BE SMART - Emission du vendredi 14 avril

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Vendredi 14 avril 2023, BE SMART reçoit Kelly Massol (fondatrice, Les Secrets de Loly) , Mohamed Soliman (Fondateur, AtmosGear) , Magali Berdah (fondatrice, Shauna Events) et Agnès d’Anthonay (Directrice des affaires publiques et du développement durable, Kronenbourg)

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Transcript
00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à tous, bienvenue dans Be Smart l'émission.
00:10 Aujourd'hui on va parler encore une fois de cette loi sur l'encadrement de l'influence
00:15 qui a été adoptée à l'Assemblée, qui est maintenant au Sénat,
00:17 était auditionnée hier au Sénat justement Magali Berda, la fondatrice de Shona Events,
00:22 qui est l'une des pionnières de ce business de l'influence.
00:25 Donc je vais faire un tour avec elle de cette loi pour essayer de comprendre un peu mieux quels sont les enjeux.
00:29 On sera ensuite avec une incroyable entrepreneur qui gère une croissance de 565% sur un an.
00:38 Elle fait déjà 17 millions d'euros de chiffre d'affaires quasiment,
00:42 elle s'appelle Kelly Massol et c'est la CEO des Secrets de Lolly.
00:45 Elle viendra m'expliquer justement comment elle gère cette hyper croissance.
00:48 On s'intéressera à une nouvelle filière qui est la filière de l'orge responsable et tracée,
00:55 qui est proposée par une marque de bière.
00:57 Actuellement, on verra comment est-ce qu'on met en place et à quels enjeux correspond exactement
01:02 cette filière de l'orge tracée et responsable.
01:05 Et puis on terminera avec une innovation française, une innovation mondiale d'ailleurs,
01:10 ce sont les rollers électriques d'Atmos Gear.
01:13 Le fondateur de cette entreprise, Mohamed Soliman, viendra nous en parler
01:17 avec l'enthousiasme qui le caractérise, c'est Bismarck l'émission, c'est parti.
01:26 Pour commencer cette émission, on va parler du business de l'influence.
01:29 Business qui, vous le savez, on en a déjà parlé plusieurs fois, est au cœur d'une loi en ce moment
01:33 qui a été adoptée à l'Assemblée et qui arrive au Sénat.
01:36 Et pour en parler, je reçois la pionnière de ce métier de l'influence, Magali Berda, bonjour.
01:40 Bonjour.
01:41 Vous êtes la fondatrice de Shona Events, vous êtes aussi la fondatrice de la Fédération des influenceurs
01:46 et des créateurs de contenu.
01:48 On va revenir bien sûr sur cette fédération et sur la loi dont je viens de parler.
01:51 Mais d'abord, je le disais, vous êtes la première en France à avoir identifié que derrière l'influence,
01:56 derrière les réseaux sociaux, il y avait un potentiel de business.
02:00 À quel moment vous vous êtes dit, voilà, il y a des métiers à faire, à créer derrière les réseaux sociaux ?
02:07 Il y avait un vrai vide en fait, parce que souvent, les influenceurs à ce moment-là,
02:10 notamment ceux issus de télé-réalité, c'est vrai, faisaient énormément de stories,
02:14 avaient des millions de vues, mais souvent en échange de bons procédés, de produits, etc.
02:20 Et moi, j'étais plutôt dans le business avant, donc là, je me suis dit, il y a un vide,
02:25 pourquoi on ne négocie pas si l'entreprise gagne beaucoup d'argent ?
02:28 Il est normal que les influenceurs aussi en gagnent.
02:32 Voilà, et donc, je me suis un petit peu inspirée de ce qui se passait aux Etats-Unis
02:36 et on l'a reproduit en France.
02:37 Du coup, à ce moment-là, vous vous fondez votre entreprise, mais je crois qu'il n'y a toujours pas…
02:42 C'était il y a quand même…
02:43 C'était en 2017.
02:44 Oui, c'est ça, donc ça fait déjà un certain moment.
02:45 2016, 2016.
02:46 7 ans.
02:47 Et en fait, depuis 7 ans, il n'y a toujours pas eu de statut juridique légal créé autour de l'influence.
02:53 Complètement, il n'y a jamais eu de statut légal.
02:56 On a fait plusieurs demandes au ministère de l'Économie pour être reçus, pour discuter des règles.
03:05 Moi, j'ai fait même un appel à l'aide.
03:07 Je lui ai écrit « j'ai besoin d'aide », « on a besoin d'aide », parce que ça a pris beaucoup d'ampleur.
03:11 On a accompagné beaucoup d'entreprises et ça n'était pas structuré.
03:16 On n'était même pas reconnu.
03:18 Le terme « influenceur » à l'Ursaf n'existe même pas.
03:21 Donc, on ne peut pas, demain, dire « voilà, moi, mon métier, c'est influenceur » et se déclarer à l'Ursaf en tant que tel.
03:27 Non, ça n'est juste pas possible.
03:28 C'est ça, voilà.
03:29 Alors, il y a plein d'autres petites définitions, mais le terme « influenceur », créateur de contenu, l'un ou l'autre, n'existe pas à l'Ursaf.
03:38 Il n'y a pas de code APE vraiment spécifique à ce métier-là.
03:41 Du coup, comment vous travaillez avec les influenceurs aujourd'hui ? Ils sont sous quel statut, entre guillemets ?
03:46 Soit en société classique, ils créent une société de communication.
03:50 D'accord.
03:51 Voilà.
03:52 Soit, pour ceux qui sont en auto-entreprise, il y a d'autres termes qui s'apparentent à la com, comme ça, au Média, tout ça, mais ça n'existait pas.
04:00 Donc, c'est vrai que moi, j'ai dit lors de différents entretiens que j'ai pu avoir avec des personnalités politiques que déjà, avant de taper sur un métier,
04:08 parce que c'est vrai que le métier aujourd'hui d'influenceur est assez diabolisé en France, tristement, parce qu'au contraire, ça peut être porteur de beaucoup de choses.
04:15 Mais déjà, avant de taper dessus, il faut déjà le créer parce qu'on a raté un épisode, là.
04:20 Voilà.
04:21 Non, mais qu'on soit, qu'on aime ou qu'on n'aime pas en tout cas ce métier, le fait est qu'il y a un business derrière et qu'il y a de la création de valeur.
04:27 Bien sûr.
04:28 Aujourd'hui, on parle effectivement, vous le disiez, des dérives. Est-ce que vous, il y a des choses qui vous avaient déjà alerté, sur lesquelles vous étiez dit, déjà, à un moment, tout ça prend trop d'ampleur, on est dépassé ?
04:38 Bien sûr. Déjà, en 2019, alors la première fois, c'était en 2018, où on s'est fait avoir sur un site, par exemple, qu'on a promotionné.
04:48 Et donc, on s'est dit, mince, mais comment, en fait, il faut contrôler ça, ça ? Parce qu'en fait, on a pris sur le tas.
04:54 Donc, on a créé un service juridique, où on a pris des juristes. Quelques temps après, on se rend compte que finalement, les gens qui sont malveillants sur Internet, ils sont bien plus puissants que ce qu'on peut penser.
05:06 Donc, on va accompagner les juristes d'avocats. Donc, on a renforcé les équipes juridiques avec des avocats, avec des audits. Et puis, petit à petit, on a évolué.
05:17 Après, on a carrément arrêté certaines promotions, parce qu'on s'est dit, ça, c'est que des nids à problèmes, c'est que des soucis.
05:22 — Typiquement, il y a des secteurs sur lesquels vous n'allez pas ? — Bah, typiquement, oui. Alors par exemple, l'alcool, nous, on n'y est jamais allés. Les cigarettes électroniques, on n'y est jamais allés.
05:32 Le dropshipping, on y est allés, mais on a reculé après. Et on s'est dit, c'est un nid à problèmes. Voilà. Et c'est triste, parce que... Enfin, c'est triste, c'est bien.
05:42 Mais c'est une belle évolution, un beau métier qui est porteur d'économie pour plein d'entreprises et qui permet à toutes les petites entreprises de démarrer et de se lancer.
05:51 Mais il y a eu effectivement des inconvénients dans la mise en place de ce métier.
05:57 — Vous étiez hier auditionnée au Sénat, justement dans le cadre de cette fameuse loi pour mieux réguler, mieux encadrer l'influence. Qu'est-ce que vous avez dit aux sénateurs ?
06:05 — Bah la vérité, tout ce que je pensais. Ils m'ont demandé... Voilà, ils m'ont posé plusieurs questions sur mon parcours, sur ce que je pense par rapport au réseau,
06:16 par rapport aux jeunes, par rapport à cette loi. Est-ce qu'il manque quelque chose ? Est-ce que... J'ai trouvé la démarche du Sénat vraiment bien, parce que j'ai pas ressenti
06:27 la même chose avec ceux de l'Assemblée nationale. Au Sénat, je les ai trouvés... Voilà, il y avait pas d'histoire d'amalgame, il y avait pas d'histoire de...
06:36 Il y a des polémiques, il y a pas de polémiques. Eux, c'est factuel. Voilà, il y a ça. T'as un parcours...
06:40 — T'es très focus sur la loi, quoi. — Oui. Et puis t'as un parcours, t'as une expérience. Nous, on veut savoir, par rapport à l'expérience que t'as sur le terrain
06:47 depuis 7 ans, ce qui se passe, ce que tu penses, ce que tu conseilles. Est-ce qu'il manque quelque chose ? C'était vraiment utile.
06:54 Et c'est ce rendez-vous-là, bizarrement, que j'attendais peut-être depuis des années. Eh bien c'est le Sénat qui me l'a donné. Donc j'étais vraiment contente.
07:06 — Alors justement, qu'est-ce que vous en pensez de cette loi ? — C'était très professionnel. La loi, je trouve qu'elle est bien. C'est bien d'encadrer les choses.
07:15 C'est bien de résumer. Il y a beaucoup de choses qui existent déjà dans le code de la consommation. Mais cependant, c'est quand même bien de le recentrer,
07:21 de refocus sur les influenceurs. Moi, j'aurais rajouté des formations obligatoires, parce que je pense qu'il y a un problème de formation, très simplement,
07:30 parce qu'il y a beaucoup de choses qui existent déjà dans le code de la consommation. Mais on va pas se mentir, les influenceurs, même moi,
07:35 même les agences, ne connaissent pas forcément tous les points du code de la consommation par cœur, puis la publicité, puis... Enfin il y a plein de choses.
07:43 C'est très bien de recentrer une loi sur les influenceurs. Mais il manque cette formation qui va pouvoir être en continu, parce qu'Internet est un milieu
07:52 et un monde très grand, très vaste, qui va vite, où les mauvaises idées vont bien plus vite que la normale. Et pour pallier à ça, il faut former et alerter aussi.
08:04 Je pense qu'il faut créer des alertes aussi, des suspicions de fraude. Attention, ce secteur-là. Par exemple, le dropshipping, typiquement, si on avait été accompagné...
08:11 Les CPF, c'est pareil. Il nous manquait peut-être des infos. Quand on a eu les infos, après, tout s'est... Mais on voit qu'il manque quelque chose.
08:18 Et c'est sur le marché entier... Enfin je pense que c'est trop facile de dire "Non mais nous, on n'a pas fait ça. Non mais vous, vous n'avez pas fait ça,
08:25 mais vous avez fait d'autres choses pas bien. Nous, on a peut-être fait d'autres choses pas bien. Tout le monde a fait quelque chose de pas bien."
08:29 Vraiment, il ne faut pas se taper dessus. On est là pour construire et pour avancer tous ensemble.
08:33 Qui pourrait justement dispenser ces formations, selon vous ? Ça doit être la responsabilité de qui ? Est-ce qu'il faut créer un organisme spécifique ?
08:41 Je pense qu'il faut créer un organisme spécifique. La RPP existe aussi. Alors, ils font beaucoup de choses.
08:46 L'autorité de régulation de la publicité.
08:47 Voilà. Ils font déjà le certificat d'influence responsable. Alors, on le passe une fois. Mais en fait, à mon sens et par mon expérience,
08:57 je pense que ce n'est même pas suffisant parce que, encore une fois, on a vu ce phénomène de dropshipping. Après, ça s'est arrêté.
09:03 Après, il y a eu les paris sportifs. Ça s'est arrêté. Après, il y a eu la NFT. Après, il y a eu le trading. Après, il y a eu le CPF.
09:08 Et dans 6 mois, il y aura autre chose. Donc, en fait, on va faire passer un certificat à un influenceur. Mais sur Internet, c'est rempli de personnes malveillantes
09:15 qui ont des idées qui vont bien plus vite que la lumière. Donc, il faut constamment les accompagner. Ce n'est pas une fois. C'est constamment.
09:22 Donc, je pense qu'il faut créer une autorité spéciale pour les influenceurs parce qu'ils sont nombreux aujourd'hui et que ça a un impact énorme.
09:30 Chaque erreur peut avoir un impact énorme. Donc, il faut contrôler ça et il faut vraiment être dédié aux influenceurs comme le fait la RPP avec la publicité télé.
09:38 Quand vous vendez une publicité à la télé, elle n'est pas diffusée tant qu'elle n'est pas validée par la RPP. Ça prouve bien qu'il y avait des choses à faire
09:46 parce que sinon, ils ne seraient pas derrière eux. Je pense que les influenceurs, il faut aussi avoir quelqu'un comme ça qui nous bride et qui nous aide.
09:53 Je vous ai écouté hier au Sénat et il y a quelque chose que j'ai relevé dans ce que vous disiez. C'est que vous étiez pour aller jusqu'à une radiation.
10:01 En cas de faute répétée, vous pouvez expliquer ce point ?
10:03 Bien sûr. Je pense que si on forme les influenceurs, qu'on leur apprend parce qu'un influenceur, c'est une personne qui vient de tout milieu.
10:10 C'est ça aussi qui est joli. C'est la diversité. C'est que les réseaux sociaux, c'est la diversité. Il y en a pour tout le monde. Il y a de tout.
10:16 Il y a des Bac +10 comme des non-Bac. Il y a vraiment de tout. Et donc, il y en a qui ont des connaissances plus fortes que d'autres.
10:24 Et ce n'est pas un jugement parce qu'au contraire, c'est ça qui est magique et c'est ça qui est fort. Mais je pense qu'à partir du moment où une personne
10:32 est formée, a les informations et est encadrée mais ne respecte pas les règles, et bien oui, une fois, deux fois, trois fois, après, les plateformes,
10:41 il faut qu'elles rentrent en jeu et qu'elles disent que cette personne est dangereuse pour les gens et pour les consommateurs. Et je pense que c'est là où il faut un lien
10:47 entre les plateformes et les autorités et les agences et les influenceurs. Aujourd'hui, il y a une coupure entre ces mondes-là. Il y a des clans qui se sont créés.
10:58 Alors, il y a les créateurs de contenu à gauche, les influenceurs à droite, ceux qui ne veulent pas s'appeler influenceurs, les agences qui se disent éthiques
11:04 et qui jugent les autres qui ne sont pas éthiques alors que finalement, ils ne se connaissent même pas. Et je pense que ça, ça ne va pas et c'est triste parce que ce métier-là,
11:12 il est beau. Il apporte plein de choses sur plein de domaines et il faut arrêter les cases. C'est malheureusement un peu le problème en France et qu'on a tendance
11:21 à mettre tout le monde dans des cases. Et il faut avancer, être solidaire et se dire que quand il y a des mauvaises élèves qui font exprès, eh bien, il faut les radier.
11:30 Et comme ça, au moins, le métier n'est pas entaché. Voilà, c'est tout. Ce n'est pas plus compliqué que ça en fait. C'est comme un petit peu la police. Dans un état normal,
11:38 il y a la police, il y a des règles, des condamnations. Sur Internet, il faut le créer, tout ça.
11:44 Quel est justement votre rapport avec les plateformes aujourd'hui ? Comment est-ce que vous dialoguez avec elles déjà ? Parce qu'il faut effectivement,
11:51 si on va jusqu'au point que vous défendez, il faut pouvoir impliquer les plateformes.
11:55 C'est difficile parce que vous avez dans telle plateforme une personne qui ne vous aime pas, donc elle ne veut pas vous recevoir. Mais manque de bol, on représente
12:02 quand même des millions de followers. Donc c'est inconscient de ne pas nous recevoir. C'est dangereux. Vous avez l'autre qui a écouté les polémiques de untel,
12:09 donc ils ne veulent pas vous recevoir. L'autre, elle vous aime bien, donc elle vous parle. En fait, on n'est pas dans une cour de récréation. Le monde de l'influence,
12:17 ce n'est pas une cour de récréation. Il faut arrêter de faire des trucs, des tribunes où on va taper sur l'un, taper sur l'autre. Non, ce n'est pas comme ça que ça marche.
12:24 Je pense qu'il faut être bien plus intelligent que ça et que chacun doit prendre ses responsabilités. Je pense que tout le monde a fait des choses bien et des choses moins bien,
12:32 peut-être sans la volonté de le faire. Et moi la première, et certains aussi, et d'autres aussi. Mais c'est trop facile de jeter en pâture une personne et de dire
12:40 "C'est eux là-bas, allez, eux, on les sort. La téléréalité, ils sont bêtes, on ne les veut pas". Mais la téléréalité rassemble aujourd'hui des millions de followers.
12:47 Donc ces millions de followers, il faut les considérer. Ce sont des gens à prendre en considération. Il faut arrêter de prendre de haut tout le monde.
12:56 Et c'est ça, je pense, qui gâche notre métier. D'ailleurs, j'ai vu hier, quand j'ai fait mon intervention au Sénat, il y a eu des tweets par exemple de la directrice de LUMIC à mon égard.
13:08 Elle, elle n'a pas été filmée, pas filmée, moi j'ai été filmée. On s'en fout en fait. On est tous là pour avancer, on est tous là pour monter et pour faire les choses bien et propres.
13:17 Et c'est tout. On n'est pas là pour "je ne connais pas, je ne la connais pas et je ne suis pas là pour la juger". Et j'aurais aimé qu'on ne me juge pas non plus sans me connaître.
13:24 Mais bon, voilà, c'est comme ça.
13:26 Justement sur toutes ces polémiques, il y a des choses que vous regrettez, où vous vous dites "Bon, là, peut-être j'ai été trop loin" ou "là, je n'ai pas bien fait attention"
13:32 ou "là, j'aurais dû faire peut-être différemment". Est-ce qu'il y a des choses que vous avez envie de changer en tout cas dans ce business aujourd'hui ?
13:38 Alors, regretter non, parce que je pense qu'on a vraiment fait du maximum et du mieux qu'on pouvait pour faire les choses correctement.
13:44 Et d'ailleurs, on s'est autorégulés et c'est difficile de se réguler seul parce que quand on a personne qui vous aide à côté,
13:49 quand on fait des appels à l'aide aux autorités et qu'on ne vous répond pas et qu'on ne vous donne pas l'heure,
13:53 ou alors qu'on ne vous calcule pas et deux ans après on se réveille en disant "Oh là là, il y a eu un drame aux influenceurs".
13:57 Oui, mais si vous nous aviez répondu en temps et en heure, si vous vous étiez occupés de nous quand je vous l'ai demandé,
14:01 peut-être qu'on aurait pu éviter tout ça. Les responsables, c'est qui finalement ? C'est moi ? Non, parce que moi j'ai alerté, j'ai demandé.
14:07 Donc, regretter non. Par contre, évoluer, oui, bien sûr, il faut évoluer et c'est ce qu'on demande, je pense, tous.
14:17 Toutes les fédérations, tous les influenceurs, du moins la majorité. Et puis ceux qui n'ont pas envie d'évoluer, qui n'ont pas envie d'aller dans le droit chemin,
14:26 il faut qu'ils en payent les conséquences. Il n'y a pas de sujet. Voilà.
14:31 Sur ces évolutions, vous avez donc monté une fédération qui est la fédération des influenceurs et des créateurs de contenu.
14:38 Est-ce que déjà vous pouvez peut-être expliquer la différence entre les deux termes pour ceux qui ne seraient pas familiers avec ces terminologies ?
14:44 Je vais être très très transparente avec vous. Pour moi, il n'y en a pas. Je les ai marquées pour une question d'ego pour tout le monde
14:51 parce qu'apparemment, il y en a qui veulent s'appeler créateurs de contenu, d'autres qui sont d'accord de s'appeler influenceurs.
14:57 C'est juste pour dire que cette fédération est ouverte à tout le monde. Voilà. Qui que vous soyez, nous, on n'est pas là.
15:02 Moi, je ne suis pas là pour dire "toi, tu viens de tel milieu, tu es éthique, tu es propre". C'est-à-dire, tu es politiquement correcte,
15:08 on va te prendre avec nous. Toi, tu es un peu mal vu parce qu'il y a des polémiques, toi, on ne veut pas.
15:12 Ce n'est pas comme ça qu'il faut faire parce que les réseaux sociaux sont remplis de polémiques. On ne les arrêtera pas.
15:16 Les réseaux sociaux sont remplis de... Malheureusement, ça, c'est encore un autre problème qu'il faut gérer avec les plateformes.
15:22 Mais je pense que ce qu'il faut penser, c'est que ces gens-là, quel que soit le milieu d'où ils viennent, quelle que soit leur façon de faire,
15:30 ils ont des millions de followers et ils ont des millions de consommateurs. Et donc, pour protéger les consommateurs, il faut les accompagner.
15:37 Il faut les aider. Donc moi, c'est créateur de contenu et influenceur. Vous êtes les bienvenus. C'est la même chose.
15:44 Nous, on est juste là. La fédération est là pour les accompagner, leur donner les règles, leur répondre, leur donner un service juridique,
15:51 pour les conseiller, pour leur dire ce qu'ils ont le droit de faire, pas faire. Et c'est comme ça qu'on va protéger les consommateurs
15:57 et qu'on va se protéger nous-mêmes, d'ailleurs. Donc voilà. Et c'est juste la différence entre les autres... Enfin, l'autre fédération, c'est que
16:04 moi, je suis pour la régulation, pour tout le monde et pour dire qu'on est censés être tous ensemble. On ne vient pas tous du même milieu.
16:14 Mais ce n'est pas grave, en fait. A la fin, on fait tous le même métier. Il faut se tomber la main et il faut avancer. Encore une fois,
16:23 peut-être que nous, on a fait du dropshipping en 2018, en 2019. Eux, non. Mais peut-être qu'eux, ils ne mettaient pas le hashtag #sponsorisé en 2019.
16:30 Et nous, on le mettait. Donc on prévenait les consommateurs qu'on était payés. Donc vous voyez, chacun a fait des trucs plus ou moins bien.
16:37 D'autres ont fait des jeux de casino. Nous, non. Donc voilà. Et moi, je ne suis pas la police. Voilà. Je ne tape sur personne.
16:47 Je dis juste que si vous avez envie d'aller dans le bon sens, eh bien nous aussi. Et on est là pour s'entraider.
16:53 — Sur la régulation, il y a un secteur qui est interdit dans la loi. C'est le secteur de la chirurgie esthétique. Vous êtes en accord avec ce point ?
16:59 — Complètement. Alors moi, j'ai été accusée de prôner la chirurgie esthétique. Alors j'ai jamais fait de publicité pour la chirurgie esthétique.
17:07 Alors je fais bien la différence entre par exemple une injection – c'est pas de la chirurgie, c'est de la médecine – et la chirurgie, c'est une opération.
17:13 La chirurgie esthétique est totalement interdite. Enfin la promotion, du moins. C'est pas parce que j'ai fait des plateaux télé où j'ai dit qu'à 40 ans,
17:20 j'assumais avoir fait de la chirurgie esthétique que je fais de la pub pour un chirurgien ou pour de la chirurgie esthétique. Ça, c'est juste... Enfin voilà.
17:27 Mais encore une fois, il y a des amalgames, etc. Et bien sûr que la promotion de la chirurgie esthétique est interdite. Et Shona Evans n'a jamais passé aucun contrat,
17:36 n'a jamais encaissé un seul euro, ni négocié une opération gratuite en échange de promotion. Voilà. Ça, c'est une certitude. Et c'est concret.
17:46 Donc il peut y avoir tous les contrôles qu'il peut y avoir. Il n'y a aucun souci là-dessus. Donc bien sûr qu'il faut aller là-dedans.
17:53 — Je regarde aussi un peu ce qui se passe à l'étranger. Et j'avais le sentiment – mais peut-être que vous allez me dire le contraire – qu'il n'y a pas de réglementation équivalente à l'étranger.
18:00 Comment est-ce qu'on va faire quand on devra gérer des influenceurs étrangers qui pourront faire la promotion de produits qui, en France, sont interdits pour les influenceurs français ?
18:10 — Ben on va s'adapter. On va se renseigner auprès des avocats. On va poser des questions. Et on fera ce qui est possible de faire. On s'adaptera. Voilà.
18:21 Si c'est possible, on fera. Si c'est pas possible, on fera pas.
18:23 — Il faut regarder quoi ? Il faut regarder la « domiciliation » de l'influenceur, c'est-à-dire s'il est en France ou pas, ou il faut regarder plutôt sa communauté, savoir à qui ça adresse ?
18:33 — Moi, je pense qu'il faut regarder la communauté. Et...
18:37 — Et on a des moyens de savoir ça ? — Oui, bien sûr. Sur les réseaux sociaux, vous avez des statistiques. Donc vous voyez le pourcentage par pays d'abonnés. Voilà.
18:44 Donc vous avez des influenceurs qui ont 80% d'abonnés français. On sait très bien que quand ils parlent, ils vont s'adresser à des Français.
18:50 Et puis il y a aussi l'agence. Si l'agence est en France, je pense qu'elle doit être aussi liée aux règles françaises. Voilà. Après, on peut pas demander à une agence...
19:00 Je sais pas, à une agence allemande de s'adapter aux règles françaises si elle s'adresse à des influenceurs allemands. Bien sûr, si elle s'adresse à des influenceurs français,
19:09 les influenceurs français doivent respecter le droit français. Mais si une agence allemande s'adresse à un influenceur allemand, ça, c'est chacun...
19:19 — Chacun chez soi. — Chacun chez soi. On en a déjà assez ici à gérer, là, des problèmes. Donc...
19:24 — Vous parliez de ces polémiques qui vous ont fait perdre, je crois... Enfin diviser par 3, je crois, votre chiffre d'affaires.
19:30 — Non, c'est pas les polémiques. En fait, ça, c'est une phrase que j'ai dite qui a été mal... Encore une fois...
19:34 — C'est l'occasion. Alors, dis-y. — C'est qu'en fait, c'était l'année dernière, à complément d'enquête, où j'ai dit... On n'a pas eu peur chez Shona Evans, de 2019 à 2020,
19:45 et de 2020 à 2021, à diviser le chiffre d'affaires en refusant des sites avec notre propre régulation. C'est-à-dire que nous, on a dit... Voilà.
19:54 Ces sites-là, on arrête. Ça, on arrête. Ça, on arrête. Ça, on arrête. Forcément, on gagne moins d'argent. C'est logique, puisqu'on arrête. Mais c'est un choix qu'on a fait.
20:02 C'est-à-dire que nous, on a eu des tonnes de propositions à plusieurs centaines de milliers d'euros de promotion de Budgetcom qu'on a refusées parce que
20:11 notre juriste nous a dit « Ça, c'est pas bon ». Alors on les a retrouvées chez les concurrents, hein. Mais au moins, chez nous, ils n'y étaient pas. Donc on a accepté et on a fait
20:19 ce choix de diviser notre chiffre d'affaires en deux ou en trois suivant l'année parce qu'on est devenus beaucoup plus rigides, beaucoup plus strictes, parce qu'on s'est
20:27 autorégulés. Et c'est ça que j'ai expliqué. C'est pas du tout les polémiques... Voilà. Après, la polémique de cette année, donc, liée au cyberharcèlement que j'ai eu,
20:37 bien évidemment m'a empêchée de travailler pendant plusieurs mois et m'a empêchée encore de... C'est normal. Donc voilà. C'est deux choses différentes. Mais quand je me suis
20:47 exprimée sur la baisse de mon chiffre d'affaires, c'était vraiment... Voilà. — Dans ce cadre-là. Et du coup, aujourd'hui, vous avez repris votre indépendance.
20:53 Vous étiez auparavant au sein d'un plus grand groupe. — Oui. Oui. — Comment va votre business aujourd'hui ? — Écoutez... — Et quelles sont vos perspectives ?
21:00 — Il va... On avance. On essaie... On se bat. Je pense qu'aucune entreprise avec un an d'harcèlement comme on a eu, de dénigrement comme on a pu subir, vraiment injustifiée et vraiment
21:12 ciblée sur notre société. Et je pense qu'aucune entreprise n'aurait pu déjà survivre à ça de la part des médias, de la part des gens du web, de la part de plusieurs personnes.
21:23 Et j'aurais aimé que, justement, le ministère de l'Économie aussi nous tende la main, parce qu'on est quand même une entreprise française qui développe et qui crée
21:32 de l'économie en France, des emplois, etc. Mais bon, ça, c'est encore un autre sujet. Mais on se bat. Et j'essaye de me relever. J'essaye d'avancer.
21:42 C'est difficile, parce que quand, psychologiquement, on essaie de vous atteindre tous les jours sur votre famille, sur votre vie, qu'on vient vous casser votre bureau,
21:50 qu'on vient vous casser votre voiture, qu'on balance votre adresse, votre numéro. Là, encore hier soir, ils ont balancé encore mon numéro de téléphone et celui de mon conjoint.
21:57 Et que, du coup, vous faites harceler sur votre portable toute la nuit, etc., des menaces de mort dans tous les sens, des menaces de mort sur vos enfants, des appels au viol.
22:05 Comment vous avez la tête à travailler correctement ? Donc, bien sûr qu'on est fatigués. Mais parce qu'ils savent où taper et ils savent qu'en faisant ça...
22:15 Après, ça, c'est une enquête qui est en cours. Il y a eu 23 arrestations. Et je remercie les services de la gendarmerie pour ce travail incroyable. Et voilà. J'attends. J'avance. J'essaye. Je me bats.
22:27 Merci beaucoup, Magali Berdra. Je rappelle que vous êtes la fondatrice de Shona Event et la fondatrice de la Fédération des influenceurs et des créateurs de contenu. Merci beaucoup.
22:34 Merci à vous.
22:40 Et on va parler hypercroissance en compagnie d'une jeune femme que j'ai déjà reçue il y a deux ans. Kelly Massol, bonjour.
22:46 Bonjour.
22:47 Vous êtes CEO des Secrets de Loli. C'est une marque de produits capillaires pour les cheveux non lisses. Et donc, c'est vrai, je vous ai reçue il y a deux ans.
22:53 Et vous étiez déjà sur une belle trajectoire. Mais je dois dire que je suis quand même assez bluffée par, un, votre accélération et, deux, le fait que vous avez l'air de gérer cette hypercroissance en toute tranquillité
23:04 et de faire systématiquement les bons choix. Donc je me dis mais à quoi vous vous carburez ?
23:08 En tout cas, la good vibe, ça, c'est sûr. Et puis le slogan de la marque, c'est « Always with love ». Donc tant qu'on fait les choses par amour, tout se passe bien.
23:18 Alors vous vous avez réalisé en 2022 16 millions d'euros de chiffre d'affaires en hausse de, tenez-vous bien, 565 %. Pas mal pour une entrepreneur qui a débuté dans sa cuisine quand même.
23:30 Oui, effectivement. J'ai débuté avec 1 500 euros dans ma cuisine. Et aujourd'hui, on a une très belle entreprise qui a fait presque 17 millions d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière.
23:39 Une équipe qui grandit. On subit effectivement une hypercroissance. Mais c'est ce qu'on cherchait. On cherchait le scale déjà à l'époque, il y a deux ans.
23:47 Et donc, on applique simplement ce qu'on a dit qu'on allait faire.
23:51 Et c'est aussi simple que ça. On applique ce qu'on a dit qu'on allait faire. Ça a l'air hyper facile quand vous dites « Moi, je veux bien ».
23:55 Mais j'en reçois beaucoup des entrepreneurs. Ils ne font pas tout ce que vous faites.
23:58 Je pense sincèrement que prévoir, la prévision est très importante. Et la structuration pour se préparer à ce qu'elle est, est très importante.
24:07 Il ne faut pas subir la croissance. Il faut la stimuler, aller la chercher et ensuite, tout simplement, la contrôler.
24:14 500 % de croissance, ça paraît énorme, 560 %, mais c'est exactement le prévisionnel à l'euro près que j'avais prévu il y a deux ans.
24:22 Sérieusement ?
24:24 Oui. Et tout comme cette année. En fait, chaque année, le prévisionnel est respecté.
24:29 Ce qui nous permet de gérer les stocks, gérer une équipe, le recrutement, etc.
24:34 Il faut vraiment se préparer au scale. Et dans ces cas-là, ça passe par la structuration,
24:38 avoir une équipe qui peut absorber effectivement ce genre de pic de croissance.
24:42 Mais ça veut dire aussi « Moi, je vends des produits ».
24:44 Donc, ça veut dire qu'un an à l'avance, je suis censée prévoir mes stocks.
24:47 Donc, à l'euro près, on maîtrise aussi ses stocks et donc son fonds de roulement.
24:51 Donc oui, les 560 % de croissance, c'est exactement ce que je voulais.
24:54 Je suis ambitieuse, très ambitieuse. L'année prochaine, ce sera encore une croissance à plus de deux chiffres.
25:00 Mais en prévoyant un bon prévisionnel, on peut maîtriser sa croissance et son hypercroissance.
25:06 Vous avez une boule de cristal pour mesurer à l'euro près parce que c'est très impressionnant.
25:11 Vous vendez des produits. Donc, comment vous pouvez dire un an à l'avance,
25:14 tel produit va se vendre à X % et puis là, je vais vendre tant de je ne sais pas quoi ?
25:18 C'est là où on gère non seulement ses stocks, mais c'est là aussi où on gère sa communication tout simplement.
25:22 C'est là aussi où on gère ses partenaires commerciaux à laquelle on va aller chercher éventuellement
25:27 et sécuriser des contrats avec des contrats et des engagements d'achat qui permettent justement
25:32 de prévoir la grosse partie du stock. Et ensuite, on est en train d'aller chercher de la croissance avec des nouveaux marchés.
25:41 Et donc là, on se dit qu'on veut 20 % de croissance sur ce marché-là, qu'on va mettre telle ou telle action en place.
25:46 Et ce qui nous permet de prévoir le stock, mais aussi les actions commerciales qui vont avec.
25:50 Non, non, tout est ultra calculé. Ça a l'air hyper droit et à la fois, on fait ça dans la joie et la bonne humeur.
25:57 Et parfois, on fait tout un peu n'importe comment. Ça arrive, mais le but, c'est que ce soit fait dans une énergie super positive.
26:05 Vous avez ouvert votre capital il n'y a pas très longtemps, un fonds d'investissement franco-américain.
26:10 Qu'est-ce qui a motivé cette ouverture de capital ? Et comment vous avez fait le choix du fonds ?
26:14 Parce que c'est quand même très important de s'associer au bon fonds quand on est entrepreneur.
26:17 Alors, il faut revenir quand même sur la genèse, c'est-à-dire que la marque, elle, a été en autofinancement depuis 2009.
26:24 Donc, chaque bénéfice avait été réinvesti dans l'entreprise. Et puis, l'année dernière, je ne sais pas, j'ai senti le vent tourner.
26:31 J'ai senti que j'avais beaucoup de succès. J'ai senti aussi que les petits et les gros, en fait, je leur ai ouvert les yeux sur un marché
26:39 qui était considéré comme une niche par les grands, mais finalement qui était un boulevard, puisque 6 personnes sur 10 dans le monde n'a pas les cheveux raides.
26:45 Ce qui donne une profondeur de marché assez incroyable. Donc, je sentais que je pourrais être fragilisée à la fois par les plus petits, qui eux sont agiles.
26:53 Et c'est tout le bénéfice d'être petit. Et les plus gros.
26:56 Vous êtes passée par là, donc vous savez.
26:57 Exactement. Et les plus gros qui, eux, avaient une force de communication incroyable.
27:01 Donc, je me suis dit que c'était le bon moment. Je me suis sentie en confiance. On était sur une belle croissance.
27:07 Et je pense qu'il faut aller chercher des fonds, non pas lorsqu'on en a besoin, mais lorsqu'on n'en a pas besoin.
27:11 Et c'est comme ça, finalement, que lever des fonds, ça n'a pas été possible pour moi, puisqu'on est une entreprise rentable.
27:16 Donc, j'ai décidé de céder des parts de mon capital à un fonds franco-américain.
27:21 Je suis allée chercher un des meilleurs, enfin, un des cabinets des meilleurs banquiers d'affaires de la place parisienne,
27:28 qui m'a présenté 12 fonds d'investissement. Sur les 12 fonds, on a eu 9 lettres d'offres.
27:33 Et ensuite, on a fait un processus concurrentiel avec 4 fonds. Donc, ça veut dire 4 fois des audits.
27:37 Il faut aussi avoir une entreprise qui peut travailler 100 mois pendant ces mois d'audit.
27:41 Donc, avoir un current trading qui reste, lui, stable.
27:44 Je pense que, d'ailleurs, c'est très important lorsqu'on fait ce genre d'opération-là.
27:48 Et j'ai fini par choisir ce fonds franco-américain, tout simplement parce qu'il avait compris comment je travaillais.
27:53 Et surtout, qu'il avait décidé de ne pas me brider créativement, de me laisser simplement les moyens de mes ambitions
27:59 et les moyens de faire, justement, en jouant en fait le closing. En octobre, on affiche sur 500m² sur les Champs-Elysées,
28:05 la marque juste au-dessus du Claridge. Ou bien, on habille totalement la station Opéra.
28:13 Ce sont des choses et des actions comme ça que je suis allée chercher,
28:17 avoir les moyens de toutes ces ambitions et de toute cette créativité que j'ai dans la tête pour pouvoir le dérouler ensuite.
28:22 Vous avez aussi choisi de bien vous entourer. Fini l'entrepreneur toute seule dans sa cuisine, pour schématiser.
28:28 Vous avez un board, j'ai lu que vous appelez ça les Avengers. C'est qui vos super-héros aujourd'hui ?
28:33 Alors, la petite histoire, Secret Loli est une marque qui est tellement attachante.
28:37 On a une grosse communauté organique sur Instagram, ce sont nos clientes.
28:40 Mais l'histoire est tellement attachante que lorsqu'on a levé des fonds, on a rencontré des gens.
28:44 J'ai eu un banquier d'affaires, une avocate exceptionnelle.
28:47 Et de l'autre côté, mon fonds d'investissement m'a présenté durant le process des experts et certains consultants.
28:56 Et j'ai donné un cas d'école à tous les fonds.
28:59 En fait, c'était un peu le monde à l'envers. Comme j'étais un beau projet, j'ai demandé à tous les fonds de me présenter un futur board qu'ils penseraient qu'ils pourraient travailler avec moi.
29:07 Et donc, en me présentant ces listes de noms, j'ai repéré des personnes qui me donnaient vraiment envie de travailler avec elles, avec beaucoup d'expérience.
29:15 Et quand ils m'ont rencontrée au courant du process, à la fin du process, je leur ai demandé s'ils voulaient bien rejoindre mon board.
29:21 Parce que ce que je voulais, c'était un board d'Avengers, des gens extrêmement pointus, avec de l'expérience, tout simplement pour me donner du conseil.
29:29 Et qui serait un conseil avec une supériorité, une qualité que je ne peux pas trouver en tant que jeune startup, parce que je n'ai pas les moyens de les embaucher à temps plein.
29:38 Et la marque est une marque qui est terriblement attachante. Et chacun a décidé de prendre des missions beaucoup plus opérationnelles.
29:46 Et c'est comme ça que Carlotta Tevno, enseigne de chez Coty, qui s'occupait donc des marques de Kylie Jenner et de Kim Kardashian,
29:53 a rejoint l'équipe sur des missions opérationnelles en tant que directrice générale déléguée.
29:58 Et les autres membres de mon board, comme Hugues Vicvoët, ancien PDG d'Arco Pharma, là, il s'occupe de tout ce qui est commerce.
30:05 Voilà, on a un board qui, lui, finalement, est stimulé et a décidé de prendre des vraies missions directement opérationnelles chez moi.
30:14 – Quand vous étiez venue, vous parliez avec une grande tendresse, avec un grand amour de cette façon dont vous aimez la matière,
30:22 et vous façonnez les produits et vous concoctez les recettes.
30:25 Quand on gère une entreprise qui est rendue au niveau où vous l'avez amenée aujourd'hui,
30:29 est-ce qu'il reste du temps à cette jeune femme qui était dans sa cuisine pour retourner en laboratoire concocter des nouvelles recettes aujourd'hui ?
30:37 – C'est très difficile, c'est très difficile parce qu'il y a plein de nouveaux projets, c'est extrêmement excitant.
30:42 Et puis surtout, qui dit LBO dit aussi nouvelles fonctions, nouvelles organisations, structurations, rapports, des choses extrêmement embêtantes.
30:52 On ne fait pas forcément par plaisir, mais voilà, c'est ça le prix de la structuration, c'est moins de la boue pour moi.
30:58 Mais par contre, la règle et le but de cette année, qui est une année de structuration pour pouvoir se caler,
31:02 parce qu'on va encore se caler, on se prépare à se caler cette année et l'année prochaine,
31:06 c'est qu'au bout de cette année de structuration, je puisse revenir définitivement à mon laboratoire.
31:12 Donc voilà, je suis obligée de passer par un peu moins de la boue, mais le but c'est de structurer mon équipe,
31:16 une équipe d'innovation aussi, parce qu'on va recruter une dizaine de personnes encore cette année.
31:21 Le but c'est de créer des équipes pour pouvoir me donner du temps, pour pouvoir revenir à mon amour qui est la formulation cosmétique.
31:29 – Vous parliez d'attaquer certains marchés, qu'est-ce que vous visez aujourd'hui, demain ?
31:34 – Alors notre but c'est de prendre toute la profondeur du marché en France.
31:37 On est devenu leader en deux ans sur le cosmétique naturel pour cheveux à texture.
31:44 Donc le but c'est de continuer vraiment à prendre nos parts de marché directement en France
31:48 et de partir à l'international, d'où aussi ce fonds franco-américain pour avoir cette expertise
31:53 et nous aider à nous développer à l'international.
31:55 Donc là, la Belgique a été lancée le mois dernier avec une belle OP qui va arriver.
32:03 On a des pays de l'Est très surprenants, beaucoup de pays de l'Est.
32:07 – Ah c'est surprenant oui.
32:08 – C'est surprenant, c'est un marché que je n'avais pas tout de suite identifié, mais on y est allé.
32:12 Et là on a vraiment quelque chose d'incroyable qui se prépare.
32:15 Fin d'année, enfin Q3, on a les Émirats Arabes Unis avec le groupe Chaloub que nous avons signé,
32:20 où on va effectivement être vendu chez Faces, qui est l'équivalent de Sephora là-bas.
32:25 Donc beaucoup de choses en Europe encore qui se préparent, mais aussi en-delà des frontières européennes.
32:31 – Quand vous étiez venue me voir il y a deux ans, vous imaginiez déjà tout ça ?
32:36 – Je ne me l'imaginais pas aussi facilement.
32:38 En fait, c'est arrivé à la fois, il y a eu beaucoup de travail,
32:41 et à la fois, une fois que j'ai appuyé sur le bouton en disant "Allez, on y va",
32:45 je ne m'imaginais pas que cette aventure serait à la fois si facile, si agréable,
32:48 si chargée d'émotions, alors que c'est purement des chiffres.
32:51 Normalement, voilà, un fonds il rentre, c'est des chiffres,
32:54 et finalement ça se retrouve à être de belles amitiés et un très beau relationnel.
33:00 Et donc en fait, je vis une aventure émotionnelle et entreprenariale qui est incroyable.
33:05 – Merci beaucoup d'être venue nous raconter tout ça Kelly Massa,
33:08 je te rappelle que tu es la CEO des Secrets de Loli.
33:11 Et j'accueille maintenant Agnès Dantonnet, bonjour.
33:19 – Bonjour.
33:20 – Vous êtes directrice des Affaires publiques et du développement durable chez Cronanbourg,
33:24 brasserie française qui appartient au groupe In Vivo,
33:28 c'est 25% du marché de la bière en France, c'est ça ?
33:32 Quelque chose comme ça ?
33:33 – Oui, quasiment, mais la brasserie Cronanbourg appartient au groupe Carlsberg.
33:38 – D'accord, et c'est Carlsberg qui fait 25% ?
33:40 – Et en fait, Cronanbourg en France occupe à peu près 25% du marché de la bière.
33:46 – C'est ça, donc on va rappeler quand même avant toute chose
33:48 que la bière et l'alcool sont à consommer avec modération,
33:51 mais ce qui nous intéresse c'est qu'il y a l'une de vos marques,
33:53 puisqu'il y a effectivement plusieurs marques, dont 1664,
33:57 qui met aujourd'hui en avant une filière d'orges responsables tracées en France.
34:01 Donc moi je voudrais bien comprendre ce que c'est concrètement
34:04 qu'une filière responsable et tracée.
34:06 – Alors peut-être juste avant de répondre précisément à cette question,
34:09 donc effectivement la marque 1664 est la première marque du portefeuille de Cronanbourg
34:15 et représente environ 10% du marché de la bière en France.
34:19 Quand on parle de filière d'orges responsables tracées,
34:22 en fait tout l'enjeu qu'on a eu c'était de regarder quel poids aujourd'hui
34:27 qu'elle représentait l'agriculture, d'abord dans notre empreinte carbone
34:31 et plus globalement, je pense que le sujet crucial c'est de quelle agriculture
34:36 a-t-on besoin pour continuer à assurer la durabilité de toute notre filière
34:40 d'approvisionnement dans un contexte de réchauffement climatique,
34:43 dans un contexte aussi de paupérisation du revenu des agriculteurs.
34:48 Donc en fait à l'origine ce sont ces questions qu'on s'est posées
34:52 et on a travaillé pour cela avec le fournisseur de Cronanbourg,
34:57 qui est effectivement le groupe Soufflé, qui est notre fournisseur depuis plus de 30 ans,
35:01 en essayant de construire avec eux un nouveau modèle,
35:05 qui ne s'oppose pas forcément aux pratiques anciennes,
35:07 je pense que c'est très important quand on parle de pratiques agricoles
35:10 de jamais opposer les modèles, on pense aujourd'hui qu'il y a des choses
35:13 qui doivent évoluer et qu'il y a des agriculteurs qui ont déjà engagé
35:17 une transition de leur pratique pour aller vers moins d'un tranche chimique,
35:22 pour préserver la biodiversité des sols, pour réduire l'empreinte carbone
35:27 liée à l'exploitation des parcelles agricoles.
35:31 Donc en fait on est vraiment parti de là et avec Soufflé,
35:35 qui avait déjà une expérience sur une filière blé,
35:37 on leur a demandé s'il était possible de construire une filière autour de l'orge,
35:41 sachant que pour la première marque de notre portefeuille,
35:43 l'enjeu que nous on avait c'est d'avoir un impact maximum.
35:46 Si tout à coup vous arrivez à entraîner quasiment 10% du marché de la bière
35:51 sur une filière d'orge, ça veut dire que l'impact,
35:55 vous êtes vraiment en train de le construire.
35:57 Donc sur quoi on s'est intéressé ?
35:59 En fait sur des pratiques dites agroécologiques.
36:01 L'agroécologie en fait c'est un principe,
36:04 donc on ne va pas forcément rentrer dans le détail,
36:06 d'abord je ne suis pas une experte du sujet,
36:08 mais ce sont des pratiques agricoles qui visent,
36:11 je dirais si on devait faire les choses assez simplement,
36:13 d'un côté à réduire l'empreinte carbone,
36:15 de l'autre à restaurer la biodiversité des sols.
36:18 Donc la biodiversité c'est vraiment tous les micro-organismes
36:21 qui sont dans le sol,
36:23 et qui visent aussi à permettre au sol de mieux capter l'eau
36:27 au moment de la pluie.
36:28 C'est vraiment des grands principes.
36:29 Et pour ça, il y a des nouvelles pratiques qui peuvent se mettre en place,
36:32 je vais vous en citer quelques-unes,
36:33 comme par exemple d'avoir ce qu'on appelle du paillage,
36:36 c'est-à-dire que vous recouvrez les sols,
36:38 il y a aussi des rotations de cultures qui sont privilégiées,
36:42 pour introduire de la biodiversité,
36:44 ça peut être de mettre en place des nichoirs.
36:46 Donc il y a tout un ensemble de pratiques agricoles
36:49 qu'il faut mettre en place,
36:50 qui nécessitent des investissements,
36:52 et du coup qui se construisent, je dirais dans la durée.
36:55 Et surtout aussi, ce qui est intéressant,
36:57 c'est que la démarche est très pragmatique,
36:58 c'est-à-dire que l'agriculteur c'est celui qui sait le mieux
37:01 ce qui correspond à son sol,
37:03 et ce qu'il peut faire ou pas.
37:05 Donc l'enjeu aussi c'est d'accompagner
37:07 et d'être vraiment dans une démarche de progrès continu.
37:09 C'est pour ça qu'on a démarré l'Aisne pour les cultures 2023,
37:13 avec les premières plantations en 2022,
37:16 et qu'on s'est fixé pour l'objectif d'arriver à 100% d'orges
37:20 pour 1664, issus de ces pratiques agroécologiques,
37:24 en 4 ans, c'est-à-dire à horizon 2026.
37:26 Donc on a commencé avec 45 agriculteurs,
37:29 pour monter jusqu'à 250 agriculteurs en 2026,
37:32 et en 2026 on aura couvert environ 5000 hectares,
37:35 25 000 tonnes d'orges.
37:37 Et donc une filière tracée,
37:39 c'est que derrière on permet au consommateur,
37:42 via une application,
37:44 de télécharger le QR code,
37:47 et de pouvoir remonter jusqu'à la zone
37:51 où l'orge a été cultivé.
37:53 - Mais est-ce que ça va aller jusqu'au champ ?
37:55 Est-ce que je vais savoir dans quel champ ?
37:59 - Alors on ne va pas jusqu'à la parcelle.
38:01 Ça ne va pas forcément jusqu'à la parcelle,
38:03 mais vous allez jusqu'à une proximité de parcelle,
38:06 parce qu'ensuite, chaque agriculteur
38:08 met sa production en commun avec d'autres.
38:11 Donc vous arrivez à remonter assez loin dans la filière,
38:14 mais pas jusqu'à la parcelle proprement dite.
38:17 - Est-ce que je vais avoir des portraits de l'agriculteur,
38:19 par exemple ? Est-ce que c'est ça l'idée ?
38:21 Est-ce que je vais avoir des petits témoignages de l'agriculteur ?
38:25 - Absolument, et donc c'est déjà disponible sur l'application.
38:28 Il y a quelques agriculteurs qui ont accepté de témoigner,
38:31 et d'expliquer ce qu'ils faisaient,
38:33 ce qu'ils faisaient, aussi de redonner, je dirais,
38:36 de la visibilité au métier d'agriculteur.
38:38 Et c'est d'ailleurs eux qui parlent le mieux
38:40 des pratiques qu'ils mettent en place.
38:42 Donc ça, vous y avez accès absolument à travers l'application.
38:45 - Comment vous avez fait pour, techniquement,
38:50 monter cette application et pouvoir, comme ça, suivre le fil ?
38:53 Parce que j'imagine que c'est quand même compliqué.
38:55 Vous brassez, je ne sais pas combien,
38:57 de tonnes d'orge chaque année.
38:59 Donc comment vous faites pour savoir
39:01 que sur telle bouteille, vous allez pouvoir récupérer telle zone ?
39:04 Il y a forcément une technologie derrière ?
39:07 - Alors, il y a une technologie, c'est pas nous qui l'avons fait,
39:09 clairement, là, on ne peut pas, c'est pas notre métier.
39:12 Donc on s'est appuyé sur une technologie
39:14 qui nous a été proposée par le groupe Soufflé,
39:16 qui s'appelle Crystal Chen.
39:18 Et qui, alors après, très sincèrement,
39:20 je n'ai pas l'expertise pour rentrer vraiment
39:23 dans le détail digital qui permet de faire ça.
39:26 Mais aujourd'hui, vous avez la capacité, en tout cas,
39:29 d'isoler des lots.
39:31 Et en fait, c'est pour ça que dans l'application,
39:33 vous devez entrer un numéro de lot.
39:35 Parce qu'en fonction de là où votre bière,
39:38 vous allez l'acheter, la bière ne va pas être fabriquée
39:41 à partir du même orge
39:44 que si vous avez acheté votre bière ailleurs.
39:47 Donc en fait, vous remontez, vous rentrez votre lot,
39:50 et ensuite, c'est tout le système de la traçabilité
39:52 qui permet de remonter jusqu'à l'exploitation.
39:55 J'ai bien dit l'exploitation et pas forcément la parcelle,
39:57 où l'orge a été cultivé.
39:59 Donc ça, c'est des technologies qui sont en train de se développer,
40:02 qui sont effectivement très nouvelles.
40:05 Donc là, on a lancé nos packagings,
40:08 c'est en cours de déploiement.
40:11 Mais effectivement, vous êtes obligés de vous appuyer
40:13 sur des experts en matière de digital.
40:16 Vous avez dit que vous souhaitiez monter jusqu'à 100%
40:20 en termes de traçabilité.
40:22 Comment est-ce que vous allez faire ça ?
40:24 Parce que vous avez donné un chiffre, tout à l'heure
40:26 que je n'ai pas retenu, sur le 245, je crois, sur le nombre des...
40:29 - 250. - Voilà, sur le nombre d'agriculteurs.
40:31 Comment vous les entraînez avec vous ?
40:33 Comment vous les motivez sur ces questions-là, aujourd'hui ?
40:36 En fait, donc, encore une fois, c'est le groupe Soufflé
40:39 qui a la relation directe avec les agriculteurs.
40:42 Ce qu'eux vous disent, et on a aussi eu des échanges
40:45 avec certains agriculteurs, c'est que déjà,
40:47 certains se sont engagés eux-mêmes.
40:50 Plus, alors parfois pour des raisons de conviction,
40:53 que les pratiques vont devoir évoluer de toute façon,
40:56 et qu'on est en train de redéfinir de nouveaux standards.
40:59 Il y a un gros focus, aujourd'hui, qui est donné
41:02 sur le lien entre pesticides, perte de biodiversité.
41:05 On parle, on n'arrête pas, c'est dans l'actualité,
41:08 mais le manque d'eau, donc on voit bien de toute façon,
41:11 aujourd'hui, que pour que l'agriculture continue
41:13 à nourrir la population, il y a des pratiques
41:16 qui doivent évoluer, ça prendra du temps.
41:18 Donc il y a des agriculteurs qui, eux-mêmes,
41:21 ont déjà fait, on va dire, le chemin.
41:24 Donc en fait, c'est pas tellement...
41:26 L'enjeu est pas tellement de les convaincre,
41:29 parce qu'il y en a en fait pas mal qui sont contents,
41:32 de pouvoir avoir des débouchés, parce qu'en fait,
41:34 le gros sujet dont on parle, c'est aussi celui,
41:36 à un moment donné, du coût de la transition,
41:38 et qui finance, parce que forcément,
41:40 quand vous adoptez des nouvelles pratiques,
41:42 vous devez aussi investir dans de nouveaux équipements.
41:45 - Parfois accepter une perte de rendement, aussi.
41:47 - Il peut y avoir des pertes de rendement, absolument.
41:50 Et que tout ça a un surcoût.
41:52 Et toute la question, c'est qui doit financer le surcoût ?
41:55 Jusqu'où, en fait, comment on construit une chaîne de valeur
41:58 qui permet de prendre en charge le surcoût ?
42:00 Sachant que l'agriculteur, forcément, il en met aussi...
42:04 Il investit lui-même au départ,
42:06 et que des industriels comme nous,
42:08 nous, on va aussi accepter de payer plus cher
42:11 et d'avoir des contrats qui prennent en compte
42:13 une partie du surcoût.
42:15 Après, sur la construction de notre marque,
42:19 nous, dès le départ, le souhait, c'était de ne pas vouloir,
42:21 en tout cas, répercuter ça dans le prix final consommable.
42:24 - Oui, c'était la question que j'allais vous poser.
42:26 - Parce que là, en tout cas, nous, on l'a fait
42:29 à la fois par conviction,
42:31 par aussi, l'engagement du groupe Carlsberg,
42:33 qui a pris un engagement très fort,
42:35 qui est à Horizon 2040,
42:37 que tous les ingrédients qui composent les bières
42:40 du groupe Carlsberg, partout dans le monde,
42:42 soient issus de pratiques d'agriculture régénérative.
42:45 Donc, finalement, on a mis le pied à l'étrier.
42:48 Après, je dois vous...
42:50 Il est évident que dans un contexte d'augmentation
42:53 très fort de l'inflation
42:55 et de l'augmentation des coûts,
42:57 ce sujet va certainement être de plus en plus sensible.
43:00 Et il faut qu'on soit aussi intelligents
43:03 pour trouver peut-être des mécanismes de financement
43:05 qui permettent d'avoir une vraie solidarité
43:08 sur le financement de son surcoût.
43:10 Parce que l'agriculteur ne peut pas seul porter tout cela.
43:13 Donc, chaque maillon de la chaîne doit être investi
43:16 dans cette transition des pratiques agricoles.
43:19 - Par les transitions des pratiques agricoles,
43:21 il y a un secteur qui souffre un peu en ce moment,
43:24 c'est celui du bio.
43:26 Vous, est-ce que, dans le portefeuille chez Carlsberg,
43:29 vous avez de la bière bio ?
43:31 Et comment est-ce que vous vous adressez ce sujet ?
43:34 Est-ce que c'est quelque chose que vous regardez aussi ?
43:36 - Oui, oui. On a lancé des références en fait en bio,
43:39 mais qui étaient des petites extensions.
43:41 On avait d'ailleurs lancé une 1664 bio.
43:44 Votre question est intéressante,
43:46 parce qu'à un moment donné, on s'est posé aussi la question,
43:48 finalement, est-ce qu'on va lancer une référence
43:50 avec des pratiques agroécologiques ?
43:52 Et en fait, la décision qu'on a prise,
43:54 c'est de faire cette transition sur l'intégralité de la marque,
43:58 et non pas de sortir une référence spécifique.
44:00 Nous, la conviction qu'on a, c'est que les standards
44:02 sont en train de changer.
44:04 Le bio répond à un cahier des charges.
44:07 - Avec une transition qui, pour le coup, est beaucoup plus longue.
44:09 C'est deux ans, je crois, en termes de transition.
44:11 - Oui, c'est une transition qui est longue.
44:13 Et c'est sur certains...
44:15 Il n'y a pas forcément un consensus aujourd'hui
44:18 sur toutes les pratiques qui sont issues de l'agriculture biologique.
44:23 Une des questions, c'est notamment
44:25 la substitution de pesticides chimiques
44:28 par des pesticides qui seraient plus naturels.
44:34 Je pense que nous, ce qui nous intéresse,
44:36 et encore une fois, ce qui est fondamental,
44:38 c'est de jamais opposer les modèles.
44:40 Nous, ce qui nous intéresse dans les pratiques agroécologiques,
44:42 c'est que déjà, vous n'êtes pas enfermé.
44:44 Il n'y a pas un cahier des charges.
44:46 Il y a un cahier des charges, mais qui n'enferme pas.
44:50 Ce cahier des charges, en fait,
44:52 on le fait aussi évoluer en fonction de la réalité des choses.
44:56 - C'est-à-dire ?
44:57 - En fait, en fonction de...
44:59 Parce qu'un agriculteur, il y a des pratiques qu'il peut tester
45:02 et qui ne fonctionnent pas.
45:04 Donc, à un moment donné, ce qui ne fonctionne pas,
45:06 vous devez changer les choses.
45:08 Et on sait aussi qu'en fonction des terroirs,
45:11 en fonction du sol, il y a des pratiques qui fonctionnent
45:13 et d'autres qui vont moins fonctionner.
45:15 Donc, en fait, les pratiques agroécologiques,
45:17 c'est vraiment des pratiques qui visent un progrès continu
45:21 et qui sont basées vraiment sur énormément de pragmatisme.
45:25 On va dire que la finalité, elle est connue.
45:28 C'est d'arriver, en fait, véritablement à réduire,
45:32 comme je le disais, les intrants,
45:34 restaurer la biodiversité.
45:36 L'agroécologie ne s'interdit pas d'utiliser des pesticides
45:40 si on en a besoin.
45:42 Si à un moment donné, il y a un produit qui est nécessaire
45:44 pour la transition, on peut l'utiliser.
45:46 Donc, en fait, c'est plus ouvert peut-être que l'agriculture biologique
45:49 et peut-être que dans l'agriculture biologique,
45:51 c'est un modèle qui est basé sur un gros investissement
45:55 de l'agriculteur et par un prix consommateur
45:57 aussi bien plus élevé.
45:59 Et en fait, la question qui s'est posée aujourd'hui
46:01 avec l'inflation, c'est qu'à un moment donné,
46:03 le bio, comme ça coûte plus cher d'acheter bio
46:06 que d'autres produits,
46:08 il y a aussi eu l'impact de l'inflation qui est passé par là.
46:12 L'idée derrière cette démarche que vous avez engagée,
46:14 c'est quoi ? C'est de créer plus de transparence,
46:16 de répondre à de nouvelles attentes,
46:18 de créer un lien de proximité,
46:21 même s'il est via une appli
46:23 entre le producteur et le consommateur ?
46:25 Comment est-ce que vous voyez les choses ?
46:27 Oui, et je crois que c'est de reconnecter la chaîne, en fait.
46:29 C'est aussi de...
46:31 En fait, tout ce qu'on mange est issu de pratiques agricoles
46:34 et que peut-être que les systèmes,
46:36 en tout cas alimentaires,
46:38 notamment dans nos sociétés très industrialisées,
46:41 ont beaucoup déconnecté le consommateur
46:44 de la réalité de ce qu'il consomme.
46:46 Et je pense que ce type d'appli,
46:48 c'est juste de reconnecter.
46:50 C'est de reconnecter un consommateur avec toute la chaîne amont.
46:52 Finalement, nous, on est un intermédiaire.
46:54 Après, on utilise ces matières premières,
46:56 on utilise ces ingrédients, on les transforme, on les vend.
46:58 Mais il est essentiel aussi que le grand public
47:01 se reconnecte véritablement à l'agriculture.
47:04 Et c'est ça aussi qui redonnera de la valeur à l'alimentation
47:06 et qui redonnera de la valeur à tout le travail
47:08 que font les agriculteurs.
47:10 Et je pense que la vision qu'on porte, au-delà...
47:12 Alors, bien évidemment, comme je le disais précédemment,
47:15 elle est très liée à la question du climat
47:17 et à la question de quel modèle agricole
47:20 pour continuer à pouvoir avoir une terre nourricière.
47:24 Mais il passe aussi énormément par reconnecter cette chaîne
47:27 qui s'est déconnectée pendant très longtemps.
47:29 Merci beaucoup, Agnès Dantonet.
47:31 Je rappelle que vous êtes directrice des Affaires publiques
47:33 et du développement durable chez Cronenbourg,
47:35 marque du groupe Carlsberg.
47:37 Merci d'avoir été avec nous.
47:38 Merci à vous.
47:39 On va terminer avec une innovation française aujourd'hui,
47:46 puisqu'on va parler de rolleurs électriques.
47:49 Première mondiale française, avec Mohamed Soliman.
47:52 Bonjour.
47:53 Vous êtes le fondateur d'Atmosgear.
47:54 D'abord, comment est née cette idée de créer des rolleurs électriques ?
47:57 Atmosgear, en fait, c'est un clin d'œil au manga de mon enfance
48:00 qui s'appelait Ergir.
48:01 C'est un manga qui est sorti dans les années 2000.
48:04 Vous aviez des personnages qui se déplaçaient en rolleurs électriques à Tokyo.
48:08 Ce qui était assez fou, c'est qu'à cette époque-là,
48:10 il n'y avait rien d'électrique qui existait.
48:12 J'ai vu ça avec mes yeux de gosse et je me suis dit
48:15 « c'est incroyable, il faut absolument que j'aie ma paire ».
48:18 De fil en aiguille, en grandissant, je me rendais compte
48:21 qu'il n'y avait toujours pas de rolleurs électriques sur le marché.
48:23 J'en ai eu marre d'attendre.
48:24 Il y avait des trottinettes électriques, des skateboards électriques.
48:26 J'étais jaloux.
48:27 Je me disais « pourquoi il n'y en a qu'eux ou pour eux ? »
48:30 Je me suis dit « tu sais quoi, tu vas le faire toi-même ».
48:33 Vous avez fait des études pour ça ?
48:34 J'ai fait des études pour ça, oui.
48:36 Mon premier objectif sur ma liste était de devenir ingénieur.
48:39 Mais c'est dingue !
48:40 De fil en aiguille, je suis allé en lycée scientifique,
48:43 puis en prépa, puis en école d'ingénieur.
48:45 Je me suis lancé dans l'entrepreneuriat.
48:47 J'ai vraiment dédié la moitié de ma vie à ce projet-là.
48:50 Ce qui est assez fou, c'est que j'ai réussi.
48:53 Même pendant que j'étais dedans,
48:54 à chaque fois que je regardais, je faisais beaucoup de veilles sur Internet,
48:56 je me disais « il y a forcément des gens qui vont le sortir ».
48:59 Auquel cas, forcément, je serais un petit peu dégoûté
49:01 parce que je voulais être celui qui serait à l'origine de l'invention.
49:04 Aujourd'hui, c'est le cas et c'est juste fou.
49:06 Moi, je n'y connais rien en roller.
49:09 Mais à quoi ça sert d'avoir de l'électrique sur des rollers ?
49:12 Parce que le but, c'est quand même de patiner
49:14 et de donner un peu de soi-même quand on fait du roller.
49:16 En fait, l'objectif avec Atmos Gear,
49:18 déjà la première chose, c'est de remettre le roller au goût du jour.
49:21 Le roller était très à la mode dans les années 80-90.
49:24 C'était vraiment le truc. Tu faisais du roller, tu avais la classe.
49:27 Et ça s'est un petit peu perdu.
49:28 En fait, l'avantage de l'électrique,
49:30 c'est que ça va permettre de faire sortir le roller
49:32 de l'endroit dans lequel il est un petit peu coincé depuis des années,
49:34 c'est le loisir.
49:35 En fait, aujourd'hui, les gens qui ont des rollers,
49:37 80-90 % vont l'utiliser pour le loisir,
49:40 pour le fitness, pour les balades, pour le sport.
49:42 Mais seulement 10 %, peut-être voire même moins,
49:45 l'utilisent pour aller au travail.
49:46 Et l'avantage justement de l'électrique,
49:48 c'est qu'en fait, ça va permettre d'aller plus loin, plus vite,
49:50 en fournissant moins d'efforts et surtout sur de plus grandes distances.
49:53 Donc l'ambition d'Atmosgear, c'est de permettre à tous les gens
49:56 qui ont des rollers, de les motoriser pour aller vraiment
49:59 sur tous les trajets du quotidien et pas juste le loisir.
50:01 - Mais vous devez avoir eu un défi de taille qui est la batterie,
50:04 parce que ce n'est pas très gros des rollers.
50:07 Donc la batterie, elle est où là-dedans ?
50:09 - Donc en fait, la paire de rollers électriques Atmosgear,
50:12 c'est une paire de rollers normales.
50:14 C'est-à-dire qu'en fait, là, je peux les enfiler,
50:16 les utiliser comme des rollers normaux.
50:17 À l'intérieur, en fait, de la roue centrale,
50:19 ça c'est la seule roue qui est spéciale, en fait, c'est une roue motorisée.
50:21 Et ça, c'est le premier défi technologique qu'on a eu.
50:24 Il y avait deux défis, le moteur et la batterie.
50:26 Et ça, c'est le moteur le plus petit et le plus puissant au monde
50:28 qui s'intègre dans une roue de roller.
50:29 C'est ce qui nous a pris le plus de temps à développer.
50:31 Et en fait, en faisant le choix de ne mettre que le moteur dans les rollers,
50:35 on a déporté la batterie pour que le roller soit le plus léger possible.
50:38 Parce que ce qui est le plus important, en fait, quand vous êtes en roller,
50:40 c'est la légèreté, c'est d'être très maniable.
50:42 Tout à l'heure, vous me posez la question de l'intérêt par rapport à l'électrique
50:44 sur une paire normale.
50:45 On n'est pas là pour remplacer le roller, on est là pour amplifier,
50:48 faciliter la pratique, l'accès à la pratique.
50:50 Et en fait, la batterie, elle est dans une petite sacoche
50:52 qu'on vient mettre juste au dos.
50:54 Donc, hop, juste ici.
50:56 Donc la sacoche, on remet un petit peu la banane à la mode.
50:59 On vient mettre la sacoche au dos.
51:01 Pourquoi le dos ? Parce qu'en fait, c'est l'endroit
51:03 où on tient le plus de charge sans broncher.
51:07 Et en fait, à l'intérieur, on a la batterie, le petit contrôleur
51:10 et on a des petits câbles.
51:12 Et en fait, Atmosgear, c'est de la mobilité active.
51:14 C'est-à-dire que quand vous patinez...
51:15 - Ça recharge la batterie ? - Ça recharge la batterie.
51:17 En fait, ça peut être même encore plus sportif que des rollers normaux.
51:20 Voilà, donc c'est régénératif.
51:21 Donc vous pouvez recharger la batterie.
51:22 De base, sur le kit, vous avez 20 km d'autonomie
51:25 pour 25 km/h en vitesse maximale.
51:28 Mais du coup, en rechargeant, vous pouvez gagner plus.
51:30 Vous pouvez monter à 25, voire même 30 km d'autonomie.
51:33 - Et comment vous reliez la batterie au moteur ?
51:35 - En fait, on a un petit câble qui est juste ici.
51:37 Petit câble ressort.
51:39 Le câble ressort, il va venir longer votre jambe
51:41 et il va s'étirer en fonction de vos mouvements.
51:43 Ce qui fait que c'est comme si vous n'aviez rien.
51:45 C'est vrai qu'au premier abord, c'est un peu étrange, farfelu.
51:47 - On dirait un film des téléphones des années 80.
51:49 - Exactement, on dirait le film des téléphones des années 80.
51:51 On s'en est un petit peu inspirés.
51:52 Et en fait, l'avantage de ça, c'est que déjà,
51:54 quelle que soit la taille que vous faites,
51:56 que vous fassiez 2 mètres ou 1,60 m,
51:58 vous utilisez le même câble.
51:59 Et en fait, le câble, il va venir se brancher juste ici.
52:02 Il y a un petit connecteur qui est juste là.
52:05 Et donc, on vient brancher le connecteur,
52:09 premièrement, au roller, comme ceci.
52:12 Ensuite, on branche l'autre partie du connecteur à la sacoche.
52:15 Donc, il y a le petit connecteur ici aussi, au niveau de la sacoche.
52:18 Donc là, j'en branche un seul.
52:21 Et une fois que c'est branché, on allume le système.
52:24 - Et ça y est, le roller est électrique.
52:26 - Et ça y est, le roller est...
52:27 Vous avez transformé votre paire de rollers normales
52:28 en une paire de rollers électriques.
52:29 Donc là, on a la petite télécommande.
52:31 - Elle sert à quoi, la télécommande ?
52:32 - La télécommande, elle sert à piloter la vitesse.
52:34 Elle sert à accélérer et elle sert surtout aussi à freiner.
52:36 - Oui, ça peut être utile.
52:37 - Parce qu'une des raisons pour lesquelles le roller fait souvent peur,
52:40 quand on en parle, la première chose à laquelle le grand public va penser
52:43 dès qu'on dit roller, c'est "Ah, c'est casse-gueule !
52:45 On va tomber, on va se faire mal."
52:46 C'est d'ailleurs pour ça qu'on a toujours le petit casque à porter.
52:49 Et en fait, le frein, on l'a intégré directement au système
52:52 pour que vous puissiez freiner simplement avec un coup de gâchette.
52:54 Donc là, en fait, avec la petite télécommande, on a une molette.
52:57 Donc, vers l'avant...
52:58 - Oui, j'entends que vous accélérez.
53:00 - Comme vous pouvez le voir, là, on accélère.
53:02 Et vers l'arrière, en fait, on va venir freiner.
53:04 Et en fait, je vous donne la télécommande.
53:06 La télécommande est sans fil.
53:07 Et donc, vers l'avant avec votre pouce.
53:09 Là, vous accélérez.
53:11 - Oui, c'est radical.
53:12 - Et vers l'arrière, en fait, vous freinez.
53:13 C'est-à-dire qu'aller vers l'arrière, là, en fait, vous avez bloqué le moteur.
53:16 - D'accord.
53:17 - Et si vous le relâchez, je le fais tourner.
53:19 Allez-y, freinez. Je ne peux plus.
53:21 - Oui, excellent.
53:22 - Donc, il y a le frein moteur directement intégré.
53:23 Et donc, vous n'avez pas besoin de maîtriser un mouvement compliqué
53:25 parce que c'est vrai que ce n'est pas facile de freiner en roller.
53:28 - Mais je vois bien que c'est une super innovation technologique.
53:32 Mais ça vous a pris combien de temps de développer tout ça ?
53:35 - Ça nous a pris environ…
53:37 J'ai commencé à travailler sur le projet Atmos Gear en 2018,
53:39 en parallèle de mes études.
53:40 Aujourd'hui, on est en 2023.
53:42 Donc, au total, ça nous aura pris 4 ans de R&D.
53:45 Donc, avec 3 ans vraiment de recherche et développement intense
53:48 pour miniaturiser la technologie.
53:49 Donc, réussir à avoir un moteur petit qui rentre dans une roue de roller.
53:52 Et à déporter la batterie.
53:54 Parce qu'en fait, la première version, la batterie était dans le roller.
53:57 On s'est dit qu'on allait faire comme tous les autres.
53:58 Le vélo électrique, la batterie est sur le châssis.
54:01 Dans un skateboard, elle est sous la planche.
54:03 Et en fait, on s'est rendu compte que le roller était beaucoup trop lourd.
54:05 Et on a dénaturé la pratique.
54:07 Effectivement, ce n'était que des rollers électriques.
54:08 Ce n'était plus des rollers.
54:09 Donc, on perdait le plaisir.
54:10 Donc, après ces 3 années de R&D, on a fait une année de test intense.
54:13 Le petit maillot que je porte, il y a plein de petits logos.
54:16 Il est très coloré.
54:17 C'est parce qu'en fait, on a fait un Tour de France.
54:18 Et donc, ce Tour de France, on a représenté plein de gens qui nous ont soutenus sur le projet.
54:22 On a rencontré plus de 1000 personnes dans 22 villes différentes en seulement 2 semaines.
54:26 Parce que moi, j'aime bien tout faire rapidement.
54:29 L'idée, c'était quoi ? C'était de faire des tests ?
54:31 C'était de faire tester les rollers à un maximum de patineurs.
54:33 Quel que soit leur niveau.
54:34 Des amateurs, des professionnels, des sportifs, des assos.
54:37 Quel que soit les âges.
54:38 On a aussi bien des jeunes de 16 ans que des seniors, des anciens patineurs
54:44 qui ont plus de 60 ans, qui n'avaient pas patiné depuis 20 ans.
54:46 Qui en ont fait. Et en fait, c'est grâce à leur retour que justement, on a pu développer la version finale.
54:51 Alors, la version finale, c'est donc celle-là ?
54:53 Exactement.
54:54 Vous avez l'ambition de la produire en France, c'est ça ?
54:56 En fait, actuellement, on est en pleine phase de production.
54:58 Et effectivement, notre ambition, c'est d'avoir une start-up qui est française
55:02 avec une fabrication made in France, un assemblage made in France.
55:05 Je remets juste ça là.
55:06 Et en fait, c'est très, très dur parce que, évidemment,
55:09 dès que vous voulez vous développer le made in France, ça va être très coûteux.
55:12 Et puis surtout, au niveau de l'expertise, nous, on est à la pointe sur la partie motorisation et batterie.
55:17 Et la France ne fait pas forcément partie des pays qui sont les plus développés dans ces domaines-là.
55:21 Donc, voilà, on essaye d'aller se sourcer un petit peu partout.
55:24 Le critère le plus important qu'on se met, c'est surtout l'expertise et la qualité.
55:29 Donc, à savoir sur la partie roller, etc.
55:31 Donc, on travaille vraiment avec les meilleurs.
55:33 Vous, en termes d'industrialisation, quand est-ce qu'on pourra les acheter ?
55:38 Est-ce que c'est déjà le cas ?
55:39 C'est déjà le cas. Actuellement, les rollers sont en train d'être produits.
55:43 Donc là, on est en train de produire 500 paires.
55:45 Et on a financé une partie de la production grâce à notre communauté.
55:49 Donc, en fait, vous avez là actuellement, il y a plus de 270 paires de rollers
55:52 qui ont été précommandées un petit peu partout dans le monde et majoritairement en France.
55:56 C'est grâce à ça qu'on a pu lancer la production en janvier.
55:59 Donc là, au moment même où on parle, il y a toutes les petites pièces détachées qui sont en train d'être fabriquées,
56:02 les moules, tout est prêt.
56:04 Et normalement, la livraison, elle est prévue pour fin mai, début juin.
56:07 Donc un petit peu partout.
56:09 Donc normalement, cet été, vous allez voir plein de gens comme ça,
56:11 avec des sacoches et des rollers électriques en train de patiner en ville.
56:15 Vous disiez que c'est une première mondiale.
56:19 Du coup, j'imagine que vous avez les ambitions pour aller très vite à l'international.
56:23 300%. L'objectif d'Atmosgear l'année prochaine, c'est de s'ouvrir à un gros marché qui est l'Amérique du Nord.
56:30 Ce qu'il faut savoir, c'est que les États-Unis et le Canada, c'est des pays qui sont très friands de rollers.
56:34 Aux États-Unis, il y a la marque Rollerblade qui a carrément démocratisé le roller.
56:38 C'est pour ça qu'on dit "roller", parce qu'on pourrait aussi dire "patin à roulette".
56:41 Le terme est vraiment entré dans la culture.
56:43 Notre ambition l'année prochaine, c'est qu'on ait des Américains, des Canadiens en rollers électriques Atmosgear.
56:49 Et pouvoir fièrement dire dans le monde entier que c'est les Français qui ont inventé les rollers électriques.
56:54 La preuve en est, on était au CES Las Vegas en janvier.
56:58 C'est la plus jeune startup sélectionnée.
57:01 Je n'ai pas à vérifier, mais je sais qu'on est une des startups qui s'est le plus amusée durant le CES.
57:07 On a vraiment eu beaucoup de journalistes, plein de curieux qui sont venus.
57:10 C'est parce que les gens nous disaient "mais c'est vrai que ça n'existe pas, les rollers électriques ?
57:14 Pourquoi on n'y a pas pensé avant ? Pourquoi on ne les a pas faits ?"
57:17 Comme c'est ma passion, c'est toujours un plaisir d'en parler.
57:20 On s'est vraiment amusé au CES et on a pu valider le fait qu'il y a une demande monstre là-bas.
57:24 L'ambition l'année prochaine, c'est de produire 3000 paires.
57:27 Cette année, on est sur 500 paires, plutôt France-Europe.
57:30 L'année prochaine, c'est de taper fort 3000 entre l'Europe et l'Amérique du Nord.
57:35 Vous viendrez nous raconter ça quand vous serez aux 3000.
57:37 J'espère, avec grand plaisir.
57:39 Merci beaucoup Mohamed Seliman, fondateur de Atmosgear.
57:41 C'est la fin de cette émission, merci de nous avoir suivis.
57:44 On se retrouve la semaine prochaine, dès lundi.
57:46 Vous retrouvez Stéphane Soumier, même lieu, même heure.
57:48 Passez un très bon week-end sur Bluesmart.
57:50 [Musique]

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