Jacques Pradel lance "Les dossiers de chroniques criminelles" : "Ce qui me fascine, c’est le mystère du passage à l’acte"

  • l’année dernière
Le journaliste spécialiste des faits divers n’avait encore jamais fait d’incursion dans la presse écrite.
Transcript
00:00 Bonjour Céline Bacdard-Cohen, votre invité média est un journaliste passionné de récits
00:04 criminels, on le connaît bien évidemment pour l'émission « Perdu de vue » dans
00:07 les années 90, pour ses nombreux livres sur les faits divers, il incarne désormais un
00:12 nouveau magazine papier, un mensuel baptisé « Les dossiers de chroniques criminels ».
00:16 Bonjour Jacques Fradel, vous nous plongez dans les coulisses du crime avec ce magazine
00:20 à travers les enquêtes et les procès d'affaires très médiatiques comme la disparition d'Estelle
00:24 Mouzin qui fait la une du premier numéro, Jonathan Daval, Dany Leprince, mais aussi
00:28 d'histoires moins connues ou méconnues même carrément comme j'ai découvert la
00:31 maison de l'horreur à Heinfeld près de Londres.
00:34 Après la télé, la radio, les bouquins, vous n'aviez pas encore fait d'incursion
00:37 dans le monde de la presse écrite si je ne m'abuse ?
00:39 Alors non, effectivement.
00:40 Ça y est vous cochez toutes les cases.
00:43 Oui, mais c'est le groupe CMI France qui avait ce projet dans ses tuyaux depuis longtemps.
00:48 Et quand on a ce projet on appelle forcément Jacques Fradel.
00:51 Ils m'ont proposé à la fois d'être collaborateur de la rédaction bien sûr, conseiller de
00:56 la rédaction très exactement et aussi un peu le parrain pour employer un langage qu'on
01:04 connaît bien dans les affaires criminelles.
01:06 C'est l'émission de TFX déclinée en version papier, émission dont vous êtes la voix ?
01:10 Non, ce n'est pas une déclinaison en version papier d'une émission de télévision.
01:14 Le point commun c'est à la fois le titre, bien sûr, qu'on est criminel, le rappel
01:19 de ce titre et puis chaque mois puisque c'est un mensuel qui paraît chaque premier mercredi
01:25 du mois.
01:26 Il est sorti hier ?
01:27 Voilà, dont le premier numéro est sorti hier.
01:30 Le dossier du mois est un dossier que j'ai déjà évoqué avec l'équipe de chronique
01:38 criminelle sur TFX.
01:39 Là c'est Estelle Mouzin, j'en profite je fais une petite digression.
01:44 Vous avez vu le documentaire sur Netflix "Dans la tête de Monique Olivier" ?
01:48 Absolument.
01:49 Comment vous l'avez trouvé ?
01:50 D'abord j'étais totalement en phase avec ce travail parce que l'image qui est présentée
01:59 de Monique Olivier, qui est certainement très proche de la réalité, ce n'est pas l'image
02:04 d'une femme battue, d'une femme soumise, soumise au désir sexuel de son compagnon,
02:11 etc.
02:12 Moi je pense qu'elle est co-auteure de tous les crimes que ce couple a fait et je dirais
02:19 pour être bref que pour moi c'est la marionnette qui a pris le contrôle du marionnettiste.
02:26 Et d'ailleurs au cours du procès de 2008 du couple Fourniret, puisqu'ils ont été
02:31 jugés en même temps à l'époque, un expert psychiatre a dit quand on lui demandait de
02:37 cerner en quelques mots la personnalité de Monique Olivier et ses rapports avec Fourniret,
02:42 il a dit "en résumé, elle lui a donné", il parlait de Fourniret, "elle lui a donné
02:48 son permis de tuer".
02:49 Et c'est vrai qu'il n'avait jamais tué avant de rencontrer Monique Olivier.
02:54 - Alors revenons à ce magazine, les dossiers de chronique criminelle.
02:57 Sur ce créneau du crime, il y a déjà le nouveau détective qui est un hebdo.
03:01 En quoi vous vous différenciez ?
03:02 - Ah ben, chacun a sa petite musique si vous voulez.
03:06 Donc je ne suis pas là pour critiquer le nouveau détective.
03:10 Je peux dire par contre ce qui nous anime, nous.
03:13 Ce qui nous anime, ce n'est pas du tout de la fascination pour le morbide, le macabre,
03:20 le sang, la violence, etc.
03:23 Ce n'est pas non plus de survoler les histoires parce qu'elles sont connues du public.
03:27 C'est au contraire une volonté de décryptage.
03:31 Et vous savez, on dit toujours "les paroles s'envolent, les écrits restent".
03:35 Bon, il n'y a rien de tel que...
03:37 Alors c'est un peu une découverte pour moi, effectivement.
03:39 Par ailleurs, j'ai fait quand même pas mal de livres où je me suis exprimé très longuement
03:44 sur un certain nombre d'affaires.
03:46 Là, c'est la même chose.
03:47 On décrypte le dossier Estelle Mouzin fournirait Monique Olivier.
03:51 C'est 10 pages de magazine.
03:53 - Ce sont des enquêtes très fouillées.
03:54 - Donc on reprend une enquête très fouillée.
03:56 Et puis un éclairage, toujours, ce qu'on essaye de faire pour chaque affaire.
04:00 Un éclairage, un témoignage de quelqu'un qui fait partie des acteurs du dossier.
04:05 Et donc pour Estelle Mouzin, c'est l'avocat d'Éric Mouzin, maître Didier Seban, qui
04:11 a répondu aux questions de Jean-Baptiste Dutertre, qui est un journaliste de la rédaction, et
04:19 qui fait le point avec lui, avec nous, sur ce qu'il faut bien appeler un fiasco terrible
04:26 de la justice.
04:27 Parce que Monique Olivier et Michel Fourneret sont restés en dessous des radars de la justice
04:33 et de la police et de la gendarmerie.
04:34 - On aurait pu penser à eux bien avant.
04:36 - Bien sûr, bien sûr.
04:38 - Est-ce qu'à chaque histoire, pas forcément évidemment à celle-ci, mais à chaque histoire,
04:42 Jacques Pradel, vous vous demandez ce que vous, vous auriez fait dans pareilles circonstances.
04:46 Est-ce que vous vous identifiez ?
04:47 - Bien sûr, c'est toujours ce...
04:50 Moi je suis, si on veut parler de fascination pour aller vite, ce qui me fascine surtout,
04:57 c'est le mystère du passage à l'acte.
04:59 C'est-à-dire, qu'est-ce que j'aurais fait dans les mêmes circonstances ? Pourquoi des
05:04 gens qui nous ressemblent étrangement, qui peuvent être un voisin de palier, un collègue
05:08 de travail et quelqu'un qui vraisemblablement une heure avant de tuer quelqu'un n'y pensait
05:13 même pas, qu'est-ce qui fait que cette personne a franchi cette ligne jaune ? Et pour ça,
05:19 on a peu de réponses.
05:21 On a l'enquête bien sûr, qui est claire, mais on a parfois des aveux, mais très rarement
05:26 finalement.
05:27 Et le principal intéressé ou la principale intéressée ne dit jamais vraiment comment
05:33 les choses se sont passées.
05:34 - Mais est-ce que vous ne vous êtes pas un peu trompé de métier, Jacques Pradel ? Vous
05:36 n'auriez pas aimé être enquêteur ?
05:37 - Non, non, autant j'adore, je suis colombophile si j'ose dire.
05:43 Voilà.
05:44 Bon, mais non, moi je suis plutôt très intéressé, vous savez, si c'était à refaire, etc.
05:52 J'aurais plutôt choisi le métier de psychiatre, expert psychiatre.
05:57 Je trouve que ces gens font un métier, et notamment en matière criminelle, absolument
06:02 extraordinaire.
06:03 - Oui, ce qui vous intéresse, c'est ce qu'il y a dans la tête des criminels, et on en
06:06 revient justement dans la tête de Monique Olivier.
06:08 - Voilà, ou dans la tête de Jonathan Daval, dans ce numéro également.
06:13 - Une dernière question, Jacques Pradel, la dernière fois que vous étiez venu, c'était
06:16 en 2020, et vous aviez à l'époque un projet de fiction pour la télé.
06:18 - Oui, c'est vrai.
06:19 - Alors ?
06:20 - Il est aux abonnés absents pour l'instant.
06:23 J'attends que les gens à qui on a proposé cette fiction, pour moi c'était une première
06:29 alors pour le coup également, donc pour l'instant elle n'est pas concrétisée, mais je n'ai
06:33 pas dit mon dernier mot.
06:34 - C'était inspiré d'une histoire vraie, c'est ça ? Non ?
06:37 - Non, pas du tout, non, non, pas du tout.
06:40 - Eh ben j'ai une mauvaise mémoire !
06:41 - C'était le cas, je faisais se dérouler le scénario dans un cadre que je connais
06:47 bien, celui d'une émission de radio spécialisée dans les affaires criminelles, et ces journalistes
06:53 avaient brutalement, en direct, dans une émission, quelqu'un au téléphone qui se présentait
06:58 comme un serial killer.
06:59 Mais l'était-il vraiment ? Ça c'est une question.
07:02 - Bon, peut-être qu'on verra ça un jour à la télé et vous reviendrez nous en parler
07:05 sur France Info.
07:06 - Avec plaisir !
07:07 - Merci beaucoup Jacques Pradel.
07:08 - Merci Céline.
07:09 - Et je rappelle, le premier numéro des dossiers de Chroniques Criminelles vient de paraître
07:13 en kiosque et puis il y a aussi un e-dedy de l'émission Chroniques Criminelles programmée
07:16 samedi soir sur TFX.
07:17 Merci Céline Baillecourt.

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