• l’année dernière
Mais pourquoi parler du garde-corps ? Inexistant dans l’architecture antique, il est un des cauchemars de l’architecte moderne : il semble uniquement avoir été inventé pour s’interposer au jeu savant correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière. Prosaïque et trivial, il ridiculise les expressions architecturales les plus radicales en leur rappelant cruellement à la réalité fonctionnelle et règlementaire.
Nous retracerons son épopée qui a eu ses heures de gloire pendant le Maniérisme et le Baroque, quand de grands créateurs comme Michel Ange ou Carlo Maderno lui ont donné ses lettres de noblesse en inventant la balustrade et en lui accordant une certaine autonomie.
Et nous nous interrogerons sur son avenir dans la société hyper-protectrice actuelle ainsi que de sa place dans une architecture contemporaine qui revendique souvent la banalité et l’ordinaire, des valeurs prescrites par Jacques Lucan et ses émules...
Transcription
00:00:00 Bonjour, pour ce dernier cours de l'année, je vais vous parler du garde-corps.
00:00:15 C'est vrai que c'est un élément de l'architecture peut-être assez particulier.
00:00:21 On va le voir tout de suite.
00:00:23 C'est vrai que c'est un élément qui n'était pas trop apprécié par les architectes modernes,
00:00:32 le Corbusier, le Niemeyer, surtout.
00:00:35 Tous les Brésiliens, d'ailleurs, qu'on a vus dans les cours précédents, ne l'appréciaient
00:00:44 pas parce qu'en fait, c'est un élément qui ramène, si vous voulez, une certaine échelle,
00:00:50 une certaine intimité dans les bâtiments.
00:00:54 Et c'est bien sûr un élément qui va s'interposer au jeu correct et magnifique des volumes
00:01:06 sous la lumière invoqués par le Corbusier.
00:01:09 Et d'ailleurs, c'est vrai que ce garde-corps, on va le voir surtout réapparaître pendant
00:01:17 la période post-moderne, qui a remis en cause les principes du mouvement moderne.
00:01:23 Parce qu'effectivement, on a même organisé des bâtiments autour de lui parce qu'il
00:01:29 favorisait justement un certain retour à l'intimité, à la dimension humaine, et
00:01:36 puis aussi à l'urbanité.
00:01:38 Donc c'est un peu ce qu'on va voir aujourd'hui dans le cours.
00:01:43 Bien sûr, le garde-corps, il n'existe pas dans l'architecture classique, dans l'architecture
00:01:54 antique.
00:01:55 Ça, c'est des temples de Paestum.
00:01:57 Donc bien sûr, Paestum, ce sont des temples, d'accord ? Ok, c'est pas très haut.
00:02:04 Enfin, le stylobate, là, les degrés du stylobate, ils font quand même 40 centimètres de haut
00:02:10 à peu près.
00:02:11 Donc il n'y a pas de garde-corps.
00:02:14 Et dans les maisons antiques, il n'y a pas de garde-corps non plus, puisque la maison,
00:02:20 en général, même la maison urbaine, elle fait juste un niveau.
00:02:25 Toutes les ouvertures donnent sur l'atrium, qui est quelque part une sorte d'extériorité
00:02:34 qui est amenée à l'intérieur de l'habitation.
00:02:37 Et donc c'est vrai qu'il n'y a pas vraiment de garde-corps dans l'Antiquité.
00:02:42 Comme on peut le voir, c'est des temples de Paestum, c'est sûr, il n'y a pas...
00:02:47 On n'imagine même pas, même pas, un garde-corps entre les colonnes.
00:02:53 D'ailleurs, c'est une histoire qui revient, même pendant la période gothique, même
00:03:01 pendant la période Renaissance, puisque à la tour de Pise, par exemple, je crois qu'il
00:03:05 n'y a pas de garde-corps, on a peut-être mis une lisse, une barre, mais c'est extrêmement...
00:03:11 Je ne sais même pas si on peut y monter aujourd'hui, mais en tout cas, je me rappelle y avoir été,
00:03:15 c'était un truc, un supplice total, parce qu'effectivement, le sol était en pente,
00:03:19 on pouvait glisser, tomber et se tuer.
00:03:24 Donc, voilà, dans le garde-corps, quelque part, il y a une certaine aménité.
00:03:30 Il y a un certain respect de la personne, alors que dans l'architecture classique, antique,
00:03:39 surtout antique et moderne, on va le voir, il y a quand même une certaine cruauté.
00:03:45 Ça, c'est toujours Paestum.
00:03:49 Et là, c'est le projet de Niemeyer pour Brasilia.
00:03:54 C'est une gigantesque esplanade avec une rampe, et ni sur la rampe, ni sur l'esplanade
00:04:03 des trois pouvoirs, il y a le moindre garde-corps.
00:04:07 Il pleut, vous glissez, vous tombez, vous tuez.
00:04:12 C'est intéressant parce que l'architecture, elle est là, quelque part, ce qui est dit
00:04:19 là-dedans, c'est que l'architecture, elle est là pour éduquer, pour dresser les corps.
00:04:26 D'ailleurs, le corps, c'est une architecture, quelque part, puisqu'il y a une architecture,
00:04:33 disons, cryptique, puisqu'elle est enfouie dans les chairs.
00:04:38 On parle de colonne vertébrale.
00:04:40 Quelque part, c'est vrai que cette architecture, disons, sans garde-corps, elle n'est peut-être
00:04:47 pas, entre guillemets, humaine, mais elle révèle le caractère architectural de tout
00:04:54 corps humain.
00:04:55 Et elle te dit, avant tout, tu es une colonne.
00:05:00 Donc, tu dois te tenir droit.
00:05:02 Et si tu ne veux pas tomber, tu dois être osagué.
00:05:06 Tu dois faire travailler tout ton corps de muscle pour justement échapper aux vertiges,
00:05:14 pour ne pas glisser, pour ne pas tomber.
00:05:16 Vous voyez, on voit effectivement toutes les valeurs de dressage, quelque part, qui
00:05:22 sont contenues par ce type d'architecture.
00:05:25 Alors que le garde-corps, c'est vrai que ça permet toute licence, si vous voulez.
00:05:34 Là, j'ai pris le métro, j'ai pris la ligne 1.
00:05:38 Il y a des garde-corps, les gens se tiennent n'importe comment.
00:05:43 C'est une foule, comme ça, elle est protégée, quelque part.
00:05:49 Elle n'a pas à introjecter toutes ces valeurs dont j'ai parlé.
00:05:54 Elle n'a pas à avoir conscience du danger du métro qui arrive.
00:06:02 On peut glisser sur le quai, tomber.
00:06:05 Non, une fois que les garde-corps sont là, on est à l'abri.
00:06:11 Et quelque part, le corps aussi se désarchitecture.
00:06:14 Une fois que le corps n'est plus osagué, il se ramollit.
00:06:21 C'est ce qu'on va voir pendant le cours, cette lutte entre, d'un côté, l'idée
00:06:30 de modeler les corps et de l'autre côté, l'idée, au contraire, de les accompagner.
00:06:38 Et quelque part aussi de révéler toute leur sensualité.
00:06:43 Voilà, c'est encore une image de Brasilia.
00:06:46 Là, je la trouve complètement démente parce qu'on est sur une esplanade.
00:06:51 On voit les deux tours qui organisent la perspective.
00:06:58 Et c'est vrai qu'il y a des gens, ça c'était dans les années 60, quand la capitale du
00:07:04 Brésil a été inaugurée.
00:07:06 Et on voit des gens, et c'est vrai que ces gens, ils semblent complètement anachroniques,
00:07:11 si vous voulez, dans cette architecture.
00:07:14 Bon, on va commencer par un tableau de Carpaccio, "Les courtisanes".
00:07:21 Le tableau a plusieurs titres.
00:07:24 Je crois qu'il s'appelle aussi "Les nobles vénitiennes", etc.
00:07:26 Mais je préfère "Les courtisanes" parce qu'au moins, il y a un côté charnel.
00:07:30 Et c'est vrai que ce tableau révèle un tout petit peu l'incarnation des deux personnages
00:07:37 féminins centrales.
00:07:39 Comme je le disais tout à l'heure, ce sont des corps presque lassifs, dans le sens, ce
00:07:44 n'est pas des corps, disons, erratiques.
00:07:46 Ce n'est pas des corps de la peinture égyptienne qui ont complètement intégré l'architecture.
00:07:52 Ce sont des corps qui se laissent aller.
00:07:54 Il y a une des courtisanes qui s'accoude à une balustrade.
00:08:01 Elle est avec des animaux, des pigeons.
00:08:04 Il y a un pan.
00:08:05 Son corps est tout déformé, si vous voulez.
00:08:13 Elle ne se tient pas droit.
00:08:14 Elle est courbée.
00:08:15 Puis elle joue avec des chiens.
00:08:19 Et toutes les deux, cette licence, quelque part, elle est permise justement par le garde
00:08:28 corps qui les protège.
00:08:30 Parce que ce tableau, si je me rappelle bien, il a été coupé.
00:08:35 Et donc, il y a au-dessus un ciel.
00:08:39 Et le ciel permet de voir la mer Adriatique.
00:08:43 Et donc, on comprend qu'on est sur la terrasse d'un palais et qu'autour, c'est un grand
00:08:51 paysage.
00:08:52 Voilà, c'est le premier point.
00:08:53 Le premier point, c'est le garde corps qui, quelque part, permet au corps de se laisser
00:09:00 aller puisqu'ils sont protégés, ils sont gardés.
00:09:02 Et donc, ils n'ont pas besoin de se protéger eux-mêmes.
00:09:06 Et l'autre élément, c'est que ce garde corps auquel les deux personnages majuscules
00:09:14 sont adossés ou accoudés, eh bien, il va servir de colonnade à un personnage minuscule,
00:09:22 l'enfant, le page.
00:09:25 Et donc, on va voir dans le garde corps, il y a l'intégration de deux échelles.
00:09:32 On va voir quand il est employé dans l'architecture, qu'il y a cette intégration de l'échelle
00:09:39 domestique, l'échelle du corps, l'échelle minuscule, dans une échelle majuscule.
00:09:45 Voilà, par exemple, la carte d'Oro, qui a été faite un petit peu avant.
00:09:50 C'est du gothique fond boyant.
00:09:52 Et donc, on voit des colonnades superposées avec un remplage gothique fond boyant.
00:09:58 Et puis, donc, viennent s'insérer dans ces colonnades des gardes corps.
00:10:07 Et ces gardes corps, ce qui est intéressant, c'est qu'ils reprennent exactement la même
00:10:12 forme, le même rythme que les colonnades.
00:10:15 Peut-être, ils sont juste un tout petit peu étirés, mais ils ont pratiquement les mêmes
00:10:19 proportions que les colonnes qui soutiennent le remplage, qui soutiennent le plancher de
00:10:26 la galerie, qui est ouverte sur le Grand Canal.
00:10:29 Et donc, on voit très bien que le garde corps, il permet l'insertion de deux échelles,
00:10:37 une échelle monumentale, celle du palais, donc l'échelle de la représentation.
00:10:43 Et puis après, une échelle domestique, l'échelle du corps réel qui habite ce palais.
00:10:51 Mais bien sûr, ce qui se passe aussi ici, c'est que l'élément du garde corps, c'est
00:11:00 une petite colonne.
00:11:01 Et c'est juste donc une colonne minuscule.
00:11:04 Ce qu'on va voir par la suite, c'est que les architectes se sont intéressés au statut
00:11:12 de cette petite colonne du garde corps, ou de la balustrade.
00:11:18 Et on va voir qu'ils ont développé quelque chose qui est totalement différent de ce
00:11:25 que l'on voit ici, dans cette architecture un tout petit peu primitive.
00:11:29 Voilà l'intérieur de la galerie sur le Grand Canal, le garde corps et puis la colonnade.
00:11:36 Les deux échelles qui coexistent, qui s'intercalent l'une dans l'autre, l'échelle minuscule
00:11:44 dans l'échelle majuscule.
00:11:46 Et aussi ce qui est fascinant, c'est vrai j'aurais pu mettre une photo mais je ne l'ai
00:11:49 pas mise, c'est que dès qu'on voit un corps qui vient s'encadrer entre les colonnes,
00:11:56 qui vient s'accouder à la balustrade, tout de suite le dispositif prend son sens.
00:12:03 On comprend que finalement le lien entre l'échelle majuscule, l'échelle monumentale, l'échelle
00:12:11 représentative et puis l'échelle minuscule, l'échelle domestique, c'est le corps qui
00:12:16 va donc venir s'encadrer entre les deux colonnes et qui va venir s'accouder à la balustrade.
00:12:24 C'est un thème constant à Venise.
00:12:26 Bien sûr on l'a aussi dans le Palais des Doges, c'est presque exactement la même
00:12:31 chose.
00:12:32 D'ailleurs c'est antérieur, donc c'est en tout Acadoro, l'architecte Acadoro a repris
00:12:36 une thématique qui avait été définie avant lui.
00:12:38 Là aussi c'est pareil, donc on a deux arcades superposées et entre les arcades du premier
00:12:46 étage, donc un garde-corps avec des colonnettes qui ont la même, pas tout à fait les mêmes
00:12:55 proportions mais en tout cas disons la même silhouette que les colonnes qui soutiennent
00:13:03 l'arcade du premier étage.
00:13:05 Garder les corps.
00:13:09 Le garde-corps, il garde le corps.
00:13:13 C'est pas toi qui gardes toi-même ton corps.
00:13:16 Non, c'est un élément, t'as pas forcément à être toujours aux aguets, t'as pas forcément
00:13:22 à te tenir toujours droit, t'as pas forcément à te considérer comme une architecture qui
00:13:26 peut se mouvoir.
00:13:27 Non, tu peux être aussi un corps totalement acculturé, un corps prostré, un corps presque
00:13:35 animal, tu peux presque romper, en tout cas tu peux ne pas marcher droit, tu peux te cogner
00:13:42 contre les autres, de toute façon tu vas être protégé.
00:13:45 Parce que comme le berger garde son troupeau, le garde-corps va te protéger, et il va te
00:13:57 canaliser.
00:13:58 Voilà, et ça c'est ce dont je parlais tout à l'heure, les architectes de la Renaissance
00:14:05 tout d'un coup, ils se sont posé cette question.
00:14:08 Parce qu'effectivement les palais à la Renaissance c'était pas des maisons romaines, c'était
00:14:12 pas des maisons à un étage, il y avait plusieurs étages, il fallait ouvrir, il y avait une
00:14:17 volonté aussi de faire rentrer la lumière, de se mettre en représentation à sa fenêtre,
00:14:21 à son balcon.
00:14:22 Et donc il a fallu, si vous voulez, la solution de la colonne miniature, ça ne suffisait
00:14:27 pas, il fallait vraiment trouver un élément spécifique pour tenir la balustrade.
00:14:37 Et donc on a réfléchi, bien sûr, mais effectivement les pauvres architectes ils étaient un peu
00:14:42 coincés, enfin coincés, à la fois ils ne pouvaient pas se référer à l'Antiquité
00:14:46 puisque la balustrade n'existait pas dans l'Antiquité, il n'y avait que la colonne,
00:14:52 et en même temps aussi, si vous voulez, quand ils faisaient des colonnes, ils étaient bien
00:14:55 ennuyés parce que finalement les colonnes, elles étaient très codifiées, ils ne pouvaient
00:15:00 pas inventer.
00:15:01 Il y en a certains qui ont cherché, mais l'idée c'était plutôt de reprendre les
00:15:06 cinq ordres antiques, vous voyez, le Corinthien, Dorique, Ionique, et pas chercher à inventer,
00:15:14 ils n'avaient pas à inventer un nouvel ordre.
00:15:16 Ils étaient dans leur recherche plastique, ils étaient un peu limités au niveau de
00:15:23 la colonne qui était vraiment l'élément, donc à la renaissance fondamentale de l'architecture,
00:15:28 et par contre pour la balustre, là, ils avaient toute possibilité, parce qu'effectivement
00:15:34 la balustre n'existait pas, donc ce n'était pas un élément codifié.
00:15:37 Et donc la balustre, c'est un élément comme celui-là, vous voyez.
00:15:41 Enfin, quelque part, il y a aussi quelque chose de... il y a quand même une sorte d'horreur
00:15:46 secrète dans la balustre, vous voyez, parce qu'on a l'impression que c'est une colonne
00:15:50 enceinte ou une colonne... ou une grosse colonne, une colonne avec un gros ventre, vous voyez.
00:15:54 Il y a quelque chose de grotesque.
00:15:56 D'ailleurs, c'est un peu... c'est pendant le maniérisme, avec Jacopo Sangalo, après
00:16:02 Michel-Ange, après Palladio, qu'on a vraiment, vous voyez, expérimenté, travaillé, réfléchi
00:16:11 sur la balustre.
00:16:12 C'est-à-dire au même moment où on faisait effectivement ces grottes dans le jardin
00:16:18 Boboli, à Florence, eh bien, on a travaillé sur ce nouvel élément de l'architecture.
00:16:29 Une colonne naine, vous voyez.
00:16:32 Quand même, effectivement, et ça participe aussi à cet attrait à la Renaissance.
00:16:39 Donc pour... je dirais, c'est pas du tout péjoratif, mais pour le monstrueux, vous
00:16:45 voyez, dans les studios-lots des grands... des nobles de Florence qui commanditaient
00:16:54 tous ces bâtiments, ou de Venise, il y avait donc des choses, toutes sortes de choses très
00:16:59 très étranges.
00:17:00 Et cette étrangeté, qui était donc pratiquement interdite à l'architecte, puisque tout était
00:17:05 codifié, eh bien, la corniche, l'entablement, tout ça, il fallait simplement commenter
00:17:14 l'architecture classique, eh bien, toute cette étrangeté, quelque part, elle ressurgit
00:17:19 dans la balustre.
00:17:20 Et c'est vrai qu'on la retrouve, mais vraiment, d'une manière totalement... enfin, on la
00:17:27 retrouve d'une manière grandiose, enfin le mot est un peu con, mais oui, grandiose,
00:17:33 dans les toiles de Paul Véronèse.
00:17:35 Et puis, il ne faut pas oublier que Paul Véronèse était quelqu'un de très proche de Palladio,
00:17:40 puisqu'ils ont fait ensemble, enfin, en tout cas, Véronèse a fait toutes les fresques
00:17:47 de la Villa Barbaro, qui a été réalisée en Vénitie par Palladio.
00:17:52 Mais là, vous voyez, on retrouve pleinement cette balustre.
00:17:57 C'est vrai qu'on pourrait la commenter à l'infini, parce que voilà, il y a une chose
00:18:01 aussi qui n'existe pas dans la colonnade, c'est que, vous voyez, il y a deux formes.
00:18:05 Il y a à la fois le vide entre les colonnes qui dessine quelque chose, et puis il y a
00:18:10 la balustre elle-même.
00:18:11 Donc, c'est à la fois une invention, enfin, c'est à la fois dessiner un plein et dessiner
00:18:18 un vide.
00:18:19 Et puis en même temps, voilà, vous voyez, on voit, il y a des colonnes, donc il y a
00:18:22 des colonnes corintiennes, il y a des colonnes ioniques, il y a des colonnes, il y a toutes
00:18:27 sortes de colonnes doriques.
00:18:28 On voit, on voit les colonnes sont codifiées, et puis tout d'un coup, donc, il y a ce
00:18:33 nouvel élément.
00:18:34 Les colonnes, si vous voulez, effectivement, c'est ce qui réjante, c'est ce qui te dit
00:18:37 à toi, n'oublie pas que toi aussi, tu es une colonne, tu es une colonne vertébrale.
00:18:41 Tandis que la balustre, c'est l'inverse, tu vois, c'est le discours inverse.
00:18:45 Non, tu peux t'adosser, tu peux t'accouder, tu peux te laisser aller, tu peux boire.
00:18:54 Le noce de canard, les gens sont tous complètement ivres, ils s'affalent par terre, ils boivent,
00:19:01 quoi.
00:19:02 Ils s'embrassent, ils s'allongent presque, vous voyez, sur la balustrade.
00:19:06 Ils ont un rapport très intime, vous voyez, physique avec elle.
00:19:10 C'est vrai que c'est un élément de l'architecture avec lequel on a un rapport.
00:19:16 Finalement, peut-être, quand on a bu, on a envie de caresser absolument les balustres
00:19:22 qui ressemblent donc à des amphores.
00:19:23 On a envie de les toucher, on a envie de les caresser.
00:19:27 Et donc il y a toute cette dimension qui était totalement absente dans les premières images
00:19:32 que je vous ai fait voir, qui ressurgit tout d'un coup dans cette toile-là.
00:19:37 Voilà, on les voit maintenant beaucoup mieux, on voit leur dessin, on voit les personnages,
00:19:45 vous voyez.
00:19:46 Ils ne sont pas devant, ils ne sont pas derrière, mais ils sont dessus, ils la caressent, ils
00:19:53 la touchent.
00:19:54 C'est tout à fait... c'est un élément de l'architecture qui entretient avec le corps
00:19:59 un tout autre rapport que les autres éléments, disons, plus nobles, comme la colonne, le
00:20:06 fronton, la corniche.
00:20:08 Même si la colonne, le fronton et la corniche, bien sûr, elles ont dans leur proportion des
00:20:13 relations avec le corps humain, mais ce n'est pas la même chose parce qu'elles ont des
00:20:17 relations, elles ont des rapports, disons, de proportion avec le corps humain.
00:20:23 Mais on ne va pas caresser une colonne, mais par contre, on va s'allonger, s'adosser, s'accouder
00:20:30 à une balustrade.
00:20:31 Et voilà, vous voyez, ils boivent, ils touchent, ils mangent, et tout ça au-dessus de la
00:20:43 balustrade.
00:20:44 La balustrade, elle sépare les espaces, bien sûr, elle canalise, mais elle canalise d'une
00:20:48 façon douce, sensuelle.
00:20:52 Ce ne sont pas du tout les barrières de protection qu'on va voir tout à l'heure.
00:20:59 Autre tableau de Véronèse, je ne m'en lasse pas.
00:21:02 Là, on voit que la balustre, elle a un dessin différent.
00:21:06 Ce n'est plus une amphore, c'est deux vases qui sont inversés.
00:21:09 Et ça donne effectivement autre chose.
00:21:14 Ça donne un autre dessin, bien sûr, mais ça donne aussi un autre élancement à la
00:21:20 balustrade.
00:21:21 Tout à l'heure, effectivement, elle avait une certaine pesanteur.
00:21:28 Là, maintenant, au contraire, la querre avec ses deux vases superposés et inversés, au
00:21:35 contraire, une certaine légèreté, une certaine finesse, comme on voit là sur l'image.
00:21:42 Regardez bien les balustres.
00:21:46 Et là, maintenant, c'est Palladio.
00:21:47 C'est ma photo, c'est vrai, elle est un peu ancienne.
00:21:49 On la voit très mal.
00:21:50 Mais en fait, c'est la même balustrade qu'on revoit dans le Palazzo d'Aport et Festa à
00:21:58 Vicenze.
00:21:59 Et on voit comment la balustrade vient s'intégrer dans l'architecture du palais.
00:22:09 On voit effectivement le socle avec un appareil en léger bossage.
00:22:15 Ensuite, on a les colonnes qui sont encastrées dans la maçonnerie.
00:22:24 Après, il y a la corniche et la balustrade.
00:22:28 Elle vient se mettre en scène devant la fenêtre et puis entre les colonnes qui scandent la
00:22:36 façade.
00:22:37 Et puis là, elle vient apporter cette échelle domestique.
00:22:42 Elle vient peut-être, avec la fenêtre, servir, elle est quelque part l'ambassadrice de l'intimité
00:22:54 du palais sur l'espace public.
00:22:58 Une photo qui est peut-être mieux, c'est pas la mienne, mais on voit ancienne, on voit
00:23:04 vraiment le dessin de la balustrade.
00:23:09 Et on voit effectivement cette licence.
00:23:13 Ce sont des urnes.
00:23:16 C'est pas quelque chose qui est codifié.
00:23:21 C'est un élément qui est très sculptural, qui rentre en résonance peut-être avec les
00:23:26 sculptures allongées qui sont placées au-dessus du fronton de la fenêtre au premier plan.
00:23:32 C'est un élément entre les deux, mais surtout, c'est un élément qui témoigne sur la rue,
00:23:41 sur l'espace public, de l'intimité du foyer.
00:23:44 On voit bien le dessin, le socle, l'étage noble, la tique, et puis au-dessus de la tique,
00:23:55 les statues et la balustrade qui sert à protéger les corps et qui permet l'ouverture maximale
00:24:04 de la fenêtre puisqu'elle laisse aussi passer entre ces balustres la lumière.
00:24:10 Autre exemple, le palazzo della Porta Briganza.
00:24:16 C'est un palais qui est inachevé, mais c'est vrai que c'est encore plus pur que le dessin
00:24:28 précédent.
00:24:29 Comment les choses sont organisées ? Vous avez plusieurs socles qui soutiennent les
00:24:35 colonnes.
00:24:36 Ils sont séparés par des fenêtres.
00:24:38 Au-dessus, il y a une sorte de plaque-bandes avec des pierres en semi-bossage.
00:24:46 Et puis, enfin, cette plaque-bandes apparaît au niveau des colonnes.
00:24:53 Et puis, enfin, entre les colonnes, les balustrades.
00:24:57 On a l'impression que le balcon, quelque part, il est juste là, si vous voulez, pour
00:25:03 mettre en scène la balustrade qui va venir à l'avant, comme un avant-poste de l'intimité
00:25:12 sur l'espace public.
00:25:14 On voit vraiment comment toutes les choses s'organisent parfaitement.
00:25:18 Et comment, effectivement, la balustrade est devenue un élément de langage, même
00:25:24 si c'est une invention récente, au même titre que la colonne, le flux de la colonne,
00:25:32 le chapiteau et l'entablement et la corniche.
00:25:37 Voilà le dessin du bâtiment entier.
00:25:41 Il y a juste la porte et puis deux travées à droite qui ont été réalisées.
00:25:47 Et c'est vrai que le bâtiment est plus intéressant, finalement.
00:25:50 C'est vrai, inachevé.
00:25:51 Il a un côté...
00:25:52 Il est plus fort parce qu'on comprend mieux, finalement, l'intention.
00:26:00 On voit les colonnes, on voit les balcons qui s'avancent, on voit les garde-corps,
00:26:07 on voit les balustrades qui se mettent en scène, au-devant de toute cette architecture
00:26:14 et qui appellent, quelque part, quelqu'un dans l'intimité sombre à venir se mettre
00:26:21 au balcon.
00:26:22 Autre exemple, tout à fait contemporain et complètement délirant.
00:26:27 C'est la Saturn Unique Tower à Bangkok.
00:26:31 C'est une opération immobilière qui avait été...
00:26:34 C'est un grand bâtiment, si vous voulez.
00:26:37 C'est un condominium ou un hôtel.
00:26:40 Je ne connais pas trop ce qu'est un hôtel parce que chaque balcon qu'on va voir, il
00:26:46 correspond pratiquement à un appartement qui s'enfonce dans l'image du bâtiment.
00:26:51 Le bâtiment est extrêmement épais puisqu'il fait 50 mètres de long, à peu près, sur
00:26:55 40 mètres de large.
00:26:57 Donc, il est complètement ouvert sur l'extérieur.
00:27:01 Et puis, il y a ces balcons, un exèdre qui sortent.
00:27:04 Et ces balcons, ils sont recouverts, ils sont protégés par une balustrade classique.
00:27:15 Mais bien sûr, il y a un côté collage, un côté un peu post-moderne entre la structure
00:27:22 du bâtiment, poteau, dalle en béton et puis ces balustres qui viennent s'y insérer.
00:27:29 Mais en même temps, il y a quelque chose de très, à la fois de classique et de moderne
00:27:35 aussi parce qu'il y a deux ordres comme ça qui viennent s'encastrer l'un dans l'autre.
00:27:40 Les éléments qui portent, ce ne sont pas des colonnes, mais ce sont des piliers.
00:27:46 Et puis, notre élément, les balustres qui portent la tablette de protection qui vient
00:27:55 s'insérer à l'intérieur de ce dispositif constructif.
00:27:59 Voilà, c'est ça, c'est un truc, c'est fascinant.
00:28:04 Parce que ce bâtiment a été construit en 90 et puis il y a eu une crise économique
00:28:08 en 97.
00:28:09 Et puis finalement, je ne sais pas s'il a été détruit.
00:28:11 Moi, je l'ai vu, ça faisait peut-être une dizaine d'années.
00:28:14 Donc, il est resté comme ça, totalement en ruine.
00:28:19 C'est un de mes étudiants qui m'a, enfin j'ai vu des photos, mais je ne les ai pas
00:28:24 retrouvées.
00:28:25 C'est un de mes étudiants, Benoît Defont, qui avait fait son diplôme là-dessus, qui
00:28:32 m'a donné les photos.
00:28:35 Et c'est vrai que c'est un truc totalement sidérant.
00:28:40 Parce que là-dedans, on retrouve Palladio, on retrouve énormément de choses, si vous
00:28:48 voulez.
00:28:49 Et c'est vrai que c'est un bâtiment, quelque part, il est totalement pur.
00:28:52 Et en même temps aussi, peut-être que le fait qu'il ait jamais été terminé,
00:28:57 ça lui donne cette valeur emblématique.
00:28:59 Il n'y a aucun second œuvre, il n'y a pas de cloisonnement, il n'y a rien.
00:29:04 Il y a juste la structure.
00:29:07 Et puis les balcons qui viennent comme se coulisser, glisser dans la structure primaire.
00:29:14 Et bien sûr, il n'y a pas de protection.
00:29:16 Donc il pleut à Bangkok.
00:29:19 Bien sûr, contrairement à ce qu'on croit, il pleut.
00:29:22 Et donc l'eau stagne sur les balcons.
00:29:27 Et ce bâtiment devient tout autre chose, une sorte d'œuvre artistique, tout autre
00:29:32 chose que ce pour quoi il avait été à l'origine conçu.
00:29:37 Vous voyez, on a des images totalement sidérantes, totalement pyramidiennes de ce bâtiment.
00:29:44 Voilà, donc le garde-corps, ça sert à protéger les corps, bien sûr, on l'a vu.
00:29:54 Ça permet donc au corps d'avoir une certaine licence.
00:29:56 Ça permet au corps de s'oublier quelque part, parce qu'effectivement, au lieu de
00:30:02 protéger soi-même son corps, il y a quelque chose, presque quelqu'un, un garde du corps.
00:30:12 On a un garde du corps avec un gros flingue.
00:30:14 Putain, on peut faire n'importe quoi.
00:30:16 Tu vas au restaurant, tu bois dans le verre d'un type, tu gifles à un autre mec, tu es
00:30:20 tranquille, tu fais n'importe quoi.
00:30:21 Et là, le garde-corps, peut-être qu'il faut le voir un peu comme ça.
00:30:25 C'est quand même l'objectivation du garde du corps.
00:30:28 Mais ça sert aussi, on a commencé à le voir, à composer, à travailler sur la composition,
00:30:35 puisqu'effectivement, on peut intercaler entre des éléments porteurs, des colonnes,
00:30:43 on peut intercaler ces balustrades qui portent la tablette sur laquelle on peut s'appuyer.
00:30:53 Et donc, cet emboîtement, on peut le comprendre comme l'insertion d'un ordre mineur dans
00:31:12 un ordre majeur.
00:31:13 Ça, c'est quelque part, c'est le béa-bas de la rhétorique architecturale.
00:31:18 Ensuite, le tempiato de Bramante.
00:31:23 Là déjà, le garde-corps dans le tempiato de Bramante, il ne sert pas à grand chose
00:31:28 puisque personne ne va se balader sur la terrasse, c'est clair.
00:31:30 Donc, il ne sert pas à se protéger, pas du tout.
00:31:32 D'ailleurs, les références de Bramante pour faire son tempiato, c'était des temples
00:31:39 antiques qui étaient un peu conçus de la même façon, mais il n'y avait pas de garde-corps
00:31:44 entre le cylindre porté par les colonnes et le cylindre du dôme.
00:31:48 Donc, c'est quelque chose qui n'est pas là pour protéger.
00:31:52 Simplement, il est là parce qu'il permet la composition.
00:31:55 Il permet de bien définir un cylindre et de bien comprendre que ce projet, ce n'est
00:32:03 pas un cylindre avec une coupole posée sur un cylindre avec des colonnes, c'est vraiment
00:32:07 l'insertion d'un cylindre avec une coupole dans un cylindre ajouré, composé de colonnes
00:32:15 et de balustres.
00:32:17 On le voit sur la coupe, c'est vraiment un élément de composition.
00:32:23 On va avoir plusieurs exemples, mais c'est une chose récurrente.
00:32:28 On va voir que le garde-corps, finalement, il peut être utilisé comme un élément à
00:32:33 part entière de l'architecture, mais sans garder quoi que ce soit.
00:32:37 Ça, c'est le premier cas.
00:32:39 Ça, c'est le deuxième cas, c'est la façade ouest du château de Versailles, c'est
00:32:44 Jules Ardouin à Mansart.
00:32:46 Donc, le garde-corps, la terrasse, elle est inaccessible, le roi n'est pas se balader
00:32:50 sur la terrasse, il se baladait dans la grande galerie.
00:32:53 Simplement, le garde-corps, il est là pour masquer les toitures plates et puis, effectivement,
00:32:58 pour terminer correctement le bâtiment, parce qu'il rentre vraiment dans la composition
00:33:03 du bâtiment.
00:33:04 Et comme c'est un bâtiment qui est très très long, il fallait vraiment, disons,
00:33:08 affermir les trois éléments qui le composent.
00:33:11 Le premier élément, c'est le socle, donc il est extrêmement profond.
00:33:15 Les arcades sont presque creusés dans la pierre.
00:33:19 Après, le deuxième élément, c'est la grande galerie, c'est le corps de bâtiment.
00:33:23 Il y a des avancées qui font bien voir les...
00:33:26 Il y a des rossots qui font bien voir les colonnes complètement dégagées.
00:33:31 Et puis ensuite, ces colonnes, elles sont remplacées par des pilastres.
00:33:34 Et puis enfin, le couronnement.
00:33:36 Et bien sûr, il fallait un couronnement proportionné à la grande longueur du bâtiment.
00:33:48 Et donc, il y a d'abord un attic qui est percé de fenêtres.
00:33:51 Et puis ensuite, des sculptures qui sont dans l'alignement des colonnes, des pots à feu.
00:34:00 Et puis ensuite, un garde-corps qui vient renforcer la masse des éléments
00:34:07 qui assure la terminaison, qui assure le couronnement de la façade.
00:34:12 Mais ça, le garde-corps, il est utilisé en lui-même et pour lui-même.
00:34:20 Il n'est pas utilisé à une quelconque fin fonctionnaliste.
00:34:27 Parce qu'effectivement, aucun corps ne va se promener sur les toits des châteaux de Versailles.
00:34:35 Autre exemple encore plus délirant, c'est l'église Sainte-Suzanne à Rome de Carlo Maderno,
00:34:42 où le garde-corps suit la pente du fronton.
00:34:47 Et là encore, il ne sert absolument pas à protéger les corps.
00:34:53 Il est complètement autonome par rapport à toute son utilisation.
00:35:00 Il existe véritablement comme un élément de l'architecture,
00:35:04 parce qu'il existe pour lui-même, en dehors de toute fonction.
00:35:10 Pas plus que les colonnes qu'on voit portent quoi que ce soit,
00:35:12 parce que c'est le mur qui porte, si vous voulez.
00:35:15 Le garde-corps, lui, il ne protège pas, puisqu'il vient au-dessus d'un toit en pente,
00:35:23 et au-dessus d'un fronton.
00:35:26 Et le garde-corps, comme je vous le disais tout à l'heure,
00:35:29 on va le voir, il est apparu effectivement à la Renaissance.
00:35:34 Bien sûr, on le voit dans tout le XVIIIe, XIXe siècle,
00:35:40 mais c'est vrai qu'on le voit ressurgir un peu sous des formes,
00:35:46 il est repensé, réactualisé.
00:35:48 Ça c'est la rue des Colonnes à Paris, c'est vrai que c'est un projet de l'architecte Vestier,
00:35:54 c'est vrai que c'est un mec assez intéressant,
00:35:56 on le présente souvent comme un promoteur,
00:35:59 mais malgré tout, il a fait plusieurs bâtiments pendant la Révolution,
00:36:03 d'ailleurs c'est un des rares à avoir construit,
00:36:05 et c'est vrai qu'il a vraiment, disons, repensé le garde-corps, la balustre,
00:36:13 on ne le voit pas très bien sur la photo,
00:36:15 les immeubles de la rue des Colonnes sont à la fois classiques, néo-grecs,
00:36:21 ils sont aussi un peu égyptiens, avec les palmettes,
00:36:25 et là on voit les garde-corps, on retourne, on revient,
00:36:29 on revient vers la colonne, mais c'est une colonne,
00:36:32 c'est ça qui est intéressant, c'est une colonne qui est très conique,
00:36:37 qui est conique d'une manière très prononcée,
00:36:43 et donc ça permet effectivement, c'est comme une sorte de réflexion,
00:36:46 de commentaire, de recherche, sur la colonne que l'on a vue au début,
00:36:51 la colonne de la Cadeau-Ros, la petite colonnette,
00:36:58 et puis la balustre, comme elle apparaît dans les tableaux de Véronèse,
00:37:04 puisque là ce sont des balustres qui reprennent la forme des colonnes,
00:37:08 qui reprennent la forme des colonnes grecques,
00:37:10 qui sont assez évasées lorsqu'elles touchent le sol,
00:37:14 mais en amplifiant au maximum cet évasement.
00:37:23 Autre exemple, Albert Laprade, pour le Palais de la Porte Dorée,
00:37:28 donc là c'est aussi un truc assez étonnant,
00:37:30 parce qu'il a fait une grande colonnette qui tient le toit,
00:37:35 et puis après, entre les colonnes,
00:37:39 il faut voir ce bâtiment en se rappelant des temples de Paestum,
00:37:47 que j'ai fait voir tout à l'heure, là il y a une colonnade.
00:37:50 Bien sûr, c'est vrai que la colonnade est posée sur un socle
00:37:53 qui est assez haut, assez dangereux, alors que Paestum,
00:37:56 tout à l'heure, c'était un stylobate, avec des marches,
00:38:00 certes de 40 degrés, mais qui ne justifiaient pas forcément
00:38:02 un garde-corps. Mais là, vous voyez, il y a cette insertion
00:38:07 des deux échelles, à l'échelle du corps,
00:38:11 qui est portée par le garde-corps, et puis l'échelle monumentale.
00:38:15 Mais simplement, c'est vrai qu'il y a un truc qui marche...
00:38:18 Quand on a vu les projets de Palladio tout à l'heure,
00:38:20 on a compris qu'il y avait une volonté de trouver une harmonie
00:38:24 entre les colonnes qui entouraient la fenêtre
00:38:28 et puis les balustres du garde-corps.
00:38:32 Là, non, il y a une sorte de schisme,
00:38:35 entre les deux échelles. Il y a l'échelle minuscule,
00:38:39 qui est vraiment minuscule, et puis l'échelle majuscule,
00:38:42 qui est vraiment majuscule. Et quelque part, la relation,
00:38:45 quelque part, ne s'effectue pas véritablement.
00:38:49 On voit encore ici. Bien que là, on voit mieux les choses,
00:38:53 parce que c'est vrai que les proportions, en tout cas,
00:38:55 sont complètement différentes, puisque les colonnes
00:38:57 qui tiennent le toit, elles sont très fines, très énoncées,
00:39:00 tandis que les gardes-corps, la bellustrade, les balustres,
00:39:04 elles sont quand même beaucoup plus épaises,
00:39:06 beaucoup plus pesantes. Donc, il y a quelque chose
00:39:11 qui revient de tout ce qu'on a vu dans les projets précédents.
00:39:16 Et surtout, je pense que le mec qui a bien réfléchi à ça aussi,
00:39:21 en tout cas au début de sa carrière, c'est Christian de Porzempart.
00:39:25 Par exemple, la rue de Hauteforme, c'était l'idée d'avoir,
00:39:31 sur l'emplacement de la prison de la Roquette,
00:39:33 c'était l'idée d'avoir un parc urbain, complètement fermé,
00:39:37 complètement entouré de bâtiments, comme le Palais-Royal à Paris.
00:39:42 Et donc, là, il n'y a pas vraiment de colonnes,
00:39:45 mais ce sont des exèdres, comme ça, qui s'ouvrent sur le parc.
00:39:49 Et effectivement, les extrémités des exèdres dessinent des colonnes
00:39:54 et les extrémités des exèdres, elles sont fermées par une architrave
00:40:00 qui redéfinissent quelque part,
00:40:03 et cet élément-là, il redéfinit une colonnade classique.
00:40:06 Et comme chez Labrade tout à l'heure, mais d'une manière plus mesurée,
00:40:10 plus sensuelle, il y a donc ce garde-corps qui va venir se glisser
00:40:18 dans l'ordre majeur.
00:40:20 Donc, il y a cet ordre mineur qui vient s'articuler,
00:40:27 s'insérer dans l'ordre majeur.
00:40:30 Il y a le minuscule qui vient parfaitement s'insérer dans le majuscule.
00:40:36 C'est ça aussi, la leçon.
00:40:40 C'est l'idée d'arriver à gérer la complexité.
00:40:44 C'est vrai que l'architecture, ce n'est pas si simple que...
00:40:47 Finalement, Paestum, c'est Fadoche.
00:40:50 C'est quoi, des colonnes ?
00:40:52 Là, c'est beaucoup plus compliqué.
00:40:57 Paestum, c'est Fadoche parce que finalement, le temple,
00:40:59 c'est la maison de Dieu et puis les hommes d'un Dieu.
00:41:02 Les hommes n'ont rien à faire dedans.
00:41:04 Tandis que là, c'est vrai que c'est plus compliqué
00:41:06 puisque, effectivement, il y a la volonté de justement
00:41:10 d'arriver à intégrer les deux échelles.
00:41:13 L'échelle monumentale, donc l'idée d'un palais royal,
00:41:17 l'idée d'une façade qui entoure un jardin fermé.
00:41:20 Et puis, insérer à l'intérieur de cette échelle monumentale,
00:41:24 une échelle plus domestique, un garde-corps
00:41:27 qui a un rapport direct avec le corps humain.
00:41:32 Voilà, tout est dessiné, tout est mesuré, tout est proportionné.
00:41:37 Vous voyez, toute l'histoire de l'architecture,
00:41:39 elle est parfaitement intégrée dans un dessin
00:41:42 qui est totalement contemporain.
00:41:45 Autre exemple, toujours de Christian Ponsonpart,
00:41:48 c'est le conservatoire et la maison de retraite
00:41:51 de la rue Jean-Nico.
00:41:53 C'est vrai que je n'ai pas...
00:41:54 Je remercie Bébène Nicolau qui m'a communiqué ces photos,
00:41:56 mais en même temps, je ne les ai pas toutes mises.
00:41:59 Et c'est vrai que la rue Jean-Nico, le programme était mixte.
00:42:03 Il fallait faire un conservatoire et puis, disons,
00:42:08 une maison de retraite.
00:42:10 Je ne me rappelle pas trop du concours
00:42:12 et puis des gens qui avaient répondu,
00:42:13 mais en général, tout le monde avait fait un bâtiment
00:42:17 avec un conservatoire et puis une maison de retraite.
00:42:23 Et Christian Ponsonpart, lui, il a séparé les choses.
00:42:26 Il a vraiment fait un conservatoire.
00:42:28 Il a monumentalisé au maximum.
00:42:31 Et puis à côté, il a fait une maison de retraite.
00:42:35 Et puis, effectivement, ces éléments,
00:42:36 ils sont rentrés comme ça, vous voyez, en dialogue.
00:42:40 Donc là, on voit à gauche le conservatoire.
00:42:42 Donc, c'est une sorte de temple, quelque part.
00:42:44 Mais bien sûr, totalement réactualisé parce que les salles de danse,
00:42:47 elles ne peuvent pas être ouvertes complètement sur la ville.
00:42:49 Il faut qu'elles soient fermées, parce qu'il faut des miroirs,
00:42:50 des choses comme ça.
00:42:52 Donc, les salles de musique,
00:42:55 il faut bien sûr se préserver du bruit extérieur.
00:42:59 Et puis, il ne faut pas non plus faire du bruit à l'extérieur.
00:43:03 Donc, effectivement, c'est un bâtiment plutôt opaque,
00:43:05 mais qui est posé, vous voyez, on pourrait dire sur des pilotis,
00:43:09 mais ces pilotis, ce sont des colonnes quand même.
00:43:11 Voilà, c'est des pilotis qui prennent l'apparence de colonnes,
00:43:14 qui ont plutôt des proportions d'une colonne que des pilotis.
00:43:16 Et puis, de l'autre côté, donc, il y a la maison de retraite.
00:43:19 Et justement, ce qui est intéressant, c'est comment, vous voyez,
00:43:23 les deux éléments, ils vont être mis en relation.
00:43:27 La partie qu'on ne voit pas, qui est complètement à droite,
00:43:30 là, on voit des fenêtres.
00:43:31 Il y a aussi des gardes-corps.
00:43:33 Mais surtout, vous voyez l'élément qui fait la jonction.
00:43:35 C'est une sorte de tour qui est aveugle,
00:43:38 qui appartient à la maison de retraite.
00:43:39 Et puis, en haut, vous voyez, donc, il y a une loggia.
00:43:42 Et puis, sur la loggia, donc, il y a un seul garde-corps,
00:43:46 vous voyez, qui se met en scène.
00:43:48 Et justement, vous voyez, qui affirme, là,
00:43:51 une dimension domestique, alors que, de l'autre côté,
00:43:54 la dimension domestique, elle est évacuée,
00:43:57 parce que c'est un bâtiment public.
00:43:58 Et c'est un bâtiment qui est destiné plutôt à la musique,
00:44:01 vous voyez, que aux musiciens, ou à l'apprentissage de la musique.
00:44:05 En tout cas, c'est un bâtiment qu'on n'habite pas.
00:44:08 Donc, oui, c'est un bâtiment qu'on habite.
00:44:10 Et malgré tout, il fallait, effectivement,
00:44:12 ne pas faire une articulation.
00:44:15 Donc, il y a une certaine monumentalité.
00:44:17 Et à l'intérieur de cette monumentalité,
00:44:20 grâce au garde-corps, vous voyez, qu'on voit là,
00:44:24 eh bien, il y a la mise en scène, donc, d'une intimité.
00:44:30 Voilà, on le voit très bien ici, vous voyez,
00:44:31 l'opposition, comme ça, d'un côté,
00:44:34 entre, disons, le caractère monumental du conservatoire,
00:44:38 avec les pilotis qui prennent l'apparence des colonnes,
00:44:41 qui soutiennent, donc, la masse du bâtiment.
00:44:43 Et puis, au fond, donc, le garde-corps,
00:44:46 qui se met en scène à l'intérieur de l'oblogia.
00:44:49 D'un côté, vous voyez, donc,
00:44:52 l'affirmation du caractère public de l'édifice.
00:44:57 Et puis, de l'autre côté, donc,
00:44:59 tout en restant emprunt d'une certaine monumentalité,
00:45:02 l'affirmation d'une certaine intimité.
00:45:06 Voilà, on voit l'ensemble des bâtiments
00:45:09 qui sont totalement séparés.
00:45:12 Et justement, ce qui est intéressant aussi,
00:45:13 c'est que, bon, ça dépasse un peu la question du garde-corps,
00:45:17 mais la question aussi, mais pas tant que ça, quelque part,
00:45:21 parce que l'idée, de part en part, c'était vraiment, vous voyez,
00:45:24 de faire ville, donc, de décomposer,
00:45:27 de ne pas faire un bâtiment public qui soit aussi une maison de retraite.
00:45:30 C'est des programmes qui n'ont rien à voir, là, avec l'autre,
00:45:32 mais plutôt de les mettre en légère tension,
00:45:35 pour qu'ils puissent dialoguer les uns avec les autres.
00:45:38 Et aussi, donc, voilà, de faire ville,
00:45:40 de faire rentrer l'espace public à l'intérieur du bâtiment,
00:45:44 de créer une placette.
00:45:45 Et c'est vrai que, voilà, le garde-corps,
00:45:47 on pourrait dire aussi que, voilà, ça permet aussi,
00:45:50 donc, justement, une certaine, disons,
00:45:55 mise en scène de l'intimité dans un espace public.
00:45:58 Et ça permet aussi, quelque part,
00:46:01 ça permet aussi de faire rentrer la ville dans le bâtiment
00:46:03 et de faire rentrer l'intimité dans la ville.
00:46:07 Voilà, très bon dessin de Christian Ponsopart.
00:46:12 Autre exemple, beaucoup plus récent,
00:46:14 c'est l'imam de logement à Boulogne-Billancourt,
00:46:17 qui a été fait par les architectes suisses, Diner et Diner.
00:46:21 Bon, c'est un bâtiment de logement assez classique,
00:46:25 donc, avec des logias, oui, des logias.
00:46:31 Et simplement, il a une double façade,
00:46:32 donc il a une façade qui correspond,
00:46:35 très fonctionnelle, finalement, qui correspond au logement.
00:46:39 Et puis, devant cette façade, il y a une surfaçade
00:46:43 qui, elle, est très dessinée,
00:46:45 et qui reprend plus ou moins l'articulation entre...
00:46:51 Ce sont des panneaux préfabriqués
00:46:53 qui reprennent l'articulation entre la balustrade
00:46:59 et puis la colonnade.
00:47:02 Et c'est vrai que la balustrade, elle est très intéressante,
00:47:04 finalement, parce que, tout à l'heure,
00:47:05 vous voyez, chez Ponsopart, chez La Prade,
00:47:09 c'était des balustres qui étaient, disons, retravaillés.
00:47:12 Bon, c'était simplement de simples parallépipèdes.
00:47:15 L'accent était plutôt mis sur le plein.
00:47:19 Mais comme je l'ai dit au départ, la balustre,
00:47:20 c'est à la fois un plein et un vide.
00:47:23 Et là, c'est plutôt...
00:47:24 L'accent est plutôt mis sur le vide.
00:47:28 Et c'est vrai que quand on passe devant ce bâtiment,
00:47:30 il est très simple, mais il se passe quelque chose.
00:47:34 C'est clair.
00:47:35 Il y a une relation avec la rue
00:47:38 qu'on ne retrouve pas,
00:47:41 qu'on retrouve très peu, d'ailleurs, à Boulogne-Bilancourt.
00:47:45 On voit les deux façades.
00:47:47 C'est à gauche.
00:47:49 Là, c'est la photo de l'agence.
00:47:52 On comprend bien comment ça a été dessiné.
00:47:57 Voilà, mais le garde-corps,
00:47:58 c'est sûr que ça sert aussi à se garder des corps.
00:48:04 Ça, c'est la barrière Vauban,
00:48:05 la barrière de protection anti-foule,
00:48:09 la barrière de la police pour canaliser la foule.
00:48:14 Ce ne sont pas les barrières qui ont été utilisées hier
00:48:16 devant le Conseil constitutionnel.
00:48:18 Mais oui, quand il y a des manifestations,
00:48:22 donc, effectivement, on utilise les barrières.
00:48:25 Et là, ce n'est pas du tout pour protéger les corps.
00:48:27 C'est pour se garder des corps.
00:48:28 C'est pour les mettre au maximum à distance,
00:48:30 si vous voulez, et pour les canaliser.
00:48:33 C'est un peu l'image des émeutiers pro-Trump en 2021,
00:48:40 qui sont canalisés par la police grâce à ces barrières.
00:48:46 Voilà, donc, il y a un côté dans le garde-corps.
00:48:49 Je pense qu'il y a beaucoup...
00:48:51 C'est complexe, bien sûr.
00:48:53 Il y a ce côté protecteur.
00:48:55 Il y a ce côté, disons, sensuel qu'on a vu chez Véronèse.
00:49:00 Et puis là, c'est sûr qu'on n'est plus chez Véronèse.
00:49:03 Et il y a ce côté, au contraire, presque sadien,
00:49:08 ou en tout cas policier, où on canalise les corps.
00:49:14 On les met à distance.
00:49:15 On se garde des corps.
00:49:17 C'est le travail d'Idie Fostineau.
00:49:19 C'est un architecte très intéressant,
00:49:21 toujours à la limite entre l'art et l'architecture,
00:49:24 qui a repris le thème de cette barrière anti-émeute
00:49:29 qui s'appelle barrière Vauban.
00:49:31 Et puis, il a défini lui-même d'autres éléments de barrière.
00:49:38 C'est ce qu'on voit dans l'image.
00:49:40 Et ces éléments de barrière, à la fois,
00:49:43 reprennent la barrière Vauban contemporaine,
00:49:46 mais aussi reprennent les grilles du XVIIe siècle,
00:49:53 les grilles des parcs du XVIIe siècle.
00:49:56 Et quelque part aussi, le dessin, bien sûr,
00:49:58 renvoie au côté militaire, policier de la barrière,
00:50:06 puisqu'il reprend chaque fois l'effort de Vauban avec les barrières.
00:50:12 Il nous rappelle cette dimension, malgré tout.
00:50:17 Il y a une dimension, là, je répète, protectrice,
00:50:20 mais il y a aussi une dimension, disons, presque policière,
00:50:25 sadienne, dans le garde-corps.
00:50:29 Le garde-corps, ça peut être du béton,
00:50:35 ça peut être du marbre, ça peut être du calcaire,
00:50:38 mais c'est vrai qu'on peut aussi le simplifier.
00:50:43 D'ailleurs, c'est tout le travail,
00:50:45 ce n'est pas le seul, bien sûr,
00:50:46 j'aurais pu parler d'autres architectes,
00:50:47 mais c'est le travail de Dyl Sellers et de Jacques Lucan.
00:50:50 À la fois, ils théorisent et puis ils l'emploient.
00:50:57 Donc, ils ont construit quelques logements à Paris.
00:51:02 Dyl Sellers, je crois que pour cette opération,
00:51:05 elle a eu l'équerre d'argent,
00:51:06 ou en tout cas le prix de la première œuvre, peut-être.
00:51:08 Elle a eu un prix, c'est un truc très regardé.
00:51:13 Et c'est vrai que ce qui est intéressant, malgré tout,
00:51:15 dans cette architecture, elle simplifie tout.
00:51:17 Elle se veut banale, minimaliste.
00:51:19 C'est vrai que les éléments sont réduits à l'essentiel.
00:51:22 Qu'est-ce qu'on voit ?
00:51:23 C'est un immeuble de logement social.
00:51:27 Qu'est-ce qu'on voit sur l'image ?
00:51:28 On voit les dalles en béton, c'est sûr, c'est des planchers,
00:51:31 c'est porté, elles sortent, elles deviennent des balcons.
00:51:33 Après, on voit, si vous voulez, les volets.
00:51:36 Ils prennent une importance, ils prennent un relief.
00:51:39 Les volets ne sont pas pivotants,
00:51:44 ils sont coulissants.
00:51:47 Il y a aussi une petite innovation.
00:51:49 Et puis enfin, on voit le garde-corps.
00:51:52 Le garde-corps, il est en métal, il est métallique.
00:51:55 Il est le plus simple possible.
00:51:56 Mais quelque part, comme il y a très peu d'éléments,
00:52:00 tout d'un coup, il prend une certaine profondeur.
00:52:04 Et quand on le regarde,
00:52:07 l'impression, il est simple.
00:52:08 Mais quelque part, dans ce garde-corps,
00:52:10 il y a les garde-corps de la Prade, peut-être.
00:52:15 Il y a aussi, si on cherche bien,
00:52:18 les garde-corps de Véronèse.
00:52:21 Même s'il n'y a pas d'essentialité, mais s'il y en a quand même,
00:52:24 puisque l'alice, l'appui, il est en bois, il n'est pas en métal.
00:52:29 Donc, il y a une sorte de simplification.
00:52:33 Et comme tout est simplifié,
00:52:35 les seuls éléments qui subsistent,
00:52:37 ils prennent un relief extraordinaire.
00:52:41 Autre exemple de ce bâtiment,
00:52:43 au Passage Gois, je l'avais visité.
00:52:46 Il y a un côté un peu carcéral.
00:52:49 Il y a un côté, ça rappelle aussi un petit peu
00:52:52 les architectures de la tendenza italienne,
00:52:54 comme chez Grassi ou Aldorossi.
00:52:56 Mais là, il y a en tout cas, un garde-corps.
00:52:59 Et c'est pareil, vous voyez, quand tout est simplifié,
00:53:02 le garde-corps,
00:53:05 il prend une profondeur.
00:53:07 Même s'il est vraiment réduit au maximum,
00:53:11 il prend une certaine profondeur.
00:53:13 On retrouve les mêmes éléments de vocabulaire.
00:53:16 Les volets coulissants, les fenêtres sont plus étroites.
00:53:19 Les persiennes qui coulissent, ici, elles sont plus étroites.
00:53:24 Et donc, tous ces éléments,
00:53:27 ils acquièrent une certaine inertie,
00:53:30 une certaine profondeur parce que, justement,
00:53:32 ils sont extrêmement sélectionnés.
00:53:35 Et donc, je le répète,
00:53:39 ils parviennent à avoir un relief maximal.
00:53:44 Voilà, et là, c'est de jeunes architectes,
00:53:46 c'est NP2F,
00:53:48 qui sont tout à fait dans cette tendance-là.
00:53:51 Et qui sont assez intéressants.
00:53:53 Ça, c'est un bâtiment très particulier aussi.
00:53:57 C'est la cathédrale des sports à Bordeaux.
00:53:59 Donc, vous voyez, c'est un bâtiment
00:54:00 qui ne demande pas beaucoup de cloisonnement, finalement.
00:54:03 Parce que ce sont des terrains de sport,
00:54:06 qui sont superposés.
00:54:08 Donc, il n'y a pas d'enveloppe.
00:54:13 Le bâtiment, il n'a pratiquement pas d'enveloppe.
00:54:14 Enfin, si, il y a des filets antivents,
00:54:15 mais ils sont pratiquement invisibles.
00:54:17 Et donc, il y a une structure,
00:54:19 parce qu'il y a des poteaux qui tiennent les dalles.
00:54:22 Bien sûr, il faut tenir les dalles,
00:54:23 ou qui tiennent les poutres.
00:54:25 Voilà, il y a des poteaux qui tiennent les poutres,
00:54:27 qui tiennent les dalles.
00:54:28 Et puis, ce dispositif-là, très simple,
00:54:32 il est pratiquement seulement équipé par des garde-corps,
00:54:36 par des garde-corps filaires, comme ceux de Lucan et Sellers.
00:54:40 Et donc, on retrouve cette idée qu'on a vue aussi à Bancock.
00:54:46 Il y a deux éléments comme ça,
00:54:48 qui viennent s'insérer l'un dans l'autre,
00:54:51 avec deux échelles différentes.
00:54:53 Et puis, on peut dire que quelque part,
00:54:54 l'architecture, c'est peut-être ça, simplement.
00:54:56 Il suffit d'avoir des éléments porteurs,
00:54:59 qui symbolisent aussi le bâtiment.
00:55:01 Et puis après, des éléments protecteurs,
00:55:04 qui symbolisent les gens qui occupent le bâtiment.
00:55:07 Et puis, finalement, ça y est, l'architecture est là,
00:55:08 le bâtiment, il est là.
00:55:11 Et c'est un peu ce qu'ils ont développé.
00:55:13 Le projet est en cours.
00:55:15 Donc, on voit la structure en béton.
00:55:19 Et c'est vrai que tout ça, ça a été dessiné, bien sûr.
00:55:22 On voit les proportions.
00:55:24 Il faut porter, mais le dimensionnement,
00:55:27 il est extrêmement juste,
00:55:28 entre les éléments qu'il porte.
00:55:31 Il n'est pas uniquement fonctionnel.
00:55:34 Les retombées de poutres qui portent les dalles.
00:55:38 Tout ça, ça entretient un lointain rapport
00:55:43 avec les colonnes que l'on voyait tout à l'heure
00:55:46 dans les tableaux de Véronèse.
00:55:48 Ensuite, il y a ce qui vient équiper cette structure,
00:55:53 c'est très proche de l'immatériel,
00:55:55 comme justement ce practice de golf
00:55:58 qu'on voit très souvent dans les paysages
00:56:00 des villes japonaises ou asiatiques,
00:56:03 qui vient se greffer sur le bâtiment,
00:56:07 qui vient équiper le bâtiment.
00:56:08 Comme s'il y avait deux types d'éléments.
00:56:11 Les éléments porteurs en béton,
00:56:14 les éléments lourds, inertes, en béton, qui portent.
00:56:18 Et puis, après, les éléments qui sont en béton,
00:56:22 ce sont des éléments beaucoup plus fins
00:56:24 qui viennent équiper cette première structure
00:56:27 et qui permettent de protéger,
00:56:29 de protéger les corps, les actions de ces corps.
00:56:32 Effectivement, les grillages qui sont portés
00:56:37 par la structure en métal,
00:56:38 elles permettent aux gens qui frappent dans les balles de golf
00:56:43 de ne pas les envoyer partout dans la ville.
00:56:45 Et c'est pareil dans les autres salles de sport.
00:56:48 Il y a d'autres éléments,
00:56:52 d'autres dérivés du garde-corps
00:56:55 qui permettent effectivement, quelque part,
00:56:57 de protéger toutes les extensions du corps.
00:57:07 Le mec qui frappe dans une balle de tennis,
00:57:10 c'est lui qui frappe.
00:57:11 La balle, c'est une extension de son corps.
00:57:16 Il ne faut pas qu'elle tombe à l'extérieur.
00:57:18 Et donc, il y aura des filets, des grillages
00:57:25 qui sont comme des extensions de garde-corps
00:57:28 qui vont donc protéger toutes ces actions
00:57:35 très particulières du corps en mouvement, du corps sportif.
00:57:40 C'est la coupe.
00:57:42 Sur l'axonométrie, on voit bien comment ils ont bien dessiné
00:57:48 tous les garde-corps qui viennent s'insérer dans la structure.
00:57:55 Les barres verticales que l'on voit,
00:57:57 ce sont des éléments qui permettent de maintenir
00:58:00 les filets antivents et puis aussi les filets qui protègent,
00:58:04 justement, qui empêchent les balles de sortir du bâtiment.
00:58:12 Voilà, là, on voit aussi, en bas de l'image,
00:58:16 sur le plan, une batterie de salles de sport.
00:58:21 Je crois que c'est des cours de tennis.
00:58:24 Et tous ces cours de tennis, après,
00:58:25 ils sont protégés par des garde-corps.
00:58:30 Voilà, l'image est assez juste.
00:58:35 L'architecture, l'association, l'articulation,
00:58:42 l'intégration de deux types d'éléments,
00:58:44 les éléments porteurs et les éléments protecteurs.
00:58:48 Et là, c'est les images,
00:58:55 les représentations avant la construction.
00:58:58 Mais vous voyez, ce qui est intéressant aussi,
00:58:59 c'est qu'ils utilisent le garde-corps.
00:59:02 Le garde-corps, ça fait référence au corps.
00:59:05 Ça fait référence à des usages du corps.
00:59:07 Et la représentation, elle tient compte.
00:59:10 Elle est très inspirée, quelque part, du douanier Rousseau.
00:59:14 Elle est très naïve.
00:59:15 Et quelque part, elle cherche aussi à mettre en évidence
00:59:18 les différents usages qui peuvent avoir lieu dans le bâtiment.
00:59:22 Ce n'est pas très explicite.
00:59:23 Je crois qu'on va voir peut-être tout à l'heure
00:59:25 des images qui le sont plus.
00:59:27 Ce n'est pas très explicite.
00:59:28 Mais vous voyez, on sent quand même, malgré tout,
00:59:31 que c'est quelque chose d'habité.
00:59:33 Ça, c'est un terrain de mini-golf.
00:59:36 On comprend finalement que...
00:59:38 Ça, c'est mis dans la représentation du projet.
00:59:42 Et on comprend que, justement,
00:59:44 il y a effectivement l'insertion des deux registres.
00:59:46 Vous voyez, le registre primaire,
00:59:50 le registre majeur, les colonnes en béton,
00:59:52 et puis le registre mineur.
00:59:54 Les colonnes en béton, ça permet d'affirmer
00:59:56 une certaine monumentalité.
00:59:58 Et le registre mineur, lui, ça permet de correspondre
01:00:02 à de multiples usages dont la perspective rend compte.
01:00:08 Voilà. Autre, toujours, NP12F,
01:00:12 mais avec une agence belge,
01:00:16 l'agence Office Kerst & Gers,
01:00:21 et David Van Severen.
01:00:24 Donc, ils ont travaillé sur la caserne Røy.
01:00:27 Ils ont fait des logements.
01:00:30 Ils ont réhabilité la caserne en logement.
01:00:33 Une partie de la caserne en logement, pardon.
01:00:34 Et puis, ils ont fait des constructions neuves.
01:00:36 Et vous voyez, c'est intéressant parce que...
01:00:38 Voilà, donc, tous ces bâtiments nouveaux,
01:00:42 ils ont pratiquement le...
01:00:44 C'est un peu la leçon de Lucan, je ne pense pas,
01:00:47 mais en tout cas, il y a des correspondances
01:00:49 entre Lucan et ce type d'architecture.
01:00:53 Parce que tout est très simple.
01:00:54 Les fenêtres sont carrées.
01:00:56 Les fenêtres, tout est fait pour faire en sorte que,
01:01:00 même si les choses sont différentes,
01:01:01 parce que le bâtiment à droite,
01:01:03 il est plus percé que le bâtiment à gauche,
01:01:05 mais les fenêtres, elles ont pratiquement la même proportion.
01:01:08 Et donc, on a l'impression que, finalement, la façade,
01:01:10 c'est simplement une trame,
01:01:12 une trame carrée qui est découpée.
01:01:15 Et puis après, voilà, il y a très peu d'éléments.
01:01:17 Donc, il y a les balcons et puis, bien sûr, les garde-corps.
01:01:20 Et surtout, surtout, vous voyez,
01:01:23 vous avez même un garde-corps qui est en toiture,
01:01:25 mais la toiture, elle n'est pas accessible.
01:01:27 Donc, c'est un garde-corps,
01:01:29 exactement comme le garde-corps de Versailles,
01:01:32 de Jules Ardouin-Van Saar,
01:01:34 ou le garde-corps de Sainte-Suzanne, de Carlo Maderno.
01:01:36 Mais c'est un élément qui est autonome,
01:01:39 un élément de l'architecture qui est autonome.
01:01:40 En fait, si vous voulez,
01:01:42 ils avaient quand même besoin de mettre une ligne de vie
01:01:44 pour les gens qui devaient,
01:01:47 qui devaient monter sur la terrasse
01:01:48 pour réparer toutes les gaines
01:01:51 qui sont en général mises en toiture.
01:01:53 Mais plutôt que de mettre une ligne de vie,
01:01:54 donc, effectivement, ils ont préféré
01:01:57 mettre carrément, donc, un garde-corps.
01:01:59 Ce garde-corps, justement, comme le garde-corps
01:02:03 qui était employé par Mansart,
01:02:05 comme la balle lustrale qui était employée par Mansart à Versailles,
01:02:07 permettent, vous voyez, de mettre,
01:02:12 de se constituer comme un couronnement du bâtiment.
01:02:17 Voilà, donc,
01:02:19 des balcons, des garde-corps, des fenêtres carrées,
01:02:23 des stores, et tout est simple,
01:02:26 et tout est mis en avant.
01:02:29 Et justement, comme ces éléments, vous voyez,
01:02:31 comme le garde-corps, la fenêtre,
01:02:34 sont mis en avant, c'est quelque part...
01:02:35 Bon, bien sûr, tout est rigoureusement tramé.
01:02:37 Ce sont vraiment des bâtiments qui sont,
01:02:40 disons, très étudiés géométriquement.
01:02:43 C'est une géométrie.
01:02:44 Voilà, on rentre dans une géométrie,
01:02:47 ça, c'est évident.
01:02:48 On rentre dans une géométrie,
01:02:50 et cette géométrie, c'est vrai que,
01:02:52 voilà, elle va peut-être élever,
01:02:55 elle va dresser les habitants,
01:02:58 elle va les dresser à l'ordre géométrique.
01:03:01 Mais en même temps, voilà, donc,
01:03:02 il y a une certaine licence qui est donnée, justement,
01:03:05 par tous ces éléments domestiques
01:03:08 qui arrivent au premier plan,
01:03:09 comme le garde-corps, comme le store,
01:03:12 comme la manuterie de la fenêtre.
01:03:14 Et donc, il y a une certaine...
01:03:16 Il y a une relation, disons,
01:03:19 assez harmonieuse entre ce qui est de l'ordre
01:03:21 de la dureté architecturale,
01:03:25 et puis, au contraire, ce qui est de l'ordre de la licence.
01:03:29 Voilà, c'est la manière dont il travaille, vous voyez.
01:03:33 Parce que ça intègre les garde-corps,
01:03:34 mais ça intègre aussi le pot de fleurs,
01:03:36 et puis, il réfléchit toujours, donc,
01:03:38 aux usages, aux situations.
01:03:41 D'une certaine part, les situations,
01:03:42 même si elles ne sont pas clairement représentées,
01:03:45 elles font absolument partie du projet,
01:03:47 et puis elles entrent, donc,
01:03:49 malgré tout, dans sa représentation intérieure.
01:03:53 Donc, toujours l'idée d'ordre,
01:03:55 un dessin très naïf, vous voyez,
01:03:56 donc, qui ne rappelle pas,
01:03:58 pas du tout Véronèse, mais plutôt Odonis Rousseau,
01:04:00 avec toutes ses plantes, comme ça,
01:04:02 toutes ses plantes domestiques,
01:04:05 très communes,
01:04:07 et qui créent, malgré tout,
01:04:08 une sorte d'impression de...
01:04:11 d'étrangeté.
01:04:13 Et là, les garde-corps, voilà,
01:04:15 qui couronnent le bâtiment.
01:04:17 Vous voyez, c'est des garde-corps très compliqués,
01:04:19 parce qu'en fait, vous voyez,
01:04:20 les garde-corps des balcons,
01:04:21 ils sont simples,
01:04:22 le garde-corps, il est simplement fixé
01:04:25 sur la dalle du balcon,
01:04:26 la dalle du balcon, elle n'est pas isolée,
01:04:28 et par contre, sur la terrasse,
01:04:30 sur la toiture, vous voyez,
01:04:32 on voit les éléments obliques,
01:04:35 ce qui permet de tenir le garde-corps,
01:04:38 parce que le garde-corps, il n'est pas...
01:04:40 il ne vient pas se fixer directement sur la dalle,
01:04:43 puisque la dalle, elle est protégée par une étanchéité,
01:04:45 donc ça devient un truc...
01:04:47 ça paraît simple,
01:04:49 mais ça devient un truc...
01:04:51 ça paraît simple,
01:04:52 mais c'est un truc qui est hyper complexe.
01:04:54 Voilà, mais là, bien sûr,
01:04:59 il n'y a presque rien,
01:05:00 mais quand même, malgré tout,
01:05:02 tout ce qu'on attend de la domesticité,
01:05:06 c'est présent.
01:05:08 Et là, par exemple, c'est dû, vraiment,
01:05:11 au garde-corps métallique
01:05:14 qui vient ceinturer le balcon.
01:05:16 Voilà, et là, c'est le truc dont je parlais tout à l'heure,
01:05:18 vous voyez,
01:05:19 le garde-corps ne peut pas être spité sur la dalle,
01:05:22 parce qu'il y a une étanchéité,
01:05:24 et donc ça demande un système très complexe
01:05:27 pour pouvoir le poser sur la terrasse,
01:05:29 et puis ensuite sur la toiture.
01:05:31 Voilà, autre exemple encore de balcon et de garde-corps,
01:05:37 c'est la rénovation
01:05:41 de la préfecture de Paris,
01:05:47 qui a été faite par David Schipperfield.
01:05:50 La préfecture de Paris, c'est un bâtiment de la prane,
01:05:53 c'est le bâtiment administratif des années 50.
01:05:57 Donc, oui, c'était après la guerre,
01:05:59 les choses se remettent en place,
01:06:01 il faut vraiment affirmer le pouvoir de l'État.
01:06:04 Donc, voilà, c'est un bâtiment classique,
01:06:07 extrêmement dur,
01:06:09 avec des...
01:06:11 Enfin, néoclassique, extrêmement dur.
01:06:13 Voilà, donc, c'est des bureaux très simples.
01:06:16 Là, c'est la façade de la rue derrière,
01:06:19 la rue Agrépas-le-Bigné,
01:06:21 vous voyez donc des poteaux qui sont engagés dans la façade,
01:06:25 avec des fenêtres, des bureaux.
01:06:27 Et puis là, c'est le travail de David Schipperfield
01:06:29 que je trouve absolument génial,
01:06:31 parce qu'il a juste, vous voyez, inséré des balcons,
01:06:34 et surtout des garde-corps filaires,
01:06:36 dans cette colonnade,
01:06:38 et tout d'un coup, il a tout changé.
01:06:40 Il a changé complètement l'échelle du bâtiment,
01:06:43 et surtout, il a trouvé le bon dosage, vous voyez,
01:06:46 entre l'échelle monumentale, qui est conservée, bien sûr,
01:06:50 et puis l'échelle domestique,
01:06:52 qui vient l'atténuer, vous voyez.
01:06:54 C'est vrai que c'est pas la préfecture de Paris,
01:06:58 c'est vraiment donc un immeuble d'habitation,
01:07:03 et tout ça, vous voyez, grâce à l'insertion
01:07:06 d'un rythme minuscule
01:07:09 dans un rythme majuscule.
01:07:13 Voilà.
01:07:15 On peut aussi, bien sûr, mettre le garde-corps d'exerc'.
01:07:18 Bon, ça, c'est juste le projet d'un de mes étudiants de diplôme.
01:07:22 Je sais pas son nom, je pense.
01:07:24 Bon, peu importe.
01:07:26 Il travaille sur la gare du Nord,
01:07:30 et il veut faire au-dessus des voies,
01:07:34 donc, une école de commerce.
01:07:36 Il a beaucoup travaillé, beaucoup fait d'essais,
01:07:39 et donc, il a beaucoup...
01:07:45 Et parmi ses essais, il y avait cet essai-là
01:07:48 qui m'avait vraiment intrigué,
01:07:50 parce que, vous voyez, c'est toujours pareil,
01:07:53 c'est juste deux éléments, et ça fait le bâtiment.
01:07:56 Ou trois éléments avec l'escalier.
01:07:58 Il y a la structure, donc il y a les poteaux,
01:08:01 des dolphines, et puis un système de poutraison,
01:08:05 et il y a aussi,
01:08:07 un système de poutraison,
01:08:09 et puis les gardes-corps.
01:08:11 Les gardes-corps, c'est vrai qu'ils sont,
01:08:13 mais je trouve parfaitement...
01:08:15 Bon, c'est pas des gardes-corps, disons, filaires,
01:08:18 comme tout à l'heure, ils sont un tout petit peu plus compliqués,
01:08:21 mais ils rentrent parfaitement, vous voyez,
01:08:23 en correspondance avec la structure du bâtiment,
01:08:26 et ils font que, voilà, ces deux éléments,
01:08:29 ça devient...
01:08:31 Oui, c'est pas simplement...
01:08:33 On voit pas un bâtiment non fini,
01:08:35 c'est une architecture, c'est-à-dire qu'il y a des éléments qui portent,
01:08:39 et puis des éléments qui protègent,
01:08:41 et ça devient effectivement un bâtiment, une architecture, un bâtiment.
01:08:45 Autre exemple, c'est le logement de la rue Campagne-Première
01:08:54 de Francis Solaire.
01:08:56 Ce sont des logements privés, donc, rue Campagne-Première,
01:08:59 c'est vrai que c'est au cœur de Paris,
01:09:02 mais c'est vrai que c'est un truc assez...
01:09:05 Il fallait, je pense, en parler.
01:09:07 C'est peut-être pas le meilleur projet qu'il a fait,
01:09:09 parce qu'il a fait aussi rue Cardinet,
01:09:11 mais rue Cardinet, je l'ai pas visitée,
01:09:14 donc je préférais parler de celui-là.
01:09:17 Parce que quand on rentre dans la cour, c'est vrai qu'on est hyper impressionnés,
01:09:20 parce qu'il y a un côté très dur,
01:09:22 parce qu'on est vraiment confrontés à ces gardes-corps
01:09:25 comme des boucliers de CRS,
01:09:29 et puis, voilà, mais quelque part,
01:09:32 bon, pourquoi pas, pourquoi pas, pourquoi pas,
01:09:35 renforcer l'idée de protection
01:09:38 avec ces gardes-corps en tri métallique,
01:09:41 parce que c'est vrai qu'après, les bâtiments,
01:09:44 il y a des grandes terrasses, il y a des balcons,
01:09:46 mais on se sent très protégés,
01:09:50 on se sent hyper protégés,
01:09:53 parce que justement, les gardes-corps,
01:09:55 c'est vraiment l'élément constitutif de la façade.
01:10:00 Derrière les balcons, il n'y a pratiquement pas de façade,
01:10:03 tout est vitré, et là encore, vous avez la structure,
01:10:07 et puis après, devant, l'équipement de cette structure,
01:10:12 un des éléments qui viennent protéger les corps.
01:10:14 Et vous voyez, les gardes-corps, on le voit parce qu'on voit la lisse,
01:10:17 ils sont beaucoup plus hauts qu'habituellement,
01:10:20 pour justement avoir cette idée d'une sorte de sur-protection
01:10:24 des corps.
01:10:27 Habiter dans un endroit, vous voyez,
01:10:31 où on se sent quelque part,
01:10:34 qui est totalement ouvert,
01:10:36 mais dans le même moment, où on se sent tout à fait sur-protégés.
01:10:40 Tout est ouvert,
01:10:47 tout est absolument ouvert,
01:10:50 il y a toute la façade vitrée,
01:10:52 mais en même temps, on est sûrs, sûrs, protégés.
01:10:56 Le garde-corps, bien sûr, on va voir qu'on peut aussi chercher
01:11:04 à le rendre transparent, presque,
01:11:08 à faire en sorte qu'il s'évanouisse,
01:11:11 qu'il disparaisse.
01:11:14 Tout ça, c'est les gardes-corps en verre, en stadie,
01:11:17 ce verre trempé, là, qui est extrêmement solide.
01:11:22 Là, par exemple, c'est un projet de l'atelier Capetil,
01:11:28 en verre.
01:11:30 Il est vraiment assez étonnant, parce que c'est un projet
01:11:34 où tout tient, par la proportion de la structure porteuse.
01:11:39 Il y a des doubles niveaux au niveau du rez-de-chaussée,
01:11:43 ce sont des commerces,
01:11:47 ce ne sont pas des commerces, mais des agences immobilières,
01:11:50 des choses comme ça, des services, des commerces.
01:11:53 Donc, il y a un rez-de-chaussée et un entre-sol,
01:11:56 ça crée un double niveau.
01:11:58 Après, il y a des commerces et des bureaux,
01:12:04 et puis après, vous voyez, c'est des logements,
01:12:07 donc ça se retrécit.
01:12:09 Et puis, enfin, en toiture, tout ça remonte
01:12:13 pour créer un effet datique,
01:12:15 comme on l'a vu chez Mansart tout à l'heure.
01:12:18 Vous avez vraiment, d'abord, le socle du bâtiment,
01:12:21 très profond, ensuite, les étages nobles,
01:12:25 et puis ensuite, effectivement, un couronnement
01:12:29 avec une plus grande distance
01:12:32 entre la dalle qui termine l'opération
01:12:36 et puis la dalle du quatrième étage.
01:12:41 Revenir avec très peu d'éléments,
01:12:46 revenir aux proportions pratiquement
01:12:49 du Palais Médicis à Rome, de Saint-Gallop.
01:12:53 Il y a une base, un corps de bâtiment,
01:12:57 un couronnement, essayer de retrouver
01:13:00 quelque chose de classique avec très peu d'éléments.
01:13:03 Et là, le plan, bien sûr, il est très chinkolien,
01:13:06 très simple, c'est un carré,
01:13:08 avec une cour, un patio au centre,
01:13:11 et puis de très très grands balcons,
01:13:13 plus de 2 mètres de large,
01:13:15 et de très très grandes coursives aussi
01:13:17 qui donnent sur la cour.
01:13:18 La façade sur cour, j'aurais pu la montrer
01:13:20 parce que c'est des garde-corps filaires, en métal,
01:13:23 et par contre, sur la façade, il n'y a rien.
01:13:27 C'est juste un garde-corps à peine perceptible,
01:13:30 un garde-corps en verre, un garde-corps en salipe,
01:13:33 pour qu'ils ne viennent pas interférer
01:13:35 avec le rythme, vraiment très contrôlé,
01:13:39 très pensé, des éléments en béton préfabriqué,
01:13:42 qui tiennent les différents plateaux,
01:13:45 les différents niveaux.
01:13:47 Et la plus grande hauteur sous plafond,
01:13:49 au dernier étage,
01:13:50 en fait, elle ne concerne que le balcon,
01:13:52 parce que je crois qu'on voit la coupe après.
01:13:54 Donc, vous voyez, là, il y a une grande hauteur
01:13:57 sous plafond, mais après, il y a un creux,
01:13:59 et c'est là où on va mettre toutes les gaines,
01:14:03 toutes les...
01:14:06 Comment on dit ça ?
01:14:08 Toute la ventilation mécanique,
01:14:10 tout ça, ça va être mis là,
01:14:12 et ce n'est absolument pas vu de l'extérieur,
01:14:14 ni des immeubles avoisinants.
01:14:16 Et en plus, cet élément-là, il permet ça,
01:14:19 mais il permet aussi d'avoir un véritable couronnement.
01:14:22 Et puis là aussi, on voit, vous voyez,
01:14:24 la façade sur la cour, avec les garde-corps filaires,
01:14:26 qui est plus domestique que la façade principale,
01:14:29 parce que, justement, c'est la façade décoursive,
01:14:32 et donc, on le comprend.
01:14:36 Une sorte d'ouverture totale sur...
01:14:41 sur le fleuve.
01:14:44 Autre exemple, ces reflets en Seine,
01:14:47 l'opération de Jean-Marc Hibos et Myrtovitar.
01:14:52 Et là, c'est vrai que toute la réflexion des architectes,
01:14:57 c'est là-dessus, c'est sur le balcon,
01:15:00 sur le garde-corps, sur, effectivement,
01:15:02 avoir... être protégé,
01:15:04 parce que quand même, on est à Boulogne-Billancourt,
01:15:06 on est face à la Seine,
01:15:08 donc s'ouvrir au maximum sur la Seine,
01:15:10 mais tout en ayant une protection maximale,
01:15:13 sans voir véritablement la protection.
01:15:16 Voilà, parce qu'on voit un petit peu sur l'image, vous voyez,
01:15:18 vous avez les garde-corps finants, ici, en verre,
01:15:23 et puis derrière, vous voyez, à certains endroits,
01:15:26 on voit, c'est fermé,
01:15:28 parce que c'est une loggia qui peut se fermer
01:15:30 grâce à des panneaux vitrés, sans menuiserie,
01:15:33 qui coulissent et qui pivotent,
01:15:35 donc qui se ferment ou qui s'ouvrent, là c'est ouvert, voilà.
01:15:38 Là c'est fermé, là c'est ouvert.
01:15:40 Là, c'est le système, vous voyez,
01:15:43 le garde-corps vitré,
01:15:46 les éléments vitrés
01:15:50 qui coulissent et qui pivotent,
01:15:52 pour fermer le balcon,
01:15:55 et donc avoir un espace totalement protégé.
01:15:59 Et puis en plus, bien sûr, la surface du balcon,
01:16:01 elle est en inox poly,
01:16:03 qui réfléchit le paysage.
01:16:05 Vous voyez, il y a une sorte de, à la fois,
01:16:07 tout est ouvert,
01:16:10 mais on est totalement protégé,
01:16:13 et puis la protection, elle n'est pas visible,
01:16:15 puisqu'elle est totalement transparente.
01:16:18 Autre exemple, c'est la maison des adolescents à Paris.
01:16:22 C'est surtout la terrasse qui est intéressante,
01:16:26 enfin, qui est intéressante, qui nous intéresse,
01:16:28 puisque c'est là où il y a un garde-corps.
01:16:30 Et en fait, le garde-corps, si vous voulez,
01:16:32 il n'est pas du tout à l'échelle humaine,
01:16:34 c'est un garde-corps qui fait plus de 2 mètres de haut,
01:16:37 et qui implique, quelque part,
01:16:41 un autre rapport à l'extérieur,
01:16:43 et donc, on ne peut pas trop le toucher,
01:16:47 on ne peut pas si adosser,
01:16:52 on ne peut pas s'y accouder,
01:16:56 il est très haut.
01:16:58 Et par contre, ce qui permet,
01:17:00 en plus, il est en porte-à-faux,
01:17:02 la terrasse, elle est vraiment posée,
01:17:04 c'est presque un peu comme de l'architecture industrielle,
01:17:06 où les bâtiments sont construits les uns sur les autres,
01:17:10 au fur et à mesure de l'évolution du travail,
01:17:13 au fur et à mesure de la grandeur de l'entreprise,
01:17:16 c'est un petit peu pareil.
01:17:17 La terrasse, elle semble avoir été posée après,
01:17:20 donc au-dessus du bâtiment,
01:17:22 elle semble en lévitation, au-dessus du bâtiment,
01:17:26 et c'est pareil, les corps qui sont sur la terrasse,
01:17:28 ils semblent, quelque part, un petit peu désincarnés,
01:17:32 en lévitation, comme ça, au-dessus des bâtiments,
01:17:36 et surtout, on va le voir, ils se mettent en scène,
01:17:39 donc ils sont cadrés, au-dessus du bâtiment.
01:17:46 Pour terminer,
01:17:49 vous voyez, on a vu le côté,
01:17:53 disons, charnel du garde-corps, sensuel.
01:17:57 Le garde-corps, on s'appuie, on le touche,
01:18:00 et c'est le garde-corps, ou la balustrade,
01:18:03 elle permet justement de mettre cette échelle-là
01:18:07 en évidence, ce qui est la grande invention, peut-être, du 15e siècle,
01:18:11 de mettre cette dimension en évidence sur la façade.
01:18:15 Et puis là, on a vu, avec Ivo Sivitar,
01:18:18 que finalement, peut-être, on pouvait imaginer
01:18:23 une autre vision des corps, une vision plus désincarnée,
01:18:28 où l'important, ce n'est pas de s'adosser,
01:18:31 ce n'est pas de toucher, c'est de regarder.
01:18:35 En plus, c'est vrai que la maison des adolescents, c'est pour les anorexiques,
01:18:38 donc on imagine peut-être un autre rapport aux choses,
01:18:42 un autre rapport...
01:18:44 En plus, l'anorexie, c'est un mâle qui se développe,
01:18:47 enfin, un mâle, c'est une attitude, disons, qui se développe de plus en plus.
01:18:51 Donc on peut imaginer, vous voyez,
01:18:54 une sorte de petite révolution,
01:18:57 ou une sorte de nouveau rapport aux choses,
01:19:00 vous voyez, disons, imaginer des garde-corps
01:19:04 qui, justement,
01:19:07 d'ailleurs c'est pareil chez Campetti,
01:19:08 qui ne possèdent pas cette dimension tactile, sensuelle,
01:19:12 mais c'est surtout le côté visuel qui est important.
01:19:16 Et là, je voudrais terminer par une maison, justement,
01:19:19 mais sans aucun garde-corps,
01:19:21 et justement, quand même, faire voir cette image
01:19:24 de Nolim et Tanguere, d'Efrangelico.
01:19:26 Nolim et Tanguere, c'est un thème pictural,
01:19:32 qui se développe au Moyen-Âge et puis à la Renaissance.
01:19:37 C'est le Christ qui sort de son tombeau,
01:19:40 et puis rencontre Marie-Madeleine,
01:19:42 et elle s'approche de lui, et lui dit "ne me touche pas".
01:19:46 C'est tout, c'est "ne me touche pas",
01:19:48 parce qu'effectivement, il est ressuscité,
01:19:50 donc il n'est plus vivant.
01:19:52 Et peut-être aussi, ce que je voudrais voir maintenant,
01:19:55 c'est peut-être une architecture,
01:19:57 pour les héros lazariens,
01:20:07 ceux qui ne veulent pas s'incarner,
01:20:11 et puis comme cette image du Christ ressuscité,
01:20:17 qui sont morts et qui sont ressuscités.
01:20:20 D'ailleurs, j'avais dit à une de mes étudiantes
01:20:23 de lire la Nouvelle-Éborgèse,
01:20:28 la "Cité des Immortels",
01:20:32 là où on voit, c'est un mec qui cherche la "Cité des Immortels",
01:20:37 il arrive à la cité, il voit des types qui se votent par terre,
01:20:41 et puis il voit une cité en marbre, complètement magnifique,
01:20:45 et puis il rentre dans la cité, mais elle est complètement irrationnelle,
01:20:48 elle n'est pas faite pour être habitée,
01:20:50 et il s'aperçoit que les gens qui sont par terre, qui sont dehors,
01:20:53 sont les immortels.
01:20:55 Donc, essayer de réfléchir peut-être à une architecture
01:20:59 pour les désincarner, pour les immortels.
01:21:05 Et c'est ça, je trouve, peut-être la vraie question,
01:21:10 de cette maison dont je vais vous parler maintenant,
01:21:12 c'est la maison d'Alain Guilleux,
01:21:14 Alain Guilleux c'est intéressant, et de Dominique Rouillin,
01:21:17 ils sont à la fois architectes, et très connus pour leurs travaux,
01:21:22 notamment sur l'architecture du XXe siècle,
01:21:25 notamment Dominique Rouillin pour son travail sur l'architecture radicale,
01:21:31 et puis Alain Guilleux, il a été conservateur au Centre Pompidou,
01:21:36 et responsable du CCI pendant longtemps,
01:21:39 et c'est lui qui avait mis en relation les collections du Centre Pompidou
01:21:43 avec le bâtiment.
01:21:45 Et là, c'est vrai qu'ils ont fait l'extension de leur maison de campagne,
01:21:50 et c'est vrai que c'est un véritable projet manifeste,
01:21:54 parce que c'est un projet où il n'y a pratiquement pas de garde-corps,
01:21:59 dans toute l'extension, il n'y a pas de garde-corps,
01:22:01 tout est vitré, il n'y a pas de garde-corps, il n'y a pas de protection,
01:22:05 on va le voir tout à l'heure,
01:22:07 ça ce sont des meubles d'Aldorossi, qui sont posés là-dedans,
01:22:12 et en fait ce ne sont pas des meubles pour s'asseoir,
01:22:14 ce sont plus des meubles que l'on a envie de regarder,
01:22:17 et que l'on a envie de s'imaginer assis dessus.
01:22:20 C'est une architecture, pas d'anorexique,
01:22:25 c'est Gilles Deleuze qui parlait justement de héros lazariens,
01:22:32 en citant notamment un livre, je ne me rappelle pas l'auteur,
01:22:40 qui s'appelle Lazare, les gens qui ressuscitent,
01:22:43 les gens qui sont déjà morts,
01:22:49 on n'est plus dans le mouvement, on est totalement retiré,
01:22:56 et là c'est vrai qu'on a l'impression que c'est une architecture
01:22:59 pour héros lazariens, pour immortels,
01:23:04 une architecture où il n'y a plus vraiment d'espace,
01:23:09 il y a plutôt du temps, parce que ce qui est intéressant,
01:23:12 ce sont mes photos, elles ne sont pas géniales,
01:23:14 mais ce qui est vraiment fascinant dans ce bâtiment,
01:23:16 c'est qu'il piège pratiquement l'ombre,
01:23:19 il piège la lumière qui change toute la journée,
01:23:23 et c'est vrai qu'il rend parfaitement compte du temps,
01:23:26 et par contre il est rigoureusement inhabitable,
01:23:29 on ne peut pas y aller, tout est ouvert,
01:23:31 ce sont des caillemotis métalliques,
01:23:33 c'est génial, mais après l'hiver c'est inhabitable,
01:23:36 et surtout il y a des escaliers, ils n'ont pas de garde corps,
01:23:39 ils ont des petits enfants, mais ils ne peuvent pas rentrer là-dedans,
01:23:42 parce qu'ils ont interdiction absolue de rentrer dans les extensions,
01:23:46 sinon on ne les reverrait plus, c'est clair,
01:23:48 soit ils se tuent en montant l'escalier,
01:23:50 et s'ils arrivent à passer l'escalier,
01:23:52 ils se tueront en tombant, parce que là-bas il y a une grande baie vitrée,
01:23:56 mais il n'y a pas de protection.
01:23:58 L'idée d'un espace totalement sans protection,
01:24:04 un espace totalement mental, totalement abstrait,
01:24:10 une architecture peut-être aussi,
01:24:13 puisqu'on est aussi dans la période de l'intelligence artificielle,
01:24:18 une architecture qui n'est pas faite pour le corps,
01:24:21 mais plutôt faite uniquement pour le cerveau.
01:24:26 La baie vitrée, là-bas, elle s'ouvre, il y a 4 mètres qui tombent,
01:24:32 et il n'y a aucune protection.
01:24:34 C'est une situation qui se retrouve plusieurs fois dans la maison.
01:24:37 Par contre, qui piège parfaitement tous les reflets, tous les changements,
01:24:44 chaque seconde, jamais la maison n'est semblable à elle-même,
01:24:50 elle change parfaitement,
01:24:52 c'est comme si le temps s'était complètement détaché de l'espace et du mouvement,
01:24:58 c'est comme si l'intelligence était complètement séparée du corps,
01:25:03 alors que le garde-corps, bien sûr, nous rappelle exactement le contraire.
01:25:10 Merci.
01:25:12 (Applaudissements)

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