Malgré le contexte morose pour la presse écrite, le quotidien régional des Alpes investit 2 millions d’euros pour lancer une nouvelle formule toute en couleur.
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00:00 Bonjour Christophe Victor, le Dauphiné libéré est le septième titre le plus lu de la presse
00:06 quotidienne régionale.
00:07 6 300 000 lecteurs papiers et numériques.
00:09 Il couvre 9 départements, du Vaucluse à la Haute-Savoie et depuis hier, il n'est
00:14 plus le même.
00:15 Nouveau format, nouvelle maquette, nouveau rendez-vous éditoriaux, ça faisait quoi ?
00:18 17 ans qu'il n'avait pas bougé ce journal ? Il était temps !
00:21 La précédente nouvelle formule datait d'il y a 17 ans, effectivement.
00:26 Alors on ne peut pas dire qu'il n'avait pas bougé au cours de ces 17 ans parce qu'il
00:29 y a eu quelques petits ajustements qui ont été faits mais c'est vrai qu'en termes
00:32 de nouvelles maquettes notamment et de nouveaux rythmes de l'information, c'est une vraie
00:37 innovation.
00:38 Qu'est-ce que vous entendez par nouveaux rythmes de l'information ?
00:40 Écoutez, d'abord cette nouvelle formule, on l'a construit avec nos lecteurs, nos annonceurs,
00:46 les institutionnels de la région et on l'a voulu être proche de leur préoccupation et
00:57 surtout adapté au nouveau mode de consommation de l'information.
01:00 C'est-à-dire que quand je parle de nouveau rythme, c'est qu'on choisit beaucoup mieux
01:05 à la fois les sujets longs, on aura deux faits du jour par exemple tous les jours,
01:09 un national, un régional.
01:11 On aura aussi des brèves, on avait beaucoup moins de brèves auparavant, on fait réapparaître
01:16 des brèves et puis on a des rythmes, des rendez-vous qui vont être hebdomadaires par
01:21 exemple.
01:22 Donc tous les lundis, on aura un portrait des jeunes qui font bouger le département,
01:25 tous les mercredis, les initiatives positives de chaque département.
01:30 Le jeudi, vendredi, ce sera les sorties et préparer votre week-end.
01:34 Et puis le dimanche, une formule beaucoup plus complète avec le grand reportage hebdomadaire
01:39 en fait du Dauphine et Libéré et puis plus de temps pour les jeux puisqu'il y aura une
01:45 double page de jeux pour le plaisir avec Titeuf qui nous rejoint le dimanche, une page livre
01:52 et puis une page idée, ce qui n'est pas très fréquent en presse quotidienne régionale.
01:55 On va faire la place aux sociologues, philosophes, scientifiques de la région pour nous délivrer
02:03 en fait ce qu'ils ont envie de nous dire.
02:05 Voilà, donc c'est ça ce que j'appelle ces nouveaux rythmes.
02:08 Mais vous n'avez pas peur de trop bousculer vos lecteurs ? Quel âge ils ont d'ailleurs ?
02:12 Quel est l'âge moyen de votre lecteur ?
02:13 Alors l'âge moyen, vous savez, on imagine que l'âge moyen il est beaucoup plus âgé
02:16 qu'il ne l'est réellement puisque l'âge moyen il a 52 ans.
02:18 Donc vous voyez, c'est pas si âgé.
02:20 Donc il supporte le changement.
02:21 Mais alors je vais vous dire une chose.
02:24 Cette formule, puisque c'était quand même de gros changements, nouveaux formats, nouvelles
02:28 maquettes toutes en couleurs, etc.
02:29 On l'a testé et on l'a testé auprès de quatre groupes lecteurs fidèles et occasionnels.
02:35 Et je vous surprendrais sans doute en vous disant que ceux qui ont le plus vite adhéré
02:40 à cette nouvelle formule et qui l'ont noté entre 9 et 10, ce sont les lecteurs les plus
02:45 âgés et les plus fidèles.
02:46 C'est vrai que vous me surprenez là.
02:47 Oui, mais vous voyez, en fait, ils sont beaucoup plus prêts à changer.
02:52 Et je pense qu'ils attendaient ça puisque, en fait, il y a une vraie volonté de monter
02:57 en gamme aussi dans ce nouveau journal.
03:00 Et je pense que nos lecteurs, eh bien, il ne faut surtout pas les mépriser.
03:04 Au contraire, il faut les aider à découvrir des contenus plus valorisants.
03:10 Et je pense que c'est ce qu'ils ont perçu en tout cas dans ces tests.
03:14 Dans le dossier de presse, vous insistez sur la priorité donnée à la proximité.
03:19 Ce n'était pas le cas avant ?
03:20 Si, bien sûr, c'était le cas avant.
03:23 Mais je dirais que cette priorité, c'est notre ADN au niveau de l'APQR.
03:32 Et malheureusement, parfois, on a tendance à l'oublier au rythme des économies qu'il
03:40 faut faire.
03:41 On voit un peu moins de pages locales.
03:43 Chez nous, nous sommes le quotidien régional où la priorité au local est la plus importante.
03:48 On aura tous les jours entre 13 et 17 pages de local.
03:51 C'est souvent deux fois plus important ou 50% plus important que certains de nos confrères.
03:58 Donc, cet ancrage local, cette volonté de proximité qui est plus compliquée à faire
04:02 parce que nous avons 18 éditions, 400 pages tous les jours différentes.
04:06 Donc, évidemment, quand vous réduisez le nombre de pages locales, vous faites aussi
04:10 un certain nombre d'économies.
04:11 C'est mécanique.
04:12 Et bien ça, nous n'avons absolument pas voulu le sacrifier.
04:16 Et nous avons voulu marquer par là que ce côté extrêmement proche, valorisation des
04:22 territoires, valorisation des initiatives locales, c'était notre priorité.
04:26 Alors le numérique, Christophe Victor, ça aussi, c'est une priorité pour le Dauphine
04:30 et Libéré.
04:31 J'ai envie de dire enfin, pourquoi l'APQR, la presse quotidienne régionale, a mis autant
04:34 de temps à prendre ce virage, beaucoup plus que la presse nationale ?
04:37 Alors, je voudrais dire deux choses là-dessus.
04:41 Dans le numérique, il y a à la fois la notion d'audience, de publicité et d'abonnement.
04:47 Sur la notion d'audience, on est passé il y a cinq ans au Digital First.
04:51 On n'est pas si en retard que ça, y compris même par rapport à la presse nationale.
04:56 Nos audiences sur le Dauphine et Libéré, par exemple, c'est tous les jours un million
05:02 de visites, trois millions de pages vues.
05:05 Sur l'ensemble du groupe Ebra, je crois que c'est 15 millions de visiteurs uniques
05:10 mensuels.
05:11 Donc, c'est pas si mal.
05:13 Et votre taux d'abonnés numériques ?
05:15 Je vais vous en reparler après.
05:16 Je ne vais pas éluder la question.
05:18 Le deuxième sujet, la publicité.
05:20 Publicité digitale, aujourd'hui, au niveau du Dauphine et Libéré, nous sommes à plus
05:23 de 15% de la publicité qui est digitale.
05:26 Dans la presse nationale, on est entre 20 et 30.
05:30 J'en sais un peu quelque chose, j'en viens.
05:31 Le Figaro et les échos notamment.
05:34 Donc, c'est pas si mal.
05:37 Effectivement, là où on a une difficulté, c'est sur les abonnés numériques.
05:40 Alors, pourquoi ?
05:41 Un, on est parti un peu plus tard, puisque notre diffusion, notamment vente aux numéros,
05:49 se préservait mieux que les grands quotidiens nationaux, voire que d'autres quotidiens
05:52 de PQR.
05:53 Donc, c'est vrai qu'on n'a pas suffisamment investi sur ce sujet.
05:56 On est parti après les autres.
05:58 Et aujourd'hui, d'ailleurs, à l'heure où je vous parle, on est en train de recruter
06:02 cinq personnes parce qu'il ne suffit pas de faire du bon contenu en digital, d'avoir
06:06 des journalistes qui travaillent sur le digital.
06:08 Il faut aussi des compétences en marketing.
06:09 Et c'est vrai que là, nous en manquons.
06:13 Et donc, c'est un grand saut qualitatif qu'il faut qu'on fasse dans ce domaine.
06:17 Et donc, quelle proportion d'abonnés numériques ?
06:19 Je repose ma question.
06:20 Excusez-moi.
06:21 Pour le moment, nous sommes à 7% au niveau de la CPM.
06:25 Si on rajoute les abonnements week-end qui sont toute la semaine digitaux et le week-end
06:31 en papier, on frôle les 10%.
06:33 Mais c'est très loin, effectivement, comme vous le dites, de la presse quotidienne nationale.
06:37 Alors, que l'on soit un journal national ou régional, la période est très compliquée
06:41 avec l'afflambé du prix du papier et du prix de l'énergie.
06:44 Quelle est l'ampleur du surcoût pour un journal comme Le Dauphiné libéré ?
06:47 Il est énorme.
06:49 Sur le papier, sur les deux ans entre 2021 et 2023, c'est 7 millions.
06:53 Et si on rajoute l'énergie, on est à un peu plus de 8 millions, 8,5 millions.
07:00 Le gouvernement avait annoncé une aide de 30 millions d'euros aux éditeurs de presse
07:04 pour compenser l'augmentation des coûts en papier.
07:06 Le décret vient de paraître hier.
07:07 C'est suffisant ?
07:08 Non, non, non.
07:09 On est très, très, très loin de l'impact.
07:11 D'ailleurs, vous voyez, simplement au niveau du Dauphiné libéré, on est quasiment à
07:16 7 millions et c'est 15 millions, je crois, pour l'ensemble de la presse.
07:21 Donc, on est très, très loin de l'impact.
07:23 C'est une goutte d'eau.
07:24 Vous n'avez rien touché pour l'instant ?
07:25 On n'a rien touché pour l'instant, non.
07:27 Vous avez mis des solutions en place ?
07:28 Oui, bien sûr.
07:30 Un papier de moins bonne qualité, moins de pages ?
07:33 Non, on n'a pas voulu…
07:35 On a cherché à rationaliser certains sujets.
07:38 On travaille beaucoup sur la distribution, par exemple.
07:41 On revoit nos circuits de transport.
07:44 On a travaillé aussi cette nouvelle formule par la réduction de son format.
07:50 Mais ce n'était pas du tout l'objectif initial.
07:52 Mais c'est une formule où, effectivement, on consomme moins de papier.
07:56 L'organisation du contenu est différente et, effectivement, ça nous fait aussi des
08:01 économies de papier.
08:02 Mais on n'a pas voulu sacrifier la qualité parce qu'on le paie toujours à un moment
08:09 donné.
08:10 Et ce qui fait la valeur de nos fonds de commerce, ce sont quand même nos lecteurs et notamment
08:16 nos abonnés.
08:17 Vous parlez de la distribution, mais il y a aussi, me semble-t-il, un problème de porteurs,
08:20 de gens qui assurent cette distribution.
08:22 Vous avez ce problème, au Dauphine Libéré ?
08:23 Il y a une pénurie ?
08:24 D'autant plus que nous sommes dans un secteur, l'un des plus compliqués à porter, puisque
08:28 nous sommes un secteur de montagne.
08:30 Et donc, nous avons eu de très, très gros problèmes, notamment en Haute-Savoie et en
08:33 Savoie.
08:34 Et là, nous sommes en plein dans une réflexion, effectivement, pour réorganiser nos circuits
08:41 de portage, rendre plus attractif ce métier qui est extrêmement important pour nos abonnés.
08:48 Et assez mal payé ?
08:49 Évidemment, assez mal payé.
08:50 Absolument.
08:51 Il y a certains autres avantages de flexibilité, mais justement, on est en train de regarder
08:56 comment revaloriser tous ces éléments-là.
08:58 Un dernier mot, si vous le voulez bien, Christophe Victan, sur Diverto, le nouveau supplément
09:02 télé de la presse régionale qui remplace TV Magazine depuis le début de l'année.
09:06 Vous partagez les recettes publicitaires entre jour, nos partenaires.
09:08 Il est rentable ?
09:09 Ah, écoutez, oui, oui, il sera rentable.
09:12 Vous savez, on a trois mois de...
09:14 Il a commencé en janvier, quatre mois.
09:17 Donc, vous me permettrez, à la limite, il faudra nous reposer les questions dans un
09:21 an.
09:22 Mais en tout cas, oui, oui, il a été construit pour être rentable et à date, il n'y a pas
09:28 de raison de voir qu'il ne le sera pas.
09:30 Il n'a pas encore atteint les mêmes ventes que son prédécesseur ?
09:32 Mais les ventes sont mécaniques, en fait, puisqu'il est attaché à des journaux comme
09:38 le Dauphine et Libéré, Dernières Nouvelles d'Alsace, West France, La Voix du Nord, etc.
09:42 Donc, finalement, il suffit qu'un titre local le prenne moins que son prédécesseur pour
09:50 qu'il n'ait pas tout à fait la même diffusion.
09:51 Donc, je dirais que c'est une diffusion embarquée à l'intérieur d'autres titres.
09:57 Donc, je ne suis pas certain qu'on puisse juger de sa performance à travers cet élément-là.
10:00 Merci beaucoup d'être revenu sur France Info, Christophe Guitard.
10:02 C'est moi qui vous remercie.