• l’année dernière
Trente ans, déjà. Si proche, et si loin. Le 26 mai 1993, l’OM décrochait le Graal du football des clubs en remportant la Ligue des champions. Des arrêts décisifs de Fabien Barthez, un corner d’Abédi Pelé, un coup de boule de Basile Boli entré dans la légende, les Olympiens renversaient le grand Milan (1-0) à Munich. À jamais les premiers. Toujours les seuls. L’unique étoile française, enviée, parfois jalousée, est brodée, depuis, au-dessus de l’emblématique écusson flanqué du "Droit au but".

Pour les trente ans de la victoire de l’OM dans la plus prestigieuse des coupes d'Europe, les grands témoins racontent.

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Transcription
00:00 - Le but ! - Ouais !
00:02 - Le but de Mathieu Poulou !
00:27 - On l'a eu ! On l'a toujours mais...
00:30 30 ans !
00:32 C'était le trophée le plus important qu'on pouvait gagner avec un club
00:36 et c'est la première victoire d'un club français.
00:39 Et ça restera.
00:41 - Ça fait 30 ans aujourd'hui, donc c'est déjà un bon bout de vie.
00:45 Alors que nous, c'était l'apogée de notre vie.
00:48 On a beaucoup de recul par rapport à l'événement, donc il n'y a plus toute l'effervescence.
00:52 Et on est encore conscients, on n'est pas encore tout à fait gaga tous.
00:55 Et donc on est encore conscients de ce qu'on fait
00:58 et on se rend compte qu'on est rentré dans l'histoire.
01:01 - C'est une fierté d'avoir été le premier club français à avoir gagné la Coupe d'Europe.
01:06 Gagner ça et rendre les gens heureux,
01:09 je crois qu'on est encore plus heureux de rendre encore les gens heureux.
01:12 - C'est vrai que dans le football français, il n'y en a pas beaucoup qui ont ça dans leur bureau.
01:19 On est les premiers.
01:23 Bernard Tapie nous l'avait dit dans les vestiaires.
01:25 À vie, on vous parlera toujours de cette victoire.
01:29 Et c'est vrai que 30 ans après, on en parle encore.
01:32 - Il y a même des gens qui me disent, un papa qui m'a dit,
01:40 même le jour où ma fille est née, c'était pas aussi beau.
01:43 On prend du recul, on se dit, c'est un match de foot.
01:47 Monsieur, c'est un match de foot.
01:49 C'était plus beau que tout ce que j'ai vécu dans ma vie.
01:53 Il n'y a rien de plus beau.
01:55 - Bernard Tapie ne voulait plus de moi.
01:58 Et je sais que son épouse Dominique avait plaidé pour moi,
02:03 mais surtout que Jeannot Fernandez a tout fait pour me garder.
02:08 - Le jour où je discute avec Bernard Tapie de Marseille,
02:12 je ressors de ce rendez-vous,
02:14 je me dis, c'est possible de gagner une Coupe d'Europe ?
02:17 Ce gars-là, il a l'ambition et surtout, il a la capacité à le transmettre.
02:21 - La Coupe d'Europe, ça ne te semble pas du ciel, il faut aller la chercher.
02:29 - Un an avant, je n'aurais pas imaginé
02:31 qu'on puisse gagner la Coupe d'Europe cette année-là.
02:34 - J'étais capitaine ou pas capitaine, quand j'avais à parler, je parlais.
02:41 J'avais un peu plus de discussions en tête à tête avec Bernard Tapie.
02:45 J'ai dû juste un peu caler les horaires de ses appels téléphoniques
02:50 parce que je me couchais plus tôt
02:52 et pour ne pas avoir des discussions nocturnes.
02:56 - Tu sais, Didier était un peu obligé de lui donner le Capitana.
03:04 Tu avais l'impression qu'il avait déjà vécu les matchs.
03:07 Tu as l'impression que sa tête tournait comme le grand-duc,
03:10 elle fait 90 degrés, où il voyait tout.
03:13 - Le match à Glasgow, on peut le présenter
03:15 comme le match, le véritable tournant de la saison pour nous.
03:18 Et enfin, la prise de conscience qu'on a un truc de particulier dans cette équipe-là,
03:26 notamment dans l'adversité.
03:28 - Depuis le moment où avec Bernard s'était décidé,
03:34 le retour de Raymond s'est fait tout à fait naturellement.
03:38 - Il a eu une chance.
03:40 - Quel rôle il joue dans le monde ?
03:47 - C'est ce rôle-là un peu de, je ne vais pas dire d'éducateur,
03:49 de manager, en connaissant ses joueurs.
03:53 Il avait quelque chose.
03:54 Quand Tapie venait gueuler, quand Tapie sortait,
03:57 il dit "j'espère que vous ne l'avez pas écouté une fois, lui".
04:00 Il écoute sans l'écouter.
04:02 Donc, il était intelligent.
04:04 Le plus intelligent, c'était lui, en fait.
04:07 Il était très malin, ce vieux.
04:09 - M. Gauthals, j'en ai les frissons,
04:12 parce que tu ne pouvais avoir que du respect.
04:15 Et puis surtout, surtout, tu gobais ses paroles.
04:20 - La préparation de Munich, c'était un club méditerranéen.
04:23 C'est-à-dire, c'était l'opposé de Paris.
04:26 - Le plus gros stress, c'est quand on arrive dans le stade,
04:32 parce que le stade, il est majestueux.
04:35 Il est moitié rouge et noir, moitié blanc et bleu.
04:38 C'est un théâtre grandiose.
04:40 Et on se dit "waouh, tous ces gens, ils sont là pour nous".
04:44 - Je me sentais tellement bien à l'échauffement et au début du match.
04:55 Et puis au bout d'un quart d'heure,
04:57 j'avais l'impression qu'on avait coupé l'électricité
04:59 et que j'avais plus de jambes.
05:02 Et je me rappelle dans ma tête, je me dis "non, pas aujourd'hui".
05:05 Pourquoi pas aujourd'hui ?
05:06 Et bien là, on part à l'essentiel.
05:08 - Le but de la finale, effectivement, c'est celui qui nous fait gagner.
05:11 Mais c'est vrai qu'en premier mi-temps, Fabien, il nous gagne le match.
05:15 Il fait deux ou trois arrêts décisifs,
05:17 que s'il n'est pas là et qu'à la mi-temps, le match est terminé.
05:21 Donc Fabien a fait une très, très grande finale de Coupe d'Europe.
05:25 - On dit souvent que les gardiens, ils sont à part.
05:27 Mais ils sont à part.
05:29 Alors le méta, il est à part, avec son caractère, avec sa façon de faire.
05:33 Fabien, c'était encore autre chose.
05:35 La veille du match, on discutait.
05:37 Il ne savait même pas contre qui on allait jouer le samedi ou le dimanche.
05:40 On a l'impression qu'il vivait dans un autre monde, une autre planète.
05:43 C'était un gamin qui aimait jouer au foot.
05:46 Je pense que ça fait beaucoup de bien à notre équipe à ce moment-là.
05:49 - Fabien était dans les buts pour la finale.
05:53 Mais moi, sur le banc, j'ai joué cette finale.
05:56 Parce que je ne radais pas le match.
05:59 Quand Fabien n'avait pas de ballon, je radais Fabien.
06:01 J'étais à sa place.
06:03 C'est pour ça que je peux dire que je l'ai gagné autant que les autres.
06:06 Le jour du match, j'ai perdu, je crois, 2 kg.
06:09 Je bougeais.
06:11 Je ne sais pas si à un moment donné, je n'ai pas failli prendre un carton.
06:14 Parce que l'arbitre me voyait tout le temps taper de partout.
06:18 Et dès que ça allait côté Fabien, tu as toujours peur.
06:22 Comme tu te sens à sa place, d'anticiper.
06:25 - Les 21 premières minutes, on est dans l'eau, sous l'eau.
06:29 Ça aurait pu tourner en naufrage total.
06:33 - Nous l'avions voulu fortement.
06:36 Et eux, peut-être encore plus.
06:39 Cette victoire.
06:41 Ils ont peut-être été remis en prix pour ça.
06:44 C'est souvent cette petite différence
06:50 qui fait que tu gagnes ou non.
06:55 La force collective sera toujours plus importante que la force individuelle.
06:59 Parce que sur le papier, il faut être réaliste.
07:02 Si on met les deux équipes, le Milan, c'était largement supérieur à nous.
07:06 Mais sur un plan collectif et force collective,
07:09 je pense qu'on avait un peu plus que.
07:13 - Eric, Mairick.
07:15 - Bon comme tout.
07:16 - Ça va, ton papulence ?
07:17 - Ça va bien et toi ?
07:18 - Forme 1 ?
07:19 - Ouais, nickel.
07:20 - Moi, j'étais l'un des seuls qui pensait qu'on pouvait perdre.
07:22 Je n'étais pas rassuré parce que je connaissais cette équipe par cœur.
07:26 J'étais inquiet.
07:28 Et quand je suis rentré, je me suis dit, c'est pas possible.
07:31 Je me suis dit, c'est pas possible.
07:33 Je me suis dit, c'est pas possible.
07:35 Je me suis dit, c'est pas possible.
07:37 Je me suis dit, c'est pas possible.
07:39 Et quand je suis rentré, je me suis dit, c'est trop tard.
07:42 - Jean-Tacky Walkie qui fait partie de l'histoire de la Coupe d'Europe.
07:46 Avec Bernard, on s'était mis d'accord avant le match,
07:48 en se disant, on va communiquer tous les deux,
07:50 pour savoir, on ne sait jamais ce qui peut se passer et tout.
07:53 Basile se plaigne du genou, presque à sortir, pas presque, à sortir.
07:56 Raymond hésitant.
07:58 Bernard me dit, dis-lui absolument, non non, il reste, il reste, il reste.
08:02 Je vais voir Basile, à un moment donné, il se rapproche.
08:05 Je lui dis, Basile, tu continues, tu restes, tu restes.
08:07 - Il avait un bon pied gauche et un bon pied droit.
08:09 Là, il a, oui.
08:10 Ça, c'est vrai.
08:11 Non, mais ça, je lui dis en rigolant.
08:13 Non, mais il avait cette capacité, voilà, dans le jeu de tête,
08:17 de très très haut niveau Basile.
08:20 Et heureusement, puisque depuis, c'est casque d'or,
08:23 même si avant, c'était juste casque, mais là, c'est casque d'or.
08:26 - Moi, je suis sur le banc de touche au moment où Basile marque.
08:29 On ne voit pas grand-chose, mais on entend, quoi.
08:35 - Après quelques secondes, le match bascule, en fait.
08:38 Et d'un seul coup, de challenger, je sens qu'on devient leader de ce match.
08:44 Le vent avait tourné.
08:46 - Au deuxième poteau, le but !
08:51 - Ouais !
08:52 - Le but ! Le but !
08:54 - En fait, le but, logique.
08:56 Deux qui sont concernés et un seul qui saute.
08:59 À la fin, c'est normal.
09:00 - D'habitude, je vais au deuxième poteau.
09:02 Mais je me dis, attends, là, tu ne vas pas aller au deuxième poteau.
09:05 Donc, viens au premier poteau, c'est plus facile.
09:08 Et quand il prend le ballon, il me jette un regard.
09:11 Donc, évidemment, le regard du mec, je te l'avais dit, va au premier.
09:17 Je ne vais même pas complètement au premier.
09:20 C'est-à-dire que je fais semblant d'aller comme ça,
09:22 et puis je repars là, parce que Richecard, il m'attendait au deuxième.
09:26 Il m'attendait au deuxième.
09:28 Donc là, quand je vais, on voit qu'ils sont un peu embêtés en plus.
09:32 Ils se disent, là, là, là, il parle en italien.
09:34 Tu le prends, tu ne le prends pas.
09:36 Et moi, je fais comme ça et je fais ça.
09:39 Donc, il me retient, mais le temps de me retenir,
09:43 je t'ai déjà, j'avais déjà anticipé.
09:45 Merci, Casoni, merci, Mauser.
09:48 C'est ces personnes qui m'ont donné le timing.
09:53 On apprend à dominer le ballon,
09:56 donner la force à la balle pour qu'elle puisse y aller.
09:59 C'est fou parce que je ne vois pas rentrer le ballon sur le but.
10:03 Donc, je suis peut-être le dernier à avoir vu qu'on avait marqué.
10:06 Là, en fait, toutes les planètes étaient alignées à l'instant T.
10:08 C'est un jeu de qui ? On fait un strike.
10:10 Voli est devenu l'héros de Marseille.
10:14 La course pour Marseille.
10:17 Vous avez entendu ? Marseille est championne d'Europe.
10:21 Nous avons la Coupe d'Europe des clubs champions.
10:26 C'est fini !
10:28 J'étais assis, la tête dans les genoux.
10:39 Et le boss est venu me relever.
10:42 Il m'a embrassé et m'a dit,
10:45 si on est là, c'est parce que c'est grâce à toi.
10:49 J'ai toujours beaucoup d'empathie et je fais en sorte de me mettre à la place des autres personnes.
10:55 Lui avait vécu l'attachement à Marseille.
10:59 Il se retrouvait l'année d'après à jouer un titre face à son équipe de cœur
11:05 où il était programmé, il était le capitaine, il était programmé pour être champion d'Europe.
11:09 Le retour à Marseille, ça a été quelque chose de hors norme.
11:18 Depuis l'aéroport jusqu'au stade, je n'ai jamais vu autant de gens au bord de route.
11:23 Autant au stade c'était beau, il n'y avait pas de partage physique, il n'y avait pas d'échange.
11:29 Autant lorsqu'on est arrivé à Marseille, là il y avait un contact, les gens étaient là,
11:33 ils nous touchaient, ils nous remerciaient, ils étaient heureux.
11:36 Pour moi, c'était...
11:38 Et lorsqu'on est rentré dans le stade Vélodrome pour présenter la Coupe, là c'était l'apothéose.
11:44 Bernard Casody qui était le capitaine aussi en début de saison, qui était titulaire
11:49 et qui a perdu sa place au moment de revenir au stade Vélodrome.
11:54 Et quand on est descendu de l'avion, je voulais qu'il soit à côté de moi à tenir les deux la Coupe
12:00 parce que pendant les six premiers mois, c'était lui le capitaine.
12:05 J'avais un rapport particulier avec le public, les anciens minots, je me suis senti grand.
12:11 Je me suis senti à l'égal de mes copains qui étaient des stars, voire même au-dessus
12:15 parce que l'accueil que j'avais reçu à ce moment-là était particulier.
12:20 Je tremblais, je chialais et Bernard Tapie, Jean-Louis Lebrou et Jean-Pierre Bernays
12:25 étaient venus me soutenir parce qu'ils avaient cru que j'allais tomber dans les pommes.
12:30 S'il n'y a pas la main de Vata, 90, 91, 92, 93, en quatre ans,
12:35 Marseille peut faire trois finales de Champions League.
12:38 Je ne sais pas si on réalise ce que c'est.
12:40 C'est le plus important d'être le point central du sport en France par rapport à Paris.
12:48 Marseille est la rebelle qui focalise finalement l'attention en France dans des compétitions européennes.
12:56 On connaît les Marseillais, c'est une fierté incroyable et une superbe réussite.
13:01 Tu t'imagines, tu devais être témoin quand tu entendais "Boli, tu pues,
13:08 va te laver le cul".
13:10 Tu t'imagines ?
13:12 Je dis que c'est un destin.
13:17 Je ne sais pas si tu te rappelles le premier match, Tapie vient m'expliquer qu'il ne voulait pas
13:22 que je fasse fuir.
13:23 Donc c'est moi qui dois aller me montrer sur le terrain.
13:25 J'aimais ce côté marseillais que j'avais perdu quand je suis arrivé en France
13:32 et étant gamin de l'Afrique.
13:34 Cette chaleur humaine que j'ai toujours recherchée.
13:37 Et ça, je me suis identifié à cette ville.
13:41 Tous les jeunes qui ont 30 ans aujourd'hui n'ont pas connu ces moments.
13:45 J'espère qu'un jour ils auront la chance de connaître ce qu'on a vécu,
13:49 ce que les gens de ma génération, les gens plus âgés ont connu.
13:53 Connaître ça à Marseille, c'est le top.
13:57 C'est une nirvana.
13:59 Il faut vivre avec son temps, mais il y a un devoir de mémoire par rapport à l'histoire.
14:05 Non pas toujours faire référence à ce qui s'est passé,
14:07 mais ça s'est passé, ce qui a permis d'avoir des lendemains plus ou moins heureux.
14:13 On s'accroche souvent à des dates les plus importantes de notre vie.
14:16 Le 26 mai fait partie des dates les plus importantes de ma vie aussi.
14:20 Moi, ce titre-là me colle à la peau chaque jour que Dieu fait,
14:26 puisque je vis dans Marseille, Sainte-Treville.
14:28 Pour exemple, récemment, au cours Julien, un matin tôt, j'avais un rendez-vous,
14:36 j'attendais sur mon scooter, il y a un petit gamin de 10 ans avec son cartable qui allait à l'école
14:41 et qui s'est arrêté et m'a dit "Vous êtes Monsieur Dimecco".
14:43 J'ai dit "Mais..." J'étais tout petit, il m'a dit "Mais mon père m'a montré tous les matchs,
14:47 et il n'y a pas longtemps, j'ai encore vu la finale".
14:50 C'est collé à nous et encore plus quand tu vis dans cette ville.
14:53 Tous les jours, on te renvoie à ça.
14:55 C'est l'histoire de ma vie.
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