Afrodescendance et santé mentale avec Jessica Galanth et Grâce Libissa
Dans ce live enregistré sur Instagram on aborde le sujet de la santé mentale pour les personnes afrodescendantes. Quels sont les enjeux et besoins spécifiques liés à ce sujet ? Quelles différences entre les approches thérapeutiques françaises et anglo-saxonnes ? Comment lever les tabous sur la santé mentale pour les personnes afrodescendantes?
Pour répondre à ces questions, nous avons reçu :
- Grâce Libissa, artiste pluridisciplinaire et engagée. Elle nous parle de ce lien entre santé mentale et afrodescendance et de ses ressentis personnels à travers son œil artistique, sensible et créatif.
- Jessica Galanth, activiste de la santé mentale qui a fondé la plateforme Happiness Thérapie à destination des femmes afrodescendantes et créé le podcast “J’peux pas j’ai thérapie”.
Retrouvez-nous sur :
- Notre Instagram @musaetomorrow
- Notre TikTok @musae_tomorrow
- Notre site web : www.musae-tomorrow.com
- Notre newsletter : www.musae-tomorrow.com/newsletter
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00:00:00 Bonjour à tous ! Vous êtes sur Musae pour le live du jour sur la santé mentale et les
00:00:10 personnes afrodescendantes. Je vais du coup inviter Jessica Galante de Happiness Therapy.
00:00:20 C'est un actrice et artiste engagé notamment sur ce sujet.
00:00:33 La connexion risque de prendre un peu de temps.
00:00:53 Bonjour à tous ! Je suis super contente de reprendre ces lives.
00:01:22 Le dernier a débuté en 10e. Depuis, il s'est passé pas mal de choses sur Musae.
00:01:30 La communauté a beaucoup grandi. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas Musae,
00:01:36 Musae est un média qui a vocation à dédramatiser et à démocratiser les enjeux
00:01:42 virables et surtout la santé mentale auprès des 18-35 ans.
00:01:47 Je fais ça en faisant intervenir plusieurs experts sur le sujet.
00:01:54 Il y a une lightline qui est venue pour exprimer leurs actions par rapport aux étudiants.
00:02:03 Les étudiants ont été confinés pendant un an et demi donc il y avait un grand enjeu sur la santé mentale.
00:02:07 J'ai fait un live également avec Marion Merti, championne du monde snowboard,
00:02:12 en freeride, pour voir les liens entre santé mentale, sport et connexion à la nature.
00:02:17 Un autre live avec Marie Robert, philosophe et mariate d'Aric Grand,
00:02:21 qui est stémiologue pour voir ce que dit la philo et la littérature sur la santé mentale.
00:02:27 Aujourd'hui, c'est un sujet qui me tient à coeur sur la santé mentale et les personnes afrodescendantes.
00:02:34 Pour moi et pour Musae, la santé mentale n'est pas qu'un sujet de développement personnel.
00:02:40 Loin de là, l'idée est de la positionner comme un enjeu sociétal, comme un enjeu durable.
00:02:46 Il faut savoir que la santé mentale est un enjeu durable.
00:02:48 C'est le troisième des 17 objectifs de développement durable de l'ONU,
00:02:53 mais sauf qu'on n'en a pas forcément connaissance.
00:02:54 La santé mentale est un vrai facteur d'inclusion sociale et c'est sous ce biais-là
00:02:59 qu'on va également parler de santé mentale et d'afrodescendance aujourd'hui.
00:03:03 Dans l'équipe, il y a une nouvelle personne, Jade, qui m'a rejoint il y a 10 jours,
00:03:10 en alternance pour un an. Plus qu'une alternance, c'est clairement un ombre à droite,
00:03:16 tellement il y a de choses à faire quand tu montes un média solo.
00:03:19 C'est génial, EGF.
00:03:21 Pour la petite info aussi, Musae a le plaisir d'être incubée depuis sept semaines chez Creatis.
00:03:29 Creatis est le premier incubateur d'entrepreneurs culturels et médias en France.
00:03:35 On est ravis d'avoir rejoint la communauté.
00:03:38 Bonjour à toutes, je vois qu'on est nombreux.
00:03:42 J'ai vu Vanessa, J'ai vu Kathleen.
00:03:44 Il y a vraiment du monde, c'est cool.
00:03:46 - Et au revoir, mon copain. - Et au revoir, à toi aussi.
00:03:50 Aujourd'hui, j'ai la chance d'accueillir Jessica, d'Apines Therapy,
00:03:58 et Grâce Ibiza, qui est mon amie également, qui est comédienne.
00:04:02 Je vais vous laisser vous présenter, me dire en deux mots pourquoi ce sujet vous touche
00:04:08 et après on rentre dans le vif du sujet.
00:04:10 Jessica, si tu veux commencer.
00:04:14 Bonjour, je m'appelle Jessica Galland, je suis la fondatrice de l'application Apines Therapy.
00:04:24 C'est une plateforme qui héberge un site web de prise de rendez-vous avec des thérapeutes.
00:04:32 Au-delà de ça, ma mission à travers Apines Therapy a débuté il y a plus de deux ans.
00:04:42 Mon souhait, c'était notamment de mettre un peu de représentation sur le sujet de la santé mentale
00:04:50 chez les femmes noires, de démocratiser ce sujet-là, puisque c'est un sujet relativement tabou.
00:04:56 On est d'accord dans la société de manière générale, mais chez les noirs,
00:05:00 il y a quand même des biais historiques, culturels qui rajoutent un petit peu à ça.
00:05:08 Il y a vraiment des freins importants sur le fait de consulter un thérapeute.
00:05:12 Mon souhait à travers Apines Therapy, c'est vraiment de normaliser le fait d'avoir recours
00:05:18 à un psychologue quand on ne va pas bien, vraiment démystifier le fait de consulter,
00:05:28 parce que les gens peuvent se faire tout un monde sur le fait de rentrer dans un cabinet de psychologues
00:05:34 et de raconter un petit peu ce qui se passe dans sa vie.
00:05:38 Le but, c'est vraiment de dire aux gens, écoutez, ça ne sert à rien de souffrir en violence.
00:05:45 La santé mentale, c'est aussi important que la santé physique.
00:05:49 Quand vous allez chez le médecin pour une problématique relative à l'estomac, par exemple,
00:05:55 vous ne vous posez pas de questions. Là, c'est la même chose pour une problématique relative à la santé mentale.
00:06:01 Même si la santé mentale, c'est quelque chose qui n'est pas palpable,
00:06:06 mais finalement, quelque part, elle l'est, puisqu'elle a vraiment un impact important sur la vie quotidienne,
00:06:13 sur le quotidien. Typiquement, quand on souffre de dépression, on peut difficilement exploiter ses potentiels
00:06:18 et on peut difficilement vivre sa meilleure vie et même faire des choses très, très basiques.
00:06:24 On n'y arrive pas. Mon but, vraiment, à travers la Pines Therapy, c'est vraiment...
00:06:30 Sachant que ma cible, c'est vraiment la femme afro-descendante.
00:06:35 Je ne suis pas dans l'exclusion des autres femmes, mais je pense que comme il y a un sujet chez la femme afro-descendante,
00:06:41 c'est important de la cibler et de lui parler dans des termes qu'elle pourrait le plus assimiler et entendre.
00:06:52 Je tiens à ajouter aussi que moi, quand j'ai eu un moment besoin de représentation de femmes, en tout cas comme moi,
00:07:02 afro-descendantes qui vont consulter un thérapeute, je n'en ai pas trouvé en France.
00:07:08 J'ai dû aller, bien sûr, regarder, lire ce qui se passait aux États-Unis pour voir des femmes noires
00:07:17 qui sont OK avec le fait de consulter un thérapeute. Et ça m'a permis, moi, de me dire,
00:07:23 bon, il y a des femmes comme moi, des femmes noires qui consultent, il faut que j'arrête avec le biais selon lequel
00:07:30 les noirs, ils ont une santé mentale de faire et compte tenu de l'histoire, quelque part, ils sont en lutte,
00:07:40 en état de lutte permanente. C'est comme ça, c'est une fatalité, on doit vivre avec.
00:07:47 Mon souhait, c'est vraiment d'abolir tous ces biais-là à travers la pianiste-thérapie.
00:07:52 Très belle mission et qui fait lien avec ces problématiques de rôle-modèle et de représentation.
00:08:01 Quand tu parles de santé mentale pour des personnes qui ont des besoins très ciblés,
00:08:06 c'est vrai qu'on ne trouve pas toujours la réponse, notamment sur ce sujet-là et encore moins en France.
00:08:11 Et toi, grâce pour te présenter au public et en quoi aussi ce sujet te parle, tu le raconterais comment ?
00:08:20 Moi, je vais avoir moins de choses à dire que Jessica parce que j'arrive quand même plutôt en support
00:08:26 et par rapport au témoignage que je peux apporter. Ce que je peux dire, c'est que moi, j'ai la chance
00:08:33 d'avoir des émotions qui sont tellement fortes que je n'ai pas d'autre choix que de les adresser
00:08:37 et de faire attention à ma santé mentale. Et c'est pour ça que j'ai pu, je pense, dépasser des obstacles
00:08:44 familiaux et culturels notamment. Comme expliquait Jessica, ce n'est pas la même chose quand on est une femme noire
00:08:53 parce qu'on n'a pas le même rapport, on ne nous explique pas les choses de la même manière.
00:08:56 Je pense que bien sûr, ça arrive aussi dans certaines familles blanches où il y a du tabou, etc.
00:09:01 Et là, c'est quand même vraiment culturel et assez ancré. Je sais que j'ai déjà entendu mes oncles dire
00:09:08 que les psys, ce sont les docteurs des fous, ce qui est quand même un raccourci très équivoque sur cette question-là.
00:09:16 Donc moi, ce que je vais apporter aujourd'hui comme témoignage, c'est plus la manière dont je fais attention
00:09:24 à ma santé mentale et comment j'ai pris du recul sur ce sujet-là, grâce à quel type de contenu aussi,
00:09:30 et comment j'arrive à adresser l'évolution de mon esprit et de mon âme à travers les réflexions propres à mon bien-être,
00:09:42 au travers aussi de ma création artistique.
00:09:46 Oui, parce que c'est effectivement ton activité la principale aujourd'hui qui est, alors là peut-être que c'est une interprétation de ma part,
00:09:54 mais effectivement de mettre toutes ces émotions au service d'une créativité aussi qui s'exprime, en l'occurrence là,
00:10:00 à travers la comédie, mais également à travers la musique, le chant, etc.
00:10:05 Oui, voilà. Et à noter que ça revient sur le sujet d'aujourd'hui, je peux ressentir des émotions qui sont aussi très liées
00:10:15 au fait qu'en tant que femme noire, aujourd'hui, moi je suis dans une période de ma vie où je suis en train d'accepter
00:10:23 le fait que les femmes noires sont invisibles dans la société et que pour pouvoir exister, je dois m'imposer,
00:10:33 donc je dois apporter une force, je dois être dans un effort en fait.
00:10:38 Je dois être dans un effort pour exister au quotidien, dans mon métier, par rapport aux représentations,
00:10:46 par rapport à ce que moi j'ai envie de raconter.
00:10:48 Et voilà. En gros, voilà, c'est un peu un cercle de tout ça, comment on peut en faire quelque chose, pourquoi c'est important aussi.
00:10:58 Super. Merci pour cette intro. Pour toutes celles et tous ceux qui viennent de nous rejoindre,
00:11:05 n'hésitez pas aussi à poser des questions, à interagir pendant le live. On est là pour y répondre.
00:11:11 Déjà en intro, on a intitulé le live "Santé mentale et afrodescendance".
00:11:18 Moi c'est un terme, très honnêtement, que je n'employais pas forcément il y a six mois,
00:11:23 et je pense que c'est peut-être intéressant de définir en fait ce qu'est l'afrodescendance.
00:11:29 Je ne sais pas si, Jessica, tu veux te jeter à l'eau du jeu de la définition, ce n'est pas évident.
00:11:35 En fait, on peut la définir à deux niveaux. Déjà, étymologiquement, on sait qu'afrodescendance,
00:11:43 ça veut dire "descendance africaine". On sait aussi que ça appelle aussi la diaspora africaine,
00:11:55 que ça fait référence à la diaspora africaine. Mais derrière ce terme-là, il y a quand même un biais aussi politique en fait.
00:12:04 Où, au lieu de tout le temps se référer aussi à la race, la race qui est une construction du coup esclavagiste et colonialiste,
00:12:16 moi je trouve que, au lieu de dire "noir", qui est vraiment une construction esclavagiste,
00:12:24 moi je préfère dire, me qualifier d'afrodescendant. Je suis Guadeloupéenne,
00:12:30 donc mon histoire est clairement liée à l'esclavage, puisque mon peuple, enfin voilà, les Africains,
00:12:37 mes ancêtres ont été déportés de l'Afrique et ont été emmenés en Guadeloupe.
00:12:42 Donc du coup, pour le coup, je ne suis pas africaine à l'heure actuelle, mais j'ai des ascendants africains.
00:12:51 Donc pour moi, c'est clairement approprié de dire que je suis afrodescendante.
00:12:55 Après, vraiment, je trouve que ça permet aussi d'élargir, enfin, le sens du mot afrodescendant,
00:13:05 ça a un sens qui permet d'intégrer du monde en fait dans cette case-là,
00:13:11 plutôt que d'être sectaire et de dire "noir", parce qu'il y a des personnes qui sont d'origine afrodescendante
00:13:17 qui ont un seul ascendant noir et d'autres groupes ethniques, mais qui ont envie de se revendiquer afrodescendant.
00:13:29 Il y a des personnes qui ont un phénotype noir et qui sont contentes d'être dans ce groupe-là aussi.
00:13:36 Voilà, moi je n'ai pas envie de m'enfermer dans le terme "noir" et de plus en plus, j'essaie de ne plus l'utiliser,
00:13:42 de dire "je suis une femme noire", dire peut-être "je suis une femme afrodescendante"
00:13:46 ou "je suis une femme idéalement", j'aurais juste dit "je suis une femme".
00:13:50 Je ne sais pas, je vais dire "je suis afrodescendante", de toute façon ça se voit, ça se voit très bien.
00:13:55 Donc voilà.
00:13:56 On a une question dans le chat qui nous demande si le Maghreb rentre du coup dans cette définition de l'afrodescendance.
00:14:06 Non, le Maghreb ne rentre pas dans cette définition, ça concerne vraiment les Africains subsahariens.
00:14:14 Ok. Et pour faire le lien du coup avec ce que tu disais en intro sur Happiness Therapy,
00:14:21 du coup toi tu as eu envie de créer cette plateforme qui met en relation des praticiens, des thérapeutes
00:14:26 pour des problématiques de santé mentale liées aux femmes afrodescendantes.
00:14:30 C'est quoi en fait les problématiques ou les enjeux spécifiques que tu as pu noter
00:14:38 qui du coup toi t'ont donné envie de lancer ce service Happiness Therapy ?
00:14:43 Alors en fait, déjà, moi quand je vais parler des afrodescendants,
00:14:53 vous avez compris que je vais bien parler des afrodescendants qui vivent en France du coup,
00:14:57 et je pense que ce qui est important de comprendre premièrement,
00:15:03 c'est que la santé physique et la santé mentale des personnes sont conditionnées en fait à leurs conditions de vie,
00:15:11 à leurs conditions sociales. Aujourd'hui, les conditions sociales des personnes afrodescendantes,
00:15:17 il y a un lien important avec leur position dans la société française.
00:15:24 Ce qui fait qu'on est des noirs dans une société où on est minoritaire,
00:15:31 et de ce fait là en fait, ça implique forcément des difficultés, des difficultés d'intégration,
00:15:38 des difficultés de racisme, et du coup on est confronté au racisme, au stéréotype,
00:15:46 et ça, ça c'est un impact sur la santé mentale.
00:15:50 Il n'y a pas beaucoup de littérature, enfin peut-être de plus en plus sur le sujet,
00:15:56 peut-être beaucoup plus aux Etats-Unis, mais il y a une psychologue qui s'appelle Raki Kassi,
00:16:03 qui elle a fait une thèse, attendez, je vais aller chercher,
00:16:07 elle a fait une thèse qui s'appelle, pas toujours simple de trouver cette petite note,
00:16:20 du coup, Raki elle a fait une thèse, il faudrait que je retrouve l'intitulé de la thèse,
00:16:28 mais en fait il y a une thèse sur l'impact des stéréotypes sur les groupes
00:16:36 qui sont discriminés directement et stéréotypés.
00:16:39 Et pour le coup, elle a été interviewée pas mal de fois sur ce sujet là,
00:16:45 et elle donne des exemples probants, et elle montre vraiment qu'il y a un vrai impact sur la santé mentale.
00:16:53 Déjà il y a une charge raciale.
00:16:56 Bah oui, historique.
00:16:58 C'est-à-dire que dès que tu sors de chez toi,
00:17:02 tu fais attention à certaines choses, tu fais attention à ta coiffure,
00:17:07 tu fais attention à ton accent, il y a des personnes afro-descendantes
00:17:12 qui font attention à leur accent, à leur coiffure, et qui sont en état d'alerte en fait.
00:17:17 Et ça, le fait d'être en état d'alerte en permanent,
00:17:20 de s'attendre à subir une micro-agression, ça a un impact sur la santé mentale,
00:17:24 parce que c'est du stress permanent en fait.
00:17:26 Et parfois il y a des gens qui craquent, il y a des gens qui sont en stress permanent au travail,
00:17:31 parce que au travail c'est vraiment le lieu où tu peux subir des micro-agressions au quotidien.
00:17:39 Et le pire, enfin, les micro-agressions c'est très subtil, c'est très vicieux,
00:17:46 parce que les personnes qui sont victimes de micro-agressions,
00:17:50 elles savent qu'elles sont victimes de quelque chose,
00:17:53 mais parfois elles n'osent pas verbaliser sur le sujet,
00:17:56 et les personnes qui créent ces micro-agressions-là,
00:17:59 ils ne sont pas non plus vraiment conscients des malaises qu'ils créent.
00:18:03 Donc c'est vrai que c'est vraiment un sujet.
00:18:06 Dans tous les cas, le racisme a un impact,
00:18:12 mais avant le racisme, il y a quand même l'histoire des afro-descendants en fait.
00:18:16 Il y a une partie des afro-descendants dont leurs parents ont été esclaves,
00:18:24 qui ont été colonisés, et on sait aujourd'hui qu'il y a un impact sur les gènes en fait,
00:18:30 sur les gènes des descendants,
00:18:34 et on sait qu'il y a un traumatisme transgénérationnel qui s'est transmis en fait.
00:18:39 On a un lag, malheureusement je n'y peux rien, mais j'ai ce lag-là moi aussi,
00:18:45 et ça participe à pas mal de problématiques en matière de santé mentale.
00:18:51 Le moindre, mais qui a quand même son importance, c'est l'estime de soi,
00:18:56 c'est le manque d'estime de soi des personnes noires.
00:18:59 Typiquement, je lisais un livre d'une autrice, d'une auteure qui s'appelle Emma N'Doé,
00:19:08 et dans son livre, elle disait que quand elle était enfant,
00:19:12 elle se regardait dans le miroir et elle se pincelle le nez,
00:19:16 elle se pincelle longuement le nez, en espérant que son nez devienne très fin.
00:19:24 Elle se représentait en fait sur des dessins avec des cheveux blonds, raides,
00:19:31 avec un regard couleur océan, et on voit quand même qu'il y a un vrai manque d'estime de soi,
00:19:39 il y a presque une haine de soi en fait, un racisme intériorisé.
00:19:45 On voudrait être blanc, elle voulait être blanche,
00:19:50 parce que dans la société, la société a été hiérarchisée de telle façon
00:19:56 qu'être blanc c'est le summum du plus, plus, plus, c'est ce qu'il y a de mieux,
00:20:03 et être noir, dans l'échelle, c'était vraiment le dernier grade.
00:20:08 On a quand même grandi avec ces biais-là, on l'intégrait malgré nous,
00:20:13 et moi je connais plein de personnes qui ne s'aiment pas,
00:20:16 plein de personnes noires qui ne s'aiment pas,
00:20:18 et ça c'est une vraie problématique en fait,
00:20:20 parce que quand on ne s'aime pas, comment tu veux être en altérité avec l'autre en fait ?
00:20:30 Comment tu veux exploiter tes potentiels ?
00:20:32 Comment tu veux t'épanouir dans ce monde-là ?
00:20:36 Comment tu veux t'affirmer ?
00:20:37 Puisque à partir du moment où tu n'as pas un manque d'estime de toi,
00:20:40 c'est difficile de s'affirmer, c'est difficile de poser des limites,
00:20:43 il y a beaucoup de difficultés qui surgissent par rapport à ça.
00:20:48 Mais au-delà du manque d'estime de soi, il y a quand même de vraies pathologies,
00:20:54 il y a beaucoup de personnes qui sont schizophrènes,
00:21:03 même aux Antilles il y a des schizophrènes,
00:21:05 qui ne sont pas diagnostiqués, bien souvent,
00:21:08 ces personnes-là sont mises au bon de la société,
00:21:11 traînent dans la rue,
00:21:12 et parce qu'il y a encore un biais selon lequel c'est peut-être de la sorcellerie qu'on leur a fait,
00:21:19 c'est très présent en Afrique, comme aux Antilles,
00:21:23 de se dire que les personnes qui ont un comportement anormal,
00:21:26 c'est certainement parce qu'on leur a fait de la sorcellerie,
00:21:29 donc il n'y a aucune prise en compte de la dimension santé mentale en fait,
00:21:33 il n'y a aucune prise en compte de la dimension psychologique qui peut y avoir derrière.
00:21:37 Donc oui, il y a ça, il y a les troubles identitaires,
00:21:46 quand tu es enfant, tu grandis, à un moment donné tu te cherches en fait,
00:21:54 tu as des troubles identitaires, il y a aussi des symptômes de revivissance,
00:22:01 c'est des personnes qui revivent en fait ce que certains de leurs ancêtres ont pu vivre dans le passé,
00:22:10 il y a vraiment des problématiques inhérentes en tout cas à l'esclavage,
00:22:20 dont on ne parle pas,
00:22:23 je trouve qu'en France on ne parle pas du tout des effets de l'esclavage sur la santé mentale,
00:22:29 du stress post-traumatique, parce que c'est de ça dont il s'agit.
00:22:34 Ça c'est un terme effectivement qu'on utilise beaucoup aux US et qui a été démocratisé,
00:22:39 mais pour les Blancs, aux US, au retour en fait de la guerre en Irak,
00:22:43 pour les soldats américains, mais c'est effectivement par rapport à l'esclavage,
00:22:48 je n'ai pas l'impression effectivement que ça a été abordé.
00:22:52 En fait aux États-Unis, il y a pas mal d'études sur le sujet,
00:22:58 il y a même un terme que j'avais relevé,
00:23:02 puisque j'essaye de lire des petites études américaines,
00:23:08 c'est un mot pour dire que c'est un stress post-traumatique basé sur la race,
00:23:16 ça s'appelle, je l'oublie, en tout cas c'est un stress post-traumatique racial,
00:23:24 en gros c'est ça, et c'est admis en fait,
00:23:30 mais ici c'est vrai qu'il n'y a aucune étude sur le sujet,
00:23:34 déjà il n'y a pas d'études raciales, on va dire, ethniques,
00:23:39 donc c'est problématique aussi parce que ça empêche de mesurer l'impact des phénomènes
00:23:47 sur la santé mentale des Noirs typiquement.
00:23:50 Au Canada il y a aussi beaucoup d'études sur ces sujets-là,
00:23:56 mais en France on est pauvre sur le sujet.
00:23:58 Parce que ça interdit en fait,
00:24:00 c'est que la France interdit les études raciales
00:24:05 parce que la République est censée être une et indivisible,
00:24:08 et du coup ça pose problème effectivement pour ça,
00:24:11 mais ça pose problème aussi pour les agressions policières,
00:24:14 ça pose problème pour toutes les discriminations,
00:24:16 et on devrait le rendre possible.
00:24:19 Effectivement ça permettrait d'avoir des études plus fouillées
00:24:21 et aussi plus appropriées par rapport à la singularité des peuples afro-descendants en France,
00:24:28 qui n'est pas tout à fait la même qu'aux U.S.
00:24:30 parce que ce n'est pas les mêmes codes, c'est pas la même culture, etc.
00:24:33 Et par rapport à la notion d'estime de soi,
00:24:36 qui est j'ai l'impression le point de départ de tout,
00:24:40 il y a Vanessa qui me demande dans le chat
00:24:42 si la question de l'amour de soi de manière générale,
00:24:45 c'est quelque chose qui est discuté facilement dans les familles afro-descendantes.
00:24:49 Je ne sais pas si toi, grâce à ton expérience,
00:24:52 c'est un sujet qui est abordé facilement ou pas forcément.
00:24:56 Alors la notion d'amour de soi ou d'estime de soi,
00:24:58 parce que pour moi ce n'est pas la même chose.
00:25:00 Là la question est sur l'amour de soi,
00:25:02 mais ça peut être aussi l'estime de soi.
00:25:04 En fait, j'ai vu passer beaucoup de contenus hyper empowering
00:25:10 des enfants noirs, notamment des petites filles noires,
00:25:14 qui n'aiment pas leurs cheveux, qui n'aiment pas leur peau,
00:25:16 qui se trouvent moches, avec des parents qui leur apportent du soutien et de l'amour
00:25:23 avec beaucoup d'affirmations notamment,
00:25:25 en disant "je suis forte, je suis belle, mes cheveux sont beaux".
00:25:29 Je sais que moi j'ai une mère qui a un très fort caractère
00:25:32 et qui nous a beaucoup élevées en nous disant "mais si t'es belle".
00:25:36 C'était un peu ballé et surtout c'était, en fait, t'as pas le temps,
00:25:41 t'as pas cette énergie, c'est-à-dire que t'as survi,
00:25:43 ça va être de faire tes études, d'avancer dans la vie,
00:25:46 de trouver un job, de construire une famille,
00:25:48 dans une société qui ne te considère pas comme personne,
00:25:54 comme une citoyenne, qui ne te montre nulle part,
00:25:57 qui ne te donne directement aucune arme,
00:25:59 qui va toujours te questionner, qui va toujours douter de toi.
00:26:02 Donc franchement, si déjà tu commences à te demander si t'es belle,
00:26:05 y'a pas de seigne, tu vois.
00:26:06 Donc pour moi ça a plutôt été bulldozer de "ok, il faut être une bonne élève,
00:26:11 il faut avancer, etc."
00:26:13 Et même dans un sous-marin de "la République est une et indivisible,
00:26:18 du coup, on est tous les mêmes, du coup, j'ai pas une situation spécifique".
00:26:23 Et c'est lorsque j'ai commencé à travailler,
00:26:25 alors ça a commencé durant mes études supérieures quand même,
00:26:27 parce que j'ai fait un semestre d'African American Studies
00:26:32 où j'ai découvert énormément d'auteurs et j'étais là "ah, mais en fait,
00:26:35 on peut dire qu'on est noire, c'est pas grave".
00:26:37 Moi je suis noire quand même,
00:26:39 je suis assez d'accord sur l'isomorgue,
00:26:41 mais c'est "ah, en fait, c'est pas grave".
00:26:43 Ah oui, mais en fait, le fait que je sois née...
00:26:47 Moi je suis née au Congo, je suis arrivée en France à deux ans.
00:26:49 Le fait que je sois née au Congo, que j'ai grandi en France,
00:26:52 dans une école où tout le monde était blanc,
00:26:54 et où on me disait à l'école que mes ancêtres étaient les Gaulois,
00:26:56 alors que ce sont ceux qui ont colonisé là où je suis née.
00:27:00 Oui, en fait, y'a plus de contradictions.
00:27:03 "Ah, mais oui, en fait, quand je me lève le matin,
00:27:05 je suis très mal dans ma peau, mais pourquoi est-ce que je me trouve moche ?
00:27:08 Y'a pas une copine qui me dit ce que je suis jolie, mais est-ce que du coup..."
00:27:11 Et en fait, tout ça, moi je l'ai fait moi-même,
00:27:14 et c'est pas une discussion que j'ai eue au sein de ma famille,
00:27:19 parce que moi j'ai plus eu des discussions de "il faut être la meilleure",
00:27:23 parce que même quand tu seras la meilleure, tu seras pas la meilleure.
00:27:25 Moi c'est ce qu'on m'a dit, en fait.
00:27:27 Et la question de la santé mentale,
00:27:29 elle se posait pas dans le sens où...
00:27:32 J'ai une mère qui m'a donné beaucoup d'amour,
00:27:35 qui m'a beaucoup soutenue, qui m'a beaucoup encouragée
00:27:37 dans mon côté artistique notamment, etc.
00:27:39 Et j'ai un père qui est très cartésien,
00:27:42 et qui, lui, était en mode "les émotions, ça détruit les gens,
00:27:46 t'as pas le temps d'être émotive, en fait, tu vas jamais tenir".
00:27:49 Et en fait, je me suis construite par rapport à tout ça.
00:27:53 Mais par rapport à ce que disait Jessica, j'ai écrit plein de choses.
00:27:56 Très intéressantes.
00:27:58 Par rapport au manque d'estime de soi des personnes afro-descendantes,
00:28:01 notamment avec l'impact de l'esclavage,
00:28:04 j'ai commencé un livre que je lis en beaucoup de temps,
00:28:07 parce qu'émotionnellement, c'est très difficile,
00:28:11 qui s'appelle "Brainwashed, Challenges and Myths of Black Inferiority".
00:28:15 Et en gros, c'est pourquoi est-ce que...
00:28:18 Aujourd'hui, concrètement, les personnes noires sont inférieures dans la société.
00:28:23 On est le bas de l'échelle sociale, clairement.
00:28:25 Donc, comment est-ce que c'est arrivé, pourquoi c'est arrivé,
00:28:27 et surtout, quel est l'impact que ça a effectivement
00:28:30 sur le fonctionnement de nos familles,
00:28:33 notre rapport à nous-mêmes, notre rapport à nos amis,
00:28:36 notre rapport à notre carrière, etc.
00:28:38 Parce que mine de rien, aujourd'hui,
00:28:40 si on parle des privilèges,
00:28:43 si on dit qu'être un homme blanc cis-hétérosexuel, c'est être privilégié,
00:28:48 c'est notamment parce qu'aujourd'hui, quand tu es née dans cette condition,
00:28:51 tu ne te poses pas les mêmes questions qu'une femme noire.
00:28:55 Tu vas te poser 90% de questions en moins,
00:28:58 dans le sens où tu vas te dire peut-être,
00:29:00 "OK, comment je peux réussir dans la vie ?
00:29:02 Qu'est-ce que je vais faire comme études ?
00:29:03 Qu'est-ce que je vais faire comme travail ?
00:29:05 Qu'est-ce que j'ai envie de faire ? Quel est mon rêve ?"
00:29:09 Et quand c'est une femme noire, tu vas te lever et tu vas dire,
00:29:11 "OK, comment est-ce que je vais me coiffer pour que ça se passe bien ?
00:29:14 Comment est-ce que je vais faire pour être respectée ?
00:29:17 À quoi est-ce que je peux aspirer ?
00:29:21 Est-ce que j'ai le droit de penser ça ?
00:29:23 Est-ce que j'ai le droit de m'exprimer aujourd'hui dans cette réunion ?
00:29:25 Comment est-ce que je prends la parole aujourd'hui dans cette réunion
00:29:28 où je suis avec un CEO, où tout le monde est blanc
00:29:31 et où on est deux femmes sur dix personnes ?"
00:29:33 En fait, tu n'es pas du tout dans les mêmes états émotionnels,
00:29:37 dans les mêmes états de réflexion.
00:29:40 Donc c'est construire cette estime de soi dans ce cadre-là,
00:29:44 mais ça s'appuie sur tellement de contradictions,
00:29:50 de complexités qu'on est vraiment dans des échelles extrêmement différentes.
00:29:54 - Il y a quelqu'un dans le chat qui ne parle même plus de ça,
00:29:57 qui dit que c'est même la négation de soi-même au-delà de ça.
00:30:01 - Je ne sais pas toi, Jessica,
00:30:06 mais quand je me suis rendue compte que j'étais une femme noire,
00:30:11 j'ai pris conscience que j'avais refusé ce statut
00:30:15 parce que je ne voulais pas être traitée différemment.
00:30:18 Et en fait, j'étais de toute façon traitée différemment.
00:30:21 Et il fallait l'accepter.
00:30:24 Et ça, c'est quelque chose que j'accepte encore et qui parfois me frustre,
00:30:27 parce que c'est se dire qu'il y a toujours des biais.
00:30:30 Si demain je sors un livre,
00:30:33 on ne va pas dire "une femme a sorti un livre",
00:30:36 on va dire "une femme noire a sorti un livre",
00:30:39 mais de toute façon, vu comment je fonctionne, ça va être sur ces questions-là, c'est sûr.
00:30:42 Mais il y a toujours ce biais-là, et la société me voit différemment,
00:30:45 qui me renvoie des choses différentes.
00:30:48 - On va toujours dire Beyoncé ou Rihanna,
00:30:51 mais il peut y avoir plusieurs femmes noires qui excellent,
00:30:54 ce n'est pas un problème.
00:30:57 On a l'impression qu'on nous réserve seulement quelques cas spécifiques.
00:31:00 On a l'impression de ne pas pouvoir être entière aussi,
00:31:03 parce que justement, dans ce côté de la République,
00:31:06 il y a une question de...
00:31:09 Oui, je suis une citoyenne française,
00:31:12 mais je suis aussi une femme à l'extérieur.
00:31:15 Je suis aussi une femme afro-descendante.
00:31:18 Ça signifie que je suis plurielle.
00:31:21 Et pourquoi est-ce que je devrais me nier ça ?
00:31:24 Et en fait, on se nie ça parce que la République
00:31:27 ne nous autorise pas à être entière.
00:31:30 Je parle pour les femmes,
00:31:33 à être entière, à être nous-mêmes,
00:31:36 à vivre avec tout l'héritage qu'on a reçu,
00:31:39 qui pourtant nous renforce et qui ne veut pas dire que derrière,
00:31:42 il y a des gens qui sont en train de se faire ennuyer.
00:31:45 Et ça, c'est un problème.
00:31:48 C'est un problème qui est extrêmement violent.
00:31:51 C'est extrêmement violent, c'est extrêmement frustrant.
00:31:54 Et ça impacte notre santé mentale chaque seconde de chaque jour.
00:31:57 C'est constant.
00:32:00 Je dis toujours aux personnes qui vont...
00:32:03 Il y a des gens qui, maintenant, avec l'ascension de M. Zemmour,
00:32:06 aiment bien me parler en me disant "on va dire que je suis facho",
00:32:09 "je suis femme noire", machin.
00:32:12 Moi, là où je protège ma santé mentale, c'est que je dis
00:32:15 "pour toi, c'est une conversation, c'est un débat que je t'invite
00:32:18 à avoir avec des personnes blanches. Pour moi, c'est ma vie."
00:32:21 Donc ça va peut-être trigger des choses. Tu ne connais pas mon parcours,
00:32:24 tu ne sais pas comment je fonctionne. Tu ne peux pas arriver comme ça
00:32:27 et me déverser tes questions sans aucune sensibilité.
00:32:30 Et le fait qu'on interdise
00:32:33 le fait d'être pluriel,
00:32:36 je parle de moi en tant que femme noire, mais c'est la même chose
00:32:39 pour les femmes lesbiennes, c'est la même chose pour les hommes homosexuels,
00:32:42 c'est la même chose pour les personnes handicapées,
00:32:45 parce qu'on n'en parle jamais, du validisme,
00:32:48 c'est encore un autre sujet.
00:32:51 Le fait qu'on nous empêche d'être pluriel et qu'on nous force
00:32:54 à entrer dans cette norme qui n'est pas normale,
00:32:57 c'est extrêmement violent sur notre développement personnel,
00:33:00 sur notre bien-être, sur ce qu'on peut accomplir dans la vie
00:33:03 et sur les personnes qu'on est au quotidien.
00:33:06 - Oui, c'est le truc tout bel de la fameuse pyramide de Maslow.
00:33:09 Tu as des besoins en bas très alimentaires, sécuritaires,
00:33:12 et puis il y en a un qui est en haut et pas en haut,
00:33:15 qui est la reconnaissance.
00:33:18 Et quand tu n'as pas de reconnaissance de ta sensibilité,
00:33:21 de ton parcours, de ton histoire,
00:33:24 de ta langue, de tout ça,
00:33:27 c'est très compliqué d'avoir une estime de soi,
00:33:30 l'amour de soi, et pour reprendre le terme qui était dans le chat,
00:33:33 de se percevoir par opposition,
00:33:36 de se dire "je vais me...".
00:33:39 Je vais m'envoyer un terme qui n'est pas très négatif,
00:33:42 mais je vais me nier pour me forcer à rentrer
00:33:45 dans le rouleau compresseur qu'on m'impose.
00:33:48 - Et pour être acceptée.
00:33:51 - Oui, pour être acceptée.
00:33:54 - C'est exactement ça.
00:33:57 Une amie me racontait que...
00:34:00 Je ne sais plus où j'avais entendu ça,
00:34:03 mais c'est une coach qui s'appelle Marie d'Assijard,
00:34:06 elle coache des femmes racisées,
00:34:09 des hommes, je ne sais pas,
00:34:12 en entreprise,
00:34:15 qui ont malheureusement des difficultés
00:34:18 avec leurs collègues ou leurs supérieurs hiérarchiques,
00:34:21 et qui sont en train de se faire enlever
00:34:24 à cause de leur couleur de peau,
00:34:27 de discrimination, etc.
00:34:30 Elle donnait un jour l'exemple d'une femme noire
00:34:33 qui s'habille de façon colorée,
00:34:36 et son chef lui a dit que...
00:34:39 "Ok, on sait que vous êtes noire,
00:34:42 mais pour autant,
00:34:45 est-ce que vous êtes obligée
00:34:48 de faire des choses comme ça,
00:34:51 pour autant, est-ce que vous êtes obligée
00:34:54 d'arborer des couleurs aussi éclatantes ?"
00:34:57 Voilà.
00:35:00 Le problème, c'est que je ne me rappelle plus
00:35:03 la stratégie que Marie d'Assilva lui a dit
00:35:06 de mettre en place, mais dans tous les cas,
00:35:09 on voit déjà que c'est une grosse agression,
00:35:12 et qu'en gros, on lui demandait de nier sa personnalité,
00:35:15 donc en gros, de revenir au bureau avec un tailleur bleu foncé,
00:35:18 par exemple, de rentrer dans un moule.
00:35:21 Le but, c'était peut-être de la formater,
00:35:24 de lui dire "Écoutez, là, vous êtes en France,
00:35:27 dans une entreprise française,
00:35:30 avec des Français,
00:35:33 l'idée, c'est de vous habiller conventionnellement,
00:35:36 donc mettre un tailleur rouge,
00:35:39 c'est hors du cadre."
00:35:42 Et donc, du coup,
00:35:45 c'est même pas nier sa couleur de peau,
00:35:48 parce que ça n'a rien à voir avec une couleur de peau,
00:35:51 la façon dont on s'habille, mais c'est nier son identité propre.
00:35:54 C'est aussi culturel
00:35:57 de mettre, elle a mis
00:36:00 un tailleur avec des couleurs
00:36:03 un peu wax,
00:36:06 mais c'est aussi dire "Ok, le wax, c'est pas lui."
00:36:09 C'est aussi dire "Les cheveux afro,
00:36:12 typiquement, je connais quelqu'un qui avait été prise
00:36:15 pour un poste d'hôtesse d'accueil,
00:36:18 nos clients,
00:36:21 ils aiment bien
00:36:24 que les choses soient assez classiques,
00:36:27 donc si vous pouviez revenir demain avec les cheveux raides,
00:36:30 ça serait beaucoup mieux pour notre clientèle."
00:36:33 Elle a dit "Non, moi je n'accepte pas le poste,
00:36:36 je pars." Sa mère n'a pas compris,
00:36:39 et elle lui a dit "Mais comment tu fais pour refuser un poste ?
00:36:42 Bah défrise tes cheveux, c'est tout !"
00:36:45 "Non !" "Non."
00:36:48 Elle est plus dans une affirmation d'elle-même,
00:36:51 elle a déjà fait un travail identitaire,
00:36:54 et elle n'a pas envie de se défriser les cheveux
00:36:57 parce que les gens ne sont pas à l'aise avec ça.
00:37:00 - Et le défrisage est dangereux et qu'on nous impose.
00:37:03 - Il est dangereux, oui.
00:37:06 Heureusement, il y a quand même une vague
00:37:09 de prise de conscience,
00:37:12 une vague nappie,
00:37:15 il y a de plus en plus de femmes acro-descendantes
00:37:18 avec les cheveux naturels,
00:37:21 et qui aiment leurs cheveux,
00:37:24 qui se sont réappropriées leurs cheveux,
00:37:27 et c'est déjà une grande avancée.
00:37:30 Je pense que ça passe par ça aussi,
00:37:33 par réapproprier son identité,
00:37:36 par connaître son histoire,
00:37:39 par valoriser son histoire.
00:37:42 Je ne suis pas qu'une descendante d'esclaves,
00:37:45 avant ça il y avait des empires noirs en Afrique,
00:37:48 je ne suis pas qu'une descendante d'esclaves,
00:37:51 je suis clairement la descendante d'une reine africaine.
00:37:54 Il y a quand même tout un travail à faire,
00:37:57 que ce soit historique,
00:38:00 un travail de valorisation,
00:38:03 un travail pour que les personnes afro-descendantes
00:38:06 puissent se dire
00:38:09 qu'on n'est pas ce qu'on a voulu nous faire croire qu'on est.
00:38:12 On est plus que ça.
00:38:15 Il y a en plus un racisme intériorisé
00:38:18 qu'il faut combattre,
00:38:21 il y a aussi des sujets comme le colorisme
00:38:24 qui est un sujet qui est très important
00:38:27 pour la santé mentale.
00:38:30 Je connais des filles qui sont foncées de peau
00:38:33 et qui ont souffert de ça pendant des années,
00:38:36 et qui que maintenant,
00:38:39 à l'aube de la quarantaine,
00:38:42 se disent "je suis fière de ma couleur de peau".
00:38:45 Au sein des communautés noires,
00:38:48 il y a le colorisme,
00:38:51 plus tu es claire, plus tu as de la valeur,
00:38:54 et plus tu es foncée,
00:38:57 tu es moins désirable pour les hommes,
00:39:00 tu es moins "bankable".
00:39:03 Tout ça a des impacts
00:39:06 sur la santé mentale des femmes.
00:39:09 Il y a aussi un truc
00:39:12 qui se fait en entreprise,
00:39:15 c'est de se dire
00:39:18 que les femmes cadres ont une pression de dingue
00:39:21 parce que contrairement à leurs homologues blanches,
00:39:24 on leur dit "il faut que tu fasses 2 fois plus,
00:39:27 il faut que tu fasses 10 fois plus
00:39:30 qu'une autre, qu'une personne blanche".
00:39:33 Et ça, ça met une pression importante.
00:39:36 Du coup, il y a plein de femmes,
00:39:39 j'ai une amie qui est psychologue,
00:39:42 elle me dit "je vois plein de femmes en consultation,
00:39:45 elles ont une pression importante en entreprise,
00:39:48 non seulement en entreprise,
00:39:51 en plus elles doivent être une femme forte
00:39:54 qui gère la maison et les enfants comme il faut,
00:39:57 et être la femme noire
00:40:00 qui ne fait pas de vagues,
00:40:03 qui travaille encore plus que les autres,
00:40:06 qui parle encore mieux".
00:40:09 Typiquement, moi,
00:40:12 quand j'ai des réflexions sur ma façon de parler,
00:40:15 du type "ah, quand même,
00:40:18 tu as du vocabulaire,
00:40:21 j'ai cité un livre".
00:40:24 Non, non,
00:40:27 je pensais que tu parlais un peu "wesh wesh".
00:40:30 Wesh wesh.
00:40:33 Non, déjà, c'est pas un terme que je connais.
00:40:36 - Oui.
00:40:39 Tu arrives dans une soirée où tu ne connais pas les gens
00:40:42 et tu as un type très HEC style
00:40:45 qui va débarquer,
00:40:48 j'ai le droit de le dire, j'ai fait une grande école,
00:40:51 qui va te dire "bonjour" normalement aux gens
00:40:54 et toi qui vas dire "wesh, bien ou bien?"
00:40:57 - Ou qui va t'appeler "sœur".
00:41:00 - Le dernier moment où elle m'a fait ça,
00:41:03 je lui ai dit "tu fais une syncope?"
00:41:06 Tu es obligé de passer par l'humour
00:41:09 et de dire "je suis pas obligé de passer par l'humour".
00:41:12 - C'est ça.
00:41:15 - Il y a aussi ça.
00:41:18 Il y a des personnes qui se sentent tellement à l'aise,
00:41:21 parce que tu comprends.
00:41:24 Les Noirs sont tellement gentils,
00:41:27 ils font tout le temps la fête, ils sont cools.
00:41:30 Tu peux tutoyer ceux qui ont 80 ans,
00:41:33 combien de fois?
00:41:36 Il disait "ça va bien chef?"
00:41:39 Vous voyez toutes les personnes toute la journée.
00:41:42 D'où vient cette prise de confiance?
00:41:45 C'est un réflexe extraordinaire.
00:41:48 C'est une autre discussion, ce type de comportement néocolonial.
00:41:51 Tu te dis au nom de quoi?
00:41:54 Une bonne manière de protéger sa santé mentale,
00:41:57 c'est de mettre ses limites.
00:42:00 Je sais que je tranche de façon un peu trop tranchée,
00:42:03 je prends sur moi pour ne pas trop choquer les gens.
00:42:06 Quand on me micro-agresse pour ne pas trop choquer les gens,
00:42:09 ça encore c'est charge raciale.
00:42:12 Mais ça me met très mal à l'aise.
00:42:15 Je ne savais pas qu'on se connaissait.
00:42:18 Les gens se permettent vraiment des choses.
00:42:21 Ils ont intégré ce qu'ils ont fait à la télévision.
00:42:24 Ils ont intégré Pépita.
00:42:27 Ils ont intégré "il y a la Noire qui est là,
00:42:30 on peut lui parler comme on veut,
00:42:33 on rigole, on ne dit rien".
00:42:36 On peut lui toucher les cheveux.
00:42:39 Je coupe les doigts maintenant.
00:42:42 C'est un réflexe.
00:42:45 C'est ça qui est grave, cette fameuse norme.
00:42:48 Ce n'est pas normal.
00:42:51 On a intégré des choses,
00:42:54 comme disait Jessica, jusque dans notre corps,
00:42:57 dans notre chair, qui passent pour normal.
00:43:00 Mais ce n'est pas normal.
00:43:03 C'est à chaque personne de s'interroger.
00:43:06 C'est aussi aux personnes qui ont conscience de ça
00:43:09 d'informer les autres.
00:43:12 Je suis en couple avec un homme blanc
00:43:15 qui comprend tout à fait mon fonctionnement.
00:43:18 Je lui ai dit très vite "toi, tu es au sommet de la pyramide,
00:43:21 moi, je suis en bas de la pyramide".
00:43:24 Je sais qu'on n'est pas du tout
00:43:27 au même niveau sur une situation donnée.
00:43:30 Par exemple, dans mon ancien job,
00:43:33 quand je cherchais un nouveau job,
00:43:36 c'est à l'rendez-vous que je veux tant d'argent
00:43:39 ou que je ne sois pas plus carrée.
00:43:42 Je me disais "pour eux, ils me donnent une chance extraordinaire
00:43:45 d'envisager de m'embaucher.
00:43:48 Je ne crois pas que je vais avoir l'audace de demander de l'argent".
00:43:51 Je vois une vraie évolution sur l'embauche,
00:43:54 sur le fonctionnement de certaines personnes.
00:43:57 Mais le monde du travail reste ce qu'il est
00:44:00 et les femmes restent moins payées.
00:44:03 Quand tu es une femme de couleur, c'est encore un niveau en dessous.
00:44:06 - Oui.
00:44:09 Savoir poser des limites,
00:44:12 ce n'est pas facile de prime abord.
00:44:15 C'est un sujet que tu abordes,
00:44:18 sur la plénesse-thérapie,
00:44:21 et il y a aussi les praticiennes et les praticiens qui sont présents.
00:44:24 Pour celles et ceux qui n'en sont pas encore là,
00:44:27 on a quand même parlé de thèses,
00:44:30 d'ouvrages, de bouquins anglo-saxons.
00:44:33 Au-delà de ça,
00:44:36 est-ce que vous avez des séries,
00:44:39 des artistes, des chanteuses, des chanteurs,
00:44:42 des comptes Instagram,
00:44:45 qui peuvent aider à normaliser,
00:44:48 et à proposer un autre narratif,
00:44:51 un autre storytelling dans la société,
00:44:54 qui peut aider à donner de la puissance.
00:44:57 - Je voudrais juste rajouter un truc.
00:45:00 Confermons ça.
00:45:03 En plus de représentations récemment,
00:45:06 il y a quand même eu des personnalités
00:45:09 qui ont mis sur le devant de la scène le sujet de la santé mentale.
00:45:12 Notamment la tennis-man,
00:45:15 la tennis-man,
00:45:18 la musulmane,
00:45:21 et la gymnase américaine aussi.
00:45:24 - Simon Biles.
00:45:27 - Désolée, elle parle fort.
00:45:30 Elles ont préféré faire une pause dans leur carrière,
00:45:33 plutôt que de sacrifier leur santé mentale.
00:45:36 J'ai beaucoup apprécié le fait
00:45:39 qu'elles en parlent librement.
00:45:42 Je pense que ça aide aussi beaucoup
00:45:45 de femmes de manière générale,
00:45:48 de sportifs aussi,
00:45:51 de personnes globalement et de femmes afrodescendantes,
00:45:54 à se dire qu'elles sont des sportives de haut niveau.
00:45:57 Quand même, Naomi Osaka,
00:46:00 qui fait une pause et qui dit
00:46:03 "OK, je quitte le tournoi de Roland-Garros
00:46:06 pour prendre soin de ma santé mentale",
00:46:09 je trouve que c'est énorme.
00:46:12 C'est hyper fort.
00:46:15 Je pense que là,
00:46:18 le sujet de la santé mentale
00:46:21 est sur le devant de la scène.
00:46:24 C'est important que les personnalités comme ça en parlent naturellement
00:46:27 et que ça va vraiment aider
00:46:30 à ce que ce soit démocratisé et normalisé dans nos sociétés.
00:46:33 - C'est clair que les sportives
00:46:36 sont des personnes de grand public.
00:46:39 Elles parlent à un max de gens.
00:46:42 Et ça aide dans des contextes hyper concurrentiels.
00:46:45 Parce que Roland-Garros et les JO,
00:46:48 il faut avoir du courage quand même.
00:46:51 "OK, c'est bon, vous m'avez saoulée, là, j'y vais."
00:46:54 - C'est clair.
00:46:57 - Et toi, Grace, tu as des...
00:47:00 Tu as des rôles modèles et des artistes
00:47:03 qui sont sensibles par rapport à ça ?
00:47:06 - J'ai énormément de rôles modèles.
00:47:09 C'est très important pour moi.
00:47:12 Et je m'en inspire beaucoup.
00:47:15 Notamment avec le changement de vie que j'ai fait très récemment.
00:47:18 J'ai besoin d'inspiration.
00:47:21 Jusqu'à il y a encore 3 mois, je travaillais en entreprise
00:47:24 où ma santé mentale a été challengée au point que j'ai dit "bye bye".
00:47:27 Et tout s'est très bien enchaîné pour moi.
00:47:30 J'ai eu cette chance-là.
00:47:33 Je fais du théâtre depuis très longtemps.
00:47:36 Et de la musique, j'écris aussi depuis très longtemps.
00:47:39 Et ça, ça a toujours été déséchappatoire pour moi sans que j'en ai conscience.
00:47:42 Parce que je ne me posais pas forcément cette question-là.
00:47:45 Mais ça m'a toujours permis de...
00:47:48 Sur la scène, on est toujours quelqu'un d'autre.
00:47:51 Et sur la scène, on existe.
00:47:54 Et pour une société pouvoir exister sur scène, tout le monde est assis.
00:47:57 Ils sont obligés d'être là et de te regarder.
00:48:00 Et mine de rien, ça te nourrit quelque chose.
00:48:03 Je suis en train de me faire une self-analyse aussi en même temps.
00:48:06 Et en fait, moi j'ai toujours beaucoup regardé la télé.
00:48:09 J'ai toujours beaucoup aimé le cinéma.
00:48:12 Et j'ai toujours eu cette envie de jouer à la télé, de jouer dans des films.
00:48:15 Et étrangement, le fait de ne voir aucune personne noire à la télé,
00:48:18 très peu, en tout cas pas en France,
00:48:21 n'a pas été une barrière.
00:48:24 J'ai aussi toujours dit, "Ce n'est pas grave, moi je le ferai."
00:48:27 Ça, c'est la chance quand même que j'ai eue parce que ce n'est pas simple.
00:48:30 J'ai été bénévole dans une association
00:48:33 qui accompagne des jeunes filles collège-lycée ou déscolarisée
00:48:36 qui sont en collège-lycée dans des quartiers difficiles
00:48:39 et qui n'envisagent même pas de rêver.
00:48:42 Parce que pour elles, ce n'est pas une option.
00:48:45 Parce qu'elles sont dans des choses du quotidien très difficiles.
00:48:48 Parce que pour elles, ce n'est pas une option.
00:48:51 Parce qu'elles sont dans des choses du quotidien très pragmatiques.
00:48:54 Et elles veulent juste partir de chez leurs parents, gagner de l'argent,
00:48:57 fonder une famille.
00:49:00 Et donc, j'ai pu trouver cette force-là à travers les livres, etc.,
00:49:03 même sans avoir tout de suite de rôle-modèle.
00:49:06 Et les rôles-modèles, j'ai commencé à les trouver,
00:49:09 notamment quand j'ai accepté que j'étais afrodescendante.
00:49:12 Quand j'ai accepté, "Oui, ce n'est pas grave, ce n'est pas une maladie,
00:49:15 mais je vais pouvoir être plurielle."
00:49:18 - Comment ? - Tonkomina.
00:49:21 - Exactement.
00:49:24 - De ma négritude, exactement.
00:49:27 Où j'ai accepté ça.
00:49:30 Il faut savoir aussi que mon père est panafricain.
00:49:33 Il est très engagé sur les questions politiques, philosophiques.
00:49:36 Il me parlait de l'Égypte, des rois du continent africain.
00:49:39 Moi, j'étais là, j'orgasme.
00:49:42 - Tu n'étais pas prête.
00:49:45 - Je n'étais juste pas prête.
00:49:48 Parce que, mine de rien, c'est déconstruire quelque chose de violent.
00:49:51 Mais c'est se dire, "Non, en fait, si j'existe,
00:49:54 en fait, comme l'a dit Lupita Nyong'o, une de mes rôles-modèles,
00:49:57 mes rêves sont valides, ils existent."
00:50:00 Donc, il y a tout ce chemin-là aussi.
00:50:03 Pour vous donner quelques exemples, il y a donc Lupita Nyong'o,
00:50:06 qui est extraordinaire, qui tient justement d'excellents discours
00:50:09 très foncés. C'est l'une des rares femmes noires oscarisées.
00:50:12 Et elle a raconté comment elle avait rêvé d'être...
00:50:15 rêver d'avoir la peau blanche,
00:50:18 d'avoir la peau plus claire,
00:50:21 en tout cas, qu'elle se trouvait moche, etc.
00:50:24 Et sa mère qui lui disait,
00:50:27 qui lui expliquait que sa peau était belle.
00:50:30 Mais on a beau... Même la personne qui t'aime le plus au monde
00:50:33 pourra te dire un milliard de fois que tu es belle,
00:50:36 mais le plus beau artiste de la planète, c'est Pierre Prescher,
00:50:39 parce que c'est quand même une personne contre... On est combien,
00:50:42 on est à 7 milliards, qui au global te disent "non, c'est faux,
00:50:45 tu n'es pas belle", tu ne vas pas réussir à intégrer le contraire.
00:50:48 Ça demande une vraie force, ça demande beaucoup, beaucoup de travail.
00:50:51 Autre sujet, la force, on ne va pas pouvoir parler de tout aujourd'hui,
00:50:54 mais la force des femmes noires, c'est un sujet qui m'intéresse.
00:50:57 Parce qu'il y a ça aussi. On a tellement vu nos mères, nos tantes,
00:51:00 nos grand-mères tenir les familles à bout de bras, etc.
00:51:03 On ne va pas pouvoir tout faire soi-même. Non, en fait, on a le droit
00:51:06 d'être fatiguée, on a le droit de vouloir s'asseoir, on a le droit
00:51:09 de vouloir expliquer à un psy qu'on ne va pas bien, on a le droit
00:51:12 de demander de l'aide, ce n'est pas de la faiblesse.
00:51:15 Pour moi, au contraire, c'est vraiment de la force.
00:51:18 Et donc, pour les femmes role models, je vais en citer quelques-uns.
00:51:21 Bien sûr, il y a Oprah, ça va être un peu cliché, mais mine de rien.
00:51:24 Oprah, ce n'est pas seulement la femme qu'on voit faire des lives,
00:51:27 c'est une femme qui a traversé une vie extrêmement brutale
00:51:30 et compliquée, qui a été brutalisée, agressée sexuellement
00:51:33 lorsqu'elle était enfant, qui a été virée de son premier job
00:51:36 à la télévision à 23 ans parce qu'on lui avait dit qu'elle n'était pas
00:51:39 faite pour la télévision. C'est assez drôle.
00:51:42 -Il y en a qui sont plantées, à part. -Il y en a qui sont un peu plantées.
00:51:45 Donc, n'écoutez pas ce qu'on vous dit, croyez en vos rêves.
00:51:48 Donc, voilà, moi, c'est une femme dont je regarde régulièrement
00:51:51 les discours qui est très inspirante.
00:51:56 Et voir une femme noire être arrivée à ce niveau-là et être respectée,
00:51:59 être vue et entendue, bien sûr, c'est inspirant parce que je ne cherche pas
00:52:03 forcément à avoir sa couverture internationale, sauf si des réalisateurs
00:52:06 me voient, bonjour. Mais on a envie dans son univers direct,
00:52:12 dans son monde direct de ne pas avoir à lutter, de ne pas avoir à argumenter
00:52:15 pour exister. Donc, Oprah le fait. Il y a Issa Rae.
00:52:20 -Ah, oui. Insecure. -Réalisatrice, auteure, productrice,
00:52:24 maintenant CEO, rappeuse dans sa série Insecure,
00:52:28 qui est une série HBO qui est extraordinaire.
00:52:31 C'est la première série que j'ai vue à la télévision avec une héroïne noire
00:52:35 qui avait des problèmes de femme normale.
00:52:39 Donc, bien sûr, c'est tout l'univers afro-américain parce que ses potes sont noirs,
00:52:45 mais sa meilleure pote est avocate. Elle, elle bosse dans une entreprise
00:52:51 qui travaille avec les écoles dans des quartiers défavorisés,
00:52:55 où les élèves la brutalisent pareil, où elle a des collègues gênants
00:53:02 qui ne voient pas les couleurs. Et voilà, ça challenge la question
00:53:07 de l'universalisme aussi. Les personnes qui disent qu'elles sont universalistes
00:53:11 lorsque tu dis que tu es antiraciste et qui, du coup, nient la construction sociale
00:53:17 de la race qui est concrète et qui t'impacte au quotidien.
00:53:21 Donc, il y a ces sujets-là. Ça permet de voir d'autres personnes
00:53:25 dans ces situations, de s'inspirer différemment, de réfléchir
00:53:28 et de se sentir moins seule aussi. Il y a aussi Mckayla Cole,
00:53:33 qui a fait "Swingum" sur Netflix et qui, là, vient de faire "I May Destroy You",
00:53:37 qui est une artiste extraordinaire, qui fait aussi de la poésie,
00:53:41 qui chante, qui a remporté des BAFTA, plusieurs années de suite, etc.
00:53:49 Et en fait, juste le fait que ces femmes aient torpillé les obstacles,
00:53:58 qu'elles se soient battues, qu'aujourd'hui elles donnent des conseils.
00:54:02 Moi, je sais que là, en ce moment, je regarde la masterclass de Issa Rae
00:54:05 sur la plateforme Masterclass, qui est une plateforme incroyable
00:54:07 sur laquelle on peut apprendre énormément de choses,
00:54:09 sur laquelle il y a beaucoup de personnes afrodescendantes
00:54:11 qui sont valorisées et qui parlent de leur expérience aussi, etc.
00:54:15 Tout ça, ça me permet de voir autre chose, de rêver autrement aussi
00:54:21 et de m'autoriser certaines choses.
00:54:24 Oui, ça permet de s'élever, ça permet de sortir de ce qu'on ne nous a pas montré.
00:54:36 Et après, ce que je vous ai expliqué, les filles, juste avant le live,
00:54:39 c'est que pour moi aussi, chercher, ça fait partie de la thérapie.
00:54:44 Chercher les personnes qui vont nous inspirer par rapport à nos besoins.
00:54:47 Je sais que moi, ce sont elles qui vont m'inspirer,
00:54:49 parce que moi, je travaille dans ce secteur,
00:54:52 je travaille dans la télé, la musique et j'écris,
00:54:54 donc forcément, je vais aller chercher des personnes qui font la même chose.
00:54:57 Je vais aller chercher des auteurs comme Shimamoto Ngozi Adichie,
00:55:00 Toni Morrison, Bell Hooks, Naira Wahid,
00:55:03 ces femmes-là qui écrivent, pas forcément directement pour les femmes noires,
00:55:08 mais qui vont écrire sur les femmes noires,
00:55:10 qui vont raconter nos histoires, qui nous font exister.
00:55:12 Moi, je sais que c'est ça dont moi, j'ai besoin.
00:55:14 Mais il y a aussi des femmes, des chefs-custos,
00:55:17 il y a des femmes médecins, il y a des femmes avocats.
00:55:20 Voilà, il faut regarder tous ces parcours-là.
00:55:22 L'autre fois, j'ai vu une surfeuse, moi, j'ai surfé il y a quelques semaines.
00:55:25 Je la vois, je suis juste contente.
00:55:27 Je me dis "Fine, queen, fine", mais clairement, je ne me sens pas inspirée,
00:55:31 parce que je ne me lève pas sur une planche de surf.
00:55:33 Mais il y a des personnes qui, peut-être, vont avoir besoin de ça.
00:55:35 Donc l'idée, c'est aussi de regarder ça.
00:55:39 Et puis après, de prendre ces contenus et de les recommander.
00:55:44 Parce que je sais que je regardais, je crois que c'était "Insecure",
00:55:47 que je montrais à une personne blanche de mon entourage,
00:55:50 de très proche, que je ne citerai pas,
00:55:52 et qui, au bout de vraiment une minute, m'a dit "Il n'y a que des noirs ?"
00:55:56 Je lui ai dit "Oh, welcome to my life."
00:56:00 Ils sont plus saines que moi.
00:56:02 Quand je regarde 95% des contenus que je regarde, il n'y a que des blancs.
00:56:05 Alors oui, parfois, il y a un meilleur ami noir que tu vois,
00:56:07 trois séquences, ou il y a un policier noir qui meurt au bout de 14 secondes.
00:56:11 Parce qu'il y a des côtes à y mettre, en tout cas aux États-Unis.
00:56:14 Mais en tout cas, je regarde quand même énormément de films
00:56:18 sur des familles blanches qui se retrouvent dans les Hamptons,
00:56:21 ou qui se retrouvent au Touquet, et qui racontent leur vie,
00:56:25 et leurs problèmes, qui n'ont rien à voir avec leur existence.
00:56:27 Est-ce que ça m'empêche de profiter du film ? Pas du tout.
00:56:29 Pourquoi ? Parce que j'ai été élevée comme ça.
00:56:31 J'ai été élevée dans la diversité, et la République est invisible.
00:56:35 Donc, c'est aussi regarder les histoires des autres.
00:56:38 Donc, voilà, faire profiter aussi à votre entourage de ce que vous découvrez,
00:56:43 de nouveaux contenus, pour pouvoir diversifier ça.
00:56:46 Je pense que ça, ça contribue aussi, parce que je sais que moi,
00:56:50 j'ai des amis blanches qui, au moment de la mort de George Floyd,
00:56:56 m'ont dit « Ok, en fait, je ne sais pas comment réagir,
00:56:58 je ne sais pas quoi faire », qui se posaient des questions.
00:57:01 Et moi, je suis allée jusqu'à ma limite, parce qu'à un moment,
00:57:03 j'ai dit « En fait, c'est à toi de s'éduquer sur le sujet »,
00:57:05 parce que pour moi, c'est déjà extrêmement violent,
00:57:07 et je ne suis pas là pour éduquer les gens.
00:57:09 Et d'ailleurs, il y a une journaliste du Guardian qui a fait une vidéo incroyable,
00:57:12 au-dessus, je pourrais te l'envoyer, Christelle, pour que tu la postes sur nos ailes.
00:57:16 Mais c'est aussi dire à vos amis « Si tu veux me comprendre,
00:57:23 tu peux regarder ça, tu peux lire telle personne, tu peux lire tel article.
00:57:27 Et les personnes qui s'intéressent vraiment à vous, vous regardez ça aussi. »
00:57:30 Et après, j'arrêterai de parler. Juste sur cette question-là spécifique,
00:57:33 pour moi, bien prendre soin de sa santé mentale, c'est aussi bien s'entourer.
00:57:40 Savoir s'entourer de personnes qui comprennent,
00:57:42 de personnes qui ne vont pas vous micro-agresser
00:57:44 et qui ne remettront jamais en question votre sentiment
00:57:48 d'être dans cet état émotionnel-là, où vous, vous savez que vous avez vécu
00:57:52 quelque chose de raciste, où vous, vous venez de vous sentir agressé,
00:57:55 et la personne ne va pas vous diminuer en disant
00:57:57 « Mais cette personne n'a pas fait exprès. »
00:57:58 Parce que le racisme systémique, c'est aussi ça.
00:58:01 C'est non pas dire à la personne qui a mal agi qu'elle n'aurait pas dû agir comme ça,
00:58:06 mais dire à la personne qui a été lésée et qui pourrait se réagir
00:58:10 qu'elle ne devrait pas se réagir.
00:58:11 Et on a les mêmes sujets sur les agressions sexuelles,
00:58:14 sur les questions homophobes, sur les questions validistes.
00:58:17 C'est toujours valoriser la personne qui a le pouvoir.
00:58:19 Donc, ça suffit !
00:58:21 - Il y en a marre, effectivement, mais tout est une question d'éducation,
00:58:25 et c'est aussi aux gens d'avoir la curiosité aussi de se mettre à la place de l'autre,
00:58:30 à la place de l'histoire de l'autre, pour plein de sujets, effectivement,
00:58:34 et de s'éduquer.
00:58:35 Mais c'est aussi bien quand il y a des plateformes et des services
00:58:38 comme ceux que montre Jessica, comme Happiness Therapy.
00:58:42 Ou d'ailleurs, Jessica, qu'est-ce qu'on peut trouver
00:58:44 comme type de thérapeute ou comme type de praticien,
00:58:48 de plateforme de pratique sur Happiness Therapy ?
00:58:50 Comment ça fonctionne ?
00:58:51 - Alors, attends, avant de répondre à ta question,
00:58:53 je vais juste faire un petit parallèle, parce que Grasse disait
00:58:57 qu'effectivement, ce qui est bien, c'est de s'entourer de personnes
00:59:02 qui n'invalident pas ton expérience,
00:59:08 les problématiques que tu peux rencontrer en matière de santé mentale,
00:59:12 de microagressions, etc.
00:59:14 Moi, je tiens à ajouter qu'aujourd'hui, certaines personnes, du coup,
00:59:20 issues des communautés noires, cherchent de l'aide auprès
00:59:24 de professionnels de la santé mentale, et elles ont à cœur
00:59:31 de faire attention à ça, parce qu'elles ont eu des expériences
00:59:34 négatives avec des thérapeutes qui ont finalement reproduit
00:59:40 des microagressions au sein d'un espace qui est censé être safe,
00:59:45 mais pour le coup, qui ne l'a pas été.
00:59:47 Ce sont des personnes qui, du coup, parlaient de leur racisme
00:59:53 et le thérapeute a nié l'expérience de racisme qu'ils pouvaient avoir.
01:00:00 C'est des thérapeutes aussi qui, pour donner un exemple de microagression,
01:00:04 typiquement, quand votre thérapeute vous dit "mais vos parents parlent français ?"
01:00:09 ou quand votre thérapeute vous dit "mais comment vous faites
01:00:13 pour être admise dans cette grande école ?"
01:00:16 ou "mais vous avez combien de frères et sœurs ? Je croyais que les personnes
01:00:21 de votre communauté avaient au moins 8 à 10 enfants, donc vous n'êtes qu'aux deux."
01:00:28 C'est le genre de microagressions et de choses qu'il faut expliquer
01:00:34 quand on est déjà dans un contexte où on est fragilisé,
01:00:38 et je trouve que ça fragilise encore plus les personnes.
01:00:41 Et du coup, aujourd'hui, il y a de plus en plus de femmes,
01:00:46 si je parle des femmes afro-descendantes, qui veulent consulter des thérapeutes,
01:00:51 des psys, noirs, parce qu'elles ont l'impression que, au moins,
01:00:57 leurs expériences vont être comprises.
01:01:00 Il y a beaucoup d'homosexuales qui veulent consulter des thérapeutes homosexuels
01:01:05 aussi pour la même raison.
01:01:07 C'est vrai qu'aux États-Unis, ce biais-là est très démocratisé,
01:01:13 les gens sont ok avec ça. En France, ça l'est nettement moins,
01:01:18 dans la mesure où, d'ailleurs, l'année dernière, il y avait eu un sujet
01:01:22 par rapport à ça, par rapport au communautarisme des thérapeutes noirs.
01:01:29 Je ne sais plus ce qui s'était passé, mais c'était quand même remonté
01:01:34 au gouvernement, en tout cas, de dire qu'il y a eu une communautarisation
01:01:39 des praticiens noirs. Mais il se passe vraiment un truc, là.
01:01:45 Il se passe vraiment un truc, c'est que les gens ont envie de faire attention
01:01:48 aux thérapeutes qu'ils consultent. Ils n'ont plus envie d'avoir à s'expliquer
01:01:53 et à légitimer leurs souffrances du quotidien. Ils ont envie d'être compris.
01:01:59 Donc, ils n'ont plus envie de s'embêter à expliquer à leurs thérapeutes
01:02:03 des choses qu'ils n'ont pas à expliquer. Mais par ailleurs, la plupart des thérapeutes
01:02:09 sont hyper humains et ils ne font pas exprès de reproduire ces microagressions-là.
01:02:14 Mais personne ne part d'une plage blanche, en fait. Personne ne part d'une plage blanche.
01:02:18 Tout le monde arrive avec ses biais, y compris le thérapeute.
01:02:22 Mais d'où l'importance aussi de faire attention. Et donc, à l'heure actuelle
01:02:27 sur la plateforme de la thérapie, je n'ai que des thérapeutes, des femmes noires
01:02:33 parce que c'est le besoin, en fait. Les gens de la communauté de la thérapie cherchent
01:02:38 des thérapeutes qui soient des femmes noires, que ce soit psychologues, coaches,
01:02:42 soufrologues, thérapeutes, etc. Donc, je réponds à la demande, tout simplement.
01:02:50 Après, si des thérapeutes blanches m'écoutent et ont une sensibilité aux problématiques
01:02:59 de discrimination, etc., elles sont les bienvenues sur la plateforme.
01:03:03 Je ne suis pas en train de faire du sectarisme, qu'on soit bien d'accord là-dessus.
01:03:07 Mais j'essaie de répondre à une demande qui est, on souhaite consulter des femmes
01:03:14 qui, potentiellement, ont la même expérience que nous, pour être comprises.
01:03:18 Ce qui est tout à fait logique, on le voit dans toutes les démarches.
01:03:21 Quand tu construis un service, tu cherches à répondre à un besoin, à une demande spécifique.
01:03:26 Et donc, du coup, d'avoir la réponse adéquate en face.
01:03:31 Oui, et donc, du coup, moi j'espère en tout cas que, il va y avoir...
01:03:38 Parce que tous les professionnels, en fait, ne connaissent pas souvent la définition
01:03:45 sociologique du racisme. Ils pensent que le racisme fait des agressions violentes.
01:03:50 Et donc, ils ont dans l'idée que, oh mais il y a trop de racisme.
01:03:55 Donc, du coup, c'est difficile d'apporter une réponse appropriée aux personnes
01:03:59 qui subissent les microagressions. Donc, moi, je pense que ce serait important
01:04:04 qu'il y ait une introduction dans les cursus des psychologues.
01:04:10 L'introduction de la notion de racisme, en fait.
01:04:20 Des décrédinations, d'éduquer en tout cas les thérapeutes sur ce sujet-là.
01:04:25 De penser à ce qu'ils fassent attention à ne pas reproduire certains schémas,
01:04:30 certaines violences au sein de leur cabinet.
01:04:33 A l'heure actuelle, je sais que ce n'est pas encore le cas, mais si quelqu'un
01:04:38 du gouvernement m'entend, il serait bien de faire quelque chose, en tout cas.
01:04:43 Un appel comme ça, non ?
01:04:46 - C'est un appel qui sera en tout cas relayé.
01:04:49 Parce qu'effectivement, l'idée aussi, c'est de faire remonter l'enjeu
01:04:55 et le besoin citoyen qu'a derrière aussi la santé mentale.
01:04:59 Et c'est clair que l'éducation, elle passe aussi par l'éducation
01:05:02 au niveau pédagogique, au niveau des professionnels de la santé.
01:05:06 Mais on croise les doigts et on va faire lobby par rapport à ça.
01:05:10 On sent qu'il y a de plus en plus de "gender studies" qui commencent
01:05:13 à débarquer dans les facs en France.
01:05:16 Donc, que ce soit effectivement le cas sur tout ce qui est psychologie
01:05:21 et sociologie. Parce que les deux sont quand même très liés.
01:05:26 - Je vois qu'il est déjà 14h. C'est passé hyper rapidement.
01:05:30 Il y a eu des super retours dans le chat sur vos témoignages.
01:05:33 Les filles, merci beaucoup.
01:05:36 Là, il y a Alterker qui vient de dire un super témoignage.
01:05:38 Ça fait du bien de rendre public ce type de sujet.
01:05:42 J'étais super contente de commencer cette rentrée avec vous et avec toi, Jade.
01:05:48 Je regarde qu'il y a eu quand même pas mal de choses hyper intéressantes
01:05:51 et sur la pédagogie et sur les références.
01:05:54 Je vais retranscrire le live et vous demander si vous avez des liens
01:06:00 ou des contenus que vous voulez relayer.
01:06:02 Je reposterai sur le compte Instagram de Musée,
01:06:06 mais aussi dans la newsletter pour aller un peu plus loin.
01:06:09 C'est une newsletter bimensuelle qui est envoyée deux fois par mois
01:06:13 les jeudis matin.
01:06:15 Merci beaucoup. J'étais vraiment ravie.
01:06:18 Un grand merci.
01:06:20 Désolée aux questions auxquelles on n'a pas répondu,
01:06:24 mais merci beaucoup pour votre participation.
01:06:27 Merci, mesdames, pour ce moment.
01:06:30 Ça fait du bien.
01:06:32 Merci, Jessica. Merci, Graf.
01:06:34 Ciao. Bonne journée et bon après-midi.
01:06:36 À plus. Salut.