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  • il y a 2 ans
On parle souvent de l'assèchement des nappes phréatiques. Pour se rendre compte de l'ampleur du problème, notre journaliste Sébastien Olland a suivi un spéléologue et une ingénieure en risques naturels tout au fond de la grotte de Clamouse dans l'Hérault.
Pendant ce temps-là, à 150 mètres sous terre…

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Transcription
00:00 Moi c'est la première année en 12 ans que je vois un tel assèchement comme ça.
00:03 Je crois que c'était en 2013, il y a eu une grosse canicule, on n'avait pas ça.
00:07 Quand les sécheresses, les pénuries d'eau ou même les méga-bassines sont évoquées,
00:10 on parle beaucoup des nappes phréatiques et moi je me suis toujours demandé à quoi ça ressemblait,
00:14 les nappes phréatiques. Du coup je vous emmène avec moi à 150 mètres sous terre, dans la grotte de Clamouse.
00:19 Cette colonne, on peut l'estimer à 300 000 ans d'histoire.
00:24 300 000 ans d'histoire climatique et géologique.
00:29 Toutes les petites stalactites et pailles qu'il y a au plafond,
00:32 normalement groutent régulièrement sur cette zone-là.
00:34 Moi ça fait 12 ans que je travaille ici.
00:37 Et qu'est-ce que tu as constaté en 12 ans ?
00:38 Pas mal de choses, notamment en 12 ans, le niveau de la rivière souterraine qui descendait de plus en plus,
00:43 un peu au tablé sur 5 mètres à peu près par an.
00:46 Le constat outre, ça va être donc l'assèchement, ça va être le risque de fissures, de failles,
00:51 d'effondrements de certains endroits de la grotte.
00:54 Donc là on va passer par la châtière, ça c'est la deuxième.
00:59 Et après celle-ci, on aura trois autres.
01:02 Donc l'idée c'est que tu t'assoies, tu mets tes jambes en avant,
01:10 et tes jambes ça te sert de radar.
01:12 Donc au fur et à mesure que tu avances, tes jambes elles vont se bloquer ou pas,
01:17 et à toi de chercher des appuis.
01:19 Il est déjà en âge, je précise, ça se voit pas mais...
01:23 Donc là ça va être une nouvelle phase un peu chaotique.
01:26 On va repasser un deuxième siphon.
01:29 Donc les siphons c'est très très dangereux.
01:32 Donc tu vois là la plage de sable.
01:35 Avant on faisait des petites explorations par là, pour essayer de descendre plus bas.
01:40 Mais comme la rivière souterraine ne monte plus, elle ne brasse plus régulièrement,
01:44 c'est hyper mouvant, donc hyper instable.
01:47 Et c'est le genre de truc où tu peux marcher à 3-4 et puis tout d'un coup,
01:52 t'as le sable qui va glisser et tu sais pas où tu te retrouves.
01:55 Là on avait vraiment les jambes sourdes.
02:05 Et c'était quand ça ?
02:06 Il y a deux semaines.
02:08 Là on vient de marcher à peu près une heure et demie, j'en avais pas mal sué.
02:11 Et ce que vous voyez derrière moi c'est la surface de la nappe phréatique.
02:14 Tiens on a perdu plus d'un mètre.
02:17 - Ça ? - Ouais.
02:19 Le premier constat c'est qu'elle a énormément baissé en moins de trois semaines.
02:23 Parce que c'était la dernière fois où on est descendu et du coup on avait mis
02:26 cette cordelette au niveau de l'eau.
02:28 Et là actuellement l'eau elle se trouve, je peux même pas la toucher,
02:31 elle est à peu près un mètre en dessous.
02:33 Ça raconte que la ressource en eau est en train de bien baisser,
02:37 et que l'eau est en train de baisser, et que l'eau est en train de baisser,
02:40 et qu'on risque d'avoir pas mal d'impact du coup sur notre territoire derrière,
02:44 au niveau des usages de l'eau et au niveau écologie, environnement, etc.
02:48 Celle-ci elle alimente six villages, soit un peu plus de 5000 personnes.
02:51 Il faut savoir qu'en France des nappes phréatiques il y en a des milliers.
02:54 On les connaît pas toutes, on peut pas toutes les voir.
02:57 Elle n'est pas potable là comme ça tout de suite,
02:59 on vient pas se servir avec un verre d'eau à l'intérieur.
03:02 Et après elle remonte en surface par ce qu'on appelle le système de circulation.
03:07 Et après elle remonte en surface par ce qu'on appelle le cycle de l'eau domestique.
03:11 Donc le petit cycle de l'eau domestique qui est un système de pompage,
03:15 on va récupérer l'eau, on la fait remonter en surface, on la traite, on la rend potable.
03:19 Ensuite on l'envoie soit dans un château d'eau pour la stocker,
03:22 soit directement dans les canalisations dès qu'il y en a un besoin dans la ville.
03:25 L'eau des nappes phréatiques, elle représente deux tiers de notre consommation en eau potable,
03:29 et c'est un tiers de l'eau utilisée par le secteur agricole.
03:33 - Concrètement, si ce qu'il y a derrière nous là se vide, c'est quoi l'impact là-haut ?
03:39 - Bon ben si ça se vide, c'est trop tard.
03:41 - Alors là, si ça se vide, d'un point de vue spério, l'exploration va la pousser très très loin.
03:46 D'un point de vue négatif, il n'y aura plus d'eau dans plusieurs communes.
03:50 - Ce qui se passe c'est qu'on a eu un mois de février et mars quasiment secs.
03:54 Nous ici on a des taux de pluie biométrie extrêmement faibles qui sont tombés.
03:58 Du coup cette eau ne s'est pas infiltrée, et là à partir de maintenant,
04:01 toute l'eau qui va tomber, l'eau de pluie qu'on va avoir, ne sert plus à alimenter les nappes,
04:05 elle sert principalement à la végétation qui est en train de reprendre.
04:07 On est sur le printemps, donc le renouveau végétal,
04:09 et du coup c'est de l'eau qui ne s'infiltre plus dans les sous-sols.
04:12 Et d'après les derniers chiffres qui sont sortis, notamment les chiffres du BRGM,
04:16 on est sur un pourcentage de 75% des nappes qui ont un niveau faible à très faible actuellement en France.
04:22 - Et ça, ça veut dire quoi ?
04:24 - Et bien ça veut dire que l'été risque d'être très compliqué.
04:26 On sait déjà les conséquences qu'il y a eues sur l'été dernier.
04:29 On a tous pu l'observer à peu près partout en France, sur les eaux de surface.
04:32 Donc on peut à peu près estimer la continuité qu'il va y avoir.
04:36 Il faudrait qu'on ait vraiment un mois de mai très très très pluvieux
04:40 pour que ça puisse un tout petit peu rattraper la situation.
04:43 C'est pas ce qui est prévu.
04:44 - Ça y est, je suis sorti de la grotte.
04:51 Si vous voulez en savoir plus sur l'état des nappes phréatiques en France ou à côté de chez vous,
04:55 vous pouvez suivre sur les réseaux le BRGM, il publie 10 bulletins par an.