Lucie Leguay, une cheffe d'orchestre en pleine ascension

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Transcript
00:00 * Extrait de « T'es là » de La Musique classique *
00:17 Bonjour à tous, un club de la musique aujourd'hui avec Lucie Legay, révélation chef d'orchestre
00:21 Victoire de la musique classique cette année.
00:23 La pianiste et jeune maestréa de 33 ans a fait depuis quelques années une entrée
00:28 fracassante dans un monde assez feutré, celui des chefs qui montent, qui montent et qui montent encore.
00:33 Chef assistante de Miko Frank, directeur du fil harmonique de Radio France,
00:37 elle dirigera ce samedi en direct du studio 104 de la Maison de la Radio et de la Musique
00:43 un nouveau concert fiction de France Culture, Les Voyages de Gulliver,
00:47 libre adaptation du conte fantastique de Jonathan Swift.
00:51 Lucie Legay est aujourd'hui l'invité de Bienvenue au Club.
00:54 * Extrait de « T'es là » de La Musique classique *
01:04 Une émission programmée par Henri Leblanc et Anouk Delphineau avec Laura Dutèche-Pérez et Sacha Mattei,
01:09 réalisée par Félicie Fauger, avec aujourd'hui Ruben Karmazine à la technique.
01:14 Bonjour à tous, bonjour à vous Lucie Legay, bonjour.
01:16 Bonjour Olivia.
01:17 Bonjour. Alors toute histoire a un début, c'est ce qu'on va voir avec Le Voyage de Gulliver.
01:21 Mais si on pensait à votre début, à vous, est-ce qu'on peut dire que c'est l'histoire d'une musicienne mélomane,
01:27 habile de ses deux mains, qui a quitté les touches du piano un jour pour la baguette,
01:32 la main gauche aussi pour la main droite ? Ainsi commence votre histoire à vous ?
01:35 Oui, c'est un peu comme ça que ça a commencé. J'ai commencé avec mon père le piano à l'âge de 3 ans.
01:40 Et puis j'avais toujours été attirée par l'orchestre.
01:42 Donc en fait à l'âge de 15 ans, j'ai eu l'occasion, on m'a dit « est-ce que tu veux bien jouer dans un orchestre ? »
01:47 et c'est là où j'ai eu un coup de foudre.
01:48 Sauf qu'à 15 ans, vous savez, c'est un peu tard pour commencer un autre instrument que le piano,
01:52 pour faire partie d'un orchestre. Donc je me suis dit « en fait, la seule solution, c'est peut-être de devenir chef d'orchestre ».
01:57 Il n'y avait pas de place pour un piano dans un orchestre ?
01:59 Si, mais c'est un métier vraiment à part le piano d'orchestre.
02:02 Donc moi j'avais vraiment envie de créer la musique en fait,
02:05 parce que quand on est chef d'orchestre, on interprète la musique
02:07 et donc j'avais envie d'être à cette place pour proposer mes interprétations.
02:10 Qui vous en a donné envie ?
02:12 Mon maître Yoda, Jean-Sébastien Béraud, qui est mon professeur,
02:15 que j'ai connu à l'âge de 18 ans et qui m'a embarqué dans cette aventure.
02:19 Je ne pensais pas devenir chef d'orchestre à ce moment-là, ça m'intéressait, ça m'intriguait.
02:23 Et puis il m'a vraiment poussée. Donc c'est lui qui m'a transféré cette passion.
02:27 Alors on va écouter maître Yoda, Jean-Sébastien Béraud, votre professeur au conservatoire.
02:32 Être soi tout en intégrant un collectif, ça c'est le défi.
02:35 Vous, en tout cas, vous avez été élevé, on va l'entendre, à bonne école.
02:39 Pour moi, la musique est un travail collectif.
02:42 J'estime que le but, une des finalités de la musique, c'est de jouer en groupe.
02:47 J'ai beaucoup souffert de l'idée que j'ai connue quand j'étais étudiant,
02:53 qu'il fallait devenir un soliste, qu'il fallait devenir un monstre sacré
02:57 pour avoir le droit d'être musicien, de s'appeler musicien.
03:01 Aujourd'hui, j'avoue que j'ai bien guéri de cette maladie.
03:05 Et j'essaie d'inculquer aux jeunes cette idée, enfin ceux qui me sont confiés tout au moins,
03:10 que la musique, leur qualité à eux, ne sont là que pour leur permettre de s'intégrer à d'autres,
03:17 s'intégrer à un groupe.
03:19 Alors à ce moment-là, le groupe devient un groupe valable.
03:22 Parce que, finalement, la qualité de chacun, elle est très importante
03:27 si on veut avoir un très bon ensemble.
03:29 Et ça, je pense que c'est une chose à laquelle ils ne pensaient pas.
03:33 Il faut qu'ils sachent que la musique d'orchestre, c'est un travail noble.
03:39 Parce que quand on est dans un orchestre, toute la valeur des autres,
03:43 c'est comme si elle était la nôtre.
03:45 On est dedans.
03:46 Je ne sais pas, moi, quand j'étais taballier, je me souviens très très bien
03:49 quand le hautbois jouait, quand les violons jouaient,
03:51 mais je ressentais ça comme si c'était moi qui le faisais.
03:54 Je ressentais cette musique intensément.
03:56 Et je crois que quand on voit nos gamins jouer, bien, même s'ils ne jouent pas, ils participent.
04:03 Et je crois que ça, c'est très important parce que c'est comme ça qu'on formera les orchestres.
04:07 Des orchestres où il n'y a pas de gens au fond de la chaise.
04:10 Des orchestres où chacun se sent concerné.
04:13 Et où celui qui est derrière a autant d'importance que celui qui est devant.
04:17 La maladie, comme le dit Jean-Sébastien Béraud,
04:20 ce n'est pas d'avoir un égo.
04:23 Ce qu'il essaye de raconter ou d'expliquer, c'est de savoir le mettre au service des autres.
04:27 Exactement, parce qu'en fait, le chef d'orchestre, il est là pour inspirer les musiciens.
04:32 Et finalement, tout le monde a sa place dans l'orchestre.
04:35 Et même s'il y a cette personne-là qui est fédérateur et qui va diriger un ensemble,
04:39 il faut donner la place à chacun.
04:41 Et ça me touche beaucoup de l'entendre dans cette interview parce que
04:45 il dit qu'il se bat contre les musiciens qui sont au fond de la chaise.
04:48 Et c'est vrai que de temps en temps, dans ce métier où toutes les semaines, je rencontre des nouveaux orchestres,
04:51 parfois, il y a une certaine lassitude de la part des musiciens, peut-être toujours un peu les mêmes programmes.
04:56 Et à chaque fois, il faut arriver avec une énergie, une envie
04:59 et les inspirer pour les emmener le plus loin possible dans notre imaginaire à nous.
05:04 Si vous compariez un orchestre à une équipe de foot, le chef d'orchestre, il est où dans l'équipe ?
05:10 Alors, le chef d'orchestre, il est peut-être pas le capitaine, mais l'entraîneur.
05:14 Et d'un autre côté, il est un peu les deux.
05:17 C'est-à-dire que le capitaine, il est en action et le chef d'orchestre aussi.
05:21 Donc, je ne me sens pas non plus entraîneur où je donne des consignes et puis je les laisse faire.
05:25 Je dois les inspirer. Donc, je suis là physiquement et je suis là aussi pour leur donner l'énergie.
05:29 Donc, peut-être que finalement, le chef d'orchestre, c'est entre le capitaine et l'entraîneur dans une équipe de foot.
05:34 Vous avez eu peur par instant, par moment, parce qu'il y a des orchestres quand même assez forts,
05:38 avec une identité déjà très établie que vous avez dirigée, que votre personnalité se noie dans l'orchestre ?
05:45 Non, je ne pense pas. Je ne me suis jamais posé la question.
05:47 C'est vrai que je fais toujours attention quand j'arrive dans un orchestre, de connaître un peu son histoire et le territoire.
05:53 Et c'est sûr que tout de suite, il y a un son d'orchestre.
05:56 Et donc, on a très peu de temps pour faire partie de cette famille.
05:59 Et à travers un regard, à travers notre gestuel, parfois, on arrive à comprendre beaucoup de choses sans dire les choses.
06:07 Et il y a des musiciens que je ressens profondément sans leur parler.
06:10 Donc, c'est un travail d'observation énorme, un travail psychologique aussi,
06:14 parce qu'il faut savoir obtenir vite des choses des musiciens, mais de quelle manière.
06:18 Et ça, c'est assez passionnant et on ne l'apprend pas vraiment pendant nos études, je trouve.
06:21 On l'apprend plus tard sur le terrain.
06:23 Et donc, je n'ai jamais ressenti une réticence à un orchestre par rapport à ma personnalité,
06:28 parce que j'ai toujours été convaincue de ce que je faisais, donc j'espère convaincante pour eux.
06:31 Mais le tout, c'est de ne pas vraiment laisser la place aux doutes et d'arriver sur tous ces idées et d'aller au bout des idées.
06:39 C'est ça le plus important.
06:41 Mais d'un autre côté, les musiciens, je les considère comme des collègues.
06:44 Donc, je prends aussi en considération ce qu'ils peuvent m'apporter pendant une répétition.
06:47 Et tout ça s'impose et devient une évidence.
06:49 Convaincue de ce que vous faisiez, vous faites quoi ? Au service de qui ? Pourquoi ?
06:54 Au service de la musique, des compositeurs, et convaincue que c'est la manière peut-être aujourd'hui
06:59 de le faire à tel moment, dans telle salle, telle acoustique, pour tel public.
07:02 Et évidemment, c'est un métier qui me passionne.
07:06 Donc, je suis convaincue de ce que je fais, je ne me vois pas faire autre chose.
07:10 Et c'est sûr que quand on a la responsabilité, parce qu'être chef d'orchestre, c'est une énorme responsabilité,
07:15 des musiciens qui sont face à nous, qui ont fait des années d'études,
07:18 qui ont passé des concours pour entrer dans ces orchestres-là,
07:21 on doit vraiment être très solide et savoir exactement ce que l'on veut.
07:25 Parce qu'en plus, on a peu de temps.
07:26 Aujourd'hui, les répétitions sont de plus en plus courtes, malheureusement.
07:29 Donc, il ne faut pas perdre de temps, il faut être efficace.
07:32 Et il faut croire en ce que l'on veut défendre.
07:34 Sinon, ça ne marche pas avec les musiciens.
07:36 - Et ce que vous voulez défendre, c'est aussi cette musique, cette grande musique,
07:39 ce répertoire et cette idée de la transmission,
07:42 qu'il faut à un moment que tout cela continue à vivre à travers les époques aussi.
07:46 Est-ce qu'il y a encore une place et quelle est-elle pour vous, à vos yeux, Lucie Legay,
07:50 pour la musique classique aujourd'hui ?
07:53 Pour ce répertoire que vous défendez, on va le raconter.
07:56 - Le répertoire que je défends, il est assez large.
07:58 Mais c'est vrai que je défends cette musique-là parce que je vois bien les valeurs qu'elle apporte,
08:02 qui sont au-delà de la musique parfois.
08:04 Que ce soit avec les orchestres démos ou l'orchestre à l'école,
08:07 c'est-à-dire la transmission aux enfants,
08:09 mais que ce soit aussi tous les messages qu'on trouve à travers la musique,
08:12 politiques ou autres,
08:14 et toute l'inspiration qu'il y a.
08:17 C'est ça aussi qui m'inspire et qui me donne envie.
08:20 Ce qui est incroyable, c'est le pouvoir de la musique sans les mots,
08:23 et qu'ils veulent dire tellement de choses, et qu'ils parlent de l'humain,
08:25 qu'ils parlent de la condition des compositeurs à telle époque,
08:29 pourquoi il a écrit cette musique-là, pour qui, à quel public, à quel moment.
08:32 Et donc c'est ça qui me donne envie de le faire et qui me passionne.
08:36 - Mais on ne comprend pas toujours. En tout cas, au début, on ne comprend pas forcément la musique.
08:39 Elle vous touche, quelque part.
08:41 Vous vous souvenez, vous, de vos premiers chocs musicaux,
08:44 émotionnels aussi, ce que vous avez pu ressentir,
08:47 ce moment où vous avez su que ça vous parlait, cette langue-là ?
08:49 - Oui, j'ai eu un choc assez radical avec le "Sacre du printemps",
08:53 qui est une musique peut-être pas extrêmement évidente à entendre
08:57 quand on est à l'âge de 6-7 ans.
08:58 Et d'un autre côté, elle ne m'a pas choquée.
08:59 Je ne me suis pas dit que c'est de la musique contemporaine,
09:01 mais c'était à travers Fantasia, avec tous ces dinosaures
09:03 qui étaient en train de mourir en plein désert.
09:05 Donc l'image était forte et le son également.
09:08 Et puis après, il y a d'autres chocs que j'ai eus au Nouveau Siècle, à Lille,
09:12 avec le concerto numéro 2 de Rachmaninov.
09:14 Et je me suis dit, tiens, je suis pianiste,
09:16 alors je suis peut-être à la bonne place pour apprendre cette pièce-là.
09:18 Mais évidemment que l'expérience acoustique, d'être dans la salle
09:23 et de sentir le son qui transperce le corps et les vibrations,
09:27 et la force d'un orchestre, l'inertie d'un orchestre,
09:29 ça, ça m'a donné envie de faire ce métier.
09:31 - Oui, parce que vous êtes lilloise. Il faut aussi le dire.
09:34 C'est là que vous vous êtes formée, c'est là que vous avez grandi.
09:36 Ce que vous dites à travers le Sacre du printemps,
09:39 c'est aussi peut-être que cette première révélation, en tout cas pour vous,
09:43 à vos yeux, en dehors de la question même des vibrations,
09:46 elle est passée par l'imaginaire.
09:47 L'imaginaire de ce que vous entendiez, de ce qui était représenté par la musique.
09:51 - Bien sûr. Et puis en plus, quand vous entendez au début ce solo de basson,
09:55 ça ne sonne pas comme un basson.
09:56 Donc au début, je me suis dit, quel est cet instrument qui est en train de jouer ?
09:59 Et puis surtout le rythme, parce que voilà, c'est une musique avec un rituel
10:05 et puis avec la danse sacrale à la fin, donc d'une force et d'une puissance incroyable.
10:09 Et j'avais même envie de danser en sentant cette musique-là,
10:11 puisque évidemment c'est un ballet.
10:13 Mais avec l'image et cette musique qui a une force rythmique,
10:16 qui a une force harmonique hors du commun,
10:18 je ne me suis pas dit à l'âge de 7 ans, je veux faire ça,
10:20 mais ça ne m'a vraiment pas laissée indifférente.
10:22 Et quand j'ai entendu plus tard cette musique-là,
10:24 évidemment que toutes les images sont venues en tête.
10:27 Ça m'a énormément marquée.
10:29 - D'où l'importance de défendre aussi un répertoire aujourd'hui
10:32 en direction à l'adresse de la jeunesse.
10:34 Alors on connaît trois, deux pièces peut-être vraiment phares,
10:38 "Pierre et le loup" et "Le carnaval des animaux",
10:40 dont on écoutera un extrait tout à l'heure parce que vous l'avez aussi dirigé.
10:44 Et puis ce voyage de Gulliver, ou ces voyages que vous allez reprendre
10:49 avec une grande équipe, notamment celle de Radio France
10:52 et l'orchestre philharmonique de Radio France qui vous accompagnera
10:56 et que vous dirigerez samedi soir à l'occasion des voyages de Gulliver.
11:00 Comment elle commence l'histoire ?
11:02 L'histoire de Gulliver, puisqu'on connaît maintenant
11:04 les débuts de votre histoire à vous, Lucie Le Gueux.
11:06 - Gulliver, en fait, il part en voyage et puis il arrive sur l'île des Lilliputes
11:13 et il rencontre tous ses Lilliputiens.
11:15 Et ce qui est incroyable, c'est qu'on va voir six comédiens
11:20 qui vont raconter cette histoire avec l'orchestre philharmonique de Radio France.
11:23 Et ce qui est amusant, c'est de voir comment musicalement, à chaque fois,
11:27 à travers ses voyages, comment est représentée la tempête musicalement.
11:31 Avec par exemple la timbale, les vibrations des cordes.
11:35 Et donc grâce au travail de Mathieu Lambollé, le compositeur,
11:38 ce qui m'intéresse, c'est de voir comment au niveau des...
11:42 Même à un moment donné, il y a un dialogue entre les Lilliputiens
11:44 et le géant musicalement qui est mis en musique.
11:47 Alors ça, on va voir avec les comédiens aussi comment ça se passe.
11:49 C'est tout un travail, mais c'est assez intéressant de voir comment
11:53 Mathieu s'est approprié la musique pour la réinterprétation de ce voyage de Gulliver.
11:57 - Voilà, donc il y a la partie musicale, il y a le jeu des comédiens,
12:00 puis il y aura aussi un bruiteur qui sera sur scène
12:03 et qui vous aidera à recréer les effets "Rechercher les voyages" de Gulliver,
12:09 de Jonathan Swift, librement adapté par l'écrivain Pierre Sange,
12:12 déjà aux manettes pour France Culture d'une aventure de Tom Sawyer,
12:15 d'après Mark Twain en 2015, puis cinq ans après d'une aventure de Huckleberry Finn,
12:20 le compère de Tom Sawyer.
12:22 À la réalisation pour Gulliver, Laure Egoroff,
12:25 Mathieu Lambollé que vous venez de citer, signe la musique originale,
12:28 jouée par l'orchestre philharmonique de Radio France,
12:30 dirigée par vous, notre invitée Lucie Le Guay.
12:32 C'est toute l'équipe de cette super production qui, en ce moment même,
12:36 dans la maison de la radio, est en train de répéter, avant le grand jour.
12:39 Ce sera samedi. Extrait.
12:41 - Commence-toi. - Non, toi commence.
12:43 - Commence d'abord, je commencerai ensuite.
12:45 - Mais si je commence en premier, tu ne peux pas commencer après moi.
12:48 - Si tu préfères, commence d'abord en deuxième et ensuite, je commencerai en premier.
12:53 - Ça me semble honnête.
12:54 - Majesté, voilà, il est arrivé quelque chose d'étrange.
12:58 - Sur la plage. - Gigantesque.
13:00 - Mais vraiment gigantesque.
13:02 - Comme une montagne.
13:03 - Disons comme une colline. - Une colline gigantesque.
13:06 - Gigantesque, soit. Mais quoi de gigantesque ? Une baleine ?
13:10 - Non, majesté, si c'était une baleine gigantesque,
13:12 on ne serait pas venu vous déranger en plein travail.
13:14 - La semaine dernière, on a trouvé un crabe énorme.
13:17 Seulement aujourd'hui, c'est autre chose.
13:20 - Mais encore ?
13:21 - Comment le dire simplement ?
13:23 - Dites-le avec des mots.
13:24 - Vous avez raison, majesté.
13:26 - Mais lesquels ? - Les plus simples.
13:29 - Très juste.
13:31 Alors voilà, sur la plage, ce matin, gigantesque, un homme.
13:36 - Rien n'interdit de se promener sur la plage.
13:40 - Il ne se promène pas.
13:42 - Il dort.
13:44 - Rien n'interdit de dormir sur la plage.
13:46 - Il dort sur le dos.
13:49 - Rien n'interdit de dormir sur le dos.
13:51 - Il y a autre chose, majesté.
13:53 - Il ronfle.
13:54 - Mais la loi n'interdit pas de ronfler.
13:56 - Certes, non.
13:57 - Non, je le saurais, c'est moi qui fais les lois.
13:59 - Mais son ronflement n'est pas un ronflement habituel.
14:01 - On peut l'entendre d'ici.
14:03 Écoutez.
14:04 - Burgum.
14:08 - On le fait ?
14:09 - Quelle grabuge.
14:10 - Parce que je ne sais pas si on vous a dit, majesté,
14:12 cet homme est gigantesque.
14:14 - Oui, vous l'avez dit, oui, gigantesque, gigantesque.
14:17 Comment ?
14:18 - Vraiment gigantesque.
14:20 - 18 fois notre taille.
14:21 - Nous avons mesuré.
14:23 Si vous voulez vérifier nos calculs.
14:25 - Nous mesurons 5 pieds et 6 pouces, à 1 pouce près.
14:28 Le monstre sur la plage mesure, tenez-vous bien,
14:32 plus de 98 pieds.
14:34 - C'est grand.
14:37 - C'est très grand.
14:38 - C'est très, très grand.
14:39 Est-ce qu'il fallait une musique pour l'accompagner ?
14:41 Ce géant, à la mesure de sa taille à lui,
14:45 c'est-à-dire une musique géante.
14:47 - Une musique géante avec l'Orchestre Philharmonique de Radio France.
14:50 - Qui est géant aussi.
14:50 - Oui.
14:51 - Combien de musiciens ?
14:52 - Là, en fait, ils sont à peu près, je pense, une trentaine.
14:55 - Une trentaine pour cette formation-là.
14:56 Alors, on entend trois comédiens, on entend La Reine, on entend Navel.
14:59 On entend aussi le personnage de Nostril discuter face à ce géant
15:04 qui vient de s'échouer sur la plage et chercher des solutions
15:08 pour tenter de le neutraliser éventuellement.
15:12 Mais on n'entend pas la musique.
15:13 C'est normal, c'est une répétition.
15:14 L'orchestre a probablement d'autres engagements en ce moment.
15:19 Ça va se passer comment ? C'est à la dernière minute que l'orchestre doit rejoindre ?
15:22 - Alors, non, ce ne sera pas la dernière minute,
15:25 mais il y a toujours un travail avec les comédiens avant
15:28 que je vais faire d'ailleurs avec eux pour déjà apprendre à les connaître
15:32 et savoir aussi le débit de parole.
15:34 Et puis, moi, je vais ajuster parce que sur la partition, j'ai le texte, mais pas partout.
15:37 Donc, je vais ajuster par rapport au jeu d'acteur de chacun.
15:40 Et l'orchestre n'arrive pas à la dernière minute parce qu'en fait,
15:42 il y a une répétition qui est consacrée qu'à la musique.
15:45 Parce que c'est important, c'est une création.
15:46 Donc, on a besoin de la lire et de la travailler.
15:49 Et après, il y a vraiment le travail avec les comédiens qui sera sur place
15:52 et puis aussi de voir dans l'espace du studio 104,
15:55 avec l'espace, combien de temps ils ont besoin peut-être pour se déplacer, etc.
15:58 Et puis voir aussi avec celui qui fera les bruitages.
16:01 Donc, pour trouver chacun sa place, il faut qu'on travaille ensemble.
16:03 Donc, on a au moins quatre répétitions.
16:04 - Oui, alors la particularité de ces concerts fiction,
16:06 c'est qu'il n'y a pas qu'un orchestre à diriger.
16:08 Vous allez devoir avoir les yeux absolument partout.
16:10 - Un peu comme d'habitude.
16:12 Même quand vous avez des chanteurs, là, au lieu d'avoir des chanteurs face à moi,
16:15 j'aurais des comédiens.
16:17 Mais c'est sûr que c'est...
16:18 Moi, ce que j'adore, c'est la transversalité des arts.
16:21 Donc, de travailler avec des comédiens, c'est une chance.
16:23 Et ça change aussi.
16:25 Ça donne un petit peu de challenge dans nos vies
16:27 où on a beaucoup aussi ce jeu d'acteur avec l'opéra.
16:30 Mais là, ce qui est chouette, c'est qu'eux, ils ne connaissent pas vraiment la musique.
16:34 Ils ont des choses à chanter parfois, en même temps que la musique.
16:36 Donc, ça, ça va être un challenge.
16:37 Mais c'est de voir aussi comment ils vont...
16:40 Parce qu'il y a aussi peut-être de l'improvisation et de voir leur jeu d'acteur.
16:43 Et donc, de voir comment tous ces mondes-là vont se réunir.
16:45 Et c'est vrai que je vais devoir un petit peu piloter tout ça.
16:47 - Donc, c'est vous qui allez devoir les suivre, en fait.
16:49 - Oui, je vais les suivre.
16:50 Je vais les guider.
16:51 Je vais leur donner les tops aussi, parce qu'ils sont face à moi.
16:54 Donc, on a quand même une visibilité.
16:56 Ils ne sont pas dans mon dos.
16:57 Donc, je vais les aider.
16:59 Et en même temps, évidemment, je vais les suivre.
17:01 - Comment on met dans un concert fiction comme celui-ci, dans ces voyages de Culiver,
17:05 comment on met la musique au service réellement de l'histoire ?
17:08 - Eh bien, par exemple, je sais qu'il y a un certain passage,
17:11 on en a parlé avec Laure, la réalisatrice, où elle me dit là,
17:15 il a besoin d'un peu plus de temps.
17:16 Donc, moi, je vais par exemple demander aux musiciens de rajouter deux mesures qu'on fera en reprise,
17:20 jusqu'à ce qu'il ait terminé son jeu d'acteur et que je sente que là, hop, il faut repartir sur autre chose.
17:25 Donc, je vais peut-être même, avec l'autorisation du compositeur, bien sûr,
17:28 adapter un petit peu la musique et le tempo,
17:31 élargir certaines choses ou accélérer certaines choses en fonction du jeu des acteurs.
17:35 - Derrière ces voyages de Culiver, derrière ce concert fiction
17:40 qui aura lieu samedi soir à la Maison de la Radio,
17:42 il y a une rencontre, peut-être pour vous, Lucie Le Guay, celle avec Miko Frank,
17:45 dont vous êtes la chef assistante.
17:48 Alors ça, c'est encore un autre boulot, chef assistante.
17:50 - Oui, c'est encore un autre boulot.
17:51 - C'est-à-dire qu'on est capable, quand le chef est malade, de le remplacer au pied levé,
17:54 mais pas simplement. En quoi ça consiste ?
17:56 - Alors, être chef assistante, c'est être un peu multitâche.
18:01 Il faut être partout.
18:02 C'est-à-dire qu'à la fois, je suis dans la salle pour faire des retours sur les balances,
18:05 parce qu'évidemment, on n'entend pas de la même manière quand on est au podium et quand on est dans la salle.
18:09 Et donc très souvent, Miko me demande comment se passent les balances,
18:13 est-ce que les cordes ne sont pas trop fortes par rapport au vent, etc.
18:16 Après, parfois, on est aussi en studio quand il y a, par exemple, un CD qui est enregistré
18:20 et on aide le directeur artistique à dire "attention, là, on reprend parce que telle chose n'est pas passée,
18:24 donc on a une autre paire d'oreilles".
18:26 Et puis, parfois, il faut remplacer au pied levé si le chef est malade, donc il faut être toujours prêt.
18:30 Et aussi, on crée un lien particulier avec les musiciens,
18:32 parce que moi, je vais beaucoup les voir pendant la pause,
18:35 ou même, des fois, il y en a certains qui vont se retourner, me regarder,
18:37 leur dire "c'est bon, là, ce que j'ai joué, c'était correct, etc."
18:41 Et il y a vraiment un échange particulier, une complicité que j'ai avec eux,
18:44 et je suis ravie d'ailleurs de les retrouver cette semaine en tant que chef invité,
18:47 parce que, évidemment, ce n'est pas le même rapport, mais on a créé des liens particuliers.
18:51 Donc, chef racistant, c'est vraiment être ambivalent sur plusieurs postes,
18:54 et c'est passionnant comme métier.
18:56 Pour moi, ça a été vraiment une étape importante que j'ai menée pendant trois ans, juste après mes études,
19:01 et on rentre vraiment sur le terrain avec un milieu professionnel de haut niveau,
19:06 et avec l'Orchestre et l'Harmonique de Radio France, c'est une très grande chance.
19:09 - C'est un poste aussi d'observation privilégié, finalement.
19:13 Et de là, vous sauriez dire ce que vous avez vu, que vous n'aviez pas vu auparavant,
19:18 ce que vous avez entendu ou compris, que vous n'aviez pas saisi dans vos précédentes expériences ?
19:24 - Oui, parce qu'en fait, tout simplement, quand on est au podium,
19:28 on est tellement occupé à écouter ce qui se passe et à diriger, qu'on n'a pas le même recul.
19:32 Quand je suis dans ma chaise, dans la salle, je peux observer beaucoup plus de choses.
19:36 Et ce qui m'a passionnée à cette position-là, c'est de regarder, d'observer le rapport
19:42 entre les musiciens et le chef, et surtout le rapport entre les musiciens.
19:45 Toutes les petites choses qui se passent dans l'orchestre qu'on ne voit pas forcément.
19:48 Par exemple, si vous avez un flûtiste qui joue un magnifique solo,
19:52 il y a les collègues qui vont faire un petit geste de main comme ça, très discret, qui veut dire "bravo".
19:56 - Comment on peut raconter le petit geste de main ?
19:58 - Comment on peut raconter le petit geste de main ?
20:00 En fait, il y a les cinq doigts qui s'agitent à côté de la cuisse,
20:03 donc d'une manière très discrète, le chef ne peut pas le voir.
20:06 Et il faut vraiment être très observateur pour voir ça, et ils le font également au concert.
20:10 Quand il y a un énorme solo, d'un coup il y a une complicité de la part de tous les musiciens
20:14 pour dire "super, t'as géré ton solo, et ça je trouve ça assez génial".
20:17 Et puis aussi, moi pendant que je dirige au podium, on va parler des coups d'archet,
20:20 puis ils vont régler certaines choses de leur côté.
20:22 Et quand je suis chef-assistante, je peux rentrer un peu dans toutes les coulisses
20:25 de cette micro-société qu'est l'orchestre.
20:27 - Ce qui est bien, c'est qu'on sent que vous avancez toujours par étapes,
20:30 et que vous ne les grillez pas les étapes.
20:32 Vous y allez... - J'essaie.
20:33 - 33 ans aujourd'hui ? - Oui.
20:35 - C'est ça.
20:36 Un des premiers pas de géant pour vous, est-ce que ça a été ce fameux tremplin,
20:39 ce tremplin pour jeune chef ES d'orchestre,
20:42 que vous avez passé et réussi en 2018, qui a été imaginé par la Philharmonie ?
20:48 - Oui, c'était une initiative d'Emmanuel André, qui était directeur à l'époque de la Philharmonie.
20:53 Et ce n'était pas vraiment un concours, c'était un tremplin.
20:56 Donc l'opportunité de découvrir plusieurs femmes chefs d'orchestre,
20:59 et au jury, c'était un jury assez extraordinaire,
21:02 c'était beaucoup de directeurs de maisons d'opéra ou d'orchestre.
21:07 Et donc, c'est comme si on passait une audition.
21:08 Et c'est vrai que suite à ce concours, ça m'a ouvert beaucoup de portes.
21:12 Et puis trois mois plus tard, j'ai eu le poste de chef assistante à Lille, Picardie et Ondiffe.
21:17 Donc c'est vrai que tout ça s'est enchaîné, puis l'ensemble intercontemporain.
21:20 Et comme je le disais tout à l'heure, j'aime ouvrir à tous les répertoires.
21:24 Donc c'était vraiment une chance pour moi aussi de défendre la musique d'aujourd'hui,
21:27 de travailler avec les compositeurs vivants,
21:29 et avec l'ensemble intercontemporain, je pense qu'on ne peut pas rêver mieux.
21:32 - Alors la Philharmonie, elle a cet engagement aujourd'hui,
21:35 et la Philharmonie de Paris,
21:36 pour avancer du côté de la mixité ou de la parité à la direction d'orchestre.
21:42 Dans la foulée, il y a aussi cet autre concours international de chefs d'orchestre,
21:47 c'est pas facile de faire de l'écriture inclusive à la radio,
21:50 qui a été imaginé, la Maestra,
21:53 piloté par la Philharmonie et le Paris-Mozart Orchestra.
21:56 Ça, c'est des bonnes initiatives pour vous ?
21:59 - C'est des initiatives que je salue,
22:02 parce que je sais bien qu'aujourd'hui, pour faire bouger les choses,
22:05 peut-être qu'il faut créer ce genre de concours.
22:07 - On en a besoin en termes de visibilité, en somme.
22:09 - Oui, je pense.
22:09 Après, moi, personnellement, je n'ai pas voulu y participer,
22:12 parce que comme je me suis toujours battue pour l'égalité homme-femme,
22:14 je préfère faire des concours face à des hommes,
22:16 pour être légitime après derrière, devant les orchestres,
22:19 et de ne pas me dire "je suis là parce que je suis une femme".
22:22 Mais d'un autre côté, je vois bien
22:24 que ça a donné l'opportunité à plein de collègues de mon âge, de ma génération,
22:28 d'avoir de la visibilité, d'avoir des opportunités de diriger,
22:30 et il y a énormément de femmes talentueuses.
22:31 Donc je trouve ça super comme initiative.
22:34 C'est pareil pour les compositrices.
22:35 Les compositrices, aujourd'hui, sont extrêmement soutenues.
22:38 Mais pour ma part, je préférais faire un autre chemin.
22:41 - Encore sur la réserve, un peu, en tout cas sur ce type d'initiative.
22:44 Est-ce que vous avez vu "Tard" de Todd Field avec Cahie Blanchett ?
22:47 - Oui, ma mère m'a emmenée au cinéma en me disant "tu dois absolument..."
22:50 Elle m'a forcée, je ne voulais pas aller le voir.
22:51 Elle m'a dit que déjà Cahie Blanchett était extraordinaire.
22:53 - Il faut toujours écouter sa mère, normalement.
22:55 - Toujours. - Et là, elle a eu raison.
22:56 - Là, cette fois-ci, elle a eu raison.
22:57 - Exceptionnellement.
22:59 Pourquoi ?
23:00 - Parce que... - Ça pose la question de l'autorité,
23:02 mais ça pose aussi la question du pouvoir, en fait,
23:03 qui est entre vos mains quand vous tenez la baguette.
23:05 - Exactement.
23:06 Parce qu'il y a plusieurs femmes chefs d'orchestre qui se sont senties un petit peu,
23:11 comment dire, victimes de ce film.
23:13 Parce que c'est une femme qui est lesbienne, qui est extrêmement forte
23:17 et qui n'hésite pas à faire certaines choses,
23:19 mais qui arrivent des fois dans la vie de l'orchestre.
23:21 Mais pour moi, c'était plus une critique du pouvoir que d'une femme chef d'orchestre.
23:25 Et je trouvais le film assez intéressant sur la psychologie de l'orchestre aussi,
23:30 parce qu'on voit beaucoup de choses qui se passent avec cette vue longue Célisse,
23:32 par exemple, qui arrive et qui n'a pas forcément passé d'audition
23:35 pour après faire le concerto.
23:37 Et le jeu de Clède Blanchett, quand même, est assez remarquable.
23:40 Même si pour moi, dans la direction, c'est le mieux que j'ai pu voir à travers le cinéma.
23:46 On n'est pas encore proche de la vérité au niveau de la direction.
23:49 Mais ce film était très intéressant sur toutes les questions qu'il soulève.
23:52 - Il dit quelque chose quand même, et de l'époque et du métier.
23:54 - Exactement.
23:56 - On va avancer avec le carnaval des animaux.
23:59 Un bon chef, on l'imagine, doit être capable de tout diriger,
24:03 le s'il le guet, tout en ayant son propre répertoire.
24:06 Vous, c'est plutôt le répertoire français pour l'instant ?
24:09 Poulenc, Saint-Saëns ?
24:11 - Oui, je suis amoureuse du répertoire français avec Debussy notamment.
24:14 Mais j'ai toujours aussi apprécié de voyager à travers d'autres répertoires,
24:20 comme je disais tout à l'heure sur le contemporain.
24:21 Mais c'est vrai que le répertoire français, c'est quelque chose que j'ai appris
24:25 avec Jean-Sébastien Béraud au tout début.
24:27 Et puis lui, il a travaillé avec Olivier Messiaen.
24:29 Et donc, c'est une autre génération.
24:30 Donc, c'était vraiment pour moi une chance d'avoir tout cet héritage de la musique française.
24:34 - Avant les voyages de Gulliver, ce concert-fiction qui sera donné,
24:37 France Culture, qui sera donné ce samedi 22 avril à la Maison de la radio et de la musique.
24:42 Il y a eu d'autres expériences pour vous.
24:44 Pierre et le loup et le carnaval des animaux.
24:46 On en écoute un extrait avec les tortues.
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25:46 - Le carnaval des animaux. L'album est sorti il y a deux ans sur le label Alpha Classics, Lucie Le Guay.
25:52 Vous avez fait vos armes avec ce carnaval de Saint-Saëns,
25:54 revisité par l'humoriste et comédien belge Alex Vizorek,
25:57 en récitant de cette grande fantaisie zoologique interprétée ici par l'Orchestre national de Lille,
26:03 sous votre direction.
26:05 L'album est à trouver dans les bacs.
26:08 L'importance de respecter la vision du compositeur.
26:10 Vous soulignez souvent ce point-là.
26:14 Quelle est ici la vision du compositeur pour vous ?
26:17 - La vision du compositeur à travers Saint-Saëns,
26:20 c'est assez drôle parce qu'il ne voulait pas que l'on joue le carnaval des animaux.
26:23 Il était contre, pour lui c'était un peu une petite blague.
26:26 Donc là peut-être que je ne respecte pas la vision du compositeur
26:29 parce qu'il ne voulait absolument pas que ça soit joué.
26:32 Mais la musique de Saint-Saëns, c'est une orchestration à la française,
26:36 extrêmement limpide, colorée, où il faut trouver des subtilités.
26:40 Ça attrave beaucoup la transparence avec l'orchestre à travers cette musique.
26:44 Avec celle de Poulenc également.
26:47 Avec un orchestre français, avec l'Orchestre national de Lille,
26:50 c'était un bonheur de les retrouver parce que je les connais bien.
26:53 Et faire un premier enregistrement avec eux, c'était une chance.
26:55 - On a parlé des étapes importantes dans une vie, dans un parcours.
26:58 Être révélation, ce que vous avez été cette année,
27:00 révélation chef d'orchestre aux victoires de la musique classique.
27:03 C'est certes une reconnaissance de plus de vos pairs,
27:05 mais c'est d'abord le signe que vous avez franchi une étape,
27:08 quelque chose, un ton, un style, une manière, bien à vous,
27:11 que vous aviez peut-être recherchée.
27:13 Est-ce que vous diriez que c'est aussi la reconnaissance de ce point-là,
27:18 que vous vous êtes peut-être révélée à vous et en même temps révélée à nous ?
27:22 Cette étape-là, elle a été passée ?
27:24 - Oui, c'est vrai que les victoires de la musique,
27:26 on dit que c'est une reconnaissance d'un jury professionnel,
27:29 et c'est très encourageant.
27:31 C'était un bonheur de participer à cette soirée,
27:33 d'être avec tous ces musiciens et ces artistes que j'admire également depuis des années,
27:36 et de partager la scène avec eux.
27:37 Et c'est vrai que j'essaye de rester intègre dans mon travail,
27:40 de ne pas griller les étapes, comme on l'a dit tout à l'heure,
27:42 et c'est difficile parce que parfois on peut être projeté très vite dans cette carrière.
27:46 Et voilà, j'aime prendre mon temps et faire les bons choix,
27:50 et j'essaye du mieux possible.
27:53 - À 33 ans, prenez votre temps.
27:54 Merci beaucoup, mais pressez-vous parce que vous serez samedi
27:57 à la Maison de la Radio pour ce concert fiction,
27:59 Les Voyages de Gulliver.
28:00 Merci mille fois, Lucie Legay.
28:01 - Merci Olivia.
28:02 Olivier.

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