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Pourquoi interroger un joueur olympien qui n’a pas joué la finale contre Milan ? Tout simplement pour l’entendre nous expliquer qu’il l’a jouée... sur le banc. Le témoignage de Pascal Olmeta dans ce cinquième épisode de notre série vidéo documentaire "Les coulisses d’un sacre", sur LaProvence.com, est des plus étonnants, émouvants, passionnants. On pourrait l’imaginer amer, il est heureux, jaloux de Fabien Barthez qui a pris sa place en septembre 1992 à l’OM ? Il ne dit que du bien de son grand ami. "Fabien a joué la finale sur le terrain et moi je l’ai jouée sur le banc, à travers ses yeux, j’ai transpiré, j’ai dû perdre deux kilos et à la fin, nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre". Ses évocations de Raymond Goethals, Didier Deschamps, capitaine omniscient, sont originales et l’histoire de la coupe d’Europe kidnappée en Corse jusqu’à ce qu’il reçoive sa prime, vaut le détour...

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Transcription
00:00 On en parle encore, oui.
00:05 C'est que du bonheur.
00:07 30 ans après, déjà.
00:10 Bernard Tapie nous l'avait dit dans les vestiaires.
00:12 Vous verrez, à vie, on vous parlera toujours de cette victoire.
00:17 Et c'est vrai que 30 ans après, on en parle encore.
00:20 En 1991, à Bari, vous êtes l'un des joueurs les plus marqués par la défaite contre
00:38 l'Etoile Rouge à cause des tirs au but.
00:40 Imaginez-vous que l'OM allait pouvoir revivre une finale aussi vite ?
00:45 1991, pour moi, ça a été le fait marquant de ma carrière.
00:51 Perdre aux pénaltis, c'est pour ça que même en championnat d'Europe de mon fils, en quarte
00:55 finale, il passe aux pénaltis, il en arrête un, chose que moi, je n'avais pas fait en
01:01 1991.
01:02 Demi-finale, pénaltis, il en arrête un autre, il passe pour finir champion d'Europe.
01:09 Et nous, on était vraiment persuadés de la gagner.
01:13 On était tellement costauds qu'on l'a perdu.
01:17 Et de dire derrière, on va rejouer une finale, je n'aurais pas pari.
01:25 Peut-être qu'avec cette équipe, oui, mais autrement, non, parce que d'y arriver en
01:33 finale, ce n'est pas donné à tout le monde.
01:34 Ce début de saison 1992-1993 est très délicat.
01:37 Ça a été une saison assez difficile.
01:39 Beaucoup de choses se sont passées.
01:43 Dans les vestiaires, tu sentais qu'il y avait des moments difficiles.
01:51 On parlait déjà de départ, des choses qui nous dérangeaient.
01:56 Et dans le football, quand il y a des trucs qui te dérangent dans les vestiaires, que
02:00 tu n'as pas cette âme de vainqueur, tu ne passeras jamais.
02:04 Et pour nous, ça nous a renforcés.
02:09 Je ne savais pas qu'en 1993, on allait être encore finaliste, mais ça nous a renforcés.
02:15 Pourquoi ?
02:16 Parce qu'on ne comprenait pas l'équipe qu'on était, on ne comprenait pas qu'entre
02:21 nous, dans les vestiaires, on a pu arriver en finale de celle de 1991.
02:26 Pourquoi ? Qu'est-ce qui faisait que ce qui nous manquait ? On en parlait beaucoup entre
02:34 nous et la chance, c'est qu'on était très solidaires.
02:36 On était vraiment une équipe.
02:38 Il n'y avait pas de vedettes, il n'y avait pas de ci, de là.
02:45 On était tous les mêmes.
02:46 En septembre, vous vous êtes écarté au profit de Fabien Barthez et c'est Jean-Pierre
02:50 Bernays qui vous l'annonce.
02:52 Je me rappelle la tête de Jean-Pierre qui vient me dire que j'allais ne pas jouer.
02:58 Jean-Pierre, mon ami.
02:59 Mais venant de sa part, je ne l'ai pas accepté.
03:04 Mais j'étais vraiment très remonté contre le président.
03:11 Et puis, certains joueurs ne m'ont pas suivi.
03:16 Mais bon, ça fait partie d'un groupe.
03:19 Ensuite, j'étais le premier à dire à Jean Castaneda que le gardien avec qui on s'entraînait
03:24 était un phénomène.
03:25 Et ça, je le reconnais encore aujourd'hui.
03:28 C'est mon ami Fabien Barthez.
03:30 Après, il faut savoir l'accepter.
03:32 Mais pas quand il y a injustice.
03:35 Et là, il y avait une forme d'injustice.
03:38 C'est ce qui faisait que j'étais beaucoup, beaucoup remonté.
03:41 Vous avez donc accepté la situation, d'être derrière Fabien.
03:44 Qu'est-ce qu'il avait de plus que les autres, Barthez ?
03:47 Fabien, c'était, je me rappelle, les premiers entraînements avec mon pote Jean Castaneda
03:53 et puis Alain Casanova, où il lui restait toujours cette espèce de chevelure, qui nous
04:05 faisait rigoler.
04:06 Mais Fabien, c'était dans sa simplicité, sa tranquillité, sa force, son pied gauche.
04:14 Il fallait savoir reconnaître que tu avais affaire à un très bon gardien de but, puisqu'après
04:20 il nous l'a prouvé, il a été très loin.
04:23 La chance, c'est que j'ai fait son transfert.
04:26 Comme quoi, l'amitié est forte entre gardiens de but.
04:29 Et comme je dis à mon fils, il faut toujours savoir accepter qu'il y a plus fort que toi.
04:34 Et quand tu acceptes ça, c'est facile.
04:37 Pas si facile que ça, quand même.
04:39 Non, non.
04:40 C'est sûr que ça n'a pas dû être facile de laisser ta place, mais ça te renforce.
04:47 Parce que ce n'est pas facile, parce que quelqu'un avec qui tu étais en désaccord
04:51 ne voulait plus que tu joues.
04:52 La différence est là, que d'avoir un jeune joueur avec un grand, grand potentiel, de
05:00 le faire jouer, toi, en tant que gardien, tu peux accepter.
05:04 Fabien est devenu titulaire et à la suite du premier match de poule de Ligue des Champions
05:08 à Glasgow, Tapie décide qu'il faut vous remettre dans les buts.
05:12 Mais ça n'arrivera pas.
05:14 Comme quoi, tout est écrit.
05:16 Mais je me rappelle surtout que l'article, Fabien Martèze s'est blessé.
05:22 Ça me faisait rigoler, mais bon, ça fait partie du football encore d'aujourd'hui.
05:28 Le mensonge, toute l'hypocrisie.
05:32 Et là, Jean-Pierre, mon ami, vient me voir et me dit « tu reprends les buts, parce qu'à
05:39 Glasgow… » Mais à Glasgow, Fabien ne s'est pas troué.
05:43 Même pas, je ne vais pas dire peut-être, mais il était là.
05:48 Il était là.
05:49 C'est que l'équipe était moins ce jour-là, mais ce n'est pas pour ça qu'il fallait
05:53 qu'il laisse les buts.
05:56 Et puis, si tu dois jouer, tu dois jouer.
05:59 Et la preuve, c'est qu'un ballon anodin, que Jean-Marc Ferreri, une reprise de volé
06:09 carrément loupé, le ballon qui arrive mort, je veux le ramasser et je me casse la jambe.
06:15 J'ai cette image, j'ai bougé parce que j'ai ressenti la douleur.
06:20 Mais tout ce qui suit est encore plus dur que ce que j'ai vécu d'être retiré des
06:29 buts.
06:30 C'est de me retrouver à la Timone, à côté des poubelles, sur le brancard, où j'appelle
06:37 Jean-Pierre Francesc, notre ami, le pauvre.
06:40 Et voilà, je me retrouve là comme un cheval à lavatoires.
06:45 Ça, c'est dur.
06:47 Et avec Fabien, comment ça se passait ? Très bien.
06:50 Moi, avec Fabien, c'était ce courant facile.
06:55 Parce que Fabien, si tu ne le connais pas, tu vas dire "pour qui il se prend ?" Mais
07:01 Fabien, il était facile.
07:03 Il était très réservé.
07:05 Moi, le premier, je lui disais "oh Fabien, regarde, tu as oublié ton sac.
07:10 Fabien, il ne savait pas où il avait mis les clés de sa voiture".
07:13 Voilà, j'étais un peu le grand frère.
07:14 La chose qui fait qu'aujourd'hui, je l'appelle, il ne me répond pas encore.
07:18 Voilà, c'est cette simplicité chez l'homme.
07:21 Avec vous, il y a Manuel Amoros, puis Bernard Casoni, qui vont être aussi écartés de
07:27 l'équipe type.
07:28 C'est dur à vivre pour des piliers de l'OM des années précédentes ?
07:31 Oui, quand tu es joueur, tous les jours sont différents.
07:35 L'entraînement, non pas pour dire "je suis en place", non, mais c'est pour rester
07:42 en place.
07:43 Et ensuite, c'est l'appréciation du coach, c'est l'appréciation des uns et des autres.
07:49 Le football est simple, très simple.
07:52 Mais si tu as des gens qui décident que tu ne fais pas partie de ce moment-là, de cette
07:59 équipe-là parce que tu es moins bon ce jour-là et que tu t'es loupé un match, ou que tu
08:05 es le premier à morfler chez les gardiens avant l'entraîneur, mais après, tu dois
08:10 accepter.
08:11 Tu dois accepter parce que tu vas travailler plus pour revenir plus vite.
08:15 Et ça, c'est la force des joueurs.
08:18 Et à Marseille, si tu n'as pas ce tempérament, si tu n'as pas ce caractère, jamais tu reviens.
08:23 A quel moment sentez-vous que vous allez au bout en Coupe d'Europe ?
08:27 À tous les moments.
08:29 Tous les moments parce que c'est simple.
08:32 Les entraînements, c'était une joie de vivre.
08:36 Le vestiaire, la pré-vestiaire, les conneries.
08:39 Moi, le premier, je n'arrêtais pas, même sans jouer.
08:41 Je me rappellerai sur l'autoroute qui partait vers Marseille, j'avais bloqué carrément
08:49 Basile Boli sur l'autoroute.
08:51 J'avais arrêté toutes les voitures.
08:52 Pour te dire la connerie tellement que tu te sens bien.
08:58 Quand tu es bien dans ta vie, avec ta famille, il n'y a que ce bonheur, c'est de gagner.
09:03 Et quand tu fais passer ça à tous les joueurs, tu ne peux qu'aller de l'avant.
09:10 Pour les nouveaux venus cette saison-là, eux aussi sont montés en régime en cours
09:15 de saison.
09:16 Boxi, Foller, Barthez, Decailly.
09:18 Tous ces joueurs qui arrivaient ne pouvaient prendre que sa pointure, la vraie, la leur.
09:23 Si tu arrives dans une équipe où il n'y a pas tellement l'ambiance, où tu te sens
09:28 de côté, ça ne marchera jamais.
09:30 Alan, le Boxi, quand il est arrivé, il était très réservé.
09:34 Et puis au fur et à mesure, jour après jour, la déconnade, la rigolade dans les vestiaires,
09:42 tu l'as vu grandir, tu l'as vu s'ouvrir comme une fleur.
09:46 Quand il est arrivé, il avait les épaules intérieures.
09:49 Quand il est parti, quand il a commencé ses matchs, il est devenu grand.
09:54 Après, tu avais l'impression qu'il marchait sur la pointe des pieds.
09:58 Les autres joueurs, c'était ça.
10:00 C'était les vestiaires.
10:02 Mais les vraies vestiaires.
10:03 C'est pour ça que je dis aujourd'hui, Paris, c'est impossible.
10:07 Il n'y a pas de vestiaire, il n'y a pas d'âme.
10:09 Et Didier Deschamps, comment s'est-il mué en capitaine ?
10:12 Tu sais, Didier était un peu obligé de lui donner le capitana.
10:16 Caso, il avait très bien compris.
10:19 Parce que Didier, tu avais l'impression qu'il avait déjà vécu les matchs.
10:25 Tout le temps, c'était lui le coach, c'était lui le porteur de cette parole.
10:32 Avant le match, pendant… Tout le temps, il était obligé de parler.
10:38 Tout le temps, comme sur le terrain, il était partout.
10:40 C'était l'Ascensus, c'était celui qui apportait ce plus.
10:45 Un gagnant, quelqu'un qui ne voulait jamais baisser les bras.
10:50 Et toujours prendre la place de l'entraîneur.
10:56 Pourtant, c'était que ce joueur-là.
10:59 Quand il te parlait, tu avais l'impression qu'il avait déjà joué le match qu'on allait jouer.
11:02 Et à la fin du match, tu te disais, il a quelque chose qui fait que…
11:09 Il avait dit qu'on allait gagner comme ça, on avait gagné comme ça.
11:12 Et ça, c'était impressionnant.
11:13 Chris Waddell nous disait un jour que Didier aurait pu marquer plus de buts,
11:17 aller plus souvent dans la surface adverse,
11:20 mais qu'il préférait rester sobre pour le bien de l'équipe.
11:23 Pour nous, c'était un peu le second du coach.
11:27 C'était celui qui voulait apporter la victoire, mais sans la pousser,
11:31 sans lui-même aller la donner.
11:35 Toujours au centre du terrain, quand on dit la vision du gardien,
11:41 tu es le dernier, tu vois tout.
11:44 Mais lui, tu as l'impression que sa tête est tournée comme le grand-duc.
11:48 Elle fait 90 degrés, où il voyait tout, où il n'allait pas de l'avant
11:52 pour marquer presque si un ballon devant la ligne de but,
11:56 il l'a donné à Chris ou il l'a donné à quelqu'un d'autre pour ne pas qu'il ressorte.
12:02 C'est cette force, c'était cette force et ça l'est toujours.
12:07 Et puis un mec extraordinaire.
12:08 Et le vrai coach alors, Raymond Guttals, que vous amenait-il ?
12:12 On voit que le simple fait d'évoquer son nom vous donne le sourire.
12:16 Monsieur Guttals, j'en ai les frissons parce que moi,
12:21 le premier qui montait tout le temps dans le bus et j'étais assis à côté de lui,
12:25 chaque fois, il me mettait la main aux fesses, il me disait
12:29 "Oh là là, ma femme aime bien ses grosses fesses".
12:32 Et ça, c'était un père.
12:37 C'était ses paroles, il parlait à tout le monde.
12:40 Son petit sourire avec sa cigarette de côté.
12:44 Combien de fois avec des matchs très importants où je n'arrivais pas à dormir,
12:49 je le rencontrais dans les couloirs à 2h du matin avec Jeannot Fernandez.
12:57 Tu ne pouvais avoir que du respect.
12:59 Et puis surtout, tu gobais ses paroles.
13:04 C'est qu'il avait cette force naturelle de connaître le jeu.
13:11 Le jeu, cette simplicité où des fois, on aimait le faire un peu...
13:19 Parce qu'il ne s'énervait jamais.
13:21 Le faire sortir un peu de ses gonds, si on peut dire.
13:24 Mais on se disait, quand lui, après un match,
13:28 il nous disait "Bon, demain, décrassage, 10h".
13:30 Et nous, on se disait "Les gars, personne ne vient".
13:33 Et on n'y allait pas.
13:35 Voilà, des choses comme ça.
13:36 Mais il n'y a qu'à ce moment-là, quand tu es une équipe de vainqueur,
13:39 que tu peux te permettre.
13:40 Deux jours avant la finale, l'équipe part en Allemagne, mais sans vous.
13:45 Oui, l'équipe part en Allemagne sans moi, c'est vrai.
13:49 C'est vrai, je me retrouve dans l'avion, je crois la veille,
13:52 avec des journalistes, des dirigeants, avec ce survêtement pourri,
14:00 parce que Bernard Tapie avait décidé de me le faire payer.
14:05 Mais je ne lui en veux pas.
14:07 Non pas parce qu'il a rejoint tous nos amis,
14:12 c'est que j'ai vécu le moment différent, d'un gagneur.
14:21 Pourquoi ? Parce que quand j'arrive le jour de l'entraînement,
14:27 je rejoins Castaneda et Fabien Barthez,
14:29 et je me rappelle que je les prends dans mes bras,
14:31 puisque c'était mes amis.
14:33 Je passe un baissage fort à Fabien.
14:36 Ce n'est pas parce que tu arrives le jour du match que...
14:39 Non, la victoire est encore plus belle.
14:41 Si on gagne, pour moi, c'est l'apothéose d'une carrière.
14:45 Parce que qui ne rêvait pas de jouer à l'OM ?
14:48 Et j'y étais.
14:49 Je le dis toujours à mon fils.
14:51 Un jour, tu arriveras à des trucs que tu ne comprendras pas,
14:55 mais travaille pour devenir plus fort.
14:58 Et Fabien était dans les buts pour la finale,
15:02 mais moi, sur le banc, j'ai joué cette finale.
15:05 Parce que je ne râdais pas le match.
15:07 Quand Fabien n'avait pas de ballon, je râdais Fabien.
15:10 J'étais à sa place.
15:12 C'est pour ça que je peux dire que je l'ai gagné autant que les autres.
15:16 Mais ce jour-là, j'ai gagné la finale.
15:19 Et je n'en veux à personne.
15:20 Vous avez beaucoup transpiré sur le banc ?
15:23 Oui, mais le jour du match, j'ai perdu, je crois, 2 kg.
15:28 Parce que je bougeais.
15:32 Je ne sais pas si à un moment donné, je n'ai pas failli prendre un carton.
15:35 Parce que l'arbitre me voyait tout le temps taper de partout.
15:39 Et dès que ça allait côté Fabien, tu as toujours peur.
15:43 Comme tu te sens à sa place, d'anticiper.
15:46 Alors, je n'arrêtais pas de bouger.
15:48 La poteo, c'est que tu es heureux.
15:52 Je me retrouve à la fin du match dans les bras avec Fabien.
15:57 C'est pour ça que je n'oublierai jamais, jamais qu'en 1998,
16:02 pour te dire ce message,
16:04 que Fabien vienne me donner ses gants à la finale de la Coupe du Monde,
16:07 escalader la tribune pour venir me voir.
16:11 Quoi de plus beau ?
16:13 Face au Milan, il est déterminant en première période.
16:16 De toute façon, si tu as un très bon gardien de but,
16:21 tu ne peux que gagner.
16:22 Je le dis et je le répéterai tout le temps.
16:25 Qui fait une équipe, c'est le gardien.
16:27 Ces jours avant, ces matchs avant, cette finale,
16:31 les arrêts décisifs, même s'il n'y a pas eu beaucoup de ballons,
16:36 mais les ballons, il faut savoir les arrêter,
16:39 il faut savoir les prendre quand il faut,
16:40 il faut savoir faire avancer ta défense.
16:44 Il y avait cette facilité de son pied gauche,
16:47 puisqu'à l'époque, on ne parlait pas des pieds.
16:49 Aujourd'hui, si tu n'as pas les deux pieds,
16:51 il te faut une voiture automatique.
16:53 Mais vous parvenez à apprécier la qualité de ces parades
16:56 ou vous êtes trop angoissé ?
16:57 Sur le banc, non, je suis dans l'angoisse parce que je jouais,
17:02 j'étais à 40 mètres du but.
17:04 C'était trop beau, trop beau.
17:06 Et puis, cette ambiance, on m'a dit plus tard,
17:10 il y avait plus de drapeaux à tête de Moore,
17:14 des Corses que je n'avais même pas vus.
17:17 Pourquoi ? Parce que j'étais le Fabien.
17:20 Quand je dis que je suis champion d'Europe, je peux le dire.
17:23 Et merci d'avoir pu vivre ces moments-là,
17:27 parce qu'il y en a beaucoup qui ne le vivront pas.
17:30 Sur le banc, vous voyez Jean-Pierre Papin qui va s'échauffer.
17:33 Ah ouais, ça c'était, je le chamberais.
17:36 Ah ouais, le JPP c'est...
17:40 On en rigolait.
17:42 Parce que notre force c'était ça, même en plein match, tu rigolais.
17:44 Je me rappelle que j'ai été lui dire deux mots.
17:47 Je lui ai dit que jamais il ne marquera,
17:49 qu'il ne nous fasse pas caguer,
17:51 qu'il fasse son match avec ses Italiens,
17:54 mais que c'est nous qui la gagnerons et on l'a gagné.
17:59 Après, je vais l'embrasser parce que c'est notre ami.
18:02 Ça a dû être très dur pour lui.
18:04 Très, très dur.
18:05 Il y a toujours un gagnant, mais c'était nous
18:09 On avait oublié les perdants, mais Jean-Pierre c'était notre pote.
18:12 Bon et après, la Coupe elle-même, vous l'avez emmenée en Corse ?
18:16 Personne n'avait le droit de la toucher.
18:18 Je disais toujours que je serais le premier à l'emmener en Corse.
18:22 J'avais dit à Jean-Pierre Bernays,
18:25 je vais partir avec elle.
18:27 Et c'est ce que j'ai fait.
18:28 Arrivé à Marseille, je suis parti avec la Coupe.
18:31 Mais le plus beau, c'est que...
18:35 Voilà, je pense qu'il va m'entendre,
18:37 c'est qu'il ne voulait pas me payer ma prime.
18:42 Et alors, je me rappelle tous les coups de fil de Jean-Pierre Bernays.
18:46 Pascal, il faut ramener la Coupe, il faut ramener la Coupe.
18:48 Mais non, la Coupe, on l'avait cachée.
18:51 La Coupe, elle était en Corse.
18:52 Ça a duré trois semaines.
18:54 Tant que je n'avais pas eu ma prime,
18:58 la Coupe ne revenait pas.
19:00 Quand c'était sur le compte, la Coupe est revenue à Marseille.
19:04 Elle était dans le maquis, oui.
19:05 Elle était côté Les Sanguinaires.
19:10 Et ça, c'est bon.
19:11 Alors, même si vous n'avez pas joué, tout en jouant sur le banc,
19:16 est-ce que ça a été le plus grand moment de votre carrière ?
19:19 Ah oui, ah oui, oui, oui.
19:20 Vivre ces moments dans une carrière qui, pour moi, a duré 20 ans.
19:24 J'ai eu cette chance d'être recruté à Marseille,
19:28 de jouer sous ses couleurs, de gagner la plus belle des Coupes.
19:33 C'est que du bonheur.
19:36 Que du bonheur.
19:37 On parle tout le temps de ça.
19:38 Quand on dit à jamais les premiers, c'est la vérité.
19:42 Oui, j'ai pris un coup de soleil.
19:44 Ha, ha !
19:45 ♪ ♪ ♪

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