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Anne Fulda reçoit Isabelle Duquesnoy pour son livre «La Chambre des diablesses» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 - Bienvenue à l'heure des livres Isabelle Duquenois.
00:02 - Merci.
00:02 - Vous êtes historienne, vous avez déjà écrit plusieurs romans historiques
00:06 parmi lesquels "La Pâqueline" ou "Les mémoires d'une mère monstrueuse",
00:10 "La redoutable veuve Mozart" et vous venez là de publier "La chambre des diablèses".
00:14 C'est paru chez Robert Laffont.
00:16 Alors c'est un récit enlevé, plein d'humour, de réalisme, avec des dialogues toniques
00:23 qui nous emmènent sous le règne de Louis XIV.
00:25 Alors c'est pas du tout Louis XIV côté polissé.
00:29 Vous avez choisi de raconter les turpitudes de finalement la plus célèbre criminelle
00:35 tueuse en série de l'époque, Catherine Monvoisin. Pourquoi ce choix ?
00:39 - Tout a commencé à la lecture d'une lettre de Madame de Sévigné
00:45 qui racontait le bûcher de la voisin, qui s'appelle en réalité Catherine Monvoisin.
00:50 Et dans cette lettre, elle expliquait à quel point la voisin avait refusé
00:56 de faire amende honorable, ce qui consiste à demander pardon sur l'épargne de Notre-Dame,
01:02 qu'elle avait mis des coups de pied dans les brindilles qui devaient déclencher
01:06 l'embrasement de son bûcher, qu'elle avait traité le prêtre de tous les noms.
01:10 Et en lisant cette lettre, je me suis dit "mais elle est pour moi, celle-ci".
01:13 Et ensuite je me suis documentée essentiellement aux archives de l'arsenal.
01:18 Et ce qui m'a intéressée, c'est le contraste entre cette femme
01:22 qui avait un discours extrêmement polissé quand elle s'adressait aux gens de la cour
01:27 et à son côté très poissonnière, poissarde, lorsqu'elle était dans le privé, en famille
01:32 ou avec ses clientes désargentées. Donc c'est les deux visages de cette femme.
01:37 - Alors vous commencez d'ailleurs par cette exécution, avec moult détails,
01:41 et on en parlait juste avant que l'émission commence.
01:43 Je vous disais, vous avez l'air de vous amuser en écrivant.
01:47 Est-ce que vous m'avez confirmé ? Vous vous amusez en écrivant ce livre ?
01:51 - Je jubile. J'aime écrire avec un récit très littéraire.
01:56 Je suis attachée à la vérité historique. En tout cas, je source et je vérifie mes informations.
02:03 Et j'aime me lâcher dans les dialogues, parce que quand l'héroïne est un peu barrée,
02:09 comme celle-ci, c'est quand même une facilité, c'est un plaisir.
02:13 Et je trouve que c'est aussi ce qui apporte une légèreté au récit,
02:17 parce qu'il s'agit quand même d'une criminelle, d'une empoisonneuse,
02:21 d'une femme qui a tué énormément de monde de sang-froid.
02:24 Et mettre cet humour dans mes dialogues, je pense, apporte de la légèreté
02:29 qui est nécessaire pour ne pas déprimer.
02:32 - Alors vous mettez de la légèreté dans vos dialogues, mais vous êtes historienne.
02:36 Vous vous attachez à ce que les faits soient vrais, ou en tout cas peut-être vrais sans blâme.
02:41 - Vérifiés.
02:42 - Et ce que vous disiez aussi, j'ai trouvé ça amusant.
02:45 Vous dites que vous écriviez en vous disant,
02:48 "Si Catherine de mon voisin était encore vivante, est-ce qu'elle m'attaquerait en diffamation ?
02:54 Est-ce qu'elle accepterait, elle se reconnaîtrait dans ses dialogues ?"
02:57 Je trouve que c'est amusant.
02:59 - Oui, c'est un souci que j'ai.
03:01 C'est-à-dire que comme j'aime écrire sur des personnages qu'on dirait déglingués,
03:07 je me pose souvent la question, est-ce que si elle vivait aujourd'hui,
03:11 est-ce qu'elle me poursuivrait en diffamation ?
03:14 C'est aussi le souci de l'historienne que je suis,
03:17 c'est de faire attention à ne pas trahir la mémoire ou l'histoire de quelqu'un
03:22 qui aujourd'hui ne peut plus se défendre, même si son attitude est indéfendable.
03:26 - Vous parlez de personnages déglingués, presque monstrueux.
03:29 C'est un peu un fil rouge chez vous, dans tout votre patte, c'est ça ?
03:35 - Oui, j'aime bien.
03:37 C'est-à-dire que concernant le 17e, 18e et 19e siècle,
03:41 on a surtout beaucoup raconté les fastes, la vie à la cour, les ors et le velours rouge.
03:47 Moi, j'aime raconter ce qui se passe dans les coulisses.
03:51 Je me dis historienne impertinente et j'aime raconter l'histoire vue par les trous de serrure.
03:57 - Oui. Alors rien ne vous arrête.
03:59 Parce que dans vos pages, on tue, on exécute, on sacrifie des nourrissons, on s'invective.
04:04 C'est...
04:06 - Mais je n'ai rien inventé.
04:08 - Vous n'inventez rien.
04:10 - Alors, dans le livre, c'est la fille de la voisin, Marie-Marguerite,
04:15 âgée de 21 ans, qui raconte l'exécution.
04:18 Et puis, on la soupçonne, on ne va pas dévoiler l'intrigue,
04:22 mais on la soupçonne de complicité avec sa mère en attendant qu'elle livre ses secrets.
04:27 Alors, évidemment, on se demande si Guigui, comme l'a appelé sa mère,
04:32 et là aussi, on retrouve le langage fleuri et arrivera à sauver sa peau.
04:37 Mais bon, on ne va pas dévoiler la fin de l'intrigue.
04:41 J'aurais envie de vous demander, puisque dans votre galerie de personnages monstrueux,
04:44 et souvent féminins d'ailleurs, quel est votre prochain sujet ?
04:48 Vous le savez déjà ?
04:49 - Oui, je le sais.
04:50 - C'est une femme, elle est monstrueuse aussi.
04:52 - Alors, le personnage principal n'est pas une femme,
04:56 mais la femme qui existe dans cet ouvrage aura un rôle très important, déterminant,
05:02 en fait, dans la vie de son enfant,
05:04 puisqu'on considère que les femmes sont souvent responsables, n'est-ce pas ?
05:08 Des trajectoires un petit peu de côté.
05:11 Donc, c'est en fait ce que j'aime.
05:13 Oui, j'aime bien parler des femmes,
05:15 mais j'aime expliquer qu'au départ, l'individu n'est jamais mauvais,
05:21 et que c'est souvent son entourage ou les autres
05:23 qui conduit un individu à devenir mauvais, à devenir tout autre.
05:27 La voisin n'était pas programmé pour devenir une tueuse.
05:30 - En tout cas, pour en connaître plus,
05:32 je vous conseille de lire "La chambre des Diablès".
05:34 C'est assez jubilatoire comme lecture, et c'est donc paru chez Robert Laffont.
05:38 Merci beaucoup, Isabelle Ducanoy.
05:40 - Merci à vous.
05:41 (Générique)
05:46 [SILENCE]

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