Les 24 et 25 mars, les contrôleurs généraux des lieux de privation de liberté ont contrôlé plusieurs commissariats parisiens lors des manifestations contre la réforme des retraites. Pour Dominique Simonnot, certaines personnes "avaient été arrêtés un peu au hasard".
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 -Si j'ai bien compris, vos équipes sont parties contrôler
00:03 9 commissariats le 24 et le 25 mars dernier.
00:06 Qu'avez-vous découvert ?
00:08 -Je crois même un peu plus que 9.
00:11 Je crois...
00:12 La plupart des commissariats de Paris,
00:14 on a découvert des gens qui étaient là,
00:17 on savait pas très bien pourquoi,
00:19 parce que les fiches d'interpellation remplies
00:22 par les policiers n'étaient pas claires,
00:24 que les policiers étaient eux-mêmes gênés,
00:27 rappelaient les agents interpellateurs en disant
00:30 "Qu'est-ce que t'as voulu dire par là ? Pourquoi il est là ?"
00:33 On s'est rendu compte que les gens avaient été arrêtés
00:36 un peu au hasard, et non pas parce qu'ils appartenaient
00:41 à un groupe violent ou en vue de former un groupe
00:44 se promettant de commettre des violences.
00:47 Je rappelle que pour être placé en garde à vue,
00:50 il faut être suspecté ou suspect d'avoir commis un délit
00:53 ou d'avoir tenté de le commettre.
00:55 Et que cette technique de la police remonte...
00:59 Moi, je pensais qu'elle remontait au gilet jaune.
01:02 Et vous voyez, de la préfecture de police,
01:05 ou de la police en général,
01:07 elle remonte à la manif pour tous,
01:09 ces manifs organisées contre le mariage pour tous.
01:12 C'est à ce moment-là qu'on a commencé
01:14 à ramasser pas mal de monde qui voulait manifester.
01:19 Il était interdit d'avoir les petits drapeaux "Manif pour tous",
01:23 il était interdit d'avoir les T-shirts "Manif pour tous".
01:26 J'étais journaliste, j'ai assisté aux audiences
01:29 de comparution immédiate qui ont suivi,
01:31 et j'ai vu des tas de jeunes gens et jeunes filles,
01:34 très bien mis, passer à ces audiences
01:37 avec leurs parents effarés de voir
01:39 ce que leurs gosses avaient été placés en garde à vue.
01:42 Pendant les gilets jaunes...
01:44 -Les accusations sont graves,
01:46 parce que vous citez un gardé à vue
01:48 qui raconte avoir entendu des policiers dire
01:51 "Qu'est-ce qu'on lui met à celui-là ?"
01:53 Au moment de cocher une infraction,
01:56 on remplit des fiches d'interpellation
01:58 qui n'ont rien à voir avec ce qu'on peut reprocher
02:01 aux personnes interpellées.
02:03 -Oui, c'est grave.
02:04 La preuve, c'est que, comme je vous le dis,
02:07 les officiers de police judiciaire,
02:09 devant nous, l'ont fait et nous l'ont dit.
02:12 On est obligés de rappeler les agents interpellateurs
02:15 pour leur demander ce qu'ils ont voulu dire
02:17 et ce qu'il y a sur cette fiche.
02:20 D'ailleurs, dans sa réponse,
02:21 malgré sa colère contre l'institution,
02:24 contre le CGLPL,
02:25 le ministre de l'Intérieur reconnaît lui-même
02:28 qu'il doit faire des efforts sur les fiches d'interpellation
02:31 et les procès-verbaux qui s'en suivent.