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Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau

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00:00 -Docteur Brigitte Millot avec nous. Bonjour Brigitte. -Bonjour.
00:02 -L'ex-compagne de Gaspard Ulliel révèle dans un livre
00:06 que la mort de son compagnon, de Gaspard Ulliel,
00:10 a permis de sauver six vies grâce au don de ses organes.
00:15 Vous nous parlez de l'importance du don d'organes de son vivant.
00:19 -C'est très important. On va rappeler comment se déroule
00:22 le don d'organes en France.
00:23 En France, le don d'organes est anonyme, il est gratuit,
00:27 et nous sommes tous donneurs présumés.
00:31 Ce qui veut dire que si vous ne voulez pas donner vos organes,
00:35 vous pouvez vous inscrire sur le RNR,
00:37 le registre national du refus.
00:40 D'ailleurs, dans les nouveautés,
00:42 cet avié est révocable à tout moment.
00:44 Vous pouvez vous inscrire et vous désinscrire.
00:46 Et autre nouveauté, vous pouvez aussi choisir
00:49 les organes ou les tissus que vous voulez donner.
00:52 Après, je le disais, c'est important d'en parler,
00:57 parce qu'en fait, dans la vraie vie,
00:59 on pourrait se dire que si on n'est pas sur le RNR,
01:03 on va être prélevé en cas d'accident.
01:06 En fait, pas du tout.
01:07 Dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça.
01:10 Même si vous n'êtes pas inscrit au RNR,
01:13 l'équipe médicale va toujours demander à la famille.
01:18 Dans le témoignage de l'ex-compagne de Gaspard Huel,
01:21 justement, elle disait qu'on s'est concerté
01:24 avec les parents de Gaspard.
01:25 Et moi, pour savoir si on donnait ou pas,
01:27 si on acceptait de donner ses organes.
01:30 Or, dans ces moments-là,
01:32 dans ces moments de chagrin intense,
01:33 où le temps presse,
01:35 parce que c'est une véritable course contre la montre,
01:37 de donner ses organes...
01:38 -Quel délai ? -Pour un coeur, c'est 4 heures.
01:41 Pour des poumons, c'est 6 heures.
01:42 Pour les reins, c'est un peu plus long.
01:44 -En clair, on apprend la mort de son proche
01:47 et on doit, dans la foulée, décider.
01:50 -Voilà. D'où l'importance, vraiment,
01:53 d'en parler aux familles avant.
01:55 Il faut aussi comprendre ce que les gens ne savent pas.
01:57 Pour en parler, il faut déjà être informé.
01:59 Il y a l'Agence de biomédecine.
02:03 Vous mettez "don d'organe" et vous verrez,
02:05 il y a vraiment toutes les questions
02:06 et surtout toutes les réponses aux questions que vous vous posez.
02:09 Mais c'est important d'aller le consulter, de savoir.
02:11 Ce que les gens ne savent pas, c'est que, par exemple, en France,
02:14 il y a moins de 1 % des personnes décédées
02:20 qui sont éligibles au don.
02:22 Mais oui, c'est moins de 1 % des personnes
02:25 qui sont éligibles au don. Pourquoi ?
02:27 Parce qu'il faut déjà une mort,
02:29 ce qu'on appelle une mort encéphalique.
02:31 C'est-à-dire que si vous avez eu un accident
02:34 où vous êtes totalement traumatisé,
02:36 là, on ne pourra pas donner.
02:38 Il faut constater une mort encéphalique,
02:40 une mort cérébrale,
02:41 qui doit être constatée par deux médecins.
02:43 Généralement, il s'agit de mort encéphalique.
02:47 Après, il peut y avoir d'autres morts par arrêt cardiaque
02:50 qui sont très minimes en nombre.
02:52 Mais sinon, il s'agit généralement d'une mort encéphalique,
02:55 constatée, je vous le disais, par deux médecins.
02:57 Donc là, on regarde si la personne est au registre national du refus.
03:00 Évidemment, là, on ne touche pas, on ne fait rien.
03:02 Après, on va demander à la famille.
03:04 Mais après, il faut encore faire tout un tas d'examens.
03:08 On va faire des examens biologiques,
03:10 on va faire des examens radiologiques.
03:12 Vous comprenez bien qu'on ne va pas donner les poumons
03:15 d'une personne qui fumait
03:17 ou le foie d'une personne qui était alcoolique.
03:20 On ne va pas...
03:21 Quand on fait des prélèvements sanguins
03:22 pour savoir si la personne n'était pas porteuse d'une maladie infectieuse,
03:25 sida, hépatite C, etc.
03:27 Vous voyez, tous ces examens sont faits
03:30 pour savoir si la personne est compatible,
03:32 est éligible au don d'organes.
03:34 Il faut des organes qui fonctionnent bien.
03:36 On ne doit pas aller faire n'importe quoi.
03:38 Donc, il faut parler de tout ça.
03:40 Après, il faut bien comprendre aussi,
03:42 parce que ça, c'est un des freins chez les personnes
03:45 quand elles discutent, quand elles réfléchissent
03:47 à savoir si elles veulent donner ou pas,
03:49 c'est de se dire, "Oui, mais dans quel état on va me rendre le corps ?"
03:52 Non.
03:53 Les interventions, les équipes chirurgicales
03:56 qui sont formées à ça opèrent le patient décédé
03:59 exactement comme s'il était vivant,
04:02 comme si c'était une personne vivante.
04:04 Vraiment, c'est fait dans les règles de l'art.
04:06 D'ailleurs, j'en profite pour dire que tous ces frais,
04:10 plus la restauration du corps, c'est totalement pris en charge.
04:13 Donc, après, dans les questions qu'on se pose aussi,
04:16 c'est, "Oh oui, mais quand même, là, il est vieux,
04:19 on ne va pas donner ses organes."
04:21 Il n'y a pas d'âge pour donner ses organes.
04:23 Il y a un monsieur décédé de 96 ans
04:26 qui a donné son foie...
04:29 C'est une question que j'allais vous poser.
04:30 On prélève de quel âge à quel âge ?
04:32 Il n'y a pas d'âge.
04:33 De zéro à...
04:35 Chez les tout-petits, il faut l'accord, évidemment,
04:37 de ne pas rendre le corps.
04:38 On peut effectivement donner...
04:40 Chez les tout-petits, il y a même des nourrissons qui naissent,
04:42 ce qu'on appelle anencephales, sans cerveau,
04:44 avec des malformations.
04:46 Même chez eux, on peut donner des organes.
04:48 Et je vous disais, ce monsieur de 96 ans,
04:50 il a donné son foie, il a permis de sauver une vie.
04:54 Donc, après, autre question que les gens se posent,
04:56 bien souvent, les gens ne veulent pas donner leur cœur.
04:59 Ça a un côté symbolique, le cœur, ils ne veulent pas.
05:02 Eh bien, on peut choisir.
05:03 On peut dire, "Je veux bien donner ça, mais pas mon cœur."
05:06 Je vous ai mis juste la liste des organes et des tissus.
05:10 Parce qu'en fait, on ne le sait pas,
05:12 mais on peut aussi donner des tissus.
05:14 Il y a une femme dont le mari était décédé,
05:17 elle a permis de greffer 16 personnes.
05:20 Parce qu'on a donné les os de son mari
05:23 à des enfants qui ne pouvaient plus marcher,
05:25 la peau, le coude poulé, etc.
05:27 Donc, on le voit. Et puis, le don,
05:30 pour moi, c'est le plus beau mot de la langue française, le don.
05:33 Donc, n'hésitez pas, parlez-en tranquillement de votre vivant,
05:37 c'est important.
05:39 Parce que si nous sommes tous donneurs présumés,
05:42 nous sommes tous aussi receveurs présumés.
05:44 On peut tous en avoir besoin.
05:46 – Merci docteur.
05:47 [Musique]
05:50 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]