• il y a 2 ans
Une nouvelle fusillade a éclaté à Marseille lundi soir dans le 15e arrondissement de la cité phocéenne. Au moins six personnes ont été blessées, le pronostic vital de l'une d'entre elles est engagé. Ce drame survient au lendemain de la mort de trois individus après une fusillade dans le 11e arrondissement. L'édito de Matthieu Croissandeau, journaliste politique à Bfmtv. 

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Transcription
00:00 Oui, au sens propre du terme, étymologiquement, c'est la vie de la cité, la politique, et là on a l'impression d'un cauchemar en continu
00:05 auquel on aurait tort de s'habituer. Les fusillades, les meurtres se suivent à un rythme effréné.
00:10 En 2022, 32 personnes ont été tuées dans le cadre de ces règlements de comptes.
00:13 Depuis le début de l'année, on en est à 21.
00:16 Un climat de guerre des bandes, de guerre des gangs même, qui terrorise la ville dans tous les quartiers.
00:20 Alors remarquons au passage qu'on s'émeut aussi beaucoup quand ça touche des quartiers qui ne sont pas les quartiers nords,
00:23 comme si c'était plus normal, plus supportable dans les quartiers pauvres que dans les quartiers riches.
00:27 Ce matin, on apprend que 6 personnes ont été blessées. Ce week-end, 3 hommes abattus à l'arme de guerre.
00:32 Chaque fois, les mêmes mots, les mêmes témoignages, les mêmes bouquets de fleurs, les mêmes marches blanches,
00:36 sans que cela ne semble rien changer à l'affaire.
00:39 On est pire qu'en guerre, confiaient des mères de famille désespérées au journal 20 minutes début mai,
00:45 avant d'appeler au secours. Au secours quand même.
00:48 On est en France, on en est là. C'est dire le climat de désespoir.
00:52 Vous diriez que la réponse de l'État n'est pas à la hauteur de la situation ?
00:55 C'est ce qu'estimait dimanche sur notre antenne Manuel Bonpart, le député LFI de Marseille.
00:59 Écoutez.
01:01 Je déplore, pas une impuissance, mais je pense un manque d'investissement
01:08 dans ce qui devrait, de mon point de vue, être la priorité.
01:11 Je pense qu'on a besoin de moins de communication et plus de travail sérieux.
01:14 Et le travail sérieux, c'est investir dans la police d'enquête, la police d'investigation.
01:20 Pardon Mathieu, mais l'État, c'est un peu lui qui se met à venir en part.
01:23 Et puis l'État n'a pas rien fait.
01:25 En avril dernier, le ministre de l'Intérieur annonçait l'envoi de la CRS 8,
01:28 vous savez, les fameux CRS spécialisées pour épauler les forces de l'ordre à Marseille.
01:32 Il annonçait sa volonté de renforcer aussi la police judiciaire.
01:34 11 officiers qui devaient venir d'ici septembre.
01:37 Il faisait même le bilan en disant que ces deux dernières années,
01:39 il y a eu 300 policiers supplémentaires,
01:41 trois unités de CRS à demeure ont été déployées à Marseille.
01:44 Mais même si la lutte contre le crime organisé, c'est compliqué,
01:47 si on s'inscrit dans une logique de résultats,
01:49 force est de constater que les résultats, ils ne sont pas là.
01:52 Alors on peut faire de la provoque en disant que la drogue, c'est de la merde,
01:55 comme le dit souvent Gérald Darmanin,
01:57 mettre la lutte contre le trafic de stupéfiants au rang de priorité,
02:02 annoncer la création de 200 brigades de gendarmerie dans zones rurales,
02:05 faire de l'ordre républicain une priorité, ça c'était Emmanuel Macron.
02:09 Vous vous souvenez, en avril dernier, on a envie de dire à quoi ça sert
02:11 si on n'est pas capable de faire régner l'ordre tout court dans la deuxième ville de France.
02:15 Alors le gouvernement n'est pas seul responsable,
02:17 vous l'avez dit, évidemment c'est collectif et l'État, c'est un peu nous tous.
02:21 Les consommateurs de stupéfiants d'abord qui font vivre ces trafics,
02:24 les élus locaux qui s'étaient fait élire sur la promesse d'un printemps marseillais,
02:29 qui ressemble de plus en plus à un automne ou un hiver, on a envie de dire,
02:32 puis la classe politique en général,
02:34 qui on rêve qu'elle se réunisse un peu de façon transpartisane sur ce sujet,
02:37 je sais que ça peut paraître sans doute enfoncée, des portes ouvertes ou utopiques,
02:41 mais on voit bien que chacun reste planqué derrière ses petites arrières-pensées.
02:44 Alors oui c'est compliqué, mais je peux vous dire que si ça se passait
02:47 dans une petite commune rurale ou dans un quartier huppé,
02:49 Alors là, personne ne se planquerait.

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