La Zone Grise : Sexualité masculine

  • l’année dernière
Dans ce nouvel épisode, Christelle Tissot et Laure Elisabeth Roussel s'intéressent à la sexualité masculine. Qu'est-ce que la "masculinité" ? Quels sont les stéréotypes qui pèsent sur les hommes, et celleux qui s'identifient avec le masculin ? Pourquoi ce besoin de performance ? Quel est l'impact sur la santé mentale des personnes concernées ? Écoutez le podcast pour en savoir plus !

Un grand merci à nos témoignants pour leur participation.

À propos de la Zone Grise : c’est le podcast de mūsae pour parler de toutes ces situations, ces habitudes ces doutes qui ont un impact sur notre santé mentale sans pour autant être inscrits sur l’autel du DSM (le manuel de référence des diagnostics et statistiques sur les troubles mentaux). Ils habitent notre quotidien et parfois deviennent problématiques. Christelle Tissot et Laure Elisabeth Roussel, thérapeute, mettent des mots sur vos maux pour vous apporter des pistes de réflexion. Le podcast, la Zone Grise montre que la santé mentale ce n’est ni noir ni blanc, mais c’est toute une palette d’histoires, d’émotions, de personnalités.


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Direction Artistique par Siobhan Keane

Production par Studio Module
Transcript
00:00 Salut, c'est Christelle, la fondatrice de Musae. Bienvenue sur Musae Stories, le podcast qui
00:10 dédramatise et démocratise la santé mentale. Ce que je veux faire ici, c'est partager un point
00:15 de vue holistique, décomplexé, accessible à toutes et tous sur la santé mentale. Grâce aux
00:21 regards croisés de psychologues, d'universitaires, de sportives, de sportifs, d'artistes, d'associations.
00:26 Musae Stories est un porte-voix pour les personnes engagées et touchées par la santé mentale,
00:31 car prendre soin de notre santé mentale est un engagement durable et citoyen.
00:36 Putain mais moi j'ai pas du tout envie ce soir. Je devrais avoir envie parce qu'on a tout le temps
00:49 envie mais là je te jure j'ai pas envie, j'ai juste envie de mater une série et basta. Je
00:53 comprends pas pourquoi elle m'a dit "si t'as pas envie de moi c'est que t'as un problème". En vrai
00:56 j'ai juste le droit d'être fatigué. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, la puissance
01:00 c'est important mais si j'arrive pas effectivement à baiser toute la nuit, il va vouloir me revoir le
01:06 lendemain ? Bah vous comprenez c'est bien pour ça que je suis tombée dans le chemical sex parce
01:10 qu'à un moment donné il faut bien tenir. Moi je suis dans un milieu en fait où si t'as pas une
01:13 érection qui dure deux heures, bah tu passes pour une tarlouze. Je les déglingue toute la nuit.
01:17 Elégant ces distinctions. Moi quand j'arrive dans les vestiaires, la première chose que je dis à mes
01:22 potes c'est "putain je l'ai retourné, c'était chanmé". Et en vrai dans les coulisses ça donne
01:26 quoi ? Dans les coulisses tu veux dire dans les coulisses de ma tête ? En vrai quand je dis ça à
01:30 mes potes ce que je ressens c'est est-ce que j'ai été suffisamment tendre, est-ce que j'ai assuré,
01:35 est-ce que je les fais jouir ? Mais en réalité est-ce que ça dépend vraiment de moi de faire
01:39 jouir l'autre ? Et en même temps, moi on me dit "à chaque fois que tu bandes, tu jouis non ?" Mais
01:45 pas du tout. Ou alors j'ai pas l'impression ou alors je sais pas ce que c'est je crois. Est-ce
01:49 que parce que j'ai éjaculé c'est forcément que j'ai fini ? Est-ce que quand j'ai éjaculé j'ai
01:53 forcément eu un orgasme ? Et là encore ce soir on me demande d'assurer au pieu alors que j'ai été
01:59 humiliée toute la journée. On me demande d'assurer au pieu alors que je sais pas ce que c'est en fait
02:05 assurer au pieu. Mais moi ce que je veux c'est de la tendresse, moi ce que je veux c'est de la
02:10 peau contre peau, moi ce que je veux c'est rencontrer comme on le faisait au 19e siècle.
02:13 Moi j'ai pas envie le soir d'arriver, de rencontrer une meuf et de me dire ou un mec d'ailleurs et
02:18 de me dire tout de suite "bah ouais faut que j'assure au pieu parce que moi en fait j'ai des
02:22 difficultés érectiles donc si je dois tout de suite assurer bah ça me stresse et quand je stresse
02:25 bah je débande". Autant de mythes, autant de clichés qu'on peut avoir, qu'on peut se donner,
02:30 qu'on peut dire aussi, qu'on peut énoncer sur la sexualité et sur le désir masculin. Aujourd'hui
02:35 dans ce nouveau podcast de la zone grise on avait envie d'aborder ce sujet avec Laure Roussel
02:41 qu'on ne présente plus, notre thérapeute préférée, en prolongement en fait du podcast Musae Stories
02:47 sur les relations amoureuses avec Claudia de Self Love Project. On avait tenté de déconstruire
02:53 certains clichés sur la rencontre amoureuse et comment en fait elle peut nous induire dans
02:58 des positions, dans des constructions qui ne nous servent pas forcément au quotidien et surtout qui
03:04 nous mettent dans des situations qui ne nous conviennent pas. Et ce qui est hyper intéressant
03:09 c'est que de revenir un peu aussi sur la philosophie d'identité de Musae qui vise toujours
03:15 à réfléchir à une parité, à une diversité et qu'effectivement il y a parfois des contextes où
03:20 on vient un petit peu déconstruire les mythes de la virilité d'aujourd'hui, de ce que ça implique
03:24 dans les relations amoureuses. Et il y a toujours un pendant, une autre phase de la pièce qui montre
03:30 que finalement là peut-être que certaines femmes ou certains hommes se plaignent de ces mythes
03:35 mais il y a aussi des hommes qui finalement sont victimes de ces mêmes constructions et qui se
03:41 posent des questions. Et au-delà de ça on avait envie en fait de faire un épisode sur santé
03:46 mentale et sexualité masculine. Et puis ça tombe bien parce que du coup on est vraiment bien placé
03:50 pour en parler Laure ! Bah oui parce qu'en fait toutes les deux en tant que femmes on est venu
03:54 avec notre part masculin au topper et puis surtout en tant que femmes on a aussi des rencontres dans
04:00 notre vie romantique et sexuelle avec des hommes, on a des amis qui sont des hommes, on a des parents,
04:06 des frères, des pères. Alors bon moi pour ma part je ne vais évidemment pas aborder la sexualité de
04:12 mon père, ce qui est tabou universel, tout le monde le sait. Il n'empêche qu'il y a aussi la sexualité
04:17 des hommes, des sexagénaires et d'ailleurs la sexualité des personnes au-delà de 60 ans en
04:21 général fait partie des grands tabous. Et c'est toujours intéressant de questionner ce qui se
04:25 passe de part et d'autre pour simplement venir un peu remettre de la nuance dans les réflexions du
04:33 quotidien qui amènent en fait une souffrance. Et en fait ce que vous ne saviez pas peut-être,
04:38 bande de muses, c'est que j'ai une spécialisation qui est la sexothérapie et au cabinet je reçois
04:44 très régulièrement des hommes de 7 à 77 ans. C'est un peu comme les jeux Ravensburger chez moi.
04:48 Et ce qui est chouette c'est de se dire que, et bien en fait quel que soit son âge,
04:54 bon là on a choisi la musculanité, on va définir ce que ça veut dire aussi que de parler au masculin
04:59 par rapport à la notion de genre, et bien on va questionner le corps, la performance, la romance,
05:09 la tendresse, l'excitation, le fantasme, l'autorisation aussi, les tabous qui vont
05:14 avec pour ensuite tenter d'avoir une vie plus épanouie. On remercie déjà effectivement les
05:21 personnes qui ont accepté de témoigner dans ce podcast, on remercie également les personnes
05:26 qui ont répondu au sondage sur Instagram, et puis voilà on espérait aussi que ça va inciter à
05:31 la discussion, à offrir des perspectives, à voir les choses un peu différemment, à déconstruire
05:36 des choses aussi pour les personnes qui n'osent pas encore franchir le pas.
05:39 On n'est pas toujours formés, on n'est pas toujours en apprentissage, il ne se reste que de savoir
05:45 qu'il y a des pénis différents, qu'il y en a qui sont de chair, d'autres de sang, et bon ça pose
05:51 des questions. Après il y a beaucoup de pudeur je trouve chez les garçons, on fait les macs,
05:58 enfin pour moi un peu, on se la joue un petit peu, mais en fait on est assez timide quand même,
06:03 on n'est pas aussi libre qu'on voudrait.
06:07 Cette idée reçue qui dit que dans les vestiaires du rugby on va se raconter sa vie sexuelle est un
06:13 mythe absolu, et en réalité très souvent les hommes parlent d'une solitude terrible en ce qui
06:19 concerne leurs questions qui engagent leur romance et leur sexualité.
06:23 Il y a une grande pudeur par rapport à ça et c'est loin effectivement du mythe du mec qui se la raconte,
06:29 qui crie haut et fort, ce qu'on disait un peu en déconnant en intro du podcast,
06:34 mais en fait c'est pas si évident que ça, et c'est du coup, voilà, on a envie de reposer un peu les bases
06:41 aussi justement sur un peu les définitions.
06:44 Simplement en avant envie de reposer au départ la question du genre, parce qu'on l'a appelé sexualité masculine,
06:51 parce qu'à un moment donné le vocabulaire qu'on a en France implique une généralisation avec un étiquetage.
06:56 Maintenant, rappelons qu'aujourd'hui il y a la question queer, la question de la transidentité,
07:02 qui fait que le masculin ne va plus se résumer à l'appartenance avec le sexe qui est assigné à la naissance.
07:08 Donc à chacun d'aller voir dans quelle mesure il se reconnaît dans cette sexualité dite masculine.
07:15 Et puis même si on se sort de la polarité des genres féminin, masculin,
07:19 l'ensemble des prismes qu'il va y avoir vont ramener des nuances.
07:23 Et pour illustrer cela, il y a quelque chose qui me vient aussi,
07:29 c'est que parfois on dit d'une femme qui a un certain comportement érotique et sexuel qu'elle se comporte comme un homme.
07:36 On parle de certains hommes, assignés biologiquement dans leur masculin, dans leur féminin,
07:41 qui ont certains comportements, on dit qu'ils se comportent comme des gonzesses.
07:44 Donc c'est hyper intéressant et en même temps on se dit,
07:46 à quel moment dans ce vocabulaire il y a la sensation que c'est humiliant d'être l'un ou de l'autre,
07:51 ou valorisé ou valorisant d'être l'un ou de l'autre ?
07:54 Et à un moment donné on peut dire, mais tout ça n'a absolument aucun sens,
07:57 et que finalement on va au-delà de ça.
08:01 Aujourd'hui le podcast s'intéresse à se questionner sur en quoi des représentations qui au départ étaient très binaires,
08:10 des comportements dits masculins et des comportements dits féminins,
08:14 avec après à chacun d'entre vous de faire le travail pour ramener un peu de nuances là-dedans,
08:20 vont potentiellement nuire ou au contraire participer à une sexualité épanouie.
08:26 Et si on prend un exemple, je rencontre un mec ou je rencontre une meuf,
08:35 est-ce que dès le début on peut se dire qu'on est un petit peu emprunt de ces mythes fondateurs sur la sexualité ?
08:42 Typiquement on peut se dire, moi les mecs qui m'intéressent, c'est les mecs qu'on dit virils,
08:50 qui ont du charisme, qui s'affirment, qui sont aussi physiquement peut-être costauds, imposants, plus grands également,
09:00 qui dégagent quelque chose, une espèce pas d'emprise, peut-être parfois d'emprise aussi,
09:04 mais en tout cas qui prennent de la place, qui prennent de la place tant d'un point de vue physique que d'un point de vue de l'aura.
09:10 En fait en gros ils sont sur deux, il n'y a pas de vulnérabilité possible là-dedans.
09:14 Oui, il y a plein de choses dans ce que tu dis.
09:16 Déjà dans la rencontre, est-ce qu'on projette sur l'autre des aptitudes et des capacités qui sont attendues du genre
09:25 et aussi de ce fait en extension dans ce qui va se vivre dans la sexualité ?
09:29 Si je pousse un peu le trait, si je reste un peu sur les poncifs du XIXe siècle ou du siècle dernier,
09:35 ok je vais dans une soirée, d'ailleurs c'est statistique, dans une soirée une femme ou un homme qui est plutôt attiré par les hommes,
09:43 va de fait être attiré sexuellement et érotiquement par les personnes les plus grandes qui sont dans la salle.
09:50 Donc là on revient vraiment à le patriarcat et la virilité telle qu'elle est construite.
09:55 Je suis grand, je suis fort, je suis puissant, je protège, doit se retrouver dans le corps,
10:01 donc je suis musclé, j'ai un pénis important, j'ai une attitude...
10:07 Ça on ne le voit pas tout de suite forcément.
10:09 Ah bon ?
10:09 Ça dépend de tes soirées ?
10:11 Moi si, moi j'arrive à le voir assez facilement, mais juste comme ça à la taille de la pupille.
10:15 Ok.
10:16 Ouais, mais bon ça dépend.
10:17 T'as le talent.
10:18 Oui, je sais, je te dirai comment on fait.
10:21 Mais en réalité tout ça on s'en fout un peu, c'est juste se dire tiens mais qu'est-ce qui est projeté au-delà du mythe
10:27 qui fait que ça va impacter la sexualité et les comportements qui vont avec ?
10:32 Le fameux "est-ce que c'est important de ramener une forme de brutalité aussi parfois dans la sexualité ?
10:38 Est-ce que c'est important de ramener forcément du pénétrant ?
10:41 Est-ce que s'il y a une sexualité sans qu'il y ait du pénétrant, est-ce que c'est vraiment un acte sexuel ?
10:47 Ou est-ce qu'on va juste continuer à dire que c'est des préliminaires ?
10:50 À quel moment on dit qu'en fait on va bien au-delà ?
10:53 Au-delà du pénétrant, au-delà du phallus tout puissant.
10:56 Et quand je dis au-delà du phallus tout puissant, c'est valable aussi de ce qui est vécu du côté des hommes
11:02 qui se ressentent hommes, soit assignés à la naissance, soit en transidentité.
11:07 Parce que parfois, simplement, ils ne se reconnaissent pas du tout dans ces codes-là.
11:11 Et donc ça amène une forme de mal-être, comme on va aussi le trouver chez les femmes en polarité,
11:16 parce qu'ils n'ont pas du tout envie d'avoir une sexualité un peu agressive,
11:21 ils n'ont pas du tout envie de questionner cela.
11:23 Tout ce vocabulaire qui va autour de "alors, qui c'est qui fait l'homme dans le couple ?
11:28 Parce que c'est celui qui pénètre l'autre qui est forcément celui qui est le masculin."
11:33 En plus, je rappelle que dans une sexualité, par exemple, hétéro,
11:37 un vagin avec tout le muscle du périnée, en fait, il va entourer aussi un pénis
11:43 et potentiellement peut se demander qui prend l'autre.
11:46 Je trouve ça toujours vachement intéressant.
11:48 Donc, comment tout ce vocabulaire va faire que les hommes, dans leur santé sexuelle et dans leur santé mentale,
11:58 peuvent aussi se questionner, être impactés et s'emmerder parfois au quotidien,
12:04 alors qu'en fait, eux aussi, ils ont simplement envie, en fin de journée,
12:08 de se mettre un petit film devant Netflix et de ne pas avoir besoin d'amener un résultat.
12:13 - Oui, et c'est ce qui ressortait dans le sondage qu'on a fait sur Insta.
12:17 Non, les mecs n'ont pas tout le temps envie de baiser.
12:19 Enfin, vraiment loin de là.
12:22 Et parfois même, effectivement, les femmes, on se met en tête ça ou on l'a,
12:27 ou on nous l'a mis en tête, peu importe.
12:29 Et du coup, ça crée une déception de notre part qu'on fait du coup ressentir.
12:34 Et donc, du coup, ça entretient aussi ce mythe de la virilité quelque part un peu toxique.
12:40 En tout cas, on encourage effectivement les mecs à endosser ce rôle de toute puissance
12:44 et surtout à ne pas exprimer autre chose.
12:46 - Oui, exactement.
12:48 Et c'est drôlement intéressant parce que moi, j'entends des femmes au cabinet qui viennent et qui me disent
12:53 "mais attends, j'ai tout fait, j'ai sorti tous les signaux érotiques possibles
12:59 et le mec, il avait quand même envie de pas moi, mais qu'est ce que j'ai ? J'ai un truc qui est déconnant".
13:02 Et à un moment donné, c'est intéressant de dire
13:04 "mais est-ce qu'en fait, tu t'es questionné sur ce qui générait du désir chez l'autre ?
13:07 Est-ce que c'est forcément d'avoir de la chair, du corps ou d'être entrepris de cette manière-là
13:13 si en face, il y a besoin peut-être d'un peu plus d'intellect, de sapieux, d'imagerie, de scénario, de tendresse ?
13:22 À un moment donné, l'autre aussi ne se déclenche pas forcément juste parce que t'as claqué dans les doigts.
13:28 Et on demande aux hommes, en tout cas dans l'inconscient collectif,
13:31 il y a quelque chose qui dit qu'un homme, quel que soit la maman qui l'approche,
13:36 il doit avoir une érection dans les deux minutes.
13:38 Ou alors, s'il n'a pas une érection, c'est que la femme ou l'autre est forcément un lédron.
13:43 - Oui, et donc du coup c'est un rejet.
13:44 - C'est hyper violent pour les deux parties en fait, parce que ça n'a rien à voir.
13:49 Ça n'a rien à voir plus avec l'élaboration du fantasme et de la rencontre.
13:52 - Déconstruisons la vérité toxique dans ce monde de brutes, merde !
13:56 - Mais oui, déconstruisons, déconstruisons !
13:59 - Et la notion de la performance.
14:02 Donc là, on a parlé de la puissance, notamment qui se voit...
14:07 En fait, pour les coulisses, Laure se fout de moi parce que je fais des gestes.
14:11 Il y a un problème avec ce geste ?
14:13 - Elle fait un geste de puissance qui ressemble à une érection qui se prépare.
14:16 - Bah voilà, tu vois, moi j'ai besoin d'être déconstruite aussi.
14:20 - Non mais tu peux avoir ce geste aussi.
14:21 Après, c'est aussi une réalité physiologique.
14:24 Quand tu es en victoire, le corps tend les bras vers le haut.
14:29 Comme une érection !
14:31 - Bah finalement !
14:32 - Comme une érection et comme un clitoris qu'on tend !
14:35 - C'est vrai !
14:35 - Il tend ses petits corps carverneux vers le haut.
14:38 Voilà, c'est une petite digression.
14:40 - Donc voilà, toute puissance, le vent en les bras.
14:44 Après s'en suit généralement une fois la rencontre,
14:47 qu'on commence à se pécho, etc.
14:50 Et donc du coup passe la toute-performance
14:53 où justement, la performance peut être uniquement mise
15:00 de la responsabilité de la personne de genre masculin.
15:03 Ou d'une des deux personnes dans le couple, ou dans le trouple.
15:07 - Ou dans le quoi ? Trouple ?
15:09 - Oui, tout à fait !
15:11 - Alors, on se dément qu'un trouple...
15:12 - Qui dit mieux ?
15:13 - Sexe-touple ?
15:15 - Octopouple !
15:17 C'est octocouple, j'avoue.
15:19 Après les Japonais ont tout un triple avec les sexualités et les octopousses.
15:23 Mais bon, ça c'est encore autre chose.
15:24 La pieuvre, dans l'érotisme c'est très important
15:27 et d'ailleurs ça fait partie des grands aphrodisiacs.
15:30 Voilà, petits tips, il y a les huîtres en France,
15:32 c'est plus accessible, et le poulpe.
15:34 - On sent la meuf qui habite à Cancale !
15:36 - Voilà, j'habite à Cancale d'ailleurs, bref...
15:38 - Non, on s'égare.
15:39 - Non, on s'égare.
15:40 - On parlait de la puissance.
15:42 Alors, cette question dans la sexualité,
15:45 dans l'engagement dans le romantisme et dans la sexualité,
15:49 elle est très très présente aussi,
15:51 parce que l'engagement de l'homme tel qu'il doit se montrer,
15:57 c'est-à-dire que la puissance va se traduire dans la sexualité,
16:01 très souvent autour de,
16:02 1) est-ce que j'ai une érection qui est qualitative,
16:05 c'est-à-dire ressentie comme ferme et durable,
16:09 combien de temps par rapport à qui, par rapport à quoi,
16:11 ça dépend un petit peu des archétypes de chacun.
16:15 2) est-ce que mon pénis est suffisamment grand,
16:18 est-ce que mon pénis est suffisamment gros,
16:19 par rapport à qui, par rapport à quoi ?
16:22 Comme c'est un organe extérieur qui est souvent exposé aussi
16:25 dans les petites classes, quand on fait la piscine,
16:27 quand on est dans les écoles, etc.,
16:29 très souvent, quand on grandit, on se compare,
16:32 et donc la fameuse épreuve des vestiaires
16:35 commence déjà à générer des complexes et des problèmes
16:38 qui vont ensuite impacter la confiance en soi
16:42 et la vision de soi dans sa sexualité.
16:44 On sait qu'il y a des études qui ont montré
16:47 que des hommes qui avaient la sensation,
16:50 que ce soit vrai ou pas, d'avoir un plus petit pénis,
16:53 même dans les petites classes par rapport à leurs collègues,
16:55 ont une confiance en eux de manière générale
16:57 qui est moins développée et vont avoir plus de difficultés
17:00 pour rentrer en relation avec les personnes de leur choix.
17:03 Donc là encore, on est aussi sur la puissance,
17:06 avec le sous-entendu en arrière-plan
17:09 que la taille du pénis va dépendre de la qualité du rapport.
17:13 Alors qu'encore une fois, on oublie à ce moment-là
17:16 de parler d'échanges, de relations, de communication,
17:20 de plein de choses, et que le plaisir et l'orgasme
17:24 et l'instant un peu réjouissant ne dépendent pas
17:28 de la qualité de l'érection.
17:30 Et d'ailleurs, quand on parle de relations homosexuelles féminines,
17:36 il ne s'agit pas de pénis, il peut s'agir de phallus,
17:40 mais pour autant, il y a des sexualités très épanouies
17:43 et qui ne sont pas pénétrantes de cette manière-là.
17:46 Donc cette puissance, elle existe un peu partout,
17:48 et quand ensuite on n'est plus en train de se demander
17:50 s'il va y avoir l'éjaculation précoce, pas précoce, etc.,
17:55 on va rencontrer beaucoup de questions autour du plateau orgasmique,
18:00 avec aussi ce stress de "est-ce que je vais faire jouir l'autre ?"
18:04 Et là, encore une fois, il y a d'autres problèmes
18:07 parce que certaines personnes, certains hommes vont penser
18:11 que l'orgasme de l'autre dépend de 100%.
18:16 Ma sexualité a évolué au fil du temps.
18:20 Je remercie les partenaires que j'ai pu avoir,
18:24 que ce soit amoureuse ou pour simplement du plaisir partagé,
18:29 parce qu'elles m'ont beaucoup appris, les femmes m'ont beaucoup appris.
18:33 Et j'ai découvert que d'être à l'écoute dans la communication,
18:38 ça pouvait permettre effectivement de changer les scénarios,
18:41 de changer les façons de faire.
18:44 Et que oui, c'était un terrain de jeu assez sympa.
18:49 - Est-ce que c'était tout à faire d'échanges et de communication et de collaboration ?
18:56 - Oui, et puis de confiance en soi qu'à l'autre vis-à-vis de lui-même.
19:01 Mais très souvent, on entend un peu dans les communications féministes modernes,
19:08 sur les comptes Instagram, etc.
19:09 Et moi, je suis la première à les suivre et j'adore.
19:12 Et parfois, je suis la première aussi à recadrer le débat.
19:15 Quand j'entends "je l'ai fait jouir, je ne l'ai pas fait jouir,
19:17 il ne m'a pas fait jouir, elle ne m'a pas fait jouir",
19:20 à dire "non mais attends, il faut que tu sortes de là.
19:22 À un moment donné, tu ne peux pas remettre ce pouvoir-là à l'autre
19:24 ou toi, te charger de ce pouvoir-là".
19:27 Sur un truc un peu, on rigole ou parfois on se moque même
19:30 du mec qui va arriver en mode "ouais, je l'ai bien prise,
19:33 je l'ai fait jouir comme une déesse".
19:35 Là, tu dis "attends mec, je t'explique, ce n'est pas du tout comme ça que ça s'est passé".
19:38 Mais en tout cas, ça raconte une pression qui existe du côté du masculin.
19:44 - Oui, qu'il y a une pression effectivement d'un pouvoir
19:47 qu'on met 100% côté masculin.
19:51 - Pour l'année 2023, moi ce que j'espère au niveau de mes rencontres amoureuses et érotiques,
19:56 c'est de pouvoir mettre un petit peu en pratique ce que j'ai appris en 2022.
20:00 D'être en quelque sorte moins empêtré dans des contradictions.
20:05 - Et en fait, ce pouvoir-là, enfin ce pouvoir qui est attribué parfois
20:12 ou ressenti parfois parce qu'on a grandi avec ces modèles,
20:15 font qu'il y a une vraie détresse du côté de la sexualité masculine
20:19 ou pour certains hommes, parce qu'ils se mettent une pression énorme à cet endroit-là.
20:24 Ils ne se reconnaissent pas encore une fois dans ces attentes.
20:29 Déjà, ils n'ont pas toujours de désir.
20:32 Ensuite, ils n'ont pas toujours à cet endroit-là.
20:34 Parfois, quand ils se disent que l'autre n'a pas joué,
20:36 ils ont l'impression que c'est parce qu'ils ont été des mauvais coups.
20:39 Or, quelqu'un qui me dit "moi, je suis un super coup" ou "je suis un coup nul",
20:42 je dis "mais en fait, toi, tout seul, ça n'a pas de sens".
20:47 C'est le bon coup de l'un et le mauvais coup de l'autre.
20:58 D'ailleurs, à ce sujet, j'aimerais bien qu'on écoute un témoignage
21:00 par rapport à la notion de complexe, parce qu'on a reçu un témoignage assez fort.
21:04 Moi, j'avais, à l'adolescence, avant la prépubère,
21:08 j'ai un testicule qui n'est pas descendu, donc je suis un monoboule
21:14 pour être dans un langage rigolo.
21:17 Et ça ne m'a pas gêné, en fait.
21:19 J'en ai fait une différence, un peu ma marque de fabrique.
21:22 Moi, j'étais comme ça, donc les partenaires qui m'avaient eus
21:24 n'étaient les seuls qui pouvaient savoir que,
21:27 effectivement, j'avais ce petit secret dans mon pantalon.
21:31 Et que, finalement, c'était OK.
21:36 Là aussi, personne n'a aucune...
21:39 On ne m'a jamais fait de réflexion, on a plutôt rigolé
21:42 et pris de manière joyeuse.
21:45 - Donc, là, tu parlais tout à l'heure de...
21:50 Tout dépend de la façon dont on se sent par rapport à ce complexe.
21:53 C'est-à-dire que si on le voit comme un complexe,
21:57 ça peut impacter notre sexualité, mais on peut aussi le voir différemment,
22:02 c'est-à-dire le dépasser, finalement.
22:05 Et ça peut devenir tout à fait quelque chose qui ne devient pas problématique
22:08 et qui permet d'avoir une sexualité tout à fait épanouie
22:13 et tout à fait réjouissante.
22:15 - Ça rentre même dans le jeu.
22:17 Je remercie aussi ce témoignage qui est super sympa.
22:20 C'est rigolo quand tu dis "monoboule" comme ça.
22:23 Ce qu'on pourrait dire, c'est que c'est compliqué parfois
22:25 d'avoir à le déposer, à le rencontrer.
22:28 J'entends régulièrement des gens qui disent "moi, je suis comme ci, je suis comme ça,
22:31 j'ai le corps qui est fait comme ci, comme ça, j'ai une odeur comme ci, comme ça,
22:34 mes poils puent bien, ma vulve, mon pénis".
22:37 Et puis, à un moment donné, on en revient toujours à
22:40 plus c'est vécu et bien vécu, et notamment par celui qui est le porteur
22:44 de ce qui pourrait être vu par le tout-venant comme un handicap.
22:48 À partir du moment où c'est complètement intégré,
22:51 ça rentre dans le jeu et on voit bien qu'il n'y a aucune limite.
22:55 Donc, à la grande question, le "suis-je normal, est-ce que c'est normal,
22:59 est-ce que je fais bien, est-ce que c'est sale, est-ce que c'est pas sale",
23:02 c'est juste qu'elle est la réponse que tu te donnes à toi-même.
23:04 Et si c'est pleinement vécu, c'est kiffant.
23:07 - Exactement. Et puis, s'il y a des choses qui ont pu te plaire à un moment donné,
23:11 qui ne te plaisent plus maintenant parce que tu as évolué dans ton désir,
23:16 parce que tu as une relation avec d'autres personnes,
23:17 parce que vous avez évolué aussi ensemble.
23:20 Et ça ne veut pas dire qu'il y a un problème,
23:21 c'est juste qu'il y a d'autres choses à explorer.
23:25 - Oui, on dit souvent qu'au prisme d'une vie, on va vivre des sexualités.
23:30 - Des choses que je n'aimais pas à 18 ans et que j'ai aimées plus tard.
23:35 Des façons de faire, des découvertes, des expériences,
23:41 des choses qu'on fantasme, qu'on fait,
23:43 et puis finalement, ce n'est pas si terrible que ça.
23:47 Par exemple, d'être à plusieurs, ça a été un gros fantasme.
23:53 Mais dans la réalité, ça ne m'a pas enchanté plus que ça.
23:59 - En fait, tout fantasme, toute situation,
24:04 même si on nous la vend comme étant l'ultime graal glorifiant,
24:09 n'est pas forcément bon à vivre.
24:13 Typiquement, faire un plan A3, ce n'est pas forcément un kiff pour tout le monde.
24:16 Ce ne sera peut-être pas forcément ton kiff,
24:18 parce que pour plein de raisons, tu n'as pas envie de gérer ça comme ça,
24:22 parce que tu as envie d'être dans quelque chose de plus intime,
24:24 parce que tu as peur de ne pas assurer également.
24:27 - Oui, mais au-delà de ça, si on fait du lien entre, par exemple,
24:30 les fantasmes et la puissance et la virilité.
24:34 Là, dans l'exemple, il y a l'idée du plan A3.
24:36 Bon, là, ça a été vécu, ça a été pas plus, pas moins,
24:41 mais au moins, ça n'a pas été traumatique.
24:42 - Effectivement, le but du fantasme, c'est de continuer à animer du désir
24:46 et à générer un émoi et peut-être un peu réveiller
24:50 une partie plus animale de l'humain qui permet parfois
24:53 d'aller vivre différentes choses dans sa sexualité.
24:57 Et ces fantasmes-là, ils ne sont pas forcément faits pour être vécus,
25:00 voire ils vont être délétères.
25:01 La personne qui témoigne, elle nous dit bon, ce n'était pas ouf,
25:04 mais ce n'est pas compliqué.
25:06 La réciproque est vraie, c'est-à-dire que moi, j'ai aussi des personnes,
25:09 des couples qui sont venus me voir en me disant
25:11 on avait une sexualité qui était un petit peu en train de s'endormir.
25:15 Monsieur propose à madame d'aller dans un club échangiste, mélangiste.
25:21 Il y a un contrat qui se met en place entre eux.
25:24 Monsieur vient avec son masque de virilité et de toute puissance.
25:28 Et finalement, au moment où il vit la situation,
25:30 il ne se sent pas du tout à l'aise, il ne se sent pas du tout bien.
25:33 Et madame, elle vit extrêmement bien l'expérience.
25:36 Et sauf que ça générait un problème dans le couple
25:38 et que c'était traumatique et que finalement,
25:40 le fantasme du couple a été vécu.
25:43 Ça a été délétère pour l'un, peut-être une porte de senti pour l'autre.
25:46 J'en sais rien. Mais tout n'est pas fait pour être mis en lumière.
25:51 Il faut garder une place pour le rêve.
25:53 En fait, s'il n'y a pas de rêve, il n'y a pas de désir.
25:56 - Et est-ce que justement, par rapport à tout ce dont on parle sur les mythes
26:01 fondateurs de la virilité qui, du coup, ne sont pas finalement au service des mecs,
26:06 est-ce qu'il n'y a pas aussi dans ces fantasmes entretenus
26:09 toute une imagerie de la pop culture, des pornos aussi,
26:14 qui entretiennent justement cette virilité toute puissante, très performative ?
26:19 Est-ce qu'il n'y aurait pas aussi une remise en question là-dedans ?
26:22 Pour amener d'autres fantasmes, parce que les fantasmes sont aussi nourris
26:26 par le cinéma, par la pop culture, par le porno.
26:29 Est-ce qu'il n'y aurait pas aussi quelque chose à revoir sur ce sujet-là ?
26:32 - Là, le sujet du porno, effectivement, on est d'accord.
26:35 Là, on enfonce un peu des portes ouvertes.
26:37 Et en même temps, par rapport à l'élaboration des scénarios érotiques et sexuels
26:42 et de ce qui véhicule comme mythes, notamment autour de la violence,
26:46 notamment autour de la puissance, notamment autour de la domination
26:49 qu'on a dans une grande majorité des pornos,
26:51 effectivement, aujourd'hui, on le questionne beaucoup.
26:53 Il y a aussi un nouveau porno qui se développe.
26:56 Je pense au travail d'Erika Lust, je pense au travail d'Ovidie,
26:59 où on ramène d'autres corps, où il s'agit plus de partage, d'échange.
27:05 Il y a quelque chose qui est plus réjoui, aussi, qui est un peu plus ludique.
27:09 Il y a plus de parité, il y a plus d'échange.
27:12 Mais le porno, je dirais que la problématique aujourd'hui
27:16 que je retrouve chez mes clients, c'est que le porno a plutôt construit une imagerie
27:22 qui n'est pas comme un fantasme, mais qui est plus comme quelque chose à atteindre,
27:26 qui est plus, justement, le reflet de la sexualité telle qu'elle doit se vivre et se construire.
27:30 Et à cet endroit-là, elle est problématique.
27:31 Et à ce moment-là, c'est problématique parce qu'en fait, ça amène des constructions où...
27:37 Moi, j'ai des hommes qui arrivent au cabinet et qui me disent...
27:39 Moi, je me suis construite avec l'idée que si je n'avais pas une érection
27:42 qui allait durer 70 minutes et qui faisait 25 centimètres, j'avais raté ma life.
27:48 - What, what, what, what ?
27:48 - Oui, mais parce qu'ils ont grandi avec Croco Siffredi, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
27:51 Et encore, quand je te dis 25 centimètres, j'ai été sympa,
27:53 parce que je crois que Croco, il est à base de 32, 35.
27:56 - Mais le mec a dû manger des OGM.
27:59 Alors, je ne sais pas vraiment s'il y a un lien entre les OGM et la taille du pénis.
28:04 Ah, c'est donc un tips donné par Christophe Tissot aujourd'hui.
28:07 Je ne sais pas si ça marche aussi pour les clitoris.
28:09 Tiens, manger des OGM, ouais.
28:11 Bon, évidemment, ce qu'on vient de dire est totalement faux.
28:14 Pour les huîtres et le poulpe, ça, on peut en reparler,
28:17 mais pour les OGM, c'est une petite boutade.
28:19 Mais concrètement, quand on se construit en tant qu'homme,
28:21 en pensant qu'on doit avoir une sexualité comme on voit dans les films pornos,
28:24 ça amène de fait tout de suite un complexe sur sa propre performance.
28:28 Parce que juste quand on compare le pénis qu'on voit dans le film
28:32 et le pénis qu'on voit dans la glace, on se rend compte que ce n'est pas le même.
28:35 Quand on compare la qualité de l'érection du film et la sienne,
28:38 on se rend compte que ce n'est pas le même.
28:40 Quand on commence à rentrer dans la chambre en se faisant passer par un gros plombier
28:44 et en retournant madame, on dit "mais attends, qu'est-ce qui se passe ?
28:46 Ça ne va pas ou quoi ?"
28:47 Et ça vient complètement démonter une forme d'équilibre et de représentation de soi.
28:54 Et ça participe à créer des difficultés érectiles.
28:58 Bien au contraire, ça participe à créer des problématiques d'éjaculation précoce, de complexe.
29:03 Et au-delà de ça, ça participe aussi à créer tout un champ qui est absolument délétère.
29:08 On est autour du chemical sexe justement,
29:10 pour pouvoir ressembler à ses pornos et avoir une vie sexuelle
29:14 qui va ressembler à celle qu'on va voir dans les pornos.
29:16 On va faire appel à des prises de drogue en tout genre.
29:19 Et ça, en prenant le risque pour sa vie ou pour son pénis,
29:23 parce que c'est aussi un excellent moyen d'être atteint de priapisme,
29:26 on appelle ça.
29:28 À un moment donné, on va avoir une érection qui va durer tellement longtemps
29:31 que ça va engorger le corps caverneux du pénis et le nez creusé.
29:36 Et ça me fait penser à un podcast qu'on avait fait avec Yohann Laveyan,
29:40 où on parlait justement du chemsex.
29:43 C'était un podcast qu'on a fait il y a deux ans, en 2021,
29:47 où justement, Yohann avait un discours de prévention par rapport au chemsex
29:54 et par rapport au risque que ça pouvait rencontrer.
29:57 C'était en plein confinement et justement, les questions de performance,
30:01 super-performance, effectivement, il fallait baiser pendant des heures,
30:03 des heures, des heures, avec tout un tas de personnes,
30:08 a apporté pas mal de problèmes de prévention sexuelle,
30:12 de MST et de consultations derrière.
30:16 - Oui, effectivement, ce lien vers la prévention des risques,
30:19 il est fondamental parce que qui n'a pas entendu à un moment donné dans sa vie,
30:25 mettre un préservatif, ça va nuire à la qualité de mon érection
30:29 ou ça nuit à la qualité de ma sensation, ou ça nuit, du coup, je n'y arrive pas,
30:33 ou j'ai l'impression du coup de pénétrer à l'aveugle et de ne rien sentir.
30:37 Et en fait, comme derrière, il y a l'idée d'une sexualité pénétrante et toute puissante,
30:44 du coup, tout ce qui pourrait nuire à cette performance va pouvoir sortir du champ,
30:47 comme les capotes, et après, on rentre dans une chaîne virale qui n'a plus eu de sens.
30:54 Mais bon, voilà, c'est toujours au quotidien, comme on continue à penser,
30:59 à déconstruire ce qui nous met en mouvement et ce qui met parfois les hommes en difficulté.
31:07 - Ça m'a apaisé de découvrir des termes comme asexuel ou demi-sexuel.
31:12 Alors, non pas pour me définir définitivement là-dessus,
31:15 c'est une grande nouveauté, j'ai arrêté de me définir d'une manière définitive.
31:21 Justement, quand j'ai appris que la sexualité existait, je me suis dit "ah, ok,
31:26 ce sont des fonctionnements qui existent, ce sont des gens qui se définissent
31:29 comme pas forcément attirés par la sexualité, et ça peut être de temps en temps,
31:34 ce n'est pas quelque chose de définitif, ce qui m'aide à accepter les périodes plus calmes
31:39 dans mes sexualités, et d'ailleurs, ça ne veut pas dire que le calme
31:43 ne veut pas dire qu'il n'existe rien, il y a encore aussi la tendresse, la douceur,
31:49 tout ça, et la complicité, c'est hyper important, je pense,
31:51 c'est parfois plus satisfaisant que l'acte de performance.
31:56 Et la demi-sexualité, ça m'a beaucoup aidé pour, sans mauvais jeu de mots,
32:00 ça m'a beaucoup aidé dans la définition de moi, notamment sur ce besoin justement
32:07 de ne pas forcément avoir de rencontres avec des inconnus,
32:10 toujours sur la performance, l'attirance physique, etc.
32:14 Justement, être demi-sexuel, c'est être attiré par ce que les gens ont dans la tête,
32:19 ce qu'ils pensent, leur psyché, leur personnalité,
32:23 ne pas confondre avec ça, piosexuel, là on est intéressé plus par une qualité intellectuelle,
32:27 un QI, c'est forcément encore de la performance par le haut,
32:32 alors que demi-sexuel, c'est juste la personne pour ce qu'elle est,
32:34 avant d'être juste un corps ou un désir physique.
32:40 La demi-sexualité, il y a vraiment ce truc de devoir connaître avant d'avoir envie,
32:45 et de connaître ces deux termes, ça m'a permis d'appréhender beaucoup mieux mes phases,
32:51 et d'être plus à l'écoute, de me dire "bon ben ok, là, je sais pas, c'est l'hiver,
32:56 j'ai déjà pas envie de me déshabiller pour prendre une douche,
32:59 alors c'est peut-être un peu logique que j'ai pas envie non plus de voir quelqu'un,
33:05 ou d'avoir envie de quelqu'un, et d'être tout simplement nu ou sexuel".
33:09 Et demi-sexuel, pareil, c'était ce truc, quand des amis me disent "ah lui, quel bon,
33:16 qu'est-ce qu'il est, il est incroyablement sexy",
33:19 ne rien ressentir pour cette personne, alors que plastiquement, ça semble parfait,
33:24 ben oui, mais je le connais pas, donc j'ai pas cette assurance.
33:28 Donc de connaître toutes les définitions, je pense, de la sexualité,
33:30 ça peut être intéressant pour se positionner, se sentir moins seul,
33:34 voir que nos mécanismes, on est pas seul à les vivre,
33:38 je pense que c'est ce que je trouve le plus intéressant.
33:41 - Comme on vient de l'entendre dans ce témoignage, dont on remercie,
33:46 la sexualité n'est pas linéaire aussi, elle a pas toujours été la même,
33:50 pourtant il est dans une relation avec son partenaire depuis un certain temps,
33:54 et voilà, depuis quelques temps, il ressent une demi-sexualité,
33:58 et ce n'est pas grave pour autant, ça remet pas en cause le couple, ou quoi que ce soit,
34:04 et ça remet en cause justement cette notion de toute performance,
34:07 et de toute puissance dont on parlait juste avant.
34:09 - Et puis il y a la notion aussi de permanence,
34:12 c'est-à-dire qu'on ne peut pas en permanence dans sa vie,
34:16 avoir du désir, qu'on soit un homme, qu'on soit une femme, ça n'existe pas.
34:20 Ça c'est vraiment un sexomythe, encore une fois, de penser qu'un homme,
34:24 et de surcroît un couple d'hommes, va avoir tous les jours,
34:28 une envie d'avoir une sexualité hyper vécue, hyper agressive,
34:33 et là on entend bien que c'est quelqu'un qui a réfléchi aussi beaucoup autour de son identité,
34:40 de son identité genrée, de son identité sexuelle, de ses orientations,
34:43 et en même temps il dit aussi, alors que c'est quelqu'un qui est plutôt érudit,
34:48 "ça m'a fait beaucoup de bien aussi de nommer, d'avoir ce mot qui vient sur une sexualité,
34:54 qui en fait parfois se transforme en sensualité et en tendresse".
34:59 - Oui, et c'est ça qui est intéressant, effectivement aussi dans ce témoignage,
35:04 c'est aussi l'évolution du désir qui peut se manifester de manière différente que la pénétration en effet,
35:11 mais qui peut aussi se manifester via de la tendresse, via de l'écoute du corps de l'autre également,
35:18 ou même pour les sapios aussi via autre chose.
35:21 Alors sapios sexuels pour la définition, c'est effectivement des personnes qui sont attirées par l'intelligence,
35:27 on va dire, et des discussions davantage que par un corps physique.
35:32 On est d'accord docteur ?
35:33 - On est d'accord.
35:34 - Merci.
35:35 - Et la tendresse bordel, on entendait bien ça dans la pop culture,
35:39 c'était quand même une phrase culte d'un film du siècle dernier tout de même.
35:49 Donc voilà, on revient à ce qui nous intéressait aujourd'hui,
35:53 c'était quand on doit un peu parler de sexualité masculine,
35:58 si on reprend un peu globalement, je m'excuse pour cette forme,
36:02 parce que l'idée c'est de ne pas imposer un script érotique évidemment,
36:06 mais si globalement on réfléchit à, tiens, quelle est mon identité genrée ?
36:10 Ensuite, comment je me fantasme dans mes rencontres et dans mes relations ?
36:14 Ensuite, une fois que je suis en relation, qu'est-ce qui fait que je peux entrer dans une phase excitation ?
36:19 Qu'est-ce qui m'excite ? Quels sont mes freins ou pas ?
36:22 Est-ce qu'il peut faire que je peux atteindre un niveau orgasmique ou pas ?
36:26 Est-ce que c'est problématique de ne pas avoir d'orgasme ?
36:29 Pour autant, ça fait toujours partie de la sexualité.
36:31 Et puis ensuite, voilà, une période réfractaire,
36:34 ce qu'on appelle la période post-orgasmique,
36:36 où il y a un temps de repos et du corps,
36:38 dans lequel il y a eu toutes ces décharges hormonales qui ont été vécues et ressenties,
36:43 qui est en fait un moment de repos
36:47 et qui permet aussi de questionner derrière la relation et la tendresse
36:52 et comment va s'organiser un petit peu tout ça différemment.
36:57 Mais ce que dit ce témoignage, c'est qu'il y a des moments en fin de mesure de sa vie,
37:02 il passe par des phases, effectivement, et peut-être qu'au départ, il a une sexualité très active,
37:06 puis là, il est plutôt peut-être dans une période où il y a plus de la tendresse, ce qui n'empêchera pas.
37:11 Retrouvez-nous sur Instagram @museetomorrow.
37:15 Si vous ressentez un mal-être psychologique,
37:17 je vous recommande d'en parler avec un professionnel de la santé mentale.
37:21 À très vite !
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