TRIGGER WARNING : Ce témoignage traite de sujets comme les violences sexistes et sexuelles ainsi que le suicide qui peuvent heurter certain·es d’entre vous.
(PARTIE 2) - Pour notre série « Tu n’es pas seul·e » du mois de la santé mentale, Nadège @nadegedelepine témoigne de la place de la santé mentale à travers le sujet des violences sexuelles et de la dépression.
Nadège est journaliste et travaille dans la presse féminine depuis sa sortie d’école il y a un an. Dans cet épisode de « Tu n’es pas seul•e », on a parlé de troubles #borderline, de #slutshaming, d’hospitalisation en #hôpital #psychiatrique et de #résilience après des traumatismes subis. Elle raconte notamment comment briser le tabou et prendre la parole peut aider à se décharger de ce qui est trop lourd.
STAY TUNED pour les prochains témoignages.
Direction : @musaetomorrow
Journaliste : @christelle_tissot
Production et montage vidéo : @musaetomorrow
@pauline.lcmt
DA by : @musaetomorrow @_siobhankeane_
Motion design : @adrienlopes
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#santementale #santémentale #dépression #violencessexuelles #bordernline #bipolarité #semainedelasantementale #anxiété #triggerwarning #trauma #psychiatrie
(PARTIE 2) - Pour notre série « Tu n’es pas seul·e » du mois de la santé mentale, Nadège @nadegedelepine témoigne de la place de la santé mentale à travers le sujet des violences sexuelles et de la dépression.
Nadège est journaliste et travaille dans la presse féminine depuis sa sortie d’école il y a un an. Dans cet épisode de « Tu n’es pas seul•e », on a parlé de troubles #borderline, de #slutshaming, d’hospitalisation en #hôpital #psychiatrique et de #résilience après des traumatismes subis. Elle raconte notamment comment briser le tabou et prendre la parole peut aider à se décharger de ce qui est trop lourd.
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ÉducationTranscription
00:00 Là, il faut bien se rendre compte que c'est les mots que je mets des années après, après
00:08 une très très longue thérapie.
00:10 Sur le moment, je pensais simplement que j'étais inadaptée socialement parce qu'il y avait
00:15 quelque chose qui tournait pas bon chez moi.
00:16 Donc ça provoquait évidemment beaucoup de honte et donc j'étais très mal à l'aise
00:21 d'en parler.
00:22 Ce qui m'a fait sortir un peu de ma tanière, c'est que j'étais admise en master de journalisme.
00:33 C'était vraiment pour le coup le rêve de ma vie.
00:35 Et donc je me suis dit, non ça va, il y a une lueur d'espoir.
00:39 La vie est en train de t'indiquer le chemin, il faut que tu y ailles, il faut que tu partes
00:46 à Paris.
00:47 C'était un gros changement et je pense que j'avais besoin d'un changement abrupt après
00:51 ça parce que je n'aurais pas pu rester à Genève, je n'aurais pas pu rester auprès
00:55 de ma famille dans un moment comme celui-là.
00:58 C'était trop compliqué.
01:00 Émotionnellement même de voir les autres aller mal.
01:04 Donc j'ai déménagé à Paris, les deux années de master se sont relativement bien
01:10 passées.
01:11 J'ai eu un changement psychologique et le cheming mis de côté.
01:18 Et ensuite, l'été dernier, il y a un deuxième événement traumatique qui est survenu au
01:26 mois d'août.
01:27 C'est que je me suis fait violer pendant mes vacances.
01:32 Et ça a déclenché chez moi une crise délirante.
01:39 Où j'ai complètement déconnecté de la réalité.
01:45 Et j'ai été hospitalisée en hôpital psychiatrique à ce moment-là.
01:49 Donc ça a été un très très gros choc.
01:54 Déjà de 1 parce que je me suis fait violer et je ne m'en souvenais pas pendant plusieurs
02:04 jours.
02:05 Et j'ai réalisé au cours de mon séjour psychiatrique ce qui s'était passé.
02:10 Les feedbacks sont revenus petit à petit.
02:12 Heureusement dans un environnement qui était médicalisé en fait.
02:18 Et où j'étais encadrée par des médecins, par des soignants.
02:20 Donc je pense que si ça avait été à l'extérieur, ça aurait été extrêmement compliqué à
02:25 gérer.
02:26 Et la deuxième chose c'est qu'effectivement je pense que la réalité était tellement
02:32 violente dans ce moment-là qu'en fait c'était pas possible de rester en train de
02:40 vivre la réalité.
02:41 Donc il fallait s'en échapper par tous les moyens.
02:43 Et je pense que mon cerveau m'a protégée en essayant de s'échapper complètement.
02:48 Alors forcément pour les médecins la priorité c'était que je réatterrisse le plus rapidement
02:52 possible.
02:53 Mais pour moi c'était impossible.
02:54 Si vous me disiez que je faisais face à ce qui s'est passé, ben non.
03:01 Je préfère largement être dans le déni de ce qui s'est passé.
03:04 Je veux vraiment pas me confronter à ça.
03:06 C'est la crise délirante qui m'a permis de me protéger d'une certaine manière dans
03:16 un moment aussi violent que celui-là.
03:19 Et puis de prendre une distance nécessaire avec le réel.
03:26 C'était pas possible autrement en fait.
03:28 Et ça a mis beaucoup de temps à revenir en fait, à me réancrer dans la réalité.
03:36 Notamment parce que suite à mon hospitalisation j'ai été mise sous médicaments, sous psychotraube.
03:44 C'est quand même des médicaments assez violents.
03:46 Et donc c'était difficile à gérer.
03:54 J'ai dû prendre une pause en fait.
03:57 J'étais fraîchement diplômée.
03:58 Donc moi, mes projets de base c'était de rentrer dans la vie active, de décrocher
04:04 un bon job de journaliste, etc.
04:06 Et j'ai dû me rendre très rapidement à l'évidence que ça allait pas être possible.
04:10 Déjà, il y avait toute la partie se remettre psychologiquement qui allait prendre beaucoup
04:16 de temps.
04:17 Donc j'ai été suivie en hôpital deux jours suite à ma sortie de l'hôpital.
04:21 Et en plus de ça, il y avait toute la partie de la procédure parce que très très rapidement
04:26 j'ai décidé de porter plainte.
04:27 Et donc il fallait que je prenne le temps en fait pour me rendre auprès de la police,
04:34 pour raconter mon histoire une fois, deux fois, trois fois.
04:37 On s'est commencé dans ce type d'affaires.
04:40 Il faut le raconter de multiples fois.
04:43 On est convoqué plusieurs fois pour qu'on nous repose des questions, qu'on précise
04:47 le témoignage.
04:48 En plus de ça, j'étais en Suisse à cette période-là.
04:51 Donc j'ai dû déposer plainte en Suisse, faire un équivalent en France.
04:55 C'était très compliqué pour faire passer les dossiers.
04:57 Donc voilà, c'était un gros morceau et forcément j'en suis pas encore sortie.
05:04 Du moment où c'est arrivé, du moment où je m'en suis souvenue, où j'ai commencé
05:11 à avoir les flashbacks, jusqu'au moment de porter plainte, je consignais dans des
05:15 carnets tout ce qui s'était passé parce que j'avais tellement peur d'oublier un
05:18 détail.
05:19 Et je me suis dit mais si il y a une enquête, il faut que je sois hyper au clair sur ce
05:24 qui s'est passé, la chronologie des événements.
05:26 J'avais malheureusement des amis à qui il était arrivé des histoires similaires
05:31 et qui m'avaient raconté ce qu'elles avaient traversé quand elles ont porté plainte.
05:36 Donc je savais qu'il fallait avoir le plus de détails possible sur les personnes, pouvoir
05:41 faire des signalements, etc.
05:42 Et en fait, c'était omniprésent du coup parce que j'avais tellement peur d'oublier
05:48 un détail à un moment donné que je passais mon temps à consigner ces éléments-là.
05:53 Et donc du moment où je l'ai déposé à la police, j'étais libre en fait.
06:00 Parce que certes, il y avait les flashbacks, il y avait toute cette colère aussi à l'intérieur
06:07 qui était encore présente.
06:08 Mais par contre, j'étais plus seule face à cette agression.
06:11 Très très rapidement, la plainte a été classée sans suite.
06:15 Malgré le fait qu'il y avait quand même pas mal de preuves, mais ça ne leur a pas
06:21 suffi.
06:22 Et donc là, je suis dans une procédure de recours.
06:24 J'attends de voir ce que ça va donner.
06:28 Mais pour moi, c'était impossible de rester sur un classement sans suite pour quelque
06:32 chose d'aussi grave.
06:33 J'ai été d'abord hospitalisée en urgence de force dans un hôpital en France, parce
06:45 que j'étais en pleine crise délirante en fait.
06:47 Et là, le personnel n'était pas particulièrement bienveillant.
06:52 C'est-à-dire qu'il voulait absolument me forcer à prendre des médicaments pour
06:59 me calmer.
07:00 Sauf qu'il faut savoir que j'avais encore énormément de drogue dans mon système liée
07:04 à l'agression et donc que je redoutais vraiment qu'on mette n'importe quoi dans mon corps.
07:09 Ce n'était pas possible.
07:10 Donc, ils n'étaient pas du tout à l'écoute de ça.
07:14 Et l'autre chose, c'est que le moment où je me suis souvenue du viol, c'était en pleine
07:21 nuit, parce que j'ai fait un cauchemar.
07:22 Et quand je me suis réveillée, j'ai dit au médecin qui était là, il faut absolument
07:28 que je vois une femme.
07:29 Je ne peux pas parler à des hommes.
07:31 Il faut absolument qu'il y ait une infirmière femme qui vienne me voir.
07:34 Et ils n'ont pas été à l'écoute de ça.
07:36 Et ça, ça a été extrêmement compliqué parce que du coup, ça m'a encore plus angoissée.
07:42 Ils ont essayé de me faire parler de ce qui s'était passé, alors que je n'étais
07:51 pas du tout...
07:52 J'avais peur des hommes à ce moment-là.
07:53 Donc, je ne voulais pas qu'ils m'approchent.
07:55 Et donc, c'était très compliqué à gérer.
07:58 Ensuite, j'ai changé d'hôpital.
08:00 J'ai été hospitalisée en Suisse auprès de ma famille.
08:02 Et donc là, ça s'est beaucoup mieux passé.
08:04 Notamment parce qu'il y avait beaucoup de jeunes dans mon service.
08:09 Et que quand on est hospitalisé dans le même service, dans un hôpital psychiatrique, on
08:15 en vient très vite à parler de pourquoi est-ce qu'on est là.
08:18 Il n'y a pas tous ces filtres sociaux qu'il y a à l'extérieur.
08:22 Et donc, c'était très enrichissant d'échanger sur la santé mentale sans tabou.
08:29 Parce que de toute manière, où est le tabou ? De toute manière, on est ici, on est tous
08:34 dans ce service.
08:35 Donc, on n'a rien à se cacher.
08:37 Et puis surtout, il y avait une notion d'unité.
08:45 On n'était plus seuls dans notre mal-être comme on pouvait l'être à l'extérieur
08:50 parce qu'on était une équipe qui avait certes des pathologies différentes, mais
08:54 qui était réunie par le fait qu'ils avaient besoin d'aide.
08:59 Donc, ça, c'était plutôt l'aspect positif.
09:02 En hôpital de jour, les groupes de parole, c'était assez compliqué pour moi parce
09:09 que les personnes qui étaient là étaient en général plus des personnes qui souffraient
09:17 de dépression ou de burn-out.
09:19 Et en fait, moi, j'avais un profil qui était complètement à part par rapport au groupe
09:28 parce que j'étais la suite à un traumatisme énorme.
09:30 J'étais très, très en colère.
09:33 J'avais beaucoup de mal à réguler mes émotions, notamment dans la relation à autrui.
09:40 Donc, ce n'était pas forcément facile.
09:43 Et assez rapidement, j'ai demandé à ne plus suivre les groupes de parole parce que
09:48 ça ne m'aidait pas.
09:49 En fait, ça me faisait plus de mal que de bien.
09:51 Et je pense que c'est peut-être là pour la première fois que j'ai su aussi affirmer
09:58 ce qui était utile et ce qui était bien pour moi dans ma thérapie.
10:01 Chose que je n'avais pas fait pendant toutes ces années où j'avais été diagnostiqué
10:07 un truc, puis un autre truc, mis sous médicaments, et puis d'autres médicaments.
10:10 Et je n'avais pas de visibilité.
10:13 Et là, en fait, je pense aussi l'âge, l'expérience a fait que j'ai dit non, mais ça, en fait,
10:18 ça ne me convient pas.
10:19 Et je pense que c'était bien d'avoir le courage de pouvoir dire ça.
10:23 J'ai été suivie après par un psychiatre en ville qui m'a très rapidement mise sous
10:30 sontie d'épresseur pour stabiliser mon état.
10:33 Et voilà, ça m'a permis de retrouver progressivement une vie normale, de revenir habiter à Paris,
10:44 de ne plus avoir besoin de mes parents aussi pour faire mes lessives, pour me faire à
10:48 manger parce que j'avais perdu vraiment toute indépendance pendant toute cette période
10:53 où j'étais hospitalisée, où j'étais très très mal.
10:55 J'étais plus capable de m'occuper de moi-même.
10:58 Et ça, à 27 ans, c'est quand même difficile.
11:02 Donc voilà, j'ai passé plusieurs mois à me remettre petit à petit.
11:09 J'ai retrouvé du travail, ce qui m'a aussi beaucoup aidée.
11:13 Et maintenant, mon objectif, on va dire, c'est d'arrêter les médicaments.
11:20 Je ne sais pas quand, je ne sais pas comment, mais ça fait depuis mes 13 ans que je suis
11:26 sous médication avec des pauses à des moments donnés.
11:28 Mais c'est super toxique.
11:32 Je n'ai pas envie de vivre sous anesthésie pour le restant de ma vie.
11:39 Ce n'est pas des palliatifs parfaits, mais j'écris beaucoup, notamment de la poésie,
11:48 et ça, ça m'aide à extérioriser.
11:50 J'ai aussi fait beaucoup de peinture suite à l'hospitalisation.
11:53 Et ça, c'était un moyen d'expression qui m'a permis de sortir mes émotions d'une
11:58 autre manière.
11:59 Donc ça, ça a été très utile.
12:01 Et je pense d'en parler, d'en parler avec mes amis, avec mes proches, de ne pas rester
12:10 dans le tabou, en fait, parce que certes, c'est extrêmement difficile d'avoir vécu
12:17 ce que j'ai vécu.
12:18 Et je pense que de le garder pour soi, ça n'aide pas, en fait, parce qu'on est seul
12:23 avec son problème.
12:24 Et même si les personnes en face ne vont pas pouvoir forcément comprendre parce qu'elles
12:28 n'ont pas vécu quelque chose de similaire, elles peuvent être à l'écoute.
12:31 Et ça peut être une épaule sur laquelle s'appuyer.
12:34 Ça m'a beaucoup rapprochée aussi de mes parents parce que forcément, ils étaient
12:38 très inquiets pendant l'hospitalisation, suite au viol.
12:42 Ils ont été d'un grand soutien financier aussi parce que faire une procédure, engager
12:48 une procédure de recours, ça coûte extrêmement cher.
12:50 Et donc, c'était très important pour moi d'avoir un lien avec eux, même en me réinstallant
12:59 à Paris et en reprenant ma vie d'indépendance.
13:02 Chacun doit évidemment s'écouter et aller à son propre rythme.
13:06 Ça, c'est le plus important.
13:07 Mais je pense que déjà, se confier à une personne, ça peut vachement soulager.
13:14 Et ça n'a pas besoin d'être forcément une personne très proche.
13:18 Je sais que parfois, moi, ça a pu m'aider de me confier à des personnes que je connaissais
13:22 moins parce que justement, on a moins cette idée que leur image va être...
13:30 Enfin, notre image va être dégradée parce qu'on va dire... parce que les personnes
13:35 nous connaissent moins.
13:36 Donc ça, c'est quelque chose qui peut aider.
13:38 Et autrement, j'aurais envie de dire en ligne, en fait.
13:42 En ligne, il y a plein de groupes, plein d'espaces.
13:48 Je sais que dans mon travail de journaliste, j'ai travaillé notamment sur les addictions.
13:53 Et il y a beaucoup de groupes Facebook de personnes qui sont addictes et qui s'entraident
14:00 en fait sur le principe de l'anonymat complet.
14:03 Les personnes peuvent se confier, recevoir des conseils.
14:06 Et je pense que quand on a trop peur de parler à visage découvert, des fois, ça peut être
14:12 utile de se cacher derrière un pseudo pour pouvoir vider son sac et bénéficier du soutien
14:19 d'autres personnes qui vivent des choses similaires ou qui ont des conseils à nous apporter.
14:24 Parce que je pense que chacun et chacune est à même de nous aider par rapport à toutes
14:31 ces questions de santé mentale.
14:32 [Musique]