l'autre con, il veut qu'il reste.
14:48 J'ai dit, il reste.
14:49 Bien sûr, la Marseillaise, sans aucune agressivité, mais bon, on était dans une finale de Coupe d'Europe.
14:55 Et d'un coup, un joueur veut sortir, un titulaire, défenseur,
14:59 et le match en premier mi-temps où on est dominé, on se dit Basile va sortir.
15:03 C'est l'affolement général.
15:05 Et Bernard a voulu que le joueur reste.
15:08 Et c'est vrai que j'étais d'accord aussi avec lui.
15:11 Les événements ont donné raison sur cette décision.
15:14 Bon, effectivement, il valait mieux qu'il reste puisqu'il va marquer ce but historique.
15:18 Le but, je le vois comme quelque chose d'inattendu presque.
15:22 Parce qu'en premier mi-temps, on est dominé.
15:24 On est dominé, on ne doit pas mener au score.
15:27 On a ce corner à la fin, pense qu'on va être à la mi-temps 0-0.
15:31 Et ce but, c'est une délivrance. On se dit, ce n'est pas possible.
15:34 Avec Raymond, on connaissait le foot.
15:37 On se disait, bon, c'est vraiment, c'est unique ce but-là.
15:41 Et c'est vrai qu'en plus, Basile, il y a quand même des événements qui sont quand même symptomatiques.
15:46 Basile doit sortir, il reste, c'est lui qui marque.
15:49 On est dominé, on met 1-0 à la mi-temps.
15:51 Tous des concours de circonstances qui font qu'on se dit, c'est notre soir.
15:56 Contrairement à Bari où on se dit rapidement, ce n'est pas notre soir.
15:59 Au coup de ces faits finales, comment ça se passe ?
16:02 L'image que j'ai de la fin, c'est quand il y avait Bernard et Raymond, on est tous les trois.
16:07 On sait le travail qu'on a effectué.
16:09 Moi, je me rappelle de ma jeunesse parce que quand j'étais supporter de l'OM dans les années 65-66,
16:15 dans le virage Nord, sous le tableau d'affichage,
16:19 on se disait souvent, Marseille, la Coupe d'Europe, la Coupe d'Europe.
16:22 Et là, j'étais un dirigeant actif du club et gagner la Coupe d'Europe, c'était un rêve.
16:27 Et quand on voyait surtout tous ces Marseillais, tout ce public,
16:30 le public marseillais, je le connais, je sais ce qu'ils ont dû vivre.
16:34 Ce sont des moments inoubliables, des moments grandioses.
16:37 Le plus beau moment, c'est le retour à Marseille parce qu'on rentre chez soi.
16:40 C'est le retour dans notre stade, dans le vieux stade Vélodrome.
16:43 C'est le stade qui est rempli d'histoire, qui a vu des générations et des générations de joueurs.
16:48 La cerise sur le gâteau, c'est OMPSG, 4 jours après.
16:51 Un match aussi grandiose, quand on voit comment il s'est passé,
16:55 après les fêtes qu'on a faites successives à Munich, à Marseille et tout,
16:59 on sait qu'il y a un grand match de championnat, en plus contre Paris,
17:03 où le stade Vélodrome est comble.
17:05 Un match où ça aussi, ça s'est très bien passé.
17:08 On était dans la continuité.
17:10 Je pense qu'on était dans une semaine, 15 jours d'euphorie totale.
17:14 Après l'euphorie, la cassure, avec l'affaire VAOM.
17:18 Alors, quand avez-vous senti que ça allait mal tourner ?
17:22 J'ai su que ça allait péter, parce que je savais qu'il y avait une grosse jalousie sur Marseille,
17:29 qu'on n'allait pas nous faire de cadeaux.
17:31 Alors, effectivement, on a fait cette erreur, mais je pense qu'elle aurait pu être réglée autrement.
17:36 On n'aurait pas, on n'était pas obligé de prendre des décisions aussi drastiques comme ça,
17:42 surtout à l'encontre du club.
17:44 Contre nous, pourquoi pas que la fédération prenne des sanctions sur nous, mais toucher le club,
17:50 je pense que le club ne méritait pas, les joueurs non plus.
17:53 Et le joueur méritait de jouer la Coupe Intercontinentale.
17:56 Donc, on a empêché Marseille de jouer cette Coupe Intercontinentale,
18:00 alors que ça n'avait rien à voir.
18:02 Le match jeu à Valenciennes, c'était un championnat.
18:04 La Coupe d'Europe, c'était autre chose.
18:06 Je pense qu'on aurait pu ne pas mélanger les choses.
18:09 Mais je crois que Bernard, on savait très bien que tout le monde espérait
18:14 que si on ne pouvait pas lui faire de cadeaux, on n'en a pas fait.
18:18 Voilà, donc je l'ai su très rapidement.
18:21 Et c'est vrai que même le jour de la finale, c'est quelque chose qui m'a hanté.
18:25 Je savais qu'il y avait cette histoire qui était au-dessus de notre tête
18:28 et je savais qu'elle allait mal tourner.
18:30 Pour ces 30 ans, il y aura deux grands absents qui nous ont quittés,
18:33 Raymond Götthals et Bernard Tapie,
18:36 auxquels déjà de beaux hommages ont été rendus.
18:39 Il méritait. Raymond a vraiment œuvré pour l'OM.
18:42 Il a été un grand professionnaliste, un grand connaisseur de football.
18:46 Et c'est vrai que les deux entraîneurs qui me seront restés
18:50 dans la période où j'étais à Marseille,
18:53 c'était Gérard Gilly et Raymond Götthals.
18:55 Pour moi, c'est deux grands entraîneurs de l'OM
18:59 qui ont marqué l'histoire d'ailleurs, parce qu'ils ont gagné.
19:02 Alors Gilly a gagné, Gérard a gagné, bien sûr, le doublé 89.
19:05 Et Raymond a gagné les titres avec la Coupe d'Europe.
19:08 Je pense que sans Bernard, on n'aurait jamais gagné la Coupe d'Europe.
19:12 Et tous ceux qui ont travaillé avec lui, que ce soit des dirigeants,
19:15 que ce soit des joueurs, ont été marqués par cette période.
19:18 Parce que quand vous rencontrez Bernard Tapie,
19:20 je peux vous assurer, il vous change une vie.
19:22 Vous étiez donc totalement réconciliés tous les deux.
19:24 On se téléphonait souvent, on discutait, on parlait de l'OM, plein de choses.
19:29 Tout le temps, il me disait de venir le voir.
19:31 Et c'est vrai que j'ai beaucoup hésité à aller le voir.
19:34 Je ne sais pas pourquoi, par pudeur.
19:36 Et là, quand je suis vu qu'il était gravement malade,
19:38 je suis monté le voir à la rue des Saint-Père.
19:40 Et on est tombés dans les bras l'un de l'autre.
19:43 30 ans après, que reste-t-il de cette période de gloire de l'OM ?
19:48 Quand je vois Galliani encore il y a deux ans, qu'on se rencontre tous les deux.
19:52 Galliani qui était le vice-président de Milan C,
19:55 et qu'on discute tous les deux, qu'on refait l'histoire.
19:57 Et qu'il me dit, à notre époque, dans les années 90,
20:01 Marseille et Milan étaient les deux capitales du football européen.
20:04 Quand un grand dirigeant comme Galliani vous dit ça,
20:07 et que vous avez été dirigeant de Marseille, vous êtes fier.
20:10 Vous savez le parcours qu'on a fait.
20:12 Le parcours qu'on a fait en Coupe d'Europe, personne ne pourra nous l'enlever.
20:14 Avec du recul, s'il n'y a pas la main de Vatta,
20:17 90, 91, 92, 93, en quatre ans,
20:21 Marseille peut faire trois finales de Champions League.
20:23 Je ne sais pas si on réalise ce que c'est.
20:25 Oui, 30 ans, on parle de cet événement,
20:29 parce que c'était un événement pour le football français et pour Marseille.
20:33 On dirait qu'on parle d'un événement qui s'est passé il y a deux jours,
20:36 mais ça fait 30 ans.
20:38 Tous les jeunes qui ont 30 ans aujourd'hui n'ont pas connu ces moments.
20:42 J'espère qu'un jour, ils auront la chance de connaître ce qu'on a vécu,
20:47 ce que les gens de ma génération, les gens plus âgés, ont connu.
20:51 Connaître ça à Marseille, c'est le top.
20:55 C'est une nirvana.
20:57 C'est une pratique moderne, réduite, bien sûr.
21:01 Mais dans la vraie Coupe d'Europe des Clubs Champions,
21:03 quand je l'avais prise en 93,
21:05 j'avais fait rentrer ma fille, qui est née en 86,
21:08 donc il y avait sept ans.
21:10 Dans la vraie Coupe d'Europe des Clubs Champions,
21:12 on rentre un enfant de sept ans,
21:14 et vous n'avez que la tête qui sort.
21:16 Dans la vraie Coupe d'Europe des Clubs Champions,
21:18 on rentre un enfant de sept ans,
21:20 et vous n'avez que la tête qui sort.
21:23 Sous-titrage Société Radio-Canada
21:27 [Bruit de pas]
21:29 [SILENCE]

Recommandations